Soixante-dix-huitième session,
11e séance plénière
AG/AB/4435

Cinquième Commission: le Groupe des 77 et celui des nations de l’Asie du Sud-Est insistent sur la présence physique du personnel au Siège de l’ONU à New York

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a évalué, ce matin, l’espace de travail au Siège de l’ONU à New York, ainsi que les demandes d’une enveloppe de 2,9 millions de dollars pour le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone et de 13 millions pour la rénovation de l’Office des Nations Unies à Nairobi (ONUN) en 2024. 

Par la voix de Cuba, le Groupe des 77 et la Chine ont dénoncé le fait que le taux d’occupation du bâtiment du Secrétariat des Nations Unies ait été inférieur à ce qui avait été initialement prévu, alors que toutes les restrictions liées à la pandémie de COVID-19 ont été levées. Le travail à distance ne doit pas être considéré comme un droit, et encore moins la règle, a prévenu Cuba, constatant que depuis avril 2022, la proportion des membres du personnel qui travaillent en dehors du bâtiment du Secrétariat n’a baissé que de 77% à 67%.   

La présence physique du personnel est « fondamentale » pour le travail de l’Organisation et pour répondre aux exigences des États Membres, y compris les réunions en personne maintenant que l’ONU reprend ses activités normales, a renchéri Singapour, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Le Secrétaire général et les cadres supérieurs, ont estimé les deux groupes, doivent surveiller l’assiduité du personnel. 

Cuba et Singapour ont aussi constaté que la gestion souple de l’espace de travail n’a pas amélioré la productivité du personnel de l’ONU.  Bien au contraire, elle a eu un impact négatif sur la santé et le bien-être en raison de problèmes liés au bruit, au manque d’intimité et à l’insuffisance d’espaces fermés.  Les deux pays ont recommandé une évaluation de cette question sous l’angle de l’efficacité opérationnelle, de la productivité et du bien-être du personnel. 

Le Secrétaire général demandant une enveloppe de 2 968 300 dollars pour le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone, Cuba et l’Éthiopie, au nom du Groupe des États d’Afrique, ont pointé la faiblesse des contributions volontaires, avant de réclamer la création d’un mécanisme de financement pérenne. Mais dans son rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) ne cache pas son agacement et rappelle que la subvention provenant du budget ordinaire « était à l’origine destinée à compléter les contributions volontaires ». 

Il souligne d’ailleurs que la transparence et la responsabilité dans l’utilisation des ressources est un moteur de la mobilisation des contributions. Pour 2024, le CCQAB estime que le Tribunal devrait pouvoir fonctionner en 2024 avec une subvention de 2 820 000 dollars, soit 5% de moins que le montant demandé. 

Concernant, le montant de 13 088 100 dollars pour financer le processus de rénovation de l’Office des Nations Unies à Nairobi, le CCQAB recommande une coupe et conseille à la Cinquième Commission de s’entendre sur la somme de 11 928 200 dollars à prélever sur le Fonds de réserve.  Le Kenya a appelé les États Membres à soutenir le coût global des travaux qui est de 265,6 millions de dollars. 

La Cinquième Commission a prévu une autre séance publique mardi 14 novembre, à partir de 10 heures, sur la rénovation du siège de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), à Bangkok.  

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2024

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur l’utilisation de l’autorisation d’engagement de dépenses et demande de subvention pour le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone (A/78/7/Add.12) 

Pour l’établissement de son rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/78/363) qui demande à l’Assemblée générale d’accorder pour 2024 une subvention de 2 968 300 dollars au Tribunal.  Aux termes de l’article 3 de l’Accord portant création dudit Tribunal, les dépenses sont financées par des contributions volontaires de la communauté internationale.  Or, depuis 2015, le Tribunal n’a pas reçu suffisamment de contributions pour financer ses activités et a dû compter sur des subventions imputées sur le budget ordinaire de l’ONU. 

Dans ses commentaires, le CCQAB souligne que l’utilisation des ressources de façon transparente et responsable est un important facteur qui joue en faveur de la mobilisation de contributions volontaires et insiste de nouveau sur le fait que le Secrétaire général doit redoubler d’efforts pour lever des fonds, notamment en accroissant le nombre de donateurs du Tribunal et en mettant au point des stratégies de collecte de fonds novatrices et rationnelles.  Le CCQAB note que la subvention provenant du budget ordinaire, qui était à l’origine un mécanisme de financement destiné à compléter les contributions volontaires, est devenu la principale modalité de financement du Tribunal. 

Compte tenu du fait que le montant estimatif des dépenses du Tribunal en 2023 s’élève à 2 756 400 dollars, le Comité consultatif est d’avis que le Tribunal devrait pouvoir fonctionner en 2024 avec une subvention de 2 820 000 dollars, soit 5% de moins que la subvention demandée de 2 968 300 dollars.  Dans le cas où le montant des contributions volontaires reçues dépasserait les besoins du Tribunal pour 2024, tous les fonds alloués au titre de l’autorisation d’engagement de dépenses seraient remboursés rapidement à l’ONU et portés au crédit des États Membres.  Des mesures additionnelles doivent être prises pour réaliser des gains d’efficience, souligne le CCQAB. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN, (Cuba) a appuyé la demande d’une enveloppe de 2 968 300 dollars pour couvrir les principales activités liées aux fonctions judiciaires et non judiciaires.  Il s’est dit préoccupé par le faible taux des contributions volontaires, arguant que cette situation compromet gravement la pérennité des travaux du Tribunal.  Le représentant a réclamé un mécanisme de financement durable.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme LEMLEM FISEHA MINALE (Éthiopie) s’est, à son tour, inquiétée des modalités de financement actuelles qui sont un vrai problème pour la pérennité du Tribunal et d’une bonne exécution de son mandat.  Elle a rappelé que le Tribunal est la seule entité mandatée pour assurer le suivi des témoins et l’unique dépositaire des archives.  Ce Tribunal est donc essentiel, d’autant plus qu’il constitue également un soutien important à la justice pénale de la Sierra Leone.  La représentante a réaffirmé la nécessité de rechercher des modalités de financement alternatives et durables et a encouragé le Secrétaire général à redoubler d’efforts pour mobiliser des contributions volontaires, notamment en élargissant la base des donateurs. 

Rapport du CCQAB sur les mesures visant à remédier à la détérioration et aux capacités limitées des installations de conférence de l’Office des Nations Unies à Nairobi (A/78/7/Add.10) 

Avant de faire ses recommandations, le CCQAB a examiné la version préliminaire du cinquième rapport d’étape du Secrétaire général (A/78/382 et A/78/382/Corr.1) qui revient sur les deux options de la réhabilitation.  L’option A, dit-il, permettrait de répondre aux besoins immédiats en matière de capacité et d’accueillir en présentiel des manifestations de 7 000 participants, grâce à une surface estimée à environ 66 300 mètres carrés. Le Comité consultatif constate que cette option n’englobe pas les deux nouveaux pavillons polyvalents et qu’il faudrait en outre construire une installation temporaire de conférence constituée de locaux transitoires sur le site du parc d’exposition, dans la partie ouest du complexe. 

L’option B, qui est une version élargie et évolutive de l’option A, répondrait aux besoins de capacité à long terme et permettrait d’accueillir en présentiel des manifestations de 9 000 participants, grâce à une surface estimée à environ 95 700 mètres carrés.  Elle engloberait le cahier des charges de l’option A et comprendrait des pavillons polyvalents supplémentaires dans l’espace vert aménagé du côté ouest ainsi que des salles de conférence supplémentaires sur le toit.  Il ne serait pas nécessaire de prévoir de locaux transitoires car l’installation permanente qu’il est prévu d’ajouter dans la nouvelle salle des assemblées et les deux nouveaux pavillons polyvalents en feraient office. 

Dans le cadre de cette option, selon l’hypothèse d’une inauguration des nouvelles installations en 2027, l’augmentation annuelle prévue, de 500 à 1 000 réunions, porterait le taux d’utilisation de 65% en 2027 à 73% en 2030.  Dans cette option, 33 salles de réunion sont prévues, dont 30 adaptées aux consultations.  Des locaux transitoires ne seraient pas nécessaires, et la durée globale de la construction serait légèrement plus longue que pour l’option A, mais le calendrier global serait à peu près identique pour les deux options. 

Le projet de rénovation devrait, pour l’essentiel, être achevé en 2029 et suivi d’une phase de clôture d’une durée d’un an.  Il sera financé dans le cadre d’un compte pluriannuel des travaux de construction en cours, approuvé par l’Assemblée générale dans sa résolution 77/263 (sect.  VIII). Pour l’option A, il faudra une somme de 238 105 300 dollars, soit une augmentation de 9 550 400 dollars (4,2%) par rapport à l’estimation précédente, en raison de la décision prise par l’Assemblée générale de faire conduire les études techniques au titre de l’option B qui, elle, nécessite un montant de 265 659 200 dollars, soit aucun changement par rapport à l’estimation précédente.  Pour 2024, le CCQAB recommande l’ouverture de crédits d’un montant de 11 928 200 dollars, dont 9 837 000 dollars au titre des travaux de construction et 2 091 200 dollars au titre de l’Administration à Nairobi, qui seront prélevés sur le fonds de réserve. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a exhorté la Cinquième Commission à approuver les recommandations du Secrétaire général.  Le représentant a insisté sur une coordination étroite entre l’Office de Nairobi et le Secrétariat à New York afin d’assurer une supervision et une gouvernance adéquates dans tous les aspects du projet et d’intégrer les enseignements tirés du plan-cadre d’équipement et du plan stratégique patrimonial.  Le Secrétaire général, a-t-il aussi estimé, devrait trouver d’autres donateurs pour apporter des contributions volontaires afin de réduire le poids du projet dans le budget ordinaire.  Le représentant a par ailleurs demandé à l’Office d’assurer une représentation géographique équitable et un équilibre entre les sexes au sein du personnel chargé du projet.  Il faut aussi utiliser les capacités locales, notamment en matière de connaissances, de technologies, d’expertise et de matériaux.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, Mme LEMLEM FISEHA MINALE (Éthiopie) a insisté sur l’importance d’une gouvernance et d’une surveillance efficaces du projet pour veiller à ce que les objectifs soient atteints dans les limites du budget agréé et dans les délais approuvés.  Concernant le recrutement, elle a noté que 15 des 20 postes temporaires de gestion de projet approuvés ont été pourvus.  Elle a dit apprécier la diversité du personnel qui représente les différents groupes et la parité hommes-femmes.  Elle a dit attendre avec intérêt ce qu’il adviendra des cinq postes restants.  Concernant la passation des marchés, la représentante a noté que le contrat de services de conception a été attribué en septembre 2023 à une entreprise possédant des connaissances, une expertise et des capacités internationales et locales. Réitérant l’importance de l’Office de Nairobi, elle a soutenu l’option B qui est, à ses yeux, la plus rentable et la mieux à même de répondre aux besoins à long terme. 

En tant que pays hôte, il est dans notre intérêt de veiller à ce que les exigences en matière de santé et de sécurité soient respectées dans toutes les conférences internationales organisées sur le territoire national, a affirmé Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya).  La représentante a assuré que son gouvernement poursuivra ses investissements dans des projets d’infrastructure en appui au complexe de l’Office.  Illustrant son propos, elle a détaillé les travaux entrepris tels que la route vers et autour de l’Office, les infrastructures d’eau et d’assainissement et la connectivité Internet.  Plus récemment, le Kenya a achevé l’autoroute de Nairobi jusqu’à l’aéroport pour un coût total de 600 millions de dollars.  Parmi les autres projets, la représentante a cité l’élargissement de l’avenue des Nations Unies pour un coût de 8 millions de dollars et de la route attenante de Limuru qui a coûté 10 millions de dollars. 

Pour finir, la représentante a réitéré son soutien à l’option B, au motif qu’elle met justement l’accent sur la durabilité et l’accessibilité.  À cette fin, elle a estimé que le coût global maximum de 265,6 millions de dollars mérite le soutien des États Membres. Elle s’est dite convaincue que le succès du projet contribuera à la mission plus large de l’ONU qui est de promouvoir la coopération régionale et internationale, la paix et le développement. 

Rapport du CCQAB sur l’évaluation de l’espace de travail au Siège de l’ONU (A/78/7/Add.15) 

Après avoir examiné le rapport du Secrétaire général (A/78/325) donnant une vue d’ensemble du parc immobilier du Siège de l’ONU à New York en juillet 2023, le CCQAB apprend que le Secrétaire général envisage de réduire le portefeuille immobilier, du fait du non-renouvellement des baux des immeubles Albano et FF à leur expiration en 2027, ce qui permettrait d’économiser environ 25 millions de dollars par an sur la base des baux actuels.  Le Secrétaire général compte aussi rénover l’immeuble DC-2, ce qui permettrait, entre autres, de faire passer la capacité d’accueil de 1 343 personnes à 2 615 personnes grâce à une gestion souple de l’espace de travail reposant sur un ratio de 1,56 membre du personnel par place, ce qui équivaut en moyenne à une journée de télétravail par semaine. 

Le Secrétariat envisage de continuer à accueillir environ 7 500 membres du personnel mais se penchant sur le rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI), le CCQAB constate qu’au mois d’avril 2023, le taux d’occupation estimatif s’établissait à 30% et allait de 16 à 50% selon les entités, par rapport au taux moyen estimé de 27% observé en 2022. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RICHARD TUR DE LA CONCEPCIÓN (Cuba) a repris à son compte le rapport du Bureau de contrôle des services internes (BSCI) qui souligne que le taux d’occupation du bâtiment du Secrétariat a été inférieur à ce qui avait été initialement prévu, même après la pandémie de COVID-19 et la levée de toutes les restrictions.  Le représentant a dit craindre que le travail à distance ne soit considéré comme un droit, voire la règle.  Depuis avril 2022, la proportion de membres du personnel qui travaille en dehors du bâtiment du Secrétariat est passée de 77% à 67%.  Or la présence physique du personnel est fondamentale pour l’Organisation et les services que les États Membres attendent d’elle.  Dans sa résolution 77/278, l’Assemblée générale a encouragé le Secrétaire général et les cadres supérieurs à surveiller l’assiduité du personnel.  Il faut, a dit le représentant, identifier des options viables pour mesurer le taux d’occupation réel des bureaux, en prenant en compte l’aménagement de l’espace de travail. 

Toujours en écho à l’évaluation du BSCI, le délégué a dit que la gestion souple de l’espace de travail n’a pas amélioré la productivité du personnel et qu’elle a eu un impact négatif sur sa santé et son bien-être en raison de problèmes liés au bruit, au manque d’intimité et à l’insuffisance des espaces fermés.  Il faut évaluer cette question sous l’angle de l’efficacité opérationnelle, de la productivité et du bien-être du personnel. Le représentant a recommandé une mise à jour du protocole et des dispositions fondamentales du lieu de travail, et des modifications à l’espace physique dans la mesure du possible, afin de résoudre les problèmes liés au bruit et au manque d’intimité.

Tout en saluant la gestion souple du travail, la résilience de l’Organisation et l’accent mis sur la durabilité, Mme NOELLE TAM (Singapour), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a constaté, à son tour, que la productivité ne s’est pas améliorée.  Pointant l’impact négatif sur la santé et le bien-être du personnel, la représentante a exhorté le Secrétaire général à résoudre les problèmes identifiés dans le rapport du BSCI, à savoir le bruit, le manque d’intimité et l’insuffisance des espaces de travail fermés.  Il s’agit, s’est-elle expliquée, de faire en sorte que l’environnement permette au personnel de travailler efficacement.  Dès lors, des efforts supplémentaires devraient être déployés pour veiller à ce que les espaces prévus pour le repos ou l’isolement soient utilisés.  Concluant sur le taux d’occupation du bâtiment du Secrétariat, elle a, à son tour, insisté sur le fait que la présence physique du personnel est fondamentale pour le travail de l’Organisation et pour répondre aux exigences des États Membres, y compris les réunions en personne alors que l’ONU reprend ses activités normales. 

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