En cours au Siège de l'ONU

9165e séance - matin
CS/15078

Grands Lacs: l’Envoyé spécial du Secrétaire général sollicite un appui du Conseil de sécurité aux efforts régionaux de paix et de stabilité

Venu présenter ce matin le rapport sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région (« Accord-cadre d’Addis-Abeba »), l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs a demandé le soutien du Conseil de sécurité, et de la communauté internationale dans son ensemble, aux efforts régionaux entrepris pour cette mise en œuvre, ce qui n’a pas empêché la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda de continuer, devant les membres du Conseil de sécurité, à s’accuser mutuellement de soutenir des groupes armés.

Présentant les initiatives régionales, qu’il demande au Conseil de sécurité de soutenir, l’Envoyé spécial Huang Xia a expliqué que ces efforts comprennent, outre le processus de paix de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) sur la situation dans l’est de la RDC, dit « processus de Nairobi », des efforts de médiation entre le Rwanda et la RDC conduits par le Président de l’Angola et le Président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Le mécanisme de consultation entre le processus de Luanda et le processus de Nairobi a aussi été mentionné parmi les efforts régionaux du volet politique.

Les États de la région se sont en outre lancés dans la coopération bilatérale dans les domaines sécuritaires et économiques.  La RDC a signé des accords sécuritaires avec la République du Congo voisine et avec le Burundi, permettant ainsi le déploiement de militaires burundais dans l’est de la RDC, tandis que le Rwanda et l’Ouganda ont continué à se rapprocher.  Sur le plan économique, des accords bilatéraux ont été conclus entre le Burundi, la RDC et la République-Unie de Tanzanie pour la construction d’une ligne de chemin de fer, pendant que l’Ouganda et la Tanzanie se sont mis d’accord sur la construction d’une ligne de transmission électrique de 400 kV allant de Masaka (Ouganda) au port de Mwanza (Tanzanie), comme le décrit le rapport.

Ces développements interviennent dans un contexte où, a poursuivi M. Xia, la situation humanitaire reste préoccupante, avec environ 12 millions de personnes déplacées.  Il a également fait part de son inquiétude face à l’activisme des groupes armés, le M23 et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) en tête, qui se poursuit, de même que s’intensifient les tensions entre le Rwanda et la RDC.  De fait, les deux pays ont continué, devant le Conseil de sécurité, à s’accuser mutuellement de soutenir les groupes armés actifs dans la région, en particulier les FDLR et le M23.

Pour le Rwanda, « la force génocidaire de 1994 », à savoir les FDLR, est installée avec tolérance en RDC.  Elle continue, en dépit de plusieurs résolutions appelant à son désarmement et à sa dissolution, à recruter et former des combattants pour commettre des meurtres à caractère ethnique au Rwanda, selon le délégué de ce pays.  Ce genre de relation attirera toujours l’attention et la vigilance du Rwanda, a mis en garde le représentant.

Son homologue de la RDC a quant à lui rappelé que le Rwanda, en violation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, occupe depuis plus de quatre mois la ville de Bunangana, sous couvert du M23.  La RDC, son Président et sa population ne lâcheront aucun centimètre carré de leur sol, a-t-il prévenu, avant d’appeler le Conseil à imposer des sanctions au M23 et au pays qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs.  Il a aussi demandé que le Conseil condamne fermement par voie de résolution le Rwanda pour son soutien au groupe armé M23.

Les membres du Conseil de sécurité ont quant à eux entendu diversement les appels lancés au Conseil, tentant de répondre à chacune des demandes.  Plusieurs délégations ont en effet soutenu l’appel de l’Envoyé spécial en faveur du nécessaire soutien aux politiques et initiatives régionales, si l’on veut parvenir à des effets concrets, comme a dit la France.  Pour autant, la paix dans la région ne sera pas atteinte sans mesures de confiance et tant que la méfiance entre la RDC et le Rwanda continuera de jeter de l’huile sur le feu, ont estimé les membres des A3 (Gabon, Ghana et Kenya).  Ce qu’il faut, c’est le retrait du M23 de toutes les localités occupées, le désarmement et la coopération pour mettre un terme à l’action inhumaine des FDLR, ont notamment proposé ces trois membres africains du Conseil, ainsi que la Norvège et la France.

Le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation a été salué en même temps que la création d’une force régionale actée dans le cadre du Processus de Nairobi.  Alors que cette force a besoin d’un soutien politique, technique et financier pour exécuter son mandat, elle doit le faire en étroite et scrupuleuse coordination avec la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), ont notamment réclamé le Burundi, la Norvège, le Royaume-Uni, le Brésil, les États-Unis et la Fédération de Russie.

Si pour cette dernière, Kinshasa doit garder un rôle moteur, il est impératif que ces forces n’aggravent pas une situation déjà tendue, et il faut qu’elles respectent les droits humains, protègent en priorité les civils et s’abstiennent d’activités illicites, telles que l’extraction de ressources naturelles, ont également insisté les États-Unis.  La question des minerais, en particulier les problèmes d’exploitation illégale, de trafic et de commerce, a d’ailleurs été soulevée par les délégations.  De l’avis général, ces problèmes continuent à alimenter le cycle vicieux des affrontements intercommunautaires, des activités des groupes armés ainsi que leur instrumentalisation par les réseaux criminels transfrontaliers.

Il a alors été jugé important, notamment par l’Irlande, l’Inde ou la Chine, de progresser sur les questions de transparence, notamment par le biais du Mécanisme régional de certification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) ou par la mise en œuvre des recommandations de l’atelier régional de haut niveau de Khartoum, de 2021 sur les ressources naturelles.  Pour concourir à cet effort, l’Envoyé spécial a indiqué avoir effectué une mission conjointe de plaidoyer avec le Secrétaire exécutif de la CIRGL à Paris et à Bruxelles en vue d’un soutien accru à une meilleure gouvernance des ressources naturelles.  Et d’autres visites sont prévues dans certains pays de destination de ces minerais, a-t-il annoncé. 

LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS (S/2022/735)

Mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région

Déclarations

M. HUANG XIA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a expliqué que sept mois après son dernier passage devant le Conseil de sécurité, les inquiétudes qu’il avait exprimées sur la détérioration du contexte sécuritaire et la montée des tensions dans la région résultant de la résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) demeurent d’actualité.  La région des Grands Lacs continue en effet d’être confrontée à l’un de ses plus grands défis: l’instabilité due à l’activisme des groupes armés.  La persistance des activités des Forces démocratiques alliées (ADF), des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), de la Résistance pour un état de droit (RED Tabara) et du M23 alimente l’insécurité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et ravive la méfiance et les tensions entre les pays de la région, en particulier entre la RDC et le Rwanda.  Cet activisme met en péril les acquis de ces dernières années en matière de coopération bilatérale et régionale, qu’appelle de ses vœux l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, a-t-il mis en garde.

Sur le plan humanitaire, la situation reste également préoccupante, avec, selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, plus de 4,9 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile ayant fui en raison de la violence et de facteurs liés au climat.  En outre, environ 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont enregistrées au Burundi, en République centrafricaine, en RDC, au Soudan du Sud et en Ouganda.

Pour faire face à ces défis, et malgré les obstacles, les gouvernements et les peuples de la région sont restés mobilisés, s’est-il réjoui, avant de saluer le rôle du Kenya, de l’Angola, ainsi que du Burundi.  Leurs efforts ont notamment permis une médiation entre la RDC et le Rwanda afin d’établir une feuille de route visant au règlement pacifique du contentieux entre les deux pays.  Le Bureau de l’Envoyé spécial a, de son côté, facilité la première mission de reconnaissance et de contact de la cellule opérationnelle dans la province du Sud-Kivu.  Cette mission avait pour objectif d’engager les acteurs locaux afin d’identifier les opportunités de contact avec les groupes armés, faciliter leur désarmement et leur rapatriement volontaire sans conditions politiques.

À côté de cela, les initiatives bilatérales visant au renforcement de la coopération entre les États de la région dans les domaines de la sécurité, du commerce, de l’énergie ou des transports se sont multipliées: la RDC a adhéré à la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et renforcé sa coopération sécuritaire avec le Burundi.  L’Ouganda et le Rwanda ont de leur côté fait des efforts de rapprochement.  Cet engagement des acteurs régionaux pour rechercher des solutions politiques pour préserver la stabilité, la cohabitation pacifique entre États épouse les principes de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, a apprécié l’Envoyé spécial en notant qu’il atteste de la pertinence de cet instrument tout comme du Pacte de la CIRGL de 2006, comme socles de concertation et de coopération entre les États de la région, pour répondre aux défis communs.  Il a dès lors appelé les pays signataires à intensifier leurs efforts pour la mise en œuvre intégrale de l’Accord-cadre et des autres instruments régionaux.

M. Huang a également estimé que la stabilisation de la région dépend aussi de sa capacité à transformer sa dotation en ressources minérales, stratégiques en un vecteur de développement durable et inclusif, dans le contexte où l’exploitation et le commerce illicites de ces ressources continuent d’alimenter le cycle vicieux des affrontements intercommunautaires, des activités des groupes armés ainsi que leur instrumentalisation par les réseaux criminels transfrontaliers.  Pour y contribuer, son bureau a effectué une mission conjointe de plaidoyer avec le Secrétaire exécutif de la CIRGL à Paris et à Bruxelles en vue d’un soutien accru à une meilleure gouvernance des ressources naturelles.  D’autres visites sont prévues dans certains pays de destination de ces minerais, a-t-il indiqué.

Revenant aux efforts de paix, il a dit avoir entendu, au cours de ses missions dans la région, de fortes attentes pour un soutien politique, technique et financier des Nations Unies.  Pour cette raison, il a sollicité l’appui du Conseil de sécurité et de l’ensemble de la communauté internationale, afin qu’un appui multiforme plus conséquent soit apporté aux initiatives régionales, ainsi qu’au Plan d’action de la Stratégie régionale des Nations Unies pour les Grands Lacs.  La stabilisation de la région et la restauration de la confiance, qui sont un double processus long, exigent une mobilisation soutenue et significative de la communauté internationale.  Seule une action coordonnée, cohérente et harmonieuse permettra d’accompagner les Grands Lacs sur le chemin de la paix et du développement durable, a conclu M. Huang.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a jugé impératif que les initiatives de paix pour la région produisent des résultats concrets.  Elle a appelé tous les groupes armés congolais à participer sans conditions au Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation.  Aux groupes armés étrangers, elle a demandé de déposer immédiatement les armes et de réintégrer dans leur pays d’origine.  Dans la continuité des initiatives régionales pour tenter de rétablir la paix, elle a souhaité que le dialogue soit maintenu entre les États de la région.  Elle a souhaité que les engagements pris, que ce soit dans le cadre de la feuille de route de Luanda ou lors de la réunion organisée, en septembre, à New York sous l’égide du Président de la République française, produisent des résultats concrets, appelant notamment au retrait du M23 de toutes les localités occupées et à la coopération pour mettre un terme à l’action des groupes armés, y compris des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).  De même, les consultations intra-congolaises doivent se poursuivre, a recommandé la déléguée.

Pour elle, une paix durable nécessitera de désarmer les anciens combattants, de protéger les plus vulnérables et d’assurer la justice, car les mesures militaires, seules, ne sauront rétablir la paix.  Elle a appelé à créer dans la région des mécanismes robustes pour la reddition de comptes et le rapatriement des anciens membres des groupes armés, demandant aussi d’assurer le retour durable des réfugiés et des personnes déplacées par les conflits.  Le renforcement de la coopération judiciaire doit également se poursuivre, a préconisé la déléguée en misant sur la mise en œuvre de la Déclaration de Kinshasa, adoptée en juin dernier, et en souhaitant que prévale ce même esprit de coopération entre les États de la région pour prévenir et lutter contre le terrorisme.  C’est pourquoi la France apportera, cette année, un soutien financier au Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies afin de renforcer les capacités des États de la région, a-t-elle annoncé.  Enfin, la déléguée a déclaré que la lutte contre le trafic de ressources naturelles doit aller de pair avec un développement durable au service des populations.  Le commerce des ressources doit, de ce fait, être régulé et contrôlé, a-t-elle dit, en recommandant aussi la multiplication des initiatives de développement au service des populations.  Elle a conclu en indiquant que, ce mois-ci, l’Union européenne (UE) a octroyé 25 millions d’euros à la RDC pour faire face à la crise alimentaire.

M. MADHU SUDAN RAVINDRAN (Inde) a observé des progrès dans les dialogues au niveau bilatéral et régional et pris note des consultations entre les processus de Nairobi et Luanda, ainsi que des discussions entre le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les groupes armés.  Il a condamné la violence à laquelle se sont adonnés certains groupes armés, soulignant la nécessité de faire preuve de retenue et d’amorcer un dialogue fructueux.  Il s’est félicité que la RDC mette l’accent sur le renforcement des capacités opérationnelles de ses forces armées.  D’un autre côté, le succès du programme de désarmement et de démobilisation reste fondamental, pour peu qu’il s’accompagne de programmes de développement durable, a fait valoir le délégué.  L’exploitation illégale, le trafic et le commerce des ressources naturelles ont contribué à la violence dans la région, a-t-il affirmé, en invitant au renforcement des normes dans ce contexte.  Il a appuyé l’Initiative régionale sur la lutte contre l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles, dont les progrès ont été examinés par le Comité régional de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  Enfin, il a fait remarquer que les groupes armés, comme les Forces démocratiques armées (FDA), profitent des réseaux terroristes.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a fait part de sa profonde préoccupation face à la détérioration de la sécurité dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo (RDC) et à ses effets sur la stabilité de la région des Grands Lacs.  Parmi les questions urgentes, il a évoqué la menace continue des groupes armés, le renforcement des capacités des dirigeants de la région et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Il a cité, en particulier, la prise de Bunagana dans le Nord-Kivu, et dénoncé l’escalade de la violence à Rutshuru, depuis le 20 octobre, entre les FARDC et les rebelles du M23 qui a fait au moins 10 morts et des dizaines de blessés.  Il a condamné, d’un autre côté, les activités « illégales et inhumaines » des M23, FDA, CODECO, FDLR-FOCA et Red Tabara, groupes qui ont commis des atrocités de masse, et de graves violations des droits de l’homme.  Il a noté que les FDA en particulier entretiennent des liens avec des réseaux terroristes, y compris Daech, ce qui exige une riposte régionale forte.

M. Kimani a ensuite souhaité une mise en œuvre rapide du plan d’action de la Stratégie de l’ONU pour la paix, la consolidation, la prévention et la résolution du conflit dans les Grands Lacs (2021-2023), de même que de l’Accord-cadre de coopération de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC et la région des Grands Lacs.  Il a aussi salué la prochaine tenue, du 4 au 13 novembre, du troisième Dialogue intercongolais pour la paix, ainsi que la contribution de l’Angola, du Kenya et du Sénégal au Fonds pour la paix de la Communauté d’Afrique de l’Est, sis à Arusha, et qui appuie le processus politique.  Il a en outre encouragé le Gouvernement congolais au renforcement des capacités des FARDC dans le but de consolider l’autorité de l’État dans les zones de conflit et l’a incité à l’élaboration d’une stratégie en vue d’une réforme ambitieuse de ses forces armées et du secteur de la sécurité pour qu’ils assument pleinement leur responsabilité en matière de protection des civils, et répondent aux besoins de tous les Congolais après le départ de la MONUSCO.

Au sujet du rétablissement de la confiance, M. Kimani a relevé, non sans inquiétude, le degré élevé de méfiance entre la RDC et le Rwanda ce qui, selon lui, ne fait que jeter de l’huile sur le feu dans le contexte des tensions régionales.  Il a aussi vivement condamné le recours au discours de haine ainsi que la désinformation et la mésinformation, qui contribuent au manque de confiance, à la tension et à l’animosité, ce qui incite à plus de violence.  À cet égard, il a exhorté l’Envoyé spécial, de même que le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, à s’engager activement avec les médias sociaux de sorte à les encourager à une action rapide et globale concernant le discours de haine.  Sur la problématique des ressources naturelles, il a encouragé les États de la région à appliquer des règles et des mesures de responsabilisation pour une utilisation durable de celles-ci.  Il a exhorté les États à privilégier la législation et les normes en vigueur aux conflits d’intérêts.  Enfin, il a demandé aux entités mondiales important et exportant des ressources naturelles de sensibiliser sur la question des minéraux des conflits et de mettre sur pied des systèmes de suivi.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a estimé qu’avec la présence de plusieurs groupes armés en République démocratique du Congo (RDC), il est évident qu’une coopération étroite est plus importante que jamais entre les pays de la région.  Elle a précisé que des actions militaires seules ne peuvent conduire à une normalisation sur le long terme en RDC.  Nous avons besoin de dialogue, nous avons besoin de mesures de confiance efficaces ainsi que de consolidation des États régionaux, a-t-elle argué.  La représentante a salué les décisions importantes sur la création de forces régionales prises lors des consultations dans le cadre du Processus de Nairobi.  Il est important que leur mise en œuvre soit soutenue par la communauté internationale, en étroite coordination avec la MONUSCO et avec un rôle moteur de Kinshasa, a-t-elle appelé.  Elle a confirmé la disponibilité de la Fédération de Russie à aider à la stabilisation au sein de la région des Grands Lacs, en encourageant le dialogue et la coopération entre les pays de la région.

M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a déclaré que la situation humanitaire et sécuritaire dans la région des Grands Lacs demeure très préoccupante, notant que les attaques des groupes armés ont fait plus de 2 000 morts parmi les civils cette année.  Il a appelé les Forces de défense rwandaises à cesser d’appuyer le M23.  Le représentant a ensuite souligné que, la MONUSCO demeure essentielle pour instaurer la paix dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’inquiétant d’une augmentation des discours anti- MONUSCO et des appels à un retrait immédiat de la mission.  Il a exhorté la RDC à travailler avec la MONUSCO pour assurer un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les repères du plan de transition conjoint.

Poursuivant, le délégué a noté que les États de la région ont déployé des troupes pour faire face à l’insécurité croissante dans l’est de la RDC, jugeant impératif que celles-ci n’aggravent pas une situation déjà tendue.  À ce titre, il a appelé les dirigeants régionaux à veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, accordent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent d’activités illicites, telles que l’extraction de ressources naturelles.  Il est également essentiel qu’elles se coordonnent avec les forces armées de la RDC et la MONUSCO, entre autres.  De plus, les États doivent notifier formellement le Comité des sanctions 1533 de cette assistance, y compris les forces burundaises déployées bilatéralement et dans le cadre de la Force régionale la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a mis en exergue les incidents sécuritaires alarmants au cours des derniers mois, en soulignant aussi l’augmentation des discours de haine dans la région des Grands Lacs.  Les efforts récents suscitent cependant des espoirs, s’est-elle félicitée, en évoquant ceux relatifs aux ressources naturelles, à l’énergie et à la lutte contre la violence.  Il faut encore renforcer le dialogue et l’appui à l’établissement de la confiance entre les pays de la région, persévérer dans le volet politique grâce au processus de Nairobi et à la feuille de route de Luanda, a-t-elle invité.  Elle a insisté sur le rôle important des organisations internationales et régionales en cette période, ajoutant qu’il convient de renforcer les capacités des pays de la région pour protéger leurs ressources naturelles, dans le respect de leurs programmes en la matière.  Les femmes jouent un rôle actif pour relever les défis actuels et jeter les bases de sociétés solides et prospères, a-t-elle observé, en encourageant à leur faire une place dans la prise de décisions et à respecter leurs droits et libertés fondamentales.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a noté avec préoccupation la montée des tensions entre la RDC et le Rwanda, avant de demander aux deux pays de faire preuve de retenue et de rechercher une solution diplomatique à leurs différends.  La délégation a aussi salué les efforts politiques et diplomatiques déployés dans la région pour relever les défis sécuritaires et promouvoir le dialogue.  Ella a souligné l’importance de la coordination entre le processus de Nairobi, le processus de Luanda et les efforts de l’ONU.  De plus, le déploiement de la force régionale doit être étroitement coordonné avec la MONUSCO, a-t-elle ajouté, en recommandant que les rôles et les responsabilités soient clairement définis.  L’oratrice a aussi exhorté tous les groupes armés, y compris le M23 et les FDA, à déposer les armes.  Elle a, dans ce contexte, salué le déploiement du programme de démobilisation, de désarmement, de relèvement communautaire et de stabilisation.  Cependant, elle a tenu à souligner l’importance d’une compréhension commune dudit programme entre les niveaux national et provincial, ceci afin d’éviter de répéter les erreurs commises lors des précédents cycles de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).

M. JOÃO GENESIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a condamné les attaques et provocations contre la MONUSCO, et lancé un appel à équiper les opérations de maintien de la paix avec les outils de communications stratégiques appropriés pour lutter contre les discours de haine, la désinformation et pour assurer la protection du personnel militaire et civil de l’ONU.  Il a salué le rôle moteur et constructif joué par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et le Mécanisme régional de surveillance du cadre de paix, de sécurité et de coopération pour la RDC, ainsi que les efforts de médiation menés par l’Angola.  Le délégué a indiqué que les processus de Luanda et Nairobi sont le reflet du type de contribution des acteurs régionaux que nous devrions espérer.  Il a jugé impératif d’accélérer la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  De même, il est nécessaire de veiller à ce que les anciens combattants, les femmes et les jeunes aient accès aux opportunités économiques qui leur fournissent des outils pour améliorer leurs conditions de vie en cette période post-pandémique, a-t-il recommandé.  Le représentant a enfin appelé tous les États de la région à persévérer dans la voie d’un dialogue politique inclusif.  Il a précisé qu’une solution durable ne peut être trouvée sans une participation significative de toutes les parties prenantes, y compris les femmes.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a dit être profondément inquiet de la résurgence, la semaine dernière, de la violence du M23 et a appelé le groupe à se retirer immédiatement de ses positions actuelles.  Il a appelé les pays de la région des Grands Lacs, avec l’appui de l’Envoyé spécial, à poursuivre leur étroite coordination avec le Gouvernement de la RDC et la MONUSCO en vue d’une paix durable.  Les efforts diplomatiques et politiques devraient primer sur la solution militaire pour régler les problèmes régionaux, et il en est de même pour les considérations d’ordre humanitaire, a-t-il estimé.  En conséquence, il a encouragé à la relance des processus de Nairobi et de Luanda, soulignant que l’ONU et le Bureau de l’Envoyé spécial pourraient activement épauler ces efforts et veiller à la coordination avec les efforts existants, comme le programme de démobilisation, désarmement et réinsertion en RDC.

D’autre part, a-t-il enchaîné, les activités militaires dans l’est de la RDC exigent une planification et une coordination scrupuleuse avec la MONUSCO, le respect du droit international et un plan de sortie clair.  La force de la Communauté d’Afrique de l’Est et les Forces armées de la RDC doivent, par ailleurs, s’engager de façon substantielle avec la MONUSCO aux fins d’une déconfliction de sorte à protéger les civils, a-t-il conseillé.  Qualifiant par ailleurs la situation humanitaire de préoccupante, il a souligné que la coordination entre les opérations militaires et humanitaires est vitale, appelant toutes les parties à faciliter l’accès humanitaire.

M. DAI BING (Chine) a déclaré que beaucoup reste à faire pour parvenir à la paix et au développement dans la région des Grands Lacs en dépit des efforts déployés par les pays de la région.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent donc faire davantage pour les aider à parvenir au règlement de leurs problèmes et soutenir leurs efforts.  Il a appelé à coordonner les réponses militaires et non militaires à ces efforts, y compris un soutien financier pour les processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  Sur un autre plan, notamment s’agissant des minerais, la communauté internationale doit travailler sur la base de l’atelier de Khartoum de 2021 sur les minerais afin de couper les financements des réseaux criminels qui alimentent les conflits, a proposé le délégué.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) s’est inquiétée de la fragilité de la situation dans la région des Grands Lacs et a appuyé les processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que les efforts pour assurer la bonne coordination et la complémentarité entre eux.  Dans cet ordre d’idées, elle a salué les initiatives de rapprochement, notamment entre la RDC et le Rwanda.  Elle a appelé à ne pas sous-estimer la nécessité d’une intégration régionale, en particulier pour maximiser les profits de la demande accrue de minéraux critiques, tout en poursuivant la diversification économique.  Elle s’est dite encouragée par les efforts continus pour contrer l’exploitation illégale des ressources naturelles, avant de souligner que le volet militaire du processus de Nairobi ne peut pas être la seule solution pour s’attaquer aux causes profondes des conflits.  Une piste politique beaucoup plus globale est donc nécessaire, a estimé la représentante qui a insisté sur la nécessité d’impliquer les femmes et les jeunes au dialogue en cours et aux initiatives de renforcement de la confiance.  Elle a ensuite salué les déclarations publiques des autorités nationales de la RDC, condamnant la diffusion de discours de haine, appelant par ailleurs à faire progresser la justice transitionnelle.

Mme NATALIA JIMÉNEZ ALEGRÍA (Mexique) a constaté que près de 10 ans après son adoption, l’Accord-cadre pour la paix et la sécurité en République démocratique du Congo et la région demeure un socle fondamental dans la démarche visant à surmonter les défis communs.  Elle s’est alarmée des activités croissantes des groupes armés comme le M23 dans l’est de la RDC, aussi bien pour leur impact sur la population civile que pour les tensions régionales qu’elles génèrent, et a fait part de son appui au processus de Nairobi.

Elle a également pris note de la signature récente de l’Accord sur le statut des forces entre la RDC et le Secrétaire général de la Communauté d’Afrique de l’Est, qui jette les bases du déploiement d’une force régionale.  Dans l’objectif de briser le cycle vicieux de la violence, elle a recommandé que la coopération militaire soit accompagnée de stratégies de développement économique.  Elle a aussi mis l’accent sur le caractère indispensable de la mise en œuvre de programmes de désarmement, démobilisation et réhabilitation.  Après avoir salué le rapprochement entre la RDC et le Rwanda, la représentante a appelé à lutter contre le trafic illicite d’armes et le financement illégal des groupes armés.

M. DONAL KENNEALLY (Irlande) a estimé qu’alors que les États de la région des Grands Lacs sont engagés dans un processus de paix, il existe un danger que les progrès de ces initiatives soient entravés par le type de rhétorique publique entendue ces derniers jours.  Il est important de s’abstenir de faire monter la tension dans la région, a-t-il plaidé.  S’agissant de la situation humanitaire, qui plonge 27 millions de personnes dans le besoin en RDC, il a appelé toutes les parties à assurer la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire et donner un accès sans entrave à l’aide humanitaire.  Le représentant a également jugé important de continuer à progresser sur les questions de transparence en matière de minerais, notamment par le biais du Mécanisme régional de certification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).  De son avis, la mise en œuvre des recommandations de l’atelier régional de haut niveau de Khartoum, de 2021, sur les ressources naturelles peut également avoir un impact important. « Nous appelons tous les États à demander des comptes à tous ceux qui sont complices de ce commerce illicite. »

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a encouragé les dirigeants des pays de la région des Grands Lacs à redoubler d’efforts pour faire face à la violence et aux activités des groupes armés, en les invitant également au plein respect des engagements politiques pris.  Il a espéré que tous ces efforts se complèteront, permettront un rapprochement de tous les acteurs politiques et renforceront la protection des civils.  Il s’est aussi félicité de l’établissement du Réseau des femmes entrepreneurs des Grands Lacs, et mis l’accent sur l’importance des prérogatives féminines dans cette région.  D’autre part, le déploiement de la force conjointe de l’Afrique de l’Est devrait se faire en coordination avec la MONUSCO, a-t-il souligné, en saluant, en conclusion, les bons offices de l’Envoyé spécial.

M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a commencé par réitérer la volonté de son pays d’exécuter de bonne foi ses engagements pris dans le cadre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération afin de garantir que la région évolue vers la paix et la stabilité à travers ses frontières.  Il a ensuite dénoncé l’attitude dangereuse qui classe des communautés spécifiques dans l’est de la RDC comme « étrangères » et devant « retourner d’où elles viennent ».  Une telle attitude est le germe d’un conflit sans fin, a-t-il analysé, en arguant qu’elle promeut la haine, la marginalisation et la violence.  Cette rhétorique dangereuse sape les efforts sous-régionaux pour trouver une solution durable, a-t-il mis en garde.

Le représentant s’est aussi exprimé sur un sujet « d’extrême importance » pour son pays et, qui, selon lui, n’a malheureusement pas connu de progrès: la neutralisation de la force génocidaire de 1994, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).  C’est l’un des plus anciens groupes armés de RDC, qui s’est installé dans ce pays après avoir commis le génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, a-t-il rappelé.  Malgré plusieurs résolutions et déclarations présidentielles appelant à son désarmement et à sa dissolution, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) continuent de recruter et former des combattants pour commettre de graves violations des droits humains, notamment en encourageant et en commettant des meurtres à caractère ethnique au Rwanda et en RDC, selon le représentant.  Si le Gouvernement de la RDC choisit de vaincre militairement les groupes armés, nous n’avons aucun problème avec cela, a-t-il dit, en exprimant sa principale préoccupation: le choix de se ranger du côté des FDLR.  Pour le délégué, ce genre de relation attirera toujours l’attention et la vigilance du Rwanda.

Le représentant a également déclaré qu’en dépit des résolutions et du « Plus jamais ça », le Conseil de sécurité peine toujours à trouver une solution durable aux FDLR.  Au lieu de s’attaquer à la principale cause profonde de l’insécurité dans l’est de la RDC, le Conseil de sécurité a préféré gérer cette insécurité et se concentrer sur les conséquences de la présence des FDLR dans l’est de la RDC, a-t-il relevé.  « Pourquoi le Conseil de sécurité ne peut-il pas assurer le suivi de la mise en œuvre des multiples résolutions qu’il a adoptées et tenir responsable quiconque collabore avec les FDRL?  Pourquoi ce long silence et cette tolérance envers les discours de haine et la xénophobie » ,a-t-il interrogé, affirmant que ces questions sont légitimes, non seulement d’un point de vue rwandais ou régional, mais aussi dans une perspective plus large de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Il est regrettable que le Conseil passe encore 28 ans à s’occuper des FDLR et de leurs conséquences pour la RDC et la région.  Au-delà de la nécessité absolue de rétablir la paix et la sécurité dans notre région, cette inaction collective fragilise également davantage la mise en œuvre de l’Accord-Cadre, a-t-il mis en garde.

M. ZÉPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a réaffirmé la pertinence du cadre de coopération pour la paix et la sécurité en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs comme solution aux défis de la stabilité dans la région.  Plus que jamais, la communauté internationale devrait jouer un rôle efficace en tant que garant à la recherche de la paix dans la région, a-t-il plaidé.  Il a jugé important que les membres du Conseil de sécurité dépassent le cadre de présentation des rapports faits à New York pour une visite dans la région afin de pouvoir tirer, à partir de l’est de la RDC, les conclusions qui s’imposent et non pas suivre à distance les foyers de tension qui peuvent avoir des conséquences immenses.

Quand la maison de votre voisin brûle, cela vous interpelle à poser des gestes positifs pour contenir le feu avant d’être atteint par les flammes en provenance du voisinage, a poursuivi le représentant.  Il a indiqué que faisant suite à la décision de la Communauté de l’Afrique de l’Est de déployer une force régionale pour stabiliser la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, le Burundi soutient fermement le processus de Nairobi et a déployé un contingent militaire.  Ce déploiement a besoin d’un soutien politique mais aussi technique et financier pour que la force puisse exécuter efficacement son mandat et pouvoir ainsi répondre aux préoccupations des populations en détresse, a-t-il souligné.  Il a enfin appelé les chefs d’État et de gouvernement dont les pays sont signataires de l’Accord cadre de Nairobi et les garants, de bien vouloir participer activement au Sommet du Mécanisme régional qui aura lieu à Bujumbura, au Burundi, le 24 février 2023.

M. GEORGES NZONGOLA-NTALAJA (République démocratique du Congo (RDC) a indiqué qu’en ce moment, la ville de Bunangana est toujours agressée et occupée par le Rwanda sous couvert du M23 depuis plus de quatre mois.  Le délégué a réagi aux propos du représentant rwandais qui a affirmé que la présence des FDLR en RDC crée l’insécurité au Rwanda.  Il a rappelé que M. James Kabarebe, ancien officier rwandais, avait en charge la sécurité de toute la RDC quand le Président Laurent-Désiré Kabila avait pris le pouvoir, et qu’il avait donc le loisir de se débarrasser des FDLR à cette époque.  De plus, la même occasion s’est présentée quand le Rwanda a pris possession de territoires congolais durant cinq années de suite, a-t-il rappelé, ajoutant que le Rwanda avait reçu l’onction du Président Joseph Kabila pour entrer en RDC et régler le problème des FDLR. « Et là encore, ils ne l’ont pas fait. »  Selon le représentant congolais, le Rwanda utilise les FDLR comme prétexte pour entrer dans le pays et piller les ressources naturelles, comme cela est du reste documenté par plusieurs rapports, y compris du Gouvernement américain.

M. Nzongola-Ntalaja a ensuite rappelé que le Rwanda est un des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.  Cette situation inacceptable d’agression qui sape les efforts de renforcement de la confiance et la dynamique positive qui commençait à s’installer dans la région des Grands-Lacs doit s’arrêter, a-t-il dit.  Il a appelé le Conseil à demander au Rwanda et « son M23 » de quitter sans délai cette partie du territoire congolais.  Quant aux groupes armés, la RDC poursuit ses efforts à titre individuel et aussi en conjugaison avec tous ses partenaires pour réduire le niveau de menace.  À ce titre, le processus de Nairobi va être pleinement relancé pour la prise en charge de la donne « groupe armé », a annoncé le délégué, qui a souligné que le message du Président Felix-Antoine Tsisekedi Tshilombo est très clair à ce sujet: tous ces groupes armés nationaux doivent déposer les armes et rejoindre le processus PDDDR-CS.  Quant aux groupes armés étrangers, en plus de déposer les armes, ils doivent retourner dans leur pays.

Par ailleurs, du 22 au 24 septembre 2022, la cinquième Réunion des chefs des services de sécurité et de renseignement de la région des Grands Lacs s’est tenue à Kampala, a relaté le représentant en indiquant qu’elle a décidé de déployer à Goma/RDC, à partir du 5 novembre 2022, des membres de la cellule opérationnelle du Groupe de contact et de coordination, lequel aura la charge de l’élaboration et du suivi des mesures non militaires en complément aux opérations militaires en cours.  La cellule opérationnelle va aussi accompagner les efforts ciblant les groupes armés étrangers et leur rapatriement dans leur pays d’origine.  Selon le délégué, pour la réussite de ce volet non militaire, il est crucial que l’Envoyé spécial et le Conseil de sécurité participent encore plus proactivement aux côtés de la RDC dans les efforts de plaidoyer pour un financement conséquent de ce programme qui va contribuer à changer la donne dans la région des Grands Lacs.

Le représentant a rappelé que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba prohibe la déstabilisation d’un pays membre de la région à partir d’un autre État.  Il a informé le Conseil du fait que la RDC, son Président et sa population défendront l’intégrité de leur territoire et ne lâcheront aucun centimètre carré de leur sol.  Il a de nouveau réitéré sa demande afin que le Conseil puisse exiger un retrait immédiat et sans conditions des troupes rwandaises et du M23 de la cité de Bunangana, à l’est de la RDC, et que le Conseil condamne fermement par voie de résolution le Rwanda pour son soutien au groupe armé M23.  De même, il a invité le Conseil à imposer des sanctions appropriées et plus sévères aux acteurs du M23 et au pays qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité dans la région des Grands Lacs, tout en renforçant les sanctions contre les réseaux maffieux internes et externes qui exploitent illégalement les ressources naturelles de la RDC.

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