Le Coordonnateur des secours d’urgence détaille devant le Conseil de sécurité les « tourments colossaux » endurés par le peuple ukrainien
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a détaillé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les « tourments colossaux » endurés par le peuple ukrainien depuis le début de la guerre, près de 14 millions de personnes ayant notamment dû quitter leurs foyers. Les délégations ont également évoqué les conséquences pour la sécurité alimentaire mondiale et les moyens à mettre en œuvre pour un retour à la table des négociations.
À l’entame de son propos, M. Griffiths a déclaré que l’Ukraine compte 6,5 millions de personnes déplacées, tandis que 7,8 millions d’autres se sont réfugiées en Europe. Selon un décompte établi au 1er décembre dernier, 17 023 civils ont été tués depuis le 24 février 2022, y compris 419 enfants, a-t-il indiqué, tout en se disant conscient que le bilan est « beaucoup plus lourd ». Il a ajouté que 715 attaques contre des centres de santé ont été enregistrées en Ukraine, soit 70% de toutes les attaques contre des installations médicales recensées dans le monde cette année.
Face à cette situation, M. Griffiths a précisé que près de 690 partenaires humanitaires, la plupart locaux, ont apporté une aide vitale à 13,5 millions de personnes. Malgré ces actions sur le terrain, l’échelle des destructions commises contre les infrastructures électriques et de chauffage exige un appui international renforcé à l’Ukraine, a-t-il souligné. Enfin, après avoir prévenu que 339 millions de personnes devraient avoir besoin d’une aide humanitaire dans le monde en 2023, soit « une personne sur 23 sur cette planète », il a appelé à redoubler d’efforts pour mettre un terme à ces « terribles neuf mois » de guerre en Ukraine.
La déléguée des États-Unis a ensuite indiqué que son pays a fourni pour 1,5 milliard de dollars d’aide humanitaire à l’Ukraine depuis le début de la guerre, avant d’appuyer la convocation par la France et l’Ukraine d’une conférence internationale de soutien à la résilience de la société civile ukrainienne. Face à l’urgence et alors que l’hiver s’installe, cette conférence, intitulée « Solidaires avec le peuple ukrainien » et organisée le 13 décembre prochain à Paris, vise à mobiliser et à coordonner l’aide internationale pour aider à surmonter l’hiver, a expliqué son homologue de la France.
Les conséquences de la guerre en Ukraine pour la sécurité alimentaire en Afrique, avec notamment la baisse des exportations d’engrais russes, ont été évoqués par plusieurs délégations, dont le Kenya ou encore le Ghana. La déléguée kényane a ainsi mis en garde contre l’envolée des prix des denrées alimentaires et ses conséquences humanitaires et politiques. « Nous nous souvenons tous des violents soulèvements de 2011 et de leur lien direct avec des prix élevés », a-t-elle déclaré.
Elle a donc plaidé pour un retour aux niveaux de production d’avant la guerre, en soulignant la nécessité de remédier à la peur des sanctions ressentie par les acteurs de la banque et de l’assurance qui interviennent dans les chaînes d’approvisionnement en denrées et en engrais. Si les blocages devaient persister, la déléguée a souhaité que le Conseil adopte une résolution enjoignant aux pays de lever les entraves aux exportations alimentaires et d’engrais. Pour l’heure, la prolongation de l’Initiative céréalière de la mer Noire a été saluée par l’ensemble des orateurs.
Les délégations ont également évoqué les moyens d’un retour des parties au conflit à la table des négociations. Les bons offices et la diplomatie doivent être davantage utilisés pour amener Russes et Ukrainiens au dialogue et réduire le coût humanitaire du conflit, a préconisé la Chine. Le délégué du Brésil a quant à lui vu un « signal positif important » dans la volonté affichée par les dirigeants occidentaux de dialoguer avec la Russie afin de mettre un terme aux hostilités.
« Ces déclarations doivent désormais se traduire par la création d’un mécanisme en vue d’une conduite pragmatique et objective des négociations », a déclaré le délégué brésilien. Son homologue de la Norvège a, pour sa part, appuyé les initiatives identifiées comme la « formule de paix » du Président Zelenskyy, tout en appelant, à l’instar des pays baltes, au retrait total des forces russes de l’Ukraine. Il n’est jamais trop tard pour le dialogue et la diplomatie, a soutenu l’Irlande.
Les États-Unis ont néanmoins estimé que le Président Putin ne souhaite aucunement négocier et cherche, au contraire, à briser la volonté des Ukrainiens. Même son de cloche du côté du délégué de l’Ukraine, qui a affirmé que la paix « à la Kremlin » ne pourra que reposer sur des violations de la Charte des Nations Unies. « Les résidents des territoires ukrainiens occupés sont considérés comme des ennemis, ce qui fait qu’à chaque retrait, la Russie laisse derrière elle des morts et des populations torturées et traumatisées », a-t-il dénoncé.
Évoquant le plan de paix proposé en novembre par le Président Zelenskyy au Sommet du G20, le délégué a mis l’accent sur plusieurs points clefs, en particulier la sûreté nucléaire et énergétique, le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le retrait des troupes russes, la cessation des hostilités ou encore les garanties juridiques à apporter pour la fin du conflit. Il a invité les États Membres à jouer un rôle de chef de file dans l’élaboration puis la mise en œuvre dudit plan en 10 points.
De son côté, le délégué de la Russie a observé qu’une majorité significative des États Membres de l’ONU expriment un intérêt pour un règlement diplomatique du conflit. Affirmant prendre cela très au sérieux, il a cependant souhaité que soient éliminées les causes qui ont contraint son pays à intervenir en Ukraine en février dernier. Cette logique est comprise par presque tous les États, à l’exception des pays de l’Occident collectif et du régime de Kiev, s’est désolé le représentant.
Nous assistons aujourd’hui à la poursuite de la guerre de l’Occident contre la Russie « jusqu’au dernier Ukrainien », a-t-il renchéri, jugeant qu’un tel scénario ne laisse d’autre choix à la Russie que de continuer à atteindre ses objectifs par des moyens militaires. Pointant du doigt l’afflux massif d’armes occidentales en Ukraine, il a regretté, en conclusion, que le peuple ukrainien soit instrumentalisé comme « chair à canon » par l’Occident et le « régime criminel » de Kiev.
MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LE SÉCURITÉ EN UKRAINE
Déclarations
M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a détaillé les « tourments colossaux » endurés par le peuple ukrainien depuis le début de la guerre. Il a indiqué que 14 millions de personnes ont quitté leurs foyers en Ukraine. Le pays compte 6,5 millions de personnes déplacées, tandis que 7,8 millions d’autres se sont réfugiées en Europe. Au 1er décembre dernier, a-t-il précisé, on recensait 17 023 civils tués depuis le 24 février 2022, y compris 419 enfants. « Nous savons néanmoins que le bilan est beaucoup plus lourd », a reconnu le haut fonctionnaire. Il a ajouté que 715 attaques contre des centres de santé ont été enregistrées en Ukraine, soit 70% de toutes les attaques contre des installations médicales recensées dans le monde en 2022. M. Griffiths a également souligné que la vulnérabilité des civils est accrue en raison des températures hivernales et du manque de services de base.
Face à cette situation, M. Griffiths a informé le Conseil que près de 690 partenaires humanitaires, la plupart locaux, ont apporté une aide vitale à 13,5 millions de personnes. Près de 630 000 civils ont pu recevoir une assistance pour faire face aux rigueurs de l’hiver, tandis que 400 générateurs ont été distribués. L’échelle des destructions commises contre les infrastructures électriques et de chauffage exige un appui international renforcé à l’Ukraine, a-t-il déclaré. Il a précisé que, depuis quelques semaines, l’accès humanitaire est possible dans des régions de l’est et du sud du pays. À Kherson, de l’eau potable a été distribuée à des milliers de civils, 100 000 personnes ayant par ailleurs bénéficié d’une assistance alimentaire. Le Secrétaire général adjoint a d’autre part indiqué que 765 000 enfants ont reçu une aide psychologique pour faire face aux conséquences de la guerre.
M. Griffiths a qualifié de « sans précédent » l’appui des donateurs en Ukraine, puisque 3,1 milliards de dollars ont été reçus sur les 4,3 milliards demandés en 2022. « Jusqu’à présent, nous avons transféré près d’un milliard de dollars en espèces d’aide humanitaire à plus de 4,3 millions de personnes ». Mais nous devons en faire plus pour boucler le financement de l’aide, a-t-il dit. M. Griffiths a estimé que le plus grand défi demeure l’accès humanitaire à Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, malgré quelques améliorations. Sur les 13,5 millions de personnes aidées depuis février, près d’un million se trouvent dans des zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement ukrainien. Il a tenu à rappeler qu’en vertu du droit international, toutes les parties doivent assurer un accès humanitaire sans entraves.
Enfin, le Coordonnateur des secours d’urgence a rappelé que, début 2022, 274 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire dans le monde. Pour 2023, ce chiffre devrait être, selon les projections, de 339 millions, soit une augmentation de près de 24%. Cela représente une personne sur 23 sur cette planète, a-t-il alerté, en pointant l’aggravation des besoins humanitaires dans le monde, notamment en Ukraine après ces « neuf mois terribles ». Nous devons en faire plus pour inverser cette tendance et mettre un terme à la guerre en Ukraine, a conclu le Secrétaire général adjoint.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a affirmé que les attaques massives déclenchées par la Russie contre l’ensemble du territoire ukrainien, alors que les températures sont désormais négatives, traduisent une volonté claire de la Russie de faire souffrir le peuple ukrainien, dans l’espoir de miner sa résilience. Il a condamné toutes les attaques délibérées contre les écoles et les hôpitaux, des actes qui constituent des crimes graves punis par le droit international. Le représentant a dit compter sur le mécanisme de suivi et de communication des Nations Unies pour vérifier ces violations et en attribuer les responsabilités. Ceux qui tuent les enfants et attaquent les écoles en violation du droit international humanitaire ont toute leur place sur la « liste d’infamie » du rapport annuel du Secrétaire général, a-t-il ajouté, en annonçant que son pays continuera d’apporter son plein soutien à la justice ukrainienne et aux juridictions internationales, y compris la Cour pénale internationale (CPI), dans leurs enquêtes. M. de Rivière a par ailleurs affirmé que c’est la Russie qui fait obstacle à toute perspective de paix. Face à l’urgence et alors que l’hiver s’installe, la France coorganisera, avec l’Ukraine, le 13 décembre prochain à Paris, une conférence internationale de soutien à la résilience de la société civile ukrainienne, « Solidaires avec le peuple ukrainien ». L’objectif est de mobiliser et de coordonner l’aide internationale pour aider à surmonter l’hiver, a-t-il conclu.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a pris note, avec une préoccupation extrême, de la situation humanitaire en Ukraine. Il a averti que les besoins vont continuer de croître à mesure que l’hiver avance, ce qui est le résultat des attaques offensives contre les infrastructures civiles, notamment le réseau électrique, le secteur de santé étant le plus durement frappé par les bombardements. Dans les hôpitaux et centres hospitaliers, les soins sont désormais en-deçà des normes internationalement agrées, a-t-il ajouté, faisant également état d’un manque de médicaments et de matériel sanitaire. Le représentant a aussi pointé les départs et les déplacements massifs, qui se multiplient en raison de cette situation. Il a réitéré son appel urgent à mettre un terme aux attaques contre des objectifs civils et à redoubler d’efforts aux fins de la reprise du fonctionnement des services électriques, dans les centrales nucléaires en particulier. Soulignant l’impact désastreux de ces attaques sur les civils, le délégué a mentionné l’interruption de la scolarité des enfants. Ce sont les enfants qui paient le prix le plus fort, a-t-il martelé, signalant que 675 000 d’entre eux ont besoin d’un soutien psychosocial, alors qu’1,2 million courent le risque de troubles psychosomatiques. Il a espéré pouvoir compter sur l’appui des autres membres du Conseil sur cette problématique. Le représentant a également annoncé que le Mexique suivra avec attention les travaux de la Cour pénale internationale en matière de reddition des comptes et continuera à favoriser l’espace de médiation, illustré par l’accord conclu sur l’Initiative céréalière de la mer Noire. Il a enfin réitéré son appui à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Mme EDWIGE KOUMBY MISSAMBO (Gabon) a constaté l’intensification de la guerre en Ukraine sans que se profile la moindre volonté des parties de faire taire les armes. Alors que les températures continuent à baisser en Ukraine, la représentante a mis en avant la situation des nombreuses familles privées de chauffage, d’électricité et d’eau potable. Elle a rappelé qu’à ce jour, 9,3 millions d’Ukrainiens ont besoin d’une aide humanitaire et de moyens de subsistance, tandis que 14,5 millions sont en attente d’une aide sanitaire. Le Gabon appelle les belligérants à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, a-t-elle déclaré, avant d’exhorter les parties au conflit à s’abstenir d’utiliser des armes dont les effets indiscriminés infligent des souffrances supplémentaires aux civils. À ce titre, elle a mis l’accent sur les risques liés aux mines terrestres et aux restes de guerre non explosés enfouis sous la neige, en faisant sien l’appel du CICR aux parties pour qu’elles marquent et nettoient les zones contaminées. Après avoir salué le renouvellement de l’Initiative céréalière de la mer Noire, la déléguée a souhaité que la conclusion de cet accord permette aux parties de « bâtir sur ce sillon » en vue de négocier l’arrêt des combats. Dans l’immédiat, elle les a exhortées à s’abstenir de toute rhétorique radicale de nature à compliquer l’issue politique. Elle a également encouragé le Conseil de sécurité à garder ouvert les canaux diplomatiques afin d’appuyer le dialogue et d’envisager toutes les voies possibles pour mettre un terme au conflit. Face au désarroi et au désespoir des populations affaiblies, il n’est plus suffisant de multiplier des réunions qui prennent à témoin l’opinion internationale sans jamais offrir de véritable alternative à la guerre, a-t-elle conclu.
M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a appelé à un cessez-le-feu sans conditions en Ukraine. Il a pris note des récentes déclarations des dirigeants occidentaux par lesquelles ils ont exprimé leur volonté de dialogue avec la Russie afin de mettre un terme aux hostilités. Bien que certaines conditions aient été posées, il s’agit d’un signal positif important, a estimé le délégué. « Ces déclarations doivent désormais se traduire par la création d’un mécanisme en vue d’une conduite pragmatique et objective des négociations », a-t-il souligné. Il a déclaré que ce Conseil pourrait servir de plateforme pour initier ce dialogue et explorer les propositions avancées à cette fin. En attendant, la protection des civils, notamment des enfants, revêt la plus grande importance, a déclaré le délégué. Enfin, il a affirmé que le temps est venu pour une réflexion approfondie sur l’architecture de sécurité européenne, prenant en compte les préoccupations de tous les États et le besoin de préserver leur souveraineté.
M. GENG SHUANG (Chine) a appelé la communauté internationale à tout faire pour parvenir à la paix dans ce conflit. Les bons offices et la diplomatie doivent être davantage utilisés pour amener les parties au dialogue et réduire le coût humanitaire du conflit, en particulier pour les enfants, a plaidé le représentant. Pour cela, les parties doivent respecter le droit international humanitaire et éviter toute attaque contre les infrastructures civiles, comme les hôpitaux, les écoles et les installations énergétiques, a-t-il souligné. Alors que des coupures d’électricité sont signalées dans la République de Moldova, il faut également éviter d’étendre le conflit aux pays voisins de l’Ukraine et prévenir une « confrontation des blocs », a poursuivi le délégué. Il s’est cependant élevé contre toute politisation des questions énergétiques et alimentaires, affirmant se réjouir de la prolongation de l’Initiative céréalière de la mer Noire et des dons d’engrais par la Fédération de Russie à des pays en développement. Pour ces raisons, il a appelé à la levée des sanctions qui pèsent sur la Fédération de Russie et qui, selon lui, ont des impacts sur les pays en développement et sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Sur un autre sujet, il a appelé au respect des droits des prisonniers de guerre, avant de se féliciter des échanges de prisonniers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.
Mme LISA A. CARTY (États-Unis) a rappelé que 51 milliards de dollars sont nécessaires pour financer les besoins humanitaires dans le monde. À cette aune, elle a condamné la guerre d’agression russe et ses conséquences humanitaires « terrifiantes ». La représentante s’est également indignée du fait que les champs de céréales ukrainiens soient devenus des champs de bataille. Dénonçant les frappes russes contre les infrastructures ukrainiennes, elle a salué la résilience du peuple ukrainien et le travail abattu par les acteurs humanitaires. La déléguée a rappelé que son pays a fourni pour 1,5 milliard de dollars d’aide humanitaire à l’Ukraine depuis février. Elle a par ailleurs appuyé la proposition de la France pour la convocation d’une conférence axée sur la résilience ukrainienne, avant de saluer la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Le Président Putin ne souhaite pas négocier et cherche à briser la volonté des Ukrainiens, a-t-elle conclu, en rappelant que l’Ukraine combat pour la liberté.
Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que le Secrétaire général a inclu, avec effet immédiat, la situation en Ukraine comme situation préoccupante dans son rapport annuel sur les enfants dans les conflits armés. Elle a souligné l’importance de la question de la protection des enfants, y compris la prévention des violations commises contre ces derniers. Elle a estimé que la guerre russe a aggravé la crise énergétique et alimentaire affectant la vies des enfants dans nombre de régions du monde. Elle a salué la poursuite de l’Initiative céréalière de la mer Noire, avant d’appuyer les initiatives identifiées comme relevant de la « formule de paix » du Président Zelenskyy. La Russie doit cesser cette guerre et se retirer dans sa totalité, immédiatement et sans conditions, de l’Ukraine, a exhorté en conclusion la déléguée.
Mme JAYNE JEPKORIR TOROITICH (Kenya) a jugé « choquante » la statistique selon laquelle 40% des structures électriques de l’Ukraine ont été endommagées ou détruites par des attaques directes. Elle a appelé à la fin des hostilités, tout en notant que les considérations stratégiques des parties et de leurs alliés attestent d’une résistance tenace à un retour à la table des négociations. Elle a salué la reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire, avant de déplorer la détérioration de la sécurité alimentaire en Afrique en raison de la baisse des acheminements d’engrais russes. La représentante a mis en garde contre une envolée des prix des denrées alimentaires et de ses conséquences humanitaires et politiques. « Nous nous souvenons tous des violents soulèvements de 2011 et de leur lien direct avec des prix élevés », a-t-elle dit. Elle a donc plaidé pour un retour aux niveaux de production d’avant la guerre. La déléguée a aussi demandé une action visible pour remédier à la peur des sanctions des acteurs de la banque et de l’assurance intervenant dans les chaînes d’approvisionnement en denrées et en engrais. Si les blocages devaient persister, la déléguée a souhaité que le Conseil adopte une résolution enjoignant les pays à lever les entraves aux exportations de denrées et d’engrais.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que le fait même que ses collègues occidentaux prêtent attention aux problèmes des enfants dans le contexte ukrainien est encourageant en soi. Mais si l’on prétend être objectif, il faut parler des causes profondes de cette crise, a-t-il estimé, en évoquant les nombreux crimes commis par l’Ukraine contre les civils et les enfants du Donbass. L’Occident cherche à occulter ces faits et à humaniser le régime de Kiev, a-t-il accusé. Pourquoi le commun des mortels en Occident devrait-il savoir que depuis 2014, plus de 250 enfants sont morts à cause des bombardements ukrainiens dans le Donbass, dont près de 140 au début de 2022? Si les enfants du Donbass sont la cible des néo-nazis ukrainiens, ils sont aussi victimes d’une propagande antirusse virulente, a soutenu M. Nebenzia, en citant des exemples concrets de campagnes qui auraient été menées sur les réseaux sociaux, et que la Fédération de Russie a signalées au Secrétaire général de l’ONU et à l’UNICEF.
Le représentant a ensuite constaté que dans les débats sur la crise ukrainienne à l’Assemblée générale de l’ONU, une majorité significative des États Membres expriment un intérêt pour un règlement diplomatique. Prenant cela très au sérieux, il a expliqué que pour la Fédération de Russie, il faut toutefois éliminer les causes qui l’ont contrainte à intervenir en Ukraine en février dernier. Cette logique est comprise par presque tous les États, à l’exception des pays de l’Occident collectif et du régime de Kiev, s’est désolé le représentant, pour lequel nous assistons aujourd’hui à la poursuite de la guerre de l’Occident contre la Russie « jusqu’au dernier Ukrainien ». Un tel scénario ne nous laisse d’autre choix que de continuer à atteindre nos objectifs par des moyens militaires, a conclu M. Nebenzia, en regrettant que le peuple ukrainien soit instrumentalisé comme « chair à canon » par l’Occident et le régime criminel ukrainien. Il a pointé du doigt l’afflux massif d’armes occidentales en Ukraine, demandant à la présidence indienne de convoquer une séance le 9 décembre sur les armes livrées à Kiev et qui finissent entre les mains de groupes terroristes. Il a affirmé que le Secrétaire du Conseil de sécurité de l’Ukraine aurait même dit que ces armes sont nécessaires parce qu’« il faut que la Russie cesse d’exister en tant que pays », et n’avoir aucune raison de s’asseoir à la même table que Moscou, car ce serait « indigne » des Ukrainiens.
Les infrastructures civiles ukrainiennes n’auraient subi aucune frappe si des systèmes de défense antimissiles n’avaient pas été déployés dans des zones résidentielles ukrainiennes, a argué M. Nebenzia. Le fait que des missiles ukrainiens aient frappé la Pologne et le Moldova montre que ces armes sont à la fois dangereuses pour les civils et les pays voisins. Par ailleurs, les dirigeants ukrainiens passent à une phase dangereuse en adoptant des arguments religieux dans ce conflit, puisqu’ils ont suspendu la liberté de culte d’organisations religieuses affiliées à la Russie, a déclaré M. Nebenzia. Il a parlé de tentatives ukrainiennes de destruction de la culture russe, la langue russe n’étant plus autorisée pour prier en Ukraine. Une propagande antirusse alimentée ces huit derniers mois par l’Occident, a ajouté M. Nebenzia. Si l’Ukraine ne devient pas un pays dont n’émane pas une menace pour la Fédération de Russie, « nous n’aurons d’autre choix que de parvenir à nos objectifs par des moyens militaires », a mis en garde le représentant, en estimant que c’est le régime de Zelenskyy qui est responsable de cette situation. Pour M. Nebenzia, le représentant de l’Ukraine à l’ONU incarne parfaitement l’état d’esprit de son régime.
M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a rappelé les principes fondamentaux du droit international humanitaire, l’interdiction des attaques aveugles et disproportionnées et l’obligation de prendre toutes les précautions possibles. Or, la Russie dit souvent, et aujourd’hui encore, que ces attaques ont visé des cibles militaires ou des infrastructures soutenant l’armée ukrainienne. Mais les images de personnes vivant dans le noir, faisant la queue pour obtenir de la nourriture et blotties les unes contre les autres, racontent une histoire très différente, a-t-il estimé. Reprenant les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), qui font état de 6,9 millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et de plus de 7,8 millions de réfugiés, il a estimé qu’ils ne sont pas que des statistiques: Nous parlons d’enfants, de personnes âgées, d’infirmes, de personnes handicapées, vulnérables, en quête d’un abri et de sécurité. M. Mythen a donc souhaité s’adresser directement à la Russie, dans l’espoir qu’un jour, elle arrêtera cette guerre insensée. Il n’est jamais trop tard pour le dialogue et la diplomatie, a-t-il plaidé, ajoutant que son pays renouvelle son appel à Moscou à cesser immédiatement les hostilités, à retirer les forces russes et à s’engager à résoudre toutes les questions en suspens de manière pacifique et conformément à la Charte des Nations Unies.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a mis l’accent sur la précarité de la situation humanitaire en Ukraine, en particulier à Kherson, et a applaudi le travail des organisations internationales mais également des agents locaux qui réparent les réseaux électriques ou fournissent d’autres services d’urgence. Dans ce contexte, il a souligné l’importance de l’éducation, les écoles étant des sources de stabilité et de vie collective pour les enfants. Hélas, l’accès à l’éducation, y compris les cours en ligne, a aussi été interrompu en raison des coupures d’électricité, a-t-il déploré, en appelant à prendre en compte la santé mentale des enfants ukrainiens. Le représentant a également attiré l’attention du Conseil sur l’impact de cette guerre sur les enfants dans le reste du monde. Il a fait observer que les prix alimentaires restent à des niveaux record, ce qui touche principalement les enfants des pays les plus pauvres. Il a néanmoins salué les dons d’engrais russes, notamment au Malawi, et l’arrivée récente d’une cargaison de blé ukrainien en Éthiopie. Plaidant pour la désescalade, le délégué a invité le Conseil à encourager au dialogue, grâce à ses bons offices, en vue de faire cesser la guerre en Ukraine.
Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) s’est vivement inquiétée des hostilités militaires sur plusieurs lignes de front et des tirs de missiles hier, alors même que les températures baissent et que de nombreux foyers sont privés d’accès au chauffage ou à l’eau, aggravant les conditions humanitaires sur le terrain. Elle a jugé inadmissible que des enfants subissent les affres d’un conflit armé: des milliers d’entre eux ont été tués, mutilés ou déplacés dans des environnements inconnus, s’est-elle alarmée. La représentante a vigoureusement condamné les violations des droits des enfants, appuyant les enquêtes destinées à prévenir toute forme d’impunité à cet égard. Elle a également apporté son soutien au principe d’une assistance humanitaire « différenciée » garantissant une réponse aux besoins spécifiques des enfants, que ce soit sur les plans psychosocial, sanitaire ou nutritionnel. La déléguée a ensuite plaidé pour une aide internationale afin de réparer ou reconstruire les infrastructures endommagées ou détruites, espérant que la conférence internationale annoncée par la France le 13 décembre à Paris aidera à mobiliser les ressources à cette fin. Elle a salué par ailleurs les progrès enregistrés en vue de la reprise des exportations d’ammoniaque à travers le port de la mer Noire, estimant que les céréales et les engrais ukrainiens et russes sont tout aussi cruciaux pour prévenir une hausse des prix des denrées alimentaires et des pénuries dans les mois à venir.
M. FERIT HOXHA (Albanie) a commencé par saluer le travail de l’OCHA en Ukraine. Après avoir dénoncé les vagues de missiles russes qui s’abattent sur le pays pour le plonger dans le froid et l’obscurité, il a constaté avec ironie que les civils qui ne sont plus attaqués aujourd’hui en Ukraine sont les quelque 17 000 personnes qui ont déjà péri. Face aux affirmations de la Fédération de Russie selon lesquelles l’opération spéciale en Ukraine « se déroule comme prévu », il s’est interrogé sur le but véritable de cette guerre: changer de régime ou mettre à genoux une nation entière? Pour le représentant, cette agression contre l’Ukraine, marquée par des crimes de guerre terribles et des attaques honteuses contre des infrastructures civiles, a échoué en renforçant l’identité nationale ukrainienne. Il a également rappelé que 143 États Membres de l’ONU se sont opposés à l’annexion de territoires ukrainiens par la force. Abordant ensuite la situation des enfants ukrainiens, le délégué a évoqué les « cicatrices » que laissera ce conflit sur les plus jeunes. Ils ont perdu leur enfance, a-t-il regretté, avant d’applaudir les efforts déployés par l’ONU pour apporter une assistance critique aux civils ukrainiens. Cibler des infrastructures civiles est une violation flagrante du droit international humanitaire, s’est-il indigné, en appelant à ce que des comptes soient rendus. La source de ces souffrances indicibles réside dans le choix de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine, a rappelé le représentant. À ses yeux, la seule façon d’y mettre fin est de retirer immédiatement les forces et le matériel militaire russes de l’Ukraine et d’engager un dialogue dans des conditions de liberté et non de coercition.
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a affirmé savoir ce que la Fédération de Russie essaie de faire en Ukraine: « apporter la terreur et la souffrance à la population civile dans une guerre d’assujettissement ». Qualifiant ce dessein de « barbare, illégal et horriblement cruel », elle a regretté qu’il soit l’œuvre d’un membre permanent du Conseil de sécurité et a averti que le traumatisme infligé par la Fédération de Russie durera des générations. Pour la représentante, la réponse de ce Conseil et de la majorité des États Membres de l’ONU a été « cohérente », prenant la forme d’un appel à la fin de ce conflit et à la paix. En outre, a-t-elle ajouté, le Président Zelenskyy a de nouveau exprimé sa volonté de négocier une paix fondée sur les principes de la Charte des Nations Unies. Mais la Russie fait la sourde oreille, a regretté la déléguée. « Sa réponse a été une succession de frappes à longue portée et la poursuite, certes frustrée, des efforts visant à s’emparer du territoire ukrainien ». Il est temps pour la Russie de mettre fin à cette guerre, de se retirer du territoire ukrainien et de s’engager dans un dialogue et des négociations fondées sur le droit international et la Charte des Nations Unies, a-t-elle conclu.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a expliqué que l’approche privilégiée par son pays en ce qui concerne le conflit en Ukraine continuera d’être axée sur les personnes. Dans cette perspective, il continuera d’apporter une aide humanitaire à l’Ukraine et un soutien économique à certains de ses voisins du Sud en détresse. Pour aider les pays à faible revenu à lutter contre l’inflation et la pénurie de denrées alimentaires, l’Inde a ainsi exporté plus de 1,8 million de tonnes de blé vers l’Afghanistan, le Myanmar, le Soudan et le Yémen, entre autres bénéficiaires, a précisé la représentante. En outre, elle a jusqu’à présent expédié à 12 reprises une aide humanitaire en Ukraine et, à la demande de son gouvernement, financièrement contribué à la reconstruction d’un établissement scolaire. « Nous sommes prêts à faire davantage », a assuré la déléguée. Elle a ensuite évoqué le sort des étudiants étrangers, notamment indiens, New Dehli ayant facilité le retour en toute sécurité de 22 500 de ses ressortissants depuis l’Ukraine, pour la plupart, étudiants. Elle a salué les assouplissements apportés par le Gouvernement ukrainien pour l’année universitaire en cours s’agissant des étudiants en médecine. En conclusion, l’Inde a réaffirmé que l’ordre mondial est ancré dans les principes de la Charte des Nations Unies, du droit international et du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États.
M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a dit voir encore présents dans la salle du Conseil de sécurité « ce qu’il reste des représentants terroristes du bourreau de Moscou », qui occupent le siège de l’ex-Union soviétique. Saluant les Ukrainiens qui défendent leur pays, il a assuré que la dictature sera abattue et que les criminels devront rendre des comptes un jour. Il a ensuite dénoncé l’hypocrisie de son homologue russe, en rappelant que, pas plus tard qu’hier, plus de 70 missiles ont été interceptés dans le ciel ukrainien. Dans ce contexte, le représentant a remercié les pays qui ont fourni à son pays des équipements antimissiles. Il a ajouté que la terreur russe constitue également une menace dangereuse pour les pays voisins et que le seul moyen de les protéger réside dans le renforcement des capacités antimissiles de l’Ukraine. Le délégué a aussi encouragé au renforcement de la résilience face à la destruction des infrastructures civiles, constatant à cet égard que les garanties de sécurité données par Moscou, notamment dans le cadre du Mémorandum de Budapest de 1994, n’ont plus aucune validité. Il a dès lors suggéré à la communauté internationale de commencer à envisager une dénucléarisation de la Russie dans la perspective de sa défaite militaire. L’Ukraine a besoin de paix, a-t-il insisté, en renvoyant à un panorama de tueries et de destruction massive dans son pays, lequel résiste à la stratégie visant à l’« effacer de la carte ».
La paix « à la Kremlin » ne pourra que reposer sur des violations de la Charte des Nations Unies, a averti le représentant, prévenant aussi que les résidents des territoires ukrainiens occupés sont considérés comme des ennemis, ce qui fait qu’à chaque retrait, la Russie laisse derrière elle des morts et des populations torturées et traumatisées. Après avoir illustré son propos par plusieurs exemples, il a indiqué qu’un test d’ADN pratiqué sur un corps retrouvé dans la périphérie d’Izioum a révélé qu’il s’agissait de celui d’un auteur de livres pour enfants, resté dans son village pour prendre soin de son fils autiste. Cet homme a été tué mais son fils le considérera comme un héros et lira les livres écrits par son père, a commenté le délégué, avant de signaler que plus de 11 000 enfants ukrainiens ont été déportés en Russie et d’exiger leur retour, en particulier ceux adoptés par des familles d’accueil.
Évoquant ensuite le plan de paix proposé en novembre par le Président Zelenskyy au Sommet du G20, le délégué a mis l’accent sur la sûreté nucléaire et énergétique, le rétablissement de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, le retrait des troupes russes et la cessation des hostilités, la justice, la prévention du génocide et la garantie juridique de la fin du conflit. Il a invité les États Membres à jouer un rôle de chef de file dans l’élaboration puis la mise en œuvre dudit plan en 10 points. Lorsque la guerre cessera, environ 90% des problèmes actuels en Ukraine disparaîtront, a-t-il affirmé. Il a aussi fait le point sur l’Initiative céréalière de la mer Noire, signalant en particulier la livraison de 30 000 tonnes de blé à l’Éthiopie, qui sera suivie par d’autres vers le Soudan, le Soudan du Sud, la Somalie, la République démocratique du Congo, le Yémen et d’autres nations encore. Ce programme détruit la propagande russe à l’attention des pays du Grand Sud et soutient l’assistance humanitaire, a souligné le représentant. Enfin, après avoir exhorté les pays qui aspirent à la paix à tout faire pour priver la Russie des possibilités financières de faire la guerre, il a assuré que, lorsque cette stratégie sera appliquée, « le respect de la Charte des Nations Unies sera à notre portée ».
S’exprimant au nom des pays baltes –Estonie, Lituanie et Lettonie–, M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a estimé que la destruction de l’approvisionnement énergétique de l’Ukraine est devenue la clef de la « guerre de la terreur » menée par la Russie contre sa population civile. Or, avec l’arrivée de l’hiver, nous voilà confrontés à une toute nouvelle dimension de la crise humanitaire en Ukraine, s’est-il alarmé. Délibérément créée par la Russie, elle touche également les pays voisins, par exemple la République de Moldova, qui a, elle aussi, connu des coupures de courant. En outre, cette guerre a causé d’immenses souffrances et des traumatismes psychologiques qui affectent particulièrement les enfants, laissant 3,4 millions d’entre eux en situation vulnérable.
Il ne doit pas y avoir d’impunité pour les crimes commis par la Russie en Ukraine, a tranché le représentant, en jugeant impératif de continuer à documenter et à stocker correctement les preuves de tous les crimes de guerre commis par Moscou chez son voisin. Afin de renforcer davantage les mécanismes de justice pénale internationale, le groupe des États baltes soutient fermement l’idée de créer un tribunal international spécial pour poursuivre le crime d’agression contre l’Ukraine. Pour les trois pays, il est particulièrement important d’aider l’Ukraine à rétablir ses infrastructures énergétiques pour éviter les conséquences humanitaires les plus graves, sans compter que Kiev a perdu au moins six millions de tonnes, soit un milliard de dollars, de blé récolté dans les zones contrôlées par la Russie et qui étaient destinées à être vendues à l’étranger. Une liberté de navigation sans entrave dans la mer Noire est le seul moyen pratique de garantir un flux fiable des céréales et autres denrées alimentaires de base de l’Ukraine, a ajouté le représentant. Pour y parvenir, la Russie doit retirer immédiatement, complètement et sans conditions, toutes ses forces militaires de l’ensemble du territoire de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.
M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a estimé qu’aujourd’hui, le seul but de l’agresseur russe est de créer et d’aggraver la crise humanitaire en Ukraine. De telles actions constituent un crime de guerre et une violation flagrante du droit international, y compris du droit international humanitaire, s’est-il indigné. Rappelant que, dès le début de ce conflit, la Pologne a apporté son soutien à l’Ukraine, le représentant a expliqué que cela s’est fait sur trois plans: accueillir la plus grande communauté de réfugiés ukrainiens; fonctionner comme plaque tournante pour le transfert de l’aide humanitaire internationale vers l’Ukraine; et acheminer l’aide humanitaire polonaise directement en Ukraine. À ce jour, 77% des Polonais ont été impliqués dans l’assistance à l’Ukraine et aux Ukrainiens qui ont trouvé refuge dans notre pays, a expliqué le délégué. En outre, veiller à ce que les enfants ukrainiens puissent poursuivre leurs études a été l’une des principales priorités de la Pologne, a-t-il ajouté, précisant qu’environ 200 000 enfants réfugiés d’Ukraine sont scolarisés dans des établissements polonais, dont plus de 35 000 en maternelle. Le Ministère polonais de l’éducation a également créé une plateforme en ligne avec divers outils pédagogiques disponibles gratuitement et organise des cours de langue spéciaux pour les enseignants ukrainiens et polonais afin de faciliter leur communication avec les enfants venant d’Ukraine.
Parallèlement, a-t-il poursuivi, la Pologne fournit une aide humanitaire directement en Ukraine, y compris une assistance au secteur de la santé et un appui à la construction de logements temporaires pour 20 000 personnes déplacées internes pour un coût estimé à plus de 75 millions d’euros. Selon les estimations préliminaires de l’OCDE pour 2022, la Pologne aura dépensé environ 1,5% de son PIB en aide humanitaire, a indiqué le délégué. Après avoir condamné l’utilisation des conditions hivernales comme arme de guerre contre les civils en Ukraine, il a aussi souligné les efforts polonais visant à garantir l’approvisionnement énergétique de la population ukrainienne. Les institutions polonaises, a-t-il précisé, sont en contact constant avec Ukrenergo pour coordonner la fourniture de générateurs d’électricité à l’Ukraine dans le cadre du réseau européen des opérateurs d’électricité ENTSO-E. Le représentant a conclu son intervention en demandant, une fois de plus, à la Fédération de Russie d’arrêter sa guerre et de respecter le droit international humanitaire.
Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a rappelé que cela fait plus de neuf mois que la Russie a lancé son agression à grande échelle contre l’Ukraine. Citant la Ministre des affaires étrangères de son pays, elle a constaté que le Président russe utilise aujourd’hui le froid « comme une arme de guerre », s’attaquant ainsi aux plus vulnérables en Ukraine. Les attaques perpétrées contre des infrastructures civiles constituent une violation flagrante du droit international humanitaire, dans la mesure où les hôpitaux, les écoles, les stations d’approvisionnement en eau et les bâtiments résidentiels ne sont clairement pas des cibles militaires, mais servent uniquement les besoins civils, a-t-elle fait valoir. Détruire délibérément et systématiquement les systèmes de chauffage et d’alimentation électrique de tout un pays en plein hiver est tout simplement « barbare et inhumain », a lancé la représentante, exhortant la Fédération de Russie à cesser immédiatement cette cruauté.
La déléguée a ensuite jugé essentiel de coordonner tout le soutien à l’infrastructure énergétique de l’Ukraine entre partenaires et alliés internationaux. Après le succès de la Réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à Bucarest, le Sommet de Paris du 13 décembre prochain sera la prochaine étape importante à cet égard, a-t-elle indiqué. Elle a également assuré que son pays continuera de se tenir aux côtés de l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », pour mettre fin à cette guerre. Sur ce point, elle s’est félicitée que le Président Zelenskyy ait formulé sa vision d’une sortie du conflit dans sa formule de paix en 10 points. La Fédération de Russie doit inverser sa trajectoire, a conclu la représentante, en enjoignant à Moscou de cesser immédiatement et sans condition son agression et de retirer ses troupes de l’ensemble de l’Ukraine.
« À Kiev, l’arbre de Noël n’a pas de lumière cet hiver », a constaté M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, ajoutant que les familles ukrainiennes se terrent dans des refuges contre les bombes au lieu de célébrer les fêtes de fin d’année dans la chaleur et la sécurité de leurs foyers. Il a plaidé en faveur du respect du droit humanitaire et de la facilitation d’un accès sans entraves aux populations bombardées. Les attaques de missiles, délibérées et systématiques, contre les civils et infrastructures civiles viennent alourdir le nombre de crimes de guerre commis par la Fédération de Russie, comme indiqué par la Commission d’enquête indépendante sur l’Ukraine, a-t-il affirmé, en soulignant que les attaques à proximité des installations nucléaires placent le monde au bord de la catastrophe nucléaire. La situation humanitaire est encore plus grave à proximité des lignes de front et des zones nouvellement libérées, a mis en garde M. Skoog, en mettant l’accent sur les besoins immenses des personnes affectées à mesure que l’Ukraine libère ses territoires du Sud et de l’Est. Il a également exprimé sa préoccupation pour le bien-être mental et psychosocial de la population affectée par la guerre, notamment les enfants exposés aux traumatismes. Le délégué a donc appelé à prêter une assistance humanitaire aux enfants les plus vulnérables en Ukraine et à garantir leur accès à l’éducation, aux refuges, aux services de santé, y compris psychosociale, notamment pour les enfants déplacés ou séparés de leurs parents.