En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
14e séance - matin
AG/12539

L’Assemblée générale achève un débat de haut niveau marqué cette année par les fermes mises au point des « putschistes » d’Afrique

Dans un contexte où la communauté internationale semble incapable de s’unir pour répondre aux tensions géopolitiques et autres défis du monde, comme l’a dit le Secrétaire général, 136 chefs d’État et de gouvernement, et 40 ministres se sont succédé à la tribune de l’Assemblée générale, dès le 19 septembre, pour deviser sur le thème « Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale pour accélérer la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité ».  Choisissant d’abord de confirmer la méfiance, la Guinée, le Gabon, le Burkina Faso et le Mali se sont livrés à de fermes mises au point sur la prétendue « épidémie » de coups d’État qui, après celle de la COVID-19, s’abattrait désormais sur l’Afrique.  Ils ont vigoureusement dénoncé le fait que le Niger « ait été interdit d’accès à l’ONU ». 

Au dernier jour du Sommet qu’il a entamé la veille pour sauver les objectifs de développement durable (ODD), le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a dressé, devant l’Assemblée générale, le sombre bilan d’un monde où les divisions se creusent, les inégalités s’accentuent, les discours de haine se multiplient, l’autoritarisme est en marche et la démocratie est menacée.  À sa suite, les délégations ont lancé des appels à la solidarité, à la réforme du système financier international, à l’émergence d’un vrai multilatéralisme voire à un nouvel ordre mondial, s’alarmant de « la fragmentation de la gouvernance mondiale » dont l’Ukraine serait le symptôme. 

Au niveau régional, a embrayé le Président de la Guinée, M. Mamadi Doumbouya, l’Afrique souffre d’un modèle de gouvernance imposé et inefficace qui a contribué à la corruption active des élites auxquelles l’on a accordé des certificats de démocrate en fonction de leur docilité, leur aptitude à brader les ressources nationales et la facilité avec laquelle elles cèdent aux injonctions des institutions internationales au service des grandes puissances. 

Le Président guinéen s’est moqué de ceux qui condamnent la prétendue « épidémie de coups d’État en Afrique ».  Les vrais putschistes, a-t-il lancé, sont ceux qui manipulent les constitutions pour se maintenir au pouvoir.  Il a justifié les « transitions militaires » par les promesses non tenues et la mauvaise répartition des richesses.  On aurait tort, a prévenu le Premier Ministre du Gabon, de prononcer des sentences sans nuance et de faire des amalgames faciles, désaccordés des réalités de notre contexte. 

Affirmant que son peuple n’était pas prêt à accepter une nouvelle « forfaiture électorale », M. Raymond Ndong a estimé que l’armée gabonaise n’avait d’autre choix que d’interrompre un processus frauduleux et dangereux pour la cohésion nationale.  Condamner le renversement de l’ancien Président, c’est dire qu’il aurait mieux valu laisser libre cours aux affrontements et compter les victimes. 

Devant les soupçons d’une main noire derrière tous ces bouleversements, le Président de la Guinée s’est senti insulté: nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance relève d’un mépris voire d’un racisme vis-à-vis d’un continent de plus de 1,3 milliard de personnes, à la jeunesse nombreuse et décomplexée.  Nous ne sommes ni pro ni anti-Américains, ni pro ni anti-Chinois, ni pro ni anti-Français, ni pro ni anti-Russes, ni pro ni anti-Turcs.  Nous sommes tout simplement pro africains.  Il n’y a pas de sentiment anti-français en Afrique, a précisé le Ministre du service civil du Burkina Faso, M. Bassolma Bazié, sans pour autant oublier d’attirer l’attention sur les « manigances moyenâgeuses » pour barrer l’accès du Niger à la tribune de l’Assemblée générale.  

Son homologue du Mali et Ministre des affaires étrangères, M. Abdoulaye Diop, s’est catégoriquement opposé aux mesures coercitives de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union monétaire ouest-africaine.  Il a aussi réaffirmé l’opposition de son pays à toute intervention militaire au Niger qui constituerait une menace directe pour la région, à l’instar des conséquences désastreuses de l’intervention qu’a autorisée le Conseil de sécurité en Libye, contre l’avis des dirigeants africains. 

Ce que nous ne voulons plus, a averti le Ministre burkinabé, c’est l’arrogance, l’insolence et la suffisance.  Des indépendances factices aux guerres fratricides, de la démocratie électoraliste aux aides biaisées, des guerres de rapine au terrorisme malicieusement fabriqué, il y a une seule constante: nous dominer.  Nous décidons désormais de dire « non » à tous ces « amis qui nous veulent du bien » au point de nous menacer de guerre pour imposer leur amitié. 

Le temps où une poignée de nations définissaient les agendas, en espérant que les autres suivent, est révolu, a tranché aujourd’hui-même le Ministre indien des affaires étrangères. À l’heure où la polarisation Est-Ouest est si perceptible et le fossé entre le Nord et le Sud, si profond, écouter les autres et respecter leur point de vue n’est pas une faiblesse mais le fondement-même de la coopération et du succès, a commenté M. Subrahmanyam Jaishankar. 

C’est à l’initiative de l’Inde, a rappelé le Ministre, que l’Union africaine (UA) a été admise au G20 comme membre permanent, une avancée significative qui devrait inspirer les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité.  L’ONU doit redevenir une plateforme diplomatique plutôt qu’une rampe de lancement pour campagnes hostiles contre des pays souverains, a ajouté le Vice-Ministre syrien des affaires étrangères, M. Bassam Sabbah, qui a qualifié les sanctions de « terrorisme économique ». 

Face aux défis actuels, nous devons et nous pouvons, ensemble et en tant que « nations unies », guérir nos divisions et trouver des solutions qui reflètent nos valeurs universelles et nos engagements, a encouragé le Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, en fermant ainsi les portes du débat général. 

L’Assemblée générale tiendra une plénière jeudi 5 octobre à partir de 10 heures pour faire le suivi des résultats des grandes conférences de l’ONU sur les questions économiques et sociales.

SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a appelé à faire le bilan de « nos succès » et des défis tout en gardant des aspirations et objectifs communs.  Notant que le monde est entré dans une période de trouble exceptionnel, M. Jaishankar a mentionné les inégalités structurelles et un développement inégal, aggravés par la pandémie de COVID-19 et les répercussions des conflits en cours qui exercent des pressions sur les pays du Sud.  Par conséquent, les gains socioéconomiques engrangés ces dernières années s’érodent, a-t-il déploré, citant l’accès insuffisant aux ressources.  C’est avec un sens des responsabilités exceptionnelles que l’Inde a pris la présidence du G20, déterminée à se concentrer sur les préoccupations du plus grand nombre. 

À l’heure où la polarisation Est-Ouest est si perceptible et le fossé entre le Nord et le Sud, si profond, le sommet du G20 à New Delhi a mis en avant la diplomatie et le dialogue, qui sont les seules solutions efficaces.  L’ordre international étant diversifié, il faut tenir compte de tous les points de vue.  Les jours où une poignée de nations définissaient les agendas, en espérant que les autres suivent, est révolu, a prévenu le Ministre.  Dès lors, a-t-il martelé, trouver un terrain d’entente est impératif.  « Écouter les autres, respecter leur point de vue n’est pas une faiblesse », c’est le fondement même de la coopération et du succès. 

C’est dans cet esprit que l’Inde a entamé la présidence du G20, en faisant résonner la voix des pays du Sud au sommet, soit un total de 125 nations.  Par conséquent, s’est-il enorgueilli, des questions qui méritent une attention globale ont pu être examinées et les délibérations ont pu aboutir à des résultats significatifs pour la communauté internationale.  C’est à l’initiative de l’Inde, a souligné le Ministre, que l’Union africaine (UA) a été admise en qualité de membre permanent du G20.  Cette avancée significative devrait inspirer les Nations Unies, pour rendre le Conseil de sécurité plus moderne, car une représentation élargie est la condition préalable à l’efficacité et à la crédibilité. Après avoir énuméré divers autres défis, notamment ceux posés par les nouvelles technologies, les fractures numériques, l’égalité des sexes ou encore les changements climatiques, le dignitaire a expliqué, en conclusion, que son pays est passé du non-alignement au « Vishwa Mitra » (un ami du monde). 

Mme KAMINA JOHNSON SMITH, Ministre des affaires étrangères de la Jamaïque, a indiqué que, dans sa quête de paix, et face au « monstre à deux têtes de la violence et de la criminalité », la Jamaïque a misé sur ses forces de l’ordre et leur bon équipement. Avec succès, puisque la criminalité grave a baissé de 22% depuis le début de l’année, a-t-elle dit.  Nous sommes déterminés à user de tous les moyens légaux à notre disposition pour sauver des vies et promouvoir la cohésion sociale et la dignité de chacun, a-t-elle dit, en ajoutant que ces éléments font partie de la formation des forces de sécurité du pays.  Elle a cependant ajouté que cette guerre ne pourra être gagnée de manière isolée.  Les petits pays comme les nôtres, avec des frontières poreuses, ont besoin de partenariats mondiaux pour combattre la traite des êtres humains et les trafics d’armes et de stupéfiants, a dit Mme Johnson Smith.  « Les pays consommateurs importants de drogues doivent en faire plus pour prévenir le transport de drogues et combattre la criminalité transnationale organisée, qui a des conséquences graves pour des pays comme le nôtre dans la région. » 

La Ministre a ensuite appelé à la restauration de l’ordre et de la sécurité dans la « nation sœur d’Haïti », avant d’appuyer tous les efforts visant à la recherche de solutions emmenées par les Haïtiens eux-mêmes face aux défis qu’ils doivent relever.  Il n’y pas de solution facile mais ne rien faire ne peut être une option, a-t-elle tranché.  Elle a notamment appuyé l’idée d’une mission internationale de soutien à la sécurité afin d’épauler les forces de police haïtiennes dans leur lutte contre les gangs.  La Jamaïque contribuera à un tel effort, a-t-elle promis, en ajoutant que son pays a « entendu les appels de la majorité du peuple haïtien ».  Mme Johnson Smith a donc exhorté les membres du Conseil à mettre de côté leurs divergences et à répondre auxdits appels, en souhaitant l’adoption rapide d’une résolution autorisant une telle mission.  La situation ne fera qu’empirer si nous ne faisons rien, a-t-elle insisté. 

La Ministre a souligné la nécessité de prendre en compte un indice de vulnérabilité s’agissant de l’accès aux financements concessionnels afin d’aller au-delà du seul produit intérieur brut (PIB) par tête.  Elle a exhorté les principales économies, ainsi que les économies émergentes, à revoir à la hausse leurs ambitions climatiques et à honorer leurs engagements au titre de l’Accord de Paris.  « C’est une question de survie pour tous les pays et les peuples, en particulier pour les petits États insulaires en développement. » Enfin, elle a rappelé l’immoralité de la traite et de l’esclavagisme, ainsi que leurs conséquences négatives pour le développement de pays comme le sien.  Par conséquent, la Jamaïque réaffirme sa détermination à appuyer la demande d’une justice réparatrice en tant que voie nécessaire pour la dignité et la « guérison totale" des personnes d’ascendance africaine. 

M. TANDI DORJI, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Royaume du Bhoutan, a estimé que les initiatives présentées dans « Notre Programme Commun » du Secrétaire général offrent l’occasion de trouver de nouvelles façons de travailler ensemble pour le bien commun, sans remettre en cause les accords ou les mandats existants. Pour sa part, le Bhoutan est heureux de s’engager de manière constructive dans la préparation du Sommet de l’avenir et d’œuvrer à l’élaboration d’un pacte numérique mondial et d’un pacte mondial pour l’environnement, ainsi qu’à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a indiqué le Ministre.  Rappelant que le Bhoutan s’est engagé sur la voie du développement avec une philosophie holistique qui est celle du « bonheur national brut », il a noté que les ODD étaient naturellement en phase avec cette philosophie.  Le Bhoutan est aujourd’hui sur la bonne voie pour atteindre ces objectifs, a poursuivi M. Dorji, et après plus de cinq décennies de développement économique planifié, il doit être reclassé et sortir de la liste des pays les moins avancés (PMA).  À cette fin, le Gouvernement a misé sur une transition en douceur, a-t-il assuré, ajoutant que le treizième plan quinquennal de développement national, qui devrait commencer en 2024, est essentiel pour garantir une progression harmonieuse, durable et irréversible.  Il a espéré pouvoir compter sur le soutien et l’assistance continus des partenaires du développement du Bhoutan. 

Le Ministre a mis en avant les efforts reconnus de gestion durable de l’environnement qui ont été engagés pour lutter contre les effets des changements climatiques.  Le Bhoutan est déterminé à rester neutre en termes d’émissions de carbone et à respecter ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris, a-t-il dit.  M. Dorji a salué l’accord, conclu lors de la COP27, visant à fournir un financement pour les pertes et les préjudices subis par les pays vulnérables en première ligne de la crise climatique, en espérant que la COP28 permettra de rendre opérationnels les progrès sur cette voie. 

Arguant qu’un multilatéralisme efficace doit répondre aux préoccupations des nations les moins puissantes du monde, le Ministre a regretté que l’architecture de la gouvernance mondiale n’ait pas apporté l’équité et l’inclusion nécessaires.  La fragmentation, la polarisation et l’inégalité croissantes dans le monde ne font qu’inciter à renforcer le multilatéralisme, a-t-il fait valoir, et à faire preuve d’une plus grande détermination politique, de solidarité et de compassion.  Alors que le Bhoutan a toujours soutenu la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a souligné que cette réforme doit aller de pair avec la réforme de l’ensemble du système des Nations Unies.  Elle doit tenir compte des intérêts et des préoccupations de tous les États Membres, en particulier de ceux qui ne sont pas représentés ou qui sont sous-représentés, a-t-il demandé.  Il est impératif, selon lui, que le Conseil de sécurité évolue pour rester pertinent et efficace face aux défis multiformes de notre époque et, à cet égard, le Bhoutan soutient l’élargissement des catégories permanentes et non permanentes du Conseil de sécurité et plaide pour l’inclusion de l’Inde et du Japon en tant que membres permanents. 

M. STANLEY KAKUBO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Zambie, a déploré le coût de la guerre, que ce soit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), au cœur du Soudan ou bien entre la Russie et l’Ukraine.  La guerre a laissé des cicatrices, mutilé les âmes des nations, fragmenté l’humanité. Dès lors, a-t-il martelé, l’humanité doit « gagner la guerre contre la guerre ».  Le Ministre a appelé la communauté mondiale à s’engager pour mettre en œuvre les accords existants et à renforcer les partenariats au niveau mondial, mettre en place une bonne gouvernance, défendre la dignité et les droits humains de tous et progresser plus vite sur la voie des objectifs de développement durable (ODD). 

M. Kakubo a plaidé en faveur d’une transition juste avec davantage d’actions climatiques pour les générations présentes et futures.  Il s’agit pour lui de garantir une réponse aux besoins uniques de chaque pays et d’instaurer la confiance dans nos systèmes.  C’est d’abord se pencher sur ceux qui croulent sous le fardeau de la dette et qui doivent avoir accès à des financements à des taux meilleurs et plus équitables, a-t-il soutenu.  Il a jugé impératif que les institutions financières internationales et les banques de développement multilatérales proposent davantage de financement à des taux préférentiels aux pays les moins avancés (PMA).  Malheureusement le coût exorbitant du capital reste, à ses yeux, un problème insidieux qui touche les pays du Sud, en particulier en Afrique. S’il a regretté que ce capital soit entre les mains des premières économies mondiales qui ont en le moins besoin, il a toutefois reconnu que quelques rares partenaires de développement ont tenu leurs engagements en matière d’aide publique au développement. Ainsi, le Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial, qui s’est tenu en juin dernier, a-t-il examiné, entre autres, une restructuration significative de la dette de son pays. 

Poursuivant, le Ministre s’est félicité de la proposition du Secrétaire général de mettre en place un cadre incitatif pour les ODD à hauteur de 500 milliards de dollars par an pour compenser les conditions de financement peu favorables rencontrées par certains pays ce qui permettra, selon lui, de changer la donne pour les PMA dans des secteurs critiques, telles que les énergies renouvelables, la protection sociale, la santé et la sécurité alimentaire ainsi que l’intelligence artificielle.  Il a ensuite abordé l’autonomisation des femmes et des filles, un élément décisif pour surmonter le problème de la pauvreté dans toute la société.  À cet égard, il a mis en avant la volonté de son pays d’éradiquer le fléau des mariages précoces, annonçant, pour finir, que la Zambie accueillera cette année, en collaboration avec l’Union africaine, une conférence à destination des leaders traditionnels et religieux d’Afrique dans l’objectif de promouvoir une culture du développement inclusif et la prévention de ce phénomène. 

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures de la République du Cameroun, a salué le consensus international autour de sujets majeurs comme les changements climatiques, les ODD ou le financement du développement conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba.  L’Union africaine met en œuvre l’Agenda 2063 afin de promouvoir une Afrique unie, de la bonne gouvernance, de la paix, de la prospérité et appelée à jouer un rôle majeur dans les affaires internationales, a-t-il dit, tout en concédant que les résultats attendus tardent à être visibles.  Il a déclaré que l’action n’a pas toujours suivi la parole donnée, en prenant l’exemple des promesses faites au titre de l’aide publique au développement (APD) qui n’ont pas été honorées.  Il a déploré la parcimonie et la conditionnalité des aides, en ajoutant que la volonté politique fait souvent défaut. 

Face à une telle situation, il a appelé à un « sursaut d’orgueil, au dépassement de soi » et à une conscience nouvelle mettant l’accent sur l’intérêt général et une science mise au service de l’humanité entière.  Il a également demandé une résolution des conflits par le dialogue et une architecture financière internationale « renouvelée », avant de mentionner la création d’une zone de libre-échange en Afrique.  Nous devons agir pour une réforme du Conseil de sécurité afin de donner à l’Afrique une représentation permanente et équitable, a-t-il dit, en rappelant que deux tiers des activités du Conseil ont trait à l’Afrique.  « Il faut corriger une telle injustice. »  Dans le droit fil du consensus d’Ezulwini, il a réclamé deux postes permanents et trois postes non permanents pour l’Afrique au Conseil. 

Il a détaillé la stratégie de mise en œuvre des ODD de son pays et l’objectif de faire du Cameroun un pays émergent d’ici à 2037.  Il a déclaré que la lutte contre Boko Haram se poursuit avec des résultats « observables », même si des efforts supplémentaires doivent être consentis.  Il a déclaré que la paix se restaure dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, grâce aux efforts de dialogue du Gouvernement et malgré les violences et les prises d’otages orchestrées par les séparatistes.  Il a déclaré que son gouvernement maintient sa main tendue à ceux qui ont pris les armes et les appelle à les déposer.  Dans un monde en pleine mutation, il est capital que nous prenions les mesures adéquates, a-t-il conclu. 

M. DENIS RONALDO MONCADA COLINDRES, Ministre des affaires étrangères du Nicaragua, qui lisait un message du Président du Nicaragua et de son Vice-Président, a constaté que nous vivons la fin du « modèle impérialiste, colonialiste, de pillage et de génocide ».  Il a assuré que le Nicaragua continue de mener toutes les batailles « pour une liberté authentique, pour la lumière et pour la vérité ». Il a noté qu’une partie du monde a commencéà revendiquer sa propre voix et son identité lors de cette Assemblée générale.  Le Ministre a demandé les transformations indispensables, y compris à l’ONU, dont la nature a été, selon lui, déformée pour en faire un  »organisme de servitude et de dépendance vis-à-vis des puissances ». 

Le Ministre a demandé que l’ONU fasse appliquer l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui, en 1986, a condamné les États-Unis à reconnaître, au moins en partie, les coûts de la destruction, de l’agression permanente et de la douleur de centaines de milliers de familles, liés à la guerre « folle et revancharde » imposée au peuple du Nicaragua, dans ce qui a été appelé la « contre-révolution ».  M. Moncada Colindres s’est associé à la demande de tous les peuples et pays qui se sont exprimés depuis cette tribune pour dénoncer les mesures coercitives et unilatérales qui constituent un mode de guerre et déstabilisent, détruisent et imposent des changements de gouvernement, notamment par des coups d’État.  Il a assuré la solidarité du Nicaragua aux peuples palestinien, syrien, sahraoui, érythréen, cubain, vénézuélien, bolivien, chinois, russe et iranien, entre autres.  Le Ministre a également placé ses espoirs dans la récente réunion et l’élargissement des BRICS, qui aujourd’hui, avec le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ainsi que l’Argentine, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Iran, représentent de nouvelles forces, pour lutter en faveur de « notre souveraineté économique et financière ». 

Face aux progrès de la science et des nouvelles technologies, y compris ceux « pompeusement » appelés intelligence artificielle, le Ministre a exigé l’inclusion de tous, à travers le droit de vivre pleinement le développement, et l’amélioration des conditions de travail, d’étude et de vie.  Il a insisté sur l’utilisation rationnelle et bénéfique des ressources de l’humanité, qui, entre les mains des « malveillants habituels », constituent des armes de destruction massive des pays, des peuples et des communautés.  Concluant sur un plaidoyer contre les sanctions unilatérales, M. Moncada Colindres a déclaré que ces sanctions « ne nous définissent pas, ne nous intimident pas, ne nous désactivent pas, et ne nous plient pas ». 

Mgr PAUL RICHARD GALLAGHER, Secrétaire pour les relations avec les États du Saint-Siège, a constaté un effritement de la confiance entre les nations au cours des dernières années, comme en témoigne l’augmentation du nombre et de la gravité des guerres.  En outre, le conflit en Ukraine a rendu encore plus évidente la crise qui affecte depuis longtemps le système multilatéral, qui doit être repensé en profondeur afin d’être en mesure de répondre aux défis de notre temps.  Ces événements ont entraîné une augmentation significative du nombre de réunions à l’ONU, avec une tendance marquée des États à imposer leurs propres idées, tendance que le pape François a appelé une « colonisation idéologique ».  Il est donc nécessaire de revenir au dialogue afin d’éviter de nouveaux conflits et d’atténuer les souffrances de l’humanité.  Selon le Secrétaire, les mots clefs d’un multilatéralisme efficace sont le dialogue, la responsabilité partagée et la coopération, dans la poursuite du bien commun. 

Le Saint-Siège est fermement convaincu que « le recours à l’énergie atomique à des fins militaires constitue un crime non seulement contre la dignité des êtres humains, mais contre tout avenir possible de notre maison commune ».  M. Gallagher a considéré urgent d’engager une véritable réflexion éthique sur l’intégration inclusive de l’intelligence artificielle dans notre vie quotidienne.  Alors que nous célébrons cette année le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il a invité les États Membres à entreprendre une réflexion approfondie sur la défense de la dignité humaine.  « N’oublions jamais que le véritable test décisif pour déterminer si les droits de l’homme sont protégés est le degré de liberté de religion ou de conviction des individus dans un pays », a fait valoir le prélat.  Le Secrétaire a exprimé sa vive préoccupation face aux attaques menées contre les communautés chrétiennes à Jérusalem, qui portent atteinte à la coexistence entre les communautés. 

M. BASSAM SABBAH, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a appelé à une coopération internationale renforcée pour relever les défis mondiaux.  Il a lancé un vigoureux réquisitoire contre la politique de « chaos créatif » des gouvernements américains dans sa région, les accusant de saper la sécurité et la stabilité, et d’avoir contribué à l’émergence du terrorisme.  Après avoir dénoncé la manipulation des principes de la Charte pour justifier les ingérences dans les affaires souveraines des nations, le Vice-Ministre s’est attardé sur la situation dans le Golan syrien dont la restitution à son pays est « un droit inaliénable et imprescriptible, qui ne saurait faire l’objet d’aucun compromis ni d’aucune pression ».  Il a défendu la cause palestinienne, avant de s’en prendre aux interventions des États-Unis et de la Türkiye dans son pays. 

Il a mentionné le pillage systématique des ressources nationales syriennes, en particulier dans les secteurs du pétrole et du gaz, dont les pertes sont estimées à 115 milliards de dollars.  Il a fustigé les sanctions unilatérales imposées par les États-Unis et ses alliés européens et réclamé leur levée immédiate.  Le Vice-Ministre a ensuite décrit les problèmes humanitaires exacerbés par le dernier tremblement de terre en Syrie et réitéré la volonté de son gouvernement de réintégrer tous les réfugiés syriens, malgré les recommandations « inhumaines » des pays occidentaux.  Il a argué l’engagement politique de son pays, soulignant les différentes initiatives dont sa participation au processus d’Astana ou le dernier Sommet de la Ligue arabe pour normaliser la situation. 

Enfin, le Vice-Ministre a réitéré le soutien de la Syrie à plusieurs nations, à commencer par la Russie, qui a le « droit de se défendre » contre des politiques occidentales agressives, et l’Iran, dont le retour au sein du Plan d’action global conjoint a été salué.  Il a également exprimé sa solidarité avec la Chine qui rejette toute ingérence à Hong-Kong, à Taiwan ou au Xinjiang, ainsi qu’avec Cuba, la Corée du Nord, le Venezuela, le Bélarus, le Nicaragua, le Zimbabwe et l’Érythrée, victimes comme la Syrie de mesures coercitives unilatérales de l’Occident.  Il s’agit là d’une forme de terrorisme économique qui n’est pas moins brutale que le terrorisme politique, a-t-il jugé, avant de conclure sur un plaidoyer pour que l’ONU redevienne une plateforme diplomatique plutôt qu’une tribune servant à lancer des campagnes hostiles contre des pays souverains. 

M. AHMED KHALEEL, Ministre d’État aux affaires étrangères des Maldives, a énoncé les six grandes priorités de son pays et d’abord la représentativité effective des petits États dans les organes décisionnels, raison pour laquelle les Maldives se sont portées candidates dans plusieurs conseils et comités, dont le Conseil de sécurité.  Ce dernier, a‑t‑il estimé, devrait être réformé pour garantir une représentation géographique plus équitable.  En deuxième lieu, le Ministre a attiré l’accent sur l’action environnementale son pays, appelant ensuite à réaliser les ambitions climatiques par une augmentation des financements et la mise en œuvre des dispositions juridiques contre la pollution plastique, notamment dans le milieu marin. 

Troisièmement, le Ministre s’est félicité des progrès en matière de connections numériques et matérielles établies entre les îles de l’archipel, qui ont élargi l’accès des citoyens aux soins médicaux, à l’éducation et aux services bancaires.  Il a néanmoins appelé à une révision des critères d’accès au crédit et aux subventions des institutions financières internationales pour tenir compte des spécificités des petits Etats insulaires en développement (PEID) et de la nécessité d’alléger le fardeau de la dette. 

La quatrième priorité, a‑t‑il poursuivi, est de faire des Maldives un exemple de l’égalité des sexes, en attribuant un rôle actif et équitable aux femmes dans les processus diplomatiques et décisionnels.  Cinquièmement, le Ministre a réitéré l’importance des libertés d’expression et de réunion pacifique, saluant le déroulement sans encombre du premier tour de l’élection présidentielle.  Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur des droits de l’homme, réaffirmant son soutien au droit à l’auto-détermination du peuple palestinien et à la solution des deux États. 

Concluant sur la sixième priorité qu’est le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Ministre, il a néanmoins préconisé de se concentrer également sur les fléaux du terrorisme et de l’extrémisme violent, condamnant les récents autodafés dans plusieurs pays européens et appelant à une action globale et concertée pour combattre l’islamophobie et les discours de haine. Ensemble, nous avons le potentiel de réaliser la paix et d’œuvrer vers un développement durable, a‑t‑il conclu. 

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée), s’est félicité des efforts de la communauté internationale pour mettre fin à la crise liée à la pandémie de COVID-19, tout en notant que le monde n’était pas encore libéré de l’instabilité qu’elle avait provoquée.  Il a fait part des privations que son pays avait endurées de ce fait, avant de souligner que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) avait surmonté ces épreuves par des efforts dans le domaine économique, l’amélioration du niveau de vie de sa population et, s’agissant de la pandémie, une « politique scientifique et transparente » visant à contrer les futures crises sanitaires. 

Le représentant a expliqué que tous les secteurs de la construction économique de la RPDC affichaient « une nette tendance à la croissance », y compris le secteur agricole en dépit de conditions météorologiques défavorables.  Il a rappelé la politique de logement gratuit de son pays pour les travailleurs, la distribution de produits laitiers aux enfants des crèches ou encore les efforts en matière de protection et d’amélioration des terres dans le but de renforcer la résilience de ce pays. 

Tout en soulignant l’importance du multilatéralisme, le représentant a dénoncé l’attitude de certains États Membres de l’ONU dans la péninsule coréenne, notamment « l’hystérie irresponsable de la confrontation nucléaire » menée par les États-Unis et les forces qui les suivent, et qui, en 2023, ont mis la péninsule coréenne « au bord du gouffre ». Il a notamment pointé du doigt les exercices militaires conjoints organisés par les États-Unis, l’envoi fréquent de sous-marins et bombardiers nucléaires stratégiques autour de la péninsule et l’alliance militaire entre ce pays, le Japon et la République de Corée, dont l’ambition est, selon lui, de mettre en place une « version asiatique de l’OTAN ».  Il s’est insurgé contre le « gouvernement fantoche » de la République de Corée obsédé par les politiques pro-américaines, dont il a dénoncé l’ingérence.  L’attitude hégémonique de ces États, a-t-il expliqué, prouve que la RPDC doit de toute urgence renforcer ses capacités d’autodéfense.  Dans ce contexte, il a aussi réclamé que l’ONU adhère strictement aux principes d’impartialité et d’objectivité et que le Conseil de sécurité ne soit pas instrumentalisé par des forces spécifiques pour poursuivre leurs objectifs géopolitiques.  Il a rappelé que ce même Conseil avait, il y a un mois, convoqué des réunions pour débattre « du droit légitime au lancement d’un satellite » et de la question des droits de l’homme en RPDC, alors même qu’il avait gardé le silence quand le Japon a déversé de l’eau « contaminée par des armes nucléaires » dans l’océan.  Il a donc appelé à réformer la composition du Conseil et à y renforcer la représentation des pays en développement.  Le délégué a conclu son intervention en fustigeant « le génocide économique » dont Cuba fait l’objet, en appelant au retrait immédiat des mesures coercitives contre la Syrie, le Venezuela ou l’Iran et en apportant le soutien de son pays au peuple palestinien. 

M. MARC HERMANNE GNINADOOU ARABA (Bénin) a dit que les efforts déployés ont permis à son pays de passer d’un taux de croissance de 4% en 2016 à 7,6% en 2019 et, depuis 2020, d’intégrer la catégorie des pays à revenu intermédiaire. Ces résultats renforcent notre conviction que le sous-développement n’est pas une fatalité.  Inlassablement, nous poursuivons l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la réalisation d’actions phares en matière d’urbanisation et d’assainissement urbain, d’accès à l’énergie et à l’eau potable, d’une part ainsi qu’à l’éducation et aux soins de santé, d’autre part, a-t-il déclaré. Tout ceci se passe dans un environnement politique apaisé avec l’organisation réussie, en janvier de cette année, d’élections législatives libres et transparentes qui ont renforcé la pluralité dans le paysage politique national. 

Le représentant a déclaré que le règlement des défis politique et sécuritaire en Afrique de l’Ouest exige une coopération sous-régionale et internationale, ainsi qu’un engagement continu en faveur du développement durable et de la démocratie.  Dans un monde secoué par des convulsions et fracturé par les inégalités, il a estimé que les Nations Unies doivent demeurer pour les peuples de la planète, un phare d’espérance, de solidarité et d’humanisme. Il a appelé à une refondation des Nations Unies en vue d’adapter l’Organisation aux défis de l’époque et de rééquilibrer les rapports de force, notamment au Conseil de sécurité.  À cet égard, le Bénin plaide en faveur d’une réforme effective et immédiate, visant à rendre cet organe plus représentatif et efficace, notamment par le biais d’une augmentation du nombre de ses représentants, qu’ils soient permanents ou non permanents, conformément à la position africaine telle qu’exprimée par le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. 

Enfin, le délégué a demandé une refondation de l’architecture financière mondiale, le système financier mondial peinant à juguler efficacement les impacts des crises mondiales sur les pays du Sud et à favoriser de façon significative le financement du développement durable.  Si nous voulons accroître nos chances d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, il s’avère impératif de garantir un environnement permettant un meilleur accès à des financements structurants et durables, a-t-il conclu. 

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin), réaffirmant son attachement au multilatéralisme, avec l’ONU en son centre, a appelé à la revitalisation de l’Organisation, « si nous voulons rechercher des solutions crédibles aux défis mondiaux ».  À cette fin, le représentant a estimé essentiel de rétablir la confiance dans le potentiel de l’ONU, son leadership et, surtout, entre ses membres et toutes les parties prenantes.  Pour être efficace, la gouvernance mondiale doit aussi devenir plus inclusive et responsable, en accordant plus d’espace à la participation de la société civile et du secteur privé, a-t-il recommandé. Rétablir la confiance passe en outre par la garantie d’un financement durable à travers une nouvelle génération d’investissements publics et privés dans les biens mondiaux, mais également en renforçant le filet de sécurité financière mondial pour aider les États Membres en temps de crise.  De fait, a-t-il résumé, les réformes doivent rester au centre de nos actions car elles sont cruciales pour la stabilité future et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  À cet égard, Saint-Marin suit avec un intérêt particulier la réforme du Conseil de sécurité. 

Le représentant s’est alarmé de la multiplication des discours nucléaires qui renforcent l’image d’un avenir sombre plutôt que durable.  Pour sa part, Saint-Marin réaffirme son engagement en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires et attache une grande importance au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui compte actuellement plus de 90 États signataires.  Poursuivant, il a condamné l’agression russe contre l’Ukraine et s’est dit préoccupé par la crise alimentaire et nutritionnelle sans précédent qui touche des centaines de millions de personnes.  S’agissant des défis posés par les changements climatiques, le représentant a plaidé en faveur d’approches ambitieuses pour l’atténuation et l’adaptation et la mise en œuvre du fonds pour les pertes et les préjudices.  « Si nous échouons, les effets seront dévastateurs sur la planète ainsi que sur le développement et les droits de l’homme », a-t-il averti.

M. ROBERT RAE (Canada) a reconnu que les Canadiens s’inquiètent du coût de la vie, de l’intelligence artificielle, de l’ingérence étrangère et de la désinformation.  Les Canadiens vivent aussi les crises climatiques et environnementales, a-t-il poursuivi, en rappelant que son pays a connu cet été les feux de forêt les plus destructeurs de son histoire.  Il ne s’agissait pas d’une fenêtre sur notre avenir, mais plutôt d’un témoignage de notre présent, a-t-il mis en garde, en soulignant que la réponse à ces défis ne doit pas être complaisante, divisée ou nostalgique.  Il ne s’agit pas de pointer du doigt ou de chercher des panacées, mais plutôt de prendre des mesures concrètes pour aider à relever, tant au Canada que dans le monde entier, les défis auxquels nous sommes confrontés ensemble, a martelé le représentant. 

Pour sa part, le Canada admet plus d’immigrants que jamais auparavant, a informé le représentant.  Par ailleurs, son pays a fixé un prix pour le carbone en vue de contribuer à enrayer les changements climatiques à travers la réduction des émissions, ce qui est un « devoir partagé ».  S’agissant de la nécessité de garantir l’accès aux capitaux, à plus long terme et à des taux plus favorables, pour contribuer à la transformation verte de l’économie mondiale, le délégué a annoncé que le Canada a accepté de faire don d’une plus grande partie de ses droits de tirage spéciaux au Fonds monétaire international (FMI). 

Répondant à ceux qui dénoncent l’égalité des sexes comme étant un sujet « trop conflictuel » qui doit être mis de côté au profit d’un « compromis », le représentant a exprimé son profond désaccord.  Pour lui, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas une question à troquer contre d’autres perceptions du progrès.  « L’égalité des sexes est un droit inaliénable », a-t-il tranché, et elle est au cœur de notre dignité.  Elle est le fondement de la liberté, de la justice et de la paix, et il ne peut y avoir de croissance économique durable si les possibilités offertes aux femmes sont supprimées.  Le représentant a également appelé à défendre les valeurs des sociétés libres et démocratiques, et à promouvoir l’universalité de l’accès aux soins de santé pour tous, y compris la santé et les droits sexuels et génésiques.  La construction de sociétés ouvertes et inclusives, la protection des droits de l’homme pour tous et le respect de l’état de droit profitent à tout le monde, a-t-il fait valoir. 

Sur la réforme du Conseil de sécurité, le représentant a pointé du doigt le pouvoir de veto des membres permanents qui empêche cet organe de réagir aux atrocités et aux agressions.  Le Canada appuie l’autolimitation du veto et soutient les efforts visant à élargir le nombre de membres élus du Conseil afin de garantir une représentation plus équitable d’un plus grand nombre de pays en développement.  Le représentant a mis au défi tous les membres permanents d’accepter pleinement et publiquement la nécessité de devenir plus efficaces, inclusifs et transparents, un appel qui ne s’arrête pas au Conseil de sécurité, selon lui, puisque tous les processus intergouvernementaux de tous les organes de l’ONU devraient devenir plus efficaces.  Le multilatéralisme a toujours évolué, a-t-il souligné, et les institutions internationales n’ont pas pour vocation d’être statiques, y compris l’architecture financière internationale. Sur la guerre en Ukraine, le représentant a martelé que la Russie est responsable de ses actes et devra en répondre devant la justice.  C’est à elle de mettre un terme à ce conflit. 

M. ODO TEVI (Vanuatu) a constaté un manque de progrès inquiétant dans la mise en œuvre du Programme 2030, et ce, dans un contexte de crises mondiales et d’incertitude sans précédent.  Pour sa part, Vanuatu mène une approche holistique axée sur le développement économique, social et environnemental, les indicateurs nationaux de bien-être, ainsi que sur l’édification d’une société pacifique fondée sur des institutions démocratiques.  La mise en œuvre des objectifs de développement durable constitue une entreprise nationale inclusive impliquant toutes les institutions de l’État, y compris la société civile.  Cette année, le Gouvernement de Vanuatu a convoqué un sommet national du peuple afin de définir une feuille de route pour le développement.  Alors que les petits États insulaires en développement (PEID) sont les plus petits contributeurs à la crise climatique, ils se trouvent en première ligne des crises, a-t-il noté. Ainsi, lorsque les cyclones tropicaux Judy et Kevin ont touché son pays, en mars de cette année, 66% de la population a été affectée. 

À l’approche de la COP28, le représentant a souligné l’impératif absolu de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius, tout en s’alarmant de la lenteur des progrès.  Ne pas y remédier équivaudrait à une « condamnation à mort » pour les petits États comme Vanuatu qui, avec un groupe de 18 pays, a présenté à l’Assemblée générale une résolution demandant à la Cour internationale de Justice (CIJ) un avis consultatif sur les changements climatiques.  Dans l’intervalle, le représentant a appelé au renforcement de la coopération régionale et internationale, de la coordination et de la gouvernance au moyen d’une approche multisectorielle destinée à prévenir et répondre aux urgences sanitaires dans les pays en développement.  Alors que l’accès au financement du développement demeure un défi permanent, il a considéré le projet d’indice de vulnérabilité multidimensionnelle comme une évolution positive.  À cet égard, il a salué la création de la table ronde regroupant le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale en tant que cadre de discussion sur la dette souveraine.

Après avoir remercié tous ceux qui ont aidé le Maroc après le récent tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes, M. OMAR HILALE, (Maroc) a mentionné les efforts de son pays pour assister les familles affectées par la catastrophe et accélérer la reconstruction des zones concernées, dans le respect des traditions locales. Il a expliqué que la phase de secours a fait place à la reconstruction, et qu’un programme « robuste et ambitieux » est en train d’être mis en place, prévoyant 12 milliards de dollars sur cinq ans, financés par le budget de l’État, un fonds spécial et l’aide internationale.  C’est la preuve de la solidarité robuste de la société marocaine, s’est enorgueilli le délégué. 

Liant cette catastrophe naturelle à l’aggravation des dangers environnementaux et géopolitiques, M. Hilale a estimé que la communauté internationale doit se mobiliser davantage.  Il a cité les progrès technologiques et scientifiques, y compris dans le domaine de l’intelligence artificielle, comme source d’espoir pour surmonter ces défis, à condition que les fruits qui en découlent soient partagés de façon équitable.  Prônant la coopération et la solidarité au sein de l’ONU, il a annoncé que le Maroc ne s’épargnera aucun effort pour mettre en œuvre son projet holistique en phase avec le Programme 2030.  Une attention toute particulière sera portée à la question des femmes et des familles, avec une réforme du Code du statut personnel. 

Inquiet de l’essor des discours de haine, surtout sur les réseaux sociaux, M. Hilale a attiré l’attention sur la résolution de l’Assemblée générale, proposée par le Maroc et adoptée par consensus, déplorant la violence contre les livres sacrés, et notamment les actes d’autodafé contre le Coran.  De telles violations doivent cesser, a-t-il enjoint.  Il a en outre salué la candidature conjointe, avec l’Espagne et le Portugal, pour organiser la Coupe du monde, signant la réunion de « deux civilisations, deux continents, deux rives de la Méditerranée ».  En ce qui concerne le Sahara, Rabat demeure favorable à une solution politique à ce conflit régional « fabriqué », a dit le représentant.  Il n’y a pas d’alternative à l’autonomie au sein du territoire marocain, a-t-il déclaré.  Enfin, il a affirmé son soutien aux efforts internationaux pour parvenir à un règlement politique permanent en Libye et pour une Palestine indépendante avec Jérusalem-Est comme capitale. 

M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale de l’ONU, s’est remémoré son appel, lors de son discours d’ouverture, à l’unification des nations et à la volonté d’œuvrer ensemble, en toute solidarité.  Il a ensuite relevé le record récent d’orateurs à l’Assemblée générale qui a vu défiler 136 chefs d’État et de gouvernement, 40 ministres, ainsi que des centaines de représentants de la société civile et de parties prenantes des secteurs publics et privés, s’exprimer au cours des différentes sessions.  Il a néanmoins regretté la plus faible participation des femmes, à savoir 20 dirigeantes contre 23 l’année dernière, alors qu’il a réitéré l’importance, notamment lors de la Plateforme des femmes dirigeantes, de reconnaître la voix et les droits des femmes à tous les niveaux.  Soulignant l’importance de l’éducation pour la réalisation de cet objectif, il a insisté sur la nécessité d’œuvrer vers plus d’inclusivité afin de ne laisser personne pour compte. 

Le Président a ensuite mentionné la guerre en Ukraine parmi les thèmes récurrents de cette année, « un sujet chargé », a-t-il précisé.  Il est évident que la communauté internationale appelle au respect de l’indépendance politique, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, des principes établis par la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Il a, par ailleurs, appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour mettre fin à la prolifération nucléaire et pris note des appels à accorder l’attention requise aux conflits en Afrique, au Moyen-Orient et en Haïti. 

Le Président a également relevé les nombreux constats sur l’aggravation des changements climatiques.  Les effets destructeurs de la pollution et des catastrophes climatiques requièrent un plein engagement en faveur de l’action climatique afin de préserver la biodiversité et un accès équitable aux ressources vitales.  Il s’agit également, a-t-il poursuivi, d’évaluer la véritable vulnérabilité d’un État au-delà de son PIB afin d’agir au mieux pour renforcer la résilience.  Exhortant les États Membres à mettre en place, à la COP28, un plan d’action audacieux dans un esprit d’unité et de solidarité, il a rappelé la responsabilité des Nations Unies à préserver la souveraineté des États touchés par la crise climatique, un véritable défi qui ne devrait pas reposer sur leurs seules épaules. 

Ce ne sont pas simplement des appels mondiaux qui ont été lancés lors de cette Assemblée générale mais bien des appels existentiels qui se mesurent en vies perdues et en inégalités persistantes, a fait remarquer le Président.  Appelant à la mobilisation pour le Sommet de l’avenir, il a estimé qu’il est temps d’œuvrer à l’édification d’un monde plus durable et plus équitable.  Face aux défis actuels, nous devons et nous pouvons, ensemble et en tant que nations unies, guérir nos divisions et trouver des solutions qui reflètent nos valeurs universelles et nos engagements, a-t-il conclu.

Droits de réponse

Le Guyana a réagi aux allégations « excessives et mensongères » du Venezuela selon lesquelles le territoire du Guyana servirait de plateforme d’agression militaire contre d’autres États, dont le Venezuela.  Il a également rejeté la revendication « grotesque » de Caracas sur les deux tiers du Guyana.  De manière générale, la délégation a rappelé que le Guyana a toujours agi dans le plein respect du droit international à l’égard de son voisin et invité les autorités vénézuéliennes à faire de même.  À cette fin, son gouvernement exhorte le Venezuela à confirmer qu’il souscrit aux décisions de la Cour internationale de Justice (CIJ) s’agissant des revendications sur la frontière entre les deux pays.  Pour finir, le Guyana a indiqué qu’il n’acceptera aucune procédure qui contredirait les dispositions expresses de l’Accord de Genève de 1966 et contournerait la CIJ.

Le représentant du Belize a réagi à la déclaration que le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a faite le 23 septembre dernier et dans laquelle il a affirmé que des ressortissants guatémaltèques étaient aux mains des Forces armées du Belize, « ce qui est une affirmation sans fondement et un pur mensonge », comme l’ont confirmé les rapports de vérification de l’Organisation des États américains (OAS).  Il a accusé le Guatemala de se livrer à des actes contraires au principe du bon voisinage et lui a rappelé que c’est le fleuve Sarstoon qui marque la limite entre les deux pays, selon la Convention qu’il a signée en 1958 avec le Royaume-Uni et le Guatemala.  Cette Convention stipule aussi que la libre navigation est accordée, sans harcèlement ni intimidation au Belize et au Guatemala.  Le représentant a demandé à ce dernier de participer de manière constructive aux discussions pour se mettre d’accord sur un protocole de confiance et de promotion de relations de bon voisinage dans les zones adjacentes au fleuve Sarstoon. 

Le Japon a assuré qu’il ne relâcherait jamais des eaux dangereuses dans ses eaux territoriales.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a-t-il rappelé, est impliquée dans les activités de vérification et a confirmé que « la teneur radioactive de ces eaux est négligeable ».

En réponse aux « allégations totalement fausses » de l’Arménie, l’Azerbaïdjan a déclaré que les mesures qu’elle a été « contrainte » de prendre pour répondre au recours illégal à la force par l’Arménie se fondent sur la Charte des Nations Unies et le droit international.  Le fait est que c’est Bakou qui a amorcé le processus de normalisation avec Erevan, sur la base de la reconnaissance mutuelle et du respect de l’intégrité territoriale de chacun.  De même, les insinuations de l’Arménie concernant l’existence d’une crise humanitaire ou encore d’un nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh sont sans fondement et ont pour seul objectif d’attiser les tensions.  Depuis la fin des mesures antiterroristes, les efforts de désarmement, de démobilisation et de réintégration se sont poursuivis et le Représentant spécial du Gouvernement azerbaïdjanais a rencontré les délégués des résidents arméniens. 

La République de Corée a regretté que les délégations aient à entendre tous les ans les accusations « absurdes » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) visant la République de Corée.  La délégation a rappelé que son pays avait le devoir de protéger sa population des menaces nucléaires de la RPDC.  C’est pourquoi nous menons des exercices routiniers conjoints, « de nature défensive », a-t-elle précisé, qui respectent le régime international de non-prolifération.  S’agissant de la question des droits humains, la RPDC finance son programme balistique et nucléaire via, par exemple, le travail forcé.  Le Conseil de sécurité a donc tout à fait le droit de se pencher sur la question des droits humains en RPDC, a conclu la délégation.

Après avoir exprimé la volonté de son pays d’apporter une aide humanitaire « totalement désintéressée » au Maroc après le séisme, le représentant de l’Algérie a réfuté les « propos déformés » de ce dernier sur la déclaration de soutien du Président Tebboune aux Sahraouis.  La question du Sahara occidental, a-t-il martelé, est une « question de décolonisation » à laquelle l’Algérie n’est pas partie prenante.  Toutefois, son pays ayant choisi la justice, la liberté, les droits humains et l’autodétermination en raison de son histoire coloniale, le représentant a exhorté la communauté internationale et les Nations Unies à mettre en œuvre la résolution 1514 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux et à organiser un référendum d’autodétermination, tel que le mandat de la Mission au Sahara occidental le prévoit.  Selon lui, cette Mission a empêché ce référendum en promettant une « autonomie nébuleuse qui n’a convaincu personne », exhortant les États Membres à laisser les Sahraouis décider de leur avenir par le biais d’un référendum organisé par les Nations Unies.

Le représentant du Maroc a vivement réagi aux propos de son homologue de l’Algérie, regrettant « l’insulte faite aux Marocains depuis 50 ans » sur la prétendue défense d’un principe, tout en affirmant ne pas être partie prenante au conflit.  En défendant un référendum, a estimé le représentant, l’Algérie empêche le règlement conflit.  Mentionnant le transfert des populations dans les camps de Tindouf, il a accusé cette dernière de violer les principes qu’elle dit défendre.  Le représentant a brandi une copie d’une lettre de M. Abdallah Baali, datée du 22 juillet 2002, qui dit que l’Algérie demeure disposée à examiner une possible partition du territoire du Sahara entre le peuple sahraoui et le Royaume du Maroc, une idée rejetée catégoriquement par le Maroc qui ne veut pas diviser ses populations.  Le représentant a en effet accusé l’Algérie de vouloir saper l’unité du Maroc et de maintenir un agenda déstabilisateur dans la région, en armant un groupe rebelle qui a des connections avec le terrorisme international. Déplorant le refus de l’Algérie de participer aux tables rondes de l’ONU, il a vu un manque de décence et de courage chez les dirigeants algériens face au peuple marocain.  Il a conclu en opposant la stabilité des frontières et la contribution du Maroc à l’état de droit et au développement de la région, aux manquements de l’Algérie, y compris sur le respect de la liberté d’expression.

En réponse à l’Azerbaïdjan, le représentant de l’Arménie a condamné la nouvelle vague de violence dans la région du Haut-Karabakh.  Accusant Bakou d’avoir prémédité et planifié l’attaque comme en attestent les troupes azerbaïdjanaises massées à la frontière, il a critiqué Bakou pour sa campagne de désinformation, déjà utilisée en 2020 et 2022 pour présenter son agression comme une opération de lutte contre le terrorisme.  Il a dénoncé un recours à la force absurde et injustifiable, qui viole toutes les normes du droit international et humanitaire.  Il a dit craindre un nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh et souligné la nécessité pour la communauté internationale, à commencer par les Nations Unies, d’agir. 

La République populaire démocratique de Corée a jugé que la déclaration de la République de Corée était digne d’un « pompier pyromane ».  La délégation a dénoncé les exercices militaires agressifs des États-Unis et de la République de Corée et s’est interrogée sur la compatibilité du déploiement de moyens nucléaires stratégiques avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon elle, le lancement par la RPDC d’un satellite de reconnaissance militaire était une « contre-mesure adaptée » face à ces menaces militaires et un exercice justifié de son droit à la légitime défense.  La délégation a dénoncé l’insécurité que produisait l’alliance entre les États-Unis et ses forces « vassales » dans la péninsule coréenne.  Elle a en outre réitéré sa dénonciation du déchargement d’eau contaminée par le Japon dans l’océan, qu’elle a qualifié de « crime contre l’humanité ». 

Réagissant aux propos du Belize, la délégation du Guatemala a rappelé que son pays est reconnu comme un chef de fil de la lutte contre le narcotrafic. De même son pays a fait l’expérience des agissements de groupes de radicaux du Belize qui essaient de déstabiliser la région du fleuve Sarstoon, en violant l’intégrité territoriale de son pays.  Malgré ses provocations, il n’y a jamais eu de preuve de violations commises par des Guatémaltèques contre le territoire voisin, a soutenu la délégation, en assurant que son gouvernement veut travailler avec le Belize pour gérer les zones frontalières et préserver la sécurité des deux nations.  Nous nous en remettons à la compétence de la CIJ pour trancher tout différend.

Nous aurions aimé, a dit le représentant de l’Algérie, qu’au lieu de parler de nous, le Maroc parle de la question du Sahara occidental, un territoire occupé depuis plus de 50 ans.  Il a réaffirmé la position longue de son pays pour le droit à l’autodétermination des peuples.  La résolution 1514 est toujours d’actualité pour le peuple du Sahara occidental, a-t-il tranché, en rappelant que ce territoire est la dernière colonie en Afrique.  En ce qui concerne la partition du Sahara occidental, le représentant a renvoyé les États Membres à l’Accord sur la délimitation des frontières, signé le 11 avril 1976 par le Maroc et la Mauritanie, et enregistré auprès des Nations Unies le 9 février 1977.  Cet Accord fait simplement le partage du Sahara occidental entre ces deux États. Pour ce qui est des accusations de terrorisme adressées au Front POLISARIO, le représentant a relevé qu’à travers l’histoire, les mouvements de libération ont toujours été accusés de terrorisme, y compris le Front de libération nationale (FLN), pour diaboliser les résistants et les militants de la liberté.  Un tel argument n’a de toute évidence pas convaincu le Secrétaire général de l’ONU puisqu’il a reçu le Secrétaire général du Front POLISARIO, il y a une dizaine de jours.  Avant de conclure, le représentant a assuré du soutien de l’Algérie au Secrétaire général et à son Envoyé spécial dans leurs efforts pour trouver une solution à la question du Sahara occidental par voie référendaire. 

L’Azerbaïdjan a rejeté catégoriquement la déclaration de l’Arménie et les accusations infondées proférées par ce pays.  Les allégations arméniennes de nettoyage ethnique sont totalement infondées, a‑t‑il dit, en soulignant les mesures prises pour répondre aux besoins de la population locale.  « Ceux qui fuient sont de nationalité arménienne et le font de leur propre volonté. »  Il a rappelé que plus de 200 000 Azerbaïdjanais ont été déplacés en raison des agissements arméniens, avant de dénoncer le séparatisme arménien qui a échoué une bonne fois pour toutes.  « Il n’y aura pas de retour en arrière. »

Après l’intervention de la RPDC, le représentant du Japon a repris la parole une nouvelle fois pour indiquer que Tokyo continuera d’expliquer à la communauté internationale les efforts qu’il déploie de façon transparente et sur la base de preuves scientifiques.

Le représentant du Maroc a repris la parole pour exhorter son homologue de l’Algérie à participer aux tables rondes sur le Sahara.  Soulignant la « méconnaissance » des textes de l’ONU, il a déploré que l’Algérie ne respecte pas les résolutions du Conseil de sécurité. La question du Sahara est un problème de paix et de sécurité, a-t-il poursuivi, et non une question de décolonisation.  L’Algérie, a souligné le représentant, n’aurait jamais accédé au Conseil de sécurité sans le principe de rotation, puisqu’il n’a même pas un seul soldat dans les opérations de maintien de la paix.  Le représentant a néanmoins précisé qu’il est à l’écoute des propositions algériennes sur la question du Sahara.

Répondant à nouveau à l’Azerbaïdjan, le représentant de l’Arménie l’a accusé de mépriser consciemment le droit international et de faire preuve d’un « parfait cynisme ».  Rappelant les pogroms de masse perpétrés contre les populations arméniennes dans le Haut-Karabakh en 1988, la destruction de leur patrimoine culturel au fil des siècles, ainsi que le racisme et les discriminations dont elles sont continuellement victimes, le représentant a reproché à l’Azerbaïdjan de ne prendre aucune mesure pour traduire les criminels en justice.  Il a nié l’existence d’un processus de réintégration des résidents arméniens en tant que citoyens égaux et a qualifié le déplacement forcé de plus de 20 000 personnes « d’étape finale du nettoyage ethnique », rendu possible par l’échec de la communauté internationale à réagir à des « signes clairement détectables ». L’Arménie continuera toutefois à appeler au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, a‑t‑il promis.

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