Commission du développement social: les délégations vantent les mérites des systèmes de protection sociale pour appuyer le relèvement post-COVID-19
La poursuite des travaux de la Commission du développement social a été l’occasion, aujourd’hui, pour nombre d’États Membres, de vanter les mérites des systèmes de protection sociale pour amortir les effets de la pandémie et préparer un relèvement post-COVID-19 inclusif et résilient.
Dans la foulée du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales qui avait indiqué, hier, que les dépenses de protection sociale avaient bondi de 270% entre décembre 2020 et mai 2021, ministres et délégués ont mis en avant les diverses politiques sociales adoptées à l’échelon national pour faire face aux répercussions de la pandémie.
La Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a ainsi donné quelques exemples de records dignes « du Guinness » pour des campagnes humanitaires et caritatives qui ont notamment permis d’octroyer une aide de 40 millions de dollars à 1,6 million de travailleurs intérimaires pendant six mois. En outre, a encore détaillé Mme Nevine El Kabbag, 14 millions d’habitants, dont 75% sont des femmes, ont bénéficié d’une aide d’un montant de 3,8 millions de dollars et 126 000 employés de maisons de retraite ont reçu l’intégralité de leurs salaires mensuels pendant la période du confinement.
Au Libéria, a indiqué la Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale de ce pays, Mme Williametta E. Saydee-Tarr, le système de protection sociale a été élargi afin de répondre de manière adéquate à la crise économique posée par la pandémie de COVID-19, permettant ainsi à 15 000 ménages supplémentaires d’en bénéficier en 2021 dans le comté urbain de Montserrado.
Consciente que la lutte contre la pauvreté et la faim permettra à toutes les nations de relever tous les autres défis, la Ministre de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille du Maroc, Mme Aawatif Hayar, a indiqué pour sa part que son gouvernement œuvre à renforcer les valeurs de coopération pour que tous ses citoyens puissent profiter de la protection sociale, notamment par le biais de l’universalisation de l’assurance maladie et l’extension de la retraite à tous les travailleurs, y compris les indépendants.
De son côté, le Gouvernement péruvien appuie l’approvisionnement alimentaire et la promotion d’un régime alimentaire sain, en adoptant des mesures qui ont permis d’augmenter de 20% l’aide alimentaire gouvernementale pour huit millions de personnes dont 1,6 million de personnes vulnérables et quatre millions d’élèves, a fait savoir la Vice-Présidente et Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, Mme Dina Boluarte, qui a précisé que plus de 12 000 cantines scolaires ont été mises sur pied depuis la pandémie.
Également partisane du subventionnement des cantines scolaires, mais aussi d’une transition verte, la Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, Mme Hanna Sarkkinen, a insisté sur l’importance de développer l’État providence, base de la prospérité des pays nordiques au nom desquels elle s’exprimait.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Pakistan a toutefois fait observer que seuls 13,4% des habitants des pays à faible revenu ont pu recevoir au moins une prestation de protection sociale. Mettant en garde contre l’endettement des pays en développement pour financer leurs systèmes de protection sociale, la délégation a relevé que les pays pauvres ont besoin de 1 500 milliards de dollars d’investissement dans leurs infrastructures de base pour arrêter le cycle de pauvreté et assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 qui, a-t-elle insisté, doivent être « un bien public mondial ».
Il faut des politiques de protection sociale qui répondent aux besoins de tous « sans exclusion », a tranché la Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Cette deuxième journée de travaux virtuels était articulée autour d’un forum ministériel sur le thème « Renforcer le multilatéralisme pour assurer le bien-être et la dignité de tous en luttant contre l’insécurité alimentaire et en œuvrant à l’élimination de la pauvreté, notamment par la promotion de systèmes alimentaires durables », suivi, dans l’après-midi, du débat général.
Le thème prioritaire de cette soixantième session est « Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030 ».
La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 9 février, à partir de 10 heures.
FORUM MINISTÉRIEL SUR LE THÈME « RENFORCER LE MULTILATÉRALISME POUR ASSURER LE BIEN-ÊTRE ET LA DIGNITÉ DE TOUS EN LUTTANT CONTRE L’INSÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET EN ŒUVRANT À L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ, NOTAMMENT PAR LA PROMOTION DE SYSTÈMES ALIMENTAIRES DURABLES »
Panélistes
Mme DINA BOLUARTE, Vice-Présidente et Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, a déclaré que les mesures conjointes adoptées par les pays permettront de redonner la dignité à chaque personne dans le monde, insistant sur l’importance du développement social et des partenariats. Elle a passé en revue les mesures prises par son gouvernement pour contrer les impacts de la pandémie, notamment les bons alimentaires, les transferts d’argent et le soutien aux ménages ruraux et les personnes âgées. Le Gouvernement appuie également l’approvisionnement alimentaire et la promotion d’un régime alimentaire sain, a-t-elle ajouté, notant que le rôle des femmes dans l’alimentation saine est particulièrement important. Ces mesures ont permis d’augmenter de 20% l’aide alimentaire gouvernementale pour huit millions de personnes dont 1,6 million de personnes vulnérables et quatre millions d’élèves. En coordination avec les autorités locales, 230 municipalités ont reçu des formations sur l’importance de suivre un régime alimentaire sain. Et depuis la pandémie, plus de 12 000 cantines scolaires ont été lancées et plus de 2 000 initiatives locales d’aide alimentaire ont été comptabilisées, a-t-elle encore détaillé. Après avoir insisté sur l’importance du multilatéralisme pour réaliser le Programme 2030, Mme Boluarte a indiqué que l’exclusion sociale étant très prononcée en milieu rural, le Gouvernement a mis en place une politique de protection sociale pour la population rurale afin de renforcer la capacité de production. Elle a également évoqué une stratégie territoriale de gouvernance qui fournit une aide technique pour faire face à l’insécurité alimentaire et aux risques posés par les changements climatiques.
Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, a souligné l’importance de la préparation et de la résilience pour résister à des chocs tels que la pandémie de COVID-19. Elle a indiqué que son pays dispose d’un système de santé solide et que son modèle de protection sociale est transparent. Pour répondre efficacement aux crises sanitaires et à leurs effets connexes, les investissements dans le système de santé et les compétences sont essentiels, a-t-elle relevé, avant d’assurer que le système préexistant de la Finlande a bien fonctionné, de sorte qu’il n’a eu à faire que peu d’ajustements pendant la pandémie. Cela étant, le Gouvernement s’emploie néanmoins à renforcer la protection sociale des personnes et petites et moyennes entreprises, a indiqué la Ministre, selon laquelle la crise actuelle a permis d’envisager des mesures sociales « en temps normal ».
En ce qui concerne la politique nationale de « logement abordable pour tous », Mme Sarkkinen a expliqué qu’un soutien est fourni dès que les personnes deviennent sans abri. Cette initiative vise à éradiquer le sans-abrisme d’ici à 2027, a-t-elle précisé. Rappelant ensuite que le droit à l’alimentation est un droit humain, elle a fait état de mesures de restauration scolaire gratuite dans son pays. Cet investissement dans le capital humain a joué un rôle vital dans le développement, a souligné la Ministre, en invitant tous les États à rejoindre la coalition mondiale pour des repas scolaires gratuits. L’égalité sociale et entre les sexes est une tradition de la Finlande, a-t-elle ajouté, précisant que l’enseignement secondaire est désormais dispensé gratuitement. Dans le même temps, a conclu Mme Sarkkinen, le Gouvernement entreprend des réformes pour mieux soutenir les familles, notamment en élargissant les congés familiaux.
M. SAHIL BABAYEV, Ministre du travail et de la protection sociale de la population de l’Azerbaïdjan, a déclaré que des progrès significatifs avaient été réalisés récemment dans son pays, suite à l’adoption de mesures de protection sociale supplémentaires avec des programmes qui touchent maintenant un million de personnes. L’augmentation du montant des pensions, des salaires minimums et d’autres programmes de revenus contribuent à la réduction de la pauvreté, en particulier pour les groupes vulnérables. Plusieurs autres programmes d’aide sociale visent spécifiquement à réduire la pauvreté à la lumière des défis posés par la pandémie depuis maintenant deux ans. Les prestations sociales sont devenues un autre outil pour protéger les gens contre le risque de sombrer dans la pauvreté, a poursuivi le Ministre, évoquant plusieurs projets en cours qui visent, entre autres groupes vulnérables, les personnes âgées et les personnes atteintes de handicap. Grâce aux réformes engagées par le Gouvernement, les aides sociales ont augmenté de 65% et le salaire minimum de 2,5%, s’est-il félicité. Il a fait valoir la hausse des retraites, qui a permis d’atténuer la pauvreté parmi les populations qui perçoivent une pension. Le Ministre s’est ensuite félicité que, en 2020, l’Azerbaïdjan ait restauré son intégrité territoriale dans le respect du cadre international, « après 30 ans d’occupation de notre territoire ». Cette « guerre », et le refus de l’Arménie de divulguer les cartes des territoires minés, a provoqué des morts et des blessés parmi la population, s’est-t-il désolé.
Mme WILLIAMETTA E. SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a indiqué que pour contrer l’insécurité alimentaire, dont souffrent environ 2,4 millions de personnes, le Gouvernement a organisé, l’année dernière, un salon de l’agriculture pour mettre en avant les opportunités du secteur. Depuis, le nombre de fermes commerciales et d’agro-entreprises est passé de 77 en 2021 à 164 en 2022. Les interventions du Gouvernement ont également débouché sur une augmentation de la superficie plantée, notamment pour les aliments de base comme le riz, le manioc, l’huile de palme et les légumes. Des récoltes exceptionnelles atteignent les marchés ruraux et urbains, grâce à l’amélioration de la logistique et des infrastructures, a-t-elle indiqué, citant notamment la construction d’entrepôts pour les producteurs de cacao et d’usines de transformation du riz et de l’huile de palme. Les exploitants locaux ont également bénéficié d’un programme financier de 16 millions dollars provenant des partenaires de développement. Un projet de transformation de l’économie rurale de la Banque mondiale d’un montant de 55 millions de dollars permettra en outre de goudronner une importante route qui relie les fermes aux marchés.
Le système de protection sociale a été élargi afin de répondre de manière adéquate à la crise économique posée par la pandémie de COVID-19, permettant ainsi à 15 000 ménages supplémentaires d’en bénéficier en 2021 dans le comté urbain de Montserrado. Avec le soutien du Programme alimentaire mondial (PAM), une aide alimentaire a également été fournie à 2,5 millions de personnes vulnérables. Une feuille de route a par ailleurs été élaborée pour lutter contre les violences sexuelles qui frappent particulièrement les femmes durant la pandémie.
Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL-MISNAD, Ministre des affaires sociales et de la famille du Qatar, a jugé nécessaire de promouvoir des partenariats multilatéraux en faveur du développement social, en particulier à la lumière des défis mondiaux actuels. Parmi les priorités internationales du Qatar figure le soutien au développement économique et social des pays à faible revenu, ainsi que des pays en proie à des conflits et confrontés à des catastrophes naturelles. Décrivant certaines de ces initiatives, elle a exposé divers programmes visant à atténuer les effets des changements climatiques, notamment dans les petits États insulaires en développement, citant l’Alliance mondiale des pays désertiques. Parmi d’autres partenariats cruciaux soutenus par le Gouvernement qatari, figure un accord avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) afin de fournir une aide alimentaire de 90 millions de dollars au Yémen. Le Qatar a également donné 10 millions de dollars au Mécanisme COVAX pour soutenir la fourniture de 1,3 milliard de doses de vaccin contre la COVID-19 à 92 pays à faible revenu d’ici à la fin de 2022. Le Qatar a également inauguré la Maison des Nations Unies dans sa capitale, Doha, qui accueille désormais de nombreux bureaux de l’ONU œuvrant dans les domaines du développement social et économique.
Dans une intervention préenregistrée, Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a détaillé les mesures sanitaires, économiques et législatives prises par son pays pour lutter contre les répercussions de la pandémie, notamment les effets induits sur l’alimentation. Grâce à ces mesures, les pénuries de nourriture ont été réduites et la production agricole est repartie, entraînant une hausse de la consommation alimentaire de 9% par rapport à l’année précédente, s’est-elle félicitée, assurant que le blé, la viande et les légumes sont désormais disponibles pour l’ensemble de la population nationale. La Ministre a cependant indiqué que la Mongolie, en tant que pays sans accès au littoral, est très affectée par les fluctuations des marchés et les retards de livraison. Tout cela a des conséquences négatives sur les importations, ce qui entraîne une augmentation des prix. Face à cette situation, a poursuivi Mme Ayush, le Gouvernement travaille à la stabilisation des chaînes d’approvisionnement des aliments, tout en s’efforçant d’augmenter les aides sociales, en particulier pour les foyers les plus pauvres et les personnes vulnérables. Malgré ces initiatives et le concours des organisations internationales et des ONG, beaucoup de défis restent à surmonter, a-t-elle admis, déplorant à cet égard un manque de coordination intersectorielle pour lutter contre la pauvreté. Pour y répondre, nous essayons de créer des critères afin d’établir des diagnostics de la pauvreté multidimensionnelle, a expliqué la Ministre. Un bureau national est saisi de cette question, mais le Gouvernement compte sur la coopération internationale pour avancer vers la réduction de la pauvreté et l’éradication de la faim, a-t-elle conclu, non sans remercier les pays qui viennent en aide à la Mongolie dans cette « période difficile ».
M. KENTARO UESUGI, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a mis l’accent sur le problème de l’obésité dans le monde. Il a rappelé la conclusion du Pacte mondial en faveur de la nutrition pour la croissance, adopté à Tokyo en 2020 à l’issue du Sommet sur la nutrition pour la croissance. Le Japon, a-t-il indiqué, a octroyé 2,8 milliards de dollars en aide alimentaire au niveau mondial. Pour le Programme alimentaire mondial (PAM), le Japon a fait don d’une aide d’urgence de 226 millions de dollars en 2021.
Dialogue interactif
Après avoir rappelé que, face à la pandémie de COVID-19, nul ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas, le Portugal a souhaité savoir comment, dans ce contexte, se matérialise l’action multilatérale en vue de la réalisation du Programme 2030. Comment pouvons-nous garantir une assistance multilatérale plus inclusive pour faire face à la pauvreté et à la faim, a demandé l’Union européenne, en estimant que la coopération internationale est plus nécessaire que jamais pour répondre à ces défis dans un esprit de solidarité et de partenariat.
Quel rôle peut jouer la coopération pour que les États adoptent des politiques de développement plus justes et plus durables? s’est interrogée l’Argentine, selon laquelle la pandémie offre l’opportunité de renouveler les systèmes internationaux en vigueur. Énumérant les initiatives prises par son gouvernement pour lutter contre l’insécurité alimentaire et assurer la distribution d’eau potable, en particulier pour les personnes à faible revenu, le Brésil a voulu savoir dans quels domaines les actions contre les fléaux de la faim et de la pauvreté devraient se concentrer.
Notant qu’en raison des effets liés à la COVID-19, environ 114 millions de personnes dans le monde sont tombées dans la pauvreté, ce qui crée des risques de famine, la Chine a appelé la communauté internationale à y remédier collectivement, plaidant en outre pour une amélioration de l’immunisation des populations grâce à des vaccins disponibles pour tous et à bas coût. Il faut traiter de toute urgence les lacunes de développement, notamment en augmentant les aides internationales et en tenant compte des spécificités de chaque pays, a insisté la délégation chinoise qui a enjoint les États à respecter le principe de la responsabilité commune mais différenciée et à contribuer à la transformation des pays en développement.
« La pandémie nous a appris que les mesures de protection sociale doivent être combinées à des mesures de développement social plus prononcées », a souligné le Pérou qui a appelé à assurer la viabilité des politiques aux niveaux international et national. Nous devons infléchir nos économies dans le sens d’« économies de la providence » et privilégier la création d’emplois et une couverture sociale décents, a poursuivi la délégation selon laquelle il faut envisager une synchronisation permanente entre les programmes des Nations Unies, les objectifs fixés au niveau international et les politiques nationales.
La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a constaté que l’imposition progressive dans son pays avait permis de financer des services sociaux adaptés, à l’origine d’une économie du bien-être et de la providence. Il s’agit également de comprendre pourquoi la santé pour tous et l’égalité entre les genres peuvent avoir un impact sur la stabilité économique des nations, a-t-elle souligné. Pour le Ministre du travail et de la protection sociale de la population de l’Azerbaïdjan, il faudra, en 2022, faire émerger les pratiques optimales en maintenant une coopération avec l’Union européenne, parmi d’autres organisations régionales et internationales, pour que de nouvelles mesures puissent être appliquées sur le long terme susceptibles d’améliorer la situation dans son propre pays.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE - E/CN.5/2022/2
Thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030
Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux
Débat général
Mme HANNA SARKKINEN, Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande, au nom du Groupe des pays nordiques, a mis l’accent sur les inégalités et la pauvreté qui frappent les enfants durant la pandémie de COVID-19, préconisant des mesures de protection sociale en faveur de la santé des enfants ainsi que le subventionnement des cantines scolaires pour lutter contre la malnutrition enfantine. Elle a voulu que la transition verte et numérique prenne en compte les besoins des personnes handicapées et demandé de promouvoir la santé des personnes âgées et leur rôle au sein de la société, ainsi que des systèmes de protection sociale inclusifs. La Ministre a également insisté sur l’importance de développer l’État providence, base de la prospérité des sociétés nordiques.
Il faut prendre à bras le corps les problèmes du chômage, de la consommation de drogues, d’accès à l’éducation et aux soins, des risques climatiques et des conséquences de la colonisation qui frappent les jeunes dans les pays anciennement colonisés, a déclaré à son tour le représentant de la jeunesse des pays nordiques.
Le Pakistan, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a regretté que seulement 13,4% des habitants des pays à faible revenu ont pu recevoir au moins une prestation de protection sociale. Il a noté que les pays en développement auront besoin de 3 500 milliards de dollars pour réaliser les ODD en huit ans, tandis que le relèvement post-COVID-19 se chiffre à 650 milliards de dollars. Il a appelé à assurer un accès universel à une protection sociale inclusive y compris le financement, mettant en garde contre l’endettement des pays en développement pour financer leurs systèmes de protection sociale. Les pays pauvres ont besoin de 1 500 milliards de dollars d’investissement dans leurs infrastructures de base pour arrêter le cycle de pauvreté et assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 qui, a-t-il insisté, doivent être un bien public mondial.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la Jamaïque a plaidé pour le renforcement des systèmes alimentaires résilients pour faire face aux conséquences des risques climatiques sur la production alimentaire, et aider les agriculteurs à résister à la crise. Il faut également assurer l’accès des pays en développement aux marchés internationaux, et veiller par ailleurs à ce que les politiques de protection sociale répondent aux besoins sans exclusion. Le représentant a enfin exigé l’utilisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les petits États insulaires en développement pour les pays à revenu intermédiaire.
S’exprimant au nom du Groupe restreint LGBTI, le Pérou a rappelé que la pandémie avait particulièrement aggravé le sort de ce groupe déjà vulnérable, notant que les LGBTI ne disposent souvent d’aucune protection sociale et sont les plus à risque de retomber dans la pauvreté et de souffrir de discrimination. Dans le contexte postpandémique, la conception des opérations de suivi doit prendre en compte leurs besoins et prévoir des filets de sécurité, a-t-il insisté.
S’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a souligné la multiplicité des problèmes auxquels ce segment de la population est confronté, à plus forte raison s’il s’agit des femmes, contribuant ainsi à la « féminisation de la pauvreté ». Dans un souci d’inclusivité, il est donc nécessaire de collecter des données ventilées sur les personnes âgées pour que leurs besoins et attentes soient pris en compte dans l’élaboration des politiques nationales.
Mme NEVINE EL KABBAG, Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, a donné quelques exemples de mesures de protection sociale adoptées par son pays au cours de l’année écoulée, à commencer par trois records dignes « du Guinness » pour des campagnes humanitaires et caritatives. Ainsi, 1,6 million de travailleurs intérimaires ont été couverts par une aide financière pour une période de six mois, d’un montant total de 40 millions de dollars. En outre, 14 millions d’habitants, dont 75% sont des femmes, ont bénéficié d’une aide d’un montant de 3,8 millions de dollars et 126 000 employés de maisons de retraite ont reçu l’intégralité de leurs salaires mensuels pendant la période du confinement.
M. ROLANDO JOSELITO BAUTISTA, Secrétaire du Département de la protection sociale et du développement des Philippines, a précisé que le plan d’intervention et de relance de son gouvernement s’articule autour du soutien aux populations pauvres et marginalisées, du renforcement de la coordination en matière de protection sociale pour les plus vulnérables et de politiques réactives en réponse à la pandémie. Ces efforts, menés aux niveaux national et local, bénéficient de la coopération entre les secteurs public et privé ainsi que des apports de la société civile, a-t-il souligné.
De son côté, M. PAUL MAVIMA, Ministre du service public, du travail et de la protection sociale du Zimbabwe, a indiqué que la fourniture d’une assistance alimentaire aux ménages en situation d’insécurité alimentaire et ultra pauvres reste une priorité durant la période pandémique pour s’assurer que personne n’ait faim dans le pays. Ainsi, des céréales continuent d’être distribuées dans les zones rurales, tandis que les habitants des zones urbaines reçoivent des bons alimentaires et bénéficient de transferts de liquidités.
Au nom du Groupe des États d’Afrique, le Mali s’est déclaré profondément préoccupé par le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le monde, en particulier dans les pays en développement, alors qu’il reste moins de 10 ans pour atteindre l’ODD 1 sur l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes. Dans ce contexte, a-t-il dit, le Groupe réaffirme sa ferme volonté de poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague sur le développement social ainsi que du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. Il s’est d’autre part alarmé du fait que le taux de vaccination contre la COVID-19 dans les pays à revenu élevé soit sept fois plus élevé que dans les pays africains. Il a donc appelé tous les États à contribuer au Mécanisme COVAX et au partage des technologies avec le monde en développement. Enfin, il a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements d’aide publique au développement, notamment en fournissant à ce titre 0,7% de leur PIB aux pays en développement.
Consciente que la lutte contre la pauvreté et la faim permettra à toutes les nations de relever tous les autres défis, Mme AAWATIF HAYAR, Ministre de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la famille du Maroc, a indiqué que « dès le début », son pays s’est efforcé à atténuer les effets néfastes de la pandémie pour les segments les plus vulnérables de la population. Le Maroc, a-t-elle expliqué, œuvre à renforcer et à asseoir les valeurs de coopération pour que tous ses citoyens puissent profiter de la protection sociale, notamment par le biais de l’universalisation de l’assurance maladie et l’extension de la retraite à tous les travailleurs, y compris les indépendants.
Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a déclaré que son gouvernement favorise la lutte contre le chômage, en menant une politique dite de transition de l’aide sociale vers l’emploi, qui prévoit une loi de protection sociale davantage ciblée. Tandis qu’une législation du travail a été adoptée, les aides sociales ont été augmentées de près de 100% au cours des deux dernières années et des exemptions de cotisations à la sécurité sociale et des exonérations fiscales mises en place. Enfin des subventions salariales ont été accordées par son ministère, ainsi que des prêts, a ajouté Mme Ayush.
Mme MARIAM BINT ALI BIN NASSER AL-MISNAD, Ministre du développement social et de la famille du Qatar, a déclaré que son pays, au cours des deux dernières années, a pris les mesures nécessaires pour protéger les personnes âgées et les personnes handicapées. Elle a rappelé le rôle actif joué par le Qatar dans la coopération internationale au service du développement socioéconomique des pays les moins avancés et des pays touchés par des conflits.