9161e séance - après-midi
CS/15074

Conseil de sécurité: La destruction des infrastructures civiles fait peser le risque d’un hiver potentiellement mortel en Ukraine, avertit l’ONU

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a alerté, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que les attaques lancées par la Fédération de Russie contre des infrastructures civiles en Ukraine risquent d’exposer les populations à un hiver potentiellement mortel. 

Intervenant dans le cadre d’une séance d’information demandée par la France et le Mexique, porte-plumes du dossier humanitaire en Ukraine, Mme Rosemary DiCarlo a indiqué que selon le Gouvernement ukrainien, 30% des installations énergétiques ont été touchées depuis le 10 octobre, notamment dans les régions de Kiev, Dnipropetrovsk, Lviv, Kharkiv et Soumy.  

La Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de l’action humanitaire des Nations Unies en Ukraine a, elle aussi, prévenu du risque accru de décès encore plus nombreux dans les mois à venir en raison du manque d’accès des civils aux services essentiels pour survivre à l’approche de l’hiver, la destruction massive d’infrastructures entravant l’approvisionnement en eau, en électricité, ainsi que le chauffage, les télécommunications et les transports.   

Mme Denise Brown a également présenté les grandes lignes du plan élaboré par son bureau, en coordination avec les autorités, pour affronter l’hiver, précisant toutefois que l’un des défis majeurs reste l’accès à Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijia, où la situation des populations est très préoccupante.  Mais les demandes régulières pour que l’assistance humanitaire traverse la ligne de front n’ont pas recueilli l’accord nécessaire de toutes les parties, alors même que tout est prêt au niveau opérationnel, a déploré Mme Brown qui a alerté que la population ukrainienne est sous une pression énorme.  

Il faut agir immédiatement pour que la Russie ne soit plus en mesure de commettre un acte de terreur, a plaidé l’Ukraine, qui a aussi demandé de remédier à la situation des centrales électriques, informant que les « terroristes russes » auraient miné le barrage de la centrale électrique de Kakhovka, et que la centrale de Zaporijia risque de ne plus être alimentée en eau -qui provient de ce réservoir-, « ce qui serait une catastrophe ».     

De son côté, la délégation russe a critiqué Mme DiCarlo pour n’avoir aucunement mentionné les destructions d’infrastructures civiles subies par la Fédération de Russie, dont les ponts de Crimée et de Belgorod ; ni la souffrance des habitants du Donbass qui, depuis huit ans, voient leurs infrastructures civiles détruites par le « régime ukrainien ».  

Tour à tour, les membres du Conseil ont exigé la cessation de la guerre, le retrait des forces russes, et un accès sans entrave à l’assistance humanitaire alors que l’hiver approche, ainsi que le recours à la diplomatie préventive pour amorcer des négociations, la Chine recommandant de veiller à ce que cette crise ne fasse pas « tache d’huile ».   

À l’instar de la France, qui a affirmé que la Russie entend provoquer des pénuries d’électricité et de chauffage avec l’arrivée de l’hiver, de nombreuses délégations ont appelé au respect du droit international et de la Charte des Nations Unies, le Mexique alertant en outre que sans déminage urgent, le secteur agricole ukrainien sera également confronté à de graves difficultés pour la prochaine saison de plantation.  

Les États-Unis ont soulevé la question de savoir si la République islamique d’Iran avait transféré des drones à la Russie, ce qui constituerait une violation de la résolution 2231 (2015) sur le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien.  

Selon l’Allemagne, toutes les informations disponibles confirmeraient que des drones iraniens sont utilisés pour terroriser les civils et ont été livrés à la Russie sans l’approbation préalable du Conseil.  Des documents très nombreux, notamment des vidéos, le confirment, ont renchéri les États-Unis, qui ont rappelé qu’une enquête doit être diligentée par l’ONU.   

Accusant le « régime ukrainien » et ses « protecteurs occidentaux » de diffuser des « infox », la délégation russe a mis en garde le Secrétariat contre une cessation de coopération s’il venait à répondre à cette demande. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme ROSEMARY A. DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que la situation des civils en Ukraine reste désastreuse.  Au 18 octobre, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a enregistré 15 956 victimes civiles, dont 6 322 tués et 9 634 blessés depuis le 24 février 2022.  Au moins 397 enfants ont été tués depuis le 24 février.  Et, les chiffres réels sont sans doute bien plus élevés.  Mme DiCarlo a indiqué que, depuis le 10 octobre, la Fédération de Russie a lancé une série d’attaques préoccupantes contre des infrastructures civiles.  Au total, entre le 10 et le 18 octobre, au moins 38 civils ukrainiens auraient été tués et au moins 117 blessés par des attaques de missiles et de drones.  Selon le Gouvernement ukrainien, 30% des installations énergétiques ont été touchées depuis le 10 octobre, notamment dans les régions de Kiev, Dnipropetrovsk, Lviv, Kharkiv et Soumy.  Ces attaques risquent d’exposer les populations à un hiver potentiellement mortel, a-t-elle averti, avant de rappeler qu’en vertu du droit international humanitaire, les attaques visant des civils et des infrastructures civiles sont interdites.  De plus, selon le rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine, il existe des motifs raisonnables de conclure que des crimes de guerre et des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ont été commises en Ukraine depuis le 24 février 2022, en particulier par les troupes russes.  

La Secrétaire général adjointe a ensuite salué l’annonce faite, lundi, d’un nouvel échange de prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Fédération de Russie: 110 captifs russes ont été échangés contre 108 Ukrainiens.  Il s’agissait du premier échange au cours duquel tous les Ukrainiens libérés étaient des femmes, dont des civils, des militaires et des gardes nationaux et frontaliers.  Dans le même temps, elle a regretté que la Mission d’établissement des faits des Nations Unies chargée d’enquêter sur l’incident du 29 juillet à Olenivka n’ait pas encore pu se déployer.  Nos experts restent en attente pour se déplacer sur le site.  Nous attendons les assurances nécessaires de la Fédération de Russie, a-t-elle dit.  Mme DiCarlo a également alerté que toute suggestion d’utilisation possible d’armes nucléaires ou d’autres armes conventionnelles ne fait qu’aggraver les tensions et pourrait conduire à une spirale dangereuse.  De même, elle a averti que tout autre dommage à la centrale nucléaire de Zaporijia, qu’il soit intentionnel ou accidentel, pourrait avoir des conséquences catastrophiques.  Toute activité militaire contre, depuis ou à proximité du site doit cesser immédiatement, a-t-elle exigé. 

Mme DENISE BROWN, Coordonnatrice résidente et Coordonnatrice de laction humanitaire des Nations Unies en Ukraine, a indiqué que la population ukrainienne est sous une pression énorme, s’inquiétant de l’émergence de graves problèmes de santé mentale.  De retour de Mykolaiv, Mme Brown a témoigné que le maire de cette ville lui avait confié que, depuis le 24 février, il n’y avait eu que 33 jours de silence, soit 33 jours sans explosions et sans sirènes d’alerte.   

L’ampleur de la catastrophe humanitaire est colossale, a-t-elle signalé.  Environ 18 millions de personnes, soit plus de 40% de la population ukrainienne, nécessitent une assistance humanitaire.  Quelque 14 millions de personnes ont été forcées à fuir leurs foyers, dont 6,2 millions de déplacés et près de 7,7 millions de réfugiés.  Depuis le début de la guerre, a-t-elle ajouté, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a répertorié plus de 15 900 victimes parmi les civils dont 6 300 morts, et les chiffres réels sont sûrement supérieurs.  L’UNICEF a indiqué, pour sa part, que 5,7 millions d’enfants en âge scolaire ont été affectés, y compris 3,6 millions en raison de la fermeture des écoles.  Quant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle a répertorié plus de 630 attaques vérifiées contre des structures sanitaires, ce qui empêche les malades d’être soignés et d’obtenir des médicaments.  Les dimensions relatives au genre et à la protection sont également importantes. 

Poursuivant, la Coordonnatrice a indiqué que chaque jour qui passe apporte de nouvelles dimensions urgentes, notamment en raison de l’approche de l’hiver et la baisse des températures, et la destruction massive de l’infrastructure civile qui entrave l’approvisionnement en eau, en électricité, ainsi que le chauffage, les télécommunications et les transports.  Elle a prévenu qu’il y a un risque accru de décès encore plus nombreux dans les mois à venir en raison du manque d’accès des civils aux services essentiels pour survivre.  Or, a-t-elle souligné, le droit international humanitaire est, on ne peut plus être clair, à cet égard: les attaques ne doivent jamais être dirigées contre des civils ou des objets civils. 

La Coordonnatrice a ensuite présenté les grandes lignes du plan élaboré par son bureau, en coordination avec les autorités, pour affronter l’hiver.  Celui-ci est axé sur la réparation des domiciles et l’approvisionnement en couvertures, matelas, vêtements, nourriture, générateurs pour les écoles et chauffage thermique pour les hôpitaux.  Elle a précisé que plus de 590 partenaires humanitaires fournissent une assistance vitale et une protection dans tout le pays, ce qui a permis d’atteindre plus de 13 millions de personnes en Ukraine.  

Elle a également souligné qu’avec l’accès à de nouvelles régions, l’assistance humanitaire est en mesure d’atteindre plus de communautés.  Cependant, la menace posée par les mines terrestres et la contamination des engins non explosés entrave les opérations humanitaires dans les régions accessibles de Kharkiv, Kherson et Donetsk.  S’agissant de la santé, elle a signalé que 10 millions de personnes auraient besoin d’un soutien psychosocial à cause du traumatisme de la guerre, y compris des femmes et des filles ayant subi des violences sexuelles et autres formes de violences sexistes, des enfants qui entendent des sirènes au quotidien, des familles séparées, ou même des familles qui tentent de survivre au jour le jour.  

Mme Brown a précisé que l’un des défis majeurs reste l’accès à Donetsk, Kherson, Louhansk et Zaporijia, où la situation des populations est très préoccupante.  À cet égard, elle a signalé qu’elle faisait régulièrement des demandes pour traverser la ligne de front, mais que l’accord nécessaire de toutes les parties n’avait pas été obtenu, alors même que tout est prêt au niveau opérationnel. 

La Coordonnatrice a ensuite fait savoir que l’Appel éclair avait vu un appui sans précédent des donateurs, avec plus de 2,9 milliards de dollars reçus pour 4,3 milliards de dollars requis pour cette année.  De son côté, le Fonds humanitaire pour l’Ukraine a perçu un nouveau financement substantiel, soit plus de 230 millions de dollars en contributions et promesses, dont 117 millions ont, d’ores et déjà, été déboursés, avec notamment 20 millions au profit d’organisations locales et bénévoles.  

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a rappelé l’impact de la guerre en Ukraine sur la population civile: 17,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, 7,68 millions se trouvent dans d’autres pays d’Europe et 6,2 millions de personnes sont déplacées.  Les attaques aveugles de ces derniers jours contre des infrastructures civiles constituent une violation du droit humanitaire international, a-t-il déclaré.  C’est pourquoi, avec la France, nous avons convoqué cette réunion, a-t-il expliqué.  Le représentant a rappelé que le respect des règles du droit international humanitaire, y compris les Conventions de Genève de 1949 et leurs protocoles additionnels, est une obligation qui n’admet aucune exception.  Les dispositions de ces instruments prévoient que les parties doivent faire une distinction claire entre les civils et les combattants.  Qui plus est, l’utilisation d’armes ou de méthodes de guerre susceptibles de causer des pertes inutiles est interdite.  Le représentant a également souligné que plus de 630 attaques contre le système de santé ont été enregistrées, alors que les attaques contre des hôpitaux constituent des crimes de guerre qui ne peuvent rester impunis.  Il a aussi jugé alarmants les rapports faisant état de violences sexuelles et fondées sur le genre.   

Le délégué a jugé impératif de garantir un accès humanitaire sans entrave, conformément aux principes fondamentaux d’humanité, d’autant que la vulnérabilité de la population civile risque de s’accroître avec l’arrivée de l’hiver et les graves perturbations des infrastructures énergétiques.  En outre, la présence de mines en Ukraine est très préoccupante, car en plus de leur impact sur la population civile, la présence de ces engins affecte la capacité de la communauté humanitaire à opérer.  Sans déminage urgent, le secteur agricole ukrainien sera également confronté à de graves difficultés pour la prochaine saison de plantation, a-t-il mis en garde.  En outre, le représentant a rejeté dans les termes les plus forts toute menace d’utilisation d’armes nucléaires.  Il a regretté qu’un périmètre démilitarisé n’ait pas été établi autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, en dépit des appels de l’AIEA, du Secrétaire général et de la communauté internationale.  Il a demandé instamment aux parties de répondre à cet appel de toute urgence.  Il a conclu en appelant à trouver des voies de dialogue et de diplomatie pour mettre fin à cette guerre. 

Pour M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), huit  mois après le lancement de sa guerre d’agression, la Fédération de Russie a franchi un nouveau seuil en pilonnant depuis 10 jours des villes, des infrastructures civiles et énergétiques à Kiev, à Soumy, à Dniepro.  La Fédération de Russie ne cherche même plus à dissimuler les crimes dont elle se rend coupable et viole les principes fondateurs de la Charte des Nations Unies et les normes qui en découlent, a dénoncé le délégué en rappelant que l’Assemblée générale a voté à une écrasante majorité contre ces atteintes à la Charte.  « La Russie viole de manière décomplexée le droit international humanitaire et cherche vainement à briser le moral de la nation ukrainienne ».  Le représentant a ajouté que la Russie veut terroriser et entend provoquer des pénuries d’électricité et de chauffage avec l’arrivée de l’hiver, l’accusant de miser sur la souffrance des civils, y compris des enfants.   

M. de Rivière a ajouté que tous les partenaires de l’Ukraine sont solidaires pour déjouer cette stratégie sordide.  La France, en liaison avec les autorités ukrainiennes, a dès à présent mobilisé des moyens pour contribuer à la résilience de l’Ukraine agressée pendant l’hiver, a-t-il signalé.  Il a exhorté la Fédération de Russie à se conformer au droit international humanitaire et à permettre aux acteurs humanitaires d’atteindre les populations civiles qui se trouvent dans les territoires qu’elle prétend occuper, ainsi qu’aux prisonniers de guerre, y compris ceux placés en captivité en Russie.  Les exactions et les destructions peuvent être constitutives de crimes de guerre et leurs auteurs devront répondre de leurs actes, a prévenu le représentant.  « Il n’y aura pas d’impunité pour les criminels. »  Le délégué a souhaité que la CPI avance, vite, dans ses travaux, en remontant la chaîne de responsabilités aussi loin qu’elle le peut.   

Pour M. de Rivière, il est désormais solidement documenté que les forces armées russes emploient des drones iraniens en Ukraine, notamment pour bombarder de manière indiscriminée des infrastructures civiles, en violation de la résolution 2231 (2015).  L’Union européenne a adopté hier de nouvelles sanctions contre des entités et individus iraniens impliqués dans la production et le transfert de ces drones, a rappelé le représentant déclarant soutenir l’appel de l’Ukraine à ce que le Secrétariat enquête et rende compte.  Il a demandé à l’Iran de cesser immédiatement toute forme de soutien à la guerre d’agression lancée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.  La Russie et l’Iran doivent cesser de violer la résolution 2231, a-t-il martelé.  Il a aussi condamné la complicité du Bélarus dont le territoire continue d’être utilisé pour lancer des frappes de missiles ou de drones visant l’Ukraine.  Avant de terminer, M. de Rivière a déclaré que la Fédération de Russie est seule et qu’elle est condamnée massivement par la communauté internationale, tandis que l’Ukraine est forte de la solidarité internationale.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) s’est alarmé que les civils et les installations indispensables à la survie de la population civile soient visés en permanence, en violation du droit international et en particulier du droit international humanitaire.  Les menaces persistantes de recours aux armes de destruction massive est tout aussi inquiétante, a poursuivi M. Kiboino, qui a appelé à protéger toutes les installations nucléaires, dont celle de Zaporijia.  L’intensification du conflit mine non seulement les perspectives d’une paix négociée à long terme, mais elle pourrait également donner lieu à un renforcement des alliances armées en vue d’une guerre prolongée, ce qui pourrait fragiliser des États actuellement stables en Europe et au-delà, a-t-il craint.   

M. Kiboino a rappelé en outre que la guerre en Ukraine aggrave l’insécurité alimentaire en Afrique, puisqu’elle bouleverse les chaînes d’approvisionnement, crée des pénuries et fait augmenter les prix.  Il a demandé le maintien de l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Il est grand temps que tous les États s’impliquent directement ou indirectement dans ce conflit pour ouvrir des voies de communication, a plaidé le représentant.  Il leur a suggéré d’explorer les conditions permettant d’arriver à une cessation des hostilités, qui serait suivie de négociations mettant un terme à la guerre et stabilisant l’ordre sécuritaire européen.  En conclusion, M. Kiboino a réitéré le respect du Kenya pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de l’Ukraine.   

M. GENG SHUANG (Chine) a appelé à éviter que la crise qui affecte déjà l’économie mondiale, fasse tache d’huile et provoque un choc.  Il a exhorté au respect du droit international humanitaire et à la facilitation de l’assistance humanitaire, insistant en outre sur l’importance de protéger les installations civiles.  Les belligérants doivent éviter que le conflit s’étende et s’aggrave, a insisté le représentant selon qui les difficultés d’accès à l’eau, l’électricité, le chauffage et les soins de santé devraient pousser la Russie à favoriser l’assistance humanitaire.  Il a également signalé que l’application de sanctions générales indiscriminées ne fera qu’approfondir la crise, alertant que tous les pays, développés et en développement, en subiront les conséquences.  Le représentant a ensuite encouragé à la stabilisation des produits agricoles sur le marché, et salué l’Initiative céréalière de la mer Noire.  Après avoir incité à ne « pas fermer la porte » à la voie diplomatique, le délégué a appelé la communauté internationale à trouver le moyen de persuader les parties impliquées à négocier.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a fait part de sa profonde préoccupation à propos des attaques contre les civils et les infrastructures civiles ces dernières semaines, rappelant que les parties au conflit doivent veiller à ne pas les cibler.  L’aide et l’assistance humanitaires doivent être guidées par les principes universels d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, et en aucun cas être politisées, a-t-il souligné. 

Par ailleurs, l’impact du conflit en Ukraine ne se limite pas à l’Europe, a fait observer le représentant, évoquant les inquiétudes au sujet de la sécurité alimentaire, des engrais et de l’énergie, en particulier dans les pays en développement.  Il a espéré que l’Initiative céréalière de la mer Noire sera mise en œuvre par toutes les parties avec sérieux, relevant toutefois que cela ne suffira pas pour faire face à l’insécurité alimentaire.  Pour sa part, a-t-il ajouté, l’Inde fournit une assistance humanitaire à l’Ukraine, pour laquelle elle demande des garanties d’acheminement sûr, et un soutien économique à certains de ses voisins du Sud en détresse économique.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a noté qu’en une semaine seulement, un tiers des centrales électriques ukrainiennes auraient été coupées du réseau électrique à l’approche de l’hiver.  La communauté internationale doit intensifier son soutien pour soulager les souffrances des civils, a-t-il plaidé.  À cette fin, il a annoncé que les Émirats arabes unis ont envoyé une aide humanitaire cette semaine à l’Ukraine d’un montant de 100 millions de dollars.  Cependant le reste du monde ne saurait être oublié, a-t-il souligné.  Le représentant s’est aussi inquiété des difficultés d’accès humanitaire, qui reste un obstacle majeur pour les organisations humanitaires, en particulier dans les zones où les combats sont les plus intenses.  Les personnes incapables d’échapper aux combats sont devenues vulnérables au gré des changements de lignes de combat, a-t-il observé.  Le représentant a salué les efforts des organisations humanitaires dans ce contexte et a demandé instamment aux parties de coopérer afin de permettre l’accès humanitaire.   

Le délégué a constaté une évolution entre les parties qui a conduit à des résultats comme les échanges de prisonniers ou les accords pour faciliter l’exportation de denrées alimentaires et d’engrais.  Il faut cependant qu’une mise en œuvre complète de ces accords reste pour lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale, a-t-il fait valoir.  Le compromis, la diplomatie et le dialogue restent à son avis la seule marche à suivre pour éviter de nouvelles souffrances.  Il n’y a pas d’alternative à une cessation des hostilités dans toute l’Ukraine et à un règlement pacifique du conflit, a-t-il conclu. 

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a déploré qu’après près de huit mois de conflit en Ukraine, la population civile continue de souffrir.  Le représentant a dit que rien ne justifie les attaques contre des cibles civiles à Kiev et dans d’autres grandes villes ukrainiennes ces derniers jours.  Les dommages causés au secteur de l’énergie ont atteint 30% de sa capacité de production, a-t-il noté.  Selon lui, les rapports continus faisant état de victimes civiles et d’attaques contre des infrastructures civiles témoignent de l’urgence d’ouvrir des canaux de dialogue humanitaire entre les parties.  Les lancements de missiles et les frappes de drones doivent être stoppés, a aussi réclamé le représentant.   

Il a demandé le libre accès à l’aide humanitaire à ceux en ont besoin.  Le délégué a souligné l’importance de discuter d’une réponse collective au conflit prenant note de la frustration accrue face à ce qui est perçu comme des efforts insuffisants de la part du Conseil pour faciliter une solution pacifique.  Beaucoup sont déçus du fait que les divisions l’ont emporté sur ce que l’on attend du Conseil, c’est-à-dire la volonté d’engager le dialogue, a-t-il insisté.  Ce Conseil devrait contribuer activement à tous les efforts possibles vers un cessez-le-feu et aux négociations entre les parties, a-t-il recommandé réitérant les différentes idées émises par d’autres délégations pour faciliter les pourparlers directs entre les parties et suggérant au Conseil de les explorer.  Le Brésil est disposé à s’engager dans ces efforts et invite les autres membres du Conseil à envisager de nouvelles voies afin d’abréger les souffrances du peuple ukrainien, a terminé M. de Almeida Filho.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a souligné à quel point la Fédération de Russie méprise la Charte des Nations Unies et dénoncé son invasion de l’Ukraine.  Près de la moitié de la population a besoin d’aide humanitaire, s’est-il alarmé, et les Russes frappent les populations civiles alors que l’hiver approche.  Les organisations humanitaires accroissent leurs efforts mais les frappes de la Fédération de Russie représentent un risque majeur.  Depuis février, les États-Unis ont fourni plus de 1,5 milliard de dollars au titre de l’aide humanitaire et continuent à soutenir le peuple ukrainien, a fait valoir le représentant.   

Des violations de la résolution 2231 (2015) ont été enregistrées, a poursuivi le représentant, et l’Iran a récemment transféré des drones à la Fédération de Russie, qui ont été utilisés pour des attaques contre des infrastructures civiles.  Des documents très nombreux, notamment des vidéos, le confirment.  L’ONU doit enquêter sur toute violation d’une résolution du Conseil de sécurité, a plaidé le représentant, ajoutant que les obligations de la Fédération de Russie en tant que partie aux Conventions de Genève s’appliquent au traitement des individus pris dans un conflit.   

En venant au sujet de l’insécurité alimentaire, le représentant a défendu l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui a aidé à apaiser les marchés et à limiter l’inflation des prix.  À ceux qui parlent de la situation en Ukraine sans nommer la Fédération de Russie, le représentant a lancé: Si vous vous préoccupez des femmes et des enfants, exhortez la Russie à faire taire les armes, si vous vous souciez de la Charte des Nations Unies, demandez-lui de respecter l’intégrité et l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine.

M. FERGAL MYTHEN (Irlande) a mis l’accent sur la situation des civils ukrainiens, confrontés à des difficultés quotidiennes pour l’approvisionnement en eau et électricité, difficultés occasionnées par les assauts incessants de la Fédération de Russie contre les infrastructures civiles vitales.  Le représentant a dénoncé les attaques directes menées contre les hôpitaux et les structures de soins de santé où les personnes cherchent soins et refuge.  M. Mythen a aussi indiqué que ces attaques touchent des immeubles résidentiels et tuent des gens dans leur sommeil.  

Alors que le monde appelle à la cessation de cette « guerre insensée », la Fédération de Russie, elle, a choisi la voie de l’escalade, a poursuivi M. Mythen.  Le représentant a en outre signalé l’existence d’armes explosives à sous-munitions, y compris certaines armes dont l’utilisation est interdite dans les zones peuplées.  Parallèlement, les mines antipersonnel menacent les civils, la production agricole, la sécurité alimentaire et un accès humanitaire sûr, a-t-il souligné, en s’inquiétant également de l’utilisation d’aéronefs autoguidées ou de drones livrés par l’Iran, qui sèment la destruction et l’horreur dans les rues de Kiev et ailleurs.  Leur acquisition par la Russie serait contraire à la résolution 2231, a-t-il rappelé, estimant que de telles attaques n’ont qu’un objectif: intimider et terroriser la population civile, et constituent un déni flagrant de la vie humaine.  En conséquence, M. Mythen a exhorté la Fédération de Russie à s’abstenir de toute escalade, à prendre des mesures viables pour prévenir des victimes civiles et des dommages aux infrastructures, tout en octroyant un accès humanitaire.  

« Même pour la guerre, il existe des règles », a rappelé M. Mythen, qui a mis l’accent sur la reddition de comptes pour le ciblage des civils, la détention arbitraire, la traite humaine et la violence sexuelle liée au conflit.  Pour ce faire, il a exigé des enquêtes crédibles, la collecte rigoureuse de preuves et un appui pour les témoins, victimes et rescapés.  

Le représentant a rappelé, dans ce contexte, le message clair d’appui apporté, le 12 octobre, par l’Assemblée générale à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il a dénoncé le fait que, depuis huit mois, la Fédération de Russie fait fi de la responsabilité du Conseil au titre de la Charte.  Il a lancé un appel aux membres de cet organe à assumer leurs responsabilités dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et de rester unis pour exiger de la Russie de cesser cette guerre et de se retirer de tout le territoire de l’Ukraine.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a demandé une cessation des hostilités, une désescalade des tensions et le début d’un processus de négociations politiques.  Il faut arrêter cette guerre maintenant, pas plus tard, a dit la représentante, ajoutant soutenir les efforts du Secrétaire général en ce sens.  Elle a également demandé un accès humanitaire facilité, en particulier, à la Fédération de Russie pour qu’elle permette l’acheminement de l’aide dans les régions sous son contrôle.  Le Ghana appelle aussi à l’ouverture d’enquêtes indépendantes et crédibles pour les crimes commis, en particulier les crimes sexuels.  Il soutient par ailleurs la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a déploré que la guerre en Ukraine ait tué, mutilé et brisé psychologiquement des milliers de personnes.  Des millions d’autres ont été contraintes de fuir, des villes ukrainiennes ont été réduites à l’état de ruines.  Les véritables objectifs de l’invasion sont de supprimer l’identité ukrainienne et d’annexer illégalement des terres ukrainiennes, a affirmé le représentant.  Il a dénoncé une campagne de frappes de drones et de missiles contre des zones fortement peuplées, loin des lignes de front ou d’installations militaires.  Des bombardements ont délibérément visé les infrastructures critiques, endommageant un tiers des centrales électriques, et ce, juste avant l’hiver, a-t-il accusé.  Pour le Royaume-Uni, il s’agit d’une violation manifeste du droit humanitaire international.  L’intention derrière ces attaques est de soumettre l’Ukraine en terrorisant les civils, a affirmé le représentant, qui a souligné que la Russie utilisait des armes obtenues en Iran, en violation de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité.  Les actions de la Russie sont illégales et immorales, et elles doivent prendre fin, a-t-il déclaré.   

M. Kariuki a demandé à la Russie de mettre un terme à sa désinformation ainsi qu’aux accusations, selon lesquelles l’Occident est responsable des atrocités commises par la Russie.  Il lui a demandé de tenir compte des appels de la communauté internationale, de respecter ses obligations en vertu du droit international, et de mettre fin aux attaques contre les civils, les infrastructures énergétiques, les hôpitaux et les établissements de santé, et de reprendre le chemin du dialogue.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dit être préoccupée par la brutalité des attaques de missiles et de drones russes contre des civils et des infrastructures civiles, qui ont tué des civils et frappé plusieurs centrales électriques à travers l’Ukraine, entraînant un grand préjudice humanitaire et de nombreux morts.  Ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre, a-t-elle estimé, en demandant que les responsables soient tenus personnellement responsables.  Elle s’est également dite préoccupée par la violence sexuelle et sexiste et la traite des êtres humains auxquelles les femmes et les enfants non accompagnés sont particulièrement exposés.  Il faut faciliter leur retour et atténuer les effets à long terme que la guerre de la Russie leur a imposés, a-t-elle recommandé.  Elle a rappelé que la Commission d’enquête internationale indépendante a conclu que des violations des droits humains et du droit international humanitaire ont été commises par les forces armées russes.  Les victimes méritent la justice et les survivants doivent être pris en charge, a-t-elle exhorté.  

La déléguée a plaidé pour que ces violations soient arrêtées et pour que cette guerre prenne fin: la Russie doit retirer ses troupes de l’Ukraine et arrêter la guerre.  Elle a dit être également préoccupée par le nombre de prisonniers de guerre portés disparus et d’autres personnes portées disparues en raison de ce conflit.  Elle a appelé les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il faut soutenir le Comité international de la Croix-Rouge dans l’accomplissement de son mandat, a-t-elle recommandé à cet égard.  Les acteurs humanitaires doivent avoir un accès complet, sûr et sans entrave à tous ceux qui en ont besoin, en particulier des personnes âgées, handicapées et des enfants dans les zones touchées par le conflit, a exhorté la représentante, avant de conclure en soulignant l’importance de l’Initiative céréalière de la mer Noire visant à faire face à la famine dans le monde.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit sa « perplexité » devant le nombre d’orateurs inscrits à cette séance, en particulier les pays de l’Union européenne.  Il s’agit d’une séance d’information et non d’un débat général, a-t-il indiqué, soupçonnant ces délégations de vouloir passer à la télévision.  Il a aussi ironisé sur l’intérêt soudain de Mme DiCarlo pour la destruction des infrastructures civiles.  Et pourtant, son rapport ne fait nullement mention des destructions d’infrastructures civiles subies par la Fédération de Russie, dont les ponts de Crimée et de Belgorod, a-t-il dénoncé.  Il ne mentionne pas non plus la souffrance des habitants du Donbass qui, depuis huit ans, voient leurs infrastructures civiles détruites par le « régime ukrainien ».    

Le représentant a ensuite déclaré que la réalité est que le « régime ukrainien » et ses protecteurs occidentaux tentent de diffuser une « infox » et d’obtenir du Secrétariat des Nations Unies qu’il ouvre une enquête en faisant croire que la Fédération de Russie a acheté des drones de la République islamique d’Iran.  Cela est faux, a-t-il affirmé, mettant en garde le Secrétariat contre une cessation de coopération s’il venait à répondre à cette demande.   

Le délégué a également fait référence aux nombreuses livraisons d’armes envoyées par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne vers l’Ukraine, dont des canons, des roquettes et des systèmes aériens.  Ces armes sont utilisées pour cibler des populations civiles en Fédération de Russie et ont visé et détruit des écoles, des aéroports, des usines, des barrages hydrauliques, ainsi que la centrale nucléaire de Zaporijia.   Kiev s’en vante et s’imagine que la Fédération de Russie va accepter cela, s’est-il indigné.  L’ONU est informée de tous ces incidents dangereux, mais jusqu’ici aucune réaction, a déploré le représentant.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a salué l’Ukraine et son peuple pour avoir reçu le Prix Sakharov décerné, la semaine dernière, par le Parlement européen pour leur lutte pour la démocratie, la liberté et l’état de droit.  Il a rappelé que, depuis huit mois, la Russie intensifie ses attaques et cible des infrastructures civiles, des installations énergétiques mais aussi des zones résidentielles, dans le but clair de terroriser la population, d’infliger de graves dégâts et de laisser des familles entières, des femmes et des enfants sans eau, électricité et chauffage à l’approche de l’hiver.  Il a appelé l’ONU à ne pas céder aux menaces et à mener une vérification adéquate des rapports selon lesquels des centaines de drones utilisés par les forces russes en Ukraine ont été illégalement importés d’Iran. 

Poursuivant, le délégué a dit que des milliers de militaires, d’équipements et d’avions russes inondent le Bélarus proférant des discours belliqueux.  La semaine dernière, a-t-il continué, après que le Conseil a été bloqué par le veto de la Russie, l’Assemblée générale a condamné par une écrasante majorité la dernière annexion russe d’une partie du territoire de l’Ukraine.  La réponse mondiale a été claire et retentissante, a-t-il salué, tout en faisant observer que la Russie est seule et se réfugie dans le déni.  Rappelant la loi martiale du Kremlin imposée dans les régions qui ont voté lors de simulacres de référendums, pour être gouvernées par la force d’occupation, le représentant a martelé que sa délégation ne reconnaît pas ces simulacres de référendums ni leurs « résultats tronqués ». 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a déclaré que le temps est venu d’orienter l’esprit des débats, des rhétoriques et de l’action en faveur d’une solution à la crise en Ukraine.  Près de huit mois après, nous en sommes encore à l’inventaire des peurs, des atrocités et de la détresse humanitaire, dans une logique d’un camp contre l’autre.  Dans cette terrible logique de blocs qui rejaillit des cendres, nous entendons les plus zélés de chaque camp brandir sans ambages que ceux qui ne sont pas avec eux sont contre eux, a regretté le représentant gabonais.  

Or, il est temps d’envisager une solution pour faire taire les armes en Ukraine, a estimé le représentant.  Faire taire les armes c’est l’aspiration de tout peuple en proie à l’insécurité générée par la guerre et c’est surtout la vocation de ce Conseil et de cette Organisation, a-t-il lancé, appelant les belligérants au respect du droit international humanitaire et de la résolution 2203 (2015).  Au seuil de la saison hivernale, le délégué a ensuite appelé à une trêve humanitaire afin de préserver l’accès à l’eau potable, à l’électricité, au chauffage, aux soins médicaux, et faciliter la distribution de l’aide humanitaire dont les populations sinistrées ont cruellement besoin. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine), notant que le représentant russe a quitté la salle du Conseil dès la fin de son intervention, a dit attendre le jour où il quittera carrément cet organe.  En réalité, depuis huit mois, celui-ci ne fait qu’empiler des mensonges, que ses maîtres lui ont dictés, a commenté le représentant ukrainien qui a paraphrasé son homologue russe niant, un à un, tous les faits qui se sont produits depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par son pays.  Or, il y a pour preuves des dizaines de charniers, des milliers de morts et des référendums illégaux dans quatre régions ukrainiennes, sans compter les dernières attaques tous azimut.  Depuis le 18 octobre, plus de 300 attaques par drones ont été massivement menées par la Russie dans 14 régions, a-t-il précisé.   

Le représentant a ensuite fait l’historique des résolutions du Conseil, dont celle, à l’initiative de l’Ukraine, sur la protection des infrastructures civiles contre les attaques terroristes.  Même la Russie s’était jointe au consensus autour de cette résolution, a-t-il rappelé, qui a insisté pour que les attaques fassent l’objet d’une condamnation et de poursuites pénales.  Il a informé que les « terroristes russes » ont miné le barrage de la centrale électrique de Kakhovka, et que l’approvisionnement en eau risque d’en souffrir.  Pis encore, la centrale de Zaporijia risque de ne plus être alimentée en eau -qui provient de ce réservoir-, ce qui serait une catastrophe.   

Il faut agir immédiatement pour que la Russie ne soit plus en mesure de commettre un acte de terreur, a-t-il exigé, en appelant à remédier à la situation des centrales électriques.  Chaque fois, la propagande russe a été démentie par des faits résultant d’enquêtes, comme celle effectuée par la Commission internationale indépendante sur la situation des droits de l’homme en Ukraine.  Le représentant s’est également alarmé de l’utilisation de drones et de missiles de longue portée iraniens, ce qui constitue une violation flagrante de la résolution 2231 (2015) du Conseil, en mentionnant en particulier l’Annexe B de ce texte.  En conséquence, des experts ont été invités en Ukraine pour inspecter des drones iraniens utilisés dans des attaques récentes.   

Sur le plan humanitaire et de l’acheminement des céréales vers d’autres pays, le délégué a indiqué que l’Ukraine continue à œuvrer avec le Programme alimentaire mondial (PAM) pour accroître le volume des céréales à destination de divers pays.  Il s’est dit favorable à une prorogation de l’Initiative céréalière de la mer Noire lorsque la période initiale aura expiré.  Chaque terroriste et criminel de guerre, y compris « ceux dans la salle du Conseil », paiera en actifs, a prévenu le représentant ukrainien, qui a voulu que le principe de diplomatie préventive devienne une réalité de la politique internationale.

M. OLOF SKOOG, de l’Union européenne, a rendu hommage au peuple ukrainien qui a reçu cette semaine le prix Sakharov.  Il a estimé que cibler des civils, des écoles et des sources d’énergie, comme le fait la Fédération de Russie, ne peut jamais être légitime et constitue une violation grave du droit humanitaire.  Près d’un tiers des centrales électriques ukrainiennes ont été touchées, a-t-il relevé en constatant que les dommages subis par les infrastructures énergétiques ukrainiennes créent des défis majeurs en vue de l’hiver à venir.  Le délégué a souligné le financement humanitaire supplémentaire de 175 millions d’euros annoncé par l’Union européenne pour répondre aux besoins urgents et fournir de la nourriture, un accès à l’eau et une protection contre le froid de l’hiver.  Il a demandé à la Fédération de Russie de cesser ses attaques, de suspendre ses opérations militaires sur le territoire de l’Ukraine et de retirer toutes ses forces militaires, ses groupes armés et autres personnels non autorisés du territoire de l’Ukraine.   

Le délégué s’est dit anéanti par les découvertes d’atrocités dans les zones libérées et par les champs de mines qui rendent impossible l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a souligné l’importance de collecter les preuves de violations des droits humains et de violations du droit international humanitaire.  Il a plaidé pour des mesures de reddition des comptes, notamment les enquêtes menées par le Procureur de la CPI.  Par ailleurs, il a déclaré que la responsabilité s’étend à ceux qui soutiennent les crimes commis, citant le Bélarus et aussi l’Iran qui fournit des drones à la Fédération de Russie.  De plus, la destruction délibérée par la Russie des infrastructures agricoles et de transport de l’Ukraine met en danger la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde, a déploré le représentant qui a salué à cet égard l’Initiative céréalière de la mer Noire et a soutenu l’appel du Secrétaire général à la prolonger au-delà du 19 novembre.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a, de nouveau, condamné fermement l’agression militaire non provoquée et injustifiée de la Russie contre l’Ukraine, et s’est dit gravement préoccupé par la situation humanitaire, qui continue de se détériorer progressivement.  Le représentant s’est dit consterné par le nombre de meurtres de civils innocents, les attaques contre les infrastructures essentielles, ainsi que par l’ampleur des violences sexuelles et sexistes commises par les soldats et les occupants russes.  Faisant référence à la récente série d’attaques de missiles et de drones iraniens contre des villes d’Ukraine, le représentant a déploré que « la Fédération de Russie ne comprenne manifestement pas l’expression ‘trop c’est trop’, déjà prononcée par le Secrétaire général ». 

Le représentant s’est également dit profondément préoccupés par les graves effets de l’invasion russe sur la sécurité alimentaire mondiale et a demandé à la Russie de permettre le passage libre et sûr des livraisons et expéditions agricoles à partir des ports ukrainiens.  « Nous pensons que l’initiative sur les céréales de la mer Noire sera prolongée », a-t-il ajouté.  

Souhaitant que cette « guerre insensée » prenne fin le plus tôt possible, M. Mlynár a toutefois ajouté que « ceux qui croient qu’en concluant la trêve et en faisant taire les armes, tout est fini, se trompent ».  Les auteurs des multiples exactions commises en Ukraine ne peuvent rester impunis et doivent être traduits en justice, a-t-il averti.  Le représentant a également rappelé que la Slovaquie considère tous les actes associés à l’acquisition forcée du territoire ukrainien par la Fédération de Russie comme « nuls, non avenus et illégitimes ».  La Slovaquie « ne reconnaîtra jamais » les territoires annexés comme autre chose qu’une partie de l’Ukraine.  Il a rappelé, à cet égard, que « la voix des Nations Unies de la semaine dernière était claire comme de l’eau de roche », et a demandé à la Fédération de Russie de mettre immédiatement et pleinement en œuvre la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies du 12 octobre. 

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a accusé la Russie de chercher délibérément à créer une catastrophe humanitaire, en Ukraine, en poursuivant sa guerre d’agression et en ayant clairement choisi la voie de l’escalade, avec des conséquences dramatiques « non seulement en Ukraine, mais aussi pour la sécurité mondiale et la stabilité économique ».  Pour la Pologne, les attaques aériennes russes contre des cibles civiles, menées depuis le 10 octobre, constituent « une nouvelle violation du droit international ».  Le représentant a accusé la Russie de vouloir « intimider la population civile et détruire l’infrastructure énergétique de l’Ukraine », essentielle en vue de la période hivernale, perspective sur laquelle il faut immédiatement se concentrer.  En raison des bombardements russes, plus de 3,5 millions de personnes n’ont plus de toit, a affirmé M. Szczerski.  

Le représentant a aussi attiré l’attention sur la « présence d’explosifs délibérément laissés par les Russes ».  Il faudra donc déminer des zones, y compris les terres agricoles, car ces mines et munitions non explosées représentent une menace pour les civils.  Il a jugé urgent de fournir des équipements adéquats. 

Les récentes attaques de missiles sur les villes ukrainiennes constituent des crimes de guerre, a répété M. Szczerski, qui a accusé la Russie d’avoir « fait preuve d’un manque total de respect pour le droit humanitaire international et les droits de l’homme », qui devront être punis.  La Pologne continuera à travailler avec les institutions internationales et l’Ukraine en ce sens.  

Face à ces exactions, le représentant a rappelé que son pays avait accueilli plus de 1,3 million de réfugiés, ainsi que ceux qui sont restés pour se battre pour leur pays ou qui ne peuvent pas partir, en fournissant une aide humanitaire gouvernementale.  « La seule réponse appropriée aux attaques russes est d’accroître l’ampleur de notre soutien à l’Ukraine », a-t-il ajouté.  

M. Szczerski a rappelé que l’énorme crise humanitaire en Ukraine est « purement d’origine humaine, il n’y a aucun élément à blâmer », mais seulement la Russie qui porte « l’entière responsabilité de toutes les destructions et pertes de vies ».  Exigeant une nouvelle fois le retrait total des Forces russes de l’Ukraine, le représentant a appelé l’ensemble de la communauté internationale à accroître la pression sur la Russie.  La fin de la guerre, a-t-il affirmé, « constituerait une solution immédiate, presque du jour au lendemain » à l’ensemble de la crise.

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a jugé « choquante » la réaction de la Russie à sa nouvelle condamnation par 143 États à l’Assemblée générale dans le cadre de la résolution « unis pour la paix » puisqu’elle a intensifié ses attaques, ciblant « délibérément et systématiquement » les infrastructures civiles.  Pour l’Allemagne, l’objectif de la Russie est clair: soumettre l’Ukraine.  Le Président Putin veut « plonger l’Ukraine -littéralement- dans l’obscurité et faire geler les Ukrainiens, en privant des millions de civils d’électricité et de chauffage », a accusé la représentante.  Pour elle, ces attaques violent le droit humanitaire international et pourraient constituer des crimes de guerre.  Les responsables de ces violations flagrantes du droit international seront tenus pour responsables, a-t-elle averti.  

La représentante a ajouté que la Russie violait aussi la résolution 2231 (2015) du Conseil.  En effet, toutes les informations disponibles confirment que des drones iraniens sont utilisés pour terroriser les civils et ont été livrés à la Russie sans l’approbation préalable de ce Conseil, donc en violation flagrante de cette résolution 2231.  Mme Leendertse s’est dite choquée aussi par les informations faisant état de l’Iran de livrer des missiles balistiques à la Russie.  L’Allemagne « accueillerait favorablement » une enquête menée par l’équipe de l’ONU chargée de surveiller la mise en œuvre de la résolution 2231 et serait « prête à soutenir ses efforts techniques et impartiaux ». 

L’Allemagne continuera à défendre la Charte et à soutenir l’Ukraine, a poursuivi le représentant.  Elle accueillera, mardi, la « Conférence internationale d’experts sur le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine », visant à galvaniser le soutien international en faveur du pays.  La représentante a, en conclusion, demandé à la Russie de « changer de cap, respecter pleinement la lettre et l’esprit de la Charte, se retirer de l’Ukraine et se conformer à l’ordre juridiquement contraignant de la Cour internationale de Justice (CIJ) ».

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que, pour la troisième fois depuis le début du conflit, le Ministre des affaires étrangères de son pays s’était rendu, mercredi, à Kiev pour exprimer « l’entière solidarité » du Gouvernement et du peuple grecs avec le Gouvernement et le peuple ukrainiens.  Elle a rappelé l’importance et l’ancienneté de la présence grecque dans certaines régions d’Ukraine.   

La Grèce condamne dans les termes les plus forts les récentes attaques menées notamment par des drones contre des infrastructures civiles vitales.  Parlant d’un « bombardement inhumain, continu et sans pitié, visant des vies innocentes », la représentante a rappelé l’assistance humanitaire apportée dès les premiers jours du conflit par son pays, qui est également engagé en faveur de la reconstruction de l’Ukraine.  Parmi les différents exemples d’assistance qu’elle a cités, la représentante a signalé l’expertise apportée par son pays aux pays voisins de l’Ukraine qui font face à un afflux de réfugiés, « compte tenu de notre expérience dans la gestion des flux migratoires ».   

La Grèce est également fortement engagée en faveur de la responsabilité des crimes de guerre, a affirmé la représentante, qui a rappelé que le Ministre des affaires étrangères s’était rendu à la Cour pénale internationale (CPI) à ce sujet.  Quels que soient les efforts de la communauté internationale, la seule véritable solution aux souffrances actuelles du peuple ukrainien est la cessation immédiate de l’agression non provoquée de la part de la Fédération de Russie, a conclu Mme Theofili. 

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