Soixante-dix-huitième session,
10e et 11e séances – matin & après-midi
AG/12536

Assemblée générale: malgré la multiplication des crises, les petits États insulaires demandent l’avènement d’un véritable multilatéralisme

La menace que fait peser la crise climatique sur les petits États insulaires en développement (PEID) et les multiples facettes des points de tension mondiaux ont animé, aujourd’hui, les interventions des chefs d’État et de gouvernement réunis à l’occasion du débat général de l’Assemblée générale, lesquels ont préconisé un multilatéralisme raffermi et une coopération toujours plus étroite entre les États, notamment au niveau régional. 

« Bon nombre d’entre nous, dirigeants des petites îles marginalisées de notre planète, entourées par la montée des eaux et brûlées par la hausse des températures, commençons à remettre en question ces démonstrations de fraternité feinte qui ne tiennent pas leurs promesses », a lancé d’emblée le Premier Ministre de Sainte-Lucie.  Il a dénoncé « l’inanité » de la communauté internationale lorsqu’il s’agit de prendre des mesures collectives en faveur des plus vulnérables, la réalisation du Programme 2030 au premier chef. 

Son homologue de la Barbade a dit craindre qu’il ne soit trop tard pour sauver la population des effets de la crise climatique « qui nous étouffe », trop tard pour réaliser les objectifs de développement durable, cette « promesse de dignité », et trop tard encore pour les petits États insulaires « qui, peut-être, n’existeront plus à l’avenir ».  « Il est désormais probable que davantage de personnes mourront de la faim en 2030 qu’en 2015 », s’est indignée la Première Ministre. 

Malgré des progrès tels que la création, par le Fonds monétaire international (FMI), du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, qui a permis de réduire l’instabilité macroéconomique des pays à revenu intermédiaire, elle a en outre constaté que quelque 60 pays demeurent confrontés à des défis énormes liés à la dette, au point de devoir choisir entre le développement et le renforcement de la résilience climatique. 

Face à cette situation, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda a prôné, pour sa part, l’adoption, par les institutions financières internationales, d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle afin de faciliter l’accès des petits États insulaires en développement (PEID) au financement concessionnel.  Les chefs de gouvernement des PEID ont également été nombreux à déplorer que les engagements financiers climatiques pris par les pays développés soient nettement inférieurs aux 100 milliards de dollars par an promis. 

Pour sa part, le Premier Ministre des Tuvalu a réclamé une « justice climatique » mettant l’accent sur les efforts d’atténuation, d’adaptation et de soutien aux nations les plus vulnérables, comme le prévoit la résolution proposée par Vanuatu concernant la demande d’un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ). 

Après avoir évoqué le conflit frontalier « dangereux et inutile » avec la République dominicaine, le Premier Ministre haïtien a reconnu que son pays se trouve plongé dans une profonde crise multidimensionnelle, l’insécurité engendrée par la violence des gangs ayant atteint un stade « critique ».  À ce titre, il a jugé urgent que le Conseil de sécurité autorise le déploiement d’une mission multinationale spécialisée, à composante policière et militaire, en appui à la Police nationale d’Haïti. 

Comme la faim et la paix, la lutte contre les changements climatiques relève de notre responsabilité collective, a martelé le Premier Ministre des Pays-Bas.  Or, les grandes menaces de notre temps, qu’il s’agisse des turbulences géopolitiques, des guerres, du terrorisme ou encore des vagues migratoires, surviennent à un moment où l’ensemble du système multilatéral traverse une « crise d’identité », selon les propos du Président de la Macédoine du Nord.  La seule véritable réponse à ces questions ne peut être qu’un multilatéralisme renouvelé, tenant compte des besoins spécifiques de chaque pays, tout en offrant une vision claire du bien commun, a-t-il argué. 

Le Premier Ministre de la Malaisie a toutefois constaté que l’aggravation des rivalités entre les puissances trahit un abandon graduel du multilatéralisme et des mécanismes de l’ONU au profit d’un « minilatéralisme » de façade, avec des effets délétères sur les petites nations situées dans des régions en proie à des conflits.  « Le monde ne peut pas se permettre une guerre froide 2.0 », a prévenu le Premier Ministre du Pakistan, en évoquant les conflits qui font rage en Ukraine et dans quelque 50 autres endroits dans le monde, sur fond de tensions accrues entre les puissances. 

Situé à un carrefour névralgique entre l’Asie et l’Europe, le Premier Ministre israélien a estimé pour sa part que son pays est appelé à devenir un « pont pour la prospérité entre les continents », dans la foulée des accords d’Abraham conclus en 2020. « La paix entre Israël et l’Arabie saoudite va véritablement façonner un nouveau Moyen-Orient », a-t-il prédit, en rejetant l’idée « erronée » voulant que les Palestiniens détiennent un « droit de veto » sur les relations entre l’État hébreux et ses voisins arabes. 

Après être revenu sur la récente « intervention militaire sans effusion de sang » menée afin de renverser Ali Bongo, le Premier Ministre du Gabon a jugé que le système de sécurité collective de l’ONU n’était qu’une « fiction » dans des régions comme le Sahel ou les Grands Lacs, devenus de véritables « épicentres de l’instabilité ».  À ses yeux, seule une transformation structurelle de l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation permettra de prévenir l’émergence de nouveaux conflits. 

On retiendra également l’intervention du Vice-Premier Ministre du Royaume-Uni qui a longuement parlé de la question de l’intelligence artificielle, saluant sa capacité à aider à inverser les changements climatiques, entres autres, tout en s’inquiétant de son utilisation à mauvais escient.  Selon lui, sa réglementation exigera une nouvelle forme de multilatéralisme impliquant gouvernements, entreprises technologiques et acteurs non étatiques d’influence.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 23 septembre, à compter de 9 heures. 

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a estimé que l’attention portée au débat général sera plus grande que jamais cette année, l’état émotionnel de l’humanité étant aujourd’hui la peur: peur des guerres, de la famine, de la pauvreté et des catastrophes environnementales.  « Il est indéniable que l’ordre international a été profondément ébranlé en diverses parties du monde », a-t-il dit.  Il a condamné avec la plus grande fermeté l’agression perpétrée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui se poursuit avec « férocité ».  Pourtant, la Charte des Nations Unies est très claire: tous les différends doivent être réglés par des moyens pacifiques, par la négociation et le dialogue, en excluant l’usage de la force.  Lorsque qu’un membre permanent du Conseil de sécurité attaque illégalement un autre État Membre, c’est l’ensemble de l’architecture de sécurité planétaire qui est ébranlée, a-t-il noté. 

« La paix est le fondement de tout », a poursuivi le Président, qui s’est inquiété de la perte de confiance entre les États, essentielle à la coopération.  « Les alternatives au dialogue entre les nations sont effrayantes, et chaque report nous conduira à nouveau à la même menace, avec la différence que le prix à payer sera alors beaucoup plus élevé », a-t-il averti. 

Pour M. Pendarovski, la guerre en Ukraine crée un « état d’imprévisibilité générale et une boucle constante de crises », qui perturbent l’approvisionnement alimentaire et énergétique des plus vulnérables.  Le Président a exprimé son appui aux efforts du Secrétaire général visant à rétablir l’Initiative de la mer Noire, tout en condamnant le recours à la nourriture comme arme pour atteindre des objectifs militaires ou politiques.  Il a jugé incompréhensible que, dans la troisième décennie du XXIe siècle, des millions de personnes soient incapables de satisfaire leurs besoins humains élémentaires.  « Quelle sera notre autorité en tant que dirigeants politiques lorsque nous discuterons de démocratie, de droits de l’homme et de prospérité, alors que des millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, à la nourriture ou à l’éducation? » s’est-il interrogé. 

Rappelant que les changements climatiques ne connaissent pas de frontières, M. Pendarovski a fait valoir qu’une réponse efficace nécessite une action commune.  Or, les grandes menaces de notre temps -turbulences géopolitiques, guerres, terrorisme et vagues migratoires massives- surviennent à un moment où l’ensemble du système multilatéral traverse une crise d’identité ou de fonctionnalité, voire les deux.  Pour le Président, la seule véritable réponse ne peut être qu’un multilatéralisme renouvelé et renforcé, valorisant les besoins spécifiques de chaque pays tout en offrant une vision claire du bien commun.  « Il n’y a pas de meilleur endroit pour cette entreprise commune que l’ONU », a-t-il noté, en soulignant le besoin urgent de rétablir la prévisibilité et la prévention dans les relations internationales. 

À cet égard, le Président a posé pour condition préalable la réforme du système des Nations Unies, sur la base d’une plus grande représentation géographique reflétant la réalité du monde d’aujourd’hui.  Depuis son indépendance en 1991, Skopje a mis en place une culture de dialogue dans la résolution de ses problèmes internes, au moyen notamment de l’affirmation des droits des communautés ethniques qui composent le pays, a-t-il fait valoir.  En cette année « remplie de défis sans précédent », la Macédoine du Nord assume la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a en outre rappelé M. Pendarovski, qui a affirmé que son pays demeure l’un des plus grands promoteurs de la coopération régionale en Europe du Sud-Est, tout en respectant les critères d’adhésion à l’Union européenne, qu’il a souhaitée effective en 2030. 

M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a d’abord rappelé comment le prophète Moïse avait dit à son peuple que son avenir serait déterminé par le choix entre une bénédiction et une malédiction.  Ce choix est le même aujourd’hui, a-t-il constaté, entre la « bénédiction d’une paix historique » et la « malédiction de la guerre du terrorisme » menée par les « tyrans de Téhéran ». 

C’est pourtant cette menace qui a permis de rapprocher Israël « de nombreux États arabes », a estimé le Premier Ministre.  Si les précédents efforts de paix entre États arabes et Israël ont échoué, a-t-il expliqué, c’est parce qu’ils étaient « fondés sur une idée erronée », selon laquelle la paix avec les Palestiniens était un préalable aux autres accords de paix.  « Cela fait longtemps que je tente de faire la paix avec les Palestiniens », a insisté M. Netanyahu, qui a toutefois ajouté que les Palestiniens, qui « représentent 2% du monde arabe », ne devaient pas avoir « un droit de veto sur les traités de paix avec les autres États arabes ». 

Les Palestiniens abandonneront « le fantasme qui consiste à vouloir détruire Israël » quand les pays du monde arabe se réconcilieront avec Israël, a estimé M. Netanyahu, qui a détaillé le contenu des « accords d’Abraham », ces « quatre traités de paix conclus en l’espace de quatre mois en 2020 avec quatre pays arabes »: Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc. Ces accords, avec leurs volets commercial et de coopération, sont un tournant de notre histoire et le signe d’une ère de paix, y compris avec les Palestiniens, a affirmé le Premier Ministre, qui s’est félicité de la « possibilité d’une réconciliation entre judaïsme et islam, entre Jérusalem et la Mecque, entre les descendants d’Isaac et les descendants d’Ishmael. 

M. Netanyahu a assuré qu’Israël, au carrefour de l’Asie et de l’Europe, pouvait devenir un pont pour la prospérité entre continents.  Il s’est réjoui de l’annonce, faite lors du récent Sommet du G20 par le Président Biden, le Premier Ministre indien Modi et des représentants arabes et européens, d’un plan pour un « corridor visionnaire » constitué d’oléoducs, de liens maritimes et ferroviaires et de câbles optiques, qui s’étendra de la péninsule arabique à Israël pour connecter l’Inde à l’Europe. « La paix entre Israël et l’Arabie saoudite va véritablement façonner un nouveau Moyen-Orient », a aussi anticipé M. Netanyahu, en montrant aux délégations une carte représentant Israël entouré de pays arabes hostiles en 1948, puis une autre représentant la situation d’aujourd’hui, avec une vaste zone de prospérité colorée en vert, allant du Soudan à l’Arabie saoudite. 

Revenant sur les relations de son pays avec les Palestiniens, M. Netanyahu a invité leur dirigeant Mahmoud Abbas à cesser de propager ses « théories du complot antisémites » contre le peuple juif et de « rémunérer des terroristes qui tuent des Juifs ».  L’antisémitisme doit être condamné, a insisté le Premier Ministre, et les Palestiniens doivent se réconcilier avec le droit des Juifs d’avoir un État. 

M. Netanyahu a ensuite accusé l’Iran de dépenser des milliards pour armer les terroristes et de continuer à s’adonner au « chantage nucléaire » tout en développant un programme de missiles et de « drones qui sèment la mort en Ukraine ».  Il a déploré l’indifférence des puissances occidentales vis-à-vis des violations par ce pays de l’accord sur le nucléaire et appelé au rétablissement des sanctions.

Enfin, le Premier Ministre a mis en garde contre les dangers de l’intelligence artificielle (IA).  « La promesse utopique de l’IA ne doit pas se transformer en dystopie », a-t-il déclaré, en appelant les nations qui, comme Israël, participent à la révolution de l’IA à se concerter pour « pleinement domestiquer » son potentiel. 

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre de Maurice, a plaidé pour une intensification de la réduction des émissions de gaz à effet afin de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris.  Même si l’on parvient à limiter la hausse des températures à 1,5 degré Celsius, les petits États insulaires en développement (PIED) sont confrontés à une menace existentielle, a-t-il prévenu, ajoutant que « dépasser ce seuil serait catastrophique ».  Pour garantir un avenir durable, nous devons collectivement éliminer l’utilisation des combustibles fossiles et accélérer la transition juste vers des sources d’énergie durables, en visant zéro émission nette à l’échelle mondiale d’ici à 2050, a préconisé le dirigeant, non sans rappeler que son pays est aux prises avec le stress hydrique, l’érosion côtière, la pollution marine et, surtout, une élévation du niveau de la mer de 5,6 millimètres par an, contre une moyenne mondiale de 3,3 millimètres. Ces défis combinés accroissent nos vulnérabilités inhérentes et mettent en péril nos objectifs de développement durable, a-t-il constaté, avant de détailler les actions menées par son pays pour répondre à cette urgence.

Outre les 2% de son PIB consacrés aux politiques environnementales et climatiques et la promulgation d’une loi sur les changements climatiques, Maurice a mis en œuvre une série de mesures d’adaptation telles que des programmes de réhabilitation côtière, de propagation des mangroves et de gestion des inondations, a précisé le Premier Ministre.  Il a également fait état d’une stratégie nationale d’atténuation, l’objectif étant de réduire les émissions de carbone de 40% et d’atteindre 60% de production d’énergie verte d’ici à 2030.  M. Jugnauth a cependant indiqué que pour appliquer les contributions nationales déterminées de son pays, 6,5 milliards de dollars sont nécessaires.  Si 2,5 milliards de dollars ont pu être engagés malgré les contraintes économiques, il reste à trouver les 4 milliards restants.  À l’instar de Maurice, tous les PEID ont besoin d’un soutien adéquat et prévisible, a-t-il souligné, avant d’appeler les institutions financières internationales et les partenaires de développement à faciliter cet accès au financement climatique. 

Le Premier Ministre a dit attendre avec impatience la mise en œuvre rapide du mécanisme de pertes et de dommages convenu lors de la COP27.  Il a aussi souhaité que les pays développés tiennent la promesse faite il y a 14 ans, lors de la Conférence de Copenhague, de fournir un financement climatique de 100 milliards de dollars par an.  Reste que, dans l’état actuel des choses, ce montant n’est plus suffisant, a-t-il argué, appelant à établir un nouvel objectif quantifié collectif. Jugeant à ce propos que le PIB par habitant ne peut être la seule mesure du développement d’un pays, il a exhorté les institutions financières internationales et les partenaires de développement à utiliser l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle développé par l’ONU dans leur prise de décisions.  Il a également souhaité que le Sommet de l’avenir de l’année prochaine permette d’aborder les questions de stabilité financière, d’inclusion financière et de viabilité de la dette, essentielles pour les PEID. 

Pour finir, le Premier Ministre a annoncé que son pays avait signé l’accord conclu au titre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer relatif à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale, un instrument juridiquement contraignant qui, selon lui, constitue une victoire pour le multilatéralisme et le droit international.  Encourageant tous les pays à le signer et à le ratifier, il a également déclaré attendre avec impatience la finalisation de l’instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin.

M. ANWAR IBRAHIM, Premier Ministre de la Malaisie, a rappelé que les fondateurs de l’ONU l’avaient bâtie sur une vision reléguant au passé la loi du plus fort. Or, a-t-il estimé, cette vision est aujourd’hui fortement ébranlée par des puissances qui laissent de plus en plus de côté les Nations Unies et l’impératif du multilatéralisme, se satisfaisant d’un « minilatéralisme ».  Il a ajouté que ces rivalités entre puissances affectaient notamment les plus petites nations dans des régions en proie à des conflits. 

Rappelant que son pays condamnait sans équivoque l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie, le Premier Ministre a regretté que ce conflit se prolonge et appelé à des efforts multilatéraux renouvelés sous l’égide des Nations Unies pour le résoudre.  Il s’est par ailleurs inquiété de l’accélération du rythme de construction des colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés, qui constituent un obstacle insurmontable à la solution des deux États, en appelant la communauté internationale à agir pour faire cesser ces violations des droits de ces populations. 

Rappelant que son pays contribue à l’aide humanitaire destinée à l’Afghanistan, qui connaît sa troisième année de sécheresse consécutive, le Premier Ministre a appelé les autorités afghanes à mettre fin aux politiques de discrimination à l’égard des femmes et des filles, qu’il a estimées « contraires aux enseignements de l’islam, sans parler de la Charte des Nations Unies et du cadre multilatéral des droits humains ».

M. Ibrahim s’est dit « absolument horrifié » par la violence et l’instabilité qui affectent le Myanmar depuis le coup d’État de 2021, y voyant le « principal défi » auquel l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) est confrontée.  Dénonçant une « barbarie injustifiable », il a appelé les États Membres à maintenir la pression sur les autorités militaires pour mettre un terme aux atrocités et demandé au Myanmar d’appliquer sans tarder le consensus en cinq points de l’ASEAN.  Constatant que l’organisation régionale était confrontée à la rivalité entre grandes puissances dans la région de l’Asie-Pacifique, il a expliqué que son pays cherche à éviter d’exacerber la « course à la domination » en cours. 

Rappelant que l’été écoulé a été le plus chaud jamais enregistré sur Terre, le Premier Ministre a énuméré les effets négatifs des changements climatiques ressentis en Malaisie.  Assurant que son pays jouait son rôle sur ce front, il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en fournissant 100 milliards de dollars par an pour soutenir l’ambition climatique dans les pays en développement.  Des sommes encore plus importantes seront nécessaires dans un avenir proche, a-t-il averti. 

M. Ibrahim s’est inquiété du « fort retard » sur un tiers des cibles des objectifs de développement durable, qui connaissent soit une inertie soit un recul. Il s’est aussi préoccupé d’une situation économique mondiale caractérisée par des « inégalités sidérantes » en matière d’alimentation, de logement, d’éducation et de santé, appelant des réformes systémiques drastiques et une remise à plat totale des institutions internationales.

Le Premier Ministre s’est également inquiété de l’avènement d’une « nouvelle forme de racisme », caractérisée par des discriminations à l’encontre des musulmans. Il s’est dit « absolument scandalisé » que le fait de brûler le Coran puisse être légitimé au nom des droits humains, parlant de son côté « d’acte islamophobe qui alimente la haine ».  Appelant à ne pas rester les bras croisés face à de telles provocations, il en a appelé à la tolérance et à la compréhension interculturelle. 

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de Malte, s’est dit fier de représenter son paysune nation insulaire mais loin d’être isolée, qui assume consciemment un rôle unique, celui de construire des ponts et renforcer la compréhension entre les différentes traditions.  Preuve en est, s’est-il enorgueilli, l’accueil en début de ce mois de pourparlers entre les deux plus grandes puissances mondiales, les États-Unis et la Chine.  Membre non permanent du Conseil de sécurité, Malte continuera de travailler sans relâche avec ses partenaires en Europe et au-delà pour défendre la paix et l’état de droit, a-t-il promis.

Malheureusement, a déploré M. Abela, la nécessité de défendre ces valeurs a rarement été aussi urgente qu’aujourd’hui, alors que « nous sommes témoins de la violation du droit international » par la Fédération de Russie avec son attaque continue contre l’Ukraine.  La réponse de Malte à cette situation, comme à d’autres crises à travers le monde, est guidée par les valeurs de neutralité, a déclaré le Premier Ministre.  Cependant, a-t-il nuancé, « nous ne serons jamais neutres face à la douleur et à la souffrance causées par une invasion illégale ».  C’est dans cet esprit de paix, qu’il a appelé la Russie à retirer ses forces du territoire souverain de l’Ukraine et exhorté toutes les nations rassemblées ici à s’unir pour mettre fin à la guerre, dont les conséquences se répercutent dans le monde entier.  Il en a voulu pour preuve les 122 millions de personnes supplémentaires qui ont sombré dans la faim depuis 2019, avant d’exhorter Moscou à revenir à l’Initiative de la mer Noire.

Tout en étant neutre, Malte n’omet pas pour autant les problèmes auxquels sont confrontés ses voisins méditerranéens, a assuré M. Abela, qui s’est dit fier d’accueillir dans quelques jours le prochain sommet de UE-Med, qui regroupe neuf États membres de l’Union européenne situés sur la rive méditerranéenne, pour examiner le problème le « plus urgent » dans la région, la Libye.  À cet égard, il a jugé vital le rétablissement d’une Libye pacifique, stable et prospère, à travers un processus politique dirigé par les Libyens.  Il a souligné l’aide apportée par Malte à ce pays après le passage de la tempête Daniel. De même, il a évoqué la participation de son pays dans le cadre de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), autre illustration de l’importance que Malte attache au maintien et à la consolidation de la paix en Méditerranée. 

Revenant à la situation « inquiétante » dans le monde, de l’Ukraine au Mali, de la Libye au Niger, le Premier Ministre a appelé à ne pas céder au découragement, et à agir pour « faire la différence ».  Se voulant réaliste, car conscient qu’il n’y a pas de baguette magique, il a dit sa confiance dans le fait qu’agir ensemble fera la différence, notamment s’agissant de la menace des changements climatiques, dont les conséquences se font sentir partout dans le monde.  Il a salué « de tout cœur » l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, visant à aider les États à accélérer leurs efforts au niveau mondial en la matière.  Il s’est aussi inquiété de l’élévation du niveau de la mer, une grave menace pour la sécurité, les moyens de subsistance et même l’existence de pays insulaires comme le sien. 

C’est pourquoi, a-t-il conclu, « nous avons fait du climat et des océans la priorité numéro un » de Malte durant son mandat au Conseil de sécurité des Nations Unies. 

M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, a insisté sur le concept de responsabilité collective, un mot clef, selon lui, pour combattre les changements climatiques, lutter contre la faim et protéger la paix.  Il a mis en garde contre la myopie des gouvernements tentés de faire cavalier seul face à ces défis alors que chacun d’entre eux doit être considéré à l’échelle mondiale. Depuis trop longtemps, à l’ONU, certains intérêts pèsent plus lourd que d’autres, mais le monde a changé depuis 1945. Aujourd’hui, a noté M. Rutte, les 193 États Membres ont tous besoin les uns des autres puisque tous sont confrontés à une tâche commune: combattre les changements climatiques.  En la matière, les Pays-Bas jouent leur part en visant à bâtir une économie circulaire d’ici à 2050, en rendant leur secteur financier plus durable, ainsi qu’en luttant contre la déforestation et la perte de biodiversité.  Dans chacun de ces domaines, les partenariats sont essentiels, surtout avec les pays les plus durement touchés, a ajouté le Premier Ministre qui a fait savoir qu’il dialoguera aujourd’hui avec plusieurs PEID au sujet de l’expertise néerlandaise et de solutions innovantes pour s’adapter à la nouvelle donne climatique.  En outre, les Pays-Bas ont porté à 1,8 milliard d’euros d’ici à 2025 leur contribution annuelle au financement international de la lutte contre les changements climatiques, plus de la moitié de cette somme étant consacrée à l’adaptation. 

Les valeurs cardinales de l’ONU ont été bafouées le 17 juillet 2014, le jour où le vol MH17 a été abattu par la Fédération de Russie, a poursuivi le dirigeant néerlandais, qui a lié cet acte à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Face à cette agression, « c’est à nous, pays européens, de réagir.  De décrocher le téléphone.  De répondre à celui qui frappe à la porte.  Nous ne pouvons pas laisser un pays se débrouiller seul », a-t-il prévenu. À ceux qui hésitent et se demandent pourquoi s’impliquer, M. Rutte a répondu que cette guerre concerne tout le monde, soulignant que le comportement de la Russie va à l’encontre de « tout ce que nous défendons au sein des Nations Unies ».  Il a rappelé que la Charte, très claire à ce sujet, a été conçue pour des moments comme celui-ci, tout comme l’Assemblée générale est le lieu idoine pour demander des comptes.  Il a appelé à dénoncer la violation de la Charte par M. Putin et à exiger que la Russie rende « les enfants volés à l’Ukraine ».  Il a affirmé que la Russie est seule responsable de la guerre: il ne peut donc y avoir de solution partagée, mi-chèvre mi-chou, à ce conflit.  Un cessez-le-feu immédiat signifierait la victoire de la Russie, a analysé M. Rutte, pour qui M. Putin compte capitaliser sur l’essoufflement du soutien à l’Ukraine et l’enlisement du conflit.  Face à ce danger, le Premier Ministre néerlandais a appelé ses homologues à tirer les leçons du passé, décrocher leur téléphone et assumer leurs responsabilités. 

M. ANWAAR-UL-HAQ KAKAR, Premier Ministre du Pakistan, a rappelé que les conflits font rage en Ukraine et dans 50 autres endroits dans le monde, tandis que les tensions entre les puissances globales ne font que s’accroître.  « Le monde ne peut pas se permettre une guerre froide 2.0 », a-t-il dit, notant qu’il existe des défis bien plus considérables que l’humanité doit relever et qui exigent une action collective.  Il a souligné la nécessité que les engagements pris envers les pays développés lors de la COP28 soient honorés, notamment la fourniture de 100 milliards de dollars annuels de financement climatique et l’accélération des mesures de limitation des émissions.  Il a précisé que son pays est l’un des plus touchés par les conséquences des changements climatiques, en rappelant les graves inondations qui ont submergé un tiers de son territoire l’été dernier.  Il a espéré que les partenaires de développement du Pakistan contribueront au financement de son plan de résilience estimé à 13 milliards de dollars. 

Le Pakistan souhaite des relations pacifiques avec tous ses voisins, y compris l’Inde, a poursuivi le Premier Ministre, en rappelant que la situation au Jammu-et-Cachemire est l’un des plus anciens points à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Il a accusé l’Inde de ne pas s’être conformée aux résolutions de cet organe.  Depuis août 2019, l’Inde a déployé 900 000 hommes dans le territoire illicitement occupé du Jammu-et-Cachemire afin d’y imposer « la solution finale », a-t-il affirmé.  À cette fin, l’Inde a imposé des couvre-feux, emprisonné tous les véritables leaders de la région, recouru à des exécutions extrajudiciaires de personnes innocentes et détruit des villages entiers.  « Les puissances globales devraient convaincre New Dehli d’accepter l’offre du Pakistan de retenue mutuelle s’agissant des armes stratégiques et conventionnelles. » 

Le Premier Ministre a ensuite dit partager la préoccupation de la communauté internationale s’agissant des droits des femmes et des filles en Afghanistan, avant de plaider en faveur d’une assistance humanitaire continue pour ce pays.  Il a condamné les attaques terroristes transfrontalières lancées depuis l’Afghanistan contre son pays, notamment de Tehrik-eTaliban Pakistan (TTP) et de Daech, et a fait savoir que le Pakistan est en train de prendre les mesures nécessaires pour éliminer ce terrorisme externe.

De même, M. Kakar a appelé à remédier à la menace posée par les groupes d’extrême droite et fascistes, tels que les extrémistes inspirés par l’hindutva qui menacent les musulmans et les chrétiens d’Inde de génocide.  Enfin, il a exhorté à lutter contre l’islamophobie qui a pris, depuis les attaques du 11 septembre, des « proportions épidémiques », comme l’attestent les récents autodafés du Coran.  Le Premier Ministre a salué les projets législatifs du Danemark et de la Suède visant à interdire de brûler le Coran et autres provocations, avant de proposer la création d’un poste d’envoyé spécial chargé de lutter contre l’islamophobie.

Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre, Ministre de la sécurité nationale et de la fonction publique, et Ministre des finances, des affaires économiques et des investissements de la Barbade, s’est inquiétée que malgré tous les efforts déployés, il soit trop tard pour sauver la population des effets de la crise climatique, des conflits ou de la malnutrition.  Il est désormais probable que davantage de personnes mourront de la faim en 2030 qu’en 2015, s’est-elle alarmée, en se demandant encore s’il sera aussi trop tard pour réaliser les ODD, cette « promesse de dignité ». Aujourd’hui, la question est de savoir si nous saurons faire preuve de la détermination nécessaire pour changer les choses et sauver nos démocraties, a-t-elle dit.  Elle a également appelé à établir un cadre réglementaire pour faire face à la menace de la désinformation et de l’intelligence artificielle. 

Pendant ce temps, les changements climatiques « nous étouffent », parfois littéralement, a poursuivi la Première Ministre, évoquant les inondations récentes en Libye. Pour y faire face, elle a jugé crucial que les entreprises pétrolières et gazières s’impliquent de façon crédible, notant qu’il est impossible de préserver les biens publics mondiaux uniquement avec l’argent public tandis que les marchés capitalistes poursuivent leur domination et leur accumulation de la richesse.  « Ces entreprises doivent assumer leurs responsabilités, et il nous incombe d’y veiller », a martelé Mme Mottley.  Exhortant à cesser de donner la priorité aux intérêts d’une poignée de personnes au détriment de tant d’autres , elle a rappelé le sort des 735 millions de personnes qui ont souffert de la faim l’an dernier, de ceux qui ont perdu leur famille dans les nombreuses crises des dernières années, ou encore « des petits États qui, peut-être, n’existeront plus à l’avenir ». 

La Première Ministre s’est ensuite félicitée de la création, par le Fonds monétaire international (FMI), du Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité qui a permis de réduire l’instabilité macroéconomique en allouant des fonds pour les pays à revenus intermédiaires et vulnérables.  De son côté, la Banque mondiale a reconnu la pertinence d’un moratoire sur les dettes.  Mais il reste beaucoup à faire, a-t-elle ajouté, quelque 60 pays demeurant confrontés à des défis énormes liés à la dette, au point de devoir choisir entre le développement et le renforcement de la résilience climatique.  Selon elle, ces problèmes sont exacerbés par l’échec du monde développé à accepter que la justice et la réparation sont des « obligations solennelles ».  De fait, Mme Mottley a indiqué qu’elle comptait aborder la question de la justice réparatrice avec l’Union européenne l’an dernier mais qu’elle n’avait pas pu le faire en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  « Il semblerait que certains ne soient pas prêts à faire la paix ailleurs », a-t-elle lancé. 

Appelant par ailleurs à trouver une solution pour Haïti, la Première Ministre a invité les acteurs politiques haïtiens à parvenir à un compromis afin de mettre sur pied un gouvernement d’unité nationale légitime, « pour que les viols et les meurtres cessent ».  En retour, la communauté internationale doit assurer le soutien institutionnel dont la population haïtienne a besoin.  Elle a ensuite dénoncé le fait que la population des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) n’ait pas accès au pétrole vénézuélien à un prix favorable. 

M. SRETTHA THAVISIN, Premier Ministre de la Thaïlande, a expliqué que dans un contexte de paix fragile et de « déclin du développement humain », son pays était favorable au multilatéralisme et au renforcement du rôle de l’ONU.  Il a dit soutenir les efforts du Secrétaire général dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix et souligné que paix et développement durable sont liés au respect des droits humains, de la dignité humaine et des libertés.  C’est la raison pour laquelle le Gouvernement thaïlandais veut faire progresser l’égalité et la justice, a-t-il expliqué, notamment pour les plus vulnérables, un engagement reflété par la candidature de la Thaïlande pour l’ASEAN au Conseil de droits de l’homme pour le mandat 2025-2027. 

Le Chef du Gouvernement a annoncé que son pays allait investir davantage pour améliorer sa couverture maladie universelle créée en 2002 et garantir à tous les Thaïlandais le droit aux services de santé préventifs et curatifs.  Cet accès aux soins de santé garanti par le Gouvernement est l’une des leçons de la récente pandémie mondiale, a souligné M. Thavisin, en insistant sur le fait que la lutte contre les maladies contagieuses est une responsabilité partagée au niveau global qui exige une réforme et un renforcement de l’architecture de la santé mondiale.  Il a appelé de ses vœux un traité sur la pandémie qui permette de disposer d’infrastructures de santé publique mondiales « plus résilientes, réactives et prêtes pour l’avenir ». 

Appelant à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030, il a rappelé que les gouvernements doivent « d’abord prendre soin de leurs populations » et lancé un appel en faveur d’une croissance plus équilibrée, humaine et durable, qui est au cœur de ce qu’il a appelé la « philosophie de l’économie de suffisance », une approche pilotée au niveau local que la Thaïlande pratique de longue date.  Il a aussi vanté le modèle thaïlandais d’agronomie durable, qui réinvente la manière dont les terres sont cultivées et dont l’approvisionnement en eau est géré.  Il a indiqué que son pays souhaitait former des partenariats régionaux et mondiaux pour le développement durable et la résilience par le biais de la coopération Sud-Sud, notamment entre pays de l’ASEAN. 

Le Premier Ministre a décrit la Thaïlande comme un grand exportateur de produits alimentaires et agricoles.  Le pays étant en première ligne des effets des changements climatiques, il a assuré qu’il fait le nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire.  La Thaïlande, a-t-il indiqué, a mis en œuvre un mécanisme de finance verte, qui prévoit notamment l’émission d’obligations liées au développement durable pour stimuler la croissance et les investissements dans des projets environnementaux et sociaux.  Le pays ambitionne de réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2040, et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a conclu son intervention en disant son espoir que le Sommet de l’avenir démontre la validité de « l’esprit du multilatéralisme, avec l’ONU à la barre ».

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de l’Andorre, a commencé son discours en citant le Secrétaire général de l’ONU qui a récemment affirmé: « L’ère du réchauffement global est terminée, c’est le moment de l’ébullition globale.  Le changement climatique est là.  Il est accablant.  Et ce n’est qu’un début. »  Constatant que les températures extrêmes qui avaient provoqué plus de 61 000 morts en Europe en 2022, la vague d’incendies sur le continent nord-américain et la côte méditerranéenne ou le phénomène el Niño sont désormais habituels, il a fait remarquer qu’ils poussent des populations à fuir leur pays et à devenir des réfugiés climatiques.  Il a prôné, pour respecter l’Accord de Paris, de grandes transformations et des mutations sociales et économiques. 

Le Chef du Gouvernement a invité, plus que jamais, à se souvenir des valeurs originelles de l’ONU, qui est née sur les ruines de la guerre la plus dévastatrice de l’histoire. Regrettant qu’une guerre d’usure soit aujourd’hui en cours sur le sol européen, il a condamné énergiquement la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine.  Il a rappelé que si le Yémen, le Pakistan, l’Éthiopie, le Sahel et d’autres territoires ne faisaient plus la une des médias, les populations de ces pays souffraient toujours de conflits plus ou moins actifs.  L’Andorre contribue au soutien des plus vulnérables, notamment des femmes et des enfants, à travers des programmes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Comité internationale de la Croix-Rouge, a‑t‑il fait valoir. 

M. Zamora a rappelé que le 28 juillet dernier, l’Andorre avait fêté le trentième anniversaire de son adhésion en tant que cent quatre-vingt-quatrième État Membre de l’ONU et que son pays avait bénéficié de plus de 750 années de paix continue.  L’Andorre, a‑t‑il indiqué, a adopté un plan stratégique national pour la mise en œuvre du Programme 2030, en mettant l’accent sur l’ODD 4 pour garantir une éducation de qualité, inclusive, équitable et multilingue. 

Le Chef du Gouvernement a rappelé l’importance de la biodiversité et du cycle de l’eau pour son pays, plaidant pour que la vulnérabilité particulière des régions de haute montagne jouisse d’une attention spécifique dans les forums internationaux de lutte contre les changements climatiques.  Il a rappelé que l’Andorre était membre de la Coalition pour la neutralité carbone et avait été pionnière dans la mise en place d’une taxe verte moyennant l’établissement d’un prix du carbone à 30 euros la tonne, ce qui ne l’avait pas empêché de mettre en place la gratuité des transports publics.  Son pays, a‑t‑il ajouté, a adopté une loi sur l’économie circulaire qui fixe l’année 2035 comme horizon pour atteindre un modèle de production dans lequel la plupart des déchets seront réintroduits dans la chaîne de production. 

M. PHILIP JOSEPH PIERRE, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a commencé par ironiser sur ce « défilé annuel de discours fleuris » et de démonstration publique de « fraternité feinte » qui ne tient pas ses promesses. 

« Bon nombre d’entre nous, dirigeants des petites îles marginalisées de notre planète, entourées par la montée des eaux et brûlées par la hausse des températures, commençons à remettre en question ces démonstrations de fraternité feinte qui ne tiennent pas leurs promesses », a-t-il confié, s’emportant contre l’inanité de la communauté internationale lorsqu’il s’agit de prendre des mesures collectives sur les questions critiques affectant les pauvres et les impuissants.  De fait, s’est-il demandé, comment rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale en faveur, notamment, du Programme 2030, objectif de cette session, lorsque « la confiance et l’espoir sont justement la monnaie dévaluée du dialogue mondial ». 

Le constat est sans appel pour M. Pierre, d’autant qu’il ne reste que sept ans avant l’année cible de 2030 et que les ODD sont en péril.  Pour lui, il est difficile de maintenir la foi et la croyance dans les principes de l’engagement mondial, quand toute son expérience postindépendance a été marquée par des attentes déçues et une « frustration institutionnelle ». 

D’autant plus que, dans les années 90, il a été le témoin impuissant de pays puissants utilisant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour démanteler les accords de commercialisation des bananes de Sainte-Lucie en Europe.  Des actions qui avaient plongé des centaines d’agriculteurs saint-luciens dans la pauvreté, tandis que ces pays déjà riches accordaient d’énormes subventions à leurs propres agriculteurs, a-t-il accusé.  Pire, s’est-il emporté, lorsque certains des pays des Caraïbes ont développé avec succès les industries de services financiers, ils ont été mis sur une liste noire et une liste grise, comme « des lépreux et des parias ». 

Cependant, la guerre Russie-Ukraine a selon lui permis de révéler de façon claire quelles capitales métropolitaines sont les véritables paradis fiscaux et lesquelles sont les véritables canalisateurs de l’argent illicite.  M. Pierre a également dénoncé les programmes dits de « passeport doré » (Golden Passport) émis par certains pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui restent incontestés et intacts, tandis que les programmes de citoyenneté par investissement, mis en œuvre dans sa région avec succès depuis des décennies, sont sapés. 

Sainte-Lucie est venue à cette soixante-dix-huitième session pour plaider en faveur de la justice dans les relations entre pays développés et pays en développement, a expliqué le Premier Ministre.  Il a mis en garde que son pays n’est plus disposé à venir à ce défilé annuel simplement pour « prêter notre voix en faveur de tel ou tel conflit mondial », ou condamner celui qui, d’année en année, est le « nouvel ennemi mondial ».  Il a aussi demandé justice pour les crimes contre l’humanité qui ont « arraché ses ancêtres » pour les réduire en esclavage sur les terres de l’hémisphère occidental, estimant urgent de proclamer une deuxième décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.  Le moment est venu pour que la question des réparations pour la traite transatlantique des esclaves devienne un élément central de l’agenda mondial et du travail de l’ONU, a-t-il lancé. 

M. SITIVENI LIGAMAMADA RABUKA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, des changements climatiques, de l’environnement, du service public, de l’information et des entreprises publiques des Fidji, s’est inquiété des crises environnementales imprévisibles qui menacent l’humanité tout entière, de même que de la montée des tensions géopolitiques, y compris au cœur de la région des Fidji.  Il a appelé à partager la richesse commune pour qu’aucun État Membre ne soit laissé pour compte.  Or, l’élévation du niveau de la mer menace jusqu’à l’existence même des Fidji en tant qu’État, s’est-il alarmé.  Et pour ne rien arranger, les taux d’endettement des PEID s’envolent, avec des conséquencesdélétères sur la réalisation des ODD et des inégalités croissantes.  En outre, la pandémie a alourdi les charges pesant sur tous les secteurs de l’économie fidjienne - dont le tourisme, son épine dorsale.  M. Rabuka a appelé à une approche intégrée, un multilatéralisme efficace et à un engagement ciblé pour la paix et la sécurité.  Le Pacifique bleu, plus grand océan du monde et puits de carbone important, doit demeurer une zone de paix, a-t-il insisté. 

Le Premier Ministre a également appelé au respect des droits des peuples autochtones car selon lui, réduire les émissions ne suffit pas: il faut aussi venir en aide aux communautés vulnérables.  Il a dit attendre beaucoup de la prochaine COP28, et notamment de l’adoption définitive des modalités relevant des fonds pour les pertes et les préjudices.  Il a également appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement climatique, à hauteur de 100 milliards de dollars par an.  De même, il a exhorté à faire de la réforme de l’architecture financière mondiale une réalité afin de financer la transition et l’adaptation climatique des nations les plus vulnérables. 

Les Fidji, pour leur part, développent une stratégie d’adaptation à la mobilité climatique, et ont déjà réinstallé six tribus côtières fidjiennes dont l’existence est menacée.  Les Fidji, a-t-il ajouté, sont aussi signataires de l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine, et entendent le ratifier le plus tôt possible; tout comme l’accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) relatif aux subventions du secteur de la pêche, accord déjà entériné par le parlement fidjien la semaine dernière.  Enfin, M. Rabuka a fait savoir que les Fidji négocient pied à pied un nouveau traité pour combattre la pollution plastique et a exhorté les parties prenantes à travailler d’arrache-pied sur le texte « avant qu’il ne soit trop tard ». 

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre du Luxembourg, a invité les États Membres à faire montre d’unité pour répondre aux menaces globales, de la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine au dérèglement climatique, de la pauvreté aux pandémies.  Être uni signifie pouvoir compter l’un sur l’autre, a-t-il expliqué, soulignant que son pays s’engage dans tous les domaines pour appuyer les buts et principes des Nations Unies.  Cet engagement prend la forme d’un appui aux objectifs de développement durable (ODD), a indiqué le dirigeant, pour qui, malgré les défis, « il ne saurait être question de baisser les bras ».  Le Luxembourg, a-t-il rappelé, consacre depuis plusieurs années 1% de son revenu national brut à l’aide publique au développement et concentre son appui sur les pays les moins avancés et les secteurs sociaux de base. 

Le Luxembourg contribue aussi aux efforts visant à mobiliser les ressources dont les pays en développement ont besoin pour sortir de l’endettement et assurer le financement des ODD, s’est enorgueilli le Premier Ministre, avant de plaider pour une action climatique à la hauteur des défis.  À cet égard, le Premier Ministre a appelé la communauté internationale à tenir l’objectif fixé par l’Accord de Paris de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.  Il s’est engagé à soutenir, lors de la prochaine COP28, le nouveau fonds pour les pertes et les préjudices afin d’aider les pays en développement particulièrement vulnérables aux changements climatiques. M. Bettel a d’autre part annoncé que son gouvernement augmentera la contribution du Luxembourg au Fonds vert pour le climat de 25% pour la période 2024-2027. 

Les droits humains sont au cœur des politiques du Luxembourg, qu’il s’agisse de son appui au développement durable ou de son action climatique, a affirmé M. Bettel. En cette année marquant le soixante-quinzième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il a rappelé que son pays a porté une initiative humanitaire qui a abouti à la décision de l’Assemblée générale de créer, sous les auspices de l’ONU, une institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne.  Cette institution, a-t-il détaillé, vise à garantir le droit des familles de connaître le sort de leurs proches disparus et le lieu où ils se trouvent, et de recevoir un soutien adéquat.  Il a également souligné l’engagement de son pays à lutter contre l’antisémitisme et d’autres formes d’intolérance ainsi que pour la protection et la protection des droits des personnes LGBTI. 

Le Premier Ministre a ensuite présenté la contribution de son pays au maintien de la paix et de sécurité internationales.  Il a rappelé que le Luxembourg a appuyé la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) en lui fournissant des capacités en matière de communication satellitaire et du personnel spécialisé. Après avoir regretté la décision des autorités maliennes de demander le retrait de cette mission, il a réitéré sa condamnation de la tentative de coup d’État au Niger, exigeant un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays, qui était jusqu’alors l’un des pays partenaires de la coopération luxembourgeoise.  Enfin, après avoir à nouveau condamné la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine, il a exprimé le soutien du Luxembourg au travail engagé par les autorités judiciaires ukrainiennes et la Cour pénale internationale pour que les auteurs de crimes de guerre répondent de leurs actes. 

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a indiqué que, depuis sa prise de fonctions en 2009, le Bangladesh est devenu un pays à revenu intermédiaire grâce à des politiques publiques pragmatiques et des investissements d’avenir.  Le taux de pauvreté qui était de 41,5% en 2006 s’élevait à 18,7% en 2022, le taux d’extrême pauvreté passant, lui, de 25,1% à 5,6%.  Elle a souligné qu’un financement adéquat est capital pour la réalisation des ODD.  Malheureusement, l’architecture financière internationale n’est pas cohérente avec un tel objectif, a‑t‑elle noté, en ajoutant que les besoins en financement des pays en développement ne sont pas satisfaits, en particulier par temps de crise.  Elle a souligné la nécessité pour ces pays de disposer de financements concessionnels à taux d’intérêt peu élevé, assortis d’une conditionnalité minimale. 

La Première Ministre a indiqué que le filet de protection sociale dans son pays avait été élargi au bénéfice des femmes pauvres, des veuves, des personnes âgées et autres personnes marginalisées.  Cette année, 12 milliards de dollars ont été alloués à cette fin.  Elle a assuré que l’élimination des discriminations à l’encontre des femmes est de la plus haute importance pour son pays, et que près de 30% du budget est alloué à la promotion de l’autonomisation économique et sociale des femmes.  Nous souhaitons parvenir à une participation des femmes à hauteur de 50% dans tous les secteurs de la société d’ici à 2030, a‑t‑elle ajouté. 

Elle a ensuite rappelé la grande vulnérabilité du Bangladesh aux changements climatiques alors qu’il n’est responsable que de 0,47% des émissions globales.  Elle a demandé des actions audacieuses, urgentes et ambitieuses pour remédier au défi climatique, avant de passer en revue les efforts de son pays dans ce domaine.  Nous avons ainsi établi un fonds d’affectation pour financer les mesures d’adaptation et qui a été doté jusqu’à présent de 480 millions de dollars, a‑t‑elle fait savoir. 

Mme Hasina s’est par ailleurs dit vivement préoccupée par la fin de l’Initiative de la mer Noire et appeléà son rétablissement.  Pour des pays comme le mien, un accès continu à des engrais est capital, a‑t‑elle signalé. Elle a souhaité que le Bangladesh puisse quitter en 2026 la catégorie des pays les moins avancés.  Les crises mondiales actuelles ne devraient pas nous faire dérailler de notre trajectoire, a‑t‑elle dit, en demandant un soutien international lors de cette période de transition. 

Enfin, la Première Ministre a abordé la situation des réfugiés rohingya au Bangladesh, en indiquant que la situation est devenue insupportable.  Leur présence prolongée a de graves conséquences, et les frustrations découlant de l’incertitude entourant leur retour pourraient alimenter l’extrémisme, a‑t‑elle mis en garde.

M. MOHAMMED SHIA’ AL SUDANI, Premier Ministre de l’Iraq, a déclaré que le succès de l’ONU dépend avant tout de la solidarité et l’entraide entre les peuples.  Il a indiqué que le Gouvernement qu’il dirige a engagé des réformes politiques, économiques et juridiques destinées à restaurer la confiance envers la classe politique et construire un Iraq solide et uni, répondant aux besoins et aspirations du peuple iraquien.  Des avancées considérables ont été réalisées en un temps record, s’est-il félicité, le climat économique étant à présent favorable à la conclusion d’accords régionaux et internationaux pour attirer des investissements étrangers massifs.  Le Premier Ministre a notamment évoqué le projet de la « Route du développement », l’un des plus modernes du Proche-Orient, qui vise à relier les secteurs commerciaux et économiques les plus importants au niveau régional. 

Il a reconnu la nécessité de mettre un terme au fléau de la corruption dans son pays par le biais notamment de poursuites judiciaires.  Or, nos partenaires doivent nous aider à engager les poursuites visant les personnes corrompues, lesquelles sont souvent liées aux réseaux terroristes et doivent restituer aux Iraquiens ce qu’elles leur ont volé, a-t-il dit.  Pour lui, la stabilité de l’Iraq permettra au pays de faire pleinement partie du concert des nations et peser dans les processus de décisions qui engagent le devenir du monde.  Notre souhait premier est d’établir des relations de bon voisinage avec les pays de la région, tout en rejetant les ingérences dans les affaires intérieures de l’Iraq, et ce, quelles que soient les raisons invoquées, y compris sécuritaires, a également souligné le Chef du Gouvernement.  Il a en outre jugé essentiel que soient levés tous les obstacles qui, dans son pays, empêchent la libre circulation des personnes, des capitaux et des marchandises.  C’est en retrouvant cette liberté que nous pourrons, grâce à l’intégration économique et politique, endiguer les risques de conflit, a-t-il dit, avant d’annoncer la tenue, d’ici à la fin de l’année, d’une conférence à Bagdad sur la stabilité et l’intégration économique régionale. 

Le Premier Ministre a par ailleurs assuré que son gouvernement a fait du retour des réfugiés vers les zones libérées une priorité absolue.  C’est en ce sens que nous nous efforçons d’inscrire dans la loi les droits humains et que nous dotons nos forces de sécurité de moyens pour protéger les citoyens dans toutes les collectivités et provinces iraquiennes, a-t-il expliqué.  S’agissant des changements climatiques, il a indiqué que les autorités spécialisées du pays mènent une lutte acharnée contre les effets délétères de la sécheresse « pour que nous ne mourrions pas de soif » et afin de sauver les écosystèmes.  Il a également indiqué que l’Iraq organise la création d’un bloc de pays de la région pour assurer une gestion commune de l’utilisation des ressources en eaux transfrontalières et pour préserver l’environnement.  Il a cité la Stratégie nationale 2023-2030 pour combattre la pollution et l’accent mis par les autorités iraquiennes pour démanteler, à l’horizon 2025, les réseaux qui opèrent à la croisée du trafic de drogues et du terrorisme.  Investir dans la jeunesse est vital pour aider l’Iraq à s’épanouir dans des emplois verts et du secteur numérique mais aussi dans le domaine sportif, où nos athlètes femmes excellent déjà, a-t-il aussi souligné.  Il a conclu son intervention en appelant à lutter, par le dialogue et dans le cadre du droit, contre l’islamophobie et l’extrémisme, et souhaité le rétablissement de la souveraineté de la Syrie sur l’ensemble de son territoire, ainsi que la constitution d’un État de Palestine viable. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a exhorté les pays les moins fortunés, qui subissent de façon disproportionnée les conséquences des nombreuses crises internationales, à s’unir.  Il a mentionné à cet égard la création conjointe, par les Tuvalu et son propre pays, de la Commission des petits États insulaires sur les changements climatiques et le droit international, constituée après avoir requis, il y a deux ans en marge de la COP26 à Glasgow, l’avis du Tribunal international du droit de la mer (TIDM).  Il a souligné l’importance des océans pour les petits États insulaires en développement (PEID), non seulement pour leur subsistance et comme élément clef de leur patrimoine et de leur identité, mais aussi comme puits de carbone vital, dans un contexte de températures record.  Le Premier Ministre a également prôné l’adoption par les institutions financières internationales de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les PEID, un outil essentiel pour accéder aux financements. Il a annoncé que cet enjeu serait défendu lors de la prochaine réunion conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. 

En vue de la conférence internationale sur les PEID de 2024, où seront évoqués les changements climatiques et les répercussions économiques d’événements mondiaux tels que l’incursion russe en Ukraine, M. Browne a appeléà une stratégie audacieuse pour faire face à ces défis interconnectés.  Abordant la question du climat, il a mis en lumière les liens entre la justice réparatrice et la justice climatique.  Les pays qui ont payé le plus lourd tribut humain supportent aujourd’hui le fardeau climatique le plus lourd, a-t-il observé.  Évoquant le prochain sommet de la COP28 à Dubaï, le Premier Ministre a averti que l’Accord de Paris était en train de s’effriter, et a exigé que le fonds pour les pertes et les préjudices, longtemps différé, soit rendu opérationnel et suffisamment financé.  Si la COP28 échoue dans cette mission cruciale, elle risque de saper la confiance mondiale, a-t-il prévenu. 

Le Premier Ministre a ensuite mentionné plusieurs problématiques liées au voisinage d’Antigua-et-Barbuda.  Il a d’abord exhorté les États-Unis à réviser leurs embargos sur Cuba et le Venezuela, soulignant que les sanctions actuelles sont « cruelles » et ne font qu’exacerber les crises humanitaires.  Il a ensuite mentionné les difficultés auxquelles Haïti est confronté, ajoutant que les erreurs historiques de la France avaient laissé des séquelles sur le développement du pays.  Il a insisté sur la nécessité d’une intervention urgente et coordonnée pour rétablir la gouvernance et l’état de droit en Haïti. S’agissant de la sécurité dans les Caraïbes, M. Browne a pointé du doigt l’impact dévastateur des armes à feu illégales, qui posent des défis considérables aux forces de l’ordre et dont la majorité, a-t-il noté, proviennent des États-Unis.  Plus alarmant encore, il a évoqué les risques liés aux « armes autonomes », couplées à des intelligences artificielles, et a appeléà l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant pour les interdire.  Pour finir, le Ministre a regretté le « manque d’action transformative » malgré des discours abondants sur la justice financière et climatique, exhortant les nations puissantes à jouer leur rôle pour façonner un monde plus juste et inclusif. 

M. RAYMOND NDONG SIMA, Premier Ministre du Gabon, est longuement revenu sur les événements récents survenus dans son pays, ajoutant que tout observateur attentif, honnête et de bonne foi de la vie politique gabonaise de ces dernières années avait pleinement conscience de la dégradation de la situation.  Il a assuré que, pour éviter « une nouvelle forfaiture électorale », les forces de défense et de sécurité gabonaises avaient décidé d’interrompre un processus frauduleux et dangereux pour la cohésion nationale. 

Le Premier Ministre a ajouté que les forces armées avaient opté pour cette voie afin de conjurer le risque d’un incendie dont l’embrasement aurait ébranlé les fondements même de la société gabonaise et n’aurait pas épargné les nombreuses populations étrangères vivant au Gabon.  En conséquence, a‑t‑il encore dit, cette intervention militaire « sans effusion de sang et sans aucun dégât matériel constaté, a été un moindre mal », la population l’ayant approuvée dans sa très large majorité.  « Condamner un tel processus c’est soutenir qu’il aurait mieux valu laisser les affrontements se faire et venir constater ultérieurement le nombre de victimes », a‑t‑il plaidé. 

Le Premier Ministre a déclaré que son gouvernement de transition s’était engagé sans délai dans une démarche inclusive pour préparer les réformes et revenir à un jeu institutionnel ordinaire qui permette la dévolution du pouvoir par les élections. Il a annoncé la tenue, la semaine prochaine, d’une conférence de presse au cours de laquelle il indiquera le calendrier des consultations de l’ensemble de la classe politique ainsi que de la société civile, précisant qu’il mettrait à profit cette occasion pour « décliner le chronogramme des différentes étapes qui nous conduiront à de nouvelles élections ».  Il en a profité pour lancer un appel solennel à l’ensemble des partenaires bilatéraux, régionaux et multilatéraux du Gabon pour accompagner et soutenir l’élan populaire de salut national en vue de renforcer les fondements de l’état de droit et de la démocratie pour une prospérité partagée. 

Le Premier Ministre a ensuite estimé que le système de sécurité collective et indivisible prôné par la Charte des Nations Unies apparaît comme une fiction dans de nombreuses régions du monde en proie aux soubresauts de la guerre, notamment en Afrique, où la région du Sahel, la Corne de l’Afrique, la région des Grands Lacs sont devenues de véritables épicentres de l’instabilité.  Dans la plupart de ces régions, la prédation des ressources naturelles constitue une source importante de conflictualité au point qu’elles deviennent une véritable malédiction pour les pays qui les possèdent. La situation exige donc, de chacun des membres de la communauté, une réappropriation des objectifs de la Charte « et une réconciliation avec les aspirations des peuples du monde ». Il a plaidé pour une véritable transformation structurelle de l’architecture de paix et de sécurité de l’Organisation, ainsi que pour l’adaptation des mécanismes de promotion de la paix et de la sécurité dans un contexte global de crises et de conflits en constante mutation. Il a notamment préconisé le renforcement de la prévention et de la consolidation de la paix pour empêcher la résurgence de crises en période de transition ou que naissent de nouveaux conflits. 

En matière d’environnement, le Premier Ministre a fait savoir que son pays vient de bénéficier d’une restructuration de 3% de sa dette en échange d’un engagement à investir 163 millions de dollars dans la préservation de ses écosystèmes marins.  Il a invité les partenaires financiers internationaux à multiplier les initiatives de conversion de dette pour faire face aux défis du réchauffement climatique, de la perte de la biodiversité et du développement durable.  C’est par une approche multilatérale et la réinvention de nos réponses que nous pouvons efficacement relever les défis multiformes qui se posent à l’humanité, a‑t‑il ajouté. 

M. MANASSEH DAMUKANA SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, s’est inquiété des difficultés mondiales à mettre en œuvre les ODD.  Pour tenter de sauver le Programme 2030, le pays a révisé sa Stratégie nationale de développement pour 2016-2035.  Les Îles Salomon ont ainsi priorisé la résilience de l’infrastructure, la connectivité numérique, le transfert de technologie, l’investissement, le commerce et la réforme du secteur énergétique, a-t-il expliqué.  Appelant à la mise en œuvre immédiate des six priorités du Programme d’action de Doha 2022-2031, il a également salué l’inclusion de son pays dans la phase pilote des systèmes d’alerte précoce, en vue de renforcer la résilience aux chocs. 

Le Premier Ministre a demandé davantage de volonté politique des pays riches pour soutenir les pays les moins avancés (PMA), tout en valorisant la coopération Sud-Sud.  Il a également salué les initiatives chinoises, telles que Une Ceinture et une Route, pour accélérer la mise en œuvre des ODD.  Il a par ailleurs prôné une réforme de l’architecture financière internationale, plaidant pour que les PEID occupent une place permanente dans les institutions financières internationales, et pour qu’y soit adopté l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle.  M. Sogavare a réitéré son appel à l’arrêt de tous les conflits, y compris la guerre en Ukraine.  « Les épées doivent maintenant être converties en charrues », a-t-il exhorté. Il a également appelé à un Conseil de sécurité plus démocratique et transparent.  Évoquant la menace des changements climatiques, il a souligné l’importance du fonds pour les pertes et dommages et a salué les délibérations de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l’initiative de Vanuatu pour la justice climatique.  En matière de droits humains, il a annoncé la ratification par son pays de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. 

M. Sogavare a également appelé au respect du droit à l’autodétermination, en évoquant les cas de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française, et s’est opposé à l’embargo imposé par les États-Unis à Cuba, qu’il a par ailleurs remerciée de son soutien médical.  Concernant les océans, le Premier Ministre s’est félicité de l’adhésion des Îles Salomon à l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine et a annoncé qu’un sommet sur la mise en œuvre de l’ODD nº14.4 se tiendrait l’année prochaine à Honiara, avec notamment l’ambition de renforcer le leadership du Pacifique dans la gestion des pêcheries de thon.  Passant aux enjeux nucléaires, M. Sogavare a condamné l’historique des essais nucléaires dans le Pacifique, et a souligné que la région n’a jamais eu son mot à dire, exigeant une indemnisation.  Il a mis en avant l’engagement ferme des Îles Salomon envers un Pacifique sans armes nucléaires et a critiqué la décision du Japon de déverser des eaux usées de Fukushima dans l’océan. 

M. PHAM MINH CHINH, Premier Ministre du Viet Nam, a déclaré que la confiance, la sincérité et la solidarité sont les trois conditions pour que l’ONU et ses États Membres parviennent à surmonter les défis mondiaux, et à promouvoir la paix et la coopération aux niveaux national, régional et mondial.  Il a identifié plusieurs crises complexes nécessitant un tel effort collectif par lequel les pays doivent placer les intérêts communs au-dessus des intérêts particuliers.  Les tensions géopolitiques accrues, la fragmentation inquiétante du multilatéralisme et la crise des ressources sont autant de problèmes appelant des réponses de la part des dirigeants du monde entier, a‑t‑il dit.  Selon lui, les populations doivent être le moteur de la croissance économique comme de la mise en œuvre des solutions climatiques qu’ils auront contribué à définir.  Il a en outre plaidé pour le renforcement du rôle centrale de l’ONU par le biais d’un soutien concret et volontaire au plan de relance des ODD du Secrétaire général. 

Par ailleurs, il a exhorté les États-Unis, dans un souci d’unité, à lever l’embargo contre Cuba. Le développement durable devient réel quand il permet des retombées positives pour chaque individu en matière d’emploi, de sécurité sociale et de prévention des catastrophes et des épidémies, a‑t‑il souligné.  À cet égard, il a indiqué que son gouvernement investit de longue date dans une économie plus intelligente, circulaire, verte et numérique, ajoutant qu’il est nécessaire de réformer les institutions financières et monétaires internationales pour libérer les PMA du piège de la dette.  Ces pays, les plus vulnérables aux changements climatiques, doivent bénéficier d’une assistance financière, technologique et en matière de gouvernance digne de ce nom, a‑t‑il souligné.  Le Viet Nam, où le taux de pauvreté a été réduit à 2%, est désormais un partenaire fiable et un membre actif et responsable de la communauté internationale, a‑t‑il dit, notant que la sécurité alimentaire des 100 millions de personnes qui forment sa population est garantie depuis deux décennies.  Enfin, il a demandé que les différends en mer de Chine soient réglés par les seules voies légales du droit international et du droit international maritime.

M. NTSOKOANE SAMUEL MATEKANE, Premier Ministre du Lesotho, a estimé que les avancées obtenues par l’ONU en 78 ans d’existence sont trop flagrantes pour être niées.  Qu’il s’agisse de prévenir la troisième guerre mondiale, de renforcer les fondements de la sécurité mondiale ou de faire progresser le développement économique, l’Organisation a laissé une marque indélébile dans l’histoire, a-t-il observé, estimant toutefois que, face aux défis actuels, le système multilatéral n’est plus adapté à ses objectifs.  « Il nous appartient de faire de cette décennie un tournant », a déclaré le dirigeant, avant de saluer le thème retenu pour le débat: « reconstruire la confiance et raviver la solidarité mondiale ».  Selon lui, le défi que représentent des perspectives économiques inégales et incertaines est au cœur des problèmes mondiaux, alors que les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) se sont inversés en termes de pauvreté, d’emploi, de santé et d’éducation.  Dans ce contexte, a relevé M. Matekane, les petites économies en développement sans littoral, comme le Lesotho, sont les plus durement touchées, car elles ne sont pas encore pleinement intégrées aux marchés mondiaux.  Il a donc appelé à uniformiser les règles du jeu en ce qui concerne l’architecture financière mondiale et à parler d’une seule voix pour exiger la démocratisation et la réforme des institutions de Bretton Woods. 

Le Premier Ministre a ensuite joint sa voix à l’appel lancé aux pays du G20 pour qu’ils fournissent des mesures de relance des ODD à hauteur d’au moins 500 milliards de dollars par an.  Les engagements internationaux pris doivent être respectés, a-t-il souligné, applaudissant en outre la récente décision du G20 d’accréditer l’Union africaine en tant que membre officiel.  En dépit des défis auxquels il fait face en tant que PMA, le Lesotho n’entend pas rester les bras croisés dans le processus de réalisation des ODD.  M. Matekane a ainsi fait état de l’organisation en mars dernier d’un événement de haut niveau sur la nutrition et la sécurité alimentaire, dont l’objectif était de mobiliser des engagements et des investissements dans la lutte contre la faim et la malnutrition sur le continent. Il a aussi rappelé qu’il y a deux mois, il a lancé le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable, qui vise à encadrer la mise en œuvre du Programme 2030. 

Évoquant les effets dévastateurs des changements climatiques, « l’un des formidables défis de notre époque », le Premier Ministre s’est réjoui qu’il existe une « lueur d’espoir » pour son pays.  En effet, a-t-il expliqué, le Lesotho dispose d’eau, de soleil et de vent en abondance, ce qui offre des opportunités d’innovation et de partenariats dans la production d’énergies renouvelables et la création d’emplois.  Il a d’autre part annoncé que son pays accueillera en octobre une conférence internationale sur l’eau et l’hydrogène.  Notre objectif est de produire de l’énergie propre pour un usage domestique et pour l’exportation vers les pays voisins, a expliqué le Chef du Gouvernement, non sans exhorter les pays développés à respecter leur engagement de verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Enfin, après avoir décrit la consolidation de la paix comme une condition préalable au développement, il a appelé à la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et à l’élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.

M. SAMDECH MOHA BORVOR THIPADEI HUN MANET, Premier Ministre du Cambodge, a estimé qu’il est temps de restaurer une sécurité stratégique entre les nations et de rétablir la confiance dans un ordre international régi par des règles.  Nous devons avant toute chose donner la priorité aux besoins de développement et faire en sorte que les conflits actuels ne s’aggravent pas, a-t-il dit.  Il a ensuite détaillé les progrès notables accomplis en vue du développement du Cambodge. Le taux de pauvreté a ainsi diminué ces deux dernières décennies pour atteindre un taux annuel de 1,6%.  Il a précisé que le taux de croissance de l’économie devrait être de 5,6% cette année.  Le Cambodge devrait sortir d’ici à 2027 de la catégorie des pays les moins avancés, grâce à des politiques publiques saines, à sa stabilité politique et à une distribution équitable des fruits de la croissance, a-t-il dit. 

Le Premier Ministre a ensuite indiqué que son pays continuera de mener une politique étrangère neutre et indépendante.  Le Cambodge n’autorisera aucune base militaire étrangère sur son territoire, comme l’énonce clairement sa constitution, et ne permettra à aucun pays ou groupe d’user de son territoire contre un autre pays, a-t-il souligné.  Il a ensuite demandé la fourniture d’un appui financier et technique pour déminer entièrement le Cambodge d’ici à 2025, en insistant sur la dangerosité de ces « assassins cachés ».  En tant que pays contributeur de troupes, le Cambodge a par ailleurs décidé de postuler pour devenir membre du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour les années 2025-2026.  Enfin, le Premier Ministre a pleinement appuyé la Déclaration politique adoptée lors du Sommet sur les ODD en vue de leur réalisation d’ici à 2030.

M. IRAKLI GARIBASHVILI, Premier Ministre de la Géorgie, a rappelé que son pays avait connu une agression militaire à grande échelle en 2008 et qu’il continue à en subir les conséquences, puisque 20% du territoire géorgien est encore occupé par la Fédération de Russie et que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées de leurs foyers suite à ce conflit.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle persuade la Fédération de Russie de participer aux discussions internationales de Genève et de mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu de 2008 négocié par l’Union européenne (UE). 

Malgré cette situation, le Premier Ministre s’est félicité du rythme positif de la croissance dans son pays, de l’augmentation de son PIB et de taux de chômage et de pauvreté à des niveaux historiquement bas.  Il a expliqué que son pays avait élaboré et approuvé l’an dernier un programme de réformes intitulé « Vision 2030 – Stratégie de développement de la Géorgie » qui couvre des domaines aussi variés que l’économie, le social, la bonne gouvernance, la justice et la protection des droits humains.  Il a par ailleurs insisté sur les investissements importants consentis par son pays dans le système éducatif, les soins de santé et la protection sociale. 

Pour M. Garibashvili, tous ces efforts démontrent la volonté de la Géorgie de rejoindre la famille européenne à laquelle elle appartient.  Cette priorité géopolitique du pays lui fait, selon lui, mériter son statut de candidat à l’UE, comme le démontrent la signature de l’Accord d’association, mais aussi l’Accord de libre-échange complet et approfondi et le régime d’exemption de visa conclus avec cette dernière. 

Rappelant la contribution de la Géorgie aux missions de l’OTAN et notamment le sacrifice de ses soldats en Afghanistan, le Premier Ministre a évoqué la solidarité de son pays avec le peuple ukrainien, l’aide humanitaire accordée à l’Ukraine ou encore l’accueil de 2º200 étudiants ukrainiens, et a assuré que son pays respectait toutes les sanctions adoptées en réponse à la guerre.  Il a également rappelé la philosophie fondamentale de son gouvernement qui, du fait de la situation géographique du pays, est d’éviter la guerre à tout prix pour garantir la sécurité de sa population.  De la même manière, il a déclaré que la Géorgie était prête à discuter avec ses voisins de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan pour contribuer à une paix durable dans le Caucase du Sud. 

M. Garibashvili s’est félicité que la Géorgie soit devenue un pôle régional qui attire les investisseurs internationaux, développe des corridors de transport stratégiques et participe à plusieurs initiatives internationales et projets d’infrastructure qui visent à améliorer la connectivité Est-Ouest.  Il a aussi évoqué plusieurs grands projets de modernisation de son pays, comme celui des chemins de fer géorgiens, la construction du port en eau profonde d’Anaklia sur la côte orientale de la mer Noire, ou encore le projet phare de l’UE sur le câble sous-marin de la mer Noire, qui vise à renforcer la sécurité énergétique en Europe et dans la région du Caucase du Sud. Tous ces projets de transformation apporteront des emplois, de la croissance économique et de la prospérité à la population géorgienne et à toute la région, a-t-il affirmé, avant d’appeler, dans cette perspective, au renforcement des partenariats internationaux avec son pays pour bâtir un avenir durable, marqué par la paix. 

M. LEO VARADKAR, Taoiseach d’Irlande, s’est félicité que son pays ait atteint 80% de ses objectifs de développement durable (ODD), tout en regrettant leur stagnation, voire régression, au niveau mondial.  Concernant le financement climatique, il a confirmé l’engagement de l’Irlande à fournir au moins 225ºmillions d’euros par an d’ici à 2025 pour les pays en développement.  Évoquant le triste souvenir de la Grande Famine irlandaise au milieu du XIXe siècle, il a mis en lumière les efforts de son pays dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture et de la nutrition -300 millions d’euros dépensés dans ces domaines en 2023- et a par ailleurs rappelé l’augmentation des dépenses en matière de santé, de 15% en trois ans) et la position de l’Irlande parmi les trois principaux donateurs pour ce qui est de l’égalité des sexes.  Il a enfin jugé essentiel que les discussions sur le fonds pour les pertes et les dommages aboutissent à de véritables progrès. 

Le Chef du Gouvernement a fermement condamné l’invasion russe de l’Ukraine, qualifiée « d’acte d’agression impérialiste et brutal » qui a non seulement causé d’immenses souffrances en Ukraine, mais a également accru l’insécurité alimentaire, énergétique et économique à l’échelle mondiale.  Disant comprendre les « critiques légitimes » sur l’incapacité du monde développé à réagir avec la même intensité de sentiment et d’action aux conflits et aux souffrances qui se déroulent ailleurs, il a estimé que ce n’était pas au peuple ukrainien d’en payer le prix.  Celui-ci mérite un soutien inconditionnel de chaque État Membre de ces Nations Unies, a-t-il insisté.  M. Varadkar a en outre blâmé la Russie pour ses menaces nucléaires et a plaidé pour un monde sans armes nucléaires, encourageant les États à rejoindre la Déclaration politique sur l’usage des armes explosives dans les zones peuplées, initiée par l’Irlande et adoptée en novembre dernier à Dublin. 

Concernant le conflit israélo-palestinien, M. Varadkar a souligné l’impasse récurrente dans laquelle est plongée la communauté internationale, et a insisté sur l’importance de la loi internationale et des droits de l’homme comme fondements d’une paix juste et durable.  L’Irlande détient le plus long record ininterrompu de service dans les missions de maintien de la paix des Nations Unies, s’est enorgueilli le Taoiseach.  Pour finir, il a appelé à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, y compris à l’abolition du droit de veto, jugé anachronique.  Il a conclu en célébrant les valeurs de paix, de compromis et de dévouement, faisant référence au vingt-cinquième anniversaire de l’Accord du vendredi saint, qui a permis d’instaurer la paix en Irlande du Nord. 

M. DICKON MITCHELL, Premier Ministre de la Grenade, a indiqué que son pays célébrera, en février prochain, le cinquantième anniversaire de son indépendance, un moment approprié pour son gouvernement et ses citoyens de réfléchir à son rôle dans le concert des nations.  Il a salué la résilience de son peuple qui, malgré des pertes tragiques, a fait face à la pandémie de COVID-19.  Alors que le monde poursuit son chemin vers le redressement et la reconstruction, cette expérience a mis en avant l’importance de la coopération internationale, a-t-il relevé, invitant à tirer les leçons de ces trois dernières années de tragédie et d’adversité. 

Abordant, par ailleurs, les objectifs de développement durable (ODD), le Premier Ministre s’est enorgueilli des progrès significatifs de son pays en matière d’éducation de qualité pour tous les citoyens.  Il a partagé l’expérience du lancement pilote d’un collège communautaire axé sur l’économie verte, pour encadrer les jeunes en décrochage scolaire et les préparer au marché de l’emploi.  De même, il s’est félicité des nombreux progrès vers la réalisation de l’égalité des sexes, citant l’initiative « Spotlight », dans le cadre d’un partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui vise à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. 

Il a également informé que son pays s’est lancé dans la transition vers une économie bleue, rappelant que la majorité des Grenadiens, en particulier la communauté des pêcheurs, dépendent fortement de l’océan pour leur subsistance.  Il a ensuite énuméré les diverses actions visant cet objectif, notamment la création de zones marines protégées supplémentaires, ainsi que des cadres législatifs et politiques, tous destinés à protéger l’intégrité et à soutenir la gestion des zones marines de l’île.  De plus, la politique forestière du pays fournit un cadre global pour assurer la résilience et la durabilité de cette ressource verte limitée à travers un certain nombre d’orientations stratégiques.  Enfin, le Premier Ministre s’est longuement attardé sur les mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions, insistant sur l’importance de résoudre le problème du financement nécessaire pour faire face à leur impact. 

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a assuré que l’ONU est source d’espoir pour son pays.  Car elle donne la confiance et la capacité de naviguer en ces temps incertains.  Pour réaliser le thème de cette soixante-dix-huitième session, il faut rétablir la confiance entre les nations et dans les organisations internationales, a déclaré le Chef du Gouvernement, qui a déploré que l’érosion de la confiance ait entravé les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD).  Il faut accorder la priorité aux efforts de consolidation de la paix, a-t-il poursuivi. 

Les Tuvalu sont confrontés aux changements climatiques et à la montée du niveau des océans qui mettent en péril sa capacité à réaliser les ODD, a poursuivi M. Natano.  « Nous ne demandons pas de la sympathie, nous voulons des solutions! » a-t-il lancé, en réclamant une justice climatique qui mette l’accent sur les efforts d’atténuation, d’adaptation et de soutien des nations les plus vulnérables.  Il a dit souscrire à la résolution proposée par Vanuatu visant à demander un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) afin de renforcer la responsabilité des États de sauvegarder le système climatique.  Un avis favorable de la CIJ donnerait un coup de pouce moral pour éliminer les combustibles fossiles et confronter les pollueurs face à leurs responsabilités, a-t-il estimé.  Il a ajouté que, la semaine dernière, le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda et lui-même avaient présenté devant le Tribunal international du droit de la mer à Hambourg leur argumentation en vue d’une demande d’avis consultatif similaire, relatif aux obligations des États parties à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de protéger et préserver le milieu marin face aux conséquences des changements climatiques.  Tous les États Membres doivent soutenir cette initiative en faveur de la justice climatique, a-t-il ajouté. 

S’agissant de la transition numérique, M. Natano a dévoilé le projet « Future Now » de son gouvernement visant à faire des Tuvalu une « nation numérique » dans laquelle personne n’est laissé sur le bord du chemin.  Les Tuvalu se doteront des outils nécessaires à la mise en œuvre des solutions innovantes qui répondent aux préoccupations climatiques et environnementales.  Pour contrer la menace de la montée des océans, l’exécutif a lancé la Coalition contre les menaces de la montée des océans dont l’objectif est de déclencher l’action de la communauté internationale en faveur des petits États insulaires en développement (PEID) et d’autres pays confrontés à des défis similaires. 

Le Premier Ministre a également appelé à une action mondiale plus forte en vue de l’élimination de la production et de la consommation de combustibles fossiles, en demandant l’adoption d’un nouveau traité visant à réduire la dépendance à l’égard de ces derniers.  Enfin, M. Natalo a demandé que Taiwan puisse participer aux travaux des institutions spécialisées et des mécanismes pertinents des Nations Unies, ainsi qu’à la levée du blocus contre Cuba. 

M. ARIEL HENRY, Premier Ministre et Ministre de la culture et de la communication de la République d’Haïti a déclaré que le monde, à la veille de l’échéance de 2030, va mal, s’inquiétant notamment de l’insécurité alimentaire, engendrée par les conflits et les violences, et de l’inflation impactant Haïti, dont la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. M. Henry s’est également alarmé de la dégradation outrancière de la situation sécuritaire en Haïti où la population subit quotidiennement les attaques violences des gangs armés.  Il a rapporté que la détérioration de la situation a engendré une nouvelle crise humanitaire, faisant plus de 16 500 déplacés.  Selon les estimations, 4,9 millions de personnes se trouvent dans l’insécurité alimentaire et près de la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.  Ceci fait perdre à la population haïtienne tout espoir d’un avenir meilleur, at déploré. 

À ce titre, le Premier Ministre a jugé urgent que le Conseil de sécurité autorise le déploiement d’une mission multinationale spécialisée, à composante policière et militaire, en appui à la Police nationale d’Haïti, afin de combattre les gangs et de rétablir la sécurité.  De même, il a lancé un appel pressant à la coopération internationale pour accompagner, à moyen et long terme Haïti sur les questions sécuritaires, mais aussi celle du développement durable.  Le Premier Ministre a ensuite indiqué qu’il s’est attelé à l’objectif de remettre le pouvoir à des élus capables de rétablir les institutions de l’État et d’adresser les grands défis politiques et socioéconomiques auxquels le pays fait face. 

Le Premier Ministre a ensuite alerté sur la situation inquiétante qui s’est développée ces dernières semaines à la frontière haïtiano-dominicaine, créant un conflit dangereux et inutile entre les deux pays, la République dominicaine ayant, selon lui, contesté de façon inamicale et agressive le droit d’Haïti d’exploiter la rivière Massacre.  Il a rappelé l’importance accordée par son pays au dialogue et à la négociation pour favoriser un partage équitable des ressources hydriques binationales. 

M. SIAOSI ‘OFAKIVAHAFOLAU SOVALENI, Premier Ministre des Tonga, a d’emblée averti que les menaces liées aux changements climatiques ont atteint un niveau existentiel, tout particulièrement pour les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien.  « La fréquence et la gravité accrues des cyclones, l’élévation du niveau de la mer provoquée par la fonte des glaces polaires, le plastique et la pollution de nos océans, ainsi que les vagues de chaleur et les incendies, causent des souffrances à mon pays, à notre population et à notre région du Pacifique », a‑t‑il souligné.  Il a toutefois relevé que, selon le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est encore possible de limiter à 1,5 degré Celsius l’augmentation des températures par rapport aux niveaux préindustriels si les émissions culminent d’ici à 2025 et sont réduites de moitié d’ici à 2030.  Encourageant les États Membres à tout faire pour atteindre cet objectif, le dirigeant s’est réjoui de « lueurs d’espoir » telles que la mise en place du fonds pour les pertes et les préjudices.  Dans le même ordre d’idées, il s’est prononcé pour la création d’un fonds Pacifique afin d’offrir une assistance directe aux PEID de cette région.  M. Sovaleni a ajouté que les Tonga, récemment nommées « championnes du financement climatique dans le Pacifique », porteront cette problématique dans tous les forums internationaux.  Il a déploré à cet égard que les engagements financiers climatiques pris par les pays développés soient nettement inférieurs aux 100 milliards de dollars par an promis à partir de 2020 et a plaidé pour davantage de justice climatique. 

Le Premier Ministre a rappelé que les dirigeants du Pacifique appellent depuis des décennies la communauté internationale à agir d’urgence en faveur du climat.  S’ils se sont sentis encouragés par l’adoption par consensus de la résolution de l’Assemblée générale, dirigée par Vanuatu et un groupe de pays, demandant à la Cour internationale de Justice de rendre un avis consultatif sur les obligations des États en matière de changements climatiques, ils constatent aussi que l’absence d’accès rapide au financement les empêche de progresser.  M. Sovaleni a donc appelé à revoir les mécanismes de financement pour que la priorité soit donnée aux besoins de financement à court terme après une catastrophe et à la réduction des risques à long terme.  De même, il a plaidé pour l’adoption de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle concernant les PEID et souhaité que sa mise en œuvre intègre l’accès de ces États à un financement « à faible coût et à long terme ». 

Le Chef de Gouvernement a ensuite applaudi l’adoption de l’Accord sur la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ).  Il s’est notamment réjoui que ce nouvel accord reconnaisse les circonstances particulières des PEID comme celles du Pacifique.  Il est désormais impératif que cette reconnaissance se traduise par un renforcement concret des capacités, un transfert de technologies marines et un soutien suffisant, pour permettre au Pacifique de devenir un leader encore plus proactif en matière de sauvegarde, de préservation et d’utilisation durable de l’océan et de ses ressources, a‑t‑il affirmé. 

M. OLIVER DOWDEN, Vice-Premier Ministre, Chancelier du Duché de Lancaster et Secrétaire d’État du Bureau du Cabinet du Royaume-Uni, a rappelé le soutien du Royaume-Uni à l’Ukraine et a déploré les conséquences de ce conflit auquel la Russie pourrait mettre fin immédiatement.  Il a ensuite établi l’intelligence artificielle comme étant la plus grande transformation que le monde ait connue, bouleversant fondamentalement l’éducation, les affaires, les soins de santé, la défense, la gouvernance et l’ONU.  Les gouvernements doivent maintenant comprendre et contrôler le pouvoir transformateur qu’offre l’intelligence artificielle sans en connaître la myriade de possibilités.  Selon lui, l’intelligence artificielle pourrait nous aider à inverser les changements climatiques, améliorer les chaînes d’approvisionnement, détecter les signes de maladies chroniques ou de pandémies, ou encore accroître la productivité des entreprises et des gouvernements.  L’intelligence artificielle peut surtout devenir un outil de démocratisation qui permettra à tout un chacun de par le monde de s’autonomiser, a-t-il ajouté. 

Malheureusement, l’intelligence artificielle peut aussi être utilisée à mauvaise escient, a-t-il poursuivi, citant le piratage de données bancaires et gouvernementales et la duperie des électeurs grâce à des contenus faussés.  Les principaux risques proviendront donc de la mauvaise utilisation de cette technologie de pointe, a-t-il averti, exhortant les gouvernements à déterminer, ensemble, les risques pour mieux les anticiper.  Il a déploré que la compétition mondiale pousse certaines sociétés et pays à œuvrer pour la création d’une superintelligence qui dépasserait de loin l’intelligence humaine.  La communauté internationale doit se prémunir des implications négatives de l’intelligence artificielle tout autant qu’en saisir les opportunités, a-t-il insisté. Si, par le passé, les dirigeants ont régulé les développements scientifiques et technologique a posteriori, ils doivent cette fois-ci légiférer en parallèle, a-t-il estimé, appelant les législateurs à s’entourer d’experts pour réaliser cette tâche. 

Il a noté que les actions les plus significatives doivent être menées avec les entreprises technologiques et les acteurs non étatiques d’influence, ce qui exige une nouvelle forme de multilatéralisme.  En novembre prochain, le sommet britannique sur l’intelligence artificielle permettra d’évaluer les risques sécuritaires des technologies de pointe.  Convaincu que les gouvernements ferment les yeux sur le consensus scientifique lié au risque d’extinction de l’humanité par l’intelligence artificielle, M. Dowden a appelé la communauté internationale à s’entourer d’experts et à se réunir plus régulièrement.  Il a également annoncé que le Royaume-Uni a décidé de mettre sur pied une équipe spéciale avec l’ambition qu’elle devienne une structure permanente avec un accès international.  C’est une culture de normes, de transparence et d’échange d’idées qui doit inspirer les gouvernements dans cette tâche inédite mais passionnante, a-t-il martelé. Si nous ne connaissons pas les risques, nous savons néanmoins que la puissance de l’action dépendra de la coopération entre les nations, a-t-il conclu. 

M. VIVIAN BALAKRISHNAN, Ministre des affaires étrangères de Singapour, a dépeint le monde comme un endroit troublé par les ravages causés par les pandémies, les catastrophes naturelles et maintenant la guerre d’invasion de la Russie contre l’Ukraine.  Il a évoqué notamment le violent coup d’État au Myanmar qui a privé le peuple de la paix et du développement.  Tous les pays doivent travailler ensemble pour élaborer des solutions multilatérales cohérentes et concrètes, a-t-il recommandé en soulignant que l’ONU offre un cadre stable pour « prospérer, exercer notre autonomie et tracer notre propre avenir pour notre peuple ».  Ravi que le Sommet sur l’ambition climatique, les trois réunions de haut niveau sur la santé et la réunion préparatoire du Sommet de l’avenir aient redynamisé le système multilatéral, le Ministre a proposé plusieurs pistes pour arriver à un système multilatéral plus résilient et prêt pour l’avenir. 

Déjà, a-t-il prôné, le système multilatéral devrait refléter nos intérêts à long terme en tant que communauté mondiale.  Il a notamment visé la lutte contre les changements climatiques, l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique et les normes technologiques, des domaines dans lesquels les gouvernements devraient conjuguer leurs intérêts nationaux avec les intérêts collectifs à long terme.  « Le système multilatéral fonctionne grâce au compromis et à la compréhension mutuelle, non par le blocage. »   

M. Balakrishnan a aussi souhaité que les États Membres respectent la diversité des expériences, des systèmes et des idées au sein du système multilatéral, arguant qu’il n’existe pas de modèle unique pour organiser un pays.  Il a fait valoir que la diversité des peuples et des nations peut conduire au croisement des idées et à l’élaboration d’un plus grand nombre d’options politiques pour faire face aux nombreux défis.  L’ONU est d’ailleurs une plateforme indispensable pour partager les expériences dans des domaines allant du développement durable aux droits de l’homme, a-t-il soutenu.  Le Ministre a espéré que le Sommet de l’avenir donne l’occasion de renforcer le système multilatéral en tenant compte de la diversité des points de vue et en construisant un cadre commun pour l’avenir. 

S’agissant de la révolution de l’intelligence artificielle, à son avis, le monde doit se préparer aux risques et répartir équitablement les avantages.  Dès aujourd’hui, a-t-il conseillé, il faut commencer un dialogue mondial inclusif à l’ONU pour gérer cette technologie et prendre les précautions nécessaires.  Il a salué à cet égard la décision du Secrétaire général de convoquer un organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle pour étudier ces questions importantes.  L’activité du Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur la sécurité des technologies de l’information et de communication (TIC), présidé par Singapour, peut offrir des enseignements utiles pour l’intelligence artificielle, a-t-il signalé avant de dire attendre avec intérêt l’adoption du pacte numérique mondial lors du Sommet de l’avenir en 2024.  Il a assuré que cela est possible, se basant sur l’exemple de l’Accord sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine. 

Mme PENNY WONG, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a affirmé, en tant que membre du Forum des îles du Pacifique, qu’elle croit en la souveraineté et la solidarité des États bordés par cet océan.  Ainsi soutient-elle la transition de la région vers les énergies renouvelables, en aidant certains pays à renforcer leur résilience climatique et à bénéficier de ses contributions au financement des mesures d’adaptation et d’atténuation.  C’est le cas des Palaos, où jusqu’à un cinquième des besoins énergétiques du pays seront couverts par de nouveaux systèmes de stockage solaire et par batteries, grâce à un mécanisme de financement des infrastructures pour le Pacifique préparé par Canberra, a illustré la Ministre.  Soulignant le besoin de prendre en compte les cas particuliers des PEID pour leur accorder des financements adaptés, elle a salué les travaux du Groupe de haut niveau sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les petits États insulaires en développement. 

Par ailleurs, elle a dit soutenir l’objectif de l’ASEAN de jouer un rôle de chef de file dans la promotion de la paix, la sécurité, la stabilité et la prospérité dans la région. L’ASEAN a raison d’affirmer que les différends doivent être résolus de manière pacifique, a ajouté la Ministre. « De nouvelles mesures visant à prévenir les conflits entre grandes puissances constituent une priorité australienne, et nous espérons qu’elle sera partagée par les États Membres tout au long de cette Assemblée générale. »  La Ministre a plaidé pour des mesures modestes, axées sur une réassurance stratégique mutuelle, des mesures de réduction des risques militaires et l’ouverture de lignes de communication à tous les niveaux.  À son avis, la communication ne doit jamais être refusée comme s’il s’agissait d’une punition ou offerte à titre de récompense.  Étant donné la manière dont un conflit peut être déclenché, il serait avantageux selon elle de conclure des accords plus clairs entre pays maritimes –tous les pays maritimes de manière égale– pour prévenir les actions dangereuses en mer. 

Comme ce sont les armes nucléaires qui posent le plus grand risque de catastrophes, la Ministre a appelé à redoubler d’efforts pour parvenir à un monde qui en soit exempt. Elle a assuré vouloir continuer d’œuvrer avec d’autres au renforcement du TNP, « malgré ceux qui cherchent à lui porter atteinte « pour leurs propres gains ».  Enfin, cette semaine, a-t-elle annoncé, l’Australie s’est jointe au Japon et aux Philippines pour demander instamment des progrès sur un traité d’arrêt de la matière fissile, ce qui comblerait une lacune cruciale de notre architecture de désarmement, en arrêtant la production des matières nécessaires à la création d’armes nucléaires. 

M. ABDULLATIF BIN RASHID AL ZAYANI, Ministre des affaires étrangères du Royaume de Bahreïn, a réaffirmé son attachement à la coopération internationale fondée sur la confiance mutuelle, avant de se féliciter de la récente signature de l’accord global d’intégration de sécurité et de prospérité entre les États-Unis et le Bahreïn.  Soutenant le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, le Ministre a appelé au renforcement de la coexistence pacifique entre les peuples de la région.  Exprimant également son soutien à la prolongation de la trêve humanitaire au Yémen, il a insisté sur la nécessité de rechercher des solutions pacifiques durables aux crises en Syrie, au Liban, au Soudan, en Libye et en Afghanistan, de manière à préserver l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de ces pays et soutenir leur processus de développement.  M. Al Zayani a en outre appeléà redoubler d’efforts pour mettre fin à la guerre en Ukraine en tenant compte des pays voisins.  Le Ministre s’est félicité par ailleurs des développements régionaux positifs symbolisés par le retour de la Syrie au sein de la Ligue des États arabes et la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran. 

Insistant sur la nécessité de promouvoir les valeurs de tolérance et une culture de paix et de dialogue entre les religions, il a appelé à soutenir la proposition d’adoption d’une convention internationale pénalisant les discours de haine et empêchant l’utilisation abusive des libertés, des médias et plateformes numériques à des fins de mépris religieux, d’incitation au terrorisme et d’intolérance.  Désireux de revitaliser les efforts communs en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme, il a réaffirmé la nécessité d’intensifier ceux déployés dans la prévention de la prolifération des armes de destruction massive. 

Le Ministre a ensuite exhorté la communauté internationale à intensifier les efforts pour atteindre la croissance et la prospérité, saluant la création future par le Royaume d’Arabie ´saoudite d’une organisation mondiale de l’eau.  Il a réitéré la détermination de son gouvernement à promouvoir des partenariats efficaces avec l’ONU et ses agences spécialisées afin de soutenir les objectifs de développement commun.  Partageant les réalisations du plan de relance économique de son pays, M. Al Zayani s’est réjoui du taux de croissance national de 5% et de la contribution du secteur non pétrolier au PIB culminant à 83%.  Il a rappelé la deuxième place occupée par le Bahreïn parmi les pays à développement humain très élevé dans le monde arabe, selon le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et s’est félicité de sa première place parmi les pays arabes dans l’indice de Bâle sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  Enfin, réaffirmant l’importance accordée à un environnement durable, il a réitéré l’engagement du pays à réduire les émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2035.

M. TOBIAS BILLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déploré le comportement de la Russie qui fait montre d’un « mépris absolu pour la vie humaine ».  La mobilisation de moyens militaires et l’instrumentalisation des ressources alimentaires au service de ses ambitions politiques et impérialistes sapent la sécurité européenne et la sécurité alimentaire mondiale, a-t-il dénoncé.  Il a applaudi les efforts de l’Union européenne, via l’établissement de corridors de solidarité qui permettent à l’Ukraine d’exporter ses céréales, ainsi que les efforts d’aide humanitaire, menés conjointement avec la Suède, pour augmenter les productions locales.  Rappelant que le non-respect de la souveraineté d’un État constitue une violation flagrante du droit international, il a averti que la Russie ne s’arrêterait pas à l’Ukraine.  Il a ainsi justifié la décision de son pays de se porter candidat à l’OTAN, rompant ainsi avec plus de deux siècles de tradition de non-alignement militaire.  Ce choix augmentera la sécurité de la Suède et, avec la candidature de la Finlande, celle de la région euro-atlantique, a-t-il argué.  Le délégué a ensuite déploré les attaques russes et les souffrances du peuple ukrainien, exigeant que la Russie soit tenue responsable de ses crimes.  C’est pourquoi la Suède soutient la création d’un tribunal pour le crime d’agression commis par la Russie, ainsi que la formule pour la paix proposée par l’Ukraine et toute initiative qui se base sur le respect du droit international. 

Saluant l’opportunité de redynamisation que constituait le Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), il a détaillé la contribution généreuse, efficace et transparente de la Suède à l’aide au développement international.  Il a néanmoins rappelé que des institutions multilatérales fortes sont primordiales pour atteindre les ODD et mobiliser d’importants financements privés et publics.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à se mobiliser à la COP28 pour davantage de financements publics et privés afin d’augmenter la résilience des communautés locales face aux changements environnementaux.  Il s’est félicité des avancées technologiques réalisées en Suède pour aider à la transition environnementale et atteindre les ODD.  Par ailleurs, il a souligné les opportunités sans précédent qu’offrent les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle pour atteindre les ODD.  Afin de développer leur potentiel et atténuer les risques, il a prôné une vision commune et le développement d’un pacte numérique mondial. 

Les pays où la démocratie, l’état de droit et les droits humains sont bien ancrés ont de meilleurs indicateurs de développement, a-t-il poursuivi, estimant qu’il est nécessaire d’œuvrer pour des sociétés démocratiques pour atteindre les objectifs du Programme 2030.  Déplorant les récents actes d’intolérance envers la communauté musulmane en Suède, il a condamné ces actes et réitéré l’importance des libertés qui ont toujours fait de son pays une terre d’accueil, libre et ouverte. Il a annoncé que son gouvernement révisera les lois sur les rassemblements publics.  Il a ensuite réitéré que l’agression russe sur l’Ukraine et les menaces nucléaires mettent en péril la sécurité en Suède.  Selon lui, le multilatéralisme est la meilleure chance de préserver les objectifs de non-prolifération. 

M. FREDERICK AUDLEY MITCHELL, Ministre des affaires étrangères des Bahamas, a déclaré que son pays n’acceptait pas « l’évangile du non » prêché par les « ex-maîtres coloniaux » pour les réparations de l’esclavage, comme du reste pour les changements climatiques, dont son pays est victime, alors qu’il n’est pas responsable de cette crise.  Il a ensuite exhorté au déploiement d’une force multinationale en Haïti, remerciant le Gouvernement kényan de son offre de la diriger pour améliorer la sécurité et fournir une aide humanitaire.  Le Ministre a annoncé l’intention des Bahamas d’y participer, comme la Jamaïque et d’autres pays des Caraïbes. 

Après avoir appelé à la levée du blocus économique et financier injuste imposé à Cuba, M. Mitchell s’est lancé dans une diatribe contre la relation asymétrique qui prévaut entre les pays caraïbéens et leurs partenaires commerciaux de l’Union européenne qui, avec l’OCDE, se sont arrogés le rôle de « gendarmes du monde en matière de taxation » et dans le domaine bancaire. L’ONU est donc l’instance universelle adéquate pour élaborer une « nouvelle architecture d’administration fiscale internationale » reposant sur une représentation égale des États Membres, a estimé M. Mitchell. 

M. ARNOLDO RICARDO ANDRÉ TINOCO, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, a expliqué que son pays, soucieux de lutter contre la militarisation des nouvelles technologies, avait l’intention, avec l’Autriche et le Mexique, de présenter un projet de résolution à l’Assemblée générale pour réglementer le recours aux systèmes d’armements autonomes.  Aussi a-t-il lancé un appel à tous les États Membres pour qu’ils s’engagent à réduire de manière significative et irréversible leurs dépenses militaires.  « Notre seule arme doit être le droit international »! a tranché le Chef de la diplomatie costaricienne, pour qui la sécurité humaine doit être le socle sur lequel repose un nouveau pacte mondial. M. Tinoco a ensuite rappelé que le Costa Rica est le pays américain qui accueille sur son territoire le plus grand nombre de migrants par rapport à sa population, avec plus de 270 000 demandes d’asile enregistrées pour l’instant cette année.  Et ce, alors que nous sommes un pays à revenu intermédiaire et que nos ressources sont limitées.  Raison pour laquelle il s’est prononcé en faveur de mesures permettant d’encadrer les flux migratoires de manière sécurisée et d’un appui financier pour intégrer ces réfugiés dans le tissu social du pays.  Le Ministre a également demandé que soit réformée l’architecture financière internationale, y compris des banques régionales de développement, pour changer les modalités d’accès à l’aide publique au développement.  Enfin, évoquant les changements climatiques, M. Tinoco a expliqué que le Costa Rica était pionnier dans le mouvement de reforestation, auquel sont associées les populations autochtones du pays.  Il organisera d’ailleurs les 7 et 8 juin 2024 un événement de haut niveau afin de revoir à la hausse son ambition climatique, particulièrement s’agissant de la viabilité des océans, a précisé le Ministre.

Droits de réponse

La représentante de l’Inde a déploré « l’attitude malveillante » du Pakistan visant à détourner l’attention de la communauté internationale de la question des droits humains.  Rappelant que l’Inde est la plus grande démocratie du monde, elle a appelé le Pakistan à « balayer devant sa porte ».  La déléguée a affirmé que le Pakistan accueille le plus grand nombre de terroristes au monde.  Enfin, elle a appelé ce pays à agir pour la paix en Asie du Sud en cessant le terrorisme transfrontière, en quittant les territoires indiens occupés de manière illégale et en mettant un terme aux graves violations des droits humains à l’encontre des minorités au Pakistan. 

Réagissant aux affirmations des Îles Salomon, la déléguée du Japon a expliqué que les eaux déversées en mer ont été purifiées, démontrant une concentration de tritium largement inférieure aux normes réglementaires pour l’eau potable fixée par l’OMS.  Elle a ajouté que des experts ont analysé le récent déversement et que si celui-ci devait dépasser les normes internationales, le Japon cesserait immédiatement.  Le pays continuera à fournir les informations demandées par la communauté internationale en toute transparence, a-t-elle assuré

La représentante du Pakistan a déclaré que le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde, ne l’a jamais été et ne le sera jamais.  Le Conseil de sécurité a décidé, dans une résolution, que le statut final de ce territoire serait déterminé par sa population lors d’un plébiscite appuyé par les Nations Unies, a-t-elle rappelé.  Elle a affirmé que l’Inde, parrain du terrorisme, doit rendre des comptes pour ces crimes de guerre et pour ces violations des droits humains dans les territoires occupés.  Aujourd’hui, a-t-elle accusé, l’Inde exporte le terrorisme à l’échelle mondiale en soutenant et finançant les Taliban qui ont mené de nombreuses attaques contre des civils et des cibles militaires au Pakistan.  La représentante a enfin condamné la répression des minorités musulmanes, chrétiennes et des dalit en Inde citant des attaques contre les lieux de culte et les meurtres de personnes de confession musulmane ou chrétienne. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu aux propos tenus par le Premier Ministre israélien ce matin, après avoir remercié les gardes de sécurité de l’ONU d’avoir expulsé de la salle, mardi, le « soi-disant ambassadeur de ce régime ».  Il a ensuite accusé Israël de nombreuses atrocités et dénoncé ses campagnes de désinformation contre son pays, les jugeant « risibles ».  Ces allégations ont été exprimées par Israël dans cette enceinte, a-t-il déploré, expliquant que son pays a ainsi été accusé, de façon totalement infondée, d’avoir fourni des armes à la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.  Le Gouvernement israélien tente de détourner l’attention de la communauté internationale de ses propres méfaits, selon le délégué iranien, alors qu’il abrite sur son territoire des réseaux terroristes et commet des crimes depuis sept décennies contre le peuple palestinien.  Le « régime israélien » est une menace à la paix et la sécurité dans la région et le monde, a-t-il ajouté en regrettant qu’il empêche la création d’une zone exempte d’armes nucléaires.  Le délégué a aussi déploré la menace de l’usage de la force par Israël contre l’Iran.  Il a réaffirmé son droit à l’autodéfense conférée par le droit international et la Charte des Nations Unies.  « Nous sommes prêts à rétorquer en cas d’agression d’Israël », a prévenu le représentant. 

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