Conseil de sécurité: le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient appelle à un « mouvement tangible » sur la voie des deux États
Face à la montée de la violence sur le terrain et alors que le processus de paix est « au point mort », le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Tor Wennesland, a, devant le Conseil de sécurité, jugé nécessaire de prendre des mesures urgentes vers la solution des deux États, « qui recueille toujours un soutien considérable parmi les Palestiniens et les Israéliens ».
La semaine dernière, des attentats à la bombe à Jérusalem ont tué deux Israéliens, dont un adolescent de 16 ans, et blessé plus d’une douzaine de civils, a rappelé M. Wennesland, ce matin, lors de son point d’information mensuel. Quelques jours auparavant, des colons israéliens ont violemment attaqué des Palestiniens à Hébron. Le mélange d’activités militantes, de bouclages de territoires palestiniens, d’absence du Gouvernement palestinien légitime et de désespoir créent un « risque omniprésent d’escalade », a mis en garde le Coordonnateur spécial.
M. Wennesland a expliqué avoir participé à des mesures de prévention et de désescalade, en collaboration avec des partenaires régionaux et internationaux, afin notamment de soutenir les cessez-le-feu instaurés en mai 2021 et plus tôt cette année. Avec les engagements diplomatiques des parties, lesdites mesures ont contribué à maintenir le calme sur le terrain et à offrir une marge de progression. Mais sans mouvement tangible sur la voie politique, leurs avantages risquent d’être de courte durée, a encore averti le Coordonnateur spécial. « Geler le conflit ou le gérer en permanence ne sont pas des options viables. »
Selon M. Wennesland, la communauté internationale doit continuer à dialoguer avec les parties pour réduire les tensions et contrer les tendances négatives, en particulier celles qui ont une incidence sur les questions relatives au statut final. Il faut cesser de prendre des mesures unilatérales qui compromettent la paix, telles l’expansion ou la légalisation des colonies, les démolitions et les déplacements, a-t-il dit, et préserver le statu quo historique sur les Lieux saints de Jérusalem.
Toutes les délégations ont partagé leurs préoccupations face au risque d’escalade, exhorté les parties à la retenue, et demandé que des progrès soient faits dans la recherche d’une solution négociée juste et durable à ce conflit prolongé.
Les États-Unis et le Royaume-Uni ont fait remarquer que 2022 a été l’année la plus mortelle en Cisjordanie depuis 2004. La représentante américaine, comme la majorité des intervenants, a plaidé en faveur de la solution des deux États, déclarant qu’il n’y avait « pas de solution magique ni de raccourci pour y parvenir en dehors de négociations directes entre les deux parties ». Elle a estimé que la communauté internationale ne pouvait pas imposer la paix, mais avait un rôle important à jouer pour améliorer le bien-être des Palestiniens et la sécurité des Israéliens, ainsi que la stabilité de la région au sens large. Le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair sur la reprise de négociations « sérieuses » afin que les deux parties se reconnaissent mutuellement, ont plaidé à leur tour les Émirats arabes unis.
La France a spécifiquement appelé le Gouvernement israélien en formation, à ne pas relancer les projets d’extension ou de création de colonies, notamment à Jérusalem-Est et aux alentours, et à ne pas procéder à la légalisation des colonies sauvages. Dans le même esprit, la Norvège a exhorté le prochain Gouvernement israélien à contribuer à la création d’un « horizon pour la paix », et à s’engager avec les dirigeants palestiniens.
La Fédération de Russie a regretté que le problème palestinien soit devenu une « monnaie d’échange » dans les campagnes électorales en Israël, alors que selon elle les États-Unis s’emploient activement à l’évincer de l’agenda international, « bloquant les efforts du Quatuor pour le Moyen-Orient et l’adoption de toute décision importante au sein du Conseil de Sécurité ». « Personne n’a le droit d’opposer un veto en ce qui concerne les droits des Palestiniens », a abondé la Chine, rappelant que la Puissance occupante doit respecter ses obligations au regard du droit international.
Pour sa part, la représentante des États-Unis a regretté que la plupart des actions menées par l’ONU ne soient pas conçues pour favoriser des négociations directes, mais pour « dénigrer » Israël.
Sur le plan humanitaire, la Fédération de Russie, le Gabon, le Ghana, le Brésil ou encore le Mexique se sont inquiétés de la situation financière et du risque de discontinuité des services de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) alors que des populations civiles restent très dépendantes de cette aide, notamment dans la bande de Gaza, en raison du blocus.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. TOR WENNESLAND, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a déclaré qu’après des décennies de violence persistante, d’expansion illégale des colonies, de négociations en sommeil et d’occupation croissante, le conflit atteint à nouveau un point d’ébullition. Les niveaux élevés de violence en Cisjordanie occupée et en Israël ces derniers mois, y compris les attaques contre des civils israéliens et palestiniens, l’utilisation accrue des armes et la violence liée aux colons, ont causé de graves souffrances humaines.
La semaine dernière, des attentats à la bombe à Jérusalem ont tué deux Israéliens, dont un adolescent de 16 ans, et blessé plus d’une douzaine de civils, a poursuivi M. Wennesland. Quelques jours auparavant, des colons israéliens ont violemment attaqué des Palestiniens à Hébron, mettant en évidence une intensification inquiétante de la violence. À Gaza, le calme fragile a été récemment interrompu par le lancement de quatre roquettes vers Israël par des militants palestiniens et les frappes aériennes subséquentes des Forces de défense israéliennes contre ce qu’elles ont qualifié de « cibles du Hamas ».
« Cette montée de la violence se produit alors que le processus de paix est au point mort, que l’occupation est enracinée et que l’Autorité palestinienne est confrontée à des défis économiques et institutionnels croissants, aggravés par la tendance mondiale d’une baisse du soutien des donateurs ». Le mélange d’activités militantes, de bouclages de territoires palestiniens, d’absence du Gouvernement palestinien légitime et de désespoir créent un « risque omniprésent d’escalade », a mis en garde le Coordonnateur spécial, avant de citer quelques mesures de prévention auxquelles il a participé, en étroite collaboration avec des partenaires régionaux et internationaux, visant notamment à négocier et soutenir les cessez-le-feu instaurés en mai 2021 et plus tôt cette année.
M. Wennesland a expliqué que ces mesures de prévention et de désescalade, de même que les engagements diplomatiques des parties, ont contribué à maintenir le calme sur le terrain et à offrir une marge de progression. Mais sans mouvement tangible sur la voie politique, leurs avantages risquent d’être de courte durée, a-t-il encore averti. « Geler le conflit ou le gérer en permanence ne sont pas des options viables », a poursuivi le diplomate, alors que la violence monte, que l’expansion des colonies et les restrictions continuent de réduire l’espace économique et physique nécessaire au développement d’un État palestinien viable. Pour ces raisons, il est nécessaire de prendre des mesures urgentes vers la solution des deux États, qui recueille toujours un soutien considérable parmi les Palestiniens et les Israéliens.
Le Coordonnateur spécial a estimé que la communauté internationale doit continuer à dialoguer avec les parties pour réduire les tensions et contrer les tendances négatives, en particulier celles qui ont une incidence sur les questions relatives au statut final. Cela signifie cesser de prendre des mesures unilatérales qui compromettent la paix, en particulier l’expansion ou la légalisation des colonies, les démolitions et les déplacements, et maintenir le statu quo sur les Lieux saints.
À Gaza, une approche plus approfondie et plus globale pour assouplir les restrictions à la circulation des personnes et des biens est nécessaire, a estimé M. Wennesland. « Reconnecter les économies de la Cisjordanie et de la bande de Gaza devrait être un objectif essentiel. » Pour mettre fin au bouclage débilitant et relever les défis de Gaza, il faut des solutions politiques conformes à la résolution 1860 (2009).
Il faut enfin que toutes les parties et la communauté internationale déploient des efforts pour renforcer les institutions palestiniennes, améliorer la gouvernance et consolider la santé budgétaire de l’Autorité palestinienne. La légitimité politique et la responsabilité de l’Autorité palestinienne doivent également être renforcées par des réformes démocratiques et l’ouverture de l’espace civique, la tenue d’élections dans tous les territoires palestiniens occupés et la garantie de l’efficacité et de la crédibilité des Forces de sécurité palestiniennes. Concluant, M. Wennesland a dit reconnaître que, dans les circonstances actuelles, faire avancer de telles mesures sera une tâche difficile. Cela nécessitera un engagement redoublé de la part de la communauté internationale, ainsi qu’une attention, des ressources et un engagement coordonné et soutenu avec les parties, malgré les nombreux défis mondiaux.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné les attentats perpétrés à Jérusalem la semaine dernière, ainsi que l’attaque terroriste du 15 novembre dans une colonie ayant tué trois Israéliens, et la violence commise par des colons à Hébron le 19 novembre. La violence ciblant les civils n’est jamais justifiée et leurs auteurs, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, doivent être traduits en justice. La représentante s’est dite préoccupée par l’augmentation des violences, rappelant que 2022 a été l’année la plus mortelle en Cisjordanie depuis 2004, avec la mort de près de 150 Palestiniens et de 28 Israéliens. Elle a appelé les parties à ne pas mener d’activités unilatérales, notamment les constructions de colonies de peuplement, les destructions de maisons palestiniennes et l’atteinte au statu quo historique sur les Lieux saints. Mme Thomas-Greenfield a plaidé en faveur de la solution des deux États, rappelant qu’il n’y avait « pas de solution magique ou de raccourci pour y parvenir en dehors de négociations directes entre les deux parties ». Elle a estimé que la communauté internationale ne pouvait pas imposer la paix, mais avait un rôle important à jouer pour améliorer le bien-être des Palestiniens et la sécurité des Israéliens, et la stabilité de la région au sens large. Enfin, la représentante a regretté que la plupart des actions menées par l’ONU ne soient pas conçues pour favoriser des négociations directes mais pour « dénigrer » Israël. Elle a déploré le nombre de résolutions, d’actions et d’organes « anti-israéliens » dans le système des Nations Unies, citant notamment la Commission d’enquête illimitée et l’avis demandé à la Cour internationale de Justice (CIJ).
Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est dite alarmée par l’instabilité croissante en Cisjordanie et à Jérusalem. Depuis le 14 novembre, quatre Israéliens ont perdu la vie dans des attentats terroristes dans la ville d’Ariel et à Jérusalem, dont un adolescent de 16 ans. Rien ne justifie cette violence épouvantable, a-t-elle déclarée. Pendant ce temps, deux mineurs palestiniens ont également été tués en Cisjordanie, dont un âgé de 15 ans. Cent-quarante-deux Palestiniens ont été tués par les Forces de sécurité israéliennes depuis le 1er janvier – le plus grand nombre en une seule année depuis le début des décomptes établis par l’ONU en 2005–, a relevé la représentante, en ajoutant que, dans le même temps, 30 Israéliens ont également perdu la vie. Dans ce contexte, le Royaume-Uni est prêt à soutenir la nouvelle Administration israélienne et l’Autorité palestinienne pour désamorcer la crise et s’attaquer aux causes profondes du conflit, a-t-elle indiqué. La délégation continue de soutenir pleinement le droit d’Israël à la légitime défense, mais, a souhaité la représentante, ses Forces de sécurité devraient recourir à un usage proportionné de la force et enquêter sur tous les décès de Palestiniens. Elle a exhorté les deux parties à s’engager dans un dialogue constructif, à s’abstenir de toute escalade et à œuvrer pour restaurer la confiance et ouvrir la voie à la paix et au règlement de ce conflit. La déléguée a partagé son inquiétude face aux scènes de violence des colons perpétrées contre les Palestiniens à Hébron ces derniers jours. Demandant que la violence exercée par les colons cesse, elle a également demandé à Israël d’établir les responsabilités. Elle a, en conclusion, exhorté Israël et l’Autorité palestinienne à accélérer leurs efforts pour améliorer les conditions économiques et humanitaires en Cisjordanie et à Gaza.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) s’est inquiété de la situation fragile et du risque d’escalade en Israël et en Palestine, en appelant à la prévention. Il a condamné les attentats perpétrés le 23 novembre à Jérusalem et le lancement de roquettes depuis Gaza, tout en appelant les Forces de sécurité israéliennes à respecter les principes de proportionnalité et de distinction, conformément au droit international humanitaire. Le représentant a également condamné les attaques récurrentes commises par les colons israéliens, et demandé la cessation des expulsions, des déplacements et des démolitions de structures palestiniennes telles que des écoles, notamment à Masafer Yatta. Dans l’attente du renouvellement du mandat de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. de la Fuente a demandé un financement prévisible lui permettant de fournir une aide humanitaire et des services de base à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens au Moyen-Orient. Il a exhorté le nouveau Gouvernement israélien à intensifier la coopération avec l’Autorité palestinienne, et à celle-ci de tenir, dans les plus brefs délais, des élections présidentielle et législatives dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Seule une solution négociée saura mettre fin aux cycles récurrents de violence qui affectent la stabilité de toute la région, a martelé le représentant.
Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a souligné que seule une solution des deux États peut apporter une paix durable. À cet égard, elle a réitéré la nécessité d’une reprise des négociations de paix et a appelé les parties à protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants. Elle a en outre exhorté les parties à cesser la violence et à éviter les actions unilatérales sur le terrain pour rétablir la confiance entre les parties. L’Inde reste déterminée à soutenir tous les efforts visant à reprendre les négociations directes pour parvenir à une solution des deux États, a assuré la déléguée, rappelant aussi qu’à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le Premier Ministre indien a réaffirmé la relation de longue date avec le peuple palestinien, laquelle se fonde sur des liens historiques et interpersonnels de longue date.
M. ZHANG JUN (Chine) a déploré le nombre élevé de Palestiniens, y compris des enfants, tués cette année par des Israéliens, un record depuis 2005. Les auteurs de ces actes doivent être tenus pour responsables, a dit le représentant. Israéliens et Palestiniens sont voisins, ils ont donc des préoccupations de sécurité communes qu’ils doivent résoudre ensemble, a-t-il poursuivi. Dans le même temps, la Puissance occupante doit respecter ses obligations au titre du droit international. Elle doit donc assouplir les mesures restrictives et les blocus imposés aux Palestiniens afin de leur permettre d’avoir de meilleures conditions de vie et de développer leur économie. Le représentant a souligné que les activités de colonisation d’Israël, illégales au regard du droit international, empêchent l’avènement d’un État palestinien et la réalisation de la solution des deux États, comme le demandent les résolutions des Nations Unies, y compris celles du Conseil de sécurité. Afin de rendre justice au peuple palestinien, le Conseil doit promouvoir la réalisation de leurs droits. « Personne n’a le droit d’opposer un veto en ce qui concerne les droits des Palestiniens », a tranché le représentant.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), s’inquiétant du risque d’escalade sur le terrain, a appelé les parties à la retenue. Il a condamné les deux attentats qui ont frappé Jérusalem le 23 novembre, réitérant le soutien constant de son pays à la sécurité d’Israël. Il a également condamné la mort de nombreux civils palestiniens cette année, dont la journaliste Shireen Abu Aqleh et plusieurs enfants, rappelant que la protection des civils pendant les opérations militaires est une obligation au titre du droit international humanitaire. Le représentant a condamné la politique de colonisation israélienne, dont relèvent les démolitions et les évictions de familles palestiniennes qui se poursuivent en dépit des appels répétés des membres du Conseil de sécurité. Nous sommes choqués par la destruction par Israël d’une école à Masafer Yatta, la semaine dernière, a-t-il affirmé, ajoutant que les enfants palestiniens avaient le droit d’avoir accès à l’éducation. M. de Rivière a appelé le Gouvernement israélien en formation à ne pas relancer les projets d’extension ou de création de colonies, notamment à Jérusalem-Est et aux alentours, et à ne pas procéder à la légalisation des colonies sauvages. « Seule une solution des deux États ayant l’un et l’autre Jérusalem pour capitale, permettra d’apporter une paix juste et durable aux Israéliens, aux Palestiniens et dans toute la région. » Le représentant a rappelé l’attachement de la France au statu quo historique sur les Lieux saints de Jérusalem. Il a appelé le Conseil à se mobiliser en faveur du lancement de pourparlers de paix dans les meilleurs délais. Après les élections en Israël, « il faut relancer rapidement les négociations directes entre les parties », a-t-il insisté.
M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que la situation dans les territoires palestiniens occupés restera explosive tant que les parties n’auront pas trouvé de solutions mutuellement acceptables sur toutes les questions relatives au statut final. Selon les informations reçues, plus de 130 personnes sont déjà mortes à la suite d’actions militaires israéliennes cette année, ce qui en fait l’année la plus sanglante depuis 2015, s’est-il indigné. Il a également dénoncé les actions unilatérales israéliennes qui continuent de créer des « faits accomplis irréversibles sur le terrain », citant notamment la construction de colonies de peuplement, l’expropriation de biens palestiniens, les démolitions de maisons, les arrestations arbitraires et la violation du statu quo des Lieux saints de Jérusalem. Il a aussi dénoncé les actions illégales arbitraires d’Israël qui violent la souveraineté des pays arabes voisins, y compris des raids sur le territoire de la Syrie et du Liban. Notant qu’il n’y a aucune perspective de relance du processus de paix, « gelé » depuis 2015, le délégué a regretté que le problème palestinien soit devenu une « monnaie d’échange » dans les campagnes électorales en Israël, alors que les États-Unis s’emploient activement à l’évincer de l’agenda international, bloquant les efforts du Quatuor pour le Moyen-Orient et l’adoption de toute décision importante au sein du Conseil de Sécurité.
Après avoir salué la signature de la Déclaration d’Alger, par laquelle les factions palestiniennes ont décidé de continuer à progresser vers l’unité nationale, le représentant s’est inquiété de la détérioration de la situation sociale et humanitaire dans les territoires palestiniens. Alors que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) continue de faire face à une pénurie de fonds paralysante, le représentant a souligné que les activités de l’Office ont pourtant un important effet stabilisateur dans les territoires palestiniens et les pays du Moyen-Orient. Il a apporté le soutien politique indéfectible de la Fédération de Russie à l’UNRWA dans le contexte du renouvellement de son mandat à l’Assemblée générale et a expliqué que les contributions volontaires ponctuelles de son pays se poursuivront, ajoutant que « malheureusement, en raison des sanctions antirusses unilatérales, nous ne sommes toujours pas en mesure de contribuer financièrement au budget de l’UNRWA ».
M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a fait part de sa préoccupation face à l’intensification des tensions et à l’escalade de la violence sur le terrain, particulièrement en Cisjordanie. Cette situation continue d’affecter les conditions socioéconomiques et l’aide humanitaire dans les territoires occupés. Il a demandé que des analyses approfondies soient menées afin de mieux comprendre l’impact des récents incidents sur la paix et la sécurité dans la région et de permettre au Conseil de sécurité de formuler des solutions pratiques et concrètes pour mettre fin au conflit. Après des années d’un processus de paix inaccessible et de négociations intermittentes, le délégué a estimé qu’il est toujours temps de réaliser des progrès tangibles dans le processus de paix, notamment au moyen d’initiatives locales et régionales et de la cessation des activités de peuplement israéliennes, comme l’exigent les résolutions pertinentes du Conseil. Conformément à la Déclaration d’Alger de 2022, le représentant a également appelé à la réconciliation des factions palestiniennes et à la tenue d’élections menant à l’établissement d’un gouvernement d’unité nationale.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est inquiété de voir que les crispations et les tensions se cristallisent à Jérusalem, et que les positions des parties se radicalisent. Les enfants et les femmes payent un lourd tribut dans les violences aveugles qui touchent les populations civiles, et il faut se garder d’une banalisation de ces tragédies, a-t-il averti. Le refus de banaliser l’horreur concerne également les attaques subies par les Israéliens à l’instar de celle qui a entraîné le décès de trois Israéliens, le 15 novembre, dans la zone industrielle de la colonie d’Ariel. Le représentant a exhorté chacune des parties à la retenue et à s’abstenir de toute rhétorique belliqueuse de nature à entraver la recherche de la paix. Il a en outre appelé à la cessation des activités de colonisation, des expulsions et des démolitions des logements palestiniens. Sur le plan humanitaire, le représentant s’est inquiété du risque de discontinuité des services de l’UNRWA alors que des populations civiles restent très dépendantes de cette aide, notamment dans la bande de Gaza, en raison du blocus. Il a donc demandé la levée de ce blocus conformément à la résolution 1860 (2009), et invité la communauté internationale à poursuivre le financement de l’Office. Au niveau politique, il a appelé les parties à reprendre des négociations de bonne foi, en vue de rétablir la confiance et de donner une chance aux aspirations des peuples palestinien et israélien à vivre en paix, et encouragé la poursuite des efforts diplomatiques à cette fin.
Mme MONA JUUL (Norvège) s’est alarmée du nombre croissant d’attaques perpétrées par des colons, dont la plus récente à Hébron, qui ne font qu’attiser les tensions. Elle a relevé que la vie quotidienne est devenue intenable pour beaucoup de Palestiniens, qui n’osent plus accéder à leur terre, et que ce climat de coercition risque de forcer la population locale à partir. En conséquence, elle a exhorté les autorités israéliennes à prendre des mesures plus robustes pour prévenir la violence des colons et faire rendre des comptes aux auteurs des attaques. De la même façon, elle a condamné toute violence contre les civils, y compris les actes terroristes, jugeant indéfendables les récentes attaques à Jérusalem.
La représentante a jugé essentiel de préserver et de respecter le statu quo historique des Lieux saints à Jérusalem. Elle a également exprimé sa préoccupation face à la situation à Masafer Yatta, et vivement appelé Israël à révoquer tous les ordres d’éviction et de démolition, et à honorer toutes ses obligations en vertu du droit international humanitaire. Saluant les efforts de réconciliation intra-palestinienne à Alger, elle a aussi exhorté le prochain Gouvernement israélien à contribuer à la création d’un « horizon pour la paix », et à s’engager avec les dirigeants palestiniens.
M. ARIAN SPASSE (Albanie) a condamné fermement les attaques terroristes « coordonnées et sophistiquées », de mercredi dernier, contre des civils israéliens à Jérusalem, ainsi que les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël au début du mois de novembre, affirmant le droit légitime d’Israël à l’autodéfense. Le représentant s’est dit profondément préoccupé par l’escalade de la violence sur le terrain, en particulier par l’aggravation de la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Il a appelé les parties à s’abstenir de mesures et d’actions unilatérales qui ne font qu’alimenter de nouvelles tensions.
Le représentant a rappelé que la mise en œuvre complète de la résolution 2601 (2021) du Conseil de sécurité sur la sauvegarde du droit à l’éducation dans les conflits est une obligation pour chaque partie au conflit. Les enfants, où qu’ils soient, ont droit à l’enseignement et les attaques contre les écoles, les enfants et les enseignants sont déplorables, a-t-il martelé. Le délégué s’est inquiété de l’augmentation des démolitions de maisons et de l’avancement des colonies de peuplement ainsi que d’une rhétorique incendiaire contre les Israéliens et de l’antisémitisme. Il a réitéré son soutien à une solution juste et négociée des deux États avec Jérusalem comme future capitale commune, la qualifiant de « seule façon d’avancer ».
Pour Mme PAULA AGUIAR BARBOZA (Brésil), la solution des deux États, dans le cadre du droit international et des résolutions pertinentes du Conseil, reste le seul moyen de répondre aux aspirations des Israéliens et des Palestiniens, en garantissant la sécurité de tous. Nous devons œuvrer à cet objectif, au lieu de nous en éloigner, a-t-elle souligné, en appelant à revoir toutes les actions susceptibles de limiter les possibilités d’atteindre cet objectif. Rappelant que le Commissaire général de l’UNRWA, M. Philippe Lazzarini, a récemment rappelé que le désespoir augmente lorsque les gens, en particulier les jeunes, sont confrontés à la pauvreté, au chômage et à un manque général de perspectives, elle a mis en garde contre le fait que cela risque d’avoir un impact déstabilisateur dans la région, en rappelant qu’à Gaza et au Liban, 80% des personnes vivent sous le seuil de pauvreté. La déléguée a fait écho aux appels à rétablir les capacités de l’UNRWA pour lui permettre de continuer à fournir une assistance et leurs services de base en ce moment de crise. Elle a également mis en exergue l’importance de la coopération internationale pour soutenir les autorités palestiniennes dans leurs efforts de renforcement des institutions et de promotion de la croissance économique. Cela permettra non seulement d’améliorer la vie des Palestiniens, mais contribuera aussi à la réconciliation intra-palestinienne, qui est essentielle à la reprise d’un véritable dialogue, a-t-elle fait valoir. En conclusion, la représentante a remercié M. Wennesland de ses efforts continus en vue de désamorcer les tensions en 2022, et appelé la communauté internationale à trouver un moyen de rompre ces cycles de violences et de parvenir à une paix durable dans la région.
M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a déclaré que le processus de paix au Moyen-Orient traverse actuellement une phase délicate. « Le Territoire palestinien occupé est sous haute tension », un motif de préoccupation à l’échelle régionale et internationale qui exige de prévenir et de faire baisser les tensions pour ne pas atteindre un « point de non-retour ». La diplomatie et le dialogue étant les seuls moyens de mettre fin à ce conflit, il faut éviter les propos et agissements violents, a préconisé le représentant. Les incursions répétées des colons israéliens dans les Lieux saints, comme l’ont fait des dizaines de milliers d’entre eux à Hébron la semaine dernière, doivent également cesser. D’après lui, la solution des deux États est la plus stratégique pour les deux peuples, ce qui implique d’inverser la tendance négative sur le terrain et d’arrêter les expulsions et démolitions. De son côté, le Conseil de sécurité doit envoyer un message clair sur la reprise de négociations sérieuses afin que les deux parties se reconnaissent mutuellement. Le représentant a salué l’accord de réconciliation entre factions palestiniennes récemment signé à Alger, de même que l’accord qui permettra, pour la première fois depuis 2007, la réparation des bateaux de pêche à Gaza. Rappelant que la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien sera célébrée demain, le 29 novembre, il a réitéré le soutien des dirigeants de son pays au règlement du conflit et à la solution des deux États avec Jérusalem-Est comme capitale.
M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a rappelé que M. Wennesland avait averti il y a un mois déjà que l’année 2022 risquait de devenir la plus meurtrière pour les Palestiniens vivant dans les territoires palestiniens occupés depuis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a commencé à établir des statistiques en 2005. Avec la détérioration de la situation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, il s’est inquiété de l’usage excessif de la force par les Forces de sécurité israéliennes, soulignant à ce propos qu’entre le 25 octobre et le 7 novembre, 15 Palestiniens, dont 3 enfants, ont été tués par les Forces israéliennes en Cisjordanie occupée. Le représentant a condamné le meurtre d’enfants, déplorant les attaques commises contre les civils, tant en Israël que dans les territoires occupés. M. Mythen a condamné en particulier les attaques à l’engin explosif contre des civils ayant fait deux morts à Jérusalem; et au couteau, dans la colonie de peuplement d’Ariel, qui ont provoqué le décès de trois Israéliens.
Il a réitéré la nécessité urgente d’une solution juste, inclusive et durable à la question palestinienne, tout en déplorant que la perspective de négociations entre les deux parties en vue de la solution des deux États soit éloignée. Cela ne sera possible qu’une fois qu’il y aura reddition de comptes dans les territoires palestiniens occupés, notamment pour les pertes civiles pour lesquelles il a requis des enquêtes, en particulier pour la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh. Il a noté, à cet égard, que les États-Unis ont décidé de mener une enquête à ce sujet, ce qui a été salué par la famille de la journaliste et par l’Autorité palestinienne. Il a également exigé de cette dernière une enquête indépendante, sur la mort du défenseur des droits de l’homme Nizar Banat, après son arrestation par les Forces de sécurité palestiniennes.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit profondément préoccupé par l’absence de progrès dans la recherche d’une solution juste et durable au conflit prolongé. Il a déploré la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie, causée par la violence communautaire, les arrestations et détentions arbitraires de jeunes palestiniens, les démolitions de maisons et la construction de nouvelles colonies de peuplement. Il a aussi exprimé sa préoccupation face à la forte augmentation des attaques meurtrières contre des civils israéliens et à l’enlèvement d’Israéliens innocents à Jérusalem.
Le délégué s’est inquiété de la situation humanitaire désastreuse à laquelle sont confrontés les réfugiés palestiniens dans les territoires palestiniens occupés, en particulier en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est. Il a souligné la nécessité de faciliter l’accès humanitaire pour permettre aux habitants des territoires palestiniens occupés d’avoir accès aux produits de base et à une vie digne. Il a salué l’effort de l’UNRWA et de son personnel, qui travaillent dans des conditions difficiles pour fournir une assistance critique aux réfugiés palestiniens. Le représentant a par ailleurs exprimé sa solidarité aux familles d’au moins 21 personnes qui ont été tuées et blessées lors d’un incendie dans le camp de réfugiés surpeuplé de Jabaliya, dans la bande de Gaza. Il a salué l’offre des autorités israéliennes de lever les restrictions habituelles pour permettre aux survivants de se faire soigner en Israël, en réponse à une demande de l’Autorité palestinienne. Le délégué a ensuite réitéré son soutien à la solution des deux États avec Jérusalem pour capitale commune.