En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
3e & 4e séances plénières, matin & après-midi
AG/J/3686

À la Sixième Commission, les États insistent sur la nécessité de coopérer aux niveaux international et régional pour lutter contre le terrorisme

La Sixième Commission (questions juridiques) a poursuivi aujourd’hui son débat, entamé hier, sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international. Les délégations se sont concentrées sur les solutions à apporter pour contrer ce fléau, mais aussi sur la prévention, en insistant sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes, comme les problèmes de gouvernance et de pauvreté, les faiblesses de l’état de droit, ou encore la radicalisation en ligne.

Nombre de délégations ont ainsi fait part de leur détermination à défendre leurs citoyens contre les extrémistes violents et si plusieurs d’entre elles ont insisté sur l’importance d’une réponse unifiée à la menace terroriste, le débat d’aujourd’hui a aussi révélé des différences d’approche selon les régions.

Plusieurs délégués du continent africain ont ainsi partagé leurs inquiétudes face à l’expansion inexorable des groupes terroristes au Sahel, dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest, et plus généralement en Afrique.  Le représentant de l’Ouganda a noté qu’en 2023, le terrorisme avait fait 8 446 victimes en six mois en Afrique.  Les pays du continent ont, depuis des années, déployé des opérations de paix « dans l’esprit de solutions africaines aux problèmes africains », a-t-il relevé, avant de souligner que ces solutions régionales avaient leurs limites.  À l’instar de ses homologues de Djibouti et du Congo, il a demandé un soutien financier aux forces africaines qui combattent le terrorisme. 

D’autres intervenants, comme la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire ou le Mali, ont appelé à l’assistance mutuelle au sein d’organisations régionales telles que la CEDEAO, le G5 Sahel ou l’Alliance des États du Sahel, capables de mobiliser les ressources nécessaires pour contrer le terrorisme et le prévenir. L’Éthiopie a par ailleurs souligné que l’Union africaine était « la seule organisation régionale à s’être dotée d’un cadre juridiquement contraignant contre le terrorisme ».  À son tour, l’Algérie a évoqué les propositions de renforcement des mécanismes de l’Union africaine pour lutter contre la réémergence du terrorisme au Sahel. 

Si les représentants de l’Érythrée et de la Syrie ont signalé dans leurs interventions que la responsabilité première de la lutte contre le terrorisme restait une prérogative des États, la grande majorité des délégations ont fait le constat qu’en dépit des succès de la lutte antiterroriste au niveau mondial, les causes profondes du terrorisme, comme la pauvreté ou les conflits, n’avaient pas été réglées et continuaient d’alimenter le problème.

Pour la Tunisie, les groupes terroristes tirent profit non seulement des faiblesses des structures sociales, mais aussi du vide sécuritaire et de gouvernance lié à l’absence des structures de l’État dans les zones éloignées où ils opèrent.  Plusieurs pays ont d’ailleurs partagé des expériences spécifiques permettant de s’attaquer aux racines du mal, qu’il s’agisse du renforcement des capacités nationales via des forums de lutte antiterroriste, ou du travail de plateformes chargées de produire des messages pour contrer le discours terroriste comme en Malaisie ou à Djibouti.

Si un État comme Haïti n’est pas directement touché par le terrorisme international, il fait toutefois face à des actes cruels de banditisme qui portent atteinte aux droits humains et sont « assimilables à du terrorisme » selon son délégué. Aucun pays n’est à l’abri de ce fléau et ne peut le vaincre seul, a résumé le Mozambique.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 octobre, à partir de 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/78/221

Suite du débat général

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (État plurinational de Bolivie) a rappelé que le terrorisme est dévastateur, même si ses éléments ne font pas tous l’objet d’une définition précise.  En 2019, lors du coup d’état dans mon pays, des groupes supplétifs de la police, animés par une idéologie raciste, ont agressé des femmes et des personnes issues des peuples autochtones, a souligné le délégué, en condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Il a appelé à un approfondissement du dialogue interculturel afin de faire en sorte que la violence et la peur ne définissent pas le monde.  Tous les pays sont vulnérables face au terrorisme, a-t-il conclu, en plaidant pour un multilatéralisme efficace afin de le vaincre.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a expliqué que son pays était convaincu de l’importance d’une réponse cohérente et unifiée à la menace que représente le terrorisme, la responsabilité première de cette tâche incombant aux États Membres. Il a toutefois souligné que l’ONU jouait un rôle important dans cette lutte, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  D’après le délégué, les groupes extrémistes violents ne devraient jamais être « tolérés, appuyés ou commandités » pour menacer la paix et empêcher les peuples d’exprimer leur culture ou leur identité.  Pour protéger ces communautés de manière efficace, les États ne doivent donc pas permettre que leur territoire abrite ou finance le terrorisme et doivent traduire les auteurs d’actes de terrorisme en justice.  Il faut que tous les pays de la région africaine coopèrent et coordonnent leurs efforts pour lutter contre le terrorisme, la traite d’êtres humains et la criminalité transnationale organisée, a-t-il plaidé, en les appelant à offrir « un front uni » face à toute ingérence ou pression internationale menaçant la paix et la stabilité du continent.

M. KEMAL ONUR EKREN (Türkiye), déplorant les impacts négatifs du terrorisme sur les libertés et les droits fondamentaux, a fait remarquer que son pays a été confronté à de nombreuses formes de terrorisme.  Selon lui, le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, un groupe ethnique ou une nationalité.  Il s’est dit inquiet de l’expansion mondiale des réseaux terroristes, ainsi que de l’augmentation de l’islamophobie, la suprématie blanche, les discours de haine et la xénophobie, en particulier envers les musulmans qui sont victimes de violences et de discriminations croissantes.  En vertu du droit international relatif aux droits humains et de la résolution 77/318 (2023) sur la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance, le délégué a appelé les gouvernements à redoubler d’efforts pour enrayer les discours de haine.  Il a mentionné les efforts entrepris par la Türkiye pour contrecarrer les organisations terroristes qui opèrent de manière transnationale, récoltent des financements, disséminent leur propagande et mettent en place des camps d’entraînement. Regrettant que certains criminels réussissent néanmoins à échapper à la justice, il a appelé la communauté internationale à ne pas permettre aux terroristes de trouver refuge sous le couvert du droit d’asile.  Le délégué a jugé « contreproductif d’exploiter une organisation terroriste pour en combattre une autre ».  Précisant que la Türkiye s’attaque au problème du financement du terrorisme et à la mise en œuvre des sanctions du Conseil de sécurité, il a souligné le lien existant entre le crime organisé et le terrorisme.  Enfin, dans la lutte contre le terrorisme, il a reconnu qu’il est important de respecter les droits humains et l’état de droit, ainsi que de protéger les droits des victimes. 

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a fait part de quatre observations sur la situation de son pays en matière de terrorisme.  Après les « actes de terrorisme intérieur sans précédent », commis le 10 août 2022, le Gouvernement compte traduire en justice les responsables de ces actes encouragés, a-t-il noté, par l’utilisation abusive d’Internet et des réseaux sociaux.  Le délégué a ensuite dénoncé la prolifération des groupes terroristes au Sahel et dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, et rappelé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait, elle-même, souligné la nécessité d’engager des ressources substantielles pour prévenir et lutter contre ce fléau.  Concernant le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a réitéré l’attachement de son pays à une coopération internationale forte dans la lutte contre le terrorisme.  Le délégué a conclu son intervention en appelant à la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international, en expliquant qu’il était impératif de sortir ce processus de l’impasse.

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que le terrorisme est un « cancer de la civilisation » et demeure une grave menace pour la paix, malgré les succès enregistrés dans la lutte antiterroriste.  Les causes profondes de ce fléau n’ont pas été réglées, a-t-il dit, en citant, parmi elles, la pauvreté, la mauvaise gouvernance et les conflits.  Il a accusé certains États qui, par « leurs préjugés et leur goût de la politisation », entravent la coopération contre le terrorisme.  Le délégué a rappelé l’initiative de sécurité globale avancée par le Président chinois, qui appelle notamment à une harmonisation des normes et à une centralité de l’ONU.  Il s’est dit en faveur de l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international.  La Chine est une victime du terrorisme, a souligné le délégué, en dénonçant le « Parti islamique du Turkestan », groupe terroriste inscrit sur les listes du Conseil de sécurité.

M. ADEL BEN LAGHA (Tunisie) a rappelé que la menace terroriste et l’extrémisme violent continuaient de croître et de « se reconfigurer » dans plusieurs régions du monde, et plus particulièrement en Afrique où les groupes terroristes profitent du vide sécuritaire et de gouvernance dans les zones éloignées.  Il a souligné que la lutte contre ce fléau passait « par le démantèlement des économies criminelles qui le soutiennent », mais aussi par le développement inclusif et le respect de l’état de droit.  Le délégué a donc réitéré le soutien de son pays à l’approche holistique et préventive de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Selon lui, le terrorisme ne devrait être associé à aucune religion, nationalité ou groupe ethnique.  Il s’est dit préoccupé par la multiplication des manifestations d’extrémisme violent d’inspiration xénophobe, raciste et islamophobe.  Aucun pays, si puissant soit-il, n’est à l’abri du terrorisme ni ne peut le vaincre seul, a-t-il conclu, appelant les États à se donner les moyens juridiques, institutionnels et humains pour faire face à cette menace.  

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a déploré la propagation, malgré les efforts de la communauté internationale, de l’intolérance et du racisme qui continuent d’alimenter les dissentions, de propager le terrorisme et de nuire au développement économique.  Il faut donc renforcer l’action concertée pour lutter contre le terrorisme, a-t-il exhorté, avant de souligner plusieurs aspects à prendre en compte.  Le délégué a demandé à la communauté internationale de mettre un terme au « terrorisme sponsorisé par certains États qui mettent en péril la souveraineté d’autres États », estimant que les États- Unis et les pays occidentaux dissimulent leurs intérêts économiques et cherchent à imposer leur hégémonie au nom de la démocratie.  Le terrorisme ne peut être une excuse pour servir les intérêts de ces États, a-t-il mis en garde, appelant l’ONU à revoir sa responsabilité et à prévenir ces comportements qui violent le droit international.  Il faut également en finir avec les deux poids, deux mesures sur les questions de l’indépendance des pays qui représentent un obstacle majeur à la lutte antiterroriste.  En conclusion, le délégué a assuré que son pays participe aux efforts mondiaux en adhérant aux principales conventions sur le terrorisme, ainsi qu’en adoptant des mesures pour favoriser la prospérité des citoyens et assurer la sécurité nationale. 

M. MHD. RIYAD KHADDOUR (Syrie) a réaffirmé la primauté de l’État dans la lutte contre le terrorisme et rappelé l’illégalité de toute action menée sur le territoire d’un État et non autorisée par le Conseil de sécurité, indépendamment des justifications avancées pour y recourir.  Mais aujourd’hui, certains États « investissent » dans le terrorisme, a-t-il déploré, citant comme exemple la lutte contre Al-Qaida en Afghanistan, qui a non seulement renvoyé cet État à « l’ère préhistorique » mais aussi permis le retour d’Al-Qaida.  Dénonçant les politiques hostiles de certains pays qui, sous le prétexte d’agir contre le terrorisme, affaiblissent la Syrie et soutiennent la propagation de Daech dans ce pays, le délégué a aussi désigné la Libye comme une « base terroriste » pour des mercenaires qui déstabilisent d’autres pays de la région.  Il a conclu son intervention en insistant sur le fait que la Syrie était capable de mener cette lutte contre le terrorisme, « comme elle l’a prouvé dans les territoires qu’elle contrôle ». 

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déclaré que son gouvernement a initié, depuis 2015, une adaptation de son cadre juridique par l’adoption de textes de loi contre le terrorisme et son financement, ainsi que contre le blanchiment des capitaux.  Dans la même veine, a-t-il indiqué, l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) a été ouverte à Jacqueville, à quelques kilomètres d’Abidjan, depuis 2021.  Cette institution, mise sur pied par la Côte d’Ivoire et la France, vise le renforcement des capacités des acteurs nationaux et internationaux engagés dans la lutte contre le terrorisme, a dit le délégué.  Il a aussi précisé que son pays participe activement à l’« Initiative d’Accra », dont l’objectif est l’échange d’information, le renseignement et la conduite d’opérations militaires transfrontalières coordonnées.  « Mon pays en appelle à plus d’entente, de cohésion et de solidarité entre les pays impliqués dans cette Initiative pour plus de succès en ce moment où le terrorisme se fait de plus en plus pernicieux dans notre sous-région », a-t-il conclu.

M. LAZARE MAKAYAT-SAFOUESSE (Congo) a fait observer que les inégalités socioéconomiques et les groupes terroristes comme Boko Haram constituent la principale menace à la stabilité sur le continent africain.  Soulignant le rôle de l’éducation, il a préconisé la mise en place d’un dialogue sur la discrimination, les discours de haine et l’extrémisme violent afin de désamorcer la radicalisation.  Le délégué a attiré l’attention sur l’importance du financement des opérations du maintien de la paix en Afrique, à un moment où les conflits armés et la crise économique et financière menacent la stabilité.  Réitérant l’importance de la coopération multilatérale, il a rappelé que le Congo a ratifié plusieurs instruments pour la protection des personnes, y compris dans les enceintes diplomatiques.  Les facteurs socio-économiques et les nouvelles technologies contribuant au recrutement des jeunes par les terroristes, il a estimé que la menace mondiale du terrorisme est exacerbée par l’intolérance, les inégalités, la désinformation et la propagande terroriste sur Internet.  

M. KIM HYUNSOO (République de Corée), notant que la menace terroriste ne diminuait pas, a souligné qu’une approche « plus pertinente » de la lutte contre le terrorisme était nécessaire.  Cette approche devrait tenir compte des causes profondes du terrorisme, a-t-il expliqué, en ajoutant que le Bureau de lutte contre le terrorisme devrait renforcer son rôle de coordination dans le cadre d’une approche « intégrée » de la stratégie antiterroriste, dans le respect des droits humains, des libertés fondamentales et de l’état de droit.  Soulignant que les nouvelles technologies sont de plus en plus utilisées par les terroristes, le délégué a rappelé que son pays soutenait la création d’un organe international placé sous l’égide de l’ONU et chargé de formuler des normes éthiques pour prévenir tout usage abusif de l’intelligence artificielle et d’autres technologies. 

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a déclaré que l’élimination du terrorisme international reste la plus importante priorité pour la région du Sahel, particulièrement le Mali.  « Depuis l’intervention militaire de l’OTAN en 2011, les populations du Sahel vivent l’amère expérience du terrorisme et de l’extrémisme violent, dans leurs ramifications et leurs manifestations. »  Sur le plan sécuritaire, le Mali continue de s’atteler à recruter, former, équiper et renforcer les capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité du Mali, afin de leur permettre de faire face à la menace terroriste et de protéger nos populations et leurs biens, a dit le délégué.  Outre l’action militaire, le Gouvernement a procédé à des réformes politiques et institutionnelles visant à améliorer la gouvernance du pays, a-t-il ajouté.  Pour le délégué, le caractère transnational de la menace terroriste implique une coordination et une coopération des États et des autres acteurs, aux niveaux régional, continental et international.  C’est dans cet esprit, a-t-il informé, que le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé, le 16 septembre 2023, la Charte du Liptako-Gourma de l’Alliance des États du Sahel, une organisation qui vise à fédérer leurs actions dans le cadre d’une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle en vue de lutter plus efficacement contre le terrorisme sous toutes ses formes. 

M. MARVIN IKONDERE (Ouganda) a déploré que le huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies n’ait pas permis d’inclure une référence à la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Il a espéré que le prochain examen permettra de mieux prendre en compte les préoccupations des États Membres.  Il a indiqué qu’entre le 1er janvier et le 31 juillet 2023, il y a eu 1 533 attaques terroristes en Afrique faisant 8 446 victimes.  Le Sahel représentait 35% des victimes en 2021 contre 1% en 2007.  S’il a recommandé de régler les causes profondes du terrorisme, telles que les déséquilibres socioéconomiques, le délégué a également souligné la nécessité pour l’Afrique de mettre sur pied des armées professionnelles et fortes, qui soient « non sectaires, patriotes et panafricaines ».  Il a enfin demandé que les opérations de paix africaines soient financées au moyen de contributions onusiennes.

M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti), consterné par les « proportions épidémiques » atteintes par les discours politiques antimusulmans propagés par des partis et mouvements d’extrême droite, a appelé la communauté internationale à agir contre les discours de haine.  Rappelant que la menace terroriste sur le continent avait récemment été accrue par le flux des combattants terroristes étrangers, il a sollicité un soutien financier en faveur des différents programmes de renforcement de capacités des pays concernés, ainsi qu’un « appui spécifique » au forces africaines qui combattent le terrorisme.  Il ne faut cependant pas oublier les causes profondes du terrorisme, a poursuivi le délégué, qui ne seront pas solutionnées sans respect des engagements pris en matière d’aide au développement.  Il a rappelé le rôle important de la mission conjointe de l’Union africaine et de l’ONU dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est, et s’est félicité de l’existence du Centre d’excellence de lutte contre l’extrémisme violent installé à Djibouti, une plateforme de coordination régionale, d’analyse et de production d’un contre-discours pour contrecarrer la rhétorique extrémiste.  Soulignant pour conclure l’arsenal juridique, législatif et opérationnel mis en place par son pays pour prévenir et lutter contre l’action terroriste, le délégué a insisté sur la nécessité de renforcer ses capacités judiciaires. 

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a affirmé que la lutte antiterroriste doit respecter la Charte des Nations Unies et la souveraineté des États.  Elle a détaillé l’arsenal législatif de son pays contre le terrorisme, tous les actes terroristes, y compris leur financement, ayant été érigés en infractions pénales. Au niveau régional, son pays a ratifié la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme, a-t-elle dit, en ajoutant que son pays est membre de 13 conventions et instruments internationaux relatifs à la lutte antiterroriste.  Enfin, la déléguée a plaidé pour le renforcement des capacités des pays en développement dans ce domaine, y compris par le biais de transferts de technologie.

M. WISNIQUE PANIER (Haïti) a condamné le terrorisme international, l’extrémisme violent et l’intolérance qui mettent en péril la paix, l’état de droit, la démocratie et les droits humains.  « La persistance de nos discussions pour combattre le terrorisme souligne la nécessité d’une introspection collective et d’une évaluation de l’efficacité des initiatives existantes. »  Si Haïti n’est pas directement touché par le terrorisme international, elle fait face à des actes cruels de banditisme qui portent atteinte aux droits humains et sont « assimilables à du terrorisme », a déploré le délégué. Il a mis en garde contre l’aggravation de la crise multidimensionnelle en Haïti depuis l’établissement du régime de sanctions, soulignant la récente expansion des gangs criminels à d’autres régions du pays.  Bien que les autorités haïtiennes aient pris des mesures juridiques et pénitentiaires drastiques pour rétablir l’ordre public, la faible capacité de la Police nationale ne permet pas d’obtenir des résultats probants, a affirmé le délégué.  L’aide internationale reste donc une nécessité, a-t-il conclu, réaffirmant l’engagement de son pays à collaborer aux initiatives visant à éradiquer le terrorisme sous toutes ses formes.

M. ALEJANDRO LEONEL KATZ PAVLOTZKY (Uruguay) a assuré que son pays met en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale et la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Selon lui, les États ont l’obligation fondamentale de réprimer le financement des actes de terrorisme.  Il a mis en exergue les efforts de son pays en matière de procédures juridiques et pénales pour lutter contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive.  L’Uruguay met également en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité concernant les sanctions et adhère à 18 des 19 instruments juridiques internationaux visant à prévenir les actes terroristes.  Soulignant l’importance de la coopération bilatérale, régionale et internationale, le délégué a réitéré le soutien de son pays à la lutte contre le terrorisme international dans le respect du droit international et des droits humains. 

M. SOFIAN AKMAL ABD KARIM (Malaisie) a rappelé que le terrorisme et l’extrémisme violent ne pouvaient être attribués à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique en particulier.  Il a présenté ce que son pays avait entrepris au niveau national pour lutter contre ce fléau, notamment le renforcement de son cadre juridique antiterroriste, la promulgation de nouvelles lois pour favoriser la prévention, ou encore la coopération internationale, en participant aux mécanismes de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et par l’intermédiaire de 11 conventions et protocoles internationaux auxquels la Malaisie est partie.  Tout cela a permis des avancées dans des domaines aussi variés que le blanchiment d’argent ou la création d’une police indépendante. S’agissant de la radicalisation en ligne, le délégué a donné l’exemple du Centre régional de lutte contre le terrorisme de l’Asie du Sud-Est, basé à Kuala Lumpur, qui produit des « contre-messages » et des programmes de sensibilisation à destination du grand public.  La Malaisie, a-t-il signalé, est favorable à la convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU pour relever les défis qui entravent les efforts antiterroristes mondiaux, et elle attend de participer de manière constructive au projet de la convention générale sur le terrorisme international.

Mme KAJAL BHAT (Inde) a réitéré l’importance de l’action collective afin d’éviter que des pays n’utilisent le terrorisme comme un outil politique pour diviser les sociétés et répandre la haine.  L’Inde a été confrontée aux horreurs du terrorisme transnational bien avant que le reste du monde n’y prête attention à la suite des attentats du 11 septembre 2001, a-t-elle fait remarquer, rappelant que son pays demande un cadre juridique multilatéral contre le terrorisme depuis longtemps.  Toutefois, la déléguée, regrettant que la communauté internationale n’arrive pas à s’entendre sur une définition du terrorisme international, a encouragé les États Membres à adopter une approche objective pour finaliser la convention générale.  Les nouvelles technologies permettent aux groupes terroristes de répandre la haine, lever des fonds, recruter des membres et planifier leurs activités plus facilement, a-t-elle poursuivi.  L’utilisation accrue de drones complique aussi la riposte antiterroriste.  De même, il est important d’identifier les sources de financement du terrorisme et les zones utilisées pour le blanchiment d’argent.  « Évitons de perdre notre temps avec des problèmes insignifiants, tels que la classification du terrorisme », a lancé la déléguée, et concentrons-nous sur ces défis.  La Déclaration de Delhi, adoptée à la suite de réunions spéciales du Conseil de sécurité, de l’Assemblée générale d’INTERPOL et du Sommet du G20 à New Delhi, ont permis à l’Inde de contribuer de manière significative à la lutte contre l’utilisation des nouvelles technologies à des fins terroristes, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, a-t-elle conclu. 

Mme ALESSANDRA FALCONI (Pérou) a rappelé que son pays condamne tout usage de la violence, y compris le terrorisme, et soutient les réponses multilatérales de l’ONU à ces problèmes.  Afin d’éliminer le terrorisme, elle a préconisé de renforcer la cohésion sociale, de promouvoir le pluralisme et le dialogue entre les civilisations, et de réduire les inégalités, le racisme et la pauvreté extrême.  À cette fin, la déléguée a réitéré l’engagement du Pérou dans la mise en œuvre des ODD, en particulier l’ODD 1 sur l’éradication de la pauvreté et l’ODD 16 sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives.  La lutte contre le terrorisme ne doit pas seulement être culturelle, politique ou militaire, elle doit aussi être préventive, a-t-elle analysé, appelant tous les acteurs internationaux, nationaux et régionaux des secteurs publics et privés à sensibiliser les citoyens aux menaces du terrorisme.  Une coopération internationale pour lutter contre la cybercriminalité, dans le respect de la liberté d’information, est également nécessaire.  Par ailleurs, la déléguée a recommandé de s’attaquer à la capacité financière des groupes terroristes en luttant contre le blanchiment d’argent et les activités connexes de la criminalité organisée, telles que le trafic de drogues, d’armes et de ressources naturelles.  Réitérant le soutien du Pérou à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, elle a proposé de réactiver les négociations pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international.

M. KHALID NASSER A. ALODAIB (Arabie saoudite) a présenté les principales mesures législatives, institutionnelles et administratives visant à prévenir les actes terroristes ou leur financement en vigueur dans son pays, avec l’ajout récent d’une mesure sur la gouvernance des associations pour « leur éviter d’être utilisées à des fins criminelles ».  Le délégué a rappelé le rôle essentiel de son pays dans la création du Centre de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et dans la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a ensuite expliqué que la liberté d’expression ne devait pas être un outil de haine, fustigeant ceux qui « brûlent des exemplaires du Coran », un acte qu’il a jugé incompatible avec les droits humains.  L’Arabie saoudite promeut une culture de paix et de dialogue, a-t-il poursuivi, détaillant plusieurs initiatives de paix et de protection des lieux de culte initiées par le royaume.  Rappelant que l’idéologie extrémiste exigeait des efforts collectifs permanents, le délégué a souligné que son pays avait récemment assuré la co-présidence, aux côtés des États-Unis, de la réunion ministérielle de Riyad de la Coalition contre Daech.

M. TOFIG MUSAYEV (Azerbaïdjan) a indiqué que son pays a été victime d’attaques terroristes répétées qui ont fait des milliers de victimes.  Pendant plus de trente ans, les territoires de l’Azerbaïdjan anciennement occupées par l’Arménie voisine ont été une zone d’activité de groupes terroristes infiltrés, de mercenaires et d’autres groupes armés, a dit le délégué.  Malgré la libération des territoires occupés à l’automne 2020, l’Arménie a refusé de retirer entièrement ses forces armées et continué d’acheminer des soldats et des armes, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que le 19 et 20 septembre dernier, son pays a pris des mesures antiterroristes locales contre les forces arméniennes qui étaient illicitement déployées sur le territoire azerbaïdjanais.  « Ces mesures, qui ont duré moins de 24 heures, ont abouti à la dissolution de l’ancien régime d’occupation et la défaite et le désarmement des forces armées arméniennes. »  Enfin, le délégué a indiqué que son pays continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour éliminer les activités terroristes.

M. JOSÉ ALFONSO BLANCO CONDE (République dominicaine) a rappelé que son pays est signataire de divers traités et accords internationaux de lutte contre le terrorisme.  La République dominicaine, a-t-il poursuivi, a renforcé son cadre juridique en faisant du financement du terrorisme un crime grave et en autorisant l’extradition des suspects d’activités terroristes afin d’éviter l’utilisation de son territoire à des fins terroristes.  Son pays a également consolidé ses mécanismes de contrôle aux frontières et aux aéroports en coopération avec des agences internationales telles qu’EUROPOL.  Le Centre national antiterroriste a aussi adopté des moyens pour prévenir, combattre et éliminer le terrorisme sous toutes ses formes dans le respect du droit international et des droits humains, a-t-il assuré.  Soulignant que l’éducation et la sensibilisation jouent un rôle important dans la stratégie de lutte contre le terrorisme, le délégué a indiqué que son pays poursuit ses efforts pour renforcer les capacités de prévention et de détection du trafic et de l’utilisation de biens à double usage à des fins terroristes via un programme de renforcement de la protection maritime et portuaire. 

M. ZAID MOHAMMED HUSSEIN ABED AL-ZUBAIDI (Iraq) a rappelé que son pays comptait parmi ceux qui avaient le plus souffert du terrorisme.  Pour y faire face, son gouvernement est attaché à la coopération internationale qu’il considère comme une « base » pour lutter contre le terrorisme, notamment Daech.  Le délégué a aussi indiqué que son pays avait soutenu plusieurs résolutions et initiatives sous l’égide de l’ONU, notamment le projet de résolution pour la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale pour aider les victimes des attentats terroristes.  L’Iraq souhaite mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a-t-il assuré avant d’appeler à plus de coordination pour aider au renforcement des capacités, notamment pour assécher le financement du terrorisme ou encore prévenir l’accès des terroristes aux armes chimiques et biologiques.  Très préoccupé par les conditions sécuritaires dans les camps où sont encore détenus des combattants terroristes étrangers, le délégué a prié les États d’origine à rapatrier ces individus. 

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a estimé que l’absence d’une définition du terrorisme et de l’extrémisme violent peut aboutir à des erreurs d’interprétation.  Il est de la responsabilité de cette Commission de trouver un accord sur ce qu’est le terrorisme, a insisté le délégué, en ajoutant que la lutte antiterroriste ne peut être un prétexte pour violer les droits humains.  Il a appelé à mettre davantage l’accent sur la prévention et sur la reddition de comptes.  Le délégué a plaidé aussi pour investir davantage dans les programmes de protection des victimes du terrorisme, en particulier les femmes et les enfants.  Enfin, il a salué la conclusion du huitième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale.

M. LASRI (Maroc) a remarqué la grande capacité d’adaptation des groupes terroristes face aux efforts internationaux.  Si les États n’ont pu parvenir à un consensus multilatéral sur un cadre légal, cela ne les a pas empêchés de développer des mesures individuelles ou conjointes pour faire face au terrorisme, a-t-il constaté.  Ainsi, le Maroc a adopté une stratégie nationale qui s’inscrit dans la recherche de solutions multidimensionnelles et durables, telles que l’éradication du discours du radicalisme, la diffusion d’une culture religieuse fondée sur la modération, le développement socioéconomique et la réorganisation des instances sécuritaires et judiciaires.  Néanmoins, le délégué a souligné que l’action multilatérale du Maroc n’est pas en reste, attirant l’attention sur les partenariats stratégiques avec des pays arabes, africains et euro-méditerranéens, ainsi qu’avec des pays partenaires d’Amérique et d’Asie.  Citant quelques exemples, il a expliqué que ces partenariats visent, notamment, à renforcer la sécurité aux frontières et à lutter contre Daech.  La conjoncture sécuritaire actuelle en Afrique requiert des actions solidaires avec les partenaires locaux et internationaux, a-t-il insisté.  La contribution du Maroc se traduit tant par le renforcement des capacités institutionnelles que par le développement économique et la lutte contre la pauvreté via un nouveau modèle de coopération Sud-Sud sur le partage d’expérience.  En conclusion, le délégué a réitéré le soutien de son pays à l’adoption d’une convention internationale contre le terrorisme. 

M. TAHRIR AL MARZOOQI (Émirats arabes unis) s’est dit préoccupé par la capacité des groupes terroristes à profiter des conflits, de la détérioration économique et des « vides sécuritaires » pour consolider leur contrôle.  Il a souligné la nécessité de renforcer les cadres juridiques de lutte contre le terrorisme et rappelé que son pays avait adhéré à plus de 15 conventions régionales et internationales en la matière.  Le délégué a appelé à finaliser une convention générale contre le terrorisme international et insisté sur le fait que le terrorisme ne devait être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  « Il n’y a rien d’islamique dans le terrorisme. » Il a jugé nécessaire la coopération entre États pour contrer l’utilisation croissante des nouvelles technologies à des fins terroristes.  Selon le délégué, il faut également renforcer les capacités juridiques, opérationnelles et technologiques des États, notamment à travers l’ONU, pour poursuivre les auteurs de crimes terroristes.  La prévention de la violence reste le meilleur moyen de protéger les innocents, a-t-il conclu, en soulignant l’importance des mesures de prévention, notamment par l’éducation, le développement économique et la promotion du dialogue interreligieux et interculturel.

Mme BETELIHEM TAYE (Éthiopie) a souligné la participation active de son pays à la lutte antiterroriste en Afrique, notamment contre les Chabab en Somalie.  L’Éthiopie est partie à neuf instruments internationaux et régionaux relatifs à la lutte antiterroriste, a précisé la déléguée.  Elle a détaillé l’actualisation de la législation antiterroriste éthiopienne afin de l’adapter aux évolutions dans ce domaine.  Elle a notamment mentionné une loi sur la prévention et la répression des crimes terroristes adoptée en 2020, dont la compatibilité avec le droit international a fait l’objet d’un examen minutieux.  Enfin, elle a souligné l’acuité de la menace terroriste en Afrique et relevé que l’Union africaine est « la seule organisation régionale à s’être dotée d’un cadre juridiquement contraignant contre le terrorisme ».

M. HAZEM ABDULQADER KHALIFA ABDULLA ALMARZOOQI (Bahreïn) a constaté l’utilisation grandissante, par les groupes terroristes, des technologies de l’information et des communications (TIC) et le développement d’armes chimiques et biologiques.  Il s’est félicité des efforts continus du Bureau de lutte contre le terrorisme et d’autres entités à cet égard.  Les législations nationales permettent le gel des avoirs suspects et les organisations non gouvernementales (ONG) doivent, pour leur part, révéler leur source de financement, a-t-il estimé.  Le Bahreïn a mis en place les institutions nécessaires pour l’identification et la poursuite de groupes ou d’individus s’adonnant au blanchiment d’argent et à des activités à des fins terroristes, ce qui lui a valu, depuis maintenant trois années consécutives, d’être salué comme un État à l’abri de cette menace.  Dans ce contexte, le délégué a cité un certain nombre d’institutions et d’organisations régionales et internationales dont son pays fait partie pour prévenir et lutter contre divers aspects du terrorisme. 

M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) a estimé que cette session n’était pas un forum pour réitérer l’engagement envers la lutte contre le terrorisme, mais une occasion de corriger les idées erronées qui lient le terrorisme à une religion, une zone géographique ou une civilisation.  L’Algérie, a-t-il poursuivi, condamne toute forme de terrorisme, peu importe les motifs, et souhaite parvenir à une convention générale avec une définition précise du terrorisme.  À cette fin, le délégué a jugé nécessaire de renforcer la coopération régionale, nationale et internationale en partageant les bonnes pratiques et en s’attaquant au financement du terrorisme, au lien entre le terrorisme et la criminalité organisée, à l’utilisation des nouvelles technologies, à la menace des combattants terroristes étrangers et à la propagation des discours de haine.  Il faut également inclure des mesures répressives fortes, a-t-il exhorté.  Le délégué a ensuite mentionné les efforts de son pays pour contribuer à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, dont l’harmonisation de l’arsenal juridique national avec le droit international, la participation à des forums de lutte antiterroriste et la coopération avec INTERPOL et l’Union africaine. Soulignant que l’Algérie est hôte de deux institutions sur la recherche antiterroriste, il a rappelé les propositions de renforcement des mécanismes de l’Union africaine pour lutter contre la réémergence du terrorisme au Sahel. 

M. ALI MABKHOT SALEM BALOBAID (Yémen) a condamné les derniers attentats terroristes en Turquie et au Pakistan, avant de souligner qu’il convient de ne pas associer ce fléau à une religion ou à une région particulière.  Il a dénoncé la montée de la xénophobie et de l’islamophobie dans certains États.  Le délégué a pris l’exemple de son pays qui subit les affres du terrorisme de la part d’un groupe extrémiste religieux qui se présente comme le seul groupe représentant l’Islam alors qu’il sème la haine entre les compatriotes, et commet des attentats contre des civils, des personnes âgées et des enfants.  « La guerre au Yémen est assimilable à celle menée par Daech ou Al-Qaida », a-t-il martelé, déplorant que les milices aient rejeté les propositions de cessez-le-feu, utilisent des drones et des armes sophistiquées et soient même allées perpétrer des attaques sur le sol saoudien.  Le délégué a salué le travail du Groupe d’experts sur le Yémen qui fournit des informations sur les ventes d’armes aux milices houthistes par Téhéran.  Il a rappelé que son pays a adopté une stratégie et une loi sur le blanchiment d’argent, amendant le Code pénal.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de poursuivre la coopération pour l’échange de renseignements. 

M. SAMADOU OUSMAN (Niger) a souligné la gravité de la situation sécuritaire au Sahel.  Face à ce désastre, et compte tenu du manque de résultats des arrangements utilisés dans la lutte contre ce fléau, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont créé, le 16 septembre 2023, l’Alliance des États du Sahel, avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma, dont l’objectif est d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle, a précisé le délégué.  Il a indiqué que son pays continue d’être la cible d’attaques terroristes, la dernière s’étant produite hier, provoquant la mort de 29 soldats.  « Les Forces de défense et sécurité, sous le leadership clairvoyant des nouvelles autorités du Niger, poursuivent leur mission régalienne de protection des populations et de leurs biens et de défense de l’intégrité du territoire national. »  Il a ainsi précisé que, le 22 août dernier, plusieurs dizaines de terroristes, qui s’apprêtaient à s’attaquer aux localités de Banibangou et d’Abala, ont pu être neutralisées.

M. MICHAEL KIBOINO (Kenya) a souligné le besoin d’une convention générale sur le terrorisme international.  Mais l’absence d’un tel cadre juridique ne doit pas être un obstacle à la mise en œuvre des instruments antiterroristes existants, a dit le délégué.  « Cela ne doit pas servir d’excuse pour toute léthargie dans notre action collective contre le terrorisme. »  Dans un contexte marqué par de grandes avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle, il a souligné la nécessité de coopérer afin de contrecarrer les stratégies des terroristes, y compris le ciblage des jeunes sur les réseaux sociaux.  Nous devons toujours faire preuve d’innovation dans l’élaboration des mesures antiterroristes préventives, a-t-il conclu.

Mme SOPIO KUPRADZE (Géorgie) a regretté les conflits armés qui constituent des menaces à la sécurité mondiale, comme l’agression injustifiée de la Russie contre l’Ukraine.  Soutenant les efforts de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme, elle a attiré l’attention sur les révisions juridiques visant une meilleure cohésion du droit interne avec les normes internationales, ainsi que sur les initiatives pour déceler les menaces terroristes en Géorgie.  La stratégie nationale définit toute la gamme des menaces terroristes, le but étant de parvenir à une prévention du terrorisme qui inclut les différentes parties prenantes, y compris les autorités locales, les organisations publiques et privées, ainsi que la société civile.  À la suite de la menace posée par des combattants étrangers, a poursuivi la déléguée, la Géorgie a renforcé la sécurité de ses frontières terrestres et son cadre juridique pour criminaliser les mouvements de ces combattants, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Le terrorisme ne connaissant pas de frontières, elle a ensuite réaffirmé l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies pour évaluer les nouvelles menaces terroristes, soutenant une réponse qui prenne en compte la protection des droits humains.  La Géorgie est déjà partie à plus de 30 accords de coopération, ainsi qu’à des accords de protection mutuelle et d’échange d’information avec l’OTAN et l’Union européenne.  En conclusion, la déléguée a pointé « l’occupation russe de certains territoires, qui ne relèvent plus du contrôle de son gouvernement, et où la situation humanitaire crée un terreau fertile pour toute activité illicite ». 

M. SARANGA (Mozambique) a souligné la vague d’attentats qui touche, depuis 2017, les provinces septentrionales de son pays.  Ces actes barbares entraînent des déplacements forcés et alimentent un sentiment d’insécurité, a-t-il dit.  Il a rappelé qu’aucun pays ne peut vaincre seul le terrorisme, la coopération internationale étant capitale.  Le délégué a appuyé les efforts en vue de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, avant de se prononcer en faveur d’une convention générale sur le terrorisme international.  Mon pays continue d’actualiser son cadre juridique et de coopérer avec les pays voisins dans la lutte antiterroriste, a rapporté le délégué.  Enfin, il a indiqué que son pays a été retiré de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), s’agissant de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

M. TCHAKPIDE OURO-BODI (Togo) s’est prononcé en faveur de la coordination de l’action avec les partenaires régionaux et internationaux en vue d’apporter une réponse collective et décisive au terrorisme.  En 2022, le pays s’est doté d’une stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent (2022- 2026) aux fins de prévenir et de réduire les risques de radicalisation et de terrorisme dont les principaux axes sont: la promotion de la paix et de la cohésion sociale; le renforcement de la gouvernance et de l’état de droit; le développement économique et social inclusif.  Un programme d’urgence pour la région des Savanes, région subissant les affres du terrorisme, a été lancé et bénéficie d’un budget global évalué à 200 milliards de francs CFA, a ajouté le représentant.  Il a exprimé sa reconnaissance à tous les partenaires du Togo dans la lutte contre le terrorisme, notamment le Bureau de lutte contre le terrorisme pour l’assistance dans le cadre des programmes relatifs à la protection des cibles vulnérables, aux systèmes de drones, aux cellules de fusion et aux enquêtes antiterroristes.

Droit de réponse

Le représentant du Pakistan a réagi à la déclaration de l’Inde sur les « territoires illégalement occupés de Jammu-et-Cachemire ».  Il a rappelé que le Conseil de sécurité a décidé que la décision finale, à cet égard, revenait à la population à la suite d’un plébiscite chapeauté par l’ONU.  Toutefois, la répression brutale des Cachemiriens continue et des projets de colonisation sont en cours, coûtant la vie à des milliers d’habitants, a-t-il déploré.  Enfin, « l’Inde est connue pour parrainer le terrorisme », a-t-il affirmé, précisant qu’elle agit dans le monde entier en parrainant une organisation terroriste qui a mené de multiples attaques contre les Pakistanais. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.