Soixante-dix-huitième session,
18e séance – matin
AG/12544

L’Assemblée générale au chevet d’une Afrique « malade » mais forte du ressort nécessaire pour son relèvement

L’Assemblée générale s’est penchée, aujourd’hui, sur les « triples paradoxes » et les obstacles persistants et nouveaux qui entravent la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique que « rien ne pourrait arrêter » si elle était bien soutenue par la communauté internationale et en avait l’opportunité, a soutenu son Président, M. Dennis Francis.

Mais il faut se rendre à l’évidence, car aujourd’hui l’Afrique « est malade », a alerté le Cameroun, et le continent doit, au préalable, relever des défis urgents pour être sur la bonne voie et réaliser le Programme 2030 et l’Agenda 2063, a abondé M. Francis, lors de cette séance de l’Assemblée générale qui était notamment saisie d’un rapport du Secrétaire général consacré aux paradoxes du développement dans les domaines du financement, de l’énergie et des systèmes alimentaires à l’échelle du continent.

De fait, a soutenu le Président de l’Assemblée générale, l’Afrique est riche en ressources financières, mais elle connaît une crise de la dette si grave qu’elle perd 500 à 600 milliards de dollars par an, une somme plus importante que le produit intérieur brut (PIB) de 35 pays africains réunis.  Par conséquent, la réforme de l’architecture financière internationale et la viabilité de la dette doivent être notre priorité absolue, a-t-il souligné. 

Une approche défendue par l’ensemble des délégations à l’instar de l’Afrique du Sud, de la Thaïlande, de la Sierra Leone et de la Namibie qui ont également appelé à faciliter l’accès aux financements extérieurs et réaffecter les droits de tirage spéciaux (DTS). 

Par la voix de la Tunisie, le Groupe des États d’Afrique a jugé crucial de s’attaquer aux défis structurels et institutionnels qui empêchent les pays africains de maximiser l’utilisation de leurs ressources, à commencer par la prévalence du secteur informel qui emploie environ 84% des travailleurs, la faiblesse des systèmes d’administration fiscale et les flux financiers illicites, qui coûteraient au continent 89 milliards de dollars par an en perte de revenus.  Le Groupe a également jugé primordial d’assurer la viabilité de la dette, notant que la dette extérieure représente 60% de la dette publique de l’Afrique et que le service de la dette absorbe en moyenne plus de 20% des recettes publiques.  L’Afrique dépense actuellement plus pour le service de la dette que pour les soins de santé, s’est-il alarmé, recommandant par ailleurs l’élaboration d’une convention fiscale internationale. 

D’autres délégations, comme l’Inde, ont remis en cause la structure des économies africaines, héritée du colonialisme et fortement orientée vers les marchés extérieurs, tandis que la Libye a demandé la restitution des fonds détournés aux pays d’origine.  Les mesures coercitives unilatérales imposées à plusieurs pays africains ont été décriées par la Fédération de Russie et le Venezuela, la Pologne s’inquiétant, pour sa part, des répercussions des « activités néocoloniales » russes sur la sécurité alimentaire mondiale.

Mais au-delà de ces obstacles, des solutions existent, car même « très malade », l’Afrique a su tracer sa vision, a relevé le Cameroun, en allusion à l’Agenda 2063 de l’Union africaine et à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).  En tant que moteur de croissance, celle-ci peut réaliser des revenus de l’ordre de 450 milliards de dollars d’ici à 2035, tout en ajoutant 76 milliards de dollars à l’économie mondiale, a fait valoir la Thaïlande.  Cependant, a temporisé le Président de l’Assemblée générale, il ne faut pas que l’avenir de la jeunesse africaine, qui représente 60% de la population du continent, soit obscurci par l’instabilité politique et les conflits aux conséquences dévastatrices pour la paix et la prospérité. 

La récente vague incontrôlable de coups d’État ramène le continent plusieurs décennies en arrière et n’augure rien de bon pour la quête d’une paix durable et la nécessité de faire taire les armes en Afrique, a prévenu M. Francis, avant d’appeler à continuer de placer les besoins du continent au centre du cadre stratégique du système de l’ONU.  La Chine a exhorté, pour sa part, à trouver des solutions africaines pour résoudre les problèmes africains.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux mercredi 18 octobre, à partir de 10 heures 

NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE: PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE ET APPUI INTERNATIONAL (A/78/309)

LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE (A/78/234A/78/291)

Déclaration liminaire

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que s’il en avait l’opportunité et s’il était bien soutenu par la communauté internationale, rien ne pourrait arrêter le continent africain.  Mais il doit au préalable relever des défis urgents pour être sur la bonne voie afin de réaliser le Programme 2030 et l’Agenda 2063.  Le Président a notamment relevé que l’Afrique est riche en ressources financières, mais qu’elle connaît une crise de la dette si grave qu’elle perd 500 à 600 milliards de dollars par an, une somme plus importante que le produit intérieur brut (PIB) de 35 pays africains réunis.  Par conséquent, la réforme de l’architecture financière internationale et la viabilité de la dette doivent être notre priorité absolue, a-t-il souligné. Il a également relevé que l’Afrique dispose d’une richesse extraordinaire en ressources naturelles, mais que près de 58% de sa population souffre d’insécurité alimentaire modérée ou grave – presque le double de la moyenne mondiale.  « Nous ne parviendrons pas à un développement pleinement durable en Afrique si nous ne donnons pas la priorité à la mise en œuvre de l’ODD no 2, c’est-à-dire éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire », a-t-il insisté.

Notant en outre que 60% de la population africaine est âgée de moins de 25 ans, le Président de l’Assemblée générale s’est inquiété que l’avenir de cette jeunesse soit obscurci par l’instabilité politique et les conflits aux conséquences dévastatrices pour la paix et la prospérité.  Il est donc crucial de disposer d’un système financier international capable de répondre aux injustices historiques, de promouvoir une économie mondiale ouverte, inclusive et équitable et de mieux représenter les voix africaines au sein de sa gouvernance, a-t-il insisté.

Conscient que la pauvreté et les inégalités économiques sont un déclencheur de conflit, il a pressé à promouvoir les opportunités économiques, l’accès à l’éducation –en particulier pour les filles– et la création d’emplois, en particulier pour les jeunes, les femmes et les communautés marginalisées.  Il faut également aider les pays africains à intégrer la prévention des conflits et la consolidation de la paix aux efforts de développement durable, et fournir une aide humanitaire et une aide au développement robuste aux pays et régions d’Afrique touchés par des conflits. M. Francis a aussi appelé les États Membres à établir des partenariats internationaux solides pour répondre aux défis communs de l’Afrique, exhortant en outre les partenaires de développement, les parties prenantes et le secteur privé à accroître les investissements durables dans le développement de l’Afrique afin de garantir qu’aucun pays du continent ne soit laissé de côté.  La récente vague incontrôlable de coups d’État ramène le continent plusieurs décennies en arrière et n’augure rien de bon pour la quête d’une paix durable et la nécessité de faire taire les armes en Afrique, a-t-il prévenu, appelant à continuer de placer les besoins du continent au centre du cadre stratégique du système de l’ONU.

Débat conjoint sur les questions subsidiaires de l’ordre du jour

Mme HEDDA SAMSON, de l’Union européenne (UE), a indiqué que l’Union africaine (UA) et l’Union européenne entretiennent un partenariat étroit et de longue date en matière de sécurité et de développement.  L’Europe et l’Afrique ont besoin l’une de l’autre pour construire une réponse solide et durable aux défis mondiaux communs, a insisté la déléguée. Elle a indiqué que l’UE est le plus grand partenaire de l’Afrique en matière de commerce, d’investissement et de développement.  Pour la période 2022-2024, l’UE a alloué 600 millions d’euros pour les missions de paix de l’UA et elle soutient par ailleurs le développement et la recherche pour une agriculture durable et économe en ressources en Afrique.  L’UE est en outre l’un des moteurs de la décision d’allouer 100 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux aux pays les plus vulnérables particulièrement en Afrique.  Trente-trois des pays africains les moins avancés ont bénéficié d’un régime douanier plus favorable pour toutes les importations de marchandises, à l’exception des armes et des munitions. 

L’UE est de loin le principal partenaire commercial de l’Union africaine avec un volume total de 268 milliards d’euros en 2021, s’est félicitée la représentante, qui a précisé que 90% des exportations africaines entrent dans l’UE exemptes de droits de douane.  En outre, l’aide de l’UE à l’Afrique a augmenté de 11% pour la période 2021-2027. Comme convenu lors du sixième Sommet UE-UA de février 2022, près de 150 milliards d’euros d’investissements seront mobilisés d’ici à 2027 en Afrique.  Ces investissements ont déjà commencé, a indiqué la déléguée. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. TAREK LADEB (Tunisie) a souligné l’urgence de s’attaquer au « triple paradoxe » de la finance, de l’énergie et de la sécurité alimentaire au regard des ramifications des crises actuelles qui ont perturbé les marchés et mis à nu les vulnérabilités des économies africaines aux chocs extérieurs.  Ces chocs, ainsi que les effets des changements climatiques, ont collectivement rétréci l’espace politique et budgétaire, réduit la capacité de génération de revenus, accru les pressions inflationnistes et exacerbé le fardeau de la dette et le déficit de financement des ODD, s’est-il inquiété.  Il est, dès lors, crucial de s’attaquer aux défis structurels et institutionnels qui empêchent les pays africains de maximiser l’utilisation de leurs ressources.  Parmi ces obstacles, il a cité la prévalence du secteur informel qui emploie environ 84% des travailleurs, la faiblesse des systèmes d’administration fiscale et les flux financiers illicites, qui coûteraient au continent 89 milliards de dollars par an en perte de revenus.  À cet égard, il a souligné l’importance de l’élaboration d’une convention fiscale internationale.  Il a également jugé primordial d’assurer la viabilité de la dette, notant que la dette extérieure représente 60% de la dette publique de l’Afrique et que le service de la dette absorbe en moyenne plus de 20% des recettes publiques.  L’Afrique dépense actuellement plus pour le service de la dette que pour les soins de santé, a-t-il signalé.  De même, le délégué a plaidé en faveur d’un accès au financement extérieur à des conditions préférentielles et à la réaffectation des droits de tirage spéciaux (DTS). 

Passant ensuite à la question de la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, le représentant a relevé que le chômage et le déficit de travail décent sont de possibles facteurs d’instabilité.  En outre, la population active du continent atteindra 511 millions de personnes en 2023, avec un taux de chômage qui est en hausse, passant de 6,5% en 2019 à 7,1% en 2022.  C’est pourquoi, il a encouragé la mise en œuvre de réformes réglementaires et politiques pour renforcer les flux commerciaux et d’investissement, notamment transfrontaliers, dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). 

M. FRANCISCO JOSÉ DA CRUZ (Angola) a déclaré que l’Afrique continue malheureusement de faire face à des défis majeurs en matière de paix et de sécurité.  La Banque mondiale, a cité le représentant, estime qu’un conflit civil dans un pays en développement moyen coûte environ 30 ans de croissance de son PIB.  Les pays confrontés à une crise prolongée peuvent accuser un retard de plus de 20% dans la lutte contre la pauvreté.  Les données indiquent également que ces pays subissent généralement une réduction de la croissance annuelle du PIB de 2% à 4% et jusqu’à 8,4% si le conflit est grave.  Cette baisse de croissance est toujours accompagnée d’une hausse rapide de l’inflation. Souvent, les pays voisins subissent également de plein fouet les effets secondaires des conflits violents, avec une baisse annuelle de 1,4% de leur PIB. 

Le représentant a estimé que la nature changeante des conflits et des crises exige une approche plus globale et intégrée de la réponse aux crises humanitaires et des violations des droits humains afin d’identifier des solutions politiques durables. Il a également souligné que la confiance et l’unité dans la diversité des peuples d’Afrique sont la voie à suivre pour que le continent parvienne à la paix et à la réconciliation, ainsi qu’à la gestion et à la résolution des conflits.  La réalisation de la paix en Afrique est une responsabilité partagée qui exige de tous les citoyens africains, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, de contribuer au maintien de la cohésion et de l’unité sociales et d’apprécier, valoriser et encourager la paix dans leurs capacités et leurs environnements individuels et collectifs, a-t-il appuyé. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a relevé que le problème du manque de financement s’est aggravé après les crises récentes, insistant sur la nécessité de réformer le système financier international injuste et de mobiliser des ressources pour financer le développement.  Notant que le continent perd entre 500 et 600 milliards de dollars par an, elle a insisté sur l’importance d’une justice fiscale internationale, appelant en outre à faire face au fléau des flux financiers illicites qui, depuis des décennies maintenant, privent le continent de ressources importantes essentielles pour son développement.  Elle a insisté sur la nécessité d’adopter une approche basée sur le développement pour appuyer le règlement des conflits et de consacrer davantage de ressources à la consolidation de la paix et à la prévention de conflit. 

L’avenir c’est l’Afrique, a déclaré M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) soulignant que le continent a la capacité de générer une plus grande prospérité non seulement pour lui-même, mais aussi pour le monde entier.  Il a relevé que l’un des principaux moteurs de cette croissance est la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui relie 1,3 milliard de personnes avec un PIB combiné évalué à 3,4 billions de dollars.  La ZLECAf pourrait accroître les revenus de quelque 450 milliards de dollars d’ici à 2035, tout en ajoutant 76 milliards de dollars à l’économie mondiale, a-t-il ajouté, citant la Banque mondiale. 

Soulignant que « nous ne pouvons rien réaliser sans l’Afrique », le représentant a appelé à fournir un financement accru au continent afin de progresser dans la réalisation du Programme 2030.  Il a plaidé pour la mise en œuvre complète du Programme d’action d’Addis-Abeba, exhortant ensuite les pays développés à respecter leur engagement en matière d’APD.  Il s’agit également de traiter le problème de la dette, a-t-il ajouté, appelant à mettre en œuvre les propositions importantes faites par le Groupe des 77 et la Chine pour son allègement. 

Le représentant a ensuite appelé à une réforme plus approfondie de l’architecture financière internationale et à accorder davantage de droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays en développement.  Le système commercial multilatéral doit également élargir l’accès des pays en développement aux marchés mondiaux notamment pour faciliter le commerce alimentaire et des produits agricoles.  Enfin, le délégué a défendu des partenariats plus forts et renforcés avec l’Afrique. 

M. OLEGS ILGIS (Lettonie) a indiqué que son pays a proposé des projets liés à la technologie et à l’autonomisation des femmes en Afrique du Sud, au Cameroun, en Namibie, en Zambie et au Zimbabwe.  Il a estimé que les banques multilatérales de développement ont un rôle important à jouer et a fait savoir que le Gouvernement letton prévoit de verser une subvention de 2 millions de DTS au Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et la croissance du FMI, afin d’aider les pays qui en ont le plus besoin.  Le représentant a également insisté sur l’importance d’une réforme de l’architecture financière internationale et du renforcement de la lutte contre les flux financiers illicites.  La promotion d’une bonne gouvernance et des mesures de lutte contre la corruption sont essentielles à cet égard.  Le représentant a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts pour assurer la cohérence des efforts de consolidation de la paix entre l’ONU et l’UA, ainsi que d’autres partenaires concernés, y compris les représentants de la société civile. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a dénoncé l’ingérence de puissances extrarégionales et des intérêts étrangers qui pillent les ressources naturelles de l’Afrique.  Associés aux changements climatiques, ils perpétuent l’héritage désastreux du colonialisme, s’est inquiété le représentant qui a souligné que le Programme 2030 et l’Agenda 2063 constituent la feuille de route pour des sociétés plus justes, inclusives et équitables en Afrique.  Il s’est inquiété des pressions exercées par le système commercial et financier international sur des nations souveraines en leur soumettant des programmes néolibéraux qui, a-t-il affirmé, ne font qu’envenimer les crises et les tensions sociales.  Après avoir salué la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le représentant a appelé les anciennes puissances coloniales à mettre fin au néocolonialisme et au pillage des ressources naturelles.  Il a aussi appelé à la levée des mesures unilatérales coercitives imposées à la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l’Érythrée, la Libye, le Mali, la Somalie, la Soudan, le Soudan du Sud et le Zimbabwe.  Des mesures urgentes s’imposent en outre pour réformer l’architecture financière internationale, a ajouté le délégué.

M. MATEUSZ SAKOWICZ (Pologne) s’est dit alarmé par le nombre record de coups d’État militaires perpétrés en Afrique, après une période de relative stabilité.  Il a expliqué que l’aide polonaise au développement est largement axée sur la réduction des inégalités économiques et sociales, l’objectif étant d’appuyer les ODD et d’éradiquer la pauvreté.  C’est pourquoi, le représentant a jugé important de disposer d’un système financier international capable de s’attaquer aux injustices historiques et de promouvoir une économie mondiale ouverte, inclusive et juste où la voix de l’Afrique est écoutée. 

Poursuivant, le représentant a constaté que nombreux sont ceux qui ont tendance à perdre de vue les formes contemporaines du néocolonialisme, évoquant sa manifestation à travers les activités de la Fédération de Russie dans son voisinage immédiat et dans d’autres parties du monde.  Il a notamment rappelé que l’insécurité alimentaire mondiale s’est aggravée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  La Pologne fait tout son possible pour atténuer cette crise, a-t-il assuré.

M. BORIS A. MESCHCHANOV (Fédération de Russie) a dénoncé les analyses attribuant la responsabilité des crises économiques actuelles en Afrique à la Russie et au conflit en Ukraine.  Il a affirmé que de nombreux experts indépendants pensent que les crises alimentaire et énergétique actuelles résultent des erreurs et des mauvais calculs des grandes économies de l’Occident, en particulier l’imposition de sanctions aux pays africains.  Le risque d’une crise alimentaire avait été déjà signalé dès 2020, a-t-il rappelé, notant que, selon les données de la FAO, l’indice des prix pour les denrées alimentaires a augmenté de 50% entre 2019 et 2020.  La Fédération de Russie a toujours accordé une attention prioritaire à la coopération avec l’Afrique, a assuré le représentant, évoquant un allégement de 23 milliards de dollars de dette.  En outre, le deuxième Sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg a témoigné de la volonté commune de la Russie et des gouvernements du continent de coopérer dans les domaines politique, sécuritaire, économique et social, y compris la lutte contre le terrorisme, le néocolonialisme et les sanctions illicites.  La Russie va continuer d’aider ses amis africains non seulement sur le plan alimentaire, mais également en favorisant le développement énergétique et agricole, a-t-il promis. 

Mme GABRIELA-CORNELIA HOROSANU (Roumanie) a mis en exergue le soutien concret de son pays à l’Afrique, en facilitant l’approvisionnement alimentaire et en appuyant la modernisation agricole du continent.  Face aux changements climatiques, la Roumanie travaille également avec des partenaires africains pour partager les bonnes pratiques et mettre en place des systèmes d’alerte précoce. 

Elle a également évoqué la mise à disposition annuelle de 500 bourses au profit d’étudiants africains.  La Roumanie dispense également une formation technique à ceux qui souhaitent acquérir des connaissances sur les technologies vertes, de même que dans le domaine de la consolidation de la paix.

M. DAI BING (Chine) a salué les résultats positifs engrangés par l’Afrique ces dernières années.  Cependant, a-t-il nuancé, ce continent se heurte encore à de graves difficultés comme les conflits, les pénuries alimentaires, les déficits financiers ou encore les changements climatiques qui entravent la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063.  Il a souligné que la communauté mondiale a la responsabilité collective de soutenir l’Afrique.  Nous devons comprendre les besoins des pays africains et respecter leur autonomie de choisir leur propre modèle de développement conformément à leur priorité nationale, a-t-il insisté.  Il a également appelé à appuyer les efforts de l’Afrique pour maintenir la paix et la sécurité. 

Affirmant défendre le principe de trouver des solutions africaines pour résoudre les problèmes africains, le représentant a également appelé les bailleurs de fonds et les pays développés à répondre aux initiatives des pays africains.  Il faut leur fournir un financement prévisible et soutenu pour les aider à relever les défis du financement du développement, a-t-il indiqué, appelant en outre à réformer le système financier international. À cette fin, il a pressé les pays développés à assumer leur responsabilité en honorant leur engagement en matière d’APD et en soldant la dette historique.  Il a également appelé à lutter contre les actes d’hégémonie, pointant notamment l’imposition de mesures unilatérales coercitives. 

M. SUWEED (Libye) a souligné la nécessité d’harmoniser le Programme 2030 et l’Agenda 2063 en tenant compte des spécificités religieuses, économiques et sociales des différents pays.  Face à la persistance de nombreux défis, les pays développés doivent respecter leurs promesses d’investissements, de renforcement des capacités africaines et de transfert de technologies, en particulier dans le domaine de la sécurité alimentaire, la paix et la sécurité. 

Le délégué a ensuite demandé à l’ONU d’engager des dialogues en vue d’établir des solutions pacifiques pour appuyer le développement de la Libye qui est un pays de transit pour de nombreux migrants.  Le Gouvernement n’est pas en mesure de contrôler ses frontières, a reconnu le représentant, qui a souligné que la migration est un problème international qui ne peut pas être assumé uniquement par les pays de transit comme le sien.  Il a appelé à une coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination, insistant en outre sur l’importance de lutter contre la traite des êtres humains. Dénonçant le pillage des ressources financières et naturelles de l’Afrique, le représentant a demandé la restitution des fonds détournés aux pays d’origine.  Il a par ailleurs informé que le Gouvernement d’unité nationale de transition travaille avec des ONG de développement pour appuyer la reconstruction de la ville de Derna.

M. RAJESH PARIHAR (Inde) est revenu sur les défis qui ont impacté les efforts de développement de l’Afrique, citant la pandémie de COVID-19, la hausse des prix du carburant, des engrais et des céréales alimentaires, la crise climatique et les tensions géopolitiques croissantes.  Il s’est également inquiété de l’instabilité politique chronique qui touche plusieurs pays du Sahel, de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique centrale, de même que des graves défis en matière de financement, d’énergie et de sécurité alimentaire.  Il a remis en cause la structure des économies africaines, héritée du colonialisme et fortement orientée vers les marchés extérieurs. 

 Face à cette situation, le représentant a appelé à établir des partenariats capables de promouvoir la durabilité économique, sans conditionnalités et conformément aux attentes africaines.  Il a indiqué que l’Inde a accordé des prêts concessionnels de plus de 12,37 milliards de dollars à l’Afrique, avant de rappeler que le Sommet du G20 qui s’est tenu le mois dernier, à New Delhi, a été marqué par l’inclusion historique de l’Union africaine en tant que membre permanent du Groupe. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a souligné l’importance de l’allégement et de l’annulation de la dette.  Le service de la dette est de plus en plus insoutenable et continue d’asphyxier les véritables initiatives de développement de l’Afrique, a-t-il signalé. Il a appelé à mobiliser les ressources nationales afin de compléter l’APD dans le processus de développement de l’Afrique.  La mobilisation de financements privés est également importante, a estimé le représentant, notant qu’une économie de marché florissante est marquée par la prépondérance du capital du secteur privé.  Il a aussi exhorté à réduire les flux financiers illicites.  À cet égard, la Sierra Leone a renforcé sa Commission de lutte contre la corruption et créé une agence de lutte contre le blanchiment d’argent.  La mobilisation des ressources nationales est également essentielle pour améliorer l’accès à l’énergie et assurer la sécurité alimentaire en l’Afrique, a-t-il ajouté, insistant en outre sur l’importance de la bonne gouvernance et de fournir les services publics essentiels aux populations.  Au niveau continental, la promotion d’une paix durable et d’un développement durable en Afrique nécessite également un partenariat entre l’ONU et la Commission de l’Union africaine afin d’assurer un financement adéquat, prévisible et flexible par le biais d’une contribution obligatoire pour les opérations de soutien de la paix dirigées par l’UA. 

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a rappelé que, quand les chefs d’État et de gouvernement sont venus pour apprécier la mise en œuvre du Programme 2030, ils ont constaté que l’Afrique était la plus en retard dans le cadre de ce Programme qui lui-même accuse déjà un retard.  Mais bien que très malade, l’Afrique n’a pas dormi, a-t-il affirmé, saluant la création de l’Agenda 2063 qui, à son échéance, fera de l’Afrique un acteur majeur dans les relations internationales.  Il a indiqué que la prochaine décennie sera axée sur la finance, la technologie, la science et la recherche, l’énergie et l’agriculture.  Les Africains, eux-mêmes, ont pris à bras le corps ces secteurs, s’est-il félicité, avant de mettre en avant la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZECLAf).  Il a ensuite appelé les partenaires stratégiques à agir, avant de recommander la création d’une matrice avec des indicateurs précis « pour nous conduire à bon port ». 

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) a souligné que l’augmentation du revenu des ménages est essentiel pour lutter contre la pauvreté, atténuer les inégalités et renforcer la résilience économique, sociale et environnementale des sociétés africaines.  Il a appelé à s’attaquer à la faiblesse des systèmes fiscaux et aux flux financiers illicites, à appuyer la coopération fiscale internationale et à assurer la viabilité de la dette.  Il faut faciliter l’accès aux financements extérieurs, notamment par le biais de conditions préférentielles et la réaffectation des droits de tirage spéciaux, a-t-il précisé.  S’agissant des ressources énergétiques, le délégué a plaidé pour un accès aux énergies renouvelables en partenariat avec le secteur privé.  Le Gouvernement namibien est en train de mettre en œuvre cinq projets de ce type en cours de développement d’une valeur de 20 milliards de dollars des États-Unis.  Le développement d’une nouvelle industrie des carburants synthétiques en Namibie n’est pas seulement l’occasion de lutter contre les changements climatiques, mais offre une opportunité pour l’industrialisation du pays, a-t-il affirmé. 

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