Soixante-dix-huitième session,
33e séance - matin
AG/12561

L’Assemblée générale achève son débat sur la revitalisation de ses travaux et examine la contribution de l’ECOSOC au développement durable

« Grâce au travail du système ECOSOC, nous avons commencé à montrer à quoi ressemble un multilatéralisme inclusif et en réseau », s’est félicitée Mme Lachezara Stoeva, qui a présenté à l’Assemblée générale, ce matin, le rapport du Conseil économique et social, dont elle était la Présidente pour la session 2022-2023.  Mme Stoeva a notamment souligné le rôle complémentaire efficace que joue l’ECOSOC en matière d’orientations stratégiques et de modalités opérationnelles essentielles à l’échelle du système des Nations Unies pour le développement.   

Les travaux de l’ECOSOC se sont déroulés alors que des pays ont été gravement touchés par de multiples crises interdépendantes qui ont encore aggravé les problèmes préexistants, notamment ceux liés à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire, à l’inflation, à la dette et à l’énergie, a souligné Mme Stoeva.  En outre, les urgences humanitaires ne cessent de faire reculer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Actuellement, a-t-elle précisé, 339 millions de personnes dans 69 pays ont besoin d’une aide humanitaire, soit une augmentation de 65 millions de personnes par rapport à la même période de 2022.  Le travail humanitaire des Nations Unies est donc plus important que jamais, a-t-elle argué, jugeant essentiel de s’attaquer aux causes sous-jacentes des crises et de renforcer la coordination entre les acteurs humanitaires.  À ce propos, la Thaïlande a demandé que le débat de l’ECOSOC consacré aux affaires humanitaires soit davantage axé sur l’avenir et sur la préparation de l’architecture onusienne humanitaire aux défis futurs. 

Plusieurs délégations ont mis en exergue la question du financement du développement, largement soulevée dans les débats de l’ECOSOC.  Les Maldives ont appelé les institutions financières internationales à élargir leurs critères d’éligibilité, notamment avec l’adoption et l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour faciliter l’accès à des financements et à l’allégement de la dette.  Pour sa part, le Koweït a défendu un financement durable, faisant valoir son fonds de développement mis en place pour aider tous les pays en développement à renforcer leur économie en accordant notamment des crédits concessionnels, qui ont permis par exemple de financer des infrastructures. 

Ce matin, l’Assemblée générale était également saisie d’un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) sur la mise en œuvre des programmes de la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016-2025).  L’industrialisation est un moteur de transformation économique, a fait observer le Groupe des États d’Afrique, qui a détaillé à cet égard l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a souligné le défi majeur de l’insécurité alimentaire pour l’Afrique, en appelant au renforcement des chaînes de production alimentaire.  Convaincue que l’Afrique est entrée dans une phase de croissance économique florissante, la Fédération de Russie a vanté sa coopération sur un pied d’égalité avec l’Afrique. 

De l’avis de l’Afrique du Sud, le continent, qui compte environ un cinquième des habitants de la planète, recèle un vaste potentiel pour contribuer au Programme de développement durable à l’horizon 2030, mais il est en retard en matière d’industrialisation, ce qui entrave son développement économique.  Elle a félicité l’ONUDI d’avoir élargi son programme phare de partenariats nationaux, avant de saluer le fait que les programmes se soient également concentrés sur l’autonomisation des jeunes et des femmes d’Afrique. 

La parité entre les genres et la place des femmes sont revenues à maintes reprises au cours des discussions relatives à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, qui ont repris en fin de matinée, après avoir été entamées le 10 novembre.  Ainsi, la Slovénie a jugé regrettable qu’aucune femme n’ait occupé le poste de secrétaire général depuis la création de l’ONU.  En outre, l’Assemblée générale a eu 74 présidents mais seulement 4 présidentes, ont déploré les États-Unis.  La Slovénie a estimé que l’égalité de genre doit être au cœur des méthodes de travail de l’Assemblée, avant de regretter que le libellé des règles de procédure n’ait pas été, à ce titre, actualisé. 

Cette réunion biennale sur la revitalisation de l’Assemblée générale s’articule autour de quatre axes: rôle et pouvoirs, méthodes de travail, processus de sélection et de nomination du Secrétaire général et autres chefs de secrétariat, et renforcement de la responsabilisation, de la transparence et de la mémoire institutionnelle du Bureau du Président.  La France a salué la décision de l’Assemblée de créer un groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux, ouvert à tous les États Membres et chargé de trouver de nouveaux moyens de renforcer son rôle, son autorité, son efficacité et son efficience. 

La nécessité de préserver la primauté et l’importance du débat général a été soulignée par plusieurs délégations, qui ont invité à poursuivre les efforts visant à limiter le nombre d’événements parallèles.  En effet, les petites délégations ne peuvent pas toujours participer au débat général et à tous ces évènements organisés en marge, a justifié Sri Lanka qui a aussi appelé à éviter les doublons.  À ce propos, la France a dit apprécier les efforts de rationalisation du programme de l’Assemblée générale qui vise à éliminer, ou au moins à réduire, les points et résolutions obsolètes, inefficaces et, dans certains cas, redondants dans les six grandes commissions. 

De manière générale, l’Argentine a fait valoir que l’Assemblée générale est le cœur des Nations Unies, où chaque pays dispose d’une voix.  Le Portugal a toutefois rappelé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité exerce ses fonctions au nom de tous les États Membres.  Il a expliqué ainsi pourquoi ces derniers ont le droit de lui demander des comptes à l’Assemblée générale.  Le Portugal a rappelé, à cette occasion, son intention d’organiser, avec l’Équateur et l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), un deuxième atelier en 2024 sur les relations entre l’Assemblée et le Conseil, afin de promouvoir une discussion de fond sur ce sujet important. 

Face à un Conseil affaibli par les réalités géopolitiques actuelles, d’autres délégations, à l’instar de l’Inde, ont appelé à respecter le rôle de l’Assemblée générale comme principal organe délibérant, décisionnel et représentatif de l’ONU.  Évoquant le conflit au Moyen-Orient, le Qatar a insisté pour que l’Assemblée générale joue pleinement son rôle face à l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, tandis que le Bangladesh a appelé à la pleine application de la récente résolution de l’Assemblée demandant une trêve humanitaire à Gaza.  Quant à la situation en Ukraine, le délégué de ce pays a dénoncé le mépris total de la Russie pour les 18 résolutions de l’Assemblée générale, adoptées depuis 2014, en réponse à l’agression contre l’Ukraine.

RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL - (A/78/3) 

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes (A/78/258) 

Présentation de rapport 

Mme LACHEZARA STOEVA, en sa qualité de Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC) pour la session 2023, a présenté le rapport de cet organe, qui fournit un large aperçu des travaux du Conseil, y compris des mesures prises en matière de développement durable.  Il relève que des pays ont été gravement touchés par de multiples crises interdépendantes qui ont encore aggravé les problèmes préexistants, notamment ceux liés à la pauvreté, à l’insécurité alimentaire, à l’inflation, à la dette et à l’énergie.   

Le rapport rappelle aussi le débat de haut niveau tenu par l’ECOSOC sur le thème « Accélérer la reprise au sortir de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) et la mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à tous les niveaux ».  Quant au débat du forum politique de haut niveau sous les auspices de l’ECOSOC, qui s’est tenu avant le Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), il a contribué à créer une dynamique politique, a fait valoir Mme Stoeva.  Les délibérations, lors du segment de haut niveau, ont porté sur les moyens de renforcer la coordination et la capacité des institutions du système des Nations Unies à devenir plus résilientes, à favoriser la confiance et à se préparer pour l’avenir.  Différentes perspectives visant à surmonter le « court-termisme » ont également été examinées. 

La Présidente de l’ECOSOC 2023 a voulu féliciter les 38 pays qui ont présenté leur examen national volontaire cette année, ainsi que l’Union européenne, qui a présenté son premier examen.  Ils ont notamment mis en évidence la nécessité d’établir des partenariats plus stratégiques et plus efficaces afin d’accélérer la mise en œuvre des ODD. 

Après avoir passé en revue les différents segments des activités de l’ECOSOC, Mme Stoeva a estimé que le Conseil a complété efficacement l’Assemblée générale dans son travail sur les orientations stratégiques et les modalités opérationnelles essentielles à l’échelle du système des Nations Unies pour le développement.  Elle a cependant déploré que les urgences humanitaires ne cessent de faire reculer la réalisation des ODD.  Actuellement, a-t-elle précisé, 339 millions de personnes dans 69 pays ont besoin d’une aide humanitaire, soit une augmentation de 65 millions de personnes par rapport à la même période de 2022.  Le coût de la réponse humanitaire coordonnée par les Nations Unies est estimé à 51,5 milliards de dollars pour cibler les 230 millions de personnes les plus vulnérables.  Le travail humanitaire des Nations Unies est plus important que jamais, a-t-elle argué, jugeant essentiel de s’attaquer aux causes sous-jacentes des crises et de renforcer la coordination entre les acteurs humanitaires. 

Pour conclure, Mme Stoeva a assuré que le Conseil est indispensable au dialogue politique, à la recherche d’un consensus sur les questions de développement et à l’identification des problèmes émergents.  « Grâce au travail du système ECOSOC, nous avons commencé à montrer à quoi ressemble un multilatéralisme inclusif et en réseau », s’est félicitée son ancienne Présidente. 

M. CHOLA MILAMBO (Zambie), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé le rôle clef d’un secteur industriel fort dans le développement durable d’un pays.  C’est un moteur de transformation économique, a dit le délégué, en détaillant l’Agenda 2063 de l’Union africaine, intitulé « L’Afrique que nous voulons ».  Il a souligné le défi majeur de l’insécurité alimentaire pour l’Afrique, en appelant au renforcement des chaînes de production alimentaire.  Les pays africains doivent renforcer leur résilience économique, a recommandé le délégué, en appelant notamment à combler les lacunes en matière d’infrastructure.  Il a insisté sur l’importance de promouvoir les chaînes de valeur régionales et d’épauler les petites et moyennes entreprises.  Enfin, le délégué a appelé à poursuivre des efforts d’industrialisation en Afrique. 

Mme FATHIMATH NASHWA (Maldives) a rappelé le plaidoyer de son pays en faveur du financement des ODD, ce qui passe par une réforme urgente et globale de l’architecture financière internationale.  Face aux défis rencontrés par les petits États insulaires en développement (PEID), qui sont aux prises avec un fardeau de la dette exacerbé par les impacts de la COVID-19, elle a appelé les institutions financières internationales à élargir leurs critères d’éligibilité, notamment avec l’adoption et l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour faciliter l’accès à des financements et à l’allégement de la dette.  La déléguée a ensuite appelé à lutter de toute urgence contre les changements climatiques, exhortant les plus grands émetteurs à tenir compte des appels du Secrétaire général pour l’allocation de ressources financières afin de soutenir le fonds « pertes et dommages ».  Elle a également jugé impératif d’améliorer la représentation des petits États dans les instances décisionnelles pour défendre l’idéal de l’Organisation de « ne laisser personne derrière ».  La réalisation des ODD dépend des résultats concrets de la participation des femmes et des jeunes, a-t-elle ajouté, en notant que l’ECOSOC n’ayant été présidé que par sept femmes en 77 ans, il fallait qu’il y en ait d’autres pour prendre les devants.   

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit soutenir l’adoption du rapport de l’ECOSOC, soulignant le rôle clef de cet organe en matière d’évaluation politique et de recommandation sur les questions économiques, sociales et environnementales.  Il a noté que, dans l’ensemble, l’ECOSOC a fait son travail de façon efficace.  Toutefois, il a estimé que certains thèmes de l’ordre du jour ne correspondent pas à 100% de son mandat, notamment en ce qui concerne des crimes de guerre, des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité.  Le délégué a voulu attirer l’attention du Bureau du Conseil sur le fait que l’ordre du jour doit être scrupuleusement respecté, de même que le consensus et la prise en compte des positions de tous les États Membres. 

Au sujet du développement industriel de l’Afrique, le délégué s’est dit convaincu que l’Afrique est entrée dans une phase de croissance économique florissante.  Il a évoqué la coopération entre l’Afrique et la Russie, et insisté sur sa nature d’égal à égal.  La Russie a tout le potentiel nécessaire pour apporter un soutien au développement industriel du continent africain, a-t-il argué, soulignant la force éducationnelle russe.  La Russie est favorable au développement de l’énergie verte, a dit le délégué, tout en soulignant que l’industrie lourde ne se construit pas avec des éoliennes et en évoquant le nucléaire et l’hydroélectricité.  Il a également mis en avant l’effacement d’une partie de la dette de certains pays d’Afrique.  Pour conclure, il a misé sur des partenariats fiables.  Par ailleurs, il s’est insurgé contre les « rengaines » sur les conséquences du conflit en Ukraine, en particulier pour l’Afrique. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a souligné l’importance, cette année, d’un segment de coordination de l’ECOSOC efficace.  Le dialogue avec les institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale, doit être renforcé, a dit le délégué, en appelant également au renforcement des synergies avec les commissions régionales de l’ONU.  Il a en outre demandé que le débat consacré aux affaires humanitaires soit davantage axé sur l’avenir et sur la préparation de l’architecture onusienne humanitaire aux défis futurs.  « L’urgence aujourd’hui néanmoins est de trouver la volonté politique nécessaire, de faire montre de compassion et de mobiliser les ressources adéquates afin de répondre aux crises humanitaires pressantes déclenchées par les conflits et les catastrophes. »  Enfin, le représentant a souhaité que l’ECOSOC serve de plateforme de coordination des bonnes pratiques en matière de technologie au service du développement durable. 

M. SITHOLE (Afrique du Sud) a relevé que l’Afrique, qui compte environ un cinquième des habitants de la planète, recèle un vaste potentiel pour contribuer au programme mondial du développement durable, mais que le continent est en retard en matière d’industrialisation, ce qui entrave son développement économique.  Il a, de ce fait, expliqué que toute initiative d’assistance technique visant à améliorer l’industrialisation du continent sera fortement appréciée dans les pays africains.  Il a félicité à cet égard l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) d’avoir élargi son programme phare de partenariats nationaux, avant de saluer le fait que les programmes se soient également concentrés sur l’autonomisation des jeunes et des femmes d’Afrique.  Le délégué a rappelé que les femmes sont principalement employées dans le secteur informel et travaillent dans des conditions difficiles, plaidant pour leur autonomisation économique qui contribuera grandement à l’égalité des sexes et à l’éradication de la pauvreté.  Il a aussi recommandé d’exploiter le dividende démographique de la jeunesse africaine pour améliorer la situation du continent.  À cet égard, il s’est félicité du programme conjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’ONUDI sur le programme OYA (« Opportunités pour les Jeunes en Afrique »), lequel vise à accélérer la création d’emplois dans le secteur agroalimentaire et encourage d’autres initiatives qui aideraient les jeunes à améliorer leurs compétences et aider les pays africains à développer des programmes régionaux relatifs aux chaînes de valeur industrielles. 

M. AL-KANDARI (Koweït) a souligné l’importance de la coopération et des efforts concertés des États Membres pour relever les défis et mettre en place des arrangements permettant de surmonter les obstacles empêchant les pays en développement de parvenir au développement.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que les pays en développement bénéficient d’un financement durable.  Le Koweït s’engage à atteindre les ODD et a mis en place un plan de développement en ce sens, a fait savoir le délégué, ajoutant qu’il visait à devenir un centre économique, financier et culturel.  Le délégué a appelé à des mesures immédiates pour parvenir aux ODD.  Il a fait observer que le Koweït a mis en place un fonds de développement pour aider tous les pays en développement à renforcer leur économie en accordant notamment des crédits concessionnels, qui ont permis par exemple de financer des infrastructures.  Il s’est dit convaincu que la prospérité internationale est indispensable.  En conclusion, le délégué a attiré l’attention sur les besoins humanitaires des Palestiniens et déploré que la Puissance occupante cible des objectifs civils, y voyant une preuve de son mépris pour les normes internationales. 

Droit de réponse 

En réponse aux remarques concernant Gaza, le délégué d’Israël a dit que c’est une guerre que le Hamas a déclarée le 7 octobre.  Il a accusé le Hamas d’exploiter les civils, de confisquer l’aide et de tirer sur des lieux occupés par des civils ou de s’installer dans des lieux civils.  Le Hamas est une organisation terroriste, a martelé le délégué. 

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES 

REVITALISATION DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 

Débat conjoint sur les points de l’ordre du jour 

M. BOŠTJAN MALOVRH (Slovénie) a jugé regrettable qu’aucune femme n’ait occupé le poste de Secrétaire général depuis la création de l’ONU.  En outre, l’Assemblée générale a eu 74 présidents mais seulement 4 présidentes.  Il a rappelé l’engagement de son pays en faveur de l’égalité entre les genres, en indiquant que 34% des ambassadeurs de son pays sont des femmes.  La parité au sein des organisations internationales est cruciale, a insisté le délégué, en déplorant que cela ne soit pas le cas au sein des postes de direction à l’ONU.  Il a apporté son soutien à l’initiative pour une alternance selon le genre pour la présidence de l’Assemblée.  Il a estimé que l’égalité de genre doit être au cœur des méthodes de travail de l’Assemblée, avant de déplorer que le libellé des règles de procédure n’ait pas été, à ce titre, actualisé.  Enfin, il a souligné le besoin urgent de préserver la primauté du débat général en souhaitant une limitation des manifestations se déroulant en marge. 

M. JORGE EDUARDO FERREIRA SILVA ARANDA (Portugal) a encouragé le Conseil de sécurité à poursuivre la bonne pratique consistant à soumettre son rapport annuel à l’Assemblée générale, souhaitant que celle-ci organise un débat en janvier 2024 en préparation du prochain rapport annuel du Conseil.  Il a rappelé qu’en vertu de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité exerce ses fonctions au nom de tous.  De ce fait, les États Membres ont le droit de lui demander des comptes à l’Assemblée générale.  Le rapport annuel se doit donc d’être informatif, substantiel, complet et approfondi, a exigé le représentant en mettant en avant le devoir de responsabilité établi par la Charte. 

Le délégué a rappelé que, conformément à l’initiative de son pays du début de l’année, il avait l’intention d’organiser, conjointement avec l’Équateur et l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR), un deuxième atelier en 2024 sur les relations entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, afin de promouvoir une discussion de fond sur ce sujet important.  Enfin, il a rappelé que, dans sa dernière résolution sur la revitalisation, l’Assemblée générale a demandé que son Président, avec le soutien du Secrétariat et d’autres entités compétentes de l’ONU, fournisse un manuel sur les pratiques passées, les données et les recommandations pour l’exercice des fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale, tels qu’énoncés au Chapitre IV de la Charte.  Le Portugal est prêt à soutenir le Président de l’Assemblée générale à cet égard, notamment par le biais de contributions volontaires, a—t-il souligné. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a insisté sur la nécessité pour le système des Nations Unies d’évoluer, d’être plus efficace et intégré afin de répondre au scepticisme public croissant.  Malgré les progrès réalisés par les commissions de l’Assemblée générale pour accélérer et simplifier les processus, ils restent insuffisants, a-t-elle jugé, en suggérant aux États Membres d’intensifier leurs efforts pour se concentrer sur les mandats clefs de l’Organisation: il faut éviter la dispersion d’initiatives et la prolifération de processus.  La déléguée a également souligné l’importance d’une réévaluation critique des critères de performance par les délégations d’États Membres, arguant que les résolutions, rapports et autres initiatives ne sont pas des fins en soi, mais doivent contribuer concrètement aux principes de la Charte.  « Chaque initiative promue doit apporter une solution à un problème spécifique. »  Elle a ainsi critiqué la tendance de l’Organisation à se consacrer à des résolutions produisant uniquement des rapports sans impact réel. 

La représentante a salué l’engagement de certaines délégations à limiter les événements parallèles et a encouragé d’autres États à rejoindre cet effort.  Concernant la périodicité des thèmes abordés par l’Assemblée, elle a suggéré d’aller plus loin dans l’adoption de résolutions biennales ou triennales.  Enfin, face à la polarisation actuelle, elle a prôné la construction de ponts entre les points de vue divergents et a exprimé son inquiétude concernant l’impasse dans laquelle se trouve le Comité du programme et de la coordination (CPC).  « Nous ne pouvons accepter que les Nations Unies deviennent une simple chambre d’écho des conflits et des rivalités qui existent dans notre monde », a-t-elle conclu. 

M. HUGO PIERRE JULIUS WAVRIN (France) a relevé que le système international traverse une crise et que les défis actuels appellent des réponses collectives, qu’il s’agisse d’enjeux économiques et de développement, de santé ou encore de lutte contre les changements climatiques.  Afin d’y répondre, les Nations Unies doivent évoluer pour être plus efficaces et accomplir leur mandat, a recommandé le délégué, arguant que cette réforme passe par la revitalisation de l’Assemblée générale.  En ce sens, il a salué la décision de l’Assemblée de créer un groupe de travail spécial sur la revitalisation de ses travaux, ouvert à tous les États et chargé de trouver de nouveaux moyens de renforcer son rôle, son autorité, son efficacité et son efficience.  Le délégué a également signalé, au titre des avancées, la rationalisation du programme de l’Assemblée générale afin d’éliminer ou au moins de réduire les points et résolutions obsolètes, inefficaces et, dans certains cas, redondants dans les six commissions.  Il a plaidé pour des candidatures féminines aux postes de président de l’Assemblée et de secrétaire général, ainsi que pour la diversité culturelle et linguistique. 

M. RAFIQUL ALAM MOLLA (Bangladesh) a souhaité une évaluation approfondie de l’état d’application des résolutions de l’Assemblée générale.  Les causes profondes de toute carence dans ce domaine doivent être clairement identifiées, a demandé le délégué.  Il a jugé impératif de renforcer la synergie entre l’Assemblée et ses commissions, ainsi qu’entre l’ECOSOC et ses organes subsidiaires, afin d’éviter tout doublon.  Il a aussi souhaité une rationalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée afin d’allouer davantage de temps à des dialogues interactifs et à l’examen de la mise en œuvre des résolutions.  Profondément « frustré » par l’incapacité du Conseil à mettre un terme aux atrocités commises à Gaza, il a appelé à la pleine application de la récente résolution de l’Assemblée demandant une trêve humanitaire.  Enfin, il a souhaité davantage de progrès s’agissant de la parité entre les genres. 

M. PRATIK MATHUR (Inde) a déploré le fait que l’Assemblée générale apparaisse de plus en plus comme incapable d’honorer ses responsabilités et « débordée par ses processus », ce que l’examen de questions thématiques au Conseil de sécurité n’a fait qu’exacerber.  Reconnaissant la faute de l’Assemblée générale et de ses États Membres dans cette « dilution », il a réitéré la position de l’Inde: la revitalisation de l’Assemblée générale est essentielle, mais ne peut être réalisée que si son rôle de principal organe délibérant, décisionnel et représentatif de l’ONU est respecté.  L’Assemblée devrait, selon le délégué, assumer son rôle directeur dans la conduite des affaires mondiales et restaurer la centralité de l’ONU dans la résolution de problèmes transnationaux, conformément à l’Article 10 de la Charte des Nations Unies.  Il a ainsi cité le Sommet sur le développement durable de 2015 et l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme exemples de leadership, espérant que le Sommet de l’avenir se tiendra dans ce même esprit l’an prochain.  Concernant les modalités de cette revitalisation, le délégué a appelé à des méthodes de travail plus efficaces et à une participation accrue des États Membres dans les négociations.  Assurant que son pays soutient un multilatéralisme rééquilibré et équitable, il a réaffirmé le rôle vital de l’Assemblée générale dans un contexte où le Conseil de sécurité est affaibli par les réalités géopolitiques actuelles.   

M. ALKHAYARIN (Qatar) a estimé que le conflit au Moyen-Orient requiert des actions immédiates.  Il a appelé l’Assemblée générale à la protection du peuple palestinien et a milité pour la solution des deux États.  Le délégué a insisté pour que l’Assemblée générale joue pleinement son rôle face à l’incapacité du Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités pour le maintien de la paix et la sécurité internationales.  Sur la question de la revitalisation, il a jugé important de mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale portant sur ce sujet.  Il a également plaidé pour l’augmentation du budget du Bureau du Président de l’Assemblée générale.  Le Qatar est d’ailleurs engagé à poursuivre son assistance au dit Bureau.  Enfin, dans le cadre de la réforme des Nations Unies, le représentant a rappelé que les entités onusiennes doivent être complémentaires.   

De l’avis de Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine), la revitalisation de l’Assemblée générale relève d’un processus politique visant à renforcer son rôle comme principal organe délibératif et représentatif des Nations Unies, qui ne doit pas se limiter à simplement revoir le travail des organes subsidiaires.  Au contraire, l’Assemblée générale est le cœur des Nations Unies, où chaque pays dispose d’une voix, a insisté la déléguée.  S’agissant de la résolution A/RES/77/335 sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée, la déléguée a mis en avant l’urgence de préserver la primauté et l’importance du débat général de l’Assemblée et, partant, a plaidé pour limiter le nombre d’événements parallèles.  La représentante s’est dite favorable au renforcement du Bureau du Président, ainsi qu’à l’adoption de mesures de transparence et de redevabilité, ce qui implique l’attribution de ressources humaines et financières pour ce faire.  Elle a préconisé par ailleurs de progresser sur les questions d’égalité de genre et relatives au processus de sélection du Secrétaire général. 

Mme DINA A. GILMUTDINOVA (Fédération de Russie) a souligné la nécessité que le processus de revitalisation des travaux de l’Assemblée générale jouisse d’un soutien consensuel de la part des États.  Elle a appelé à ne pas céder à la politisation, avant de souhaiter une rationalisation de l’ordre du jour de l’Assemblée.  Certains points devraient ainsi être supprimés selon elle.  La déléguée a également appelé à « désengorger la semaine de haut niveau ».  La revitalisation de l’Assemblée ne veut pas dire une redistribution des mandats entre organes, a-t-elle souligné, en appelant au respect scrupuleux de la Charte.  Elle a fait part de sa volonté d’optimiser le processus de sélection du Secrétaire général, avant d’appeler là encore au respect de la Charte.  Vouloir codifier ce processus pourrait avoir des effets indésirables, a tranché la déléguée.  « On ne peut pas s’attendre à ce que des résolutions divisant les membres de l’Assemblée, et votées au nom d’intérêts partisans, soient mises en œuvre. » 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a souligné l’importance de renforcer les Nations Unies pour construire un monde résilient, ce qui se passe notamment par la revitalisation de l’Assemblée générale.  Toute tentative de diminuer son rôle doit être contrée, a—t-il insisté, avant de recommander d’améliorer son pouvoir décisionnel, de promouvoir sa transparence et de lui permettre de mieux rendre des comptes.  Ensuite, il a demandé de réformer le Conseil de sécurité pour le rendre plus représentatif, inclusif et efficace.  Il est également nécessaire d’opérer des changements dans le recrutement, les processus décisionnels et les pratiques budgétaires du Secrétariat général, a-t-il estimé, prônant par ailleurs le renforcement de la coordination entre les différentes agences de l’ONU pour maximiser les retombées et éviter les doublons. 

Le délégué a également mis l’accent sur l’engagement accru de la société civile et des acteurs non étatiques dans les travaux de l’ONU, ainsi que sur le renforcement des opérations de maintien de la paix, sur la viabilité financière de l’Organisation, sur la priorisation des objectifs de développement durable (ODD), sur le renforcement du Conseil des droits de l’homme et, enfin, sur l’amélioration de la communication.  S’attardant sur la situation des plus petites délégations, il a expliqué qu’il est difficile, pour elles, de participer à tous les événements parallèles aux débats généraux, et proposé que ces événements soient réduits au minimum.  Pour conclure, il a souligné l’importance de maintenir des processus inclusifs, transparents et consultatifs impliquant les États Membres, la société civile et les autres parties prenantes. 

M. MYKOLA PRYTULA (Ukraine) a rappelé la tentative de la Fédération de Russie de saper l’autorité de l’Assemblée générale, le 6 septembre dernier.  En effet, ce pays avait contesté la décision de l’Assemblée d’inscrire le point consacré à « la situation dans les territoires temporairement occupés de l’Ukraine » dans son ordre du jour annuel.  Compte tenu de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, le maintien de ce point à l’ordre du jour est d’une importance capitale, a-t-il argué.  Le délégué a exhorté les États à soutenir le projet de résolution présenté à la Troisième Commission et intitulé « Situation relative aux droits humains dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine) temporairement occupées ». 

Au sujet de la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies, le délégué a dénoncé une approche sélective de la part des États, ce qui entrave la capacité de l’ONU à faire bouger les choses dans divers domaines.  « Un exemple flagrant est le mépris total de la Russie pour les 18 résolutions de l’Assemblée générale adoptées depuis 2014 en réponse à l’agression contre l’Ukraine. »  Le délégué a rappelé que la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale a été convoquée en raison de l’usage abusif du veto par la Russie lors du vote d’une résolution condamnant son agression et appelant à la cessation du recours à la force en Ukraine.  Depuis lors, une majorité écrasante d’États de l’Assemblée générale ont soutenu six résolutions envoyant un message fort et clair aux agresseurs, a-t-il fait valoir, déclarant que cette Assemblée est « prête à défendre ses principes et valeurs fondamentaux ». 

M. DYLAN ADELMAN (États-Unis) a estimé que la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, adoptée en septembre dernier, a permis de faire des progrès importants en matière d’accessibilité et d’égalité de genre dans les nominations et les postes de direction à l’ONU.  À ce propos, le délégué a jugé « inacceptable » que l’Assemblée générale ne compte que 4 ex-présidentes sur 78.  Il a encore relevé des progrès en matière de programme de travail, afin de réduire les chevauchements et de limiter le nombre de réunions de haut niveau thématiques et commémoratives.   

M. CORNEL FERUȚĂ (Roumanie), également au nom de Sainte-Lucie, en tant que Coprésidents du Groupe de travail, a salué les propositions constructives avancées dans le cadre de ce débat.  Les procédures de l’Assemblée générale doivent en effet être rationalisées, a-t-il reconnu, en soulignant sa charge de travail croissante en raison notamment de prorogations d’ordre technique.  « Il faut éviter de surcharger la semaine de haut niveau. »  Enfin, le représentant a assuré de sa détermination à honorer les attentes exprimées par les délégations. 

Droit de réponse 

Le délégué d’Israël a exercé son droit de réponse concernant la situation à Gaza.  Il s’en est remis à sa dernière déclaration, faite lors de l’examen du point précédent.

 

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