Développement durable: l’ECOSOC conclut son tout premier débat consacré aux questions de coordination par des appels aux synergies à l’échelle du système des Nations Unies
Pour sa seconde journée de débats consacrée à la coordination, le Conseil économique et social (ECOSOC) a continué de mettre l’accent sur les moyens d’assurer le relèvement postpandémie tout en accélérant la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les progrès à cet égard ayant été ralentis par les efforts considérables déployés au niveau international pour lutter contre la COVID-19.
« Il sera important de tendre vers la convergence dans nos efforts pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, collectivement et de manière holistique », a déclaré le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC) qui a appelé l’organe à s’appuyer plus systématiquement sur l’expertise des institutions spécialisées de l’ONU et de ses commissions fonctionnelles pour fournir aux États Membres des données et des orientations politiques fondées sur des éléments concrets.
Convaincu que le relèvement post-COVID offre l’opportunité d’une transition vers des sociétés plus équitables, durables et inclusives, M. Suriya Chindawongse a appelé à se concentrer sur les pays et les personnes les plus vulnérables et les changements structurels à apporter aux systèmes économiques, financiers et sociaux, soulignant en outre que l’équité vaccinale reste une priorité absolue, tout comme l’ accès équitable aux ressources financières.
« Si l’on réussissait à faire des progrès rapides vers les ODD dans les pays en situation particulière et dans les pays en conflit ce serait une des grandes victoires de l’humanité », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales qui a souligné qu’une reprise juste, équitable et durable qui ne laisse personne de côté nécessite des institutions de gouvernance efficaces, inclusives et responsables ainsi que des institutions publiques et des financements privés. Le changement transformationnel nécessaire exigera notamment que nous redoublions d’efforts pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, a encore précisé M. Liu Zhenmin qui, parmi les autres domaines qui requièrent une action urgente, a cité les changements climatiques, la déforestation, la pollution et les déchets, et la perte de biodiversité.
Exhortant à mobiliser la volonté politique nécessaire pour construire et maintenir la paix, mobiliser des ressources adéquates et renforcer les capacités, le Chef du Département des affaires économiques et sociales (DESA) a estimé en outre que pour mieux reconstruire, il va falloir suivre des voies de croissance qui donnent la priorité à la création d’emplois et promeuvent une croissance durable sur le plan environnemental.
Le débat consacré aux questions de coordination de l’ECOSOC a été créé par l’Assemblée générale en juin 2021 pour permettre au Conseil de mieux remplir le rôle que lui confère la Charte, à savoir coordonner le système onusien et ses organes subsidiaires pertinents dans les domaines économique, social, sanitaire, environnemental et connexes.
Aujourd’hui, les présidentes et présidents de pas moins de 23 différents organes subsidiaires de l’ECOSOC ont donc fait le point sur leurs efforts de coordination dans des domaines aussi différents que les forêts et les populations autochtones, la coopération internationale en matière de fiscalité, les politiques de développement, mais aussi les normes internationales de comptabilité et de publication, ou encore les stupéfiants et la classification et l’étiquetage des produits chimiques.
D’ailleurs, cette coordination dépasse le système des Nations Unies pour s’étendre aux organisations régionales, comme c’est le cas de l’Union africaine (UA), avec laquelle collabore la Commission économique pour l’Afrique (CEA), dont la Secrétaire exécutive, Mme Vera Songwe, a expliqué qu’elles avaient fait de la promotion de l’équité vaccinale sur le continent un cheval de bataille.
De son côté, la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE) a appelé à privilégier des approches intégrées qui exploitent les synergies du Programme 2030 et conduisent à des politiques plus efficaces et percutantes. Pour cela, les aspects transfrontaliers doivent être pris en compte, a affirmé Mme Olga Algayerova, citant en exemple les cadres normatifs mis en place par la CEE dans des domaines tels que le transport ou l’environnement, qui facilitent la coopération transfrontalière et la gestion des ressources communes.
D’une intervention à l’autre, plusieurs thèmes ont émergé, en particulier celui de l’autonomisation des femmes et des filles, qui, a indiqué la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Sima Bahous, ont été les plus durement touchées par la pandémie, pas seulement sur le plan sanitaire, mais aussi sur celui de la perte des opportunités économiques, qui les a lésées lourdement.
Faute d’être protégées par l’école, 10 millions de filles pourraient être mariées de force d’ici à 2030, a prévenu à son tour la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui a expliqué que l’UNESCO avait rassemblé plus de 170 partenaires dans le cadre d’une coalition mondiale pour assurer la continuité éducative et rouvrir les écoles dans 110 pays. Mme Audrey Azoulay a également estimé que le premier Sommet sur la transformation de l’éducation, qui se tiendra à l’UNESCO en septembre 2022, pourra s’appuyer sur les réflexions que mènera en juillet le forum politique de haut niveau de l’ECOSOC au sujet du rôle catalyseur de l’éducation sur l’ensemble du Programme 2030.
Parmi les États Membres à s’être exprimés aujourd’hui, les États-Unis ont mis en garde contre la multiplication des sessions, des réunions, des mandats et des documents de travail. L’ECOSOC doit apprendre à rationaliser et hiérarchiser l’utilisation de ses mandats et de ses ressources déjà limitées, a fait observer la délégation américaine. À l’inverse, l’Argentine a suggéré d’intercaler des réunions de suivi entre les sessions et les forums annuels de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires, pour enrichir de données pertinentes les sessions à venir.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION
Discussion sur le thème « Tirer parti des perspectives régionales pour une reprise inclusive et résiliente guidée par le Programme 2030 »
Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a souligné l’importance, pour sa région, du Forum régional sur la réalisation du développement durable, plateforme incitant de multiples acteurs à accélérer la mise en œuvre des ODD. Ce Forum, a-t-elle détaillé, est le fruit de l’étroite collaboration du système onusien régional, qui s’emploie à refléter les besoins et préoccupations de la région. En 2022, il se tiendra parallèlement au deuxième Forum des maires de la CEE et explorera la façon de lier les actions locales et nationales en faveur de la réalisation des ODD, a encore indiqué Mme Algayerova, en insistant sur la nécessité d’agir « à tous les niveaux ». Elle a ajouté que le Forum fera aussi le point sur les ravages de la crise liée à la COVID-19, tout en réfléchissant à l’avenir.
En effet, a-t-elle relevé, si la pandémie a affecté le développement durable en aggravant les inégalités existantes, elle a également suscité de nouvelles impulsions politiques pour façonner une reprise transformatrice qui s’attaque à des défis tels que les changements climatiques et la dégradation de l’environnement. De fait, il convient, selon elle, de promouvoir des solutions sur la base d’approches intégrées qui exploitent les synergies du Programme 2030 et conduisent à des politiques plus efficaces et percutantes. Pour cela, les aspects transfrontaliers doivent être pris en compte, a-t-elle affirmé, citant en exemple les cadres normatifs de la CEE dans des domaines tels que le transport ou l’environnement, qui facilitent la coopération transfrontalière et la gestion des ressources communes.
Selon sa Secrétaire exécutive, la CEE s’attache également à mettre l’environnement bâti en conformité avec les exigences du développement durable, notamment en matière d’atténuation des changements climatiques. Tout en aidant les pays à accroître l’efficacité énergétique des bâtiments, par le biais d’activités de conseil et de renforcement des capacités, elle exploite le potentiel des technologies en vue de meilleurs services publics dans les villes. De plus, la Commission mobilise des financements pour rendre possibles les projets transformateurs. Consciente de l’importance des modes de consommation et de production durables, la CEE mène aussi des travaux sur l’économie circulaire et l’utilisation durable des ressources naturelles, avec un accent particulier sur la traçabilité, le traitement des déchets et l’innovation qui font l’objet de projets de coopération technique.
Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a mis l’accent sur les possibilités offertes par le Forum Asie-Pacifique pour le développement durable, dont 2022 marquera la huitième session. Il s’agit d’une plateforme qui propose des perspectives régionales sur l’accélération des progrès dans la réalisation des ODD. Outre le suivi des progrès, la CESAP met régulièrement en exergue des politiques et solutions pour qu’aucun pays ne soit laissé pour compte, notamment le renforcement de la protection sociale dans plusieurs États de la région et les systèmes de santé universels afin que chacun soit vacciné. La Commission, a indiqué la haute fonctionnaire, œuvre aussi à établir des liens entre climat et développement et à promouvoir « un relèvement bleu », axé sur une gestion viable des océans. Mme Alisjahbana a également souligné les mérites du programme d’action pour le développement des transports régionaux, qui s’efforce de prioriser les « échanges intelligents » pour que biens et services continuent de circuler pendant la pandémie.
Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a fait remarquer que la région arabe a l’un des taux d’inégalité les plus élevés au monde, une situation qui est allée en s’aggravant pendant la pandémie. Fin 2020, a-t-elle précisé, les 1% les plus riches détenaient près de 45% de la richesse totale et les 10% les plus riches en contrôlaient 81%. Cela étant, 27% de la population de la région vit sous le seuil de pauvreté, selon les statistiques nationales. Dans ce contexte, la CESAO estime que la région arabe, qui a également la plus forte concentration de réfugiés et de personnes déplacées, a besoin de 462 milliards de dollars supplémentaires pour une reprise rapide et plus inclusive.
Notant que la COVID-19 a poussé la dette publique brute de la région arabe à 1 400 milliards de dollars, un niveau « historique », Mme Dashti a fait état du lancement par la CESAO d’un mécanisme de financement innovant qui offre des résultats « gagnant-gagnant » pour les pays débiteurs et créanciers qui s’engagent à respecter les ODD et les dispositions de l’Accord de Paris, tout en faisant progresser les coopérations Nord-Sud et triangulaire. Elle a d’autre part indiqué qu’alors que seulement 35% des habitants de la région bénéficient d’une couverture sociale, la CESAO réunit des ministres et leurs équipes techniques pour contribuer à la réforme des programmes de protection sociale et ainsi réduire les inégalités. La CESAO aide en outre les gouvernements à optimiser leurs dépenses sociales, a ajouté la Secrétaire exécutive, affirmant attendre des débats constructifs sur ces questions lors du Forum arabe pour le développement durable qui se tient le mois prochain.
Mme VERA SONGWE, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a mis en avant le partenariat existant entre la CEA et l’Union africaine (UA), avec qui des échanges ont eu lieu pas plus tard que cette semaine sur la meilleure manière de promouvoir l’équité vaccinale. Ces efforts conjoints ont abouti à la mise à disposition de dizaines de millions de doses de vaccin Janssen à ce jour. Or, nous savons que ce sont les femmes qui ont été les durement plus touchées par la pandémie, laquelle leur a fait perdre leurs emplois et porter un fardeau très lourd sur le plan économique, a souligné Mme Songwe. C’est la raison pour laquelle la CEA forme des jeunes femmes pour les aider à s’autonomiser en créant leurs propres entreprises. « Mais, comme nous le savons, le financement est très compliqué », a-t-elle reconnu. Elle a expliqué que dans le cas de quatre pays de la région qui sont en situation « de très grand risque », une initiative de suspension de la dette avait été lancée, assortie de la création de fonds souverains. Considérant qu’il faut maintenant « passer de Glasgow à Charm el-Cheikh », la Secrétaire exécutive a déclaré qu’il était temps de trouver les moyens de lever des financements pour décarboniser les économies en dehors des mécanismes de marché.
Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a déclaré que l’intégration régionale et la solidarité sont impératives pour lutter contre les disparités croissantes entre pays développés et pays en développement, en particulier pour ce qui est de l’accès aux vaccins contre la COVID-19. La région Amérique latine et Caraïbes est l’une des plus endettées au monde, avec des taux de croissance très faibles cette année, un chômage considérable et une économie informelle qui ne l’est pas moins. Elle a insisté sur l’impératif de rouvrir les écoles, indiquant ensuite que la CEPALC cherche aussi à mettre l’accent sur la fourniture de soins et l’accès aux vaccins. Il s’agit de moteurs du relèvement, a insisté Mme Bárcena, en évoquant le plan d’autosuffisance vaccinale présenté par la CEPALC pour stimuler la production et la distribution de vaccins dans la région.
Exposés des présidentes et présidents des organes subsidiaires du Conseil économique et social
Mme GABRIELLA VUKOVICH, Vice-Présidente de la cinquante-deuxième session de la Commission de statistique, a précisé que la Commission répond à la demande accrue en statistiques, lesquelles sont cruciales pour les politiques publiques. « La communauté statistique internationale a répondu de manière innovante et agile à la demande accrue de données désagrégées dans le contexte de la pandémie. » Elle a précisé les sujets que la Commission abordera lors de sa cinquante-troisième session, citant notamment les indicateurs des ODD ou bien les statistiques liées aux changements climatiques. Enfin, elle a assuré de la détermination de la Commission à travailler étroitement avec l’ECOSOC, en indiquant que la question statistique est de nature transversale.
M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines), Président de la cinquante-cinquième session de la Commission de la population et du développement, a rappelé qu’en avril 2021, cette dernière a adopté par consensus une résolution axée sur la sécurité alimentaire et la nutrition, qui appelait à maintenir le fonctionnement, pendant la pandémie, des chaînes d’approvisionnement alimentaires et agricoles, ainsi que des systèmes de santé et de couverture sanitaire universelle. La Commission, a souligné le délégué, a également exhorté les États Membres à permettre un accès à des vaccins contre la COVID-19 sûrs et efficaces, y compris par le biais du Mécanisme COVAX. Plus largement, a-t-il précisé, la Commission cherche à mettre pleinement en œuvre le programme d’action de la Conférence internationale de 1994 sur la population et le développement, indispensable pour réalisation des ODD.
Le représentant a ajouté que, lors de sa cinquante-cinquième session, qui se tiendra en avril 2022 sur le thème « Population et développement durable en vue d’une croissance économique soutenue et inclusive », la Commission examinera les implications des grandes tendances démographiques pour éradiquer la pauvreté et la faim, et pour promouvoir la santé, l’éducation, l’égalité des sexes et la production et consommation. Il a souhaité à cette occasion que la Commission bénéficie d’une plus grande collaboration avec la Commission de statistique sur les données démographiques et avec la Commission du développement social sur les stratégies visant à atteindre un développement inclusif et durable.
Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a pris la parole en tant que Présidente de la soixantième session de la Commission du développement social. Elle a rappelé que, l’an dernier, la Commission avait abordé le rôle des technologies numériques en faveur du développement social et avait formulé des recommandations politiques pour réduire les fractures numériques et promouvoir l’inclusion numérique. La prochaine session de la Commission, qui commence la semaine prochaine et se tiendra du 7 au 16 février, portera sur l’éradication de la pauvreté et de la faim, étant donné que la pandémie de COVID-19 a touché des millions de personnes qui se retrouvent dans l’extrême pauvreté et l’insécurité alimentaire. Mme Squeff a invité à « travailler ensemble sur un nouveau contrat social » dans lequel tous les individus ont les mêmes opportunités.
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), Présidente de la soixante-sixième session de la Commission de la condition de la femme, a souligné l’importance que revêt pour cette Commission la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Elle a d’autre part indiqué que, depuis 2016, la Commission a adopté des conclusions négociées sur des thèmes prioritaires en lien direct avec la réalisation du Programme 2030. Parmi ces thèmes figurent la pleine participation des femmes et leur leadership décisionnel, ainsi que la lutte contre toutes les discriminations et violences liées au genre. Mme Joyini a rappelé que la Commission tiendra sa soixante-sixième session du 14 au 25 mars prochains, avec pour fil rouge les efforts visant à parvenir à l’égalité des sexes dans le contexte des changements climatiques et la promotion d’un avenir durable. Elle a souhaité que les conclusions de cette session contribuent aux travaux de l’ECOSOC et du forum politique de 2022.
M. GHISLAIN D’HOOP, Président de la soixante-cinquième session de la Commission des stupéfiants, a invité, lorsqu’on parle de reconstruire en mieux, à reconnaître les effets dévastateurs que la pandémie de COVID-19 a sur les efforts de lutte contre le problème mondial de la drogue. Il a donc attiré l’attention sur la question des stupéfiants qui n’est « pas souvent mentionnée dans les discussions à New York », y compris au sein de l’ECOSOC. Il a appelé à mettre en œuvre des efforts multidisciplinaires coordonnés pour garantir que personne ne soit laissé pour compte. Cette volonté est bien reflétée dans la déclaration conjointe de la Commission des stupéfiants sur l’impact de la COVID-19, adoptée lors de la soixante-quatrième session en 2021, a précisé M. D’Hoop en assurant que la Commission accompagne les États Membres dans sa mise en œuvre. Il a aussi expliqué que la Commission favorise l’échange de bonnes pratiques et d’enseignements tirés lors de ses discussions thématiques annuelles et dans les réunions de ses organes subsidiaires. Lors de ses réunions régionales, les praticiens nationaux échangent des connaissances concernant l’impact régional de la COVID-19 sur la situation mondiale en matière de drogue, a-t-il ajouté. La Commission souhaite travailler davantage sur l’amélioration de la disponibilité et de l’accès aux substances contrôlées à des fins médicales et scientifiques. Ce sera une priorité essentielle dans les mois à venir, a indiqué son Président.
M. TAKESHI HIKIHARA (Japon), Président de la trente et unième session de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, a expliqué que cette Commission mène une action concertée pour aider les États Membres à prévenir et combattre la criminalité, en rendant les systèmes de justice pénale plus efficaces, responsables et inclusifs, et en renforçant la coopération internationale dans ce domaine. Par ces activités, la Commission contribue à la réalisation des ODD, dont l’objectif no 16 - Promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives. En mars dernier, le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale a adopté la Déclaration de Kyoto sur le thème « Faire progresser la prévention du crime, la justice pénale et l’état de droit: vers la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a rappelé M. Hikihara. En effet, la pandémie de COVID-19 a eu de graves ramifications dans ce contexte, a-t-il regretté en soulignant les nouvelles opportunités qu’elle a créées pour les criminels et les sérieux défis qu’elle a posés aux systèmes de justice pénale. En novembre dernier, consciente de la nécessité de reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19, la Commission a organisé le premier cycle de 12 discussions thématiques axées sur la prévention de la criminalité, pour favoriser la mise en œuvre de la Déclaration de Kyoto, a indiqué le Président de la Commission.
M. PETER MAJOR, Président de la vingt-quatrième session et Vice-Président de la vingt-cinquième session de la Commission de la science et de la technologie au service du développement, a indiqué que la pandémie a accéléré la numérisation en de nombreux domaines, tout en soulignant la persistance d’un fossé numérique. Il a invité les pays à remédier à ces inégalités numériques et à promouvoir la solidarité internationale. Le transfert des connaissances et la révision des droits de propriété pour assurer un accès inclusif aux nouvelles technologies sont des pistes à explorer, a dit M. Major. Il a aussi souligné la nécessité de remédier aux inégalités de genre. Il a précisé que la prochaine session de la Commission se tiendra du 28 mars au 1er avril 2022, en ajoutant que les discussions seront axées sur le rôle des technologies numériques dans le relèvement postpandémie.
M. MANSOUR AL-QURASHI, Président de la Commission de la science et de la technologie pour le développement à sa vingt-cinquième session, a parlé du rôle des sciences, de la technologie et de l’innovation dans la relève post-COVID-19 et de l’action de la Commission dans ce domaine ainsi que dans le suivi de l’application de la déclaration du forum politique de haut niveau de 2021 et du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).
Mme MIRIAM MAC INTOSH, Secrétaire permanente du Ministère des affaires étrangères, du commerce international et de la coopération internationale du Suriname et Présidente désignée de la dix-septième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF), a indiqué que cet organe aborde toutes les questions liées aux types de forêts de manière intégrée et holistique. Il supervise également la mise en œuvre du plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) et œuvre en faveur d’une collaboration renforcée au sein du système des Nations Unies pour promouvoir un programme cohérent de forêts et de développement durable. Lors de sa dernière session en avril 2021, a-t-elle rappelé, le Forum a examiné les impacts de la pandémie de COVID-19 sur les forêts et le secteur forestier, ainsi que les moyens d’y faire face. À cette occasion, il a aussi adopté son plan de travail pour 2022-2024 et publié son premier rapport sur les objectifs forestiers mondiaux.
Selon Mme Mac Intosh, les débats de la seizième session ont souligné le besoin crucial de gérer durablement les forêts et de stopper la déforestation. Ces efforts sont considérés comme essentiels pour compenser les impacts économiques, sociaux et environnementaux de la pandémie et pour relever d’autres défis planétaires, a assuré la Présidente désignée du FNUF, estimant à cet égard que le plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et ses six objectifs forestiers mondiaux fournissent un cadre d’action pour la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Accord de Paris et du cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020. Elle a indiqué que la prochaine session du Forum, en mai prochain, examinera l’efficacité à mi-parcours de l’arrangement international sur les forêts dans la réalisation de ses objectifs.
Mme MAUREEN RUSKIN, Présidente du Comité d’experts de l’ECOSOC sur le transport des marchandises dangereuses et de la dixième session du Système général harmonisé de classification et d’étiquetage des produits chimiques, a mis en exergue les recommandations élaborées sous ses auspices et décrit les travaux de deux organismes. Elle a indiqué que les pays peuvent utiliser des recommandations comme modèle pour leurs instruments réglementaires nationaux afin d’assurer l’harmonisation avec les règles déjà applicables au niveau international, et les mettre en œuvre en fournissant aux travailleurs et aux consommateurs des informations cohérentes sur les dangers des produits chimiques qu’ils importent, produisent, manipulent, transportent ou utilisent.
Mme Ruskin a, d’autre part, précisé que, pour faciliter la chaîne d’approvisionnement mondiale des vaccins contre la COVID-19 et aider à l’atténuation de la propagation de la pandémie, le Comité sur le transport des marchandises dangereuses a confirmé que les vaccins dont l’utilisation est autorisée, y compris ceux en cours d’essais cliniques, ne sont pas soumis au règlement type des Nations Unies tel qu’il est actuellement rédigé. Elle a ajouté que le Comité examinera d’autres recommandations de ce type lors de sa prochaine session en décembre prochain. Les recommandations approuvées par le Comité, a-t-elle encore relevé, sont intégrées tous les deux ans dans les nouvelles éditions révisées des trois instruments sous sa responsabilité pour mise en œuvre et utilisation dans le monde entier.
Mme ELSA BEATRIZ GARCIA BOJORGES, Présidente du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication, a précisé que son Groupe aide les pays dans l’application des meilleures pratiques dans le domaine de la comptabilité. « Le but est de promouvoir la stabilité financière, les investissements nationaux et internationaux et les progrès socioéconomiques. » Ce Groupe a été créé par l’ECOSOC en 1982, a-t-elle rappelé avant de préciser que, depuis l’adoption du Programme 2030, il s’est concentré sur la façon de mesurer l’apport du secteur privé à la mise en œuvre des ODD. Il aide aussi les pays dans la préparation de leur examen national volontaire, a dit la Présidente avant d’annoncer que le programme de travail du Groupe pour cette année est pleinement aligné avec le thème du forum politique de haut niveau pour le développement durable.
M. PIERRE JAILLARD, Président de la Commission nationale de toponymie de France et Président de la deuxième session du Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques, a évoqué certaines activités clefs du Groupe d’experts et les initiatives de collaboration en cours avec d’autres organes subsidiaires. Il a rappelé que les sessions durent cinq jours tous les deux ans et que la dernière a été convoquée en mai 2021 en mode virtuel. Il a indiqué que le Groupe a élaboré un programme pour examiner les liens actuels et potentiels entre la normalisation des noms géographiques et l’environnement en faveur du développement. En ce qui concerne les initiatives de collaboration avec d’autres organes subsidiaires, il a cité l’adoption, lors de la dernière session, d’une décision qui énumère les organes et agences des Nations Unies et de la communauté internationale avec lesquelles le Groupe d’experts entend renforcer les relations existantes ou créer de nouvelles.
Mme INGRID VANDEN BERGHE, Vice-Présidente de l’Initiative des Nations Unies sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale, a indiqué que la priorité est l’application du cadre intégré sur l’information géospatiale. Ce cadre vient en appui des priorités nationales de développement et des stratégies de relèvement postpandémie, a-t-elle précisé en ajoutant qu’il participe aussi à la riposte aux changements climatiques. Mme Vanden Berghe a souhaité la pleine mise en œuvre de la résolution 2016/27 par laquelle les États Membres se sont engagés à renforcer l’information géospatiale à l’échelle mondiale.
Mme PALOMA MERODIO GÓMEZ, Coprésidente de la onzième session du Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale, a expliqué que le Comité d’experts se concentre sur la mise en œuvre du Cadre intégré de l’information géospatiale, un cadre global qui recense les cadres stratégiques, guides, méthodes et normes adoptés à l’échelle mondiale et développés par le Comité d’experts au cours de la dernière décennie, plusieurs d’entre eux en coordination avec la Commission de statistique et le Groupe d’experts des Nations Unies pour les noms géographiques. Étant mis en œuvre dans de nombreux pays, le Cadre intégré trace la voie pour répondre aux priorités nationales de développement, mettre en œuvre le Programme 2030, répondre et se remettre de la pandémie de COVID-19 et d’autres problèmes complexes, tels que les changements climatiques et la résilience aux catastrophes naturelles.
Pour contribuer à la demande croissante en connaissances géospatiales, innovation et développement des capacités, le Comité supervise en outre la création d’un centre mondial du savoir géospatial et de l’innovation à Deqing, en Chine, ainsi que le Centre d’excellence géodésique mondial des Nations Unies à Bonn, en Allemagne. Mme Gómez a ajouté que ses États membres souhaitent renforcer le Comité d’experts et poursuivre leur appui actif au mandat de l’ECOSOC pour combler la fracture numérique et veiller à ce qu’il n’y ait pas de laissés pour compte.
M. JOSE ANTONIO OCAMPO, professeur de la School of International and Public Affairs, de Columbia University, et Président de la vingt-troisième session du Comité des politiques de développement, a commencé par rappeler que le Comité prône depuis longtemps la centralité des capacités de production dans les efforts mondiaux en faveur du développement durable, tant dans les pays les moins avancés que dans d’autres pays en voie de développement. Il a ajouté qu’avant même de connaître l’ampleur des effets liés à la pandémie de COVID-19, le Comité avait averti que les changements climatiques et les inégalités faisaient reculer le Programme 2030. Il convient donc, à ses yeux, d’utiliser la situation actuelle comme une opportunité unique de transformation vers un développement équitable et durable.
Selon M. Ocampo, cela peut se faire par le biais de politiques du secteur de la production et d’autres stratégies visant à créer des capacités qui prennent en compte, « à la base et non à la marge », les ODD sur l’éducation, le genre et l’environnement, ainsi que sur les changements climatiques et les inégalités. Cela implique non seulement d’essayer d’atténuer les impacts sociaux et environnementaux négatifs des activités productives, mais aussi de mobiliser la capacité de production pour répondre aux besoins environnementaux et sociaux, a-t-il expliqué, avant d’appeler à un partage d’expériences nationales et infranationales sur ces questions. Enfin, il a souhaité qu’un dialogue ouvert et inclusif s’ouvre sous l’égide de l’ECOSOC sur ce qui doit changer dans le système multilatéral pour soutenir des actions de développement équitables et durables via la transformation structurelle.
Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Présidente de la vingtième session du Comité des experts de l’administration publique, a indiqué que « les 11 principes » constituent un cadre d’évaluation des capacités institutionnelles et visent à assister les pays dans l’édification des institutions efficaces, redevables et inclusives en vue de réaliser les ODD.
La Coprésidente des vingt-troisième et vingt-quatrième sessions du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale, Mme LISELOTT KANA, qui est Chef du Département de la fiscalité internationale au Service des recettes intérieures du Chili, a pris la parole pour insister sur l’ODD 17 relatif aux partenariats. Elle a fait valoir que renforcer la coopération fiscale internationale permettra de soutenir les pays en développement dans la mobilisation des recettes intérieures. Le Comité a en outre produit des orientations détaillées sur des thématiques telles que: la fiscalité du carbone; le traitement fiscal de l’aide de gouvernement à gouvernement; la taxation des industries extractives, y compris la restauration de l’environnement à la fin de la vie productive des sites ou des installations minières; la lutte contre le transfert international de bénéfices sous couvert de prix de transfert des produits exportés; et un modèle de convention fiscale bilatérale axé sur les pays en développement. Pour Mme Kana, les travaux du Comité s’alignent bien sur les domaines prioritaires actuels de l’ECOSOC et le Comité envisage de travailler avec d’autres organes subsidiaires pour l’avènement de systèmes fiscaux efficaces, efficients, et équitables pour le développement durable.
Le Coprésident des vingt-troisième et vingt-quatrième sessions du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale, M. MATHEW GBONJUBOLA, qui est Directeur du Département de politique et de conseils fiscaux du Service fédéral des recettes intérieures du Nigéria, a insisté sur l’action du Comité pour la promotion de la mise en œuvre des ODD, en particulier au moment où les pays s’efforcent de se relever des perturbations liées à la pandémie de COVID-19. Il a indiqué que le Comité d’experts appuie pleinement le rôle de la fiscalité non seulement pour mobiliser des ressources pour le développement durable, mais aussi pour lutter contre la dégradation de l’environnement et garantir l’égalité. À cette fin, le Comité a produit des orientations détaillées sur des questions telles que la taxation du carbone, le traitement fiscal des aides intergouvernementales et la taxation des industries extractives. Selon son coprésident, le Comité concentre ses travaux sur l’imposition de la santé et de la richesse ainsi que sur la relation entre la fiscalité, le commerce et l’investissement, tout en explorant les possibilités de travailler avec d’autres organes subsidiaires pour faire progresser des systèmes fiscaux efficaces, efficients et équitables pour le développement durable.
Mme ANNE NUORGAM, Présidente de la vingtième session de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a indiqué que la pandémie a mis en exergue le manque de données statistiques désagrégées sur les peuples autochtones. Elle a appelé les États Membres à y remédier afin d’appuyer les politiques publiques. Elle a aussi insisté sur la valeur des savoirs traditionnels des peuples autochtones s’agissant de la conservation de l’environnement. Enfin, elle a invité l’ECOSOC à renforcer la coordination avec les organes subsidiaires sur des questions relatives aux femmes autochtones et à la collecte de données statistiques désagrégées.
Réflexions sur les travaux des organes subsidiaires du Conseil économique et social
L’accès aux financements et aux vaccins, le relèvement après la pandémie de COVID-19 et l’accélération de la réalisation des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ont dominé les interventions de la vingtaine d’États Membres qui ont participé au dialogue interactif modéré par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Suriya Chindawongse (Thaïlande), qui préside le débat consacré aux questions de coordination. Les États Membres étaient invités à baser leur réflexion sur les présentations des organes subsidiaires de l’ECOSOC et sur la note informelle préparée par le Secrétariat, pour fournir des orientations politiques tournées vers l’action et en faveur de la cohérence des politiques et travaux des organes subsidiaires et des entités des Nations Unies.
Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Pakistan a d’emblée demandé une réforme du système financier international pour aider les pays en développement à avoir accès aux financements qui leur permettraient de se relever après la pandémie. Cela devrait être accompagné de la lutte contre les évasions fiscales au niveau international, a ajouté le représentant.
Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), Antigua-et-Barbuda a voulu que l’ECOSOC accorde la priorité à la lutte contre l’endettement des pays en développement, en particulier des petits États insulaires en développement (PEID). Il a demandé aux commissions économiques régionales d’accompagner ces pays dans leur quête d’une réforme du système financier international. De l’avis de l’Iraq, ces commissions économiques doivent aussi servir de tremplin aux pays pour trouver des financements.
L’Indonésie, au nom du Groupe des amis de la prévention des catastrophes, a insisté en particulier sur la nécessité du financement de la prévention. La Bolivie a exigé des solutions innovantes dans les domaines du financement et de la technologie pour réaliser le Programme 2030. El Salvador a insisté sur l’importance de l’inclusion financière, en particulier des groupes vulnérables.
Le Maroc a souligné l’importance du financement de l’action climatique et a plaidé pour que les pays africains puissent avoir un « espace budgétaire plus sain ». Son homologue de l’Inde a appelé à faire attention à bien sélectionner les projets qui alourdissent la charge de la dette des pays en développement. Les communautés doivent être accompagnées pour qu’elles puissent gérer les projets à long terme, a ajouté le représentant.
Réagissant à ces questions de financement, la Présidente du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale a mis en avant l’importance des systèmes fiscaux pour réaliser les ODD. Elle a demandé la participation des États Membres aux travaux du Comité.
La question du relèvement après la pandémie de COVID-19 a aussi été largement abordée par les délégations qui ont toutes mis l’accent sur la nécessité de l’équité vaccinale, de la couverture sociale universelle et de la protection sociale comme l’a rappelé le Pakistan, au nom du G77 et de la Chine. Le Maroc a abondé dans ce sens tout comme le Pérou qui réclamait le lancement d’une campagne mondiale sur la vaccination et le transfert des technologies pour permettre la fabrication des vaccins dans les pays en développement.
Le Président du Comité des droits économiques, sociaux et culturels a signalé à ce sujet que cet organe a élaboré trois documents sur l’accès aux vaccins et sur les retombées de la pandémie de COVID-19 sur les droits économiques et sociaux ainsi que les droits à la santé de personnes vulnérables et marginalisées.
Si toutes les délégations ont tenu à souligner l’importance de la coordination du travail de l’ECOSOC, de ses organes subsidiaires et des commissions économiques régionales dans la réalisation du Programme 2030, la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris sur le climat, la République dominicaine a jugé qu’il est important de faire une évaluation annuelle des réalisations de l’année précédente y compris le travail des coordonnateurs et coordonnatrices résidents.
L’Argentine a suggéré d’intercaler des réunions de suivi entre les sessions et les forums annuels de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires. Cela enrichira par des données pertinentes les sessions à venir, a expliqué la représentante argentine. La France, au nom de l’Union européenne, a estimé que la « note informelle du Secrétariat » fournit une base pour redynamiser le travail de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires, en rendant le « système ECOSOC » plus adapté à ses objectifs, en vue de contribuer à la réalisation des ODD.
Les États-Unis ont en revanche mis en garde contre la multiplication des sessions, des réunions, des mandats et des documents de travail. De l’avis de la délégation, l’ECOSOC doit apprendre à rationaliser et hiérarchiser l’utilisation de ses mandats et de ses ressources déjà limitées. Il faut savoir en tirer parti, a dit le représentant américain qui a conseillé à l’ECOSOC d’augmenter la transparence, la place des lanceurs d’alerte, ainsi que les partenariats avec le secteur privé.
Antigua-et-Barbuda, au nom de l’AOSIS, a fait remarquer qu’il avait fallu cinq jours avant que la première aide de l’ONU n’arrive aux îles Tonga après l’éruption volcanique du mois dernier. C’est inacceptable, a brocardé le représentant qui a prié l’ECOSOC de faire le tri dans ses priorités. La France a regretté que le domaine essentiel que constituent les changement climatiques ne soit abordé que de façon imparfaite dans les 10 domaines prioritaires de la « Note informelle du Secrétariat ». « Nous pensons que chaque organe subsidiaire doit contribuer à la mise en œuvre de l’Accord de Paris et du Pacte de Glasgow pour le climat, sur lesquels nous nous sommes tous mis d'accord en novembre dernier », a déclaré la France rejointe par l’Égypte qui a promis de faire de la COP-26 à Charm-el-Cheikh, une occasion de se pencher sur les besoins des pays africains.
Pour la Fédération de Russie, comme les discussions intergouvernementales ne sont qu’à leur début, il ne faut pas que les méthodes de travail en virtuel actuel remplacent d’autres modalités. La délégation russe a attiré l’attention sur des concepts qui n’ont pas été agréés entre les États Membres. Enfin, le Brésil a dénoncé l’influence de textes qui ne font pas référence au Programme 2030 et au Programme d’action d’Addis-Abeba, comme l’initiative du Canada et de la Jamaïque sur le relèvement après la pandémie de COVID-19. Cela aura des conséquences sur le travail de l’ONU, a prévenu le représentant.
La Bulgarie a demandé que les organes subsidiaires et les Commissions régionales de l’ECOSOC s’alignent sur le Programme 2030. L’ECOSOC doit contribuer à réaliser les ODD, a renchéri le Mexique. L’ECOSOC a été invité par l’Autriche à tirer parti du dernier forum des partenariats et à se focaliser sur la mise en œuvre de l’ODD 5 sur l’égalité entre les sexes. La France y a ajouté les ODD 14 et 15, respectivement sur l’utilisation durable des mers et des océans, et des écosystèmes terrestres. Pour l’Arménie, il est urgent de mettre l’accent sur les populations vivant dans les conflits et sur lutte contre la pandémie. Le Liban a lancé à l’ECOSOC un appel en faveur des pays à revenu intermédiaire.
Discussion sur le thème « La reprise après la pandémie à travers le prisme des objectifs de développement durable nos 4, 5, 14, 15 et 17 »
M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a jugé essentiel de construire des systèmes agroalimentaires plus verts, plus résilients et plus durables pour reconstruire en mieux après la pandémie et atteindre les ODD d’ici à 2030. Il a indiqué que les programmes de la FAO accordent une priorité à l’implication des femmes dans les milieux ruraux et les systèmes agroalimentaires. Il a cité en exemple l’initiative Main dans la main, qui vise à éradiquer la pauvreté et la faim, ainsi que le projet « 1 000 villages numériques » dont l’objectif est de convertir 1 000 villages aux quatre coins du monde en villages numériques afin d’en faire des moteurs de résilience en implantant le commerce électronique dans les zones rurales. Cette démarche vise également à favoriser l’accès des agriculteurs aux marchés et leur permettre de diversifier leurs revenus, compte tenu des restrictions imposées dans le cadre de la riposte à la pandémie de COVID-19.
M. Qu a par ailleurs prévenu que la reconstruction après la pandémie sera vaine si on ne s’attaque pas aux causes de la dégradation naturelle, à l’érosion des sols et des milieux marins, insistant en outre sur l’impératif d’une relance inclusive.
Dans un message vidéo préenregistré, Mme AUDREY AZOULAY, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a expliqué que l’UNESCO a rassemblé plus de 170 partenaires dans le cadre d’une coalition mondiale pour assurer la continuité éducative et rouvrir les écoles dans 110 pays. Car faute d’être protégées par l’école, 10 millions de filles pourraient être mariées de force d’ici à 2030, a-t-elle prévenue. Elle a insisté sur l’importance du partage des connaissances, précisant que la recommandation sur la science ouverte, adoptée en novembre 2021 par la Conférence générale de l’UNESCO, vise à rendre la science plus multidisciplinaire, plus équitable et plus accessible à tous et notamment aux pays du Sud. Elle a aussi cité la recommandation de novembre 2021 sur l’éthique de l’intelligence artificielle dont l’enjeu est de donner un premier cadre normatif mondial pour que cette technologie se développe au service de l’humain et de ses valeurs.
Affirmant que l’éducation peut contribuer à relever ces défis, Mme Azoulay a indiqué que par le biais de la Déclaration de Paris, les États membres de l’UNESCO se sont engagés à consacrer au moins 4% de leur PIB ou 15% des dépenses publiques à l’éducation. Le premier Sommet sur la transformation de l’éducation, qui se tiendra en septembre 2022, pourra s’appuyer sur les réflexions que mènera en juillet le forum politique de haut niveau au sujet du rôle catalyseur de l’éducation sur l’ensemble du Programme 2030. Dans ce contexte, a-t-elle ajouté, l’UNESCO est honorée de diriger un nouveau mécanisme mondial de coopération pour l’éducation, lancé en 2021 pour mieux aligner les priorités stratégiques et le financement international.
Mme SIMA BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a déclaré que la pandémie a agi comme un « grand révélateur » qui a en outre aggravé les inégalités existantes, notamment entre les sexes. Les femmes, qui effectuaient déjà la grande majorité du travail de soins non rémunéré, en ont assumé encore plus pendant la pandémie alors que la violence à l’égard des femmes et des filles, déjà la plus répandue des violations des droits humains, a monté en flèche pendant la crise. Relevant que jusqu’à présent, la réponse politique à la COVID-19 n’a pas souvent tenu compte de la voix des femmes, Mme Bahous a espéré que la reprise sera l’occasion de faire les choses autrement et de relever ces défis de longue date, tout en assurant la résilience face aux autres grandes crises, dont la dégradation de l’environnement et les changements climatiques.
Arguant qu’une reprise axée sur les soins de santé est nécessaire, Mme Bahous a souligné que les investissements dans ce secteur pourraient créer de 40% à 60% d’emplois de plus que les mêmes investissements dans la construction. Dès lors, elle a demandé des mesures ciblées pour garantir que les femmes ne soient pas laissées pour compte dans la reprise et retrouvent les emplois qu’elles ont perdus. Il faut également améliorer la qualité de l’emploi pour les 740 millions de femmes qui ont des emplois informels dans le monde et investir dans des systèmes de protection sociale sensibles au genre. Mme Bahous a également jugé essentiel que les femmes reçoivent la formation et le soutien nécessaires pour accéder aux 24 millions de nouveaux emplois que les secteurs verts ont le potentiel de créer.
Pour ce qui est de l’action climatique, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a exhorté à passer d’un modèle économique dépendant des combustibles fossiles à un système qui privilégie la durabilité environnementale. Pour les petits États insulaires en développement, une action mondiale dans ce domaine est une question de vie ou de mort, a-t-elle souligné. Or, les femmes leaders des communautés locales sont à la tête d’approches innovantes pour promouvoir des transitions énergétiques durables et l’agroécologie tout en s’appuyant sur les savoirs autochtones. Il faut soutenir leurs efforts pour que ces modèles puissent se multiplier, a souhaité Mme Bahous. Consciente que le financement de ces politiques ne sera pas facile, elle a appelé à respecter les engagements de longue date en matière de financement climatique envers les pays en développement. Nous avons besoin d’un niveau de solidarité mondiale sans précédent pour nous en sortir, parce que ce n’est que grâce à une telle solidarité, à l’appui d’un plan de relance COVID-19 sensible au genre, que nous pourrons remettre les ODD sur la bonne voie, a-t-elle affirmé.
M. JOSE ANTONIO OCAMPO, professeur de la School of International and Public Affairs, de Columbia University, et Président de la vingt-troisième session du Comité des politiques de développement, a insisté sur le rôle central que jouent les capacités de production dans le développement durable. Il a également indiqué que le Comité avait alerté, bien avant la pandémie de COVID-19, à quel point les changements climatiques et les inégalités faisaient reculer le Programme 2030. Il a appelé à saisir l’opportunité de cette crise sanitaire pour renforcer les capacités productives qui prennent en compte les ODD sur l’éducation, le genre et l’environnement, ainsi que les changements climatiques et les inégalités. Il a estimé que le partage d’expériences nationales et même infranationales sur ces questions est inestimable avant de souligner l’importance des enseignements tirés à la fois des succès et des échecs des examens nationaux volontaires.
Il a prévenu que sans développement des capacités productives et un mouvement significatif vers la transformation structurelle, la mobilisation des ressources intérieures visée à la cible 17.1 restera marginale par rapport aux besoins des PMA et de nombreux autres pays en développement. Dans le même temps, il a noté que l’incapacité des pays développés à atteindre les objectifs d’aide publique au développement (APD) limitera considérablement la capacité des pays les plus pauvres à concevoir les capacités de production dont ils ont besoin. Enfin, il a rappelé que son Comité a invité à deux reprises l’ECOSOC à organiser un débat ouvert et inclusif sur ce qui doit changer dans le système multilatéral pour soutenir et le développement durable par la transformation structurelle.
Dialogue interactif
L’accès à l’éducation, la parité entre les genres, les capacités productives des pays en développement et la protection de l’environnement et des ressources maritimes en particulier ont été au cœur des préoccupations de la dizaine d’intervenants qui ont souligné l’importance de la synergie de mise en œuvre des ODD 4, 5, 14, 15 et 17 après la pandémie.
Afin de permettre un développement durable après le relèvement de la pandémie de COVID-19, la Bolivie a souligné que la situation exige des décisions plus rapides pour réduire les inégalités. Alors que 635 millions d’enfants ont vu leur éducation malmenée en raison des confinements, la délégation a notamment souhaité que l’accès à Internet devienne un droit.
S’inquiétant particulièrement des retards de mise en œuvre de l’ODD 4, le Portugal a souligné l’importance de la Conférence sur les océans qui se tiendra à Lisbonne fin juin, alors que le Qatar a dit sa volonté de promouvoir l’éducation des filles dans l’intérêt du développement durable. Après avoir déclaré que la question de la protection de l’environnement est une question majeure la Fédération Russie a jugé indispensable une mise en œuvre équilibrée des trois piliers du développement durable.
Notant que la pandémie a contribué à une recrudescence de la violence conjugale, la Grèce a expliqué avoir mis en place des programmes sans précédent en matière d’assistance aux femmes. Elle a aussi souligné l’importance de l’ODD-15 pour parvenir à une économie circulaire à faibles émissions de carbone et économe en ressources.
Panama a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale pour aider les pays les plus démunis à combler le fossé numérique afin de promouvoir à la fois l’éducation et la parité entre les genres. Mettant l’accent sur l’ODD 14, l’Afrique du Sud a expliqué qu’elle mise sur le potentiel de ses ressources maritimes pour éliminer la pauvreté d’ici à 2030 et redouble d’efforts pour débloquer le potentiel économique de sa zone économique exclusive (ZEE). La délégation a aussi cité des initiatives sans précédent en matière de conservation et de gestion durable des ressources halieutiques et de la diversité biologique en général.
Le Bangladesh a appelé la communauté internationale à mieux aider les pays en développement à diversifier leurs produits et services afin qu’ils puissent être plus complétifs sur les marché régionaux et mondiaux, des propos qui ont notamment été appuyés par le Président du Comité des politiques de développement qui s’est accordé sur la nécessité de développer les capacités de production des PMA. Le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes a estimé pour sa part que la mise en œuvre de l’ODD 4 imposait d’intégrer la prévention des risques dans les programmes scolaires.
Commentant ces interventions la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a cité l’insuffisance des politiques inclusives avant de regretter que les femmes n’occupent que 24% des postes dans les équipes spéciales de lutte contre la pandémie. Soulignant pour sa part le caractère contreproductif d’une mise en œuvre des ODD de manière cloisonnée, le Vice-président de l’ECOSOC a invité à se pencher sur des démarches qui permettront d’exploiter et stimuler les synergies entre les ODD 4, 5, 14, 15 et notamment 17 relatifs à la coopération.
Synthèse des discussions, voie à suivre et clôture du débat
M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a noté que cette réunion inaugurale du débat de l’ECOSOC consacré aux questions de coordination a réuni avec succès les organes subsidiaires du Conseil et les entités du système des Nations Unies pour se préparer aux travaux à venir, partager l’analyse des politiques et chercher conseil sur les domaines nécessitant leur plus grande attention ou une coordination renforcée. Le système de l’ECOSOC, a-t-il assuré, s’appuiera sur ces discussions lors de ses prochaines sessions pour faire des évaluations et des recommandations ciblées dans le but d’éclairer la déclaration ministérielle et accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.
M. Liu a indiqué que, en préparation de ce nouveau débat sur les questions de coordination, le Département des affaires économiques et sociales (DESA) a mené une enquête sur les politiques innovantes et les initiatives à fort impact menées par des entités du système des Nations Unies, liées au thème annuel. Plus de 60 initiatives de ce type ont été mises en évidence, dont plus de la moitié impliquent une collaboration interinstitutions, et toutes abordent les liens entre les ODD. Les commissions régionales ont également partagé leur travail impressionnant entrepris au niveau régional alors que les entités du système des Nations Unies ont mis en exergue d’importants outils disponibles pour aider les États Membres à reconstruire en mieux, guidés par le Programme 2030. M. Liu a annoncé que son Département mettra prochainement des informations détaillées à disposition en ligne sur ces initiatives, travaux analytiques et boîtes à outils. Il en a profité pour inviter à consulter les résultats de l’enquête sur le site Internet dédié à la base de données sur la mise en œuvre des ODD du système des Nations Unies.
Avec pour feuille de route le Programme 2030, le Chef du DESA a estimé que pour mieux reconstruire, il va falloir suivre des voies de croissance qui donnent la priorité à la création d’emplois et promeuvent une croissance durable sur le plan environnemental. Une reprise juste, équitable et durable qui ne laisse personne de côté nécessite des institutions de gouvernance efficaces, inclusives et responsables ainsi que des institutions publiques et des financements privés, a-t-il fait valoir. Le changement transformationnel nécessaire exigera que nous redoublions d’efforts pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, a encore précisé M. Liu.
Pour le Secrétaire général adjoint, si l’on réussissait à faire des progrès rapides vers les ODD dans les pays en situation particulière et dans les pays en conflit, ce serait une des grandes victoires de l’humanité. Mais, a-t-il remarqué, cela va dépendre de la volonté politique de construire et de maintenir la paix, la solidarité internationale, des ressources adéquates et le renforcement des capacités. Parmi les autres domaines qui requièrent une action urgente, il a cité les changements climatiques, la déforestation, la pollution et les déchets, et la perte de biodiversité.
M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande),Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC) et responsable du débat consacré aux questions de coordination, a procédé à une synthèse des débats des deux derniers jours. « Il sera important de tendre vers la convergence dans nos efforts pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, collectivement et de manière holistique », a-t-il dit, en soulignant le sentiment général que les inégalités et les lacunes qui existaient avant la pandémie ont été mises en évidence et accentuées par celle-ci. Le haut fonctionnaire s’est félicité des réponses novatrices et ambitieuses qui ont déjà été apportées, le relèvement post-COVID offrant l’opportunité d’une transition vers des sociétés plus équitables, durables et inclusives. Pour cela, a poursuivi M. Chindawongse, nous devons nous concentrer sur les pays et les personnes les plus vulnérables et les changements structurels à apporter à nos systèmes économiques, financiers et sociaux. L’équité en matière de vaccins reste une priorité absolue pour les membres de l’ECOSOC, a-t-il dit, tout comme les actions visant à garantir un accès équitable aux ressources financières dont les pays en développement ont besoin pour soutenir leur réponse et leur redressement. Sans une action proactive pour assurer l’équité dans ces domaines, nous nous embarquerons dans un monde de divergence et de privation croissantes, a prévenu le Vice-Président.
Des efforts supplémentaires doivent être déployés en faveur de la couverture sanitaire universelle, de la mise en place de systèmes de protection sociale et de systèmes alimentaires intégrés, durables et résilients, ainsi que du renforcement des capacités productives et budgétaires, du développement des infrastructures et de l’investissement dans les ODD pour une reprise résiliente, a encore relevé M. Chindawongse. En outre, les stratégies et les politiques de relèvement post-COVID doivent tenir compte de la dimension de genre afin de garantir que personne ne soit laissée pour compte et de favoriser l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation et la promotion des femmes. Par ailleurs, la relance doit faire la part belle aux actions de lutte contre les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution. Dans ce contexte, a-t-il recommandé, nous devons nous appuyer sur les résultats de la COP26 et œuvrer dans tous les secteurs -économiques, sociaux et environnementaux- pour faire en sorte que des avancées majeures soient réalisées lors de la COP27, sous la présidence de l’Égypte. Et pour faciliter ce processus, l’ECOSOC doit s’appuyer plus systématiquement sur l’expertise des institutions spécialisées de l’ONU et de ses commissions fonctionnelles pour fournir aux États Membres des données et des orientations politiques fondées sur des éléments concrets, a conclu le Vice-Président.