En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-septième session,
78e séance, matin
AG/12509

L’Assemblée générale débat de l’application de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et proclame le 10 février Journée internationale du léopard d’Arabie

Saisie d’un rapport du Secrétaire général sur le sujet, l’Assemblée générale a débattu, ce matin, de la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 et de la Déclaration politique adoptée en 2021, l’occasion pour son Président de mettre en avant les progrès réalisés ces deux dernières décennies dans la lutte contre cette pandémie, notamment grâce aux traitements antirétroviraux et à l’utilisation de la prophylaxie préexposition.  L’Assemblée a par ailleurs adopté une résolution proclamant le 10 février Journée internationale du léopard d’Arabie. 

Notant que la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, que ce soit de sida ou de COVID-19, constituent une « pierre angulaire » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’en dépit des retards pris dans la réalisation de ces objectifs communs, « il y a lieu d’être optimiste pour ce qui est de la riposte mondiale au sida ».  À la faveur des avancées enregistrées en matière de prévention et de traitement ces vingt dernières années, le nombre d’infections a en effet diminué de 50% et celui des décès de 70%, s’est félicité M. Csaba Kőrösi, jugeant que ces progrès témoignent du pouvoir du multilatéralisme et de la coopération internationale. 

Les efforts déployés dans le cadre du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) font que le monde est « sur la bonne voie » pour vaincre le sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030, a confirmé le Secrétaire général adjoint aux politiques.  Parmi les progrès accomplis dans la riposte mondiale, M. Guy Ryder a cité le fait que près de 29 millions de personnes dans le monde reçoivent un traitement salvateur et que le déploiement mondial du traitement contre le VIH a permis d’éviter 16,5 millions de décès liés au sida entre 2001 et 2020.  Autre signe positif, on estimait en 2021 à 1,5 million le nombre des nouvelles infections au VIH, soit près d’un tiers de moins qu’en 2010, a-t-il relevé. 

Reste que, comme l’a constaté M. Kőrösi, ces progrès sont inégaux, les améliorations les plus significatives se produisant dans les pays qui ont choisi d’investir dans des ripostes au VIH/sida. Ainsi, dans certaines parties du monde, le traitement du VIH et le matériel éducatif sont gratuits et facilement disponibles, tandis que dans d’autres, ils restent non seulement difficiles à acquérir, mais constituent encore un tabou, a-t-il déploré, y voyant les effets d’une volonté politique défaillante, d’un fossé persistant entre les sexes, d’un financement insuffisant, de systèmes de santé publique fragiles et de l’incapacité à corriger les inégalités, sans oublier les racines que trouve cette pandémie dans l’homophobie, la transphobie et la discrimination. 

De fait, le sida continue d’être une crise mondiale, causant un décès chaque minute et restant la quatrième cause de décès en Afrique, a rappelé M. Ryder, pour qui les actions menées pour éradiquer le VIH/sida sont liées à celles, plus larges, visant à éliminer la pauvreté et la faim.  Si ces actions pâtissent des crises multiples, notamment des retombées des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19, elles sont aussi tributaires des progrès en matière de droits humains et d’inclusion sociale, d’égalité des sexes et de lutte contre la discrimination et la stigmatisation, a ajouté le Secrétaire général adjoint.  À ce propos, il a estimé que les lois et les politiques qui criminalisent les personnes vivant avec le VIH ou risquant le plus de le contracter « portent gravement atteinte à la cause ». 

Le Président de l’Assemblée générale a, lui, appelé à combler les lacunes des services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, en particulier pour les groupes vulnérables, et à assurer un financement adéquat à ces efforts.  M. Kőrösi a également plaidé pour la mise en œuvre de programmes fondés sur des données factuelles et pour la création de synergies entre la riposte au sida, les objectifs de santé plus larges et l’ensemble du Programme 2030, avant d’exhorter les États Membres à se montrer ambitieux sur ce point lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) programmé en septembre. 

En première ligne de cette pandémie, l’Afrique du Sud a dit progresser vers l’objectif « 95-95-95 » fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), s’enorgueillissant notamment que plus de 5,7 millions de personnes vivant avec le VIH dans le pays bénéficient aujourd’hui d’un traitement. Elle a cependant appelé à un sursaut en matière de prévention des pandémies et de couverture sanitaire universelle (CSU), singulièrement en direction des jeunes.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Barbade a elle aussi préconisé une intégration des services liés au VIH dans la CSU, tout en soulignant l’importance des transferts de technologie vers les pays en développement pour y faire progresser la recherche-développement.  Un avis partagé par la Chine, la République islamique d’Iran ou encore le Cambodge. 

Observant que l’accès équitable et abordable aux médicaments et aux autres technologies de la santé est à l’origine des plus grandes percées contre la pandémie de sida, le Brésil a quant à lui rappelé que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure n’ont pas toujours accès aux nouveaux produits à des prix abordables, en particulier aux antirétroviraux injectables à action prolongée.  Dans le même ordre d’idées, le Kenya a appelé de ses vœux une distribution équitable des thérapies antirétrovirales, tandis que la Namibie mentionnait le défi de la propriété intellectuelle quant à l’accès aux traitements. 

De son côté, la Fédération de Russie s’est targuée d’avoir l’un des taux de dépistage les plus élevés au monde, une réussite obtenue selon elle grâce à des financements fédéraux et non par le biais des subventions d’ONUSIDA.  Elle s’est d’autre part élevée contre certains « concepts » abordés dans le rapport du Secrétaire général, à commencer par celui d’éducation complète à la sexualité, qui, à son avis, risque de compromettre la santé publique, la protection des enfants et de la famille, ainsi que la lutte contre la consommation de drogues.    

À l’issue de cette discussion, l’Assemblée générale a fait sienne une résolution qui proclame le 10 février Journée internationale du léopard d’Arabie et appelle à la coopération internationale et régionale pour conserver cet animal « à l’importance vitale pour l’écosystème de la péninsule arabique ».  Le Mexique a salué cette adoption en rappelant que la coopération a permis de préserver le jaguar en Amérique latine.  

MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA: RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/77/877)

Débat sur la question

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a tout d’abord adressé ses sincères condoléances à tous ceux dont la vie a été affectée ou bouleversée par l’épidémie de sida et qui ont perdu des êtres chers à cause de la maladie.  Il a ensuite indiqué que cette réunion vise à évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, avant de rappeler que la riposte à cette maladie est indissociable de la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD).  La prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, que ce soit de sida ou de COVID-19, constituent la pierre angulaire du Programme 2030, a-t-il affirmé, ajoutant que si ce programme accuse un retard dans sa réalisation, il y a lieu d’être optimiste pour ce qui est de la riposte mondiale au sida.  Alors que le diagnostic du sida était autrefois une « condamnation à mort », la science et la solidarité ont transformé cette pathologie en une « maladie chronique gérable », a salué le Président de l’Assemblée générale. Grâce au traitement antirétroviral et à l’utilisation de la prophylaxie préexposition, les deux dernières décennies ont vu les infections diminuer de 50% et les décès de 70%, s’est-il félicité, jugeant que ces progrès témoignent du pouvoir du multilatéralisme et de la coopération internationale. 

M. Kőrösi a toutefois relevé que, bien qu’exceptionnels, ces progrès sont inégaux. Les améliorations les plus significatives se produisent dans les pays qui choisissent d’investir dans leurs ripostes au VIH et au sida, a-t-il constaté.  Ainsi, dans certaines parties du monde, le traitement du VIH et le matériel éducatif sont gratuits et facilement disponibles, tandis que dans d’autres, ils restent non seulement difficiles à acquérir, mais constituent encore un tabou.  Les causes de ces contrastes sont, selon lui, bien connues: une volonté politique défaillante, une inégalité persistante entre les sexes, un financement insuffisant, des systèmes de santé publique fragiles et l’incapacité à corriger les inégalités.  De plus, l’ampleur de cette épidémie trouve ses racines dans l’homophobie, la transphobie et la discrimination.  Rappelant à cet égard que la communauté internationale n’a pas été à la hauteur dans les premières années de l’épidémie, le sida étant alors « la maladie dont on a du mal à parler », il a noté qu’à mesure que notre compréhension de la maladie a évolué, notre réponse a changé également. Nous avons fait de l’universalité, de l’équité et de l’inclusivité des principes cruciaux pour la préparation et la riposte à une pandémie, et nous œuvrons pour faire du droit à l’égalité d’accès aux soins de santé une réalité pour tous, a-t-il souligné. 

Pour le Président de l’Assemblée générale, il existe également des mesures très concrètes à prendre pour mieux répondre au VIH/sida, la première étant de combler les lacunes des services de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, en particulier pour les groupes vulnérables.  Il convient en outre d’assurer un financement adéquat et équitable, et de mettre en œuvre des programmes fondés sur des données factuelles. Il faut par ailleurs utiliser les synergies entre la riposte au sida, les objectifs de santé plus larges et l’ensemble du Programme 2030 « parce que les crises qui se chevauchent et s’imbriquent doivent être traitées de manière globale, et non comme des problèmes isolés ».  À cette aune, M. Kőrösi a exhorté les États Membres et les parties prenantes à renouveler leurs engagements politiques et financiers pour mettre fin à la pandémie, estimant que le Sommet sur les ODD en septembre offrira la meilleure occasion d’être ambitieux.

M. GUY RYDER, Secrétaire général adjoint aux politiques, s’exprimant au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a déclaré que, grâce aux efforts déployés dans le cadre du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le monde est « sur la bonne voie » pour vaincre le sida en tant que menace pour la santé publique d’ici à 2030.  Parmi les progrès enregistrés dans la riposte mondiale au sida, il a relevé que près de 29 millions de personnes dans le monde reçoivent un traitement salvateur et que le déploiement mondial du traitement contre le VIH a permis d’éviter 16,5 millions de décès liés au sida entre 2001 et 2020.  Autre indicateur encourageant, on estimait en 2021 à 1,5 million le nombre des nouvelles infections au VIH, soit près d’un tiers de moins qu’en 2010.  Ces « victoires » sont le résultat d’un engagement politique fort, d’une solidarité mondiale, de stratégies fondées sur des preuves et de partenariats solidaires entre les communautés touchées et les autorités publiques, s’est-il félicité, tout en appelant à ne pas relâcher cet effort. 

Le sida continue en effet d’être une crise mondiale, causant « un décès chaque minute », a rappelé M. Ryder.  À mi-chemin du processus de réalisation des objectifs de développement durable (ODD), il a fait remarquer que les efforts déployés pour mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique sont liés à ceux, plus larges, visant à éliminer la pauvreté et la faim, à lutter en faveur de la gouvernance et de l’accès aux soins de santé pour tous.  Il a constaté que ces actions ont pâti des crises multiples, notamment des changements climatiques et de la pandémie de COVID-19.  L’éradication de cette maladie est également tributaire des progrès en matière de droits humains et d’inclusion sociale, d’égalité des sexes et de lutte contre la discrimination et la stigmatisation, a ajouté le Secrétaire général adjoint, pour qui les lois et les politiques qui criminalisent les personnes vivant avec le VIH ou risquant le plus de le contracter « portent gravement atteinte à la cause ».  De fait, les mesures prises récemment par plusieurs pays pour supprimer ces « lois néfastes » sont une source d’espoir, a-t-il affirmé. 

En outre, mettre fin au sida nécessite des ressources, a poursuivi le haut fonctionnaire, avant de déplorer la baisse des investissements internationaux et nationaux dans la riposte au VIH.  Les conditions économiques mondiales défavorables ont amené certains gouvernements à réduire le financement des programmes et des services qui aident à vaincre le sida, a-t-il observé, jugeant essentiel de combler ce manque à gagner, non seulement pour atteindre les objectifs de lutte contre le sida définis dans la Déclaration politique de 2021, mais aussi pour soutenir les fonctions plus larges du système de santé, y compris la préparation et la riposte à la pandémie.  Pour cela, nous avons besoin d’investissements dans de nouveaux médicaments et technologies qui contribuent à réduire le coût des produits vitaux, a-t-il plaidé, appelant aussi à investir dans l’éducation des femmes, des filles et des garçons pour assurer l’accès aux services de santé pour tous. 

Mettre fin au sida nécessite également des programmes basés sur des preuves solides et guidés par des données, a encore appuyé M. Ryder.  Selon lui, la riposte mondiale au sida a mis en place certains des systèmes de données les plus complets en matière de santé et de développement.  Ces systèmes de collecte et d’analyse sont un modèle pour concevoir des interventions qui répondent aux besoins spécifiques des communautés vulnérables, a-t-il insisté, invitant à cet égard la communauté internationale à veiller à ce que l’ONUSIDA soit entièrement financé.  Enfin, il a annoncé la tenue de trois grandes réunions consacrées à la santé lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale de cette année.  Axées sur la tuberculose, la préparation à une pandémie et la couverture sanitaire universelle, ces réunions s’appuieront sur les leçons que nous avons tirées de la riposte au sida, a-t-il indiqué, appelant à « marcher ensemble » pour vaincre la maladie d’ici à 2030. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a fait remarquer que bien que les gains obtenus dans la lutte contre le VIH/sida produisent d’importants dividendes en matière de santé, d’économie et de développement qui accélèrent les progrès vers d’autres ODD, les progrès ne touchent pas tout le monde et le sida reste la quatrième cause de décès en Afrique.  Les nouvelles infections au VIH augmentent en Afrique du Nord, a-t-il même signalé en précisant que seulement la moitié des personnes vivant avec le VIH ont reçu un traitement antirétroviral en 2021.  Afin d’inverser cette situation, il a lancé un appel en faveur d’interventions concrètes pour renforcer la prévention, le diagnostic et le traitement du VIH.  Si l’on veut atteindre l’objectif 95-95-95, tout le monde devrait bénéficier de manière égale des mêmes offres de tests, de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, a-t-il analysé.  Faisant remarquer que près de six millions de personnes dans le monde ignorent leur statut en matière de VIH et ne reçoivent donc pas de traitement, cela signifie que ces personnes n’ont pas accès aux tests.  Le délégué a donc prôné l’autodépistage du VIH et l’amélioration du dépistage sanitaire national, qui peuvent réduire considérablement cet écart croissant en matière d’infection par le VIH. 

Le représentant a constaté que les progrès dans la lutte contre le VIH sont au point mort et que le rythme des progrès dans la lutte contre la pandémie de sida ralentit.  Il a mis en cause le manque de volonté politique et de financement, ainsi que la fragilité des systèmes de santé publique et l’incapacité de faire face aux injustices et aux inégalités qui alimentent la pandémie.  Il a réitéré que les inégalités socioéconomiques et entre les sexes ainsi que les besoins en soins de santé liés au VIH des personnes incarcérées qui continuent d’être négligés, augmentent le risque d’infection par le VIH pour les personnes concernées.  Ces inégalités ont un impact sur les femmes, en particulier les jeunes femmes, dans les régions les plus touchées.  Il s’est également dit préoccupé par le fait que la stigmatisation, la discrimination et la violence liées au VIH restent courantes, avant de réaffirmer le droit de chacun, y compris des personnes vivant avec le VIH, de vivre à l’abri de la stigmatisation et de la discrimination et de mener une vie prospère et durable.  Il a déploré que les enfants vivant avec le VIH ne bénéficient pas de tests du VIH, de traitements et de programmes de prévention de la transmission verticale du VIH en particulier en Afrique de l’Ouest et du Centre, où les programmes n’ont touché que 60% des femmes enceintes ou allaitantes vivant avec le VIH en 2021.  Il a lancé un appel urgent à manifester un engagement politique plus fort et à combler les lacunes en matière de diagnostic, de prévention, de dépistage et de traitement du VIH, et à assurer un financement adéquat et équitable pour soutenir les efforts nationaux visant à éliminer le sida d’ici à 2030.  Il faut un appui international pour renforcer les systèmes de santé nationaux à tous les niveaux, partager les meilleures pratiques dans la mise en œuvre de programmes fondés sur des données, a-t-il encore réclamé, misant sur le renforcement des partenariats mondiaux et de la solidarité.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a estimé que l’élimination du VIH/sida est un objectif ambitieux mais réalisable.  Il nous reste néanmoins beaucoup à faire, a dit le délégué, en soulignant la remise en cause de certains acquis dans la lutte contre le VIH/sida en raison de la pandémie de COVID-19.  Il a appelé à combattre la stigmatisation des personnes vivant avec le virus, avant de faire valoir la contribution de 4,3 milliards d’euros de l’Union en faveur de la lutte contre le VIH/sida.  Il a mentionné la nouvelle Stratégie mondiale pour la santé, de l’UE, vantant aussi l’engagement des États membres de l’UE pour mobiliser le secteur privé afin qu’il soutienne la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a indiqué que plus de 300 milliards d’euros sont investis pour soutenir le secteur de la santé.  Le représentant a salué le rôle d’ONUSIDA, avant de plaider en faveur de l’unité afin de concrétiser les engagements de la Déclaration politique de 2021.  Nous ne pouvons pas abandonner ceux et celles qui vivent avec le virus et nous devons tout faire pour éviter toute nouvelle infection, a conclu le délégué.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. FRANCOIS JACKMAN (Barbade) a mis en avant les efforts de l’organisation intergouvernementale dans le cadre de sa « vision d’une Caraïbe sans sida ».  Nous avons veillé à donner aux personnes vivant avec le VIH/sida ou à risque de le devenir les moyens d’adopter des modes de vie sûrs et sains, a-t-il expliqué, faisant état de services de dépistage en laboratoire et communautaires à la fois accessibles, équitables et de haute qualité.  Assurant que la région est en bonne voie d’atteindre ses objectifs « 90-90-90 », il s’est réjoui du fait que, selon les dernières statistiques, 77% des personnes vivant avec le VIH dans les Caraïbes connaissent leur statut, que 81% des personnes diagnostiquées séropositives suivent un traitement et que 80% des personnes sous traitement antirétroviral soient sans charge virale.  La région de la CARICOM continue également à réduire la transmission mère-enfant, s’est-il enorgueilli avant d’affirmer avec satisfaction que, dans les Caraïbes, les décès dus au sida ont diminué de 37% et les nouvelles infections à VIH de 29% depuis 2010. 

Le représentant a cependant reconnu que beaucoup reste à faire pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  Assurant que la région à fait siens les engagements adoptés dans la Déclaration politique de 2021, il a appelé à continuer de mettre en œuvre des approches multisectorielles et multipartites, centrées sur les personnes et basées sur la communauté. Cela passe selon lui par l’intégration des services liés au VIH dans la couverture sanitaire universelle et par la mise en place de systèmes de santé et de protection sociale résilients afin d’obtenir des résultats optimaux pour les personnes vivant avec, à risque et affectées par le VIH/sida.  À ce sujet, il a souligné l’importance de la science, de la technologie et de l’innovation pour faire avancer les ripostes nationales et la nécessité du transfert de technologie en vue d’intensifier le renforcement des capacités ainsi que la recherche-développement dans les pays en développement.  Il a reconnu que les pays de la région dépendent toujours de la pleine utilisation des flexibilités de l’Accord sur les ADPIC (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour accéder à des médicaments, des vaccins, des diagnostics et d’autres technologies de santé sûrs, efficaces et de haute qualité.  Il a conclu en plaidant pour un engagement sur l’accessibilité mondiale et la disponibilité des médicaments pour tous, regrettant enfin qu’il n’y ait eu aucun progrès dans le développement d’un nouveau vaccin contre le VIH. 

M. DINESH SETIA (Inde) a dit que le modèle de prévention du VIH en Inde est centré sur le « Programme d’interventions ciblées » mis en œuvre avec le soutien de la société civile.  Ce programme vise le changement de comportement, la communication, la sensibilisation, la prestation de services, le conseil, le dépistage et l’établissement de liens avec les personnes porteuses du VIH, a expliqué le représentant.  Il a été révisé pour se concentrer sur les populations difficiles à atteindre et à risque. Les systèmes de dépistage de la charge virale ont été renforcés et les services de conseil et de dépistage communautaire du VIH pour un diagnostic précoce ont été intensifiés avec pour objectif d’éliminer la transmission de la mère à l’enfant, a ajouté le représentant. Près de 1,4 million de personnes reçoivent gratuitement un traitement antirétroviral.  Des millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique bénéficient aussi des médicaments indiens.  Qui plus est, le Gouvernement a signé des protocoles d’accord avec les industries des secteurs public et privé pour mobiliser leur soutien à la prévention et au traitement du VIH, l’objectif étant d’atteindre 100% des personnes vivant avec cette maladie.  En conclusion, l’Inde reste attachée au renforcement de la coopération internationale dans la lutte collective contre le VIH/sida. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a estimé que les traitements contre le VIH/ sida ont permis d’éviter 16 millions de décès entre 2001 et 2020, tout en notant les inégalités persistantes quant à l’accès auxdits traitements.  Il a souligné la remise en cause de certains acquis dans la lutte contre le VIH/sida en raison de la pandémie de COVID-19.  Il a notamment mentionné le défi de la propriété intellectuelle quant à l’accès aux traitements.  Le représentant a appelé à des synergies entre les processus gouvernementaux de lutte contre le VIH/sida et contre les futures pandémies.  « La riposte aux urgences sanitaires mondiales doit être équitable. »  Selon lui, il ne faut pas réitérer les erreurs constatées dans la lutte contre la pandémie, notamment en ce qui concerne l’accès aux vaccins.

M. NOAH OEHRI (Liechtenstein) a estimé que les succès obtenus dans la lutte contre le VIH/sida démontrent l’impact que peut avoir la communauté internationale dans le cadre d’efforts concertés.  Il a appelé tous les pays à continuer de fournir des traitements antirétroviraux, assurant que ces efforts contre la pandémie de sida contribuent à la promotion de tous les ODD, notamment en matière de lutte contre la pauvreté et la faim. Le représentant a cependant observé que, malgré les progrès enregistrés dans de nombreuses régions du monde, la situation reste fragile, en particulier en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et en Europe de l’Est.  Il importe selon lui de « lever les obstacles sociétaux » et de faire reculer la marginalisation des groupes à risques, qui ne peuvent jouir de leur droit à la santé.  Il faut aussi reconnaître toutes les vulnérabilités, a ajouté le représentant, pour qui la prophylaxie est un outil essentiel pour réduire les risques d’infection. Il faut l’élargir au-delà des pays à revenu élevé, a-t-il plaidé, avant d’appeler à soutenir les orientations de l’ONUSIDA. 

Mme NJAMBI KINYUNGU (Kenya), préoccupée par le fait que les gains constatés par le Secrétaire général ne profitent pas à tout le monde, a estimé qu’il faut donner la priorité à une réponse équitable pour avoir un impact sur les populations les plus vulnérables, lutter contre les inégalités socioéconomiques et assurer l’accès à des soins de santé de qualité pour tous. Au Kenya, a-t-elle informé, le Gouvernement a adopté une approche multisectorielle de la pandémie de VIH/sida axée sur les données et sur la population.  Il a mis en œuvre la deuxième phase du Cadre stratégique sur le sida visant à accélérer les progrès vers un Kenya exempt d’infections par le VIH, de stigmatisation et de décès liés au sida.  L’accent a été mis sur l’éducation, la sensibilisation et la prévention.  Selon la représentante, le taux d’infection chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans reste préoccupant.  Les jeunes femmes et les filles étant touchées de manière disproportionnée par le VIH/sida, il est important de répondre à leurs besoins spécifiques et à l’autonomisation socioéconomique des communautés touchées.  La représentante a demandé un financement durable de la prévention, du traitement, des soins et des services d’appui aux systèmes de santé. Il faut également consacrer des ressources adéquates à la recherche, au développement et à la distribution de thérapies antirétrovirales et d’autres médicaments vitaux.  Investir dans les médicaments, c’est investir dans le bien-être des personnes, des familles et des communautés.  Or, les zones reculées d’Afrique restent mal desservies.  Pour mettre fin à la pauvreté liée au sida, a plaidé la représentante, il faut une coopération globale. 

Mme PATRICIA SOARES LEITE (Brésil), préoccupée par le fait que, malgré les progrès remarquables réalisés, les infections à VIH et les décès liés au sida ne diminuent pas assez rapidement pour atteindre l’objectif et les cibles mondiaux, a souscrit pleinement aux recommandations du Secrétaire général pour des actions collectives renforcées.  Le Brésil a constamment progressé dans la prévention et la prise en charge du VIH/sida grâce à son système de santé unifié (SUS) qui garantit l’accès universel et gratuit au traitement et au diagnostic, s’est félicitée la représentante.  Plus de 700 000 personnes reçoivent ainsi des médicaments antirétroviraux gratuits, dont plus de la moitié sont produits localement. Pour assurer une détection précoce, a-t-elle expliqué, nous avons commencé la distribution gratuite d’autotests VIH dans les formations sanitaires publiques ainsi que de tests rapides VIH, auprès des populations clefs et prioritaires, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Pour réduire les nouvelles infections à VIH, le SUS fournit gratuitement une large disponibilité d’outils de prévention, tels que les préservatifs. « Le coût reste cependant une question centrale. »  La représentante a rappelé que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, comme le Brésil, n’ont souvent pas accès aux prix réduits et nouveaux produits abordables, tels que les antirétroviraux injectables à action prolongée. L’accès équitable et abordable aux médicaments et aux autres technologies de la santé, qui ont joué un rôle clef dans les plus grandes percées contre la pandémie de sida, demeure indispensable, a-t-elle conclu. 

M. YAHYA AREF (République islamique d’Iran) s’est inquiété des nombreux écarts de financement dans la riposte au VIH/sida au niveau mondial.  Pour combler cette lacune, il a prescrit plus de transferts de technologies ainsi que des renforcements de capacités scientifiques en faveur des pays en développement.  Les traitements et les futurs vaccins doivent être mis à disposition rapidement, a réclamé le représentant avant d’indiquer que dans son pays, les efforts visent les personnes vivant avec le VIH et les mères allaitantes, afin de combattre la transmission de la mère à l’enfant.  Il a dénoncé les mesures coercitives unilatérales qui entravent l’accès aux médicaments, aux vaccins et aux traitements, et qui sapent les capacités des gouvernements visés à atteindre leurs objectifs en matière de VIH/sida. Les États ont le droit de mettre en place leurs propres mesures de riposte contre le VIH/sida, a plaidé le délégué. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a indiqué que l’État fournit à tous des soins complets et universels de qualité et un traitement gratuit.  Le Ministère de la santé, la Commission nicaraguayenne de lutte contre le sida (CONISIDA) et diverses institutions nationales accordent la priorité à la mise en œuvre de politiques d’action destinées aux jeunes et aux adolescents, afin de réduire les taux de contagion du VIH/sida en promouvant une santé sexuelle responsable.  Le Nicaragua compte aujourd’hui 117 cliniques de soins complets, contre sept en 2006, s’est félicité le représentant.  Réparties dans tout le pays avec des équipes multidisciplinaires -médecins, infirmières et personnel de soutien- ces cliniques garantissent un « accès complet, digne et gratuit » à environ 6 800 personnes qui reçoivent un traitement antirétroviral.  Le Ministère de la santé met en œuvre des programmes de soins émotionnels dans des centres de soins psychosociaux, a ajouté le représentant. Enfin, par l’intermédiaire de la Commission nationale pour une vie harmonieuse, le Gouvernement a élaboré une nouvelle stratégie à travers la campagne « Vivre avec le VIH » qui exhorte la responsabilité partagée de la famille et de la communauté, promeut les valeurs fondamentales du bien-vivre et invite la population à s’approprier les informations importantes pour accompagner les personnes vivant avec le VIH. 

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que le VIH faisait « une victime par minute en 2021 » et qu’il reste « la quatrième cause de mortalité en Afrique, l’Afrique subsaharienne étant la plus touchée ».  Selon le rapport de l’OMS de 2022 sur cette pandémie, les personnes vivant avec le VIH ont 14 à 18 fois plus de chances de tomber malade et de contracter la tuberculose.  Face à ces défis, l’Afrique du Sud a consenti des efforts considérables en matière de prévention et de traitement, a-t-il souligné, précisant que plus de 5,7 millions de personnes bénéficient aujourd’hui de traitements dans son pays, lequel progresse vers les objectifs « 95-95-95 ».  Le représentant a également souligné les avancées enregistrées dans la transmission mère-enfant, avant de reconnaître que ces progrès ont été freinés par la pandémie de COVID-19, qui a entraîné le détournement de ressources de santé et provoqué la pire récession économique de l’histoire récente.  Cela doit servir de sonnette d’alarme pour mettre en place un système de prévention des pandémies et de couverture de santé universelle, a-t-il plaidé, appelant en outre à ce que tous les groupes vulnérables, notamment les jeunes, aient accès à une prévention qui fonctionne pour eux.  À ce propos, il a indiqué que l’éducation sexuelle complète est intégrée dans les programmes scolaires sud-africains afin de sensibiliser aux questions d’hygiène et de santé et ainsi réduire les infections au VIH et les grossesses précoces.  Après sa campagne de prévention de juin 2022, l’Afrique du Sud a lancé en mars dernier son cinquième plan stratégique national pour le VIH, la tuberculose et les maladies sexuellement transmissibles 2023-2028, a-t-il encore indiqué, ajoutant que le Gouvernement s’engage à financer la prophylaxie préexposition, tout en sensibilisant les professionnels de la santé.  

M. TITHIARUN MAO (Cambodge) a déclaré que depuis 1993, le Cambodge a réalisé des progrès substantiels pour mettre fin à l’épidémie de VIH.  L’Autorité nationale de lutte contre le VIH/sida plaide pour l’inclusion des personnes vivant avec le VIH/sida en matière de planification, de gestion, de suivi et de prestation de services.  Le Gouvernement, a assuré le représentant, reste déterminé à améliorer l’accès équitable et durable à des soins de santé de qualité et à la couverture sanitaire universelle et offre une prestation de services intégrée et centrée sur la personne.  Il promeut une riposte multisectorielle et décentralisée et a augmenté le budget consacré à la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des jeunes et des femmes vivant avec le VIH afin de réduire leur vulnérabilité.  Le représentant a exhorté la communauté internationale à allouer davantage de ressources pour combler les déficits de financement dans la lutte contre le VIH/sida, y compris le transfert de technologie, l’amélioration de l’accès aux médicaments dans les pays en développement, le renforcement des capacités, la recherche et le développement et la production locale de médicaments. 

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a salué les progrès enregistrés dans la lutte contre le VIH/sida.  Quelque 120 millions de nouvelles infections ont pu ainsi être évitées depuis les années 90, a-t-il noté.  « Le monde est proche de la victoire dans la lutte contre le virus. »  Il a détaillé l’action de son pays contre le virus, qui a notamment permis une nette baisse du nombre de décès.  Le délégué a indiqué que l’axe essentiel de la riposte en Éthiopie est la sensibilisation des jeunes au VIH/sida, avant de plaider pour l’amélioration, au niveau international, des programmes de prévention.  Enfin, dans le droit fil de l’objectif de développement durable no 17, le délégué a souligné l’importance des partenariats dans la lutte contre le VIH/sida.

Mme PORNRAWE POENATEETAI (Thaïlande) a salué le fait que les nouvelles infections au VIH et les décès liés au sida continuent de diminuer, ce qui nous rapproche de la réalisation de la cible 3.3 des ODD.  Malgré ces progrès, l’épidémie de sida n’est pas encore terminée, a-t-elle averti, appelant à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs fixés dans la Déclaration politique de 2021.  À cet égard, elle a souhaité que la gamme complète des services liés au VIH, de la prévention au traitement, soit intégrée dans le système de couverture sanitaire universelle.  La Thaïlande a pour sa part inclus des outils tels que des kits d’autotest dans son programme de couverture sanitaire universelle afin de permettre une détection plus précoce, a-t-elle indiqué.  La représentante a ensuite plaidé pour des réponses communautaires, non sans observer que les actions menées par les communautés et les populations clefs, soutenues par les gouvernements, peuvent mieux atteindre ceux qui en ont besoin, tout en luttant contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH.  Elle a en outre souligné le potentiel lié à l’utilisation de la technologie numérique pour lutter contre la discrimination, signalant que la Thaïlande a lancé un système en ligne pour déposer des plaintes sur les violations des droits liées au VIH/sida. Enfin, à l’approche du Sommet sur les ODD, elle a exhorté la communauté internationale à faire montre de la même volonté politique que dans le combat contre la COVID-19. 

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a suggéré une approche fondée sur les droits humains et la dignité des personnes vivant avec le VIH/sida.  Il faudra créer une synergie dans la lutte contre le sida, la syphilis et la tuberculose afin d’atteindre les ODD, en particulier l’ODD 3.3, a plaidé la représentante.  S’agissant de la riposte au VIH/sida au niveau national, le Gouvernement argentin a adopté une nouvelle loi élaborée avec le concours de la société civile.  Cette loi milite contre la stigmatisation, la discrimination et l’exclusion et interdit les tests sans le consentement des personnes concernées.  Pour mettre un terme à la pandémie de sida, les personnes visant avec le VIH/sida doivent être au cœur de l’action, a insisté la représentante.  À cette fin, il faut assurer un financement adéquat et respecter les droits fondamentaux des personnes vivant avec le VIH/sida. 

Mme HINTON (Canada) a estimé que les personnes vulnérables, telles que les adolescentes et les jeunes femmes, continuent d’être laissées de côté dans la lutte contre le virus.  En outre, 60% des enfants âgés de 5 à 14 ans qui sont séropositifs ne prennent pas d’antirétroviraux vitaux.  En raison de la stigmatisation et du manque de ressources, les services de lutte contre le VIH/sida sont souvent étroitement ciblés et ne sont pas intégrés aux services de santé essentiels et aux services plus larges de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale, a regretté la déléguée.  Elle a ajouté que les jeunes femmes qui ont accès à la contraception peuvent ne pas recevoir d’informations sur les infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH.  « Ces jeunes femmes font des efforts considérables et prennent des mesures pour sortir de la pauvreté en évitant les grossesses non désirées, mais lorsqu’elles deviennent séropositives, elles se retrouvent au point de départ. »  La déléguée a donc plaidé pour des programmes centrés sur les jeunes, y compris une éducation sexuelle.  Les adolescents doivent pouvoir accéder aux informations sur leurs corps et sur leur sexualité.  « De telles informations peuvent sauver des vies. »  Enfin, elle a demandé que les décisions politiques se prennent sur la base d’éléments de preuve scientifiques.

M. YURI ARIEL GALA LÓPEZ (Cuba) a noté que, 22 ans après la Déclaration d’engagement et de lutte contre la pandémie de VIH/sida, les inégalités d’accès aux soins de santé persistent.  Affirmant que seules la solidarité internationale et une action concertée entre les pays permettra de garantir le succès contre cette maladie, il a souhaité que les effets manifestes de la COVID-19 ne soient pas un frein aux avancées dans ce domaine. Il s’agit aujourd’hui de mettre en œuvre de toute urgence la Déclaration d’engagement et la Déclaration politique adoptées par l’Assemblée générale, a-t-il plaidé, avant de réitérer l’engagement de son pays à lutter contre le VIH/sida sous la direction d’ONUSIDA et de garantir de plein accès aux soins de santé à sa population.  À cet égard, le représentant a précisé que Cuba a adopté une approche centrée sur la prise en charge de santé primaire, avec la participation des population clefs.  Ce faisant, le pays a réussi à progresser en matière d’élimination de la stigmatisation, de lutte contre les stéréotypes de genre et de protection de la diversité sexuelle.  De surcroît, Cuba a été le premier pays, en 2015, à éliminer la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant, comme attesté par OMS, s’est-il enorgueilli. Le programme de prévention, de diagnostic et de prise en charge par le biais des antirétroviraux y a contribué, a-t-il dit, avant de faire état de taux de couverture et de traitement élevés permettant d’atteindre les objectifs « 90-90-90 ».  Pour ce faire, Cuba dû surmonter les difficultés d’un petit pays en développement et les effets du blocus criminel que lui imposent les États-Unis depuis plus de 60 ans, a ajouté le délégué, pour qui ces mesures coercitives unilatérales entravent aussi les efforts d’ONUSIDA puisqu’elles bloquent des projets financés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Toutefois, a-t-il assuré, rien ne nous empêchera de construire une société de plus en plus juste et inclusive, y compris pour les personnes vivant avec le VIH/sida. 

Mme KARA EYRICH (États-Unis) a noté que le rapport du Secrétaire général confirme que des inégalités persistantes menacent les progrès de la lutte contre le VIH/sida pour les enfants, les jeunes femmes et les filles, les personnes transgenres, les personnes qui s’injectent des drogues et les travailleurs du sexe.  Trop de pays ont encore des systèmes de santé publique fragiles et insuffisamment financés, a constaté la représentante.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, sont déterminés à mettre fin à l’épidémie de VIH et s’engagent à nouveau à lutter contre la discrimination qui empêche trop souvent les personnes vivant avec le VIH d’obtenir les services dont elles ont besoin et de vivre pleinement la vie qu’elles méritent.  Selon elle, le succès sera possible lorsque nous nous assurerons que 95% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, suivent des traitements et voient le virus disparaître.  La représentante s’est dite préoccupée par la complexité croissante du travail de l’ONUSIDA et la diminution de l’appui budgétaire qu’elle reçoit.  « Le Plan d’urgence du Président Biden pour la lutte contre le sida a permis de réaliser des progrès considérables pour mettre fin à la pandémie de VIH/sida, mais le dernier kilomètre de la riposte est le plus grand défi. »  Elle a appelé ONUSIDA à aider les pays à lutter contre les inégalités, à éliminer les obstacles aux services de lutte contre le VIH et à plaider en faveur de l’élimination des politiques néfastes et des législations discriminatoires qui marginalisent les individus et menacent les droits de l’homme.  

Mme ANDERSON (Royaume-Uni) a constaté que le monde n’est pas en mesure de réaliser les objectifs qu’il s’est fixés pour 2025 concernant le VIH/sida, en dépit des nets progrès réalisés ces dernières années.  Chaque minute, une personne meurt des conséquences de cette maladie, que l’on peut pourtant traiter et prévenir, a noté la déléguée.  Faisant part des efforts déployés par son pays dans ce domaine, elle a indiqué que sa contribution d’un milliard de livre sterling au Fonds mondial permettra de sauver plus d’un million de vies au cours des trois prochaines années.  La déléguée a appelé à remédier aux facteurs structurels des inégalités dans la réponse au VIH/sida.  Nous devons appuyer les droits des personnes LGBT+, a-t-elle demandé, en appelant à combattre la stigmatisation des personnes touchées.  Elle a conclu son intervention en estimant que nous ne pouvons pas nous permettre de dilapider les gains durement acquis dans la lutte contre le VIH/ sida.

Mme SYLVIA PAOLA MENDOZA ELGUEA (Mexique) a jugé essentiel de prendre en compte plusieurs axes transversaux pour la réalisation des engagements, non seulement sur la question du VIH/sida, mais aussi sur l’ensemble de l’agenda de la santé, le premier étant la prise en charge conjuguée des soins de santé primaire. L’attention portée à l’épidémie de VIH doit garantir que nous avons appris de la lutte contre d’autres pandémies, ainsi que de la coordination d’objectifs centrés sur les personnes et les communautés, a-t-elle fait valoir.  La représentante a plaidé pour la mise en place de registres centrés sur les personnes et de stratégies spécifiques de communication des risques.  Tant dans la lutte contre le VIH que dans la réponse à la tuberculose, nous avons besoin de la participation des populations clefs, notamment les peuples autochtones et les personnes vivant dans la rue, a-t-elle souligné.  Il est également crucial de développer des programmes dans le cadre de systèmes résilients capables de répondre à des menaces multiples, tout en assurant la protection, la formation et l’optimisation des agents de santé.  Enfin, le développement de capacités de diagnostic et la remontée d’information vers les personnels de santé doivent être assurés, dans le cadre de la réponse mondiale de lutte contre l’antibiorésistance, avec un accent particulier sur la communication à la population et le premier niveau de soins, a soutenu la représentante. 

M. DMITRY S. ARISTOV (Fédération de Russie) a annoncé que le taux de prévalence du sida dans son pays diminue d’une année à une autre.  Le représentant a ajouté que les différentes mesures de prévention et les traitements offerts contribuent à l’augmentation de l’espérance de vie des malades.  Annonçant que son pays a l’un des taux de dépistage les plus élevés au monde, le délégué a dénoncé les tentatives de falsification des données sur la situation dans le pays. Le Gouvernement a élaboré son propre programme de lutte contre le VIH qui est financé par le budget fédéral, contrairement à de nombreux autres pays qui recourent aux subventions d’ONUSIDA, a-t-il argué.  Le représentant a dit soutenir les cibles 95-95-95.  Il a dénoncé les auteurs du rapport à l’examen, qui ont selon lui imposé de nombreux concepts contradictoires, en particulier celui de l’éducation complète à la sexualité, qui risque à son avis de compromettre la santé publique, la protection des enfants et de la famille, ainsi que la lutte contre la consommation de drogues.  À la place, il a préconisé une approche qui respecte les priorités, les stratégies et les politiques de développement national. 

M. CHRISTIAN SCHLAEPFER (Suisse) a appelé à mettre l’accent sur la prévention et sur des politiques fondées sur des données factuelles et probantes.  Il a insisté sur le rôle essentiel de la prévention dans la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, notamment par le biais d’une éducation sexuelle complète, de la promotion de l’utilisation de moyens de protection et de la fourniture de services de réduction des risques aux toxicomanes.  Le délégué a également souligné la nécessité de soutenir des politiques fondées sur des preuves scientifiques, plutôt que sur des considérations politiques ou idéologiques.  « Cela signifie qu’il faut soutenir la recherche de nouveaux traitements et de nouvelles stratégies de prévention et y avoir recours lorsque leur efficacité est prouvée. »  Le délégué a jugé urgent d’éliminer toutes les formes de discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH/sida.  Enfin, il a encouragé les solutions de financement durable pour les initiatives de lutte contre le VIH/sida. 

Mme XU DAIZHU (Chine) a insisté sur son approche nationale en matière de VIH/sida. Elle a souligné les progrès réalisés dans le monde entier dans la riposte au sida avant de rappeler que le nombre d’infections ne cesse de diminuer depuis 1980.  Toutefois, a relativisé la représentante, les conséquences de la pandémie sur les plan scientifique, socioéconomique et politique exigent des efforts accrus de la part de la communauté internationale.  La Chine œuvre en faveur de l’amélioration de sa stratégie nationale de riposte au VIH, a indiqué la représentante en précisant viser notamment une meilleure protection et un traitement approprié des personnes touchées.  Son pays assiste aussi ONUSIDA et l’OMS en vue de renforcer et de promouvoir la coopération de la communauté internationale et pour partager les technologies et les données en vue de mettre fin à cette pandémie.

M. MICHAEL M. ESPIRITU, de l’Ordre souverain de Malte, a rappelé que le monde est confronté avec le VIH/sida à une pandémie, même si elle a été éclipsée par celle de la COVID-19.  Il a appelé à remédier aux inégalités dans la riposte au virus.  L’Ordre contribue à répondre aux besoins psychosociaux des personne vivant avec le virus sur les cinq continents, a-t-il fait valoir.  Il a aussi indiqué que l’Ordre souverain de Malte soutient également des enfants, rendus orphelins en raison de la maladie, notamment au Kenya et au Mexique.  « Œuvrons pour éliminer le virus d’ici à 2030 », a conclu le délégué.

M. ERICK NIDAL THOMAS, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a constaté qu’en dépit de l’amélioration des interventions, des millions de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès aux services essentiels et que les nouveaux taux d’infection au VIH/sida sont trois fois supérieurs à la cible fixée.  Nous ne pourrons pas respecter l’engagement de mettre fin au sida d’ici à 2030 ni atteindre les ODD sans veiller à ce que chacun, partout, puisse accéder à la prévention, au dépistage, au traitement et aux soins contre le VIH, a-t-il averti, rappelant que la FICR et ses 191 sociétés nationales s’engagent à soutenir toutes les personnes vivant avec ou affectées par le VIH. En partenariat avec l’ONUSIDA, nous travaillons à élargir l’accès au dépistage et au traitement pour des dizaines de millions de personnes vivant avec le VIH, a précisé le représentant, avant d’appeler à un engagement renouvelé à atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU).  Les concepts fondamentaux de la CSU sont essentiels pour débloquer l’accès aux services liés au VIH, a-t-il insisté.  Il importe également selon lui que chaque individu, indépendamment de son origine ou de sa situation, ait accès à la prévention et au traitement du VIH.  Dans ce cadre, a-t-il dit, les programmes de soutien aux personnes vivant avec ou affectées par le VIH doivent cibler les besoins des plus vulnérables, notamment les migrants, les réfugiés et les populations touchées par les crises.  Le représentant a d’autre part appelé à placer les personnes vivant avec le VIH au centre de la riposte au VIH/sida, jugeant à cet égard que le leadership communautaire est essentiel pour faire de la prévention, des soins et du traitement du VIH une priorité, améliorer la communication publique, mener des interventions fondées sur des données probantes et rendre les investissements plus efficaces. 

M. MITCHELL FIFIELD (Australie) a rappelé qu’avec la Namibie, sa délégation a cofacilité la Déclaration politique de 2021 sur le VIH et le sida et ses ambitieux objectifs pour guider la riposte.  À l’échelle nationale, le Gouvernement vise à réduire la transmission du VIH, fournir des traitements efficaces et minimiser les impacts sociaux et individuels dans le cadre d’une approche fondée sur les droits humains, la participation des populations clefs et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination.  Le sida est considéré comme pratiquement éliminé en Australie et le taux de transmission du VIH est parmi les plus bas au monde, s’est enorgueilli le représentant avant de souligner ses efforts au niveau mondial: l’Australie a renouvelé, en 2022, son partenariat pluriannuel avec l’ONUSIDA et offert 266 millions de dollars sur trois ans au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme; le pays vient en aide aux pays du Pacifique et de l’Asie du Sud-Est dans les domaines de la prévention, des traitements et du contrôle des maladies transmissibles. 

Le délégué a aussi parlé de la création cette année du premier fonds australien consacré au soutien aux organisations de la société civile, des personnes transgenres et des défenseurs des droits humains dans la lutte contre la stigmatisation sociale et la discrimination juridique.  En juillet, l’Australie accueillera la Conférence de la Société internationale du sida, a annoncé le représentant qui s’est dit alarmé de la difficulté de parvenir à un consensus sur les questions de santé et de droits sexuels et reproductifs et de mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination des populations clefs.  Ces questions sont pourtant au cœur même d’une riposte efficace au VIH, a-t-il fait valoir. Les objectifs ne seront pas atteints sans compassion, compréhension, respect et partenariat avec les populations cibles, a prévenu le délégué.

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