Soixante-dix-huitième session,
Réunion de haut niveau sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies, AM & PM
AG/12533

Face aux pandémies, les États Membres s’engagent à une meilleure coordination et à garantir un accès équitable aux traitements

Aujourd’hui, les États Membres ont participé à une réunion de haut niveau inédite sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies.  À cette occasion, ils ont approuvé une déclaration politique qui appelle à renforcer la coopération internationale en s’appuyant sur les agences de l’Organisation des Nations Unies, au premier rang desquelles l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et à garantir un accès « rapide, durable et équitable » aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements.  

Ouvrant les débats, le Président de l’Assemblée générale a présenté la pandémie de COVID-19 comme « un des défis mondiaux les plus pressants de notre époque », ajoutant que son impact sur les économies et les systèmes de santé durerait encore pendant des années.  « La réalité, c’est que nous avons tout simplement manqué de préparation et de réactivité », a-t-il martelé, insistant sur la nécessité de se préparer à d’autres pandémies. 

M. Dennis Francis a aussi noté que la pandémie de COVID-19 avait révélé les inégalités qui affectent notre monde, rappelant que nombre de pays en développement, en particulier parmi les pays les moins avancés (PMA), n’avaient pas pu soigner leurs malades, organiser le travail et l’éducation à distance, ni relancer leurs économies.  

Dans la Déclaration politique, les États Membres s’inquiètent d’ailleurs des « inégalités criantes » d’accès aux vaccins contre la COVID-19, notant qu’en décembre 2022, 22% de la population des pays à faible revenu était complètement vaccinée contre 75% dans les pays à revenu élevé. Ils soulignent aussi que trois ans après le début de la pandémie, 84% des États continuent de signaler des perturbations dans au moins un service de santé essentiel. 

Préoccupée par l’accumulation des vaccins dans les pays riches alors que les populations des pays pauvres étaient laissées pour compte, la Secrétaire générale adjointe, Mme Amina J. Mohammed, a appelé à ne pas reproduire une telle situation en appliquant les préconisations de la Déclaration politique.   

Dans cette dernière, les États Membres appellent notamment à promouvoir la distribution équitable de médicaments abordables et de qualité, en réaffirmant l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), qui prévoit des flexibilités pour la protection de la santé publique et favorise l’accès aux médicaments pour tous, en particulier pour les pays en développement.  

Les États Membres y appellent également à renforcer les capacités de production locale et régionale de vaccins et de médicaments, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en procédant à des transferts de technologie et en coopérant avec des communautés de brevets volontaires.  

Lors de son intervention, Mme Mohammed a également appelé à une réforme de l’architecture financière internationale afin d’alléger le fardeau de la dette des pays en développement qui les empêche d’atteindre l’objectif d’une couverture sanitaire universelle.  Pour ce faire elle a plaidé pour un financement à long terme d’au moins 500 milliards de dollars par an dans le cadre du plan de relance des objectifs de développement durable (ODD).   

Elle a également appelé à lutter contre la désinformation sur les vaccins, notamment grâce à un code de conduite sur les plateformes numériques.  De même, elle a proposé la création d’une plateforme de coordination d’urgence pour réagir face aux chocs internationaux complexes.  Les États Membres pourraient s’emparer de ces deux propositions et les mettre en œuvre à l’occasion du Sommet de l’avenir de septembre 2024, a-t-elle suggéré.  

Qualifiant l’adoption de la déclaration politique d’« historique », le Directeur général de l’OMS a exhorté les États Membres à prendre des mesures d’urgence pour mettre en œuvre les engagements pris dans la déclaration politique.  M. Tedros Adhanom Ghebreyesus les a aussi exhortés à aboutir d’ici au mois de mai 2024, à un accord solide en vue de rédiger un instrument international de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies, ainsi qu’à amender le Règlement sanitaire international (2005).   

Le Directeur général principal de la Banque mondiale a salué le premier anniversaire du Fonds de lutte contre les pandémies, qui a reçu des annonces de contributions de 133 pays pour un montant de 2 milliards de dollars.  En dépit de ce « très bon point de départ », M. Axel Van Trotsenburg a toutefois estimé qu’il faudrait allouer 10 milliards de dollars à la préparation aux pandémies et appelé les États Membres à fournir les ressources nécessaires. 

« Dépenser des milliards permettra d’économiser des billions », a renchéri la Championne de haut niveau pour la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies qui a, elle aussi, plaidé en faveur d’un système de financement mondial capable de réagir immédiatement en cas de pandémie. Estimant que les vaccins, les diagnostics et les traitements, devraient être considérés comme des « biens communs planétaires », elle a souhaité qu’ils soient disponibles dans le monde entier au sein d’un système préfinancé. 

« Les virus pouvant causer des pandémies ne vont pas attendre des années que la diplomatie produise des résultats », a averti Mme Helen Clark, appelant à conclure aussi vite que possible des accords dans le cadre des négociations en cours à Genève et à envisager la création d’un organe de coordination mondial dédié.  « L’ingéniosité et la solidarité humaine peuvent faire de la COVID-19 la dernière pandémie à causer une telle dévastation », mais cela dépend avant tout du choix politique des États Membres, a-t-elle souligné. 

Après ce segment liminaire, les délégations ont poursuivi leurs discussions dans le cadre d’un débat plénier et de deux tables rondes consacrées à la garantie de l’équité par le jeu de la gouvernance et l’application du principe de responsabilité́; ainsi qu’en renforçant les capacités de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies et en mobilisant des financements et des investissements durables et novateurs. 

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