Soixante-dix-huitième session,
34e & 35e séances, matin & après-midi
AG/12562

Assemblée générale: confiance de certaines délégations autour d’une réforme du Conseil de sécurité, jugée plus urgente que jamais

« Puis-je avertir cette auguste Assemblée que l’état de stase peut être un ennemi aussi formidable que le chaos? »  C’est en ces termes que le Président de l’Assemblée générale a souligné, aujourd’hui, la nécessité absolue d’une réforme du Conseil de sécurité, afin de l’adapter aux réalités du monde actuel et de le faire « entrer dans le XXIe siècle », selon l’expression des États-Unis.  Si les critiques contre le processus de négociations intergouvernementales ont été vives, des délégations ont fait part de leur confiance en de progrès futurs, le Sommet de l’avenir de 2024 représentant, à cet égard, une occasion à saisir. 

Sous-représentation des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, paralysie en raison de l’exercice du droit de veto, manque de transparence, les griefs à l’endroit du Conseil sont connus.  Inscrite à l’ordre du jour depuis plus de 40 ans et au centre des « négociations intergouvernementales » depuis 18 ans, la réforme du Conseil vise à y remédier et s’articule autour de cinq axes: catégorie des membres, représentation géographique, taille et méthode de travail, question du droit de veto, et relations avec l’Assemblée générale.   

Au point mort, cette réforme a été ardemment souhaitée par la totalité des intervenants, à commencer par le Président de l’Assemblée, M. Dennis Francis, pour qui le Conseil n’est « dangereusement » pas à la hauteur de son mandat de gardien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Président a averti que, sans une réforme structurelle du Conseil, sa légitimité continuera d’être écornée, de même que celle des Nations Unies.  « Sans soutien public, la force institutionnelle de l’ONU sera de plus en plus fragilisée conduisant inévitablement à sa fin ».   

« Nous ne pouvons pas répéter les mêmes positions qui ne font que nous éloigner », a tranché le Président, en évoquant le prochain cycle du processus de négociations intergouvernementales.  Ce processus a concentré les critiques de nombreuses délégations, dont celle de Saint-Vincent-et-les Grenadines qui, au nom du groupe L.69, a jugé le cadre des discussions actuel « inefficace et contre-productif ».  Les délégations continuent de parler sans s’écouter, a-t-il observé. 

Les discussions ne doivent pas être menées différemment des autres processus en cours à l’ONU, lesquels s’appuient sur un texte afin de parvenir à des résultats acceptables, a déclaré cette délégation.  Elle a aussi rappelé que, lors du dernier cycle de négociations, plusieurs États Membres ont exprimé leurs préoccupations quant à la description inexacte de leur position sur cette question.  De son côté, l’Inde a déploré que le processus de négociations intergouvernementales soit « largement limité à l’échange de déclarations, sans texte de négociation ni calendrier ».  

De l’avis du Groupe « Unis pour le consensus », présenté par l’Italie, les cinq grandes thématiques de réforme devraient être abordées de manière globale et ciblée afin de parvenir à des convergences et à la phase de négociations fondées sur un texte, puisque les positions divergent toujours sur certains des principaux piliers de la réforme.  De son côté, l’Afrique du Sud a invité les États Membres à utiliser le document de travail sur les convergences et les divergences relatives à la réforme que les coprésidents du processus (Autriche et Koweït) ont distribué en 2022, afin de faire avancer les débats. 

Certains orateurs n’ont néanmoins pas hésité à afficher un certain optimisme quant au prochain cycle de négociations, à l’instar du Président de l’Assemblée qui a appelé à faire fond sur les progrès « remarquables » enregistrés lors du cycle précédent.  « L’accord en vue de diffuser sur le Webcast les réunions des négociations intergouvernementales et de créer un site onusien spécifique recueillant les différentes décisions et propositions sont des pas importants dans la bonne direction », s’est-il félicité, de même que le Japon et le Groupe des États arabes. 

Le Groupe « Unis pour le consensus », a, lui aussi, affiché sa confiance dans les prochaines négociations intergouvernementales, qui pourraient faire, selon lui, des progrès réels sous la houlette des deux coprésidents compétents et expérimentés qui ont déjà piloté la précédente session « avec beaucoup de doigté ».  La délégation de Malte s’est, elle aussi, dite optimiste, tandis que plusieurs délégations ont misé sur le Sommet de l’avenir de 2024.   

L’Allemagne, qui s’exprimait au nom Groupe des Quatre - Brésil, Inde, Japon et Allemagne, qui réclament chacun un siège permanent-, a ainsi donné rendez-vous lors de ce prochain Sommet pour parvenir à des résultats concrets.  « Saisissons cette opportunité et utilisons le prochain cycle de négociations intergouvernementales pour élaborer un langage précis à inclure dans un Pacte pour l’avenir », a déclaré la représentante, appuyée par le Président de l’Assemblée. 

La déléguée allemande a aussi rappelé que lors du débat général de l’Assemblée générale de cette année, plus de 80 représentants de haut niveau ont souligné la nécessité urgente de réformer le Conseil, tant en termes de représentativité qu’en termes d’élargissement des catégories de membres permanents et non permanents.  « Le Sommet de l’avenir devrait chercher à promouvoir la réforme du Conseil et la revitalisation de l’Assemblée générale », a déclaré le Pakistan. 

Signe du long chemin qu’il reste à parcourir, des voix dissonantes se sont exprimées sur ce Sommet.  « Une négociation parallèle dans le cadre d’autres processus de l’ONU, tel que le Sommet pour l’avenir, n’est pas souhaitable, parce que cela conduirait à une duplication des efforts et à une dilution des discussions », a ainsi déclaré la Colombie.  Le Mexique a également rejeté l’idée que le Sommet se saisisse de la réforme du Conseil. 

En début d’après-midi, l’Assemblée a approuvé les candidats recommandés, le 3 novembre dernier, par la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, afin de pourvoir les sièges vacants au Comité des commissaires aux comptes, au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, au Comité des contributions, au Comité des placements et au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit. 

L’Assemblée achèvera le débat sur la représentation équitable au Conseil de sécurité demain, vendredi 17 juin, à 15 heures. 

QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET AUTRES QUESTIONS CONNEXES AYANT TRAIT AU CONSEIL DE SÉCURITÉ 

Déclaration liminaire 

M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a rappelé que la question d’une représentation équitable du Conseil est inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée depuis 1979.  « Depuis lors, il n’y a eu presqu’aucun progrès en vue d’adapter cet organe aux réalités actuelles. »  Il n’est par conséquent pas étonnant que les appels en vue d’une réforme se soient faits plus nombreux, atteignant une forme de crescendo, a déclaré le Président.  « Jamais cette question, d’un point de vue pratique et en raison du contexte, n’a été aussi pressante. » 

Il a indiqué que l’ONU semble paralysée en raison principalement des divisions du Conseil, alors que la guerre et la violence touchent plusieurs régions dans le monde.  Si certains défis d’aujourd’hui n’avaient pu être anticipés il y huit décennies, ceux qui avaient pu l’être déchirent le contexte géopolitique actuel avec une férocité renouvelée, a déclaré M. Francis.  Pour lui, face à de tels changements, le Conseil n’est dangereusement pas à la hauteur de son mandat de premier gardien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Président a averti que sans une réforme structurelle, sa légitimité continuera d’être écornée, de même que celle des Nations Unies.  Sans soutien public, la force institutionnelle de l’ONU sera de plus en plus fragilisée conduisant inévitablement à sa fin, a déclaré le Président.  « Puis-je avertir cette auguste Assemblée que l’état de stase peut être un ennemi aussi formidable que le chaos? »  

« Nous ne pouvons pas répéter les mêmes positions qui ne font que nous éloigner », a-t-il tranché.  Il a indiqué avoir reconduit les coprésidents du processus de négociations intergouvernementales, l’Autriche et le Koweït, avant d’appeler à faire fond sur les progrès remarquables enregistrés lors de la précédente session.  « L’accord en vue de diffuser sur le Webcast les réunions des négociations intergouvernementales et de créer un site onusien spécifique recueillant les différentes décisions et propositions sont des pas importants dans la bonne direction. »  Néanmoins, eu égard aux enjeux, nous avons besoin de nouveaux modes de pensée, a déclaré le Président.  Il a estimé que l’un des moyens de restaurer la confiance entre les délégations « de ce cocon » et envers les huit milliards d’habitants de la planète est d’insuffler un esprit de solidarité dans les délibérations, afin de se montrer à la hauteur des défis et de neutraliser les inclinations toujours présentes vers la dissension et la discorde.   

« Le Sommet de l’avenir de 2024 sera, à ce titre, une occasion à ne pas rater. »  Il a exhorté les États Membres à se saisir de cette occasion pour dépasser les positions figées et promouvoir une réforme du Conseil par le biais de mesures concrètes en vue d’une plus grande efficacité et représentativité du Conseil.  « Au bout du compte, le destin de la réforme du Conseil est entre vos mains. »  Il a rappelé que cette Assemblée est le seul organe de l’ONU chargé de trouver une réponse satisfaisante à cette question.  « Alors que les yeux du monde sont plus que jamais braqués sur nous, tout attentisme ne fera que nourrir les impressions que nos structures sont anachroniques et dépassées et, par conséquent, incapables de protéger ou de renforcer la paix et la sécurité internationales. »  Il vous revient à vous, États Membres, de déterminer la manière d’utiliser ce processus de négociations afin d’aboutir à de véritables progrès, s’il y a bien, en réalité, le désir de tels progrès, a conclu M. Francis.

Déclarations 

Au nom du groupe L.69, Mme NEDRA P. MIGUEL (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a dénoncé la paralysie du Conseil de sécurité résultant de tensions géopolitiques.  Il est clair à ses yeux que cet organe est inadapté à la réalité d’aujourd’hui, et que la frustration des États Membres à cet égard est justifiée.  La surreprésentation des pays occidentaux au sein du Conseil n’est pas représentative de la diversité géopolitique de la communauté internationale, a-t-elle expliqué notant que sa composition a relégué les voix du Sud aux marges des discussions qui ont un impact direct sur eux, perpétuant délibérément l’exclusion de la majorité des États Membres de l’Organisation.  Dans ce contexte, a ajouté la représentante, la réforme du Conseil est non seulement urgente, mais elle constitue aussi un préalable à la paix et la stabilité internationales ainsi qu’à un ordre multilatéral efficace.

La prochaine session des négociations intergouvernementales doit être abordée avec l’intention claire de réaliser des progrès, a poursuivi la déléguée.  Or, le cadre des discussions actuel est selon elle inefficace et contre-productif: les délégations continuent de parler sans s’écouter.  De son avis, ces discussions ne doivent pas être menées différemment des autres processus en cours à l’ONU, lesquels s’appuient sur un texte afin de parvenir à des résultats acceptables.  Lors du dernier cycle de négociations, plusieurs États Membres ont par ailleurs exprimé leurs préoccupations quant à la description inexacte de leur position sur cette question, a-t-elle rappelé, avant d’appeler à consigner les positions de chacun.  Enfin, la représentante a encouragé les délégations à se réengager envers une réforme urgente du Conseil de sécurité, estimant qu’il en va de la crédibilité de l’Organisation.   

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a, au nom du Groupe des États arabes, fait part de la satisfaction de ce Groupe pour certains développements importants au cours de la session précédente, comme la diffusion en direct de certaines parties des débats des négociations intergouvernementales, ou encore le lancement d’un site Internet dédié aux délibérations de ces négociations.  Il a rappelé que l’incapacité du Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités, notamment pour mettre fin à la guerre et à l’agression contre Gaza, souligne le besoin urgent d’une réforme globale, notamment pour cet organe.  La représentation équitable parmi les membres de ce conseil est l’un des piliers fondamentaux du processus de réforme, a-t-il souligné, en ajoutant que le Sommet de l’avenir de 2024 pourrait servir à intensifier ces efforts de réforme.

Le représentant a rappelé que les négociations intergouvernementales dans le cadre de l’Assemblée générale sont le seul forum pour parvenir à un accord sur l’élargissement et la réforme du Conseil de sécurité, soulignant l’interdépendance des cinq principaux sujets de négociation.  Il a rappelé la position des États membres de la Ligue des États arabes qui exigent des sièges permanents avec les pleins pouvoirs en cas d’élargissement du Conseil.  S’agissant du droit de veto, il a estimé que son usage « arbitraire » avait contribué à saper la crédibilité des décisions du Conseil, jugeant regrettable que dans la grande majorité des cas, ce droit ait été utilisé sur des questions liées à la région arabe, comme actuellement à Gaza.  Le Groupe des États arabes mérite, compte tenu de ses spécificités et de ses 400 millions d’habitants répartis dans 22 pays, une représentation permanente et appropriée au sein d’un conseil élargi, a-t-il résumé, notant qu’une grande partie des travaux du Conseil et des questions inscrites à son ordre du jour concerne précisément cette région.

Le délégué a par ailleurs suggéré plus d’efficacité et de transparence des travaux du Conseil, en envisageant de convenir d’un règlement intérieur permanent plutôt que d’un règlement intérieur temporaire, d’augmenter le nombre de séances plénières du Conseil de sécurité ouvertes à tous les États Membres, et d’envisager de permettre aux États concernés de participer aux questions discutées par le Conseil.  S’agissant du processus de négociation, il s’est félicité, pour conclure, des progrès réalisés en termes d’identification des positions communes des pays, mais aussi des domaines de désaccord nécessitant des discussions plus approfondies qui, a-t-il souligné, sont encore nombreux.

M. MAURIZIO MASSARI (Italie), au nom du Groupe « Unis pour le consensus », a affiché sa confiance dans les prochaines négociations intergouvernementales, qui pourraient faire des progrès réels sous la houlette des deux coprésidents compétents et expérimentés, qui ont déjà piloté la précédente session avec beaucoup de doigté.  Pour le Groupe « Unis pour le consensus », les évolutions récentes montrent combien une réforme du Conseil de sécurité est nécessaire et ne doit plus être remise à plus tard.  Cela dit, le Groupe ne veut pas de réforme à tout prix mais une réforme complète qui rendrait le Conseil véritablement représentatif, démocratique, redevable, transparent, efficace et à même de s’adapter au fil du temps.  Nous devons en particulier renforcer la voix des régions sous-représentées, a souligné le représentant, qui a en outre relevé les innovations importantes apportées aux méthodes de travail, telles que la diffusion en direct des réunions sur Internet.

De l’avis du Groupe « Unis pour le consensus », les cinq grandes thématiques de réforme devraient être abordées de manière globale et ciblée afin de parvenir à des convergences et à la phase de négociations fondées sur un texte, puisque les positions divergent toujours sur certains des principaux piliers de la réforme.  Le Groupe est opposé à la création de nouveaux processus parallèles pour accélérer la réforme, ce qui, à son avis, ne ferait que semer la confusion et entraverait la poursuite de l’objectif d’ensemble.  Tous les États Membres devraient avoir une approche de bonne foi et faire preuve de davantage de souplesse, a insisté le représentant, les invitant à faire des concessions.

Le représentant a brièvement rappelé la position du Groupe « Unis pour le consensus »: la création de sièges à long terme avec possibilité de réélection et une hausse du nombre de sièges non permanents d’une durée de deux ans.  Le Groupe est opposé à la création de nouveaux sièges permanents puisqu’il considère que ce n’est pas démocratique, que ce soit avec ou sans droit de veto.  Un mandat à vie est incompatible avec les principes de démocratie, de responsabilité et d’égalité entre les États Membres, a argué le représentant, qui a rappelé qu’à ce jour, 59 États Membres n’ont toujours jamais siégé au Conseil.  Il est plus que temps d’offrir un meilleur accès à tous, a conclu le représentant.

Pour Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne), qui parlait au nom du Groupe des Quatre (Brésil, Inde, Japon et Allemagne), on ne saurait trop insister sur l’urgence d’une réforme du Conseil de sécurité, dont la composition actuelle ne reflète pas les réalités géopolitiques contemporaines.  Il ne dispose pas de la représentativité nécessaire, a argué la représentante, et notamment d’une représentation permanente de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes, et n’a plus l’efficacité nécessaire pour relever les défis auxquels le monde est confronté.  Pour la représentante, il n’est donc pas surprenant qu’à maintes reprises, le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de répondre de manière opportune et efficace aux attentes face aux menaces les plus graves à la paix et la sécurité internationales. 

Rappelant que, lors du débat général de l’Assemblée générale de cette année, plus de 80 représentants de haut niveau ont souligné la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité, tant en termes de représentativité qu’en termes d’élargissement des catégories de membres permanents et non permanents, la représentante a souligné que ce dernier élément est l’un des principaux piliers de la proposition de réforme du Groupe des Quatre.  Regrettant l’absence de progrès sur ces questions au cours des derniers cycles de négociations intergouvernementales, elle a appelé tous les États Membres à s’engager sérieusement et de manière constructive dans un dialogue structuré sur les différents modèles proposés, afin de mieux comprendre les positions respectives de chacun et d’identifier un terrain d’entente ou le plus grand dénominateur possible, « ce qui est impossible à dégager si chacun se limite à répéter sa position fixe ».   

L’objectif du Groupe des Quatre reste d’entamer le plus rapidement possible des négociations fondées sur des textes, a déclaré la représentante, en soulignant que l’avenir des Nations Unies dépend de la capacité des États Membres à s’adapter, ce qui signifie parvenir à se doter d’un organe décisionnel qui reflète le monde d’aujourd’hui.  Le Groupe des Quatre donne rendez-vous au prochain Sommet de l’avenir pour parvenir à des résultats concrets sur la question de la réforme du Conseil de sécurité.  Saisissons cette opportunité et utilisons le prochain cycle de négociations intergouvernementales pour élaborer un langage précis à inclure dans le Pacte pour l’avenir, a conclu la représentante.

M. OLIVIER MAES (Luxembourg), au nom des pays du Benelux, a estimé que la question du veto, l’un des enjeux clefs de la réforme du Conseil de sécurité, avait refait surface avec la situation à Gaza et en Israël.  L’escalade du conflit et la gravité de la situation humanitaire exigent une action urgente de la part du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré, saluant à cet égard l’adoption, hier, de la résolution 2712 (2023).  Toutefois, le représentant a regretté que, depuis trop longtemps, le recours au veto empêche le Conseil de sécurité de s’acquitter efficacement de sa responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Le représentant a soutenu la limitation du recours au veto et, en particulier, la déclaration politique sur la suspension du droit de veto en cas d’atrocités de masse, présentée par la France et le Mexique, ainsi que le Code de conduite relatif à l’action du Conseil de sécurité contre le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre, élaboré par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT).  Il a estimé également que l’Assemblée générale a la responsabilité politique d’aborder les situations dans lesquelles le recours au veto conduit à la paralysie du Conseil de sécurité.  Tout membre permanent utilisant le veto doit être tenu pour responsable, a-t-il affirmé.  C’est pourquoi il a soutenu la résolution adoptée, l’an dernier, à l’initiative du Liechtenstein, qui confère à l’Assemblée générale un mandat permanent lui permettant de tenir un débat en cas de recours au veto au Conseil de sécurité.   

Des progrès sont possibles lors des prochaines négociations intergouvernementales, a estimé le représentant, pour qui « il y a plus d’éléments qui nous unissent que d’éléments qui nous divisent ».  La voie à suivre dans ce processus est d’entamer enfin des négociations fondées sur un texte, a-t-il plaidé.  Avant le Sommet de l’avenir de l’année prochaine, il est important de réaliser des progrès tangibles en vue d’une réforme globale du Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-il conclu.

Mme MENISSA RAMBALLY (Sainte-Lucie), au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que ces pays restent pleinement favorables à une réforme rapide du Conseil de sécurité pour, entre autres, accroître sa représentativité et sa réactivité.  Ayant pris note des différentes positions et propositions sur les cinq questions clefs de la réforme, les États de la CARICOM soulignent l’importance d’un engagement continu et dynamique sur ces positions et propositions, afin de créer de plus grandes convergences visant à trouver une solution susceptible de recueillir le soutien politique le plus large.  Dans ce contexte, ils se réjouissent de l’acceptation et du soutien important apporté par les États Membres à la proposition de la CARICOM, visant à créer un siège réservé aux petits États insulaires en développement.

Les membres de la CARICOM prennent note des différentes positions relatives aux éléments procéduraux du processus de réforme, a ajouté la représentante, qui a insisté sur la nécessité de continuer de les défendre, afin que la réforme puisse être réalisée au plus tôt.  La CARICOM salue également les efforts visant à élargir les discussions, afin de recueillir les points de vue d’autres parties prenantes.  Il est à espérer que les États continueront de s’appuyer sur ces acquis, a poursuivi la représentante, ajoutant sa satisfaction devant les progrès réalisés dans le document révisé des coprésidents.  Les convergences croissantes sont une bonne indication de la proximité des positions qui peuvent être atteintes, dans le cadre d’un processus dynamique, a-t-elle conclu.

M. ERIK LAURSEN (Danemark), s’exprimant au nom des pays nordiques, a rendu hommage aux cofacilitateurs, MM. Marschik et Albanai, pour leurs efforts innovants, qui ont servi à véritablement opérationnaliser l’engagement collectif exprimé dans la déclaration des 75 ans de l’ONU « d’insuffler une nouvelle vie » à la réforme du Conseil de sécurité.  Le représentant a aussi apporté le soutien des pays nordiques au contenu de la lettre du 2 juin 2023 comportant trois éléments clefs pour les travaux à la soixante-dix-huitième session: accent sur le renforcement et l’édification de convergences; dialogue structuré à partir des modèles proposés par les États et les groupes; et contribution à la réforme pour le Sommet de l’avenir, celui-ci devant aboutir à des recommandations concrètes partagées.  Le représentant a appuyé à cet égard le travail du Conseil consultatif de haut niveau du Secrétaire général sur un multilatéralisme efficace et le « Nouvel Agenda pour la paix » en tant que contributions précieuses à ces discussions. 

Les pays nordiques n’insisteront pas sur un processus spécifique, le plus important étant de parvenir à un résultat concret et substantiel, a précisé le représentant, pour qui ce résultat ne pourra être acquis que par une approche caractérisée par la souplesse, l’ouverture et la confiance.  La question de la réforme du Conseil de sécurité est trop importante et trop urgente pour ne pas adopter une telle approche, a-t-il affirmé.  Pour disposer de la légitimité nécessaire pour faire face aux défis mondiaux sans cesse croissants d’aujourd’hui, la communauté internationale a besoin d’un Conseil plus transparent, plus efficace, plus représentatif et plus responsable, a-t-il conclu.

M. SULAY-MANAH KPUKUMU (Sierra Leone), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le Président de son pays avait encore récemment réitéré les demandes de l’Afrique concernant la question de la réforme du Conseil de sécurité.  À l’occasion du débat de haut niveau de l’Assemblée générale, le représentant a souligné l’injustice de la sous-représentation, voire de la non-représentation de l’Afrique dans les catégories permanentes et non permanentes du Conseil de sécurité.  L’Afrique reste le seul grand continent à ne pas être représenté dans la catégorie permanente du Conseil et à être sous-représenté dans la catégorie non permanente, a-t-il rappelé, ajoutant que la demande de deux sièges permanents pour l’Afrique avec tous les droits, y compris le droit de veto, était une question de « justice commune ».  

Le représentant a indiqué, à cet égard, que la Position africaine commune articulée dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte était « largement reconnue » au sein de l’Assemblée générale, une « évolution bienvenue », selon lui, sur laquelle son pays et d’autres s’appuieront « pour parvenir à une réforme qui reconnaisse et donne à l’Afrique la place qui lui revient ».

Le Groupe des États d’Afrique se félicite des progrès réalisés en termes de diffusion d’information et de base de données, tout en notant les divergences entre les positions des États Membres et des groupes d’intérêt sur les modèles de réforme ou les questions de procédure.  Le document-cadre de 2015 reste le principal document de référence de l’IGN, a souligné le représentant, car il englobe les positions et les propositions d’environ 120 États Membres, y compris la Position commune africaine.  Appelant à un processus ouvert, transparent et inclusif axé sur les membres pour renforcer la légitimité des décisions du Conseil et le rendre apte à remplir sa mission, il a appelé le Président de l’Assemblée générale à user de ses bons offices pour convaincre les États Membres de s’approprier le processus de réforme du Conseil « de manière franche et constructive ».

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a dit qu’un mot n’est pas entendu par certains États, alors qu’il est synonyme de progrès pour beaucoup, celui de « réforme ».  Le Conseil doit être plus représentatif, a dit la déléguée, en appelant à la consolidation du système de sécurité collectif.  Elle a rappelé que peu de choses ont changé depuis 1965 et le passage du Conseil de 11 à 15 membres, avant de souligner la capacité des membres élus du Conseil à initier le changement.  Leur condition de membres élus les rend plus responsables par rapport à cette Assemblée, a-t-elle dit.  « Les membres élus refusent de rester silencieux, là où les membres permanents préfèrent regarder ailleurs. »  Elle a ainsi rappelé les récentes contributions majeures de membres élus, en mentionnant la Tunisie à l’origine de la résolution du Conseil sur la pandémie de COVID-19 et l’acheminement de l’aide humanitaire.  Malte a coordonné un débat capital sur l’élévation du niveau de la mer, tandis que le Niger et l’Irlande ont présenté un projet de résolution sur les liens entre changements climatiques et conflits, a-t-elle dit, en rappelant qu’un veto a empêché son adoption.  « Les membres élus sont notre guide. »  Elle a plaidé pour l’élargissement de la catégorie des membres non permanents et plaidé pour une réforme structurelle du Conseil.  « Il faut agir maintenant, car l’inaction coûte des vies. »

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a exprimé sa préoccupation face au recours croissant aux sessions d’urgence et à la résolution 76/262 de l’Assemblée générale, qui reflète la polarisation grandissante du Conseil qui limite sa capacité à prendre des mesures décisives.  Il a néanmoins salué le Conseil d’avoir adopté des mesures susceptibles de sauver des vies au Moyen-Orient, en espérant que ce sera la règle plutôt que l’exception.  Il est plus que jamais nécessaire de renforcer la confiance dans le multilatéralisme avec l’ONU en son centre, a fait valoir le représentant, pour qui un Conseil de sécurité réformé contribuerait à ce processus.  Les initiatives lancées par les coprésidents des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité permettront, selon lui, de faire avancer les discussions.

Le Conseil doit cependant faire preuve d’une plus grande unité afin d’utiliser pleinement les moyens pacifiques de règlement des différends, a souhaité le délégué.  Il a jugé tout aussi essentiel d’assurer une représentation géographique équitable, un équilibre interrégional et une plus grande représentation des pays en développement.  Toutefois, a-t-il ajouté, cette question ne doit pas se limiter à la vision « étroite » de l’élargissement du nombre de membres, mais plutôt encourager les régions et les pays touchés à participer à ses délibérations.  Le représentant a en outre déploré que les divisions aient parfois empêché le Conseil d’adopter des programmes de travail mensuels, empêchant les États Membres de contribuer pleinement à ses débats. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a voulu que la réforme du Conseil de sécurité soit « contemporaine » et reflète la composition des États Membres des Nations Unies au XXIe siècle.  Cette réforme doit être globale et non graduelle, et englober les cinq axes de manière exhaustive.  Appuyant l’idée que les travaux se poursuivent dans le cadre intergouvernemental actuel, le représentant a jugé que la recommandation de convoquer une réunion annuelle entre le Président du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur la documentation, et les autres questions de procédure et les coprésidents des négociations intergouvernementales, est une étape positive vers l’amélioration des méthodes de travail et de la coordination.  Le représentant a également jugé que la coopération entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix est tout aussi cruciale.   

Qualifiant d’inacceptable la sous-représentation, voire la non-représentation, de l’Afrique au Conseil, qui compte pourtant des pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police très importants, le représentant a réclamé une représentation juste et équitable dans les deux catégories de sièges et a apporté son soutien à une représentation plus large des pays arabes, y compris par l’attribution d’un siège permanent.  Quant au droit de veto, il a estimé que tant qu’il sera en vigueur, et par souci de justice, ce droit doit être reconnu à tous les membres permanents.

Nous ne sommes membres d’aucun groupe des négociations intergouvernementales, a tenu à souligner M. BURHAN GAFOOR (Singapour).  La réforme du Conseil ne doit servir ni l’ambition ni les intérêts des grandes puissances, mais ceux de tous, en particulier les préoccupations et priorités des petits États qui forment « la majorité silencieuse » de l’Assemblée générale et dont plus de la moitié n’a jamais siégé au Conseil.  Hier, a-t-il rappelé, les membres du Conseil ont fait preuve d’une « rare » unité en adoptant une importante résolution sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza, mais il leur a fallu 40 jours pour parvenir à ce résultat contrairement à l’Assemblée.  Dans ce contexte, l’élargissement du Conseil ferait-il vraiment la différence?  Ne faut-il pas en même temps réclamer davantage de redevabilité dans l’exercice du droit de veto?  Par ailleurs, les élections au Conseil sont en théorie démocratiques et ouvertes à tous les États mais dans la pratique, les petits États ne jouent pas sur un pied d’égalité, puisqu’il leur est très difficile de faire campagne face à des grands États.  Dénonçant « un plafond de verre » qui décourage ou handicape les petits États, le représentant s’est dit favorable à l’élargissement des deux catégories de membres mais sans droit de veto.

« Le Conseil doit représenter le monde tel qu’il est, non pas tel qu’il a été, il doit changer », a déclaré Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis).  Elle a souligné l’engagement de son pays en faveur d’une réforme du Conseil et l’élargissement de ses deux catégories de membres.  Ce Conseil ne reflète plus la réalité du monde actuel, a-t-elle insisté, en pointant son manque de représentativité.  Elle a dit avoir entendu les préoccupations de plusieurs délégations quant à la politisation du Conseil, à son mauvais fonctionnement et à une insuffisante prise en compte de la question des changements climatiques.  « Nous devons rester ouverts à un compromis en vue d’un changement durable », a dit la déléguée, en louant l’énergie et la créativité des deux coprésidents, le Koweït et l’Autriche.  « Nous sommes prêts à travailler avec chacun d’entre vous pour que le Conseil entre dans le XXIe siècle », a-t-elle assuré en concluant.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse), dont le pays siège au Conseil de sécurité depuis bientôt un an, a regretté que cet organe se heurte trop souvent à un manque de confiance entre certains de ces membres « les plus puissants ».  La Suisse s’est en revanche félicitée de l’adoption, hier, d’une première résolution à caractère humanitaire sur la situation actuelle au Moyen-Orient.  Sa représentante y a vu le résultat des efforts inlassables des membres élus pour le maintien du droit international, particulièrement le droit international humanitaire, tout en déplorant que, trop souvent, le Conseil n’arrive pas, ou trop tardivement, à agir pour protéger les civils, comme en Ukraine, au Soudan, au Myanmar, ou actuellement au Moyen-Orient. 

Le Conseil de sécurité peine également à s’unir face à des enjeux tels que la non-prolifération ou l’impact des changements climatiques sur la paix et la sécurité et risque, de ce fait, de négliger son devoir face à des menaces existentielles, a poursuivi la représentante.  Elle a toutefois incité à « ne pas se laisser décourager » même si le Conseil de sécurité est confronté à des méthodes de travail qui mènent trop facilement au blocage des décisions, et ce, même dans des situations de génocide et autres violations graves du droit international humanitaire et des droits humains. 

La représentante a salué le fait que les deux-tiers de l’Assemblée aient adhéré au Code de conduite contre les atrocités, lancé par le Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (ACT), et se soient engagés à ne pas voter contre une action du Conseil dans de tels cas.  C’est dans le même esprit de redevabilité et de responsabilité que la Suisse a exhorté les membres du Conseil à s’abstenir de voter dans certaines circonstances, tel qu’exigé par l’Article 27(3) de la Charte. 

Après avoir appuyé une meilleure représentation au sein du Conseil de sécurité pour certains groupes de pays, en particulier le Groupe des États d’Afrique, la représentante a préconisé d’explorer l’hypothèse d’une troisième catégorie, très limitée, de sièges non permanents mais renouvelables.  Comme l’exercice du droit de veto pose aussi la question de la redevabilité, elle a également plaidé pour que celui-ci soit soumis, dans l’immédiat, à des contraintes volontaires.

M. IBRAHIM ZUHUREE (Maldives) a rappelé ces chiffres: les 15 membres du Conseil ne représentent que 7,7% des États Membres de l’ONU, et les membres permanents, seulement 2,5%.  C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, nous soutenons l’augmentation du nombre de membres permanents et de membres non permanents.  Cet élargissement vise une répartition géographique équitable, la réparation de l’injustice historique de l’Afrique et la représentation permanente des petits États insulaires en développement (PEID) et des petits États.  Dans ce Conseil réformé, les nouveaux membres permanents doivent, par principe, avoir les mêmes droits et obligations que les cinq membres permanents actuels, y compris s’agissant du droit de veto.  

Compte tenu de la lenteur du processus des négociations intergouvernementales, il a fait appel au rôle et à l’autorité morale de l’Assemblée générale.  Après toutes ces années, il est impératif de se concentrer sur des avancées concrètes et progresser vers un texte de négociation unique au cours de cette session.  Chaque État Membre, quelle que soit sa taille, joue un rôle crucial dans la paix et le développement dans le monde.  C’est pourquoi, a rappelé le représentant, nous avons présenté notre candidature au Conseil de sécurité, pour la période 2033-2034.  Les petits États méritent leur place à table car ils ont le plus à gagner, et franchement, le plus à perdre du multilatéralisme. 

Les événements récents ont, une fois de plus, mis en évidence la paralysie du Conseil et souligné l’urgence de sa réforme, a estimé Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique).  Cette paralysie indéniable est perçue aussi bien par les dirigeants du monde que par le citoyen ordinaire.  D’ailleurs, a rappelé le représentant, que lors de la première Assemblée générale, le Ministre mexicain des affaires étrangères de l’époque avait affirmé que ce qui est le plus inquiétant dans l’exercice du droit de veto, c’est la probabilité et pas la simple possibilité, qu’il paralyse les meilleures intentions de l’Organisation.  Près de 80 ans plus tard, il est clair que ces préoccupations sont toujours réelles.

Le prochain cycle des négociations intergouvernementales est donc fondamental, a poursuivi le représentant, qui a estimé « crucial et urgent » d’entamer les discussions sur les modèles de la réforme comme le dit « Unis pour le consensus » depuis de très nombreuses années.  Il a rappelé qu’au début de cette année, le Mexique a fait circuler sa proposition de réforme dans le document A/77/717 orientée vers des changements structurels et fonctionnels.  Il a rejeté d’emblée l’idée que le Sommet de l’avenir se saisisse de la réforme du Conseil puisqu’il existe déjà un processus et des paramètres établis par la résolution 53/30 de l’Assemblée générale.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) s’est dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité, lequel doit s’adapter, s’élargir et être plus représentatif du monde qu’il est censé servir.  C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni continue de réclamer l’élargissement du Conseil de sécurité dans la catégorie des membres permanents et non permanents.  « Nous pensons qu’une représentation permanente de l’Afrique au Conseil n’a que trop tardé et soutenons la création de nouveaux sièges permanents pour l’Inde, l’Allemagne, le Japon et le Brésil », a ainsi expliqué le représentant, qui s’est également dit favorable à l’élargissement de la catégorie des membres non permanents, afin de porter le nombre total des membres du Conseil à 25.  Grâce à ces changements, le Conseil pourra être à même de répondre de « manière décisive » aux menaces actuelles et futures contre la paix et la sécurité internationales, a-t-il estimé.

Évoquant l’utilisation du veto, « une lourde responsabilité », le représentant s’est réjoui que l’Assemblée générale puisse désormais, à juste titre, demander des comptes.  Pour sa part, le Royaume-Uni n’a pas exercé son droit de veto depuis 1989, a-t-il rappelé.

Partisan du Code de conduite du Groupe ACT, le Royaume-Uni est déterminé à ne pas voter contre un projet de résolution crédible visant à empêcher ou à mettre fin à des atrocités de masse et encourage tous les États à lui emboîter le pas.  Enfin, le représentant a appuyé le passage à des négociations fondées sur un texte et s’est engagé à travailler de manière constructive avec tous les partenaires pour trouver des solutions pragmatiques permettant de rallier tous les acteurs nécessaires à cette cause.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déclaré que le dysfonctionnement persistant du Conseil souligne la nécessité de mener des réformes.  Même si nous n’avons pas encore atteint la paralysie induite par les grandes puissances pendant la guerre froide, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que le Conseil reste les bras croisés lorsqu’il ne répond pas aux attentes des peuples que nous servons, a asséné le représentant, pour qui il « existe un besoin urgent de réforme du Conseil que nous devons prendre au sérieux ».  C’est en réponse à cette dynamique « inquiétante » que le Liechtenstein et ses partenaires ont présenté, l’an dernier, l’initiative veto, laquelle, a-t-il rappelé, a été mise en œuvre de façon rapide et efficace.  Cette initiative ne constitue toutefois pas une réforme du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, mais une mesure visant à recalibrer l’équilibre entre cet organe et l’Assemblée générale.  En attendant la réforme, cette dernière doit continuer de réfléchir à la manière dont l’Organisation peut aborder de manière plus cohérente les questions de paix et de sécurité qui, a rappelé le délégué, ne sont pas l’apanage du Conseil. 

Dans la perspective des discussions sur la réforme du Conseil qui se tiendront l’an prochain, le Liechtenstein a transmis aux coprésidents des négociations intergouvernementales un « modèle intermédiaire », qui propose la création de sièges renouvelables à long terme, sans droit de veto supplémentaire pour aucun État.  Ce modèle a, selon le représentant, le potentiel de mieux représenter les réalités géopolitiques d’aujourd’hui, en particulier s’agissant de l’Afrique.  Étant donné l’impact « pernicieux » du veto sur le travail du Conseil, l’ajout de nouveaux droits de veto ne peut être considéré comme bénéfique pour son efficacité, a-t-il insisté.  Enfin, en l’absence d’une réforme globale nécessitant un amendement à la Charte des Nations Unies, le représentant a jugé essentielle l’amélioration des méthodes de travail du Conseil.

Mme LEONOR ZALABATA TORRES (Colombie) s’est associée à la déclaration faite par l’Italie au nom du Groupe « Unis pour le consensus ».  Elle a fait part de sa détermination de faire du Conseil de sécurité un organe plus efficace, permettant à tous les États Membres de l’ONU de participer à l’élaboration des règles qui en émanent et d’apporter leurs expériences et leurs positions sur diverses questions, sur un pied d’égalité.  Elle a vu les négociations intergouvernementales comme la plateforme idéale pour le débat sur la réforme du Conseil de sécurité, se disant convaincu qu’il sera possible de progresser, en 2024, dans les discussions de fond sur les cinq thématiques.  Une négociation parallèle dans le cadre d’autres processus de l’ONU, tel que le Sommet pour l’avenir, n’est pas souhaitable, selon elle, parce que cela conduirait à une duplication des efforts et à une dilution des discussions.  Une réforme basée sur l’extension des sièges permanents n’est pas acceptable pour la Colombie, a-t-elle aussi précisé, pas plus que l’extension du droit de veto.  Il est plus approprié, selon la représentante, d’augmenter le nombre de nouveaux sièges dans la catégorie des membres élus, avec le mandat traditionnel de deux ans et la possibilité d’être réélu pour deux années supplémentaires, ce qui ouvrirait la porte aux pays en développement.  Le Groupe « Unis pour le consensus » a élaboré une plateforme qui illustre la manière dont cela serait mis en œuvre dans la pratique qui sera présentée en temps voulu lors des négociations intergouvernementales.

Il est essentiel de renforcer la légitimité du Conseil de sécurité, tant dans son fonctionnement que dans son mandat, a expliqué la déléguée en recommandant d’incorporer les outils appropriés pour relever les défis actuels, y compris les leçons apprises dans des domaines tels que la consolidation de la paix et la justice transitionnelle.  Elle a aussi suggéré d’augmenter la capacité du Conseil à anticiper et à prévenir les atteintes à la paix et à la sécurité internationales.  Face à l’exigence d’une gouvernance mondiale en phase avec le monde actuel, la représentante a conclu que le Conseil de sécurité ne peut reproduire à perpétuité une structure ancrée dans le passé, qui accorde des privilèges et des prérogatives à quelques-uns.  

M. JONATHAN DAVID PASSMOOR (Afrique du Sud) a fait remarquer que le mandat du Conseil de sécurité repose sur un impératif, à savoir l’obligation pour tous ses membres de travailler ensemble dans un esprit de coopération pour s’acquitter de leur mandat.  Or, pour des milliers de personnes du monde, le manque de coopération des membres du Conseil, notamment les membres permanents qui cherchent à « servir leurs intérêts étroits » et qui pratiquent le deux poids, deux mesures, reste un problème crucial, a-t-il expliqué.  Les États Membres doivent donc maintenant trouver un accord pour demander au processus de négociations intergouvernementales d’entamer des négociations basées sur un texte, a-t-il déclaré, en soulignant qu’en cas de résistance à une telle approche, les divergences risquent de prendre plus d’ampleur encore.  Il a invité les États Membres à utiliser le document de travail sur les convergences et les divergences sur la réforme que les coprésidents ont distribué en 2022, afin de faire avancer les débats.  Le représentant a par ailleurs fait part de sa satisfaction devant le soutien à la Position africaine commune du consensus d’Ezulwini, notamment dans le rapport du Secrétaire général.  Il a estimé qu’un multilatéralisme « inclusif » devait sous-tendre les discussions sur la réforme du Conseil.  Il a conclu en exprimant sa volonté de dialoguer le plus largement possible pour parvenir à des solutions de réformes.

Mme VANESSA FRAZIER (Malte) a espéré que le processus des négociations intergouvernementales de cette soixante-dix-huitième session permettra de se rapprocher d’un consensus sur la réforme du Conseil.  Il est impératif d’envisager cette réforme dans un esprit constructif et ouvert et avec une volonté d’aller de l’avant sur la base du compromis, de la transparence et de la coopération, a insisté la représentante en plaidant pour un Conseil qui soit véritablement représentatif, démocratique, transparent et surtout responsable et efficace.  Un Conseil réformé doit être « la propriété de tous les États Membres des Nations Unies », a-t-elle ajouté.  Le point de départ de la réforme devrait être, selon elle, un accord, entre tous les États Membres, sur les principes sous-jacents devant guider le processus de réforme.  Saluant les progrès faits en ce sens dans le cadre des négociations intergouvernementales, elle s’est dite optimiste que cela devrait permettre de progresser dans la discussion. 

Après avoir fait écho aux propos de l’Italie au nom du Groupe Unis pour le consensus, la représentante s’est dite impatiente de poursuivre la discussion sur les cinq thématiques, conformément à la décision 62/557 de l’Assemblée générale, d’une manière globale et ciblée.  Relevant que diverses convergences sont d’ores et déjà apparues entre les groupes de négociation représentés ici aujourd’hui, elle a estimé qu’elles devraient être utilisées comme un nouveau tremplin dans la poursuite collective de la réforme.  La déléguée a insisté sur le fait que le processus des négociations intergouvernementales doit rester le seul processus où la réforme du Conseil de sécurité est discutée et approuvée.  Elle a donc déconseillé de réinventer la roue ou de créer des voies parallèles qui pourraient nuire aux objectifs, et appelé à s’engager dans le processus opérationnel piloté par les États Membres, qui a déjà été mis en place.

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a estimé que l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre des décisions sur des crises graves envoie un message extrêmement pessimiste au monde.  Le représentant a réclamé des négociations intergouvernementales efficaces, avec un objectif clair et des résultats concrets.  Cela signifie qu’elles doivent être basées sur des projets de texte qui attribuent à chacun sa position.  Le nombre d’États d’Europe de l’Est ayant doublé ces trois dernières décennies, il a réclamé au moins un siège non permanent supplémentaire dans un Conseil de sécurité élargi dans les deux catégories de membres.

Le représentant dont le pays est élu au Conseil pour la période 2024-2025, a appelé les détenteurs du droit de veto à l’exercer avec responsabilité et restriction, sans servir leurs intérêts nationaux.  Il a soutenu la conduite du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT) qui milite pour la suspension de ce droit en cas de génocide, de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre, liste à laquelle l’Initiative franco-mexicaine a ajouté les atrocités de masse.  La suspension du droit de veto constitue une étape importante vers une plus grande responsabilisation, a dit le représentant.

M. NORBERTO MORETTI (Brésil) a estimé que la longue stagnation des négociations intergouvernementales contraste fortement avec une réalité géopolitique en transformation rapide et les tensions croissantes qui menacent encore davantage la stabilité mondiale.  De plus, a-t-il ajouté, la représentativité insuffisante au Conseil devient de plus en plus évidente, compromettant ainsi gravement sa légitimité et son efficacité.  À l’heure où le monde en a le plus besoin, le Conseil de sécurité reste incapable d’assumer sa responsabilité première face aux conflits, situations et régions clefs.  De telles difficultés ont déjà eu un impact négatif sur le cadre de sécurité collective, le multilatéralisme et le respect du droit international.  Sans réforme, la crise ne fera que s’aggraver, a-t-il prévenu.

De toute évidence, l’absence de réforme n’est pas la seule raison de la paralysie ou de l’inefficacité du Conseil.  Les profondes divisions entre les membres permanents et l’augmentation du nombre des conflits géopolitiques jouent un rôle majeur.  Toutefois, a poursuivi le représentant, la dynamique politique négative actuelle serait atténuée par un Conseil plus large et plus représentatif.  Ce Conseil ne pourra pas être pleinement légitime et efficace tant que le monde en développement sera mis à l’écart et que des régions entières, comme l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Afrique, n’y seront pas représentées dans la catégorie des membres permanents.  Toute réforme qui ne remédierait pas à cette lacune majeure ne serait qu’une façade et, pire encore, elle aggraverait les déséquilibres actuels dans la composition du Conseil.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a noté des progrès notables, en particulier l’introduction d’une émission en ligne et la création d’un site Web de dépôt, et s’est prononcé en faveur d’une autre proposition des coprésidents visant à mener un dialogue structuré sur les propositions individuelles lors de la prochaine réunion du groupe intergouvernemental de négociation.  Il a estimé que cette nouvelle initiative pourrait donner lieu aux discussions globales et concrètes que la majorité des États Membres réclame depuis longtemps.

Insistant sur l’obtention de « résultats tangibles à chaque session », le représentant a jugé indispensable un processus piloté par les États Membres et a encouragé ces derniers et tous les groupes à jouer le rôle de porte-plume et à soumettre leurs propres modèles de réforme.  « Écrivons ce que nous croyons être juste, puis clarifions, questionnons et débattons de ce que les autres croient être juste », a-t-il encouragé, ajoutant que des discussions interactives sur chaque modèle serviraient cet objectif et mèneraient à des réalisations concrètes.

Après avoir souligné que plus de 80 États avaient appelé à une réforme du Conseil lors de la réunion de haut niveau de septembre dernier, le représentant n’a pas manqué de signaler que cet organe n’est pas en mesure de répondre aux attentes de la communauté internationale sur certaines « des questions les plus urgentes de notre époque », les situations en Ukraine et au Moyen-Orient, ce qui ne peut que renforcer la volonté de réforme et de création d’un Conseil plus représentatif et reflétant la réalité du XXIe siècle.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a estimé que la réforme du Conseil de sécurité est une priorité critique et immédiate.  Elle a expliqué l’absence de résultats sur cette question par la nature même du processus des négociations intergouvernementales, qui demeure largement limité à l’échange de déclarations, sans texte de négociation ni calendrier.  Qui plus est, les opposants au consensus avancent que les États membres doivent se mettre d’accord avant d’entamer les négociations.  La représentante a constaté que les délégations du sud n’ont pas voix au chapitre sur les questions qui les concernent, 164 États Membres ayant réclamé, en vain, un texte concret qui servirait de base aux négociations, comme indiqué dans le document A/72/510/Rev.1 de 2017.  Dans ce contexte, la déléguée a souligné que tout nouveau retard dans la réforme du Conseil exacerbera son déficit de représentation, alors que celle-ci est la condition incontournable de sa légitimité et de son efficacité.

« Nous devons donc aligner le Conseil sur le mandat que lui confère la Charte des Nations Unies de représenter les intérêts de tous les États Membres. »  L’Inde ayant toujours défendu une approche coopérative, inclusive et consultative des relations internationales, la déléguée s’est dite convaincue que les appels en faveur d’un multilatéralisme réformé et centré sur la réforme du Conseil de sécurité sont soutenus par l’écrasante majorité des États Membres.  Ne pas aborder cette question de longue date lors du Sommet de l’avenir signifierait selon elle un échec à remplir notre engagement envers nous-mêmes et envers l’Organisation.

De l’avis de M. DARLINGTON MASHOKO KADYAUTUMBE (Zimbabwe), une représentation plus équitable et équilibrée au Conseil de sécurité contribuerait à réparer certaines injustices historiques commises à l’encontre d’un continent de 1,4 milliard d’habitants qui ne dispose d’aucun siège permanent au sein d’un organe important des Nations Unies censé représenter toute la communauté internationale.  L’Afrique se sent, à juste titre, laissée pour compte, a expliqué le délégué.  Selon lui, elle devrait occuper deux sièges permanents, avec tous les droits et prérogatives des membres permanents actuels, dont le droit de veto, et cinq sièges non permanents.  L’Afrique est opposée au veto par principe, a poursuivi le délégué, tout en concédant que si ce droit est maintenu dans le Conseil réformé, il devrait être attribué à tous les membres permanents.  S’agissant des méthodes de travail, il a plaidé pour une collaboration accrue entre le Conseil et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police ainsi qu’avec les groupes régionaux.  Il a aussi recommandé l’extension du rôle de porte-plume des rédacteurs de projets de résolution, afin d’inclure des pays de régions touchées par les conflits.  Pour finir, il a conseillé de convoquer des réunions du Conseil plus ouvertes, qu’elles soient publiques ou privées.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a observé que le Conseil de sécurité, auquel a été confiée la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, n’a actuellement pas la capacité de relever efficacement ces défis, ajoutant que l’urgence de mettre en place un Conseil solide et efficace est évidente.  Le représentant a plaidé pour des négociations fondées sur un texte consolidé, dans l’objectif de parvenir à des résultats tangibles dans un délai déterminé.  La Mongolie est favorable à l’élargissement du Conseil pour les membres permanents et non permanents, selon le principe d’une juste répartition géographique, et avec une attention particulière aux régions et aux groupes sous-représentés et non représentés. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à mettre fin au massacre perpétré par Israël contre des femmes et des enfants palestiniens innocents.  La raison principale de l’incapacité fréquente du Conseil de sécurité à répondre aux conflits est l’incapacité de ses membres permanents à se mettre d’accord sur une action décisive, a-t-il noté.  L’ajout de nouveaux membres permanents multipliera statistiquement les risques de paralysie au sein du Conseil, selon lui.  « Le problème ne peut être la solution. »  Le représentant s’est donc dit fermement opposé à toute proposition visant à créer des sièges permanents supplémentaires pour des États Membres individuels.  Tout pays souhaitant une présence plus fréquente au Conseil devrait le faire en se soumettant au processus démocratique de l’élection périodique par l’Assemblée générale, a-t-il proposé.

Le délégué a noté qu’il subsiste de grandes divergences entre les États Membres au sein de chaque groupe de travail.  Il a tenu à rappeler que les discussions ont porté non pas sur deux, mais sur plusieurs catégories de membres: sièges non permanents pour deux ans; sièges non permanents à plus long terme; membres non permanents rééligibles; sièges permanents représentant des régions ou des États individuels; membres permanents avec ou sans droit de veto.  Le délégué a estimé que « l’injustice historique » à l’égard de l’Afrique, ainsi que de l’Asie, de l’Amérique latine et des petits États insulaires en développement (PEID), doit être réparée et que l’avantage inégal accordé à l’Europe doit être corrigé.  La proposition de l’Union des forces du changement (UFC), d’ajouter 11 à 12 nouveaux membres non permanents, offrirait une plus grande représentation à la grande majorité des petits et moyens États, dont 59 n’ont jamais siégé au Conseil de sécurité, a-t-il fait valoir.  En plus d’assurer une représentation « géopolitique équitable », un plus grand nombre de membres non permanents pourrait contrebalancer l’influence démesurée des cinq membres permanents.  Enfin, le représentant a misé sur le Sommet de l’avenir qui devrait chercher à promouvoir la revitalisation des principaux organes de l’ONU, dont la réforme du Conseil de sécurité et la revitalisation de l’Assemblée générale, ainsi que la réforme de l’architecture financière internationale, qui est historiquement injuste.  La réforme du Conseil de sécurité doit se faire exclusivement dans le cadre du processus des négociations intergouvernementales, a-t-il précisé.

M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est dit soulagé qu’enfin, hier, le Conseil de sécurité ait fait preuve d’humanité en adoptant la résolution appelant à faire des pauses humanitaires dans la bande de Gaza, y voyant une première étape de la part de l’organe pour faire cesser les hostilités et atténuer la souffrance des Palestiniens.  Néanmoins, un long chemin reste à parcourir, a-t-il concédé, rappelant qu’il avait fallu plus d’un mois pour qu’enfin le Conseil de sécurité agisse, après 11 000 morts, dont des milliers d’enfants.  Cela soulève, à ses yeux, des questions sur le statut du Conseil.  Avec cette toile de fond, il a exhorté à faire preuve de plus de volonté politique au plus haut niveau, une approche essentielle, selon lui, pour réformer, car « nous ne pouvons pas nous contenter de discussions ». 

Pour le délégué, il s’agit d’évaluer le fonctionnement du Conseil de sécurité.  Il a averti du risque de « révolution » si les choses continuent ainsi.  Pour combattre cette paralysie, le représentant a préconisé de saisir l’opportunité du Sommet de l’avenir afin de revitaliser les engagements politiques et de faire avancer la discussion sur la réforme tout en renforçant le processus de négociations intergouvernementales.  À cet égard, il s’est félicité de l’initiative de la coprésidence de diffuser en ligne les discussions.  Pour finir, il s’est inscrit en faveur d’un format de discussion permettant de résorber les divergences et de faire émerger des convergences, proposant des objectifs concrets pour évaluer les progrès accomplis.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a condamné la « machine de guerre » israélienne implacable qui, depuis plus d’un mois, continue ses bombardements systématiques et prend pour cible délibérée des civils à Gaza.  Il s’agit de crimes de guerre, d’épuration ethnique, de génocide, qui ont coûté la vie à plus de 11 000 citoyens palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, a déploré le délégué.  Pendant ce temps, le Conseil est resté paralysé pendant plus d’un mois en raison de l’entêtement de membres permanents à accorder un appui politique à Israël, a insisté le délégué.  Et, lorsque le Conseil est enfin parvenu à adopter une résolution, il s’est montré incapable d’appeler à un cessez-le-feu, contrairement à l’Assemblée générale.  « Pour être sincère, il faut reconnaître que le Conseil de sécurité n’est pas en mesure de mettre en œuvre son mandat. »  Il n’exprime plus l’équilibre des forces de notre monde contemporain, pas plus qu’il ne représente la voix de millions de personnes dans le monde pour lesquelles ses décisions ont une influence sur leur vie, a analysé le représentant.  En l’état, le Conseil ne représente qu’« un instant historique révolu », a continué le délégué, estimant qu’il est donc nécessaire de le réformer pour qu’il soit plus juste, plus démocratique et qu’il reflète les positions des États Membres.

Avant le prochain cycle de négociations, le délégué a martelé qu’il n’est plus acceptable que la mise en œuvre des décisions du Conseil soit limitée à un nombre de pays, à l’heure où Israël ignore des dizaines de résolutions du Conseil.  Il en va de la confiance en sa capacité à imposer des résolutions pour la paix et la sécurité internationales à tous, sans distinction.  Aucun État n’est au-dessus du droit international, a-t-il martelé.  L’Égypte estime que seul un consensus permettra de mener à bien une réforme.  Concernant le droit de veto, le délégué a déploré une lacune structurelle qui permet à un État de bloquer l’action du Conseil.  Il a refusé tous les appels à entamer des négociations sur un texte sans, au préalable, un consensus sur les cinq thématiques principales.  La course au siège permanent ne doit pas être un objectif en soi, a-t-il encore ajouté.

Pour M. JOONKOOK HWANG (République de Corée), qui s’est rallié à la déclaration faite au nom du Groupe Unis pour le consensus, il ne fait aucun doute qu’il faut répondre aux appels urgents et croissants en faveur d’une réforme du Conseil de sécurité, en particulier avant le Sommet de l’avenir.  Le seul moyen d’atteindre cet objectif est, selon lui, de procéder à un examen approfondi des divergences identifiées dans le cadre des négociations intergouvernementales jusque-là et de faire preuve d’une souplesse maximale.  Il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’une question cruciale où l’avenir des Nations Unies et les intérêts nationaux à long terme des États Membres sont en jeu, a souligné le délégué.  Il a rappelé la position de la République de Corée qui s’oppose à une augmentation du nombre de membres permanents, avec ou sans droit de veto.  Cependant, son pays soutient l’élargissement de la catégorie de membres élus à une taille raisonnable et gérable, reflétant l’augmentation du nombre de membres de l’ONU depuis 1963.

Le représentant a assuré rester flexible sur les modalités spécifiques de l’élargissement des membres non permanents.  Toutefois, a-t-il noté, une chose est claire lorsqu’on lit attentivement la Charte: le principe de « répartition géographique équitable » inscrit à l’Article 23 constitue la principale orientation des modalités de l’adhésion à la catégorie des membres non permanents.  Fort de ce constat, il a rappelé que les Nations Unies comptent aujourd’hui 80 États Membres de plus qu’en 1963, dont 31 États de la région Asie-Pacifique et 20 pays d’Afrique.  En d’autres termes, dans la composition actuelle du Conseil de sécurité, l’Asie-Pacifique est le groupe le plus sous-représenté parmi les cinq groupes régionaux, a-t-il souligné en espérant qu’il en sera tenu compte pour parvenir à une « répartition géographique équitable » lors de la prochaine réforme.

M. JORGE VIDAL (Chili) a appelé à éviter la rhétorique et à mettre l’accent sur les convergences plutôt que sur les divergences pour avancer sur une réforme « fondamentale » et légitimer non seulement les décisions sur la paix et la sécurité internationales, mais aussi la capacité de l’ONU à se déployer à temps et à remplir sa tâche principale, à savoir la protection efficace des civils.  Le délégué s’est concentré sur deux initiatives qui pourraient contribuer à surmonter l’impasse: l’établissement d’un cadre pour améliorer la communication entre le Président du Groupe de travail informel du Conseil de sécurité sur la documentation et les autres questions de procédure et les cofacilitateurs des négociations intergouvernementales; et le renforcement de l’interaction entre la société civile et les États Membres.

Le représentant a voulu que l’on fasse fond sur la dernière version du « Document d’éléments révisés de convergence et de divergence » et que l’on entame des discussions sur les différents modèles pour mieux comprendre les concepts utilisés, leurs implications et leurs conséquences.  Alors que le monde est confronté à une multitude de conflits et de crises, il est essentiel que le Conseil de sécurité soit plus rationnel, plus représentatif, plus participatif, plus démocratique, plus transparent, plus efficace, plus efficient et plus responsable, avec une méthodologie de travail connue, a martelé le représentant.

M. ZHANG JUN (Chine) a regretté que le fonctionnement du Conseil de sécurité soit aujourd’hui affecté par la pratique du deux poids, deux mesures et par des affrontements géopolitiques, ce qui sape la coopération et sa capacité d’agir.  Il a souhaité une réforme complète et systématique du Conseil pour qu’il assume ses obligations découlant de la Charte et qu’il agisse en temps opportun.  Il a notamment soulevé comme problèmes sa composition injuste, sa représentation inadéquate et sa structure déraisonnable, alors qu’un bloc unique domine depuis longtemps ses affaires.  Le délégué a recommandé de tenir compte de la réalité et des tendances futures de la géopolitique, ainsi que de la multipolarité et de la montée collective du monde du Sud, plaidant notamment pour une augmentation du nombre de sièges pour les pays en développement.  Il a aussi souhaité que la réforme du Conseil s’inscrive dans la réforme globale de l’ONU.  Toute proposition de réforme du Conseil nécessitera, a-t-il dit, un large consensus, afin d’éviter de nouveaux antagonismes.

Après avoir salué le rôle des négociations intergouvernementales en tant que principale plateforme pour ce processus, il a dit attendre avec intérêt un plus grand consensus et de nouveaux résultats, en s’abstenant d’engager un nouveau processus.  Remarquant que les parties auront toujours des points de vue différents sur l’orientation générale et les principes de base de la réforme et que la plupart des États Membres ne semblent pas encore prêts à lancer des négociations basées sur un texte, il a souhaité pouvoir disposer du temps nécessaire pour parvenir à un large consensus.  Les grands groupes ont des positions très arrêtées sur les cinq thématiques, a-t-il relevé en ajoutant ne pas être en faveur d’une approche fragmentée de ces questions.  Il a rejeté les tentatives d’un petit nombre de pays d’imposer des résolutions à l’Assemblée générale pour élargir les deux catégories de membres.  Enfin, il a annoncé que la Chine appuie des arrangements spéciaux pour accorder la priorité aux attentes de l’Afrique.

M. SEDAT ÖNAL (Türkiye) a déclaré que le Conseil de sécurité était dans l’impasse, ayant notamment été incapable de mettre un terme à la « souffrance indicible » dans la bande de Gaza.  Nous avons besoin d’une approche inclusive qui bénéficie à tous les États Membres et donne la priorité à l’intérêt commun, a-t-il expliqué, en soulignant que le statut de membre permanent n’est pas démocratique.  Le droit de veto devrait par exemple être supprimé, ou son usage être au moins limité.  Le représentant a exhorté tous les États Membres de l’ONU à s’impliquer de manière constructive dans les négociations intergouvernementales, « le seul organe légitime » pour la réforme du Conseil de sécurité.  L’opinion publique pourra être informée de ces négociations grâce à la diffusion en ligne.  Nous promettons, a dit le représentant, d’apporter « une valeur ajoutée » aux efforts visant à multiplier les points de convergence.

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) s’est dit en faveur d’une nouvelle structure du Conseil de sécurité avec une augmentation équilibrée du nombre de membres non permanents, potentiellement 27, reflétant les régions sous-représentées.  Cette approche garantit, à ses yeux, l’inclusivité tout en maintenant l’efficacité du Conseil dans la prise de décision.  En outre, les Philippines sont disposées à participer aux discussions concernant la composition des membres permanents du Conseil de sécurité, a dit le représentant.  Il a insisté sur le besoin de remédier aux carences existantes en matière de représentation équitable des groupes régionaux, notamment l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie-Pacifique.  Alors que diverses formules sont envisagées, le représentant a recommandé un Conseil de sécurité élargi à même de veiller à un équilibre entre sa représentativité et son efficacité dans le traitement des problèmes et préoccupations mondiaux.

Ce nouveau Conseil ne devrait pas seulement améliorer la représentativité, mais devrait aussi être capable d’agir rapidement et de manière décisive, en respectant les normes les plus élevées de responsabilité, de cohérence, de transparence, a poursuivi le délégué.  Il a d’ailleurs relevé que le droit de veto, dans sa forme actuelle, entrave souvent la capacité du Conseil à agir rapidement sur des questions cruciales, pointant du doigt un monde plus polarisé et les intérêts contradictoires de ses membres permanents.  D’où un besoin urgent de réformes, en particulier dans le processus de veto, a conclu le représentant, pour qui aucun État Membre ne devrait se voir accorder le « privilège spécial » d’exercer le droit de veto, car cela contrevient au principe d’égalité souveraine tel que consacré dans la Charte des Nations Unies.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a considéré que la réforme du Conseil de sécurité est essentielle pour en renforcer l’autorité et la représentativité, tout en préservant sa nature exécutive et décisionnelle.  La France, a-t-il dit, estime que le nouveau cycle de négociations intergouvernementales doit aboutir à des résultats tangibles et substantiels et que le démarrage des négociations doit se faire sur la base d’un projet de texte, avec l’objectif d’arriver à un document unique.  S’agissant de la réforme en elle-même, le représentant a rappelé la position constante de la France: tenir compte de l’émergence de nouvelles puissances qui ont la volonté et la capacité d’assumer la responsabilité d’une présence permanente au Conseil et qui sont en mesure d’apporter une contribution importante à son action.  Dès lors, un Conseil élargi pourrait compter jusqu’à 25 membres, permanents et non permanents.  Le représentant a apporté son appui à la candidature des pays du G4 et à une présence renforcée des pays d’Afrique, y compris parmi les membres permanents.

Il a rappelé que la France a proposé, il y a plusieurs années, que les cinq membres permanents suspendent volontairement et collectivement le recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse.  Aujourd’hui, cette initiative portée par la France et le Mexique est soutenue par 106 pays, s’est-il enorgueilli, avant d’appeler les autres États Membres à faire de même afin d’atteindre rapidement la barre symbolique des deux tiers de l’Assemblée générale.

M. SOFIAN AKMAL BIN ABD KARIM (Malaisie) s’est félicité du Document révisé des cofacilitateurs qui reflète fidèlement les différentes positions des États membres et distingue clairement convergences et divergences.  Aujourd’hui, a-t-il fait observer, le carnage et la crise humanitaire à Gaza sont un des échecs du Conseil de sécurité.  Ce dernier doit donc être réformé pour que ses membres puissent jouer efficacement leur rôle de gardien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a soutenu un travail de réforme global qui s’attaque en même temps aux cinq axes agréés.  Il a une nouvelle fois milité pour l’abolition du droit de veto, un dispositif inefficace, antidémocratique et contraire à une bonne redevabilité.  Il est moralement indéfendable qu’un membre permanent du Conseil de sécurité puisse passer outre le vœu de l’écrasante majorité des États Membres, a-t-il martelé.

M. AMAR BENDJAMA (Algérie) a estimé que le principe cardinal de l’égalité souveraine des États doit demeurer le socle des délibérations afin d’engager une réforme véritable, intégrée et inclusive du Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que les négociations intergouvernementales restent l’unique instance de discussion sur toutes les questions de fond.  Il a tout de même jugé que le « Document révisé sur les éléments de convergence et de divergence » n’intègre pas toutes les positions des États Membres.  Ce n’est donc pas un texte de négociation, contrairement au Document-cadre de 2015 qui doit demeurer le texte de référence des négociations intergouvernementales.  Toute initiative hâtive qui imposerait aux États Membres des discussions sur des textes non consensuels risque d’être contre-productive et d’exacerber les divergences, a mis en garde le représentant.  

Il faut, a-t-il pressé, répondre rapidement aux attentes des États Membres, notamment pour réparer « l’injustice historique » faite à l’Afrique qui reste toujours évincée de la prise de décision sur des questions qui la concernent pourtant bien souvent.  Le représentant a donc demandé que le continent africain soit représenté dans la catégorie des membres permanents avec tous les droits et prérogatives des membres actuels.  Il a aussi insisté sur une représentation adéquate des États d’Afrique parmi les membres non permanents.

M. DIAMANE DIOME (Sénégal) a considéré que le thème de la présente session de l’Assemblée générale, « Rétablir la confiance et raviver la solidarité », ne saurait être plus évocateur des raisons qui rendent nécessaire la réforme du Conseil de sécurité.  Il a néanmoins observé qu’hier, après quatre tentatives infructueuses, le Conseil est parvenu à lever un obstacle important à la manifestation de la solidarité internationale envers la population de Gaza.  Le délégué a fait sien l’appel du Secrétaire général visant à rendre le Conseil plus juste et plus représentatif.  Il a estimé que les négociations intergouvernementales constituent le forum idéal pour matérialiser cette ambition « sensée être commune ».  Il a salué la démarche innovante des coprésidents qui ont cherché à créer des espaces complémentaires de discussions.

Le délégué s’est en outre réjoui du soutien grandissant aux revendications africaines, estimant que l’inclusion du continent dans la catégorie permanente contribuerait à réparer une injustice historique.  En plus des deux sièges non permanents supplémentaires pour le continent, le représentant a demandé l’addition de deux sièges permanents sélectionnés par l’Union africaine en vue de leur élection par l’Assemblée générale.  Le seul modèle de réforme valide à ses yeux doit comprendre l’élargissement de la catégorie permanente et le renforcement de la représentation régionale.  Le délégué a par ailleurs exprimé son appui à l’abolition du veto, comme le prévoit l’initiative franco-mexicaine.  Enfin, il a souhaité que l’Assemblée cesse d’être la « vaine caisse de résonance » des dissonances du Conseil souhaitant plutôt qu’elle oriente et accompagne son action.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a jugé que les négociations intergouvernementales constituent un processus transparent et inclusif et la structure la plus appropriée pour des discussions sur la réforme du Conseil de sécurité.  Les difficultés liées à une réforme crédible ne résident pas dans le format, mais dans des divergences substantielles, a-t-il diagnostiqué.  Un Conseil plus inclusif serait un outil puissant pour tous les États Membres et permettrait une représentation plus juste du continent africain, des États arabes ou encore des petits États insulaires sous-représentés.  Il serait donc une autre opportunité de promouvoir le multilatéralisme.  Il a ajouté que la proposition du Groupe « Unis pour le consensus » sur les élections au Conseil permettrait une meilleure représentation des groupes régionaux, tout en répondant aux aspirations des pays qui souhaitent siéger plus longtemps.  Le Conseil serait alors plus démocratique et plus comptable de ses actes, a-t-il conclu.

Mme REBECCA SUZANNE BRYANT (Australie) a estimé que, sans une réforme urgente, le Conseil de sécurité risque d’être incapable de remplir son mandat de préserver la paix et la sécurité internationales.  Il incombe donc aux États Membres de plaider en faveur d’un Conseil adapté à ses objectifs et à même de gérer des défis complexes et multiformes.

La représentante a appelé à une réforme basée sur une représentation équitable, la transparence et la responsabilité.  Le Conseil doit refléter la diversité du monde dans lequel nous vivons en assurant une meilleure représentation permanente et non permanente de l’Afrique, de l’Amérique latine et de l’Asie, a-t-elle plaidé.

Le Conseil de sécurité doit également être plus responsable envers les États Membres, a ajouté la représentante.  À cette fin, l’Australie travaillera au renforcement des liens entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix lorsqu’elle occupera un siège à la Commission, en 2025.  Estimant que des normes doivent être élaborées afin d’assurer une utilisation transparente et limitée du veto, la représentante a salué les propositions présentées par le Mexique, la France et le Liechtenstein.  S’agissant des négociations intergouvernementales, elle a exhorté les États Membres à mener des négociations fondées sur des textes afin de maintenir la dynamique en cours.

M. HOANG NGUYEN NGUYEN (Viet Nam) a commencé par soulever la question de savoir pourquoi il aura fallu plus de cinq semaines au Conseil de sécurité, et la perte de plus de dix mille vies innocentes, pour qu’il parvienne enfin à un accord de portée limitée sur la crise actuelle à Gaza.  Ce dont le monde a été témoin au cours des 40 derniers jours souligne plus que jamais la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité, a fait valoir le représentant, appelant à le rendre plus représentatif, plus responsable et plus réactif. 

Notant que, depuis la dernière et unique réforme du Conseil, il y a près de 60 ans, le nombre de Membres des Nations Unies a augmenté de près de 80 États, le représentant y a vu la justification d’un élargissement du Conseil dans les deux catégories des membres permanents et non permanents, afin de garantir une meilleure représentativité.  Il faut que davantage de sièges soient attribués aux régions les plus sous-représentées, en particulier aux pays en développement d’Afrique et d’Asie-Pacifique, a-t-il plaidé.

Pour le Viet Nam, l’élargissement du Conseil de sécurité devrait s’accompagner d’une amélioration de ses méthodes de travail afin de garantir une plus grande démocratie, une plus grande transparence et une plus grande efficacité.  À cet effet, le représentant a renouvelé l’appel de son pays en faveur de consultations plus substantielles, tant au sein du Conseil qu’avec les organes externes compétents, et en faveur de plus de réunions publiques en vue de réduire au maximum les réunions à huis clos et les consultations informelles.  Il a soutenu toutes les mesures significatives visant à faire progresser les travaux dans le cadre des négociations intergouvernementales en tant que processus mené par les États Membres.

M. ALI KARIMI MAGHAM (République islamique d’Iran) a relevé que la structure actuelle du Conseil ne correspond pas à la réalité du monde et que sa crédibilité exige un rejet clair de toute tentative de manipulation servant des intérêts étroits.  L’échec massif du Conseil face aux crimes de guerre commis par le régime israélien contre les Palestiniens montre la nécessité d’un changement.  Les attaques contre des civiles innocents sont en fait des crimes de guerre et de génocide.  Le représentant a accusé un membre permanent d’empêcher un cessez-le-feu durable, par l’exercice de son droit de veto.  En effet, a-t-il ironisé, ce privilège censé contribuer au maintien de la paix et la sécurité internationales, permet désormais au « régime israélien » de poursuivre ces crimes à Gaza devant les yeux de la communauté internationale et avec l’assurance qu’il n’y aura aucune conséquence.

La résolution adoptée, hier, ne contient aucun des éléments de langage susceptibles d’amener Israël à cesser ses atrocités.  La réforme du Conseil doit donc corriger les déficiences et inégalités ainsi que l’injustice historique faite au monde en développement, en particulier l’Afrique.

Pour finir, il a estimé que les cinq axes de la réforme du Conseil sont interconnectés et ne peuvent être examinés séparément.

De l’avis de M. RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh), l’inaction permanente du Conseil de sécurité face aux atrocités en cours à Gaza vient clairement rappeler la nécessité de procéder à une réforme immédiate et globale.  Cette inaction n’est pas un incident isolé mais un schéma qui s’est répété à maintes reprises, s’est lamenté le délégué, pour qui l’incapacité du Conseil à agir de manière décisive pour empêcher la perte tragique de vies innocentes, en particulier d’enfants et de femmes, est un affront flagrant aux principes mêmes sur lesquels l’Organisation a été fondée.  Le Conseil doit être réformé pour être plus transparent, inclusif, représentatif, comptable de ses actes et efficace.

Nous ne pouvons et ne devons attendre indéfiniment, a insisté le délégué.  Nous devons agir maintenant et concrètement plutôt que de répéter nos positions année après année.  Nous sommes favorables, a-t-il dit, à un élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, de manière à permettre une juste représentation de tous les groupes régionaux.  Nous nous joindrons au consensus sur le droit de veto, mais nous estimons qu’il doit être utilisé de façon judicieuse et limité à certaines situations, a conclu le représentant.

M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a déclaré que, le Conseil jouant un rôle beaucoup plus actif que par le passé, ses échecs sont plus évidents et sa réforme, plus urgente que jamais.  La voie de la réforme doit être pragmatique et, surtout, réaliste, a ajouté le représentant, qui a estimé que, tout au long du processus de réforme, certains ont cherché à s’orienter vers une réforme qui, au lieu de remédier aux maux en termes de fonctionnement, ne fait que les étendre et les approfondir.

Face au blocage du Conseil de sécurité lors de certaines crises, du fait du droit de veto, le représentant a estimé que « l’efficacité et le veto s’excluent mutuellement » et que l’idée même de réformer le Conseil en élargissant la catégorie des membres permanents ne ferait qu’amplifier les insuffisances existantes.  Si l’élimination des membres permanents n’est pas réaliste, nous devrions au moins ne pas en ajouter de nouveaux, a-t-il insisté.

En revanche, l’Argentine réaffirme son appui à l’augmentation du nombre de membres non permanents, qui pourrait imprégner une « nouvelle dynamique de travail » et donnerait aux membres élus une plus grande influence au sein du Conseil et une participation plus large au processus de prise de décisions.  S’agissant du Sommet pour l’avenir, le représentant s’est réjoui à l’idée de contribuer à l’élaboration du document qui commencera sous peu à faire l’objet de négociations, étant entendu qu’il convient d’éviter les chevauchements avec les processus existants.  À cet égard, la question de la réforme du Conseil de sécurité ne peut intervenir que par l’intermédiaire du Groupe intergouvernemental de négociations, qui est l’instance appropriée pour discuter de cette question, a-t-il conclu.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a estimé que les discussions menées dans le cadre des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité peuvent faciliter une approche holistique de cette question.  Il a toutefois constaté l’absence d’accord consensuel entre les États Membres pour faire avancer ces discussions.  Dans cette optique, le représentant a souligné que toute tentative de forcer une négociation basée sur un texte ou sur la base de délais artificiels, pourrait être contre-productive, et même affecter les progrès réalisés jusqu’à présent.  Conformément à la décision 62/557 de l’Assemblée générale, les propositions des États Membres constituent la base des négociations intergouvernementales, a-t-il rappelé, avant de souligner que celles-ci doivent être guidées par les principes d’inclusion et d’égalité juridique des États en tant qu’éléments essentiels du multilatéralisme.  Le représentant a aussi demandé de redoubler d’efforts pour corriger les « déséquilibres historiques » hérités du colonialisme qui persistent aujourd’hui, dont la composition du Conseil de sécurité.  Le représentant a exprimé son appui à une représentation adéquate des pays africains au sein du Conseil, lesquels constituent plus du quart des États Membres de l’ONU et ont fait l’objet de 70% des travaux du Conseil.  

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a rendu hommage à Malte et aux autres membres élus du Conseil de sécurité qui ont rendu possible l’adoption d’une résolution appelant à des pauses humanitaires urgentes dans la bande de Gaza.  Pendant six semaines, le Conseil a été incapable de s’acquitter de ses responsabilités du fait de l’exercice du droit de veto par certains de ses membres permanents.  Ces événements renforcent la nécessité d’une réforme.  Le droit de veto est en effet anachronique et est parfois utilisé pour politiser une action humanitaire.  Il doit être supprimé, a tranché le représentant qui a encouragé les États Membres à soutenir le Code de conduite du Groupe ACT ainsi que l’initiative franco-mexicaine.  L’inaction du Conseil après l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, l’effondrement du régime des sanctions au Mali et la fermeture des couloirs humanitaires en Syrie donnent à penser que l’ONU n’est pas adaptée aux défis actuels.  Nous devons actualiser et élargir la composition de cet organe, dont la structure n’est pas à la hauteur des réalités d’aujourd’hui.  Il en va de la légitimité de cet organe comme de celle de l’Organisation, dans son ensemble, a prévenu le représentant.

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