9221e séance - matin
CS/15141

Le Conseil de sécurité adopte une déclaration présidentielle sur la lutte contre le terrorisme et salue l’adoption récente de la Déclaration de Delhi

À l’issue d’une séance d’information sur le thème « Approche mondiale de la lutte contre le terrorisme – principes et voie à suivre », présidée par le Ministre indien des affaires étrangères, le Conseil de sécurité a adopté ce matin une déclaration présidentielle par laquelle il exprime sa profonde préoccupation quant au fait que les groupes terroristes continuent de s’employer à déstabiliser les gouvernements. 

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le fait que la menace du terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, s’est intensifiée et est devenue plus diffuse, dans diverses régions du monde, en raison de l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes, et se félicite à cet égard de l’adoption, le 29 octobre dernier, de la « Déclaration de Delhi sur la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes » par le Comité contre le terrorisme.  Le Conseil demande à ce dernier d’envisager d’élaborer, avec l’appui de sa Direction exécutive, dans un délai raisonnable, un ensemble de principes directeurs non contraignants, comme le prévoit la déclaration. 

Le Conseil exhorte les États Membres à participer activement à la tenue et à la mise à jour de la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida en fournissant toutes informations supplémentaires utiles concernant les inscriptions actuelles, en présentant des demandes de radiation s’il y a lieu, et en identifiant et en désignant pour inscription sur cette liste d’autres personnes, groupes, entreprises et entités.  Il demande également à tous les États Membres d’appliquer les normes internationales détaillées relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération établies par le Groupe d’action financière (GAFI). 

Le Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, le Directeur exécutif par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, M. Chen Weixiong, et Mme Anjali Vijay Kulthe, une infirmière victime des attentats de Mumbai en 2008, sont venus apporter leur éclairage sur cette question. 

Tour à tour, les deux hauts responsables de l’ONU ont appelé à ne pas baisser la garde dans la lutte contre le terrorisme, car même si des pertes importantes ont été infligées au leadership d’Al-Qaida et de Daech, et que, comme l’a souligné la Norvège, les décès dus au terrorisme dans le monde sont inférieurs de près de 60% à leur pic de 2014, le terrorisme en général est devenu plus présent et plus répandu géographiquement.  Loin de leurs théâtres d’opération traditionnels, de nouveaux champs de bataille ont émergé au Sahel, en Afrique centrale, de l’Ouest, de l’Est et du Sud, et dans certaines régions asiatiques, ont-ils expliqué.  En Afghanistan, la menace continue de groupes terroristes reste une grave menace et « l’on ne peut que s’inquiéter du fait que les autorités de facto n’ont pas coupé leurs liens avec ces groupes », a souligné M. Voronkov. 

La lutte contre le terrorisme doit aujourd’hui s’inscrire dans une approche complète et globale, qui s’attaque à ses causes profondes, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ont préconisé M. Voronkov et M. Chen.  « Nous savons que les communautés touchées par les conflits, la pauvreté, les inégalités, la mauvaise gouvernance et les violations des droits humains sont plus vulnérables à la radicalisation et au recrutement », a abondé le Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, M. Simon Coveney. 

Le Chef de la diplomatie indienne, M. Subrahmanyam Jaishankar, a identifié quatre défis auxquels est confrontée l’architecture antiterroriste: le financement du terrorisme; l’intégrité et la responsabilité des mécanismes multilatéraux de lutte et leurs méthodes de travail; la pratique du deux poids, deux mesures; et le détournement des technologies nouvelles et émergentes. 

S’il faut examiner les causes sous-jacentes de l’extrémisme, il faut cependant se garder d’associer le terrorisme à l’Islam, a mis en garde la Ministre de la culture et de la jeunesse des Émirats arabes unis, Mme Noura Bint Mohammed Al Kaabi, en recommandant la promotion du dialogue interreligieux. 

La Sous-secrétaire d’État pour les affaires politiques des États-Unis, Mme Victoria Nuland, a regretté que seulement un individu et une entité aient été inscrits sur la liste des sanctions cette année, malgré d’autres propositions.  Elle a dénoncé un « obstructionnisme politique » qui sape le mandat du Conseil qui est de prévenir les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser des civils entre les griffes d’acteurs qui ne répondent pas à leurs besoins et les dépouillent de tous leurs biens, voire de leur vie ».  Face aux nouvelles méthodes de radicalisation, les régimes de sanctions doivent être efficacement utilisés pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes et de se financer, a appuyé le Ministre d’État au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni et Représentant spécial du Premier Ministre pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, M. Tariq Ahmad De Wimbledon. 

« Mon pays a toujours appelé à l’application du régime de sanctions contre les Chabab mais certains membres sont réticents même s’ils sanctionnent ce groupe de manière unilatérale », a constaté le Secrétaire principal des affaires étrangères du Kenya, M. Korir Sing’Oei.  Il a souligné que certains groupes terroristes rançonnent et déstabilisent des gouvernements en Afrique, exploitant notamment les tensions intercommunautaires.  Malgré l’absence persistante d’une définition du terrorisme, la communauté internationale ne peut se permettre d’être désunie dans ses actions pour contrer la menace posée par les groupes terroristes, a conclu le Directeur adjoint par intérim au Ministère des affaires étrangères du Ghana, M. Ramses Cleland. 

En début de séance, une minute de silence a été observée pour rendre hommage à l’ensemble des victimes du terrorisme et au Casque bleu irlandais qui a perdu la vie au Liban, hier, dans le cadre des activités de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Texte de la déclaration présidentielle S/PRST/2022/7

Le Conseil de sécurité réaffirme que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tout acte de terrorisme est criminel et injustifiable, quels qu’en soient les motivations, le moment, le lieu et les auteurs, et demeure résolu à contribuer encore à améliorer l’efficacité de l’action d’ensemble menée contre ce fléau à l’échelle mondiale. 

Le Conseil condamne dans les termes les plus forts le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, et tous les actes terroristes, y compris ceux qui sont fondés sur la xénophobie, le racisme ou d’autres formes d’intolérance ou commis au nom d’une religion ou d’une croyance, et réaffirme que le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation ni à aucun groupe. 

Le Conseil condamne fermement les attaques perpétrées par des terroristes ou des groupes terroristes contre des civils, des infrastructures essentielles et des cibles molles, y compris les attaques transnationales et transfrontières, exige qu’elles cessent immédiatement et demande à tous les États Membres de mobiliser la volonté politique nécessaire pour dénoncer tous les actes de terrorisme. 

Le Conseil exprime sa profonde préoccupation quant au fait que les groupes terroristes continuent de s’employer à déstabiliser les gouvernements. 

Le Conseil exprime ses condoléances aux familles des victimes du terrorisme, déplore vivement les souffrances que le terrorisme cause aux victimes et à leurs familles, exprime son soutien aux rescapés et aux victimes de violences commises par des groupes terroristes, y compris les violences sexuelles et sexistes, insiste sur la nécessité de promouvoir et de protéger les droits des victimes du terrorisme, en particulier les femmes et les enfants, et réaffirme sa profonde solidarité avec les victimes du terrorisme et les pays qui ont subi des attaques terroristes. 

Le Conseil souligne que les actes de terrorisme peuvent compromettre gravement la jouissance des droits humains, menacent le développement social et économique de tous les États et portent atteinte à la stabilité et à la prospérité mondiales, et fait valoir que la menace du terrorisme persiste, touche un nombre croissant d’États Membres dans la plupart des régions, risque d’exacerber les conflits dans les régions touchées et contribue à affaiblir les États touchés, tout spécialement sur les plans de la sécurité, de la stabilité, de la gouvernance et du développement social et économique. 

Le Conseil réaffirme que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure de lutte contre le terrorisme soit conforme aux obligations que leur impose le droit international, en particulier, la Charte des Nations Unies, le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, souligne que des mesures efficaces de lutte contre le terrorisme et le respect des droits humains, des libertés fondamentales et de l’état de droit sont complémentaires et se renforcent mutuellement, et sont essentiels au succès d’une action antiterroriste, relève qu’il importe de respecter l’état de droit pour prévenir et combattre efficacement le terrorisme, et note par ailleurs que le non-respect de ces obligations et d’autres obligations internationales, notamment celles énoncées dans la Charte des Nations Unies, est l’un des facteurs qui contribuent à la radicalisation menant à la violence et favorise un sentiment d’impunité. 

Le Conseil souligne qu’il importe de mobiliser l’ensemble des pouvoirs publics et de la société, reconnaît l’importance de la coopération avec toutes les parties prenantes, telles que la société civile, y compris les organisations locales de la société civile et les organisations de proximité, le secteur privé, les milieux universitaires, les groupes de réflexion, les médias, les jeunes, les femmes, les personnalités du monde de la culture, les responsables de l’éducation et les chefs religieux dans les efforts visant à sensibiliser l’opinion aux menaces du terrorisme et à les contrer efficacement et, à cet égard, demande instamment aux États Membres de poursuivre leurs efforts pour assurer le leadership et la participation active, égale et réelle des femmes et l’inclusion des jeunes dans toutes les approches et stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme. 

Le Conseil note avec préoccupation que les groupes terroristes élaborent des discours mensongers fondés sur une interprétation erronée et une présentation déformée de la religion pour justifier la violence, et qu’ils cherchent en outre à utiliser des noms, la religion ou des symboles religieux, en vue de manipuler les adeptes et à des fins de propagande ou de recrutement. 

À cet égard, le Conseil de sécurité reconnaît qu’il importe d’établir des contacts avec des entités ayant des compétences et une expérience en matière d’élaboration de contre-discours et de promotion de la tolérance et de la coexistence, y compris des acteurs religieux, afin de contrer la propagande et les discours terroristes. 

Le Conseil rappelle à tous les États qu’ils sont tenus de réprimer les activités terroristes de toute personne, tout groupe, toute entreprise et toute entité inscrit(e) sur la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida établie en application des résolutions 1267 (1999), 1989 (2011), et 2253 (2015), quel qu’en soit l’État de nationalité ou de résidence. 

Le Conseil exhorte les États Membres à participer activement à la tenue et à la mise à jour de la Liste relative aux sanctions contre l’EIIL (Daech) et Al-Qaida en fournissant toutes informations supplémentaires utiles concernant les inscriptions actuelles, en présentant des demandes de radiation s’il y a lieu, et en identifiant et en désignant pour inscription sur cette liste d’autres personnes, groupes, entreprises et entités, tout en veillant à ce que les propositions d’inscription et de radiation de personnes et d’entités visées par des sanctions imposées par le Conseil de sécurité soient fondées sur des éléments de preuve. 

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par le fait que des combattants terroristes étrangers qui ont rejoint des entités telles que l’EIIL/Daech, Al-Qaida, le Front el-Nosra ou d’autres cellules, groupes affiliés, groupes dissidents ou émanations de l’EIIL/Daech ou d’Al-Qaida pourraient chercher à retourner dans leur pays d’origine ou de nationalité, ou à se réinstaller dans des pays tiers, rappelle que tous les États doivent, conformément à leurs obligations internationales pertinentes, y compris au titre du droit international des droits de l’homme, prendre des mesures spécifiques pour faire face à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, souligne la nécessité urgente d’appliquer immédiatement et intégralement les résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017), en particulier leurs dispositions sur l’élaboration de stratégies globales et adaptées concernant les poursuites, la réadaptation et la réinsertion, et fait valoir qu’il importe de prêter assistance aux femmes et aux enfants associés aux combattants terroristes étrangers, qui peuvent être victimes du terrorisme. 

Le Conseil note avec une vive inquiétude que les terroristes et les groupes terroristes lèvent et transfèrent des fonds par divers moyens, qui incluent, sans s’y limiter, l’utilisation à des fins illégales d’entreprises commerciales et d’organisations à but non lucratif légitimes, le recours à des passeurs de fonds, l’utilisation de nouvelles méthodes de paiement, l’exploitation de ressources naturelles et le produit d’activités criminelles, y compris les enlèvements contre rançon, l’extorsion, la traite d’êtres humains, le commerce illicite et le trafic de biens culturels, de drogues et d’armes légères et de petit calibre, et réaffirme que les États Membres ont des obligations, notamment celles énoncées dans ses résolutions 1373 (2001) et 2462 (2019), pour ce qui est de prévenir et réprimer le financement des actes de terrorisme et de s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme. 

Le Conseil demande à tous les États Membres d’appliquer les normes internationales détaillées relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la prolifération établies par le Groupe d’action financière (GAFI) et encourage ce dernier à continuer de s’employer à donner la priorité à la lutte contre le financement du terrorisme, en particulier pour recenser à des fins de collaboration les États Membres dont la stratégie de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme présente des lacunes, afin de lutter efficacement contre le financement du terrorisme, notamment des actes de terrorisme commis par l’EIIL/Daech, Al-Qaida et les personnes, groupes, entités ou entreprises qui leur sont associés. 

Le Conseil réitère que les États Membres ont l’obligation d’empêcher les mouvements de terroristes ou de groupes terroristes, notamment en procédant à des contrôles efficaces aux frontières et, dans ce contexte, les exhorte à échanger rapidement l’information et à resserrer la coopération entre autorités compétentes afin d’empêcher les mouvements de terroristes et de groupes terroristes vers ou depuis leurs territoires, la fourniture d’armes à des terroristes et les activités de financement en faveur de terroristes et de groupes terroristes, souligne que les sanctuaires offerts aux terroristes restent un motif de préoccupation majeur et exhorte les États Membres à coopérer sans réserve à la lutte contre le terrorisme, en particulier avec les États dans lesquels des actes terroristes sont perpétrés ou dont les citoyens sont visés par de tels actes, de façon à identifier, priver de sanctuaire, traduire en justice, juger ou extrader toute personne qui appuie ou facilite le financement, la planification, la préparation ou la commission d’actes de terrorisme, y participe ou tente d’y participer, ou offre un sanctuaire. 

Le Conseil réaffirme sa résolution 2664 (2022) et prie instamment les États Membres, lorsqu’ils élaborent et appliquent des mesures visant à lutter contre le financement du terrorisme, de tenir compte de l’effet qu’elles pourraient avoir sur les activités exclusivement humanitaires, y compris médicales, qui sont menées par des acteurs humanitaires impartiaux de manière conforme au droit international humanitaire. 

Le Conseil reconnaît que, dans certains contextes et dans certaines régions, les terroristes peuvent tirer profit d’activités relevant de la criminalité organisée, qu’elle soit nationale ou transnationale, notamment du trafic d’armes, de drogue et d’objets et de biens culturels, de la traite des personnes, du commerce illicite de ressources naturelles, dont l’or et d’autres métaux précieux, les pierres précieuses, les minéraux, le charbon de bois et le pétrole, du trafic d’espèces sauvages et d’autres activités criminelles qui nuisent à l’environnement, ainsi que de l’utilisation à des fins illicites d’entreprises commerciales légitimes, d’organisations non gouvernementales, de donations, de financements participatifs et du produit d’activités criminelles, y compris mais sans s’y limiter les enlèvements contre rançon, l’extorsion de fonds et le cambriolage de banques, ou encore la criminalité transnationale organisée en mer, demande aux États Membres d’enquêter sur les réseaux criminels organisés impliqués dans ces activités, de les désorganiser et de les démanteler et les encourage à promouvoir et renforcer la coopération aux frontières et la coordination régionale et sous-régionale, selon qu’il conviendra. 

Le Conseil demande aux États Membres de s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu des conventions et protocoles internationaux pertinents en matière de lutte contre le terrorisme auxquels ils sont parties. 

Le Conseil souligne qu’il faut s’attaquer aux facteurs de propagation du terrorisme, tels qu’ils sont énoncés dans le pilier I de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et estime qu’une approche globale visant à mettre en échec le terrorisme exige de mener une action multilatérale aux échelles nationale, régionale et sous-régionale. 

Le Conseil note avec préoccupation l’utilisation croissante d’Internet et d’autres technologies de l’information et de la communication, notamment les médias sociaux, les actifs virtuels, les nouveaux instruments financiers à des fins terroristes, et l’essor de l’utilisation à mauvais escient, à l’échelle mondiale, de systèmes de drones aériens par des terroristes pour perpétrer des attaques contre des infrastructures commerciales et gouvernementales d’accès restreint et des espaces publics ou y mener des incursions, et a conscience qu’il faut renforcer la coopération dans la lutte contre l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes. 

Le Conseil condamne fermement le flux d’armes, d’équipements militaires, de systèmes de drones aériens et de leurs composants, ainsi que de composants d’engins explosifs improvisés destinés à Daech, à Al-Qaida, à leurs affiliés et aux personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, et à d’autres groupes terroristes, ainsi qu’à des groupes armés illégaux et des criminels, et entre ces entités, et encourage les États Membres à entraver et démanteler les réseaux d’achat de ces armes, systèmes, systèmes de drones aériens et composants destinés à Daech, à Al‑Qaida, à leurs affiliés, aux personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés et à d’autres groupes terroristes. 

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le fait que la menace du terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, s’est intensifiée et est devenue plus diffuse, dans diverses régions du monde, en raison de l’utilisation de technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes, tout en sachant que les innovations technologiques peuvent aussi offrir d’importants moyens de lutte contre le terrorisme, se félicite à cet égard de l’adoption de la « Déclaration de Delhi sur la lutte contre l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes » par le Comité contre le terrorisme, et demande à ce dernier d’envisager d’élaborer, avec l’appui de sa Direction exécutive, dans un délai raisonnable, un ensemble de principes directeurs non contraignants, comme le prévoit la Déclaration. 

Le Conseil a conscience que les programmes, l’assistance technique et le renforcement des capacités offerts par les entités du Pacte mondial des Nations Unies de coordination contre le terrorisme, y compris le Bureau de lutte contre le terrorisme, doivent être convenablement financés pour pouvoir appuyer efficacement les efforts des États Membres, en particulier les pays en développement, en matière de lutte contre le terrorisme, et encourage les États Membres à verser des contributions volontaires à cet égard. 

Déclarations liminaires

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme, a déclaré que la menace terroriste nécessite une nouvelle approche collective comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général « Notre Programme commun ».  Il s’agit de contrer les risques et menaces convergents qui englobent le terrorisme, les changements climatiques, la pauvreté et les inégalités, le cyberespace non réglementé, la relève postpandémie et les conflits.  L’ampleur et la complexité des menaces actuelles à la paix et à la sécurité internationales n’exigent rien de moins.  Et à cet égard, M. Voronkov a réitéré l’appel du Secrétaire général au renforcement du multilatéralisme.  « Ce n’est pas une option.  C’est une nécessité », a-t-il martelé. 

Bien que Al-Qaida et Daech aient perdu leurs chefs, le terrorisme en général est devenu plus présent et plus répandu géographiquement, affectant la vie de millions de personnes dans le monde, en particulier en Afrique de l’Ouest et au Sahel où différents groupes terroristes s’efforcent d’étendre leur théâtre d’opération, a mis en garde M. Voronkov.  Ces dernières années, des groupes terroristes comme Daech, Al-Qaida et leurs affiliés ont continué d’exploiter l’instabilité, la fragilité et les conflits pour faire avancer leurs programmes.  Les activités de ces groupes ont également contribué à la détérioration de la situation sécuritaire dans d’autres parties du continent, en particulier en Afrique centrale et australe.  En Afghanistan la menace continue de groupes terroristes reste une grave menace et « l’on ne peut que s’inquiéter du fait que les autorités de facto n’ont pas coupé leurs liens avec ces groupes », a souligné M. Voronkov. 

Les groupes terroristes poursuivent diverses stratégies, s’adaptant souvent de manière opportuniste.  Ils le font en partie en recourant à des méthodes de financement illicites et à d’autres activités criminelles, ce qui pose des défis difficiles pour les réponses coordonnées des États Membres, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  D’autres se sont transformés ou se sont greffés sur des insurrections qui occupent des territoires et « prétendent assumer des responsabilités étatiques ». 

M. Voronkov s’est dit alarmé par la façon dont ces groupes abusent des développements technologiques pour faire avancer leurs programmes.  Cela inclut l’utilisation de jeux vidéo en ligne et de plateformes pour former et recruter des membres, faire de la propagande, communiquer et même s’entraîner à des actes terroristes.  Saluant dans ce contexte l’adoption par consensus de la Déclaration de Delhi lors de la réunion spéciale du Comité contre le terrorisme, organisée par l’Inde en octobre dernier, M. Voronkov a assuré que son Bureau continuera de travailler en étroite collaboration avec d’autres entités des Nations Unies pour veiller à ce que l’utilisation abusive des technologies nouvelles et émergentes par les terroristes soit traitée comme une priorité transversale. 

Le Secrétaire général adjoint a ensuite présenté un ensemble de principes qui devraient guider l’action collective en matière de terrorisme, à commencer par l’action préventive.  Notre approche ne peut pas se baser uniquement sur les forces de sécurité pour répondre à des actes terroristes imminents ou réels sans s’attaquer également aux conditions qui conduisent à des actes terroristes, a-t-il indiqué.  Il faut lutter en amont contre les facteurs de marginalisation, d’injustice et d’inégalité et l’absence de perspectives, et consolider le contrat social entre les citoyens et leur gouvernement.  S’attaquer aux conditions complexes qui alimentent le terrorisme nécessite des réponses multiformes et intégrées.  Les approches doivent être communautaires, sensibles aux conflits et au genre, a souligné M. Voronkov.  L’engagement d’une multitude de parties prenantes est indispensable pour concevoir de telles stratégies, a-t-il dit, citant les organisations de la société civile, les chefs religieux, les groupes de jeunes et de femmes et le secteur privé, mais aussi les victimes et les survivants d’actes terroristes.  Il a également plaidé pour que les droits humains soient au cœur de ces approches de lutte contre le terrorisme.  En dernier lieu, M. Voronkov a estimé que les dispositions et arrangements régionaux doivent être mis à profit dans la mesure où la menace terroriste est transnationale.  C’est la raison pour laquelle son Bureau est en train d’organiser un sommet sur ce sujet en Afrique, en collaboration avec le Nigéria. 

M. WEIXIONG CHEN, Directeur exécutif par intérim de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, a constaté que le paysage terroriste ne cesse d’évoluer, avec des groupes comme Daech, Al-Qaida et leurs affiliés qui recalibrent leurs stratégies et méthodes opérationnelles.  À mesure qu’ils se localisent et se décentralisent, la menace n’en devient que plus diffuse et diverse.  Loin de leurs théâtres d’opération traditionnels, de nouveaux champs de bataille ont émergé au Sahel, en Afrique centrale, de l’Ouest, de l’Est et du Sud, et dans certaines régions asiatiques, a expliqué M. Chen.  Parallèlement, Daech continue d’essayer de se regrouper dans son centre géographique traditionnel.  On assiste également à des menaces accrues de terrorisme fondé sur la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance. 

Plus transnationaux aujourd’hui, les groupes terroristes ont forgé des liens à travers les frontières et édifié des réseaux solides, grâce à l’exploitation des plateformes virtuelles où ils échangent leurs vues, radicalisent d’autres personnes, recrutent et s’appuient financièrement et au niveau opérationnel, a averti M. Chen.  Dans ce contexte, les acteurs de la justice pénale ont un rôle déterminant à jouer pour faire face à ces menaces.  

D’autre part, les terroristes continuent d’exploiter les plateformes numériques, notamment celles des jeux vidéo, à recruter, à radicaliser et à lever des fonds, à planifier et coordonnent leurs opérations et à diffuser leur propagande, a encore indiqué le Directeur exécutif par intérim.  M. Chen a rappelé que le Comité contre le terrorisme avait organisé, les 28 et 29 octobre dernier, en Inde, une réunion spéciale sur les moyens de contrer l’utilisation des technologies nouvelles et émergentes à des fins terroristes. 

La Direction exécutive contre le terrorisme a pu pleinement appuyer cette réunion à laquelle ont pris part une large gamme de participants: États Membres, agences onusiennes, organisations régionales et internationales et de la société civile, secteur privé et membres du réseau mondial de recherche de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.  Cette réunion spéciale s’était concentrée sur trois domaines clefs: Internet, y compris les plateformes des médias sociaux et autres espaces en ligne; lutte contre le financement du terrorisme et utilisation à mauvais escient des technologies numériques; et utilisation à mauvais escient des engins aériens autoguidés.  La réunion a également été l’occasion de discuter de l’initiative Unité d’action des Nations Unies sur les droits humains, le rôle de la société civile, et l’hommage aux victimes du terrorisme. 

Mme ANJALI VIJAY KULTHE, infirmière et rescapée des attaques terroristes du 26 novembre 2008 de Mumbai, en Inde, a indiqué qu’elle est infirmière à l’hôpital Cama et Albless de Mumbai, qui soigne uniquement des femmes et des enfants.  Elle a souhaité témoigner et se faire la voix des victimes et de leur douleur en racontant cette nuit, où elle travaillait dans le service de soin prénatal.  « J’avais en charge 20 femmes enceintes cette nuit-là ».  Les premiers coups de feu ont retenti vers 22 h 30 et nous avons vu deux personnes armées pénétrer dans l’hôpital, a poursuivi Mme Kulthe.  « L’une d’entre elles a visé notre fenêtre ».  Malgré son immense effroi, Mme Kulthe a expliqué qu’elle voulait avant tout protéger ses patientes des terroristes, avant de confier sa peur que le stress ne provoque des accouchements.  « Ce qui s’est produit pour une patiente, que j’ai accompagnée jusqu’à l’aile réservée aux accouchements.  Nous avons dû monter un escalier sous un feu nourri et les explosions de grenades ».  Elle a précisé qu’un bébé en bonne santé est par la suite né.  « Nous avons passé la nuit dans l’obscurité complète et nous n’avons ouvert la porte à la police qu’au petit matin ». 

Si ce récit la fait toujours frissonner, Mme Kulthe a confié sa joie d’avoir été capable, cette nuit-là, de sauver 20 femmes et leur enfant à naître, « tandis que les terroristes tuaient des êtres humains comme des insectes ».  Enfin, elle a indiqué avoir rencontré en prison le seul terroriste survivant des attaques, Ajmal Kasab, en précisant qu’il n’avait exprimé aucun remords ni aucune honte.  « Nous, victimes, attendons toujours que justice soit rendue, par ce que ceux qui ont parrainé ces lâches attaques sont toujours libres », a conclu Mme Kulthe, en demandant à ce Conseil d’y remédier. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a déclaré que son pays a fait face aux horreurs du terrorisme transfrontalier bien avant que le monde n’en prenne sérieusement note.  Au fil des décennies, les vies de milliers de civils innocents ont été perdues, mais l’Inde a combattu résolument le terrorisme, courageusement, et avec une approche zéro.  La séance d’aujourd’hui, a-t-il poursuivi, s’inscrit dans le cadre des efforts continus de son pays pour redynamiser le programme de lutte contre le terrorisme, face à l’expansion d’Al—Qaida, de Daech, de Boko Haram et des Chabab et de leurs affiliés.  Selon le Ministre, l’architecture antiterroriste est actuellement confrontée à quatre défis: le financement du terrorisme; l’intégrité et la responsabilité des mécanismes multilatéraux de lutte et leurs méthodes de travail; la pratique du deux poids, deux mesures; et enfin le détournement des technologies nouvelles et émergentes. 

M. Jaishankar a expliqué que les modalités opérationnelles des organisations terroristes sont clairement identifiées, de même que les protections dont elles bénéficient, facilitant l’attribution des responsabilités.  Dès lors, les méthodes de travail des mécanismes de lutte antiterroriste du Conseil soulèvent des préoccupations légitimes lorsque des preuves sont écartées sans raison pertinente.  On assiste par ailleurs, dans un double discours, à des tentatives de faire passer le terrorisme pour un instrument et un stratagème parmi d’autres, oubliant la dangerosité d’une telle approche.  Le Chef de la diplomatie indienne a donc estimé qu’il faut envisager une approche globale, contemporaine et axée sur les résultats pour répondre à cet ensemble de défis.  Comme aucun État ne peut relever seul ces défis, aucun État ne devrait non plus tirer un profit politique du terrorisme ni jamais accepter de tels calculs.  Lorsqu’il s’agit de lutter contre ce fléau, nous devons surmonter nos divergences politiques et prioriser une approche de tolérance zéro, a-t-il dit. 

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a exprimé sa tristesse après le décès d’un Casque bleu irlandais et le fait que trois autres Casques bleus aient été blessés au Liban, hier, dans le cadre des activités de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Il s’est inquiété de l’évolution et de la propagation de la menace terroriste ces deux dernières années, au Sahel, en Afghanistan, avec la mise à l’abri d’Al-Qaida et d’autres groupes terroristes sous le régime taliban, et en Iraq et en Syrie.  Notant que le moyen le plus efficace de contrer le terrorisme est de le prévenir, M. Coveney a appelé à s’attaquer aux moteurs complexes et variés du terrorisme mondial.  « Nous savons que les communautés touchées par les conflits, la pauvreté, les inégalités, la mauvaise gouvernance et les violations des droits humains sont plus vulnérables à la radicalisation et au recrutement ».  Pour le Ministre, le respect des droits humains et l’état de droit sont essentiels pour prévenir la croissance du radicalisme et de l’extrémisme et offrir une réponse antiterroriste efficace. 

Par ailleurs, le Ministre a regretté que trop souvent, les mesures adoptées par les États pour lutter contre le terrorisme sont utilisées à mauvais escient pour réprimer les droits humains et des libertés.  L’Irlande a organisé en octobre dernier, en collaboration avec la Rapporteuse spéciale des Nations Unies Mme Fionnuala Ní Aoláin, une réflexion à ce sujet.  Il faut éviter de favoriser la radicalisation et de renforcer les récits terroristes.  M. Coveney a aussi appelé à « répondre aux appels des partenaires africains qui ne cessent de souligner combien les changements climatiques peuvent aggraver les causes profondes du terrorisme ».  Notant que la plupart des États Membres de l’ONU, y compris la grande majorité de ce Conseil, reconnaissent le lien évident entre les changements climatiques et l’instabilité, le Ministre a jugé urgent que le Conseil agisse en ce sens – et agisse rapidement.  En outre, a-t-il estimé, il est indispensable que les sanctions soient ciblées et efficaces pour qu’elles n’aient pas d’impact négatif sur l’acheminement de l’aide humanitaire.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’accord obtenu vendredi dernier sur la résolution 2664 (2022) qui prévoit des exemptions humanitaires dans tous les régimes de sanctions de l’ONU.  Cette résolution contribuera à garantir que l’aide parvienne à toutes les populations à risque, en particulier dans les zones où les terroristes sont actifs. 

Mme NOURA BINT MOHAMMED AL KAABI, Ministre de la culture et de la jeunesse des Émirats arabes unis, a rappelé que, ces 20 dernières années, l’ONU a adopté un certain nombre de mesures et politiques antiterroristes, comme la résolution 1373 (2001) du Conseil.  Mais force est de constater que cette menace s’accroît et s’accompagne d’une sophistication accrue à tous les égards, tirant profit de l’absence d’institutions étatiques dans nombre de pays à travers le monde.  La Ministre a donc appelé la communauté internationale à la vigilance pour identifier les lacunes qu’exploitent les terroristes.  Étant donnée la nature transfrontière du phénomène terroriste, il convient de prendre des mesures multiples, y compris en mobilisant les Comités des sanctions du Conseil de sécurité.  Mme Al Kaabi a jugé que la Déclaration de Delhi constitue une étape importante pour soutenir les gouvernements contre ce fléau, tant à l’échelle mondiale que régionale et sous-régionale.  S’il faut examiner les causes sous-jacentes de l’extrémisme, il faut cependant se garder d’associer le terrorisme à l’Islam, a-t-elle mis en garde.  Aussi, a-t-elle recommandé la promotion du dialogue interreligieux, comme l’a illustré la rencontre du pape François I avec le Conseil des sages musulmans, avant de saluer la proclamation du 4 février comme Journée internationale de la fraternité humaine.  La Ministre émirienne a aussi placé son espoir dans le Sommet contre le terrorisme prévu en 2023 à New Delhi. 

Mme VICTORIA NULAND, Sous-secrétaire d’État pour les affaires politiques des États-Unis, a estimé qu’il faut faire face de front, ensemble, à la menace omniprésente du terrorisme, et à l’idéologie perverse qui se répand en ligne, alimentée par la haine, le racisme, l’antisémitisme et toute forme d’intolérance.  Les États-Unis travaillent avec leurs partenaires pour améliorer le partage d’informations et de renseignements et pour tarir les sources de financement des terroristes.  Par exemple, les États-Unis appuient des programmes de mentorat en Indonésie pour aider les forces de l’ordre à mener des enquêtes sur des actes de terrorisme.  Au Kenya, ils travaillent avec les forces de sécurité pour améliorer la détection et la prévention, ainsi que pour veiller à la reddition de comptes.  Il ne faut pour autant pas oublier le combat contre Al-Qaida et Daech, a poursuivi Mme Nuland.  Le Conseil de sécurité peut faire davantage en ce qui concerne la liste relative aux sanctions du Comité contre le terrorisme en y inscrivant tous les affiliés à Al-Qaida et à Daech, tous leurs partisans et tous ceux qui les aident, pour qu’ils soient frappés par un gel des avoirs et des interdictions de voyager.  « Malheureusement, seul un individu et une entité ont été inscrits sur la liste des sanctions cette année, malgré d’autres propositions ».  Mme Nuland a dénoncé un « obstructionnisme politique » qui sape le mandat du Conseil qui est de prévenir les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité.  « Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser des civils entre les griffes d’acteurs qui ne répondent pas à leurs besoins et en général les dépouillent de tous leurs biens, voire de leur vie ». 

Mme Nuland s’est inquiétée aussi que certains États Membres du Conseil s’efforcent de saper les progrès réalisés en matière de genre, de société civile, de droits humains, soulignant que la lutte antiterroriste doit aussi s’inscrire dans une démarche pansociétale et pangouvernementale, ce qui est la clef pour briser le cycle de la violence terroriste.  Il faut veiller à ce que toutes les femmes et les filles aient accès en toute sécurité à l’éducation, aux services de soins et à des perspectives économiques, a-t-elle précisé.  La Sous-Secrétaire d’État a aussi fait part de la préoccupation des États-Unis au sujet de la situation « intenable » dans les centres de détention en Syrie, où réside le groupe terroriste le plus répandu dans le monde, ainsi que dans les camps de déplacés dans le nord-est du pays.  Elle a ainsi encouragé les États à rapatrier leurs ressortissants et à les inscrire dans un processus de réintégration et de sanction.  Quant aux conséquences de la guerre brutale menée par la Russie contre l’Ukraine, elles ne laissent pas de place à l’échec sur le front de la lutte antiterroriste, a-t-elle conclu. 

M. TARIQ AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre d’État au Bureau des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni et Représentant spécial du Premier Ministre pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, a affirmé que le Royaume-Uni reste déterminé à contrer la menace mondiale persistante du terrorisme, qui évolue et se complexifie, et exige une réponse collective et globale.  Face aux nouvelles méthodes de radicalisation, les régimes de sanctions doivent être efficacement utilisés pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes et de se financer.  Il faut en outre adapter et faire évoluer les efforts de lutte pour empêcher l’instrumentalisation des technologies émergentes et des communautés vulnérables, a préconisé le Ministre d’État. 

La lutte contre le terrorisme doit toutefois se faire selon lui dans le respect de trois principes importants: premièrement, les États Membres devraient lutter contre les moteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent en utilisant une approche « globale de la société ».  Le Royaume-Uni travaille avec ses partenaires pour comprendre comment l’ONU peut mieux intégrer les perspectives de la société civile dans son travail, a expliqué le représentant.  Ensuite, M. de Wimbledon a estimé que les politiques et programmes de lutte antiterroriste doivent englober la dynamique sexospécifique du terrorisme, alors qu’il est notoire que terroristes et extrémistes violents sont les auteurs de violences sexuelles.  Il y a deux semaines, le Royaume-Uni a accueilli la conférence sur la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, a-t-il rappelé, afin de renforcer la réponse internationale.  Il a donc exhorté les États Membres à veiller à ce que les femmes soient impliquées dans –et dirigent– les travaux visant à élaborer des stratégies de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme.  Elle a rappelé à ses homologues du Conseil de sécurité l’obligation qui leur incombe, en vertu du droit international, de protéger et de promouvoir les droits humains.  Les États Membres doivent agir dans les limites du droit international lorsqu’ils luttent contre le terrorisme, a-t-il insisté, sous peine de compromettre « les droits et libertés mêmes que l’ONU a été créée pour promouvoir ».  Ces principes doivent être le point d’ancrage des efforts collectifs dans ce domaine, a conclu le délégué. 

M. KORIR SING’OEI, Secrétaire principal des affaires étrangères du Kenya, a déclaré que certains groupes terroristes rançonnent et déstabilisent des gouvernements en Afrique, exploitant notamment les tensions intercommunautaires.  Il a détaillé la stratégie antiterroriste de son pays, à l’application de laquelle la société civile est étroitement associée.  La lutte antiterroriste ne doit pas laisser d’espace aux terroristes et leur apporter une quelconque légitimité, a déclaré le Secrétaire, en insistant sur la dimension culturelle et sociale de ladite lutte.  Aucune voie vers le pouvoir ne doit exister pour les groupes qui choisiraient la violence.  Il a demandé la pleine application des mesures antiterroristes du Conseil.  « Mon pays a toujours appelé à l’application du régime de sanctions contre les Chabab mais certains membres sont réticents même s’ils sanctionnent ce groupe de manière unilatérale », a-t-il dit.  M. Sing’Oei s’est félicité de la création la semaine dernière d’une exemption humanitaire à l’application des régimes de sanctions du Conseil.  « La pratique opaque et incohérente de ce Conseil en ce qui concerne le classement des terroristes doit cesser », a-t-il appuyé, en rejoignant la position de l’Inde.  Enfin, il a appelé à des partenariats numériques pour lutter contre la menace terroriste sur Internet. 

M. RAMSES CLELAND, Directeur adjoint par intérim au Ministère des affaires étrangères du Ghana, a déclaré que malgré l’absence persistante d’une définition du terrorisme, la communauté internationale ne peut se permettre d’être désunie dans ses actions pour contrer la menace posée par les groupes terroristes.  Il ne devrait par ailleurs pas y avoir de différenciation entre les organisations terroristes, sous peine de fragiliser les efforts de lutte contre le terrorisme de manière équilibrée.  Alors que le terrorisme continue d’évoluer et de recourir aux technologies émergentes pour recruter, étendre ses réseaux et acquérir des armes, il faut tirer parti de ces mêmes technologies pour contrer le cyberterrorisme.  La Déclaration de Delhi peut servir de modèle à cette fin, a suggéré le représentant.  Il a également plaidé pour une approche multidimensionnelle pour comprendre les causes sous-jacentes du terrorisme international, souvent liées au sous-développement et la mauvaise gouvernance.  Enfin, l’objectif de la communauté internationale doit être de tarir les sources de financement des groupes terroristes qui se livrent au commerce illicite de ressources naturelles, tirent des revenus des taxes illégales imposées dans les territoires sous leur contrôle et se servent du dark Web pour collecter et transférer des fonds. 

Déclarations

Mme MONA JUUL (Norvège) a salué des succès notables, précisant qu’Al-Qaida, gravement diminué, n’est plus capable de mener des attaques complexes à l’échelle du 11 septembre et que l’EIIL a été vaincu territorialement dans sa zone centrale.  Tout en notant que les décès dus au terrorisme dans le monde sont inférieurs de près de 60% à leur pic de 2014, elle s’est inquiétée des tendances en Afrique, le continent le plus touché par le terrorisme.  « Les affiliés de l’EIIL et d’Al-Qaida ont stratégiquement exploité les conflits armés, la faiblesse de la gouvernance et les revendications locales pour se radicaliser et recruter ».  La représentante a également cité « l’extrémisme de droite » en hausse dans de nombreuses régions du monde.  Par ailleurs, elle s’est dite préoccupée par les graves implications pour les droits humains de certaines mesures contre le terrorisme.  Selon elle, l’absence d’une définition internationalement reconnue du terrorisme a permis à certains gouvernements de déployer des mesures antiterroristes qui violent un large éventail de droits.  « Et parfois, elles sont utilisées pour cibler l’opposition politique, réduisant ainsi un certain espace contre-civique ».  Elle s’est inquiétée aussi de l’impact délétère de mesures antiterroristes qui affectent l’accès des personnes vulnérables à l’aide humanitaire et à la protection dont ils ont tant besoin.  Dans ce contexte, elle a estimé que la résolution 2664 (2022) récemment adoptée peut être un outil important pour résoudre ce problème. 

Forte de ces constats, la représentante a souligné trois points cruciaux pour guider les efforts collectifs en matière de lutte contre le terrorisme.  Premièrement, notre approche antiterroriste doit être holistique et s’inscrire dans une stratégie politique plus large, a-t-elle dit.  Ensuite, elle a jugé indispensable que la mobilisation des ressources publiques intersectorielles reconnaisse l’importance de la participation des femmes et institutionnalise l’engagement stratégique avec la société civile dans l’élaboration et la mise en œuvre de mesures antiterroristes.  Enfin, tous les organes antiterroristes des Nations Unies devraient continuer à intégrer les considérations relatives aux droits humains dans leur travail. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a observé que non seulement la menace terroriste ne faiblit pas, mais qu’elle s’étend et se diversifie, le djihadisme restant la menace terroriste la plus aiguë et la plus meurtrière sur le plan international.  Loin d’avoir disparu, Al-Qaida et Daech continuent de se reconfigurer au Sahel, en direction du golfe de Guinée, en Afrique centrale et australe, ainsi que dans la Corne de l’Afrique.  En outre, la prise de pouvoir par les Taliban et les évolutions récentes confirment les craintes que ces groupes terroristes puissent, à nouveau, trouver un refuge en Afghanistan. 

Dans ce contexte, le représentant a plaidé pour une évolution des moyens de lutte contre ce fléau, notamment pour contrer le financement du terrorisme.  Alors que la résolution 2462 (2019) avait permis des avancées sur le sujet, le renforcement de la coopération internationale et la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) doit se poursuivre.  Le représentant français a également plaidé pour la lutte contre le détournement d’Internet à des fins terroristes, faisant référence à l’Appel de Christchurch lancé à Paris le 15 mai 2019 par la France et la Nouvelle-Zélande, à l’origine d’un dialogue essentiel avec les plateformes numériques.  Le délégué a estimé que pour être pleinement efficace, la lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans une réponse globale, incluant aide au développement, renforcement de la gouvernance et de l’état de droit, et lutte contre la corruption.  Nous devons également, a-t-il dit, répondre aux défis fondamentaux des changements climatiques, et des liens entre terrorisme et trafic des ressources, et plus généralement aux crimes qui affectent l’environnement. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a plaidé pour une action conjointe et coordonnée dans la lutte contre le terrorisme, qui ne saurait être justifié car il s’agit d’un affront à l’humanité et à ses valeurs.  Al-Qaida et d’autres groupes continuent de rassembler des ressources financières pour leurs activités, y compris en utilisant les nouvelles technologies, a-t-il averti.  Ces groupes prospèrent dans les zones de conflit où l’état de droit s’est effondré, en tirant parti de la pauvreté, des tensions intercommunautaires, de l’injustice.  Selon le représentant, cela montre que « les politiques répressives et la force ne suffisent pas ».  La cyberdéfense doit par conséquent être une priorité dans tous les efforts de lutte antiterroriste à l’échelle multilatérale afin d’apporter une réponse appropriée à l’heure du numérique.  Quant à la prévention, elle est également essentielle et implique une bonne gouvernance, le développement, l’état de droit, un accès aux soins de santé, et la participation de la société civile.  Il faut se rappeler qu’une prévention efficace de l’extrémisme violent et du terrorisme doit s’appuyer sur le respect des droits humains, y compris la liberté d’expression, a insisté le représentant. 

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que le terrorisme est l’ennemi public de l’humanité, estimant qu’il faut renforcer la coopération internationale dans ce domaine, pour devenir « une communauté de sécurité partagée ».  Il a insisté sur l’importance de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, mettant en garde contre la politisation de la lutte contre le terrorisme en appelant tous les pays à renoncer à des calculs géopolitiques.  L’ONU devrait de son côté accélérer les négociations sur une convention sur le terrorisme en général, a souhaité le représentant. 

Mettant en exergue les lacunes en termes de ressources pour la lutte contre le terrorisme en Afrique, en Asie centrale et au Moyen-Orient alors même que ces régions sont actuellement de plus en plus aux prises avec ce fléau, le représentant a estimé que l’ONU et la communauté internationale devraient revoir à la hausse les ressources allouées à ces pays aux niveaux législatif, judicaire et sécuritaire.  Il faut également des mesures ciblées pour éviter que les terroristes ne puissent tirer parti d’Internet.  Il a également appelé à prendre au sérieux la menace que représentent les flux de combattants terroristes étrangers, en appelant à leur rapatriement et réinstallation.  Affirmant que pour éradiquer le terrorisme à la source, les moyens militaires ne suffisent pas, il a fait valoir que le sous-développement est l’un des principaux moteurs du terrorisme dans le monde et qu’il faut endiguer ce terreau fertile en misant sur le développement et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé que les mécanismes nécessaires dans le domaine de la lutte contre le terrorisme ont déjà été élaborés.  Il appartient aux États Membres de s’acquitter de leurs obligations, a dit le délégué.  Il a plaidé pour une forte volonté politique dans la lutte antiterroriste et pour l’abandon de la politique de « deux poids, deux mesures ».  Il est impossible d’éradiquer le phénomène du terrorisme tant que les terroristes sont utilisés à des fins géopolitiques, en étant divisés entre « bons » et « mauvais » terroristes, a-t-il assené.  Il a ajouté que son pays a été aux prises avec une telle approche lorsqu’il menait des opérations antiterroristes sur son territoire dans les années 90 et lors de la lutte contre Daech en Syrie.  Des organisations terroristes ont par ailleurs essayé de se faire passer pour des opposants ou des travailleurs humanitaires.  Le délégué a retracé la genèse de Daech en affirmant qu’il est « la création des États-Unis après l’invasion illégale de l’Iraq par ce pays ».  Il est la synthèse de l’islam radical et du mécontentement de militaires iraquiens, a-t-il averti, en ajoutant que le mal revient toujours en « boomerang ».  Enfin, il a fait remarquer que les attentats terroristes motivés par la xénophobie, le racisme et d’autres formes d’intolérance se produisent dans les pays d’Europe occidentale et orientale, d’Amérique du Nord, d’Australie et d’Océanie.  Il est important de comprendre les causes profondes de ce phénomène dans la société occidentale, a conclu le délégué. 

Pour M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique), le véritable combat contre le terrorisme doit englober la problématique du développement, et tenir compte des paramètres que sont les opportunités d’emploi, l’éducation, l’amélioration des conditions de vie, la pleine jouissance des droits de la personne et l’égalité des sexes.  Il a jugé nécessaire d’intégrer l’impact de la notion de masculinité dans la stratégie de prévention du terrorisme de l’ONU, tel que le Secrétaire général l’a reconnu dans son rapport en date du 26 juillet dernier.  La lutte contre le terrorisme exige en outre le strict respect de l’état de droit et du droit international, en particulier le droit international humanitaire et celui relatif aux droits humains, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est toutefois érigé contre le recours à la légitime défense pour justifier l’usage de la force contre des acteurs non étatiques dans le cadre de la doctrine « Unwilling and Unable », avant de réitérer que de telles interprétations vont bien au-delà de l’esprit de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a également appelé à lutter contre la discrimination et la violence résultant de l’intolérance et de la xénophobie, exhortant aussi à prévenir la prolifération des discours de haine.  Il a enfin plaidé en faveur d’efforts soutenus pour prévenir, combattre et éliminer le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a estimé que l’absence de définition agréée du terrorisme mine la capacité de la communauté internationale de faire face au terrorisme et pourrait déboucher sur l’application de politiques de deux poids, deux mesures.  C’est pourquoi il a jugé nécessaire de parvenir à l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  D’après lui, la lutte contre le terrorisme doit également respecter le droit international humanitaire et le droit à la vie privée, tandis que les régimes de sanctions ne doivent pas avoir d’effet néfastes sur les populations vulnérables ni aggraver les crises humanitaires.  Le représentant a félicité les délégations de l’Irlande et des États-Unis qui ont permis l’adoption de la résolution 2664 (2022) qui prévoit des exemptions humanitaires dans tous les régimes de sanctions de l’ONU.  Estimant que la prévention doit être au cœur de toute stratégie antiterroriste, il a appelé à promouvoir le développement durable, protéger les droits humains et éviter toute forme de stigmatisation.  Il a dit l’importance d’institutions judicaires solides pour lutter contre le terrorisme et la nécessité d’améliorer la coopération et l’assistance pour améliorer les capacités des pays en la matière.  Enfin, il a mis l’accent sur les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies pour prévenir et combattre ce fléau. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a constaté qu’entre janvier et septembre de cette année, 1 093 attaques ont été perpétrées en Afrique, faisant 7 816 morts et 1 772 blessés, selon le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme.  Cette menace transnationale est redoutable et aucun gouvernement ou organisation ne peut la combattre seul, a-t-il ajouté, jugeant cruciale une action concertée fondée sur les principes du multilatéralisme.  M. Biang a cité à cet égard la déclaration adoptée à Malabo le 28 mai 2022 par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui vient renforcer les nombreuses initiatives régionales de lutte contre le terrorisme, dont le G5 Sahel et l’Initiative d’Accra. 

S’il s’est félicité des mesures prises dans le cadre normatif contraignant de lutte contre le terrorisme international, il a néanmoins réclamé que davantage soit fait, en veillant à ce que la polarisation actuelle du monde n’affaiblisse pas le multilatéralisme, une situation dont les groupuscules terroristes et leurs affiliés pourraient tirer profit.  Prônant une approche globale, le délégué a appelé à prendre en compte les conditions socioéconomiques précaires qui font de nombreux jeunes désabusés des cibles faciles pour la radicalisation et le recrutement. 

Il a estimé que l’approche collective contre le terrorisme exige une approche globale et un traitement approprié des défis socioéconomiques auxquels les pays affectés sont confrontés, notamment par l’éducation et la formation de la jeunesse, le renforcement de l’autorité des États et l’amélioration des conditions de vie des populations défavorisées.  Simultanément, il importe de tarir les sources de financement des réseaux terroristes grâce à des partenariats en matière de renseignement sur les transactions financières en ligne et l’exploitation illicite des ressources, a recommandé M. Biang, en invitant à revisiter les régimes de sanctions pour mieux les adapter aux mutations de la menace terroriste.

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