Soixante-dix-huitième session,
Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, matin & après-midi
AG/12535

Les États Membres se réengagent en faveur d’une couverture sanitaire universelle, « parce que la santé ne peut être une question de revenu »

Les États Membres ont approuvé aujourd’hui une déclaration politique par laquelle ils proclament que chaque être humain a le droit de jouir du plus haut niveau de santé physique et mentale possible et se réengagent en faveur d’une couverture sanitaire universelle.  Cette déclaration, qui doit encore être formellement adoptée par l’Assemblée générale, survient quatre ans après l’adoption en 2019 de la première Déclaration sur le sujet, par laquelle les États Membres s’engageaient à mettre en œuvre des politiques « à haut impact » pour protéger la santé des personnes. 

Dans cette nouvelle déclaration, approuvée au début d’une réunion de haut niveau riche de plus d’une centaine d’interventions, les États Membres reconnaissent par ailleurs que la couverture sanitaire universelle est fondamentale pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), non seulement ceux liés à la santé et au bien-être, mais aussi ceux relatifs à l’éradication de la pauvreté, à l’accès à l’éducation, à l’égalité de genre ou encore à l’édification de sociétés pacifiques et inclusives.  Ils réaffirment en outre le rôle premier des États dans la mise en place d’une telle couverture. 

Les États Membres prennent également note des graves lacunes sanitaires révélées par la récente pandémie de COVID-19, aucun progrès n’ayant en effet été enregistré depuis 2019 dans l’expansion de la couverture sanitaire dans le monde.  Ils notent aussi la gravité du sous-financement des systèmes de santé nationaux, notamment en ce qui concerne l’allocation de fonds publics et externes. Ils déplorent également la pénurie en travailleurs de la santé, puisque 10 millions devraient manquer d’ici à 2030. 

« La santé est un droit pour tous, une question fondamentale de justice sociale, d’équité et de droits humains », a réagi le Président de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, sitôt le texte approuvé.  Il a rappelé que chaque année des millions de personnes sombrent dans la pauvreté en raison du coût de leurs soins de santé.  « Santé et développement durable sont les deux faces d’une même pièce », a-t-il rappelé, appuyé par la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed. 

« La santé ne peut être une question de revenus », a abondé le Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, en faisant siens ces mots de Nelson Mandela.  Il a souligné que 4,5 milliards de personnes ne sont pas totalement couvertes par les services de santé essentiels et que 2 milliards font face à des difficultés financières, c’est-à-dire qu’ils doivent choisir entre l’achat de médicaments ou de nourritures.  En outre, près de 800 femmes meurent chaque jour de complications liées à un accouchement et 100 000 personnes meurent chaque jour de façon prématurée en raison d’une maladie non transmissible. 

Le Chef de l’OMS a surtout rappelé que l’instauration d’une couverture sanitaire universelle est un défi politique, non pas technique.  « C’un choix politique. »  À ce titre, il a estimé que cette déclaration envoie un signal fort, avant de rappeler que le renforcement des soins de santé primaire dans le monde permettrait de sauver pas moins de 60 millions de vies. 

« Faisons le choix politique de la couverture sanitaire universelle. »  Même son de cloche du côté de Mme Rebecca Akufo-Addo, Première Dame du Ghana, qui a estimé que le monde ne fait pas assez d’efforts pour instaurer une couverture sanitaire universelle, y compris au sein des pays développés où des écarts dans l’accès aux soins subsistent.  Elle a exhorté ces pays à aider les pays en développement pour la distribution de médicaments génériques.  « La santé doit être accessible à tous, si nous le voulons, nous y arriverons », a-t-elle dit. 

Tous les intervenant se sont félicités de l’approbation de cette déclaration, à l’instar du Président du Chili qui a rappelé combien la rivalité l’avait emporté sur la coopération pendant la pandémie, s’agissant notamment de l’accès aux vaccins.  « Le droit à la santé est un droit humain qui doit être garanti pour tous », a-t-il déclaré, tandis que le Président du Monténégro a rappelé qu’il ne peut y avoir de « prospérité sans santé ».

« La couverture sanitaire universelle est une question de droit humain », a renchéri le Ministre de la santé de l’Irlande, qui a indiqué que la rétention du personnel de santé est un axe majeur de sa politique sanitaire.  Son homologue de l’Iraq s’est engagé à mettre en place une telle couverture, tandis que la Ministre de la santé de l’Estonie a loué les avantages de la numérisation quant à l’accès aux prestations médicales.  « La condition de la santé c’est la paix », a-t-elle dit, en condamnant vigoureusement la guerre en Ukraine. 

La Ministre des affaires étrangères des Tonga a, elle aussi, fait le pari de l’innovation pour renforcer l’offre de soins, notamment par le recours à la télémédecine, tandis que le Ministre de la santé de la Roumanie a souligné la nécessité de réorienter les systèmes de santé vers les soins primaires.  « Ce sont eux qui nous permettront de mettre en place une couverture sanitaire universelle. »  « Cette couverture est le Saint Graal en matière de santé », a appuyé la Ministre de la santé du Timor-Leste, qui a rappelé que la santé est un « droit tout autant qu’un devoir ».

Les appels à une solidarité internationale renforcée se sont également multipliés lors de cette réunion, à l’instar de celui lancé par le Ministre de la santé de la Jamaïque qui a appelé à regagner le terrain perdu pendant la pandémie.  « Il faut une solidarité mondiale en vue de renforcer les capacités des pays en développement dans le domaine de la santé », a déclaré le Ministre des relations extérieures du Cameroun, en soulignant l’importance, à ce titre, de l’aide publique au développement.   

« La résilience des Libanais est totale mais la solidarité internationale reste fondamentale », a appuyé le Ministre de la santé du Liban.  Le Ministre de la santé et de l’assainissement de la Sierra Leone a indiqué que l’absence de couverture sanitaire universelle en Afrique a une incidence négative sur la santé des populations, moins d’adultes étant à même de pouvoir obtenir un traitement pour les maladies non transmissibles.  Son homologue du Mali a exhorté la communauté internationale à épauler son gouvernement dans l’extension d’une telle couverture au Mali, y compris dans les zones en crise. 

De son côté, la Ministre de la santé d’Antigua-et-Barbuda a attiré l’attention sur la vulnérabilité des petits pays insulaires en développement dans l’approvisionnement en vaccins.  « Il ne peut y avoir de priorité plus impérieuse que le bon financement des systèmes de santé », a-t-elle insisté.  La Ministre des affaires étrangères du Mexique a indiqué que deux millions de personnes vont être couvertes dans son pays grâce aux efforts de son gouvernement, avant de s’élever contre la marchandisation de la santé.  « On ne doit pas gagner de l’argent grâce à des problèmes de santé. » 

Le Ministre de la santé de la Slovaquie a appelé à élaborer un budget mondial pour investir à l’échelle nationale, tandis que le Premier Ministre du Japon a indiqué que le G7 est conscient de la nécessité de renforcer le système sanitaire mondial pour se préparer pandémies.  Cinq milliards de dollars ont été donnés par le Japon, a-t-il dit.  « L’heure est venue pour les leaders du monde de parvenir à la couverture universelle d’ici à 2030, y compris dans les pays en développement. »  C’est une priorité absolue pour l’UE, a renchéri la Commissaire aux affaires intérieures de l’Union européenne

Des notes quelque peu dissonantes sont néanmoins venues de certaines délégations.  Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Hongrie a ainsi déclaré que l’application d’une telle couverture doit aider en premier lieu ceux qui en ont besoin sans créer des problèmes supplémentaires.  Les réfugiés autorisés à résider temporairement sur le territoire doivent donc avoir accès aux mêmes soins de santé, tandis que les migrants illégaux ne devraient pas avoir les mêmes droits, a-t-il tranché. 

De son côté, le Ministre de la santé de Singapour a rappelé que la tâche fondamentale des systèmes de santé est de prendre soin des malades, ce qui est difficile lorsque la population vieillit.  Plus de ressources doivent donc être investies dans les soins préventifs, tels que la promotion de modes de vie sains, a-t-il dit.  Enfin, le Vice-Ministre de la santé de la Fédération de la Russie a déploré la politisation de cette réunion à l’encontre de son pays.

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