9197e séance – matin
CS/15111

Après un nouveau tir de missile balistique par la RPDC, le Conseil de sécurité se divise sur la marche à suivre pour désamorcer les tensions

Pour la sixième fois cette année, le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni après un nouveau tir de missile balistique intercontinental effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) le 18 novembre dernier, le deuxième ce mois-ci.  Cette séance a été l’occasion pour plusieurs membres d’exhorter le Conseil à prendre des mesures « significatives » et à rompre un silence qui, selon eux, encourage des agissements qui violent de manière flagrante les résolutions pertinentes de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et la Charte des Nations Unies. 

Venue présenter les faits, la Secrétaire général adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a rappelé que, vendredi dernier, la RPDC s’est livrée à un tir réussi de son plus puissant missile balistique intercontinental (MBI), le Hwasong-17, « capable d’atteindre toute l’Amérique du Nord ».  Il a parcouru une distance de 1 000 kilomètres et touché la zone économique exclusive japonaise, située à seulement 200 kilomètres d’Hokkaido.  Comme par le passé, la RPDC, qui totalise une soixantaine de tirs de missiles balistiques cette année, n’a émis aucune notification relative à l’espace aérien ou à la sécurité maritime. 

Alors que la situation dans la péninsule coréenne continue d’aller « dans la mauvaise direction », en raison de ces tirs, d’un durcissement de la rhétorique belliciste et de manœuvres militaires qui contribuent à un « cycle action-réaction négatif », il devient essentiel de désamorcer les tensions, a plaidé la Secrétaire générale adjointe, en réclamant le retour au dialogue pour sortir de l’« impasse ». 

L’unité du Conseil sur ce dossier est donc essentielle, et une solution diplomatique reste la seule voie à suivre, a-t-elle dit, en appelant à rétablir les canaux de communication, notamment au niveau militaire.  Parallèlement, le Conseil de sécurité doit agir collectivement, ou ses membres individuellement, pour exiger de la RPDC qu’elle s’abstienne de procéder à de nouveaux tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ou à se livrer à un septième essai nucléaire, a ajouté Mme DiCarlo, en réitérant l’appel lancé de son côté par le Secrétaire général de l’ONU. 

« Scandaleux », « inacceptable et illégal », « manque de respect total des décisions du Conseil », « violation des résolutions pertinentes », « défi à l’autorité du Conseil », « escalade manifeste », « menace imminente et grave », « source de préoccupation »: c’est en ces termes que les pays occidentaux siégeant au Conseil, qui avaient demandé la convocation de cette séance, ainsi que le Japon, ont décrit ce soixante-troisième tir de missile balistique, le huitième depuis le début de l’année. 

La France et l’Albanie se sont dit partisanes de la fermeté pour mettre fin au programme d’armes de destruction massive de Pyongyang, toute inaction équivalent à une forme d’impunité.  Il faut maintenir la pression et, dans certains domaines, la renforcer, ont-elles plaidé.  Alléger le régime de sanctions applicable à ce pays n’aurait selon ces deux pays aucun sens, car il en va de la crédibilité même du Conseil. 

Le silence de cet organe, après plus de 60 tirs de missiles balistiques cette année, adresse un message inquiétant et très dangereux, d’autant que dans sa résolution 2397 (2017), le Conseil avait décidé qu’il agirait en conséquence face à tout nouveau tir de ce type par la RPDC, a rappelé l’Irlande.  Résolution qui demande explicitement de restreindre les exportations de pétrole en cas de nouveau tir, a souligné la République de Corée, qui s’est alarmée de l’impuissance du Conseil.  Son engagement à ne jamais autoriser une Corée du Nord nucléarisée, dotée de capacités de missiles balistiques, doit être maintenu à tout prix, a renchéri le Japon. 

Si pour la Norvège, le Mexique et le Royaume-Uni, le retour au dialogue et à la diplomatie reste la seule solution, les sanctions demeurent à leurs yeux un outil essentiel pour enrayer le développement des capacités militaires illégales de la RPDC.  Appels au dialogue et à la recherche du consensus parmi les membres du Conseil pour apaiser les tensions ont été soutenus par d’autres comme l’Inde, le Gabon, le Kenya, les Émirats arabes unis ou encore la Chine, et le Brésil a toutefois fait observer que les sanctions les plus draconiennes ne l’ont pas empêchée d’acquérir cet arsenal, exigeant désormais de privilégier une approche qui tienne pleinement compte de la complexité de la situation. 

Renforcer les sanctions ne résoudra pas le problème, a tranché la Fédération de Russie, tandis que pour la Chine, le Conseil ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques, mais au contraire s’efforcer de lever les embûches sur le chemin menant à une solution politique.  Les États-Unis doivent faire des propositions concrètes et réalistes pour répondre aux préoccupations légitimes de Pyongyang, a estimé la délégation chinoise. 

C’est en effet le manque de sincérité des Américains et de leurs alliés qui serait blâmé, selon la délégation russe: en dépit de leurs déclarations d’intention, ils continuent de promouvoir de manière « obsessionnelle » leurs alliances militaires dans la région.  Leurs manœuvres simulant des bombardements de sites nucléaires nord-coréens sont la raison pour laquelle des tirs de missiles balistiques ont été effectués par la RPDC, a insisté cette délégation, en accusant les Occidentaux d’ignorer les appels au dialogue lancés en 2018 et 2019 par Pyongyang. 

Pour les États-Unis au contraire, c’est bien l’obstruction flagrante de deux membres permanents du Conseil qui ont, en mai dernier, exercé leur droit de veto pour faire échouer l’adoption d’une résolution, qui met désormais l’Asie tout entière et le reste du monde en danger.  Face à cette situation, la délégation américaine a donc annoncé son intention de faire circuler parmi les membres un projet de déclaration présidentielle visant à prendre des mesures vigoureuses.  Une initiative saluée par la République de Corée, pour laquelle il s’agirait d’une « action à minima ». 

NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclaration liminaire

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, citant l’agence de presse officielle de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et diverses sources gouvernementales, a déclaré que le 18 novembre dernier, vers 10h15, heure locale, la RPDC a testé ce qu’elle a décrit comme un nouveau type de missile balistique intercontinental (MBI), dénommé le Hwasong-17.  Selon ces sources, le missile aurait parcouru une distance de 1 000 kilomètres à une altitude d’environ 6 100 kilomètres.  Il s’agirait, non seulement du deuxième lancement d’ICBM ce mois-ci, mais aussi du premier test réussi du missile le plus gros et le plus puissant de la RPDC, capable d’atteindre toute l’Amérique du Nord.  Ce lancement était le dernier d’une série d’activités alarmantes liées aux programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques que la RPDC a menés en 2022, dont plus de 60 lancements utilisant la technologie des missiles balistiques. 

La RPDC n’a émis aucune notification relative à l’espace aérien ou à la sécurité maritime pour aucun de ces lancements.  Or, les lancements inopinés représentent un risque sérieux pour l’aviation civile internationale et le trafic maritime.  De plus, la poursuite continue par la RPDC de son programme d’armement nucléaire et les lancements de missiles balistiques violent de manière flagrante les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et ont conduit à une escalade significative des tensions, a dit Mme DiCarlo, avant de réitérer son appel à la RPDC pour qu’elle s’abstienne de prendre de nouvelles mesures provocatrices et qu’elle respecte pleinement ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. 

La Secrétaire générale adjointe a également indiqué que, la RPDC semble également poursuivre activement son programme nucléaire.  L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a signalé le 16 novembre dernier que le site d’essais nucléaires de Punggye-ri reste prêt à se livrer à un essai nucléaire.  L’AIEA, qui continue d’observer l’activité sur le site, a également observé des activités de construction dans les installations nucléaires de Yongbyon ainsi que des indications selon lesquelles le réacteur nucléaire de cinq mégawatts fonctionnait. 

Alors que c’est la dixième fois que le Conseil se réunit pour discuter de la RPDC en 2022, la situation dans la péninsule coréenne continue d’aller dans la mauvaise direction.  Les lancements répétés de missiles, la rhétorique belliciste et les exercices militaires contribuent à un cycle action-réaction négatif.  Les tensions continuent d’augmenter, pendant que la pandémie de COVID-19 complique la diplomatie en empêchant les contacts officiels et non officiels avec les représentants de la RPDC.  Or, il est essentiel de désamorcer et de réduire les tensions.  Les canaux de communication doivent être améliorés, en particulier les canaux inter-militaires, pour réduire le risque d’erreur de calcul, a encore déclaré Mme DiCarlo. 

Dans ce contexte, la Secrétaire générale adjointe a dit se joindre au Secrétaire général pour exhorter la RPDC à prendre des mesures immédiates pour reprendre le dialogue menant à une paix durable et à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.  Elle aussi indiqué que, le Secrétaire général compte sur les membres du Conseil, collectivement ou individuellement, pour exhorter la RPDC à s’abstenir de procéder à de nouveaux lancements recourant à la technologie des missiles balistiques ou à un septième essai nucléaire.  L’unité au sein du Conseil est essentielle, et une solution diplomatique reste la seule voie à suivre, a-t-elle conclu. 

Déclarations

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a condamné « dans les termes les plus fermes possibles » le lancement scandaleux par la RPDC d’un missile balistique intercontinental, soit le huitième cette année, portant à 63 le nombre de tirs de missiles balistiques par ce pays, ce qui constitue un record.  À 63 reprises, a-t-elle répété, la RPDC a démontré son manque de respect total pour les décisions du Conseil.  Il est temps que cet organe adresse le même appel que le Secrétaire général de l’ONU, a-t-elle ajouté, soulignant que ce dernier avait indiqué que c’est la dixième fois que le Conseil se réunit cette année sans prendre de décision significative.  L’obstruction flagrante de deux membres permanents du Conseil met l’Asie tout entière et le reste du monde en danger, a estimé la déléguée.  Elle a renvoyé au débat qui s’est tenu la semaine dernière à l’Assemblée générale sur la réforme du Conseil de sécurité, signalant que lorsque les États Membres dénoncent les abus dans l’exercice du droit de veto, ils parlent précisément de ce genre de cas.  Aussi la délégation américaine a-t-elle annoncé son intention de proposer une déclaration présidentielle en vue de prendre des mesures énergiques, en encourageant tous les membres du Conseil à y adhérer et à condamner fermement les programmes nucléaires et balistiques de Pyongyang.  La représentante a réitéré la disposition des États-Unis à rencontrer les dirigeants de la RPDC, qui ont jusqu’ici ignoré cette main tendue. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a condamné fermement les violations flagrantes des résolutions du Conseil par le « régime » de la RPDC ainsi que ses menaces envers ses voisins.  Il a dénoncé le lancement de missiles à proximité et les violations répétées des notifications de l’espace maritime et aérien.  « La RPDC s’est depuis longtemps mise hors la loi », a-t-il ajouté, fustigeant le silence du Conseil.  Devant son inaction, le régime de la RPDC continue de se militariser et de menacer la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, avec un nombre record cette année de lancements de missiles de toutes sortes, a mis en garde le délégué.  Face à ces menaces, M. Hoxha a appelé les membres du Conseil à répondre avec fermeté, et à l’unanimité, aux provocations de la RPDC en mettant un terme à son régime de prolifération et à ses armes de destruction massive.  L’inertie signifie l’impunité pour les actions répréhensibles de la RPDC, a-t-il conclu. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a condamné avec la plus grande fermeté le tir d’un nouveau missile balistique intercontinental par la Corée du Nord le 18 novembre et a assuré la République de Corée et le Japon de la solidarité de la France face à cet acte irresponsable.  Cette escalade est dangereuse et la multiplication sans précédent de ces tirs doit être une source de préoccupation pour tous, a martelé le représentant, aux yeux duquel chacun de ces tirs est un défi à l’autorité du Conseil de sécurité et à ses résolutions, sape le régime de non-prolifération et constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Jamais la Corée du Nord n’avait tiré autant de missiles et utilisé une rhétorique nucléaire aussi agressive, a constaté le représentant, qui a ajouté que l’AIEA constatait une activité constante qui laisse craindre la préparation d’un septième essai nucléaire. 

Dans ce contexte, alléger les sanctions n’aurait aucun sens, a asséné le représentant, pour qui il faut maintenir la pression et, dans certains domaines, l’augmenter.  Le régime nord-coréen doit cesser de détourner les maigres ressources de son pays pour financer ses programmes proliférant au détriment de sa population.  La France exhorte donc la Corée du Nord, à répondre aux offres de dialogue sans conditions présentées par les pays de la région, a poursuivi M. de Rivière.  L’inaction du Conseil offre à la Corée du Nord une couverture pour poursuivre ses provocations, a mis en garde le représentant, pour lequel ces nouvelles provocations exigent une réponse unie et responsable de la communauté internationale.  Il y va de la crédibilité du Conseil de sécurité, a-t-il souligné. 

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a condamné le tir de missile balistique intercontinental effectué par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a atterri dans la zone économique exclusive du Japon.  Ce lancement constitue selon lui une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et une menace pour la sécurité de la population de la région.  Dans sa résolution 2397 (2017), le Conseil a décidé qu’il agirait en réponse à tout nouveau lancement de ce type par la RPDC, a-t-il rappelé.  Alors que la RPDC a procédé cette année à huit lancements similaires, M. Mythen s’est inquiété que ces lancements soient restés sans réponse de la part du Conseil en raison du veto de deux de ses membres.  Le silence du Conseil face à plus de 60 lancements de missiles balistiques cette année, envoie également un message inquiétant aux pays de la région, et un message très dangereux à la RPDC, s’est inquiété le représentant.  À ses yeux, la RPDC est seule responsable de l’accroissement des tensions et du refus des négociations avec les États-Unis et la République de Corée.  Elle détourne en outre des ressources destinées à l’aide humanitaire pour les consacrer à des programmes nucléaires et balistiques illégaux.  Selon lui, la RPDC doit mettre fin à ces programmes, revenir au Traité sur la non-prolifération et aux accords de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

Mme MONA JUUL (Norvège), après avoir exhorté la RPDC à s’abstenir immédiatement de lancer de nouveaux missiles et à contribuer à la désescalade des tensions, a estimé que la seule voie à suivre pour trouver une solution de paix et de stabilité durables dans la péninsule coréenne est la diplomatie.  Pour cela, la RPDC doit choisir la voie du dialogue, a insisté la représentante.  Rappelant que le développement par ce pays de ses programmes nucléaires et de missiles balistiques constitue une violation de multiples résolutions du Conseil de sécurité, Mme Juul a regretté que ce dernier continue de garder le silence. 

La représentante a en outre souligné que, les sanctions adoptées à l’unanimité par le Conseil représentent un élément essentiel de ses efforts pour ralentir le développement des programmes d’armement illégaux de la RPDC.  Elle a précisé à ce propos que, ces mesures ne sont nullement destinées à entraîner des conséquences humanitaires néfastes pour la population civile nord-coréenne, le Conseil de sécurité suivant avec le plus grand sérieux la situation en la matière en RPDC.  Les demandes d’exemptions humanitaires sont rapidement traitées par le Comité 1718, a-t-elle encore fait observer, avant d’appeler le Gouvernement de la RPDC à coopérer avec la communauté internationale pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire au peuple nord-coréen. 

Mme BARBARA WOODWARDS (Royaume-Uni) a indiqué que, ce sont toujours les deux mêmes membres du Conseil qui opposent un vote négatif à certains projets de résolutions du Conseil.  Un retour au dialogue reste la seule solution pour résoudre la situation sécuritaire dans la péninsule coréenne, a-t-elle indiqué, en apportant son appui au projet de déclaration présidentielle annoncé par les États-Unis.  La représentante a vivement encouragé la RPDC à investir plutôt dans l’alimentation et le bien-être de sa population. 

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que la situation dans la péninsule coréenne connait une « spirale infernale » préoccupante et appelé à des solutions de compromis pour éviter une escalade hors de contrôle.  À cette fin, le représentant a appelé toutes les parties à reprendre le dialogue et à s’abstenir d’actes ou de rhétoriques susceptibles de mener à une détérioration de la situation.  Pour la Chine, les États-Unis devraient faire preuve de sincérité et mettre sur la table des propositions concrètes et réalistes pour donner effet aux préoccupations légitimes de la RPDC.  Les parties doivent en outre mettre en avant le processus de dénucléarisation dans la péninsule coréenne tout en trouvant des solutions concrètes pour alléger les sanctions imposées à la RPDC. 

Le Conseil ne doit pas condamner mais désamorcer les tensions par la voie diplomatique, tout en s’abstenant de semer d’embûches le chemin vers une solution politique, a argué le représentant.  Les projets de résolution concernant la RPDC présentés par la Fédération de Russie et la Chine pourraient mener à une reprise du dialogue.  M. Zhang a donc appelé les parties à sortir de l’impasse actuelle et à ramener la paix et la stabilité dans la région au moyen du dialogue. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a condamné la montée en puissance des tirs de missiles balistiques de la RPDC, estimant que cette escalade menace la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne, alimente les tensions et l’instabilité et porte à son comble la menace nucléaire.  Profondément préoccupée par la portée de cette menace et du discours offensif qui l’accompagne, la représentante a estimé qu’aucun pays au monde ne devrait vivre sous la menace permanente, avant d’appeler à la dénucléarisation de la péninsule et de réitérer l’opposition du Gabon à l’utilisation d’armes nucléaires.  Concrètement elle a réitéré la condamnation, par le Gabon, des essais nucléaires et a exhorté la Corée du Nord à y renoncer.  La représentante a également encouragé le Conseil de sécurité à rechercher le consensus, à travailler pour l’apaisement et pour le retour au dialogue en vue d’une solution politique à la crise.  Face à la menace nucléaire, l’unité du Conseil doit être sans équivoque, a conclu Mme Ngyema Ndong. 

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déploré qu’en dépit de tous les tirs de missiles balistiques précédents de la RPDC et en dépit des nombreuses réunions tenues par le Conseil de sécurité sur le sujet, celui-ci n’a rien fait, pendant que la RPDC continuait ses tirs illégaux au regard du droit international et des résolutions du Conseil.  Par son comportement, le Conseil de sécurité a envoyé un message erroné à la communauté internationale, a estimé le représentant.  Pour le Mexique, le Conseil de sécurité doit faire front commun et lancer un message à la RPDC: elle doit cesser ses tirs.  En outre, il faut appeler à la reprise du dialogue et procéder à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule de Corée, a ajouté le représentant. 

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a condamné le lancement de missiles balistiques intercontinentaux par la RPDC, qui fait suite à d’autres tirs de missiles balistiques au cours des derniers mois.  Ces actions constituent une violation des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et affectent la paix et la sécurité dans la région et au-delà.  La représentante a ensuite réitéré l’importance de s’attaquer à la prolifération des technologies nucléaires et des missiles en RPDC, en appelant la communauté internationale et le Conseil à présenter un front uni sur cette question.  Mme Kamboj a réaffirmé son soutien à la dénucléarisation de la péninsule coréenne afin d’assurer la paix et la sécurité dans la région, au moyen du dialogue et la diplomatie. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a condamné à son tour les tirs de missiles, notamment intercontinentaux, à même d’atteindre des cibles très éloignées.  Il s’est inquiété de la volonté de la RPDC de conduire des essais nucléaires dans un avenir très proche, avec toutes les ramifications que cela pourrait avoir dans le monde entier.  Au cours des derniers mois, a dit le représentant, de nombreux actes ont fragilisé la paix et la sécurité internationales et la stabilité des pays avoisinants, ce qui exige une reprise d’un dialogue véritable, seule voie envisageable pour nous extirper de cette impasse.  Il s’agit aussi d’inviter la RPDC à accorder à sa propre population toute l’attention qu’elle mérite de recevoir, a-t-il conclu. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a condamné les actes de la RPDC, qui sont contraires aux résolutions du Conseil de sécurité.  Mais, a-t-il insisté « quelque chose doit changer », ajoutant que les membres du Conseil ne peuvent s’enliser dans un cercle vicieux permettant à la RPDC de s’adonner à des tirs de missiles régulièrement.  Le représentant les a appelés à faire une réflexion critique quant à la ligne à adopter par le Conseil. 

Notant le niveau sophistiqué de la technologie du dernier missile balistique lancé par la RPDC, le représentant a déclaré qu’il fallait se rendre à l’évidence, à savoir que ces technologies ont été mises au point par la Corée du Nord alors même que c’est l’un des pays visés par des sanctions parmi les plus draconiennes.  Cela n’a pas empêché le développement de l’arsenal nord-coréen tant sur le plan qualitatif que quantitatif, a-t-il constaté. 

Soulignant le rôle que doit jouer le Conseil de sécurité pour maintenir la paix et la sécurité dans le monde, le représentant a exhorté ses pairs à agir de concert et à s’exprimer d’une seule voix.  Il a appelé ses homologues au Conseil, à trouver un accord sur les zones de convergence et à adopter une approche plus large qui tienne compte de la complexité de la situation.  Nous souhaitons tous le retour de la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et nous sommes tous contre la prolifération nucléaire, a-t-il fait remarquer en appelant les autres membres à faire front sur ces points-là. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé que les tirs de missiles de la RPDC sont en réalité une réponse aux manœuvres militaires menées dans la région par les États-Unis et leurs alliés.  Ces jours-ci, des exercices de grande ampleur mettant en scène des bombardiers nucléaires effectuant des simulations de bombardements de sites nucléaires nord-coréens ont eu lieu, provoquant la réaction de Pyongyang.  Le nouveau concept d’endiguement étendu des États-Unis menace directement la RPDC, poussant ce pays et les États-Unis à considérablement renforcer leurs capacités militaires dans la région.  Washington ne cesse de promouvoir de manière obsessionnelle ses alliances militaires offensives, comme le montre celle qu’il a conclue avec l’Australie et le Royaume-Uni (AUKUS), a dénoncé la représentante. 

Elle a également regretté que ses collègues occidentaux n’évoquent jamais le dialogue que n’a cessé de proposer Pyongyang, notamment en 2018 et 2019, sans réponse de la part de Washington.  À la place, le Conseil de sécurité est instrumentalisé à des fins politiques.  Les mécanismes de l’ONU devraient être utilisés pour favoriser le dialogue intercoréen, afin qu’ils parviennent à un accord de dénucléarisation mutuellement acceptable, a estimé la représentante, soulignant aussi que le renforcement des sanctions ne résoudra pas la question nucléaire.  Elle a aussi estimé qu’en dépit des déclarations d’intention des États-Unis et de sa délégation au Conseil de sécurité, on ne voit pas de résultats.  Il ne faut pas s’attendre à des miracles tant que ce pays et ses alliés continueront leurs manœuvres militaires dans la région, a-t-elle annoncé, alors qu’un dialogue et des négociations sont de mise.  À cet égard, le projet de résolution sino-russe reste sur la table, a précisé en conclusion la représentante. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a noté que le dernier missile balistique intercontinental tiré par la RPDC était capable d’atteindre plusieurs pays, notamment certains présents autour de la table du Conseil.  Elle a appelé la RPDC à s’abstenir de tout nouvel essai et à revenir au régime international de non-prolifération des armes nucléaires.  Le Conseil a rédigé un régime de sanctions strictes à l’encontre de la RPDC, que ce pays continue à contourner, a constaté la représentante.  Elle a également noté que, les dirigeants de la RPDC persistent à détourner ses capacités économiques au détriment de l’action humanitaire et les a invités à inverser cette tendance, ajoutant que le moment est au dialogue, à la retenue et aux négociations dans les meilleurs délais. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a exprimé sa préoccupation face au nouveau tir de missiles balistiques par la RPDC, en violation des résolutions pertinentes du Conseil.  Il a demandé à la RPDC de s’abstenir de tout nouveau tir de missile et à respecter les dispositions de la Charte des Nations Unies, du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et des garanties de l’AIEA.  Le délégué a en outre exhorté les membres du Conseil à s’exprimer d’une seule voix sur cette question, et les parties à mener un dialogue constructif et crédible afin de préserver la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne. 

M. JOONKOOK HWANG (République de Corée) a condamné, dans les termes les plus forts, les lancements de missiles balistiques, y compris d’un missile balistique intercontinental du 18 novembre, qui constituent une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil.  Il s’est dit choqué que la RPDC fasse complètement fi des normes internationales, notamment de la Charte des Nations Unies et des décisions du Conseil.  Il a constaté qu’après le lancement du missile balistique intercontinental, les médias étatiques de Pyongyang avaient annoncé que le dirigeant du pays avait observé le lancement de ce nouveau type de missile et signalé qu’il pourrait servir comme une attaque nucléaire préventive.  Cela montre clairement la « réalité déplorable » du régime nord-coréen, qui s’ingénie, à tout prix, à accorder la priorité à son programme illégal d’armes de destruction massive, qui sape le régime global de non-prolifération, menace la paix et la sécurité internationales et affecte le bien-être et les moyens de subsistance de sa propre population alors que la situation humanitaire du pays ne fait que se détériorer. 

Le représentant a souligné que la RPDC tirait profit de l’inaction, des silences assourdissants, et des dissensions du Conseil pour construire son arsenal nucléaire.  Il a rappelé qu’en mai, deux membres permanents avaient mis leur veto à une résolution du Conseil, que la RPDC avait lancé depuis lors plus de 40 missiles balistiques puis promulgué, en septembre, une nouvelle loi sur sa politique d’armement nucléaire, qui fixe le seuil de l’utilisation des armes nucléaires bien en-deçà de celui de tout autre pays. 

Le représentant a renvoyé à la résolution 2397 (2017), adoptée à l’unanimité, qui demande explicitement de restreindre les exportations de pétrole en cas d’essai de missile balistique intercontinental, avant de déplorer que le Conseil n’ait pas réussi à mettre en œuvre ce texte en assistant au lancement de sept essais balistiques cette année.  Il a jugé impératif que le Conseil réponde de manière robuste et unie aux ambitions nucléaires irréfléchies de la Corée du Nord, mettant en garde contre le risque que ce comportement pourrait faire boule de neige.  Dans ce contexte, et en sa qualité de partie prenante des questions de la péninsule de Corée, il a exhorté tous les membres du Conseil à soutenir l’adoption rapide du projet de déclaration présidentielle proposé par les États-Unis, ce qu’il a qualifié « d’action à minima ». 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a indiqué que le dernier tir de missile balistique de la RPDC avait, « cette fois », touché la zone économique exclusive japonaise, située à seulement 200 kilomètres d’Hokkaido.  Il s’agit là d’une escalade manifeste, inacceptable et illégale, a déclaré le représentant, ajoutant que le Japon condamne fermement ce tir, qui, avec les précédents, « représente non seulement une menace imminente et grave pour la sécurité du Japon, mais met également en danger tous les habitants de la région ».  « Le Japon fait également sien le message du Secrétaire général condamnant ce tir ».  Le représentant a expliqué que, d’après les calculs basés sur la trajectoire de vol, la portée estimée de la catégorie de missile balistique utilisé par la RPDC, pourrait dépasser 15 000 kilomètres.  Dans ce cas, toute l’Asie, toute l’Europe, toute l’Amérique du Nord y compris New York, toute l’Afrique et même une partie de l’Amérique du Sud seraient à portée de ce vecteur d’ogives nucléaires illégales, a-t-il averti, estimant « scandaleux de permettre à la Corée du Nord de prendre ainsi en otage toute la communauté internationale ».  

Mr. Ishikane a ensuite souligné la nécessité cruciale pour le Conseil de sécurité de s’opposer fermement à ce grave défi à la paix et à la sécurité internationales.  Il en va de sa crédibilité, a-t-il noté.  Il a considéré que, parce que la RPDC viole une résolution comme la résolution 2397 (2017) du Conseil, la communauté internationale laisse perdurer un comportement qui bafoue de manière flagrante la Charte des Nations Unies.  Tous les États Membres ont convenu d’appliquer les décisions du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, jugeant à cet égard inacceptable de laisser les violations de ses résolutions s’accumuler sans réagir.  Il n’y a pas de violations plus ou moins importantes, a-t-il affirmé, espérant que le Conseil n’attendra pas un essai nucléaire nord-coréen avant de se décider à « agir enfin ». 

Le représentant a en outre rappelé la détermination de tous les membres du Conseil de ne jamais autoriser l’avènement d’une « Corée du Nord nucléaire » dotée de capacités de missiles balistiques.  « Cet engagement doit résister à toute épreuve et ce quel que soit l’état des relations bilatérales des membres du Conseil avec la Corée du Nord », a-t-il encore insisté.  Il est maintenant temps de réaffirmer cet engagement, a insisté le représentant.  Le représentant a conclu en exhortant la RPDC à se conformer immédiatement et pleinement à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et à reprendre la voie de la diplomatie vers la dénucléarisation. 

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