Session de 2022,
18e et 19e séances plénières – matin & après-midi
ECOSOC/7086

L’ECOSOC achève son débat sur les activités opérationnelles de développement en faisant le point sur les résultats du pacte de financement

Au troisième et dernier jour du débat annuel du Conseil économique et social (ECOSOC) consacré aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, le Sous-Secrétaire général Robert Piper, qui a supervisé la réforme de ce système, est venu faire le point des résultats du pacte de financement, deux ans après son lancement en 2019.

L’approbation même de ce pacte entre les États Membres et les entités du système des Nations Unies pour le développement est un pilier essentiel, selon lui, des efforts globaux visant à transformer ce système dont la réforme a été lancée en 2018.  À la base, les engagements mutuels du pacte de financement reconnaissent qu’un changement fondamental est nécessaire dans la façon dont les ressources sont attribuées à ce système.  Les États Membres doivent donc, a rappelé M. Piper, examiner en profondeur les décisions de financement, les mécanismes, les modalités et les attentes qu’ils ont, s’ils veulent voir les réformes demandées devenir réalité.  En retour, les entités du système s’engagent à travailler en commun pour améliorer les résultats globaux, renforcer la responsabilité et la transparence envers les États Membres et réaliser des gains d’efficacité.

Toutefois, malgré certains progrès, M. Piper, qui est le Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement, s’est inquiété de la tendance à la baisse depuis 2020 de certains indicateurs cruciaux du pacte de financement.  Alors que les États Membres s’étaient engagés à atteindre un objectif d’ici à 2023 de 30% de financement volontaire « de base » pour les activités de développement de l’ONU, ce pourcentage a au contraire baissé, passant de 19,4% à 17,2% entre 2017 et 2020.  Des ressources de base qui souffrent aussi des réductions annoncées par certains des principaux donateurs et partenaires de longue date.  Parallèlement, les efforts visant à élargir la base des donateurs n’ont pas encore porté de fruits, a concédé M. Piper.  De plus, bien que le financement volontaire du système des coordonnateurs résidents ait légèrement augmenté en 2021, il reste bien en deçà de l’objectif de 144 millions de dollars du pacte de financement. 

Malgré ces tendances globalement inquiétantes, les nouvelles ne sont pas toutes sombres, a toutefois estimé le Sous-Secrétaire général en saluant notamment l’augmentation de la part des ressources autres que les ressources de base acheminées par le biais de fonds communs interinstitutions, qui sont passées de 5% en 2017 à 11,7% en 2020.  Comme l’a dit l’Allemagne, les financements thématiques se sont profilés comme une voie médiane et M. Piper espère qu’ils seront un catalyseur du changement pour le système. 

Autre progrès, la collecte de données ventilées au niveau des pays, à travers UN-Info, a permis de produire des rapports annuels communs avec des informations à jour structurées autour des résultats du cadre de coopération, comme l’ont reconnu 89% des gouvernements.  Cependant, la mise en commun des locaux a accusé des retards et il n’y a toujours pas assez d’organes directeurs dans l’ensemble du système qui font rapport sur leurs gains d’efficacité individuels.  En outre, le financement dans son ensemble reste trop fragmenté, a encore noté M. Piper qui a regretté l’insuffisance des augmentations nécessaires en soutien au Fonds commun pour les objectifs de développement durable (ODD) et aux fonds communs complémentaires au niveau des pays à l’appui des cadres de coopération.  Ces fonds sont pourtant des instruments de financement essentiels pour compenser le manque de financement de base, a-t-il rappelé. 

L’échange qui a suivi cette présentation a fait ressortir un sentiment de concurrence entre entités pour les ressources des fonds communs.  Il y aurait une culture de mesure du succès de chaque entité par rapport au montant des fonds qu’elle a pu lever plutôt que par les résultats obtenus en termes d’ODD.  Pourtant, les fonds communs ont fait leurs preuves dans certains cas, a relevé la représentante du PNUD en citant le fonds pluripartenaire face à la COVID-19, qui n’a nécessité que 20 accords avec des donateurs, alors que sans la centralisation de ce système, il aurait fallu près de 300 protocoles d’accord. 

Beaucoup d’États Membres souhaiteraient avoir des données sur l’impact des fonds communs interinstitutions par rapport aux fonds préaffectés, a signalé la Norvège qui a reconnu que le personnel des ambassades sur le terrain a tendance à opter pour les fonds préaffectés.  Les capitales doivent donc faire un effort, selon elle, pour donner des directives claires à ce sujet.  Comme l’ont souligné les Pays-Bas, les gains d’efficience sont importants pour inciter les bailleurs de fonds à honorer leurs engagements au titre du pacte de financement.  La Suisse a d’ailleurs demandé de solides cadres de suivi des financements pour pouvoir démontrer les gains d’efficience réalisés grâce aux fonds communs. 

L’après-midi était consacrée à un débat sur le soutien à apporter aux pays les moins avancés et aux petits États insulaires en développement pour mieux les accompagner sur le chemin du Programme 2030.

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC a observé que le débat de cette année sur les activités opérationnelles de développement a eu lieu dans un contexte de défis permanents (COVID-19, guerre en Ukraine, crise climatique, perte de biodiversité et pollution).  Cela étant, pendant ces trois jours, les gouvernements et le système des Nations Unies pour le développement se sont engagés à relever ces défis et à accélérer l’action pour le développement durable, s’est-il réjoui.  Beaucoup restant à faire, notamment pour accroître la coopération entre les entités du système onusien et les coordonnateurs résidents, il a appelé à l’action, non seulement au niveau des pays mais également au Siège et dans les conseils d’administration. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a pour sa part assuré que le Département des affaires économiques et sociales (DESA) continuera d’appuyer l’examen quadriennal complet (QCPR) en tant que secrétariat des activités opérationnelles.

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Suite donnée aux recommandations de politique générale de l’Assemblée générale et du Conseil E/2022/47, E/2022/47/Add.1, E/2022/54

Septième session: Pacte de financement: s’engager à apporter les changements nécessaires dans les modèles de financement et les comportements pour atteindre les objectifs de développement durable

M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), a présenté l’approbation du pacte de financement entre les États Membres et les entités du système des Nations Unies pour le développement en 2019 comme un pilier essentiel des efforts globaux visant à transformer ce système.  À la base, les engagements mutuels du pacte de financement reconnaissent qu’un changement fondamental est nécessaire dans la façon dont le système des Nations Unies est doté de ressources, ce qui signifie que les États Membres doivent examiner en profondeur les décisions de financement, les mécanismes, les modalités et les attentes qu’ils ont, s’ils veulent voir les réformes demandées devenir réalité.  En retour, le système des Nations Unies pour le développement s’engage à travailler en commun pour améliorer les résultats à l’échelle du système, renforcer la responsabilité et la transparence envers les États Membres et réaliser des gains d’efficacité afin que davantage de fonds puissent être consacrés à la programmation, a rappelé M. Piper.  Le tout dans le but de renforcer la confiance et d’améliorer l’analyse de rentabilité pour un financement plus stratégique, plus flexible et plus prévisible à l’échelle du système pour les activités de développement durable soutenues par l’ONU.

Malgré certains progrès, notamment en termes d’engagements du système des Nations Unies, M. Piper a signalé à regret une tendance à la baisse en 2020 sur certains indicateurs cruciaux du pacte de financement, qui n’a fait que s’accélérer en 2021 et 2022.  Les États Membres s’étaient engagés à atteindre un objectif d’ici à 2023 de 30% de financement volontaire pour les activités de développement en tant que financement de base.  Au lieu de cela, cette part a diminué de 2017 à 2020, passant de 19,4% à 17,2%.  Les récentes annonces de nouvelles réductions des ressources de base des entités des Nations Unies par certains de nos principaux donateurs et partenaires de longue date ne font qu’aggraver cette situation, s’est alarmé le Sous-Secrétaire général.  Parallèlement, les efforts visant à élargir la base des donateurs n’ont pas porté leurs fruits jusqu’à présent, avec seulement 36% des entités faisant état d’une augmentation du nombre de contributeurs principaux, tandis que le nombre de contributeurs aux fonds communs a également diminué, passant de 59 en 2017 à 48 en 2020.  Bien que le financement volontaire du système des coordonnateurs résidents ait légèrement augmenté en 2021, il reste bien en deçà de l’objectif de 144 millions de dollars du pacte de financement.  Et tandis que le prélèvement de 1% a généré 40 millions de dollars par an en 2020 et 2021, c’est au moins 20% de moins que les projections, a indiqué M. Piper en constatant ainsi qu’il existe encore des lacunes dans la mise en œuvre du prélèvement par un certain nombre de donateurs clefs.

Bien que ces tendances soient globalement inquiétantes, les nouvelles ne sont pas toutes sombres, a-t-il poursuivi.  M. Piper a fait état de progrès réalisés dans la part des ressources autres que les ressources de base acheminées par le biais de fonds communs interinstitutions, qui sont passées de 5% en 2017 à 11,7% en 2020.  Il a espéré pouvoir tirer parti de cette tendance pour que le financement groupé et thématique devienne un catalyseur du changement pour le système dans son ensemble.

Décrivant le pacte comme « une rue à double sens », M. Piper a parlé des efforts faits au niveau de l’ONU pour améliorer notamment les rapports annuels des équipes de pays des Nations Unies, ce qui a clairement conduit à des perceptions positives de la part des gouvernements nationaux dont 89% ont déclaré qu’ils reçoivent désormais des informations à jour structurées autour des résultats du cadre de coopération, tandis que 83% ont dit que ces rapports sont bien liés aux résultats du développement national.  De plus, 95% des équipes de pays des Nations Unies ont rendu leurs rapports 2021 accessibles au public, contre 64% en 2017.  Le Sous-Secrétaire général a également fait état des progrès dans le renforcement de la transparence des données financières pour le système: toutes les entités soumettent désormais des données financières au Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), avec 92% de ventilation de ces données par pays (contre 46% en 2018) et 83% par ODD (contre 20% en 2018).  Ces données sont accessibles au public via le portail de données financières du CCS.

Une autre percée mentionnée par M. Piper a été le déploiement en 2021 de stratégies d’opérations commerciales améliorées pour chaque équipe de pays des Nations Unies.  Il a par ailleurs reconnu que la consolidation des locaux communs a progressé plus lentement que prévu, notamment en raison de l’impact de la COVID-19, « mais nous redoublons d’efforts maintenant en nous concentrant sur les pays ayant les taux les plus élevés de potentiel d’économies d’échelle grâce à la relocalisation dans des locaux communs », a-t-il expliqué.  M. Piper a également concédé qu’il y a encore du chemin à parcourir pour renforcer les données de financement au niveau des pays, parce qu’un tiers des nouveaux cadres de coopération n’ont pas de cadres de financement.  De plus, seuls 58% des gouvernements nationaux sont satisfaits des données financières incluses dans les rapports annuels, a-t-il noté en en déduisant que « nous devons faire beaucoup mieux ».  Il a aussi reconnu qu’il n’y a toujours pas assez d’organes directeurs dans l’ensemble du système -en particulier ceux en dehors de New York- qui détiennent un financement structuré ou des rapports sur leurs gains d’efficacité individuels.  Le Sous-Secrétaire général a donc encouragé les États Membres à assurer le suivi de cette question au sein de chaque organe directeur. 

Après avoir fait cet état des lieux, M. Piper a soulevé la question de savoir ce que cela signifie pour les Nations Unies et les États Membres dans la pratique et pourquoi c’est important.  Tout d’abord, la poursuite d’un financement fragmenté présente un obstacle majeur à la pleine mise en œuvre de la réforme.  Sans un changement significatif dans le mode de financement du système des Nations Unies pour le développement, les progrès vers un travail intégré et axé sur les politiques au niveau des pays est en jeu, a-t-il prévenu.

Deuxièmement, le Sous-Secrétaire général a regretté que n’aient pas eu lieu les augmentations nécessaires au soutien au Fonds commun pour les ODD et aux fonds communs complémentaires au niveau des pays à l’appui des cadres de coopération.  Ces instruments de financement sont pourtant essentiels pour compenser le manque de financement de base et soutenir le travail intégré.  Ces préoccupations ont également été signalées dans des rapports indépendants successifs.  Le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies a entrepris une évaluation du système des coordonnateurs résidents à la fin de 2021, concluant que « la concurrence pour le financement, le manque de financement commun, l’affectation par les donateurs et les accords de financement bilatéraux entre les ministères du gouvernement hôte et les agences des Nations Unies ont sapé la réalisation d’activités opérationnelles cohérentes et l’offre de conseils politiques ».  L’une des principales conclusions du Réseau d’évaluation des performances des organisations multilatérales (MOPAN) dans son rapport de juin 2021 était que « les réformes sont confrontées à un certain nombre de forces compensatoires qui menacent de bloquer ou de faire régresser le processus de changement, la principale d’entre elles étant un environnement de financement qui ne s’est pas transformé ». 

Le Sous-Secrétaire général a également constaté que « l’urgent prend le pas sur l’important »: les besoins humanitaires passent devant les financements disponibles pour le développement.  Nous l’avons vu avec la COVID-19, le fonds d’affectation spéciale pour la réponse socioéconomique à plus long terme ne démarrant pas vraiment, et nous le voyons à nouveau maintenant avec la guerre en Ukraine et les premières indications que certains donateurs de longue date envisagent de nouvelles coupes dans l’aide publique au développement (APD), y compris le financement de base de l’ONU, a-t-il regretté.  Le défi qui consiste à faire le lien entre le financement de l’aide humanitaire et celui du développement se poursuit.  Si nous voulons parvenir à renforcer ce lien, le financement doit être intégré et flexible, a recommandé M. Piper.

Cette année marque la première année où l’ONU fournit des résultats à l’échelle du système sur les ODD, a-t-il rappelé en regrettant que cela n’ait été remarqué dans aucune des interventions des États Membres au cours de ce débat de l’ECOSOC.  Conscient qu’il reste encore du travail à faire, il a invité à renforcer la culture des résultats à l’échelle du système dans toutes les entités et toutes les équipes de pays des Nations Unies, afin d’instaurer la confiance et de démontrer les résultats aux États Membres.  Il a aussi plaidé en faveur d’un financement de meilleure qualité ».  Conscient également du besoin d’atteindre les objectifs d’efficacité, le Sous-Secrétaire général a rappelé que l’ONU réoriente son approche vers les centres de services partagés et les locaux communs pour faire en sorte de parvenir à l’objectif de 310 millions de dollars de gains d’efficacité d’ici à 2025.  Pour y parvenir, il faut l’adhésion, l’innovation et le soutien de toutes les entités du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il lancé.

Ce segment était modéré par Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) en sa qualité de Présidente du Conseil d’administration du PNUD, du FNUAP et de l’UNOPS.  À la question de savoir quels sont les obstacles qui ont été rencontrés dans la mise en œuvre du pacte de financement, Mme MARIANNE LOE, Directrice des politiques pour les activités de développement des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a relevé les difficultés liées aux ressources de base qui sont un indicateur clef pour mesurer le retard que les États Membres ont pris.  Il s’agit pourtant de l’épine dorsale des entités onusiennes pour le développement, qui ont besoin de souplesse, a-t-elle souligné en regrettant que la part de ces ressources dans les financements diminue.  Mme Loe a expliqué cela par le faible nombre d’États Membres qui contribuent volontairement à ces ressources de base et la réaffectation par certains donateurs de leurs fonds à, notamment, la guerre en Ukraine. 

Réagissant à ce constat, Mme JENNIFER TOPPING, Coordonnatrice exécutive du Bureau des fonds d’affectation spéciale pluripartenaires des Nations Unies au PNUD, a confirmé l’importance des financements souples et des ressources de base.  S’agissant des fonds de financement communs interinstitutions, elle a concédé qu’il y a une sorte de concurrence entre entités pour ces financements dans un environnement marqué par des pénuries de ressources.  Dès lors, la responsable a plaidé pour un meilleur « calibrage des instruments de financement » pour éviter leur fragmentation. 

Apportant une perspective du terrain, Mme MARILENA VIVIANI, Représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Tunisie, a rappelé faire partie de l’équipe de pays en Tunisie sous la houlette du coordonnateur résident pour resserrer la coopération au niveau national.  La mise en commun des ressources a été le meilleur moyen de faire face à l’urgence lors de la COVID-19 et de l’instabilité politique, a-t-elle dit.  Le Plan-cadre regroupe les différents organismes pour des programmes conjoints, a rappelé Mme Viviani, avant de regretter que cela n’ait pas pour autant allégé les procédures internes des agences.

Lui emboîtant le pas, Mme SEZIN SINANOGLU, Coordonnatrice résidente des Nations Unies au Tadjikistan, a noté certains bons comportements dans la famille des Nations Unies dans le cadre de ce pacte de financement, notamment à travers à UN-Info, une plateforme qui regroupe les données ventilées et alimente des rapports pays plus circonstanciés.  Au Tadjikistan, ces données ont été collectées et compilées pendant deux ans avant d’être présentées au Gouvernement et mises à la disposition du public, a-t-elle précisé.  Elle a toutefois plaidé pour une simplification parce que cela représente une charge de travail supplémentaire pour les équipes de pays.  Elle a souligné la nature intégrée et la cohésion dans le cadre de la riposte à la COVID-19 notamment, et maintenant du plan de réponse à l’impact de la crise ukrainienne sur le Tadjikistan. 

Reprenant la parole, la représentante du PNUD est revenue sur les fonds communs interinstitutions et leurs gains d’efficience.  À titre d’exemple, elle a parlé du fonds pluripartenaire face à la COVID-19, qui n’a nécessité que 20 accords avec des donateurs, alors que sans la centralisation de ce système, il aurait fallu près de 300 protocoles d’accord.

La représentante de l’UNICEF en Tunisie a, elle, évoqué l’exemple de la collaboration entre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF dans le but de mettre en commun des ressources et des contacts, notamment pour la campagne de vaccination.  Avec le PNUD, un programme commun pour les ODD a été élaboré en tenant compte des priorités nationales.  À l’avenir, il faudrait un critère d’allocation optimale des ressources aux différentes entités, a-t-elle souhaité, ainsi que des procédures plus simples de transferts de fonds.  Pour Mme Viviani, il ne fait aucun doute que le nouveau système de coordonnateurs résidents porte peu à peu ses fruits.

Apportant la perspective des États Membres, Mme Loe a parlé des efforts de la Norvège pour qu’au niveau de ses ambassades, le personnel cesse d’opter pour la solution de facilité, à savoir des fonds préaffectés.  Toutes les ambassades norvégiennes doivent désormais envisager des mécanismes de financement plus souples et des formations ont été assurées au personnel, a-t-elle expliqué.  Mais, sur le terrain, cette bonne volonté des bailleurs de fonds ne suffit pas toujours parce qu’elle se heurte au disfonctionnement des équipes de pays où chaque entité cherche à attirer ses propres fonds y voyant un indicateur de son efficacité.  À ce sujet, la Norvège a demandé des données sur l’impact des fonds communs interinstitutions par rapport aux fonds préaffectés.

Mme Viviani, de l’UNICEF, a reconnu que certaines entités onusiennes ne sont toujours pas très favorables à ces fonds communs avant d’encourager les États Membres à soulever cette question dans les conseils d’administration de toutes les entités afin de dépasser cette résistance.

Lors de l’échange entre les délégations d’États Membres et les panélistes, la Belgique n’a pas caché sa frustration face à la baisse des financements volontaires du pacte de financement.  Même son de cloche du côté de l’Allemagne, qui a particulièrement regretté la diminution des ressources de base, notamment pour faire face aux crises.  D’accord sur ce point, les Pays-Bas ont insisté sur l’importance de ressources souples et pluriannuelles sous forme de ressources de base.  Leur représentant a estimé que les résultats obtenus au niveau des pays sont essentiels pour susciter l’appui des bailleurs de fonds.

À cet égard, l’Allemagne a déploré le faible nombre de donateurs au Fonds commun, en constatant que les fonds thématiques semblent être devenus une voie médiane pour garantir plus de souplesse.  À son tour, le Canada a insisté sur l’impératif de réduire la fragmentation du financement du développement durable au niveau des pays pour éviter les doublons.  À cet égard, il a misé sur le leadership des coordonnateurs résidents.  De manière générale, le Canada souhaiterait voir un dialogue élargi sur les modalités de financement du développement, des partenariats novateurs et plus d’actions de plaidoyer.  En effet, comme l’ont souligné les Pays-Bas, les gains d’efficience sont importants pour inciter les bailleurs de fonds à honorer leurs engagements au titre du pacte de financement.  La Suisse a d’ailleurs demandé des cadres de suivi robustes des financements pour pouvoir démontrer les gains d’efficience réalisés grâce aux fonds communs.

La Suède a soulevé la question du rôle du coordonnateur résident dans la gestion des fonds communs: est-il consultatif ou directeur?

Reprenant la parole après ces interventions, le Sous-Secrétaire général Robert Piper a concédé qu’on ne sait pas encore ce qui va se passer « après le pacte de financement ».  Il a noté que l’on place beaucoup d’importance sur les ressources, alors qu’il faut aussi se demander si une simplification des processus dans le cadre de cette réforme ne s’impose pas.  Alors que les instruments de planification communs ont été mis en place, il faut aussi un changement de culture au sein des agences, a-t-il estimé.  Pour ce qui est des systèmes d’établissement des rapports communs, notamment à travers UN-Info, le Sous-Secrétaire général a demandé aux États Membres s’ils souhaitaient un rapport commun ou un rapport de chaque entité onusienne présente dans leur pays.

Mme Loe, de la Norvège, a résumé le débat de ce matin en faisant remarquer à tout le monde que « l’on a le système des Nations Unies pour lequel on paye ».  Cette réforme ne pourra véritablement porter ses fruits que si l’on obtient un meilleur système de financement, a-t-elle tranché.  Pour cela, il faut revoir les mesures incitatives, des deux côtés (ONU et bailleurs de fonds).  En définitive, a noté Mme Topping, du PNUD, il s’agit de réduire le plus possible les doublons et créer des synergies.  Pour elle, l’argent récolté n’est pas un indicateur de la performance des entités mais l’accomplissement des objectifs de développement durable.

Huitième session: Transitions justes: soutien aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement

Modérée par Mme HEIDI SCHRODERUS-FOX, Haute-Représentante par intérim pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, cette table ronde s’est intéressée à la manière dont les entités du système des Nations Unies pour le développement intègrent les besoins des pays en situation particulière dans leurs plans et programmes stratégiques et s’emploient à leur fournir un soutien et des conseils adaptés.  Il a aussi été question de l’appui accru des bureaux multipays aux petits États insulaires en développement (PEID) et du soutien apporté par le système onusien pour le développement à la mise en œuvre des Programmes d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral et de Doha pour les pays les moins avancés (PMA). 

Premier panéliste à prendre la parole, M. JAAP VAN HIERDEN, Coordonnateur résident du bureau multipays pour le Pacifique-Nord, dans les États fédérés de Micronésie, a rappelé que les PEID figurent parmi les premières victimes des changements climatiques, des nations composées d’atolls de faible élévation comme les Îles Marshall ou Kiribati faisant aujourd’hui face à une crise existentielle en raison de la montée du niveau de la mer.  Face la triple urgence liée à la perte de biodiversité, au dérèglement climatique et à la pollution croissante, un leadership fort de l’ONU est selon lui nécessaire, à l’image de la collaboration fructueuse des coordonnateurs résidents des PEID dans la conception et la mise en œuvre des Orientations de Samoa, qui a contribué à concentrer toutes les entités onusiennes sur la résolution des problèmes structurels communs à ces États. 

Évoquant le cadre de coopération de cinq ans (2023-2027) en cours de développement par les coordonnateurs résidents des bureaux multipays des Fidji, des États fédérés de Micronésie et du Samoa, qui couvrent 14 pays et territoires du Pacifique, il a dit en attendre une plateforme plus solide pour exploiter l’engagement mondial et régional de l’ONU en réponse aux priorités locales.  Ce cadre régional sera mis en œuvre au niveau national par le biais de plans de mise en œuvre nationaux complets sur deux ans, a-t-il précisé, faisant état d’un travail intersectoriel pour renforcer les systèmes de protection sociale et pour renforcer les capacités en matière de données et de statistiques, mais aussi de sécurité alimentaire et d’énergie renouvelable.  Il a également indiqué que ce cadre de coopération offre un forum pour un meilleur dialogue avec les gouvernements, par le biais de comités directeurs conjoints coprésidés par le coordonnateur résident et composés de représentants du gouvernement, de la société civile et du secteur privé.  S’agissant enfin du bureau multipays de Micronésie, créé en octobre 2021 avec sa nomination en tant que premier coordonnateur résident pour le Pacifique-Nord, M. van Hierden a dressé un premier bilan positif de son action, estimant qu’elle a permis de concrétiser l’engagement de l’ONU de fournir un soutien sur mesure et spécifique à chacun des cinq gouvernements micronésiens. 

M. TEBURORO TITO, Représentant permanent de Kiribati auprès des Nations Unies, s’est réjoui que l’ECOSOC se penche sur les besoins particuliers de pays comme le sien ainsi que des PMA.  Tout en se disant reconnaissant de la décision de l’Assemblée générale de créer un nouveau bureau multipays pour le Pacifique-Nord, il a fait part du sentiment d’exclusion des pays de la région.  Nous sentons néanmoins que « le vent tourne en notre faveur », a-t-il dit, avant de rappeler que, durant la pandémie, de nombreuses réunions avec le bureau multipays des Fidji ont déjà permis d’obtenir des résultats localement, en particulier pour la fourniture rapide de matériels médicaux et de vaccins contre la COVID-19.  Le Coordonnateur résident a bien travaillé et l’ouverture du nouveau bureau multipays est arrivée à point nommé, a ajouté le représentant. 

Apportant la perspective du secteur privé, M. GLEN CRAIG, Directeur associé de Pacific Advisory, à Vanuatu, plus grande société de consultants de la région Pacifique, a rappelé que la pandémie de COVID-19 a non seulement dévasté les économies locales mais aussi transformé l’action des partenaires de développement.  Les réunions en personne ont été annulées, les progrès vers les ODD ont été retardés et la voie vers le redressement est encore loin d’être assurée, a-t-il résumé.  Face à ce choc sans précédent, l’accent a été mis sur les économies nationales, avec une moindre dépendance à l’égard du tourisme, ce secteur ayant été sinistré par la crise.  Le bureau multipays a permis, selon lui, de soutenir la croissance nationale, tout en permettant une meilleure inclusion financière, une progression du numérique et plus grande participation des femmes aux activités économiques.  Le Plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable a contribué au soutien des entreprises et ouvert la voie au relèvement.  Il convient maintenant de renforcer les capacités des pays à soutenir un rythme accéléré par le biais du cadre de coopération 2023-2027, a-t-il préconisé, jugeant qu’une partie des obstacles pourraient être levés avec une participation accrue du secteur privé.  À ses yeux, progresser vers les ODD nécessite de se mobiliser avec le système des coordonnateurs résidents et de profiter de l’expertise locale. 

Abordant la question des PMA, Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi), Coordonnatrice mondiale du Groupe des pays les moins avancés, a noté que ce débat sur les activités opérationnelles de développement intervient cette année dans le contexte de l’adoption, en mars dernier, du Programme d’action de Doha, qui couvre la décennie 2022-2031.  Bien que la Conférence de Doha ait été reportée en raison de la pandémie, le Groupe des PMA a estimé qu’il était essentiel de ne pas attendre une année de plus pour adopter ce « document historique », a-t-elle indiqué, appelant la communauté internationale à rester attentive à la situation des PMA.  « Ensemble, nous devons trouver un moyen de changer ces crises multiples en une opportunité de transformation. »  Pour ce faire, le système des Nations Unies pour le développement doit intégrer le Programme d’action de Doha dans ses stratégies et ses programmes de pays, a-t-elle souligné, plaidant en particulier pour un meilleur accès aux financements. 

Il faut aussi que toutes les agences de l’ONU aident le Haut-Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID à mettre en œuvre le Programme d’action et que les coordonnateurs résidents et les équipes de pays s’y emploient également au niveau national, a soutenu Mme Chimbiri Molande.  Selon elle, cela implique non seulement de l’intégrer dans les cadres de coopération mais aussi de fournir un soutien ciblé pour accélérer la transition des PMA.  L’ONU ne pouvant agir seule pour atteindre les objectifs du Programme d’action et les ODD, nous avons besoin de nouveaux partenariats aux niveaux mondial, régional, national et local, a-t-elle ajouté, souhaitant que le système des Nations Unies pour le développement continue de tendre la main au secteur privé et aux organisations de la société civile.  Enfin, après avoir invité les partenaires au développement à remplir leurs engagements, elle a souligné que les PMA auront besoin d’un niveau de soutien accru pour se remettre de la pandémie de COVID-19 et « reconstruire en mieux ».

Représentante de la jeunesse dans ce débat, Mme CHANDRA TRIPURA, fondatrice et Directrice de Hill Resource Centre, au Bangladesh, a estimé que le système des Nations Unies pour le développement a encore beaucoup à faire pour permettre aux jeunes de jouer un rôle dans la lutte contre les vulnérabilités et dans la réalisation des ODD.  Elle a par ailleurs souhaité qu’une attention plus grande soit portée aux traductions locales et aux droits humains pour répondre à la pandémie, aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  Dans ce cadre, les populations autochtones ne doivent pas être oubliées car elles recèlent d’importantes ressources pour sauver la Terre nourricière, a souligné cette militante.  Selon elle, il importe de créer des partenariats mondiaux et d’utiliser des instruments nouveaux pour protéger tous les groupes et les communautés marginalisés, y compris les femmes, les jeunes et les LGBTQI.  On ne réalisera le Programme 2030 que si l’on réalise que le changement est inévitable, a-t-elle conclu, appelant à la solidarité mondiale dans la mise en œuvre des programmes de développement pour créer un monde meilleur. 

Au cours du dialogue interactif qui a suivi, la Barbade, qui s’exprimait au nom des 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicitée que les entités de l’ONU aient accru leur engagement au sein des bureaux multipays.  Elle a également salué le fait que plusieurs grandes entités se soient engagées à travailler ensemble dans le nouveau cadre de coopération pour les Caraïbes.  Elle a toutefois souhaité que les équipes de pays puissent profiter des capacités de l’ensemble du système des Nations Unies pour le développement pour créer des partenariats à l’appui des PEID. 

La République populaire démocratique lao a, pour sa part, appelé à la mise en place de stratégies de transition pour que les PMA puissent sortir progressivement de cette catégorie.  Précisant que son pays élabore ses programmes nationaux à cette fin, elle a souhaité que le système des Nations Unies pour le développement se concentre sur la fourniture d’un appui technique adapté pour mettre en œuvre les programmes jugés prioritaires par les gouvernements. 

Plus critique à l’égard du système, Antigua-et-Barbuda a regretté que les nouveaux bureaux multipays ne soient pas plus réactifs dans leur aide aux PEID, qui sont tous confrontés à la pandémie et à un endettement lourd.  Appelant à l’adoption d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel pour répondre aux besoins de ces pays, elle a souhaité savoir comment les bureaux multipays contribueront à la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Comment peut-on intégrer la vulnérabilité dans les documents de planification de l’ONU et peut-on envisager des progrès dans l’élaboration d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, s’est enquis à son tour le Royaume-Uni

De son côté, la Colombie a jugé important que le système ait la même réflexion pour les pays à revenu intermédiaire, lesquels abritent 75% de la population mondiale et 62% des personnes vivant dans la pauvreté extrême.  Elle a d’autre part souhaité qu’un accompagnement à plus long terme soit prévu pour cette catégorie de pays afin d’éviter que la sortie du statut de PMA devienne une sanction. 

De même, le Zimbabwe a plaidé pour qu’un appui semblable à celui dont bénéficient les PMA et les PEID soit accordé au pays sans littoral, conformément au Programme d’action de Vienne.  En quoi consiste l’aide du système des Nations Unies pour ces pays, s’est interrogé le Paraguay, en réclamant des exemples concrets sur le travail des coordonnateurs résidents et de leurs équipes de pays. 

Réagissant à ces commentaires et questions, Kiribati a appelé de ses vœux une meilleure préparation des programmes de développement.  Il faut, a-t-il dit, que le système des Nations Unies pour le développement étudie les plans nationaux de développement et essaie de relier les programmes aux priorités de la population.  Si on essaie d’imposer des mesures plutôt que faciliter une appropriation nationale, il y aura une forme de résistance, a-t-il averti. 

Même son de cloche de la part de la Coordonnatrice mondiale du Groupe des PMA, qui a appelé à une harmonisation des programmes et des priorités.  Citant en exemple l’expérience de son pays, elle a souhaité que le système de développement applique des programmes spécifiquement adaptés aux besoins des pays et à leur situation particulière. 

En réponse aux interrogations sur l’élaboration d’un indice de vulnérabilité, le Coordonnateur résident du bureau multipays pour le Pacifique-Nord a dit attendre depuis longtemps cet instrument qui constituerait un « pas en avant » pour mesurer la santé des pays.  Parmi les PEID, plusieurs ont des revenus intermédiaires mais restent néanmoins très vulnérables aux catastrophes naturelles, a-t-il fait valoir, mettant en garde contre le risque de les voir repasser à la catégorie inférieure.  Il convient de tenir compte de la taille, de l’isolement et des différentes couches sociales des pays, a-t-il souligné, avant de rappeler que l’accès aux financements est au cœur du problème.  Il ne faut jamais oublier qu’on ne peut pas toujours mesurer les progrès sur la seule base du PIB, a renchéri la fondatrice et Directrice de Hill Resource Centre, invitant à tenir compte des réalités des pays et des groupes vulnérables. 

Enfin, insistant sur l’importance des démarches centrées sur le terrain, le Directeur associé de Pacific Advisory a encouragé le recours à des experts locaux dans le cadre des systèmes revitalisés de coordonnateurs résidents.  Il est nécessaire de prendre un bon départ dès le début et de faire en sorte que toutes les parties prenantes agissent dans la même direction pour mettre en œuvre les ODD de manière accélérée, a-t-il affirmé en conclusion. 

Clôture du débat

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a relevé que ces trois jours de débat ont montré comment le système des Nations Unies pour le développement s’efforce de répondre à l’appel 2020 du QCPR en renforçant le soutien aux pays pour atteindre les objectifs de développement durable.  Les réponses aux enquêtes et la richesse d’autres données et preuves recueillies par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) pour le rapport du Secrétaire général montrent que des progrès solides ont été réalisés au cours de la première année du QCPR, s’est-il réjoui.  Le système est désormais mieux placé pour soutenir les pays, avec des coordonnateurs résidents qui encouragent des approches plus efficaces et coordonnées.  Comme envisagé au début de la réforme du repositionnement du système, les coordonnateurs résidents en deviennent le centre de gravité pour concilier les efforts du système, des institutions financières internationales, des partenaires de développement, du secteur privé et d’autres acteurs des ODD.  Il a aussi salué les équipes de pays qui contribuent à un changement de culture, guidées par les cadres de coopération et axées sur les priorités nationales.

M. Liu a relevé que les dialogues informels ont permis d’entendre les nouveautés qui permettent d’utiliser au mieux les expertises réunies de l’ONU.  Il reste encore beaucoup à faire pour aider les pays à surmonter les difficultés de développement et mener des actions accélérées, a-t-il noté dans les déclarations faites à ce débat.  Il a ainsi entendu que de nouvelles démarches sont attendues pour répondre aux défis complexes et qu’on a besoin de plus d’activités communes.  Les dépenses humanitaires augmentent de 164% depuis un an alors que les dépenses pour le développement demeurent au même niveau, a noté avec inquiétude le Secrétaire général adjoint.  Les plateformes de collaboration représentent une bonne base pour améliorer l’appui aux pays, mais il faut que l’expertise soit plus facilement accessible pour en tirer parti au mieux, a-t-il résumé.  Il a noté que de l’avis général, une démarche à l’échelle du système est essentielle, mais qu’elle ne suffit pas.  Il a aussi remarqué que les crises immédiates ont été citées comme raison supplémentaire pour renforcer la résilience.  D’autres inquiétudes ont été exprimées quant à la diminution de l’APD, a encore noté M. Liu.  Il a conclu en assurant que le Département des affaires économiques et sociales continuera d’appuyer le QCPR en tant que secrétariat des activités opérationnelles.

M. COLLEN VIXEN KELAPILE, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a observé que le débat de cette année sur les activités opérationnelles de développement a eu lieu dans un contexte de défis permanents, les effets de la pandémie de COVID-19 étant aggravés par ceux de la guerre en Ukraine, tandis que la crise climatique, la perte de biodiversité et la pollution continuent de menacer notre planète et notre survie.  Cela étant, pendant ces trois jours, les gouvernements et le système des Nations Unies pour le développement se sont engagés à relever ces défis et à accélérer l’action pour le développement durable, s’est-il réjoui, rappelant que le Secrétaire général a exprimé sa détermination à faire progresser les réformes historiques lancées en 2018 et élargies par l’examen quadriennal complet 2020 des activités opérationnelles (QCPR).  Ces réformes se traduisent par un renforcement du rôle de coordination des coordonnateurs résidents au niveau des pays mais aussi par le développement de cadres de programmation communs.  Saluant le fait que les pays de programme se soient félicités de ces avancées destinées à permettre une meilleure mise en œuvre du Programme 2030, M. Kelapile a admis que beaucoup reste à faire, notamment pour accroître la coopération entre les entités du système onusien et les coordonnateurs résidents.  Cela nécessite une action, non seulement au niveau des pays mais également au Siège et dans les conseils d’administration, a-t-il affirmé, avant d’assurer que l’ECOSOC poursuivra ses travaux sur cet aspect. 

S’agissant de la demande exprimée par les pays d’avoir des activités plus interdépendantes pour la consolidation de la paix, le développement et l’aide humanitaire, le Président de l’ECOSOC a rappelé qu’il s’agit d’un volet essentiel de la réforme du Conseil, décidé en juin dernier par l’Assemblée générale dans sa résolution 75/290 A.  L’ECOSOC s’y penchera en juin lors de sa réunion sur la transition.  Il a également indiqué que la nécessité d’un soutien accru aux pays en situation particulière ou à revenu intermédiaire fera l’objet d’un message fort de l’ECOSOC et du forum de haut niveau pour le développement durable en juillet.  Quant à l’importance de soutenir l’éradication de la pauvreté et le renforcement des politiques macro et micro ainsi que les partenariats pour réaliser les ODD, elle a été réaffirmée, de même que la nécessité d’aligner les équipes de pays avec les besoins des pays et de coopérer avec les institutions financières internationales, a-t-il souligné. 

Pour approfondir les réformes, a-t-il poursuivi, les États Membres doivent, eux aussi, entreprendre des actions transformatrices dans les interactions avec les entités du système des Nations Unies et dans les modèles de financement.  À cet égard, M. Kelapile s’est dit inquiet de la qualité du financement mais aussi de l’avenir des ressources du système des Nations Unies pour le développement, compte tenu des coupes sombres dans l’aide publique au développement (APD).  Nous devons faire notre part pour garantir que le système de l’ONU pour le développement soit « impactant, solidaire, transparent et efficace », a-t-il plaidé.  Nous devons mobiliser son expertise à tous les niveaux pour soutenir des politiques intégrées en faveur des ODD, dans le cadre des efforts de relèvement post-COVID-19, a insisté le Président de l’ECOSOC.  À ses yeux, ce débat a rempli son rôle de plateforme de responsabilisation et fait le lien avec le forum de haut niveau de juillet et le Sommet sur les ODD prévu en septembre 2023.

Mme MIIA RAINNE (Finlande), la Vice-Présidente de l’ECOSOC qui présidait cette session, a repris les faits saillants ressortis des discussions des trois derniers jours, tout d’abord le constat que la réforme du système a produit des résultats substantiels.  La pandémie de COVID-19 a été un test décisif pour le système repositionné, où le nouveau système des coordonnateurs résidents et la nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies ont permis une réponse rapide et concertée.  Dans le même temps, il faut améliorer la transparence et la responsabilité, tandis que le projet de cadre de résultats du système des coordonnateurs résidents doit être révisé pour servir d’outil rigoureux avec des indicateurs de performance objectifs.  Les États Membres envisagent des consultations sur ce cadre, ainsi qu’une séance d’information sur la fonction d’évaluation à l’échelle du système. 

Alors que le système des Nations Unies pour le développement travaille de manière plus intégrée et collaborative, cela permet des approches plus globales et systématiques sur le terrain dans des domaines clefs mis en évidence dans le QCPR 2020.  Il sera crucial de renforcer davantage les approches intégrées et globales du système pour faire face à l’impact de la triple crise financière, climatique, alimentaire, a mis en exergue la Vice-Présidente. 

Mme Rainne est ensuite revenue sur comment exploiter les atouts régionaux du système, notamment en termes de disponibilité des données, de financement du développement et de l’action climatique.  Les États Membres ont montré qu’ils souhaitaient toujours être informés des progrès de l’architecture régionale et qu’il faut veiller à ce qu’elle complète, sans se substituer, les initiatives régionales. 

Alors que les crises anciennes et nouvelles qui s’aggravent exercent une immense pression sur le monde, en particulier sur les plus vulnérables, « l’urgent évince l’important », a remarqué Mme Rainne en relevant la marche arrière dans la réalisation des ODD et en craignant que le monde soit au bord d’une crise de développement.  Nous avons besoin plus que jamais d’un système des Nations Unies pour le développement qui exploite au maximum son potentiel, a-t-elle dit, ce qui inclut l’amélioration de la collaboration entre les actions humanitaires, de développement et de consolidation de la paix.  Elle a invité les États Membres et les partenaires de financement à jouer leur rôle essentiel pour contribuer à l’intensification et à la mise en commun des financements humanitaires et de développement.

En dernier lieu, Mme Rainne a constaté le message clair ressorti de toutes les sessions de cette semaine: toutes nos ambitions de développement et nos efforts pour sauver les ODD dépendent d’un financement adéquat, flexible et prévisible pour le système des Nations Unies pour le développement.  Ceci est également au cœur du pacte de financement, a-t-elle souligné, et s’appuie sur un système de coordonnateurs résidents entièrement financé.  Alors que de nombreux États Membres sont aux prises avec des contraintes budgétaires en ces temps difficiles, subvenir aux besoins humanitaires urgents ne saurait se faire au détriment du financement du développement, a-t-elle insisté en arguant que moins de financement pour les activités de développement aujourd’hui signifie plus de financement pour faire face aux crises humanitaires de demain.

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