Soixantième session,
2e séance plénière – matin & séance virtuelle - après-midi
SOC/4898

La Commission du développement social lance ses travaux avec pour mot d’ordre une reprise post-COVID-19 ouvrant la voie à un recul de la faim et de la pauvreté

Éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes aux fins de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en assurant un « relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité ».  Avec ce thème prioritaire comme fil rouge de ses travaux, la Commission du développement social a ouvert, aujourd’hui, sa soixantième session, qui se déroulera en mode hybride jusqu’au 16 février prochain, date à laquelle seront adoptées les recommandations de cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC).  

Aux commandes de cette session, après avoir déjà présidé celle de l’an dernier, la Représentante permanente de l’Argentine a d’emblée appelé de ses vœux une reprise qui ne soit pas « une simple relance de nos inégalités prépandémiques », mais « une transformation juste et équitable ».   Pour l’heure, le monde connaît une reprise « à deux vitesses », dont les conséquences pourraient se révéler « catastrophiques » dans une ère post-COVID-19, a noté Mme Maria del Carmen Squeff, en s’alarmant du creusement des inégalités et de l’iniquité vaccinale entre pays riches et en développement.

Face à la « crise systémique » engendrée par la COVID-19, l’action publique est, selon elle, essentielle pour guider une « reprise transformatrice » comprenant des objectifs à long terme.  Elle a donc souhaité que ces huit jours de débats et d’échanges permettent d’apporter des réponses efficaces aux problèmes structurels qui se sont aggravés depuis un an et demi, à commencer par la faim et la pauvreté.    

Alors que 600 millions de personnes sont aujourd’hui proches de l’extrême pauvreté et que trois milliards d’individus n’ont pas les moyens de se payer une alimentation saine, il importe d’être à la fois « ambitieux dans nos intentions et généreux dans nos actions », a renchéri le Président de l’Assemblée générale.  Appelant la communauté internationale à investir dans le partage des technologies, des ressources et des capacités, mais aussi à accorder la priorité à l’éducation, à la nutrition et aux soins de santé, M. Abdulla Shahid a souhaité que l’histoire se souvienne de la pandémie comme du moment où l’humanité « s’est tournée vers la durabilité ».  

Pour faire avancer le Programme 2030, il convient d’agir dans un esprit de solidarité pour que nos systèmes économiques, sociaux et financiers favorisent l’égalité, l’inclusion et la durabilité, a exhorté à son tour le Président de l’ECOSOC, selon lequel la Commission a un rôle essentiel à jouer en tant que « foyer » de la réalisation de l’ODD 10 sur la réduction des inégalités.  M. Colleen Vixen Kelapile a regretté à cet égard que bon nombre des mesures de protection sociale prises au plus fort de la crise aient été retirées, alors qu’elles auraient pu servir de « rampe de lancement » vers une protection sociale universelle à long terme.  

La pandémie a mis en évidence le rôle protecteur des politiques sociales, a abondé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, saluant le fait qu’entre décembre 2020 et mai 2021, les dépenses de protection sociale aient bondi de 270%.  Mais ces mesures d’urgence doivent devenir permanentes si l’on veut garantir un relèvement inclusif et résilient, a lui aussi soutenu M. Liu Zhenmin, rejoint par la Vice-Secrétaire générale, pour qui le renouvellement du « contrat social » passe par l’égalité des chances et la sécurité économique.  À cette aune, Mme Amina Mohammed a estimé que les délibérations de la Commission peuvent servir de « tremplin » pour le prochain sommet social mondial dont le Secrétaire général a proposé la tenue en 2025 pour « redynamiser » la réalisation des ODD. 

Un « contrat social renouvelé » devrait se traduire par des investissements dans les systèmes nationaux de protection sociale et un renforcement de l’accès aux soins de santé essentiels et au revenu de base, a pour sa part plaidé Mme Maria-Laura Fornella-Oehninger, Coprésidente du Comité des ONG pour le développement social.  Aujourd’hui plus que jamais, la solidarité sociale doit être un élément crucial des solutions politiques, a ajouté Mme Monica Jahangir-Chowghury, autre Coprésidente de ce Comité, appelant à écouter les « voix inaudibles » et à les inclure dans les décisions qui affectent leurs vies.      

Lors du débat interactif de haut niveau de l’après-midi, consacré au thème prioritaire de cette session, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) s’est prononcé pour une transformation des systèmes agroalimentaires, au cœur des moyens de subsistance de 4,5 milliards de personnes dans le monde, pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.  Alors que plus de 80% des populations rurales sont des travailleurs indépendants du secteur informel, M. Qu Dongyu a préconisé d’accroître la productivité des petits producteurs grâce à des investissements dans le capital humain, les systèmes de protection sociale et les infrastructures rurales.  

De son côté, la Codirectrice de la recherche sur les aspects multidimensionnels de la pauvreté au sein d’ATD Quart Monde a insisté sur la notion de dignité, souhaitant qu’elle soit retenue dans le document final adopté par la Commission.  « La dignité reconnaît le choix personnel, c’est-à-dire les aliments que vous voulez manger, et pas seulement ceux auxquels vous avez accès, que vous pouvez vous permettre ou que les autres jugent dignes de vous », a notamment souligné Mme Maryann Broxton.

En début de séance, la Commission a élu par acclamation Mme Hellen M. Chifwaila (Zambie), M. Jiakun Guo (Chine) et Mme Iwona Lula (Pologne) à la vice-présidence de son bureau, Mme Chifwaila devant également remplir les fonctions de rapporteur.  Elle a également adopté son ordre du jour provisoire et son projet d’organisation des travaux.  

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mardi 8 février, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Déclarations liminaires

Mme MARIA DEL CARMEN SQUEFF, Présidente de la soixantième session de la Commission du développement social, a tout d’abord appelé les membres de la Commission à réfléchir sur un dessin de l’artiste argentin Quino, créateur du personnage de Mafalda.  Sur cette planche, la petite fille demande à son père si la faim et la pauvreté ont été éradiquées et si les armes nucléaires ont été supprimées dans le monde.  Son père lui répondant que non, elle se demande avec tristesse pourquoi changer d’année alors que les problèmes de la communauté internationale ne sont toujours pas résolus.  Cette réflexion de Mafalda nous montre à quel point les questions dont nous débattons aujourd’hui au sein de la Commission sont d’actualité, a souligné Mme Squeff, avant de mettre l’accent sur les graves effets de la COVID-19 sur la vie des gens, notamment l’augmentation des niveaux de pauvreté et de faim.  Elle a ainsi relevé que le rapport de la FAO et d’autres agences des Nations Unies sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde met en garde contre un nouveau scénario « nettement plus difficile »: 811 millions de personnes ne savent pas ce qu’elles mangeront aujourd’hui.  

Pour Mme Squeff, il est indubitable que la pandémie a provoqué une « crise systémique ».  Les gouvernements ont été appelés à agir avec la plus grande urgence pour protéger la santé de la population et éviter l’effondrement total de l’économie avec ses graves conséquences sociales et politiques.  L’action publique est donc essentielle pour guider une « reprise transformatrice », combinant l’intensité de la réponse à court terme avec des objectifs à plus long terme, a-t-elle soutenu, ajoutant que les débats à venir au sein de la Commission permettront d’échanger sur les stratégies de relance face à cette crise, qui nécessite d’adopter des approches de genre, de diversité et de droits humains pour apporter une réponse efficace aux problèmes structurels qui se sont aggravés depuis un an et demi, à commencer par la faim et la pauvreté.  

Constatant que le monde connaît déjà une « reprise à deux vitesses », la Présidente de la Commission s’est alarmée des « conséquences catastrophiques » que cet écart va générer dans un monde postpandémique.  Elle a noté avec préoccupation que les inégalités se creusent et que le taux de vaccination dans les pays à revenu élevé est sept fois plus élevé que dans les pays des autres régions du monde.  Il faut donc profiter de cette crise pour en sortir « transformés », a-t-elle plaidé, appelant à « promouvoir, imaginer et construire pour nos pays des voies originales mais efficaces », qui permettent d’établir des sociétés justes, égalitaires et dignes.  

Ceux qui vivent dans la pauvreté et ceux qui n’ont pas accès à la nourriture voient clairement que la jouissance de leurs droits humains fondamentaux est affectée, a-t-elle fait valoir, jugeant impératif que la communauté internationale accorde la priorité au traitement de ces problèmes et à leurs solutions.  À cet égard, elle a indiqué que son pays, l’Argentine, s’est employé à remédier à la situation des plus démunis.  À cette fin, plusieurs actions nationales ont été menées, l’une des plus significatives étant le lancement du Revenu familial d’urgence pour les travailleurs qui ne percevaient ni pensions ni subventions d’aucune sorte et qui n’avaient pas d’autres revenus.  De plus, une aide extraordinaire a été accordée aux détenteurs de cartes alimentaires afin de maintenir les revenus et de renforcer le droit des familles à l’alimentation. 

Avant de conclure, Mme Squeff a admis qu’il n’est pas aisé de négocier le projet de résolution lié à cette session.  Mon objectif est de parvenir à un document dans lequel nous pouvons apporter des contributions concrètes aux besoins de notre peuple, a-t-elle simplement confié, non sans ajouter qu’en sa qualité de Présidente, et dans le cadre de l’héritage et de l’empreinte que son pays souhaite laisser à la Commission, elle a présenté un projet de décision lié au renforcement et à la responsabilisation des travaux de cet organe subsidiaire de l’ECOSOC chargé de s’attaquer aux problèmes de la pauvreté, de l’emploi et de l’inclusion sociale.  Le projet vise à permettre, dans le cadre de la révision des méthodes de travail de la Commission du développement social, d’envisager la possibilité d’organiser une activité intersessions liée au thème prioritaire chaque année avant sa session ordinaire, a-t-elle précisé.  Enfin, elle a souhaité que le « nouveau contrat social » dont nous avons besoin soit basé sur la solidarité, soulignant que le relèvement ne doit pas être « une simple relance de nos inégalités prépandémiques », mais « une transformation juste et équitable ».  

« Après trois ans de pandémie, à quoi ressemblera le monde »? a lancé d’emblée M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale.  La COVID-19 a freiné le développement durable: 600 millions de personnes sont proches de l’extrême pauvreté et trois milliards d’individus n’ont pas les moyens de se payer une alimentation saine.  Ce sont des chiffres incroyables, a constaté le Président.  Selon lui, pourtant, la réponse et les mesures de relèvement offrent des signes d’encouragement: les mesures de protection sociale ont été largement renforcées au cours des deux dernières années bien que la mise en œuvre ait été profondément inégale entre les pays développés et les pays en développement.  

Pour M. Shahid, la pandémie de COVID-19 doit être considérée à la fois une crise et une opportunité.  Il faut donc intégrer la résilience et la durabilité, être audacieux et ambitieux dans nos intentions, et généreux dans nos actions.  Nous devons investir dans le partage des technologies, des ressources et des capacités pour veiller à ce que nos efforts de relèvement atteignent toutes les personnes, dans tous les pays, en particulier ceux qui se trouvent dans des situations spéciales, comme les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID).  

Il a également appelé à donner la priorité à l’accès universel à l’éducation, la nutrition et soins de santé.  La période de relèvement doit garantir que personne ne soit laissé de côté, a-t-il insisté.  Elle doit être inclusive et équitable et autonomiser les femmes et les filles, les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Nous devons investir dans la formation, l’éducation et les compétences vertes, a ajouté le Président qui a rappelé les risques des changements climatiques, entre autres.  Selon lui, investir dans une reprise verte et bleue permettra un rebond économique qui renforcera la main-d’œuvre et la résilience, atténuera les émissions de carbone, et protégera les écosystèmes. 

Il faut aussi investir dans des systèmes universels de protection sociale qui nous préparent aux crises futures, a préconisé M. Shahid selon lequel la période de relèvement post-COVID doit par ailleurs veiller à ce que la protection sociale et l’accès à tous les services soient sensibles au genre.  Pour le Président de l’Assemblée générale, l’histoire doit se souvenir la pandémie comme le moment où l’humanité a embrassé un avenir meilleur, s’est tournée vers la durabilité, a abandonné les échappatoires faciles et a poursuivi une voie qui a responsabilisé tous les peuples, protégé notre planète, construit la prospérité et insufflé l’espoir à une nouvelle génération.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a constaté que nous nous réunissons, « une fois de plus », dans l’ombre de la pandémie de COVID-19, qui a entravé, voire inversé, les progrès accomplis dans la réalisation de nombreux objectifs de développement durable (ODD), en particulier ceux visant à éradiquer la pauvreté et la faim d’ici à 2030.  Selon certaines estimations, les impacts sociaux et économiques de cette pandémie ont été quatre fois plus prononcés que ceux de la crise de 2008-2009, a fait observer le haut fonctionnaire.  Selon lui, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement sont ceux qui supportent le fardeau le plus lourd en ces temps difficiles.  Aussi devons-nous agir dans un esprit de solidarité mondiale si nous voulons faire avancer le Programme 2030, en privilégiant des politiques transformatrices et en promouvant les changements structurels dont nous avons besoin pour que nos systèmes économiques, sociaux et financiers favorisent l’égalité, l’inclusion et la durabilité, a exhorté le Président. 

Dans ce contexte, la Commission du développement social a un rôle essentiel à jouer dans l’élaboration d’orientations politiques visant à atteindre cet objectif, une commission que M. Kelapile considère comme le « foyer » de la réalisation de l’ODD 10 sur la réduction des inégalités.  « Nous avons vu le rôle crucial que jouent des systèmes de protection sociale plus forts et résilients pour protéger les gens des impacts de la crise et les empêcher de s’enfoncer plus profondément dans la pauvreté, la faim et l’insécurité alimentaire », a encore déclaré le Président. 

Or, a-t-il relevé, selon des études, bon nombre des mesures de protection sociale d’urgence mises en œuvre au plus fort de la perturbation économique ont déjà été retirées, alors qu’elles auraient plutôt dû être mises à profit comme « rampe de lancement » vers une protection sociale universelle à long terme.  Le chemin à parcourir est encore long, a-t-il prévenu, notant qu’en 2020, seuls 46,9% de la population mondiale bénéficiaient d’une couverture sociale, laissant quatre milliards de personnes non protégées.

Le Président de l’ECOSOC a appelé à adopter des plans de redressement à long terme, tenant compte des risques et axés sur la prévention, pour améliorer les capacités et le bien-être des populations.  Il a donc exhorté la Commission du développement social à formuler des recommandations à cette fin. 

Dans un message vidéo, Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déclaré qu’en plus des millions de vies perdues, la COVID-19 a également entraîné une progression de l’extrême pauvreté « pour la première fois en une génération », aggravant la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  Parmi les autres conséquences figurent l’augmentation des violences liées au genre, de la maltraitance des mineurs et des cas de mariage et de travail d’enfants.  Face à cette situation, a poursuivi Mme Mohammed, nous devons renforcer la solidarité mondiale, le multilatéralisme et mobiliser des actions collectives pour faire face aux impacts de la pandémie de COVID-19, en particulier sur les plus pauvres et les plus vulnérables.  À cette fin, a-t-elle détaillé, nous avons besoin de stratégies de relance pour lutter contre les inégalités, la pauvreté, la faim, l’insécurité alimentaire et améliorer la résilience, les moyens de subsistance durables et le bien-être de tous. 

Pour la Vice-Secrétaire générale, « les politiques sociales sont au cœur de ces stratégies ».  Comme l’a souligné le rapport sur « Notre Programme commun », nous devons renouveler le contrat social pour assurer l’égalité des chances, la sécurité économique et le bien-être de tous, a-t-elle plaidé, en rappelant que le Secrétaire général a proposé à cet égard la tenue, en 2025, d’un sommet social mondial, qui ferait fond sur le Sommet mondial pour le développement social de 1995, lequel appelait à un développement centré sur les personnes.  Dans cette perspective, a-t-elle avancé, les délibérations de la Commission du développement social peuvent servir de « tremplin » pour ce nouveau sommet social, appelé à redynamiser les efforts pour la réalisation des ODD.  Cette Commission, qui se concentre sur les situations des personnes en situation de vulnérabilité, « joue un rôle essentiel pour assurer que notre engagement de ne laisser personne de côté est accompli », a conclu Mme Mohammed.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a admis que le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’ODD « le plus fondamental », à savoir l’éradication de l’extrême pauvreté.  Sans action décisive, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté devrait atteindre 600 millions, soit 7% de la population mondiale, d’ici à 2030.  La pandémie a mis en évidence le rôle essentiel des politiques sociales pour protéger les personnes dans le besoin.  

Selon le haut fonctionnaire, l’une des principales leçons est l’importance de l’accès universel à la protection sociale, pour renforcer la sécurité économique et alimentaire, en temps de crise.  De décembre 2020 à mai 2021, le montant total des dépenses en protection sociale a augmenté de près de 270%, atteignant 2,9 milliards de dollars.  Bon nombre de ces mesures doivent devenir permanentes, alors que les pays s’efforcent d’assurer un relèvement inclusif et résilient afin de revenir sur la bonne voie pour mettre en œuvre le Programme 2030.  

Pour se relever de cette crise, M. Liu a jugé essentiel d’investir dans les gens, la santé, l’éducation et le logement abordable pour renforcer la résilience et reconstruire les moyens de subsistance.  La fourniture et la prestation de services doivent être universelles et il est essentiel d’accorder une attention particulière aux besoins des groupes et des communautés les plus vulnérables et les plus défavorisés.  Il a également appelé à s’attaquer aux multiples causes de la pauvreté, de la faim et des inégalités, en créant des emplois décents et d’autres possibilités de générer des revenus.  Selon lui, les marchés publics et d’autres programmes peuvent être utilisés pour soutenir la production locale, les petits producteurs et les agriculteurs familiaux.  

De même, M. Liu a exhorté à mettre en place des systèmes de protection sociale universels et adaptés au niveau national, qui soient adéquats, complets et durables, y compris des socles de protection sociale définis au niveau national qui tiennent compte des besoins des plus vulnérables.  Les régimes de protection sociale doivent en outre être sensibles au genre et conçus en tenant compte des besoins des plus vulnérables.  Enfin, les systèmes alimentaires doivent devenir plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour assurer des régimes alimentaires sains capables de mettre un terme à la faim.  

Mme MONICA JAHANGIR-CHOWDHURY, Coprésidente du Comité des ONG pour le développement social, a déclaré que, il y a quelques semaines, un membre d’une ONG avait fait part du désespoir que les effets conjugués de la pauvreté et de la pandémie ont eu chez les jeunes femmes des pays en développement, qui n’ont parfois pas d’autre choix que de traverser la frontière dans l’espoir d’une vie meilleure.  « La plupart d’entre elles deviennent alors la proie des trafiquants d’êtres humains », a déploré l’intervenante qui a en outre indiqué qu’à New York, la pandémie a entraîné une hausse de 36% de la faim et de l’insécurité alimentaire, en particulier parmi les minorités ethniques.  Des exemples comme celui-ci, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud, montrent clairement la relation entre discrimination et manque d’accès aux services de base, ce qui conduit souvent à la déshumanisation, a-t-elle expliqué.  À l’échelle mondiale, pour des centaines de millions de personnes qui luttent déjà pour se maintenir à flot, la pauvreté, la faim et la pandémie ont restreint les options et les libertés, créant un sentiment d’abandon et de déresponsabilisation.  Aujourd’hui plus que jamais, a déclaré Mme Jahangir-Chowdury, la solidarité sociale doit donc être un élément crucial des solutions politiques: il s’agit d’écouter et d’apprendre des voix inaudibles et de les inclure dans les décisions qui affectent leurs vies, afin d’assurer une reprise post-COVID « sans faim, verte et juste ».   

Un « contrat social renouvelé » devrait donc donner la priorité aux actions suivantes, a enchaîné Mme MARIA-LAURA FORNELLA-OEHNINGER, autre Coprésidente du Comité des ONG pour le développement social.  Tout d’abord, investir dans les systèmes nationaux de protection sociale, assurer l’accès aux soins de santé essentiels et au revenu de base et créer un fonds mondial pour la protection sociale afin de renforcer les capacités des pays les moins avancés.  Ensuite, veiller à ce que les personnes vivant dans la pauvreté soient égales devant la loi et prendre des mesures pour éliminer la discrimination et la stigmatisation sociale, notamment dans les domaines de l’accès à l’éducation, au travail et au logement.  Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, il faut sanctuariser le monde du travail, pour le rendre à la fois exempt de violences et de harcèlement et respectueux des droits de la personne, y compris les travailleurs du secteur informel et du secteur des soins non rémunérés, et promouvoir le dialogue social et la représentation des travailleurs dans la prise de décisions.  Mme Fornella-Oehninger a également appelé au renforcement de la « résilience climatique » des systèmes alimentaires, en prenant en compte le savoir-faire et les pratiques agricoles des peuples autochtones et la promotion des pratiques alimentaires durables.  Elle a aussi mentionné la promotion de l’éducation tout au long de la vie, l’accès aux technologies numériques et l’amélioration des compétences, afin de garantir des moyens de subsistance durables pour tous.  

Dans une intervention préenregistrée, Mme LYNROSE JANE D. GENON, représentante de la jeunesse des Philippines et membre du Conseil exécutif de Young Women Leaders for Peace, a mis l’accent sur les répercussions de la pandémie de COVID-19 dans son pays, où les mesures de confinement ont entraîné un fort déclin du marché de l’emploi et, par voie de conséquence, de la pauvreté.  Citant les statistiques nationales, elle a précisé que le taux de chômage, qui s’établissait à 5% de la population active avant la crise, a bondi depuis à 17,6% et pourrait encore progresser alors que des confinements sont maintenus.  Selon la représentante, la situation est particulièrement préoccupante pour les jeunes ainsi que pour les personnes cumulant les handicaps de l’âge, de la géographie et des conflits.  

Dans ce contexte, il importe à ses yeux que la reconstruction post-COVID-19 tienne compte de l’accès de tous à l’enseignement afin de faciliter la progression du développement social.  Dans ce cadre, a souligné la représentante, il est essentiel de permettre aux écoliers et aux étudiants d’acquérir des compétences numériques et de bénéficier de connexions stables.  Faute de moyens, plus de cinq millions d’enfants et de jeunes n’ont pu s’inscrire à des cours en ligne l’année dernière et cela pourrait être à nouveau le cas en 2022, a-t-elle regretté, avant d’en appeler, plus généralement, à une réduction de la fracture numérique, singulièrement pour les zones rurales et les ménages pauvres.  Faute d’une telle politique d’intégration et de formation numériques, la situation pourrait encore s’aggraver, principalement pour les jeunes, a prévenu Mme Genon, avant d’évoquer le sort des femmes et des filles, premières victimes des mesures de confinement, comme en témoignent les ruptures scolaires et l’augmentation du nombre de grossesses précoces.

Mme Daniela Bas, Directrice de la Division du développement social inclusif au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a ensuite présenté les cinq rapports* à l’ordre du jour des travaux de cette session.  

* E/CN.5/2022/2, E/CN.5/2022/3, E/CN.5/2022/4, A/77/61–E/2022/4 et E/CN.5/2022/5

Débat de haut niveau sur le thème prioritaire: Assurer un relèvement inclusif et résilient après la COVID-19 pour garantir à chaque personne des moyens de subsistance, le bien-être et la dignité: éliminer la pauvreté et la faim sous toutes leurs formes et dans toutes leurs dimensions aux fins de la réalisation du Programme 2030

Intervention liminaire

M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a constaté une « nette inversion » des progrès dans la réalisation des ODD du fait de la pandémie, tout en faisant observer que bon nombre des facteurs clefs de la pauvreté et de la faim « étaient déjà là avant » la COVID-19.  Il a ainsi relevé que la fréquence et l’intensité des impacts de la crise climatique, des conflits et autres urgences humanitaires, ainsi que les ralentissements et récessions économiques ont augmenté au cours des 12 dernières années, depuis la crise financière de 2009.  Bien que chacun de ces facteurs soit unique, leur interaction crée des effets multiples, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, a-t-il observé.  De plus, la majorité des personnes sous-alimentées vivent dans des pays touchés par plusieurs facteurs, dont l’impact négatif sur la sécurité alimentaire est aggravé par les inégalités de revenus, qui se sont accrues pendant la crise.  Dans ce contexte, a souligné M. Qu, les plus durement touchés sont les travailleurs de l’économie informelle, dont les revenus ont été les plus affectés par les mesures de confinement.  

De l’avis du Directeur général de la FAO, une reprise inclusive et résiliente dépend avant tout de la garantie d’un accès égal aux vaccins dans tous des pays.  Sinon, les pays pauvres ayant de faibles taux de vaccination continueront de lutter et la reprise postpandémique restera inégale et incertaine pour des millions de ménages dans le monde.  Dans le même temps, il faut apporter des solutions aux quelque trois milliards de personnes qui n’ont pas les moyens de se nourrir sainement.  La FAO estime qu’un milliard de personnes supplémentaires pourraient ne pas avoir accès à une alimentation saine si un choc supplémentaire venait à réduire leurs revenus d’un tiers.  « Ces risques sont inacceptables dans un monde qui produit suffisamment de nourriture pour l’ensemble de la population », s’est indigné M. Qu, avant d’appeler à ne pas négliger les zones rurales où habitent 80% des personnes les plus pauvres du monde.  

Notant que le relèvement post-COVID-19 nécessitera des investissements accrus et ciblés dans le développement, M. Qu a plaidé pour que les systèmes agroalimentaires, au cœur des moyens de subsistance de 4,5 milliards de personnes dans le monde, soient transformés pour être plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables.  Alors que plus de 80% des populations rurales sont des travailleurs indépendants du secteur informel, investir dans l’agriculture -en particulier dans l’agriculture familiale et la production alimentaire à petite échelle- permettrait aux ruraux de bénéficier de la terre et de la main-d’œuvre, tout en réduisant la pauvreté.  Il faut donc, selon lui, accroître la productivité des petits producteurs grâce à des investissements dans le capital humain, les systèmes de protection sociale et les infrastructures rurales.  

S’agissant des régimes de protection sociale, M. Qu s’est félicité qu’ils aient été renforcés, créés ou maintenus dans plus de 200 économies, avec notamment des distributions alimentaires à grande échelle et des programmes de bons, l’expansion des services de développement aux agriculteurs familiaux et des programmes alimentaires et d’adaptation scolaire pour les enfants.  Tout cela a contribué à prévenir une aggravation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, a-t-il souligné, avant d’appeler à produire plus avec moins de ressources et moins d’impacts sur l’environnement.  Pour cela, a-t-il dit, nous devons stimuler les investissements publics et privés ainsi que les services de financement afin de soutenir la transformation des systèmes agroalimentaires et du développement rural.  La FAO y travaille de concert avec les États Membres pour atteindre « une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une vie meilleure pour tous, sans laisser personne de côté, a-t-il indiqué.

Panélistes

Mme MARÍA JULIANA RUÍZ SANDOVAL, Première Dame de Colombie, a d’emblée souligné la coopération excellente entre le Programme alimentaire mondiale (PAM) et la Colombie dans les domaines de l’entrepreneuriat, l’innovation et l’industrie agroalimentaire.  Après la pandémie de COVID-19 et ses impacts, il faut donner la priorité à des solutions qui aident à la réalisation du Programme 2030, y compris l’éradication de la malnutrition, a-t-elle estimé.  À ses yeux, cela nécessite d’intégrer à l’ODD 2 sur la lutte contre la faim, les notions d’inclusivité, de durabilité et de dignité.  Le but, a insisté la Première Dame, est d’éradiquer la pauvreté.  Pour elle, ces défis sont des motivations à faire plus.  

Exhortant à redoubler d’efforts pour faire face aux défis, Mme Ruíz Sandoval a récusé toute forme de complaisance, « d’autant plus que nous savons ce qu’il faut faire ».  Elle a ensuite donné un aperçu de la campagne de nutrition et de lutte contre la faim mise en œuvre en Colombie.  Un million de paniers alimentaires pour quatre millions de personnes, ou l’équivalent de 68 millions d’assiettes, ont été distribués en trois mois, y compris dans les régions les plus reculées.  Ce plan permet notamment d’atteindre les enfants de moins de 5 ans, y compris dans les zones isolées, et a permis d’enregistrer une diminution de 39% des décès dus à la malnutrition par rapport à 2018, s’est-elle félicitée, précisant en outre que 13 centres de nutrition ont été créés dans le pays.  

M. MATÍAS LESTANI, Vice-Ministre de l’agriculture, du bétail et des pêcheries de l’Argentine, a souligné le rôle clef joué par les systèmes alimentaires mondiaux pendant les moments les plus difficiles de la pandémie, relevant que ceux-ci ont fonctionné efficacement, faisant preuve d’une grande résilience pour s’adapter rapidement à un scénario très complexe.  Le monde postpandémique présente de grands défis, notamment dans le secteur agro-bio-industriel, en raison de la hausse de la demande alimentaire et de l’urbanisation, des nouveaux modes de consommation liés aux aspects nutritionnels et environnementaux, et de la menace des changements climatiques. 

Au niveau multilatéral, M. Lestani a jugé essentiel de se diriger vers un système commercial international plus juste, plus transparent, plus équitable et plus prévisible, en tant qu’élément clef du Programme 2030.  Il a également souhaité que le programme de réforme de l’agriculture de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’attaque en priorité aux questions convenues il y a 20 ans, lors du lancement du cycle de Doha, à savoir l’amélioration substantielle de l’accès aux marchés et la réduction notable du soutien interne ayant des effets de distorsion des échanges.  Le Vice-Ministre a estimé impératif de produire durablement des aliments plus nombreux et de meilleure qualité et, dans le même temps, de générer des mécanismes qui garantissent l’accès physique, social et économique à ces mêmes aliments.  Dans ce contexte, il est essentiel que les négociations multilatérales progressent fermement, en respectant le principe de responsabilité commune mais différenciée, la transition juste, la coopération et la priorité accordée à l’adaptation.  

Au niveau national, a poursuivi M. Lestani, l’Argentine a mis en œuvre une grande variété de politiques visant à un renforcement durable et inclusif de la production.  Il a cité le projet de loi pour la promotion du secteur agro-bio-industriel, qui vise à augmenter la production alimentaire de manière durable avec une plus grande inclusivité, en mettant l’accent sur l’augmentation de la valeur ajoutée à la source et le renforcement des économies régionales.  Le Vice-Ministre a également fait valoir le programme « Entre nos mains », qui entend améliorer les conditions de production, de valorisation et de commercialisation des projets de développement rural des femmes dans l’agriculture familiale ainsi que la pêche autochtone et artisanale.  En outre, le « Plan argentin contre la faim », qui bénéficie du soutien de la FAO, vise à garantir la sécurité alimentaire de tous les Argentins, en particulier des plus vulnérables.  Le Plan argentin pour l’élevage 2022-2023 prévoit pour sa part, entre autres outils, une ligne de crédit d’un montant de 100 milliards de pesos pour stimuler l’élevage argentin. 

M. ABDULLAH HADDA, Directeur de la planification et du développement social au Ministère de la solidarité nationale, de la famille et de la condition de la femme de l’Algérie, a déclaré que son gouvernement avait prévu des rubriques budgétaires importantes pour les segments les plus vulnérables de la population, se félicitant que le seuil de pauvreté ait reculé de 8% en 2019.  Mais la pandémie de COVID-19 a entraîné des reculs alarmants et ce, dans tous les secteurs, et les plus vulnérables ont sans doute été les plus touchés, a observé l’intervenant.  Il a expliqué que, soucieux d’identifier toutes les personnes susceptibles de contribuer à la réalisation du Programme 2030, l’Algérie avait créé une « base de données citoyennes » axée sur la dimension sociale.  M. Hadda a également souligné que le Ministère de la santé avait rendu possible l’accès gratuit aux vaccins et aux soins relatifs à la COVID-19, et que des mesures avaient été prises pour que les personnes éligibles puissent bénéficier d’une aide financière.

Mme MIKIKO OTANI, Présidente du Comité des droits de l’enfant, a jugé impératif de faire face à l’impact grave et à long terme sur les enfants de la fermeture des écoles dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  Elle a relevé que pour atténuer l’impact négatif de la fermeture des écoles, l’éducation en ligne a souvent été utilisée comme alternative à l’apprentissage en présentiel.  Cependant, le manque d’accès à Internet, aux équipements numériques et au soutien nécessaire à l’éducation en ligne a exacerbé les inégalités existantes pour les enfants en situation défavorisée ou vulnérable, notamment dans les pays en développement.  Ces enfants courent un risque accru d’être victimes de mariages d’enfants, de travail des enfants, de traite et de recrutement par des groupes armés, ce qui entraînera un abandon permanent même lorsque les écoles rouvriront, a-t-elle prévenu.  Soulignant que l’accès à l’éducation nécessite des ressources financières, humaines et techniques, qui font souvent défaut dans les pays en développement, la Présidente a appelé à faire de la coopération internationale une obligation juridique découlant de la Convention relative aux droits de l’enfant.  

Mme Otani a également conseillé d’utiliser les examens de pays pour répondre à l’obligation des pays développés de fournir une coopération internationale, à la lumière de la cible 17.2 des ODD sur la mise en œuvre des engagements pris en matière d’aide au développement.  En outre, les besoins des pays en développement en matière de coopération internationale pour garantir les droits de l’enfant devraient être intégrés non seulement dans l’assistance des organismes des Nations Unies, mais aussi dans l’assistance bilatérale des pays partenaires donateurs.  Enfin, elle a proposé de faire de l’intégration des droits de l’enfant une « politique claire » de l’ONU avec pour objectif d’accorder une attention et un soutien particuliers aux enfants en tant que groupe distinct dans l’ensemble du système des Nations Unies.  

Que signifie réellement l’expression « dignité pour tous »? a lancé Mme MARYANN BROXTON, Codirectrice de la recherche sur les aspects multidimensionnels de la pauvreté au sein d’ATD Quart Monde, qui a souligné que les gens méritent d’être traités avec dignité pour la simple raison qu’ils sont humains, « et c’est un droit ».  Mais nous perdons trop souvent cela de vue, a-t-elle fait observer.  « La dignité signifie des droits pour tous, sans discrimination, indépendamment de votre statut socioéconomique ou de votre reconnaissance juridique en tant que personne », a expliqué Mme Broxton, en se félicitant que cette mention figure dans un des rapports du Secrétaire général et en souhaitant qu’elle soit retenue dans le document final adopté par la Commission.  

La dignité doit être la mesure de chaque action que nous entreprenons, a insisté l’oratrice, qui a souligné que, dans une telle optique, la nourriture est considérée tout à la fois comme un élément culturel, ayant des liens religieux, social et communautaire, un plaisir, un souvenir et une tradition.  « La dignité reconnaît le choix personnel, c’est-à-dire les aliments que vous voulez manger, et pas seulement ceux auxquels vous avez accès, que vous pouvez vous permettre ou que les autres jugent dignes de vous », a précisé la Codirectrice.  Actuellement, les personnes qui s’identifient comme transgenres sont trois fois plus susceptibles de souffrir de la faim, car elles sont moins susceptibles de demander de l’aide par crainte de la discrimination, a-t-elle précisé.   

Lorsque nous utilisons le prisme de la dignité, nous allons au-delà de la macroéconomie pour nous intéresser à la personne.  La dignité élimine la mentalité du « pauvre méritant/non méritant », la conviction que certaines personnes ou certains groupes sont le problème, et non les systèmes eux-mêmes, et que l’humanité n’est accordée qu’à des personnes spécifiques.  Selon Mme Broxton, l’optique de la dignité donne la direction à suivre pour mettre fin à la pauvreté et à la discrimination: « nous ne nous contentons pas de garantir, mais exigeons la participation équitable et l’inclusion totale des personnes directement touchées par la pauvreté », a-t-elle plaidé.  Ces personnes ne sont alors plus considérées uniquement comme des bénéficiaires de la charité, mais comme des égaux dans le processus de prise de décisions que permet la participation, rejetant ainsi la honte, la stigmatisation et la discrimination liées à la pauvreté.  La dignité ne peut pas être seulement le dernier « mot en vogue », a insisté la panéliste qui a jugé impératif de travailler à partir d’un concept plus développé, y compris dans les documents et résolutions des Nations Unies.  « Et cela commence en suivant l’exemple des personnes les plus directement touchées par l’expérience de la pauvreté. »   

Débat interactif

À l’issue de la présentation des panélistes, la Présidente de la Commission et modératrice de la discussion a encouragé les délégations à faire part de leurs plans et programmes de lutte contre la malnutrition.  

Ce fut ainsi l’occasion pour le Brésil d’expliquer avoir mis en place, au début de la pandémie et « en moins d’une semaine », un programme de transferts de revenus qui ont été versés directement à ceux qui en avaient le plus besoin.  Entre 2020 et 2021, 50 milliards de dollars ont par ailleurs été investis pour aider 130 millions de personnes grâce au programme Bolsa Famiglia qui est aussi une manière de préparer la suite après la pandémie.  Plus de 17 millions de familles ont également pu bénéficier d’un d’aide à la production inclusive de 24 mois qui vise à soutenir le secteur informel, et en décembre 2021, le Gouvernement a lancé un nouveau programme d’aide pour l’accès au gaz afin de contribuer à la sécurité alimentaire des familles vulnérables.   

De son côté, la Bolivie a indiqué avoir mis l’accent, dans le contexte de la COVID-19, sur la protection sociale et l’accès à une nourriture saine.  Une attention particulière est également placée sur l’agriculture familiale, a ajouté la délégation en insistant sur des mesures d’accompagnement comme la coopération Sud-Sud, l’allègement de la dette des pays en développement, l’investissement dans l’éducation et une nouvelle politique universelle de redistribution et de solidarité.    

« À l’heure de l’interconnexion de l’humanité, ne serait-il pas temps de réfléchir à de nouvelles mesures susceptibles de bénéficier du savoir-faire de tous »? s’est demandé la représentante d’une ONG.  Répondant à cette question, la Première Dame de la Colombie a plaidé en faveur d’un partenariat avec les organisations de la société civile, tel que préconisé par le Secrétaire général dans son rapport, car celles-ci peuvent aider à suivre de près les besoins des populations vulnérables et attirer l’attention sur les laissés-pour-compte.  

De son côté, la Présidente du Comité des droits de l’enfant a souligné qu’en vertu de la Convention relative aux droits de l’enfant, les enfants doivent être entendus sur toute question les concernant au premier chef, notant que le sujet de ce débat les concerne dans une grande mesure.  Dans ses propres travaux, le Comité des droits de l’enfant a accordé un espace plus significatif aux enfants, a assuré Mme Otani.  Relevant que les jeunes sont souvent considérés comme des participants informels, elle a souligné qu’ils doivent avoir accès à un soutien financier et prendre activement part à tous ces processus. 

La couverture de ce débat a été entravée par une série de problèmes d’ordre technique.

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