En cours au Siège de l'ONU

9124e séance – après-midi
CS/15020

Conseil de sécurité: le Secrétaire général exhorte Russes et Ukrainiens à s’entendre sur un « périmètre démilitarisé » autour de la centrale nucléaire de Zaporijia

Quelques jours après sa visite à la tête d’une équipe d’experts à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait part, cet après-midi au Conseil de sécurité, de ses recommandations en matière de sûreté et de sécurité nucléaires, tandis que le Secrétaire général mettait en garde les parties au conflit contre toute action susceptible de mettre en danger l’intégrité physique de l’installation.   Ce dernier les a en outre appelées à s’entendre sur le principe d’un « périmètre démilitarisé » autour de l’usine actuellement contrôlée par les forces russes.

Après avoir remercié les personnels de l’ONU qui ont permis à cette mission de se déployer avec succès, malgré des conditions particulièrement difficiles, M. António Guterres a une nouvelle fois averti que « tout dommage, intentionnel ou pas, porté à la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Zaporijia -ou à toute autre installation nucléaire en Ukraine- pourrait être synonyme de catastrophe, non seulement pour le voisinage immédiat mais pour la région et au-delà ».  Pour éviter un tel scénario, il a estimé que les deux parties doivent s’engager à ne pas mener d’action militaire en direction ou depuis le site, avant de conclure un accord prévoyant la démilitarisation de la zone.  

Concrètement, a précisé le Secrétaire général, un tel projet implique que les forces russes acceptent de retirer leurs personnels et équipements militaires de ce périmètre et que, dans le même temps, les forces ukrainiennes consentent à ne pas y pénétrer.  Parallèlement, les opérateurs de la centrale doivent pouvoir s’acquitter de leurs responsabilités et toutes les communications être rétablies, a-t-il ajouté, soulignant l’urgence de mesures tangibles pour assurer la sécurité des lieux. 

Souhaitant dans l’immédiat que les experts de l’AIEA déployés à Zaporijia puissent accomplir sans entrave leur mission, M. Guterres a regretté que, le mois dernier, la dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) se soit soldée par un échec, « victime de la guerre en Ukraine ».  Il a donc exhorté tous les États à recourir à « chaque voie du dialogue et de la diplomatie » pour progresser sur cette question cruciale.

Depuis Vienne, le Directeur général de l’AIEA, M. Rafael Mariano Grossi, a confirmé que l’ensemble des sept piliers de sûreté et de sécurité nucléaires établis par l’AIEA ont été compromis au cours du conflit, dénonçant le « caractère inacceptable » des attaques perpétrées contre la centrale.  « On joue avec le feu et l’on pourrait se retrouver avec une situation catastrophique », s’est-il indigné, précisant en écho aux propos du Secrétaire général que son rapport propose la création d’une « zone de protection » en matière de sûreté et de sécurité sur le périmètre et dans la centrale elle-même. 

De l’avis de M. Grossi, il est « précieux » que les inspecteurs de l’AIEA, qui ont permis une lecture « impartiale et neutre » de la situation, soient restés sur le site de la centrale.  Grâce à eux, a-t-il relevé, l’Agence et la communauté internationale sont en mesure d’évaluer directement la situation, ce qui est sans précédent, les missions menées à Tchernobyl ou Fukushima, entre autres exemples, n’ayant servi qu’à « constater les dégâts a posteriori ».  Assurant qu’un accord peut être trouvé sur un « mécanisme simple » de protection de la centrale, il s’est dit prêt à discuter avec les parties de « mesures intermédiaires ». 

À l’origine de cette réunion, comme de celles des 11 et 23 août consacrées elles aussi à la situation de la centrale de Zaporijia, la Fédération de Russie s’est félicitée que M. Grossi ait pu constater par lui-même que, grâce à la « coopération bien établie » entre le personnel local et les forces armées russes qui la contrôlent, l’installation « fonctionne normalement », sans « menaces internes » à sa sécurité.  La seule menace provient des bombardements et du sabotage des forces armées ukrainiennes, a-t-elle argué, regrettant que le rapport de l’AIEA n’indique pas la source des tirs visant la centrale.  

La délégation russe a également salué la décision de l’AIEA d’établir une présence permanente sur le site de Zaporijia, avant d’assurer que son pays est tout disposé à apporter l’assistance nécessaire aux travaux de l’Agence, contrairement à la partie ukrainienne qui « a tout fait pour que cette mission soit perturbée », notamment par des tirs visant la centrale et la ville d’Energodar jusqu’à l’arrivée de l’équipe d’experts sur place.  Des allégations balayées par l’Ukraine, qui a accusé Moscou de vouloir détourner l’attention de la communauté internationale de la nécessité de mettre fin à son occupation d’une centrale nucléaire « transformée en base militaire ». 

Selon le représentant ukrainien, qui rappelé que son pays a demandé la présence permanente de l’équipe de l’AIEA sur le site jusqu’à ce que les autorités compétentes ukrainiennes puissent à nouveau y assumer leurs responsabilités, la partie russe est allée jusqu’à exercer des pressions sur les rédacteurs du rapport de l’AIEA.  Quant à la proposition de « zone de protection » avancée par M. Grossi, il a affirmé qu’elle ne pouvait être appuyée qu’à condition d’entraîner une démilitarisation effective du site de Zaporijia.  Il a enfin assuré que l’Ukraine « n’a pas mené d’actions militaires contre la centrale », avant de fustiger les « provocations russes ». 

Résumant la position d’une majorité de délégations, les États-Unis ont estimé que la Fédération de Russie, « qui est responsable de cette crise », peut la régler en retirant ses forces de la zone de la centrale, « mais aussi de l’ensemble du territoire ukrainien ».  Suivie par l’Inde, la Chine a pour sa part exhorté la communauté internationale à se mobiliser pour favoriser la désescalade et la reprise du dialogue entre les parties en vue de trouver une solution pacifique à la crise ukrainienne.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a tout d’abord indiqué que le Secrétariat a « fièrement soutenu » l’AIEA dans sa mission essentielle consistant à assurer la sûreté de l’exploitation de la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine.  Il a tenu à remercier personnellement tous les « collègues » qui leur ont prêté assistance, en particulier les 13 professionnels de l’ONU chargés du soutien et de la sécurité qui ont permis à cette mission de se déployer avec succès.  Il s’est cependant dit profondément préoccupé par la situation dans et autour de la centrale, en raison notamment des bombardements récents dans la zone.  Pour le Chef de l’ONU, « tout dommage, qu’il soit intentionnel ou pas, porté à la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Zaporijia -ou à toute autre installation nucléaire en Ukraine- pourrait être synonyme de catastrophe, non seulement pour le voisinage immédiat mais pour la région et au-delà ».  De fait, toutes les mesures doivent être prises pour éviter un tel scénario, a-t-il plaidé, considérant que le bon sens et la coopération doivent guider la voie à suivre.  Dans ce cadre, toute action susceptible de mettre en danger l’intégrité physique, la sûreté ou la sécurité de la centrale est « inacceptable » et il importe de rétablir cette installation comme infrastructure purement civile, a-t-il insisté. 

Dans un premier temps, a poursuivi le Secrétaire général, les forces russes et ukrainiennes doivent s’engager à ne pas mener d’action militaire en direction ou depuis le site de la centrale.  « L’installation de Zaporijia et ses environs ne doivent pas être une cible ou une plateforme d’opérations militaires », a-t-il martelé, avant d’appeler de ses vœux, la conclusion, dans un second temps, d’un accord sur un « périmètre démilitarisé ».  Concrètement, a précisé M. Guterres, cela impliquerait d’une part l’engagement des forces russes de retirer leurs personnels et équipements militaires de ce périmètre, et d’autre part l’engagement des forces ukrainiennes de ne pas y pénétrer.  Parallèlement, les opérateurs de la centrale doivent pouvoir s’acquitter de leurs responsabilités, et les communications doivent être entretenues, a-t-il ajouté, estimant qu’il est urgent de s’entendre sur des mesures tangibles pour assurer la sécurité de la zone.

Le Secrétaire général a ensuite regretté que, le mois dernier, la dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ait été « la victime de la guerre en Ukraine ».  Rappelant que le document final visait à aborder la question de la sûreté et de la sécurité des centrales nucléaires en zones de conflit armé, y compris en Ukraine, il a constaté que la Conférence n’a pas réussi à parvenir au consensus qui aurait permis de renforcer le Traité.  Après avoir appelé tous les États à recourir à « chaque voie du dialogue et de la diplomatie » pour progresser sur ces questions, il a souhaité que les experts de l’AIEA actuellement déployés à Zaporijia puissent accomplir leur travail sans entrave.  Le succès de leur mission va dans l’intérêt de tous, a-t-il conclu, invitant chacun à continuer de travailler en faveur d’une paix conforme aux normes du droit international et de la Charte des Nations Unies.

M. RAFAEL MARIANO GROSSI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a commencé par relever que son intervention devant le Conseil de sécurité est la troisième sur la situation en Ukraine.  Il a ensuite salué le « travail formidable » accompli par l’ONU et son personnel.  Avec la mission envoyée la semaine dernière par l’AIEA dans la centrale nucléaire de Zaporijia, nous espérons ramener la stabilité sur le site, a-t-il déclaré, avant de faire état du rapport exhaustif publié dans la foulée de la mission qu’il a dirigée dans l’enceinte de cette installation.  Cette mission, a-t-il souligné, est le fruit d’efforts acharnés menés dans l’objectif de se rendre sur place pour corroborer les faits qui nous ont été communiqués ces six derniers mois et de formuler des recommandations concrètes reposant sur nos observations in situ. 

Passant en revue les sept piliers de la sûreté et de la sécurité établis par son agence, M. Grossi a ensuite résumé les recommandations faites par son rapport pour chacun d’entre eux.  Le premier pilier, a-t-il dit, est le fait de ne pas violer l’intégrité physique d’une installation nucléaire.  Or, des informations sur des attaques visant la centrale de Zaporijia nous ont été communiquées le 11 août, durant la présidence chinoise du Conseil, a rappelé le Directeur général, indiquant avoir vu de ses propres yeux et pu évaluer avec des experts le « caractère inacceptable » de ces attaques.  « On joue avec le feu et l’on pourrait se retrouver avec une situation catastrophique », a-t-il tonné, avant de préciser que son rapport propose la création d’une « zone de protection » en matière de sûreté et de sécurité sur le périmètre et dans la centrale elle-même.  Le deuxième pilier, a poursuivi le haut fonctionnaire, consiste à faire en sorte que tous les systèmes de la centrale soient pleinement opérationnels.  Hélas, a-t-il déploré, nous avons constaté que les opérateurs ukrainiens travaillent dans des circonstances extrêmement difficiles et que du matériel et des véhicules militaires circulent sur le site.  Il importe par conséquent que ces véhicules soient retirés pour ne pas perturber le fonctionnement normal du système de sûreté et de sécurité nucléaire, a-t-il plaidé. 

En vertu du troisième pilier, le personnel de la centrale doit pouvoir exercer ses responsabilités sans être soumis à des pressions, a encore précisé M. Grossi, rappelant avoir répété cette consigne cruciale à de maintes reprises depuis la prise de la centrale en mars dernier par les forces russes.  La conclusion des experts sur ce point est que les opérateurs devraient être en mesure de retrouver leurs activités normales dans un environnement de travail sain, a-t-il expliqué.  Évoquant ensuite le quatrième pilier, qui concerne l’approvisionnement de la centrale, le Directeur général de l’AIEA a averti que sans ces arrivées extérieures, l’installation risque de perdre des fonctionnalités importantes, à commencer par le système de refroidissement des réacteurs.  Nous recommandons donc que l’approvisionnement extérieur de la centrale soit rétabli et maintenu en toute circonstance, a-t-il dit.  S’agissant par ailleurs du cinquième pilier, il a exigé que les chaînes d’approvisionnement, depuis et vers le site, soient rendues fonctionnelles afin de ne pas perturber les composantes de la centrale qui requièrent des pièces de rechange et des équipements.  Appelant les parties à s’entendre sur ce point, il a ajouté que des programmes de l’AIEA, semblables à ceux menés à Tchernobyl, pourraient être utilisés à Zaporijia.  Pour ce qui est du sixième pilier, relatif au fonctionnement du système de surveillance radiologique, il a recommandé que ce système puisse continuer à fonctionner pour mesurer les risques de fuites radiologique dans l’atmosphère.  Enfin, à propos sur septième pilier, il a souhaité que la communication avec l’opérateur ukrainien reste constante.  Alors que les lignes de communication ont été rompues à plusieurs reprises, nous suggérons de les sécuriser, a-t-il déclaré. 

Pour M. Grossi, la mission de l’AIEA dépêchée à Zaporijia est « historique » et offre à la communauté internationale l’occasion de mettre en place un système de surveillance du fonctionnement de la centrale.  La mission, qui a débouché sur le rapport présenté ce jour au Conseil, a permis une lecture impartiale et neutre de la situation, a-t-il assuré, jugeant précieux que les inspecteurs de l’Agence soient restés sur le site.  Grâce à eux, l’AIEA et la communauté internationale sont en mesure d’évaluer directement la situation et de suivre de près son évolution, ce qui est sans précédent.  Par le passé, a rappelé le Directeur général, lorsque l’AIEA se rendait sur des sites comme les centrales de Tchernobyl ou Fukushima, cela se faisait a posteriori, pour constater les dégâts.  Cette fois, nous sommes là avant, pour prévenir la survenue d’un accident et il est possible de mettre en place une zone de protection de la sûreté et de la sécurité nucléaires pour l’empêcher, a-t-il fait valoir.  Se disant prêt à discuter avec les parties de « mesures intermédiaires », il estimé qu’un accord pourrait être trouvé sur un « mécanisme simple mais indispensable de protection » afin d’éviter le bombardement de cette centrale.  « Saisissons cette occasion cruciale pour protéger la population de l’Ukraine et au-delà », a-t-il exhorté en conclusion. 

Déclarations

M. VASILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rendu hommage à M. Grossi pour sa décision d’effectuer la mission de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il s’agit d’un pas responsable et courageux de la part de la direction de l’AIEA, confirmant le rôle mondial de l’Agence dans le domaine de l’énergie nucléaire, a-t-il estimé.  Nous sommes heureux que la visite vous ait permis d’évaluer personnellement la situation à la centrale, a-t-il déclaré en s’adressant à M. Grossi, et de vous assurer que les « sept piliers » de sûreté et de sécurité nucléaires sont strictement observés par la Russie.  Il est important que vous ayez pu constater par vous-même que, grâce à la coopération bien établie entre son personnel et les forces armées russes qui gardent la centrale, celle-ci fonctionne normalement et qu’il n’y a pas de menaces « internes » à sa sécurité, a souligné M. Nebenzia, en arguant que la seule menace provient des bombardements et du sabotage des forces armées ukrainiennes.  Il a regretté que le rapport de l’AIEA n’indique pas qui est la source des tirs visant la centrale, même s’il a dit comprendre la position de M. Grossi, mais dans la situation actuelle, il est extrêmement important d’appeler un chat un chat, a insisté le représentant.  Quel matériel militaire avez-vous vu lors de votre visite de la centrale ? a-t-il demandé à M. Grossi.  

Pour sa part, la Fédération de Russie « n’est restée les bras croisés », puisqu’elle a demandé à deux reprises des réunions du Conseil de sécurité sur la situation sur place pour tenter de faire passer le message à « nos collègues occidentaux » et expliquer que ces attentats sont une menace réelle de catastrophe nucléaire dans la plus grande centrale nucléaire d’Europe.  Nous avons exhorté les délégations occidentales à réfléchir aux conséquences possibles pour la population du continent, a poursuivi M. Nebenzia, mais malheureusement, notre appel n’a pas été entendu et, avec le consentement tacite des conservateurs occidentaux, le régime de Kiev a continué à bombarder la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il a salué la décision de la direction de l’AIEA d’établir une présence permanente de l’Agence à la centrale, en soulignant que la Fédération de Russie est prête à apporter toute l’assistance possible à ses travaux.  Dès le début, Moscou a soutenu les efforts de l’AIEA pour assurer la sécurité nucléaire et physique des installations nucléaires de l’Ukraine.  La partie russe a fait tout ce qui était en son pouvoir pour faire en sorte que M. Grossi et son équipe puissent arriver en toute sécurité à la centrale de Zaporijia et rendre la mission de l’Agence possible.  Le représentant a d’ailleurs demandé à M. Grossi ce qu’il en pensait, en affirmant que malheureusement la partie ukrainienne a tout fait pour que cette mission soit perturbée, notamment par des tirs visant la centrale et la ville d’Energodar et cela pratiquement jusqu’au moment de l’arrivée de l’équipe de l’AIEA sur place.  M. Nebenzia a même accusé les forces ukrainiennes d’avoir tenté d’envahir et de s’emparer de la centrale avant leur arrivée.  Quel impact ces tentatives ont-elles eu sur le travail de l’AIEA, a demandé le représentant russe à M. Grossi et au responsable de la sécurité des Nations Unies qui faisaient partie de cette mission.

Il a ironisé sur le fait que Kiev n’a même pas fait semblant de dissimuler sa déception à la suite de la mission de l’AIEA et que le régime ukrainien continue d’attaquer la centrale quotidiennement depuis, en faisant cas de tirs de grenade et d’artillerie et d’envois de drones auxquels les forces russes ont réagi.  Les attaques de la partie ukrainienne ont endommagé cinq lignes d’approvisionnement électrique sur sept, a-t-il indiqué.  Le représentant a dit savoir que le Secrétaire général aurait demandé à la partie ukrainienne de faire cesser ces provocations en rappelant à « Kiev et à ses parrains occidentaux » qu’ils devront assumer la responsabilité de ces agissements irresponsables qui visent la centrale de Zaporijia.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a félicité les parties qui ont permis cette visite de l’AIEA malgré la situation dangereuse.  Il a salué le rapport technique présenté par l’AIEA avant de juger essentiel que la Russie permette à la mission d’effectuer son travail en laissant les opérateurs travailler pour éviter tout accident.  Le représentant a appuyé l’appel de l’Ukraine en faveur de la démilitarisation de la zone et des abords de la centrale et le retrait de toutes les forces russes.  « C’est une situation dangereuse entièrement causée par la Russie car elle est le résultat de l’invasion non provoquée et illégale de la Russie en Ukraine », a insisté le délégué.  Il a regretté que malgré les appels de la communauté internationale exhortant la Russie à ne pas intervenir près de la centrale, la Russie ait décidé de mettre en péril les sept piliers de l’AIEA en multipliant les risques d’accident nucléaire par sa présence quotidienne sur le site.  Le délégué a ajouté que la présence de matériel militaire russe dans l’enceinte de la centrale met en péril ces installations nucléaires.  « La Russie qui est responsable de cette crise peut la régler en retirant ses soldats de la zone de la centrale nucléaire mais aussi de l’ensemble du territoire ukrainien », a ajouté le représentant américain.

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicitée de la présence continue de l’AIEA à la centrale de Zaporijia, avant de féliciter l’Ukraine pour avoir facilité la visite de l’Agence.  Elle s’est dite particulièrement inquiète que l’intégrité physique de l’usine ait été violée à plusieurs reprises.  « Avec la publication du rapport d’aujourd’hui, l’AIEA a confirmé la présence de personnels, de véhicules et d’équipements militaires russes dans l’usine », a déclaré la représentante, avant de préciser que des équipements militaires russes se trouvaient à 60 mètres seulement de réacteurs nucléaires.  « Le rapport a également confirmé l’intense pression sous laquelle le personnel ukrainien opère », a dénoncé Mme Woodward en précisant qu’il ne s’agit plus de travailleurs, mais « d’otages détenus sous la menace d’une arme ».  En ayant choisi d’occuper une centrale nucléaire, la Fédération de Russie a décidé de jouer à la roulette avec la sûreté nucléaire, a ajouté la déléguée.  Elle a estimé que toute mesure visant à garantir la sécurité nucléaire devrait impliquer le retrait complet des troupes et personnels russes.  Soulignant que la situation à Zaporijia est entièrement due aux actions de la Fédération de Russie, elle a souligné que l’invasion russe a perturbé l’ensemble des installations à travers l’Ukraine et mis en danger la sécurité de millions de personnes.  Mme Woodward a ajouté que la Fédération de Russie peut résoudre la situation en retirant immédiatement ses forces de toute l’Ukraine et en cessant son agression insensée et imprudente.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a commencé par se réjouir de « l’évolution positive » que constitue la mission de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans un conflit où les bonnes nouvelles sont rares.  La présence des inspecteurs de l’Agence nous permet de connaître la dimension réelle des risques pour la sûreté des installations nucléaires, a-t-il relevé, considérant qu’éviter une catastrophe nucléaire devrait être une priorité pour toutes les parties.  Le représentant a toutefois trouvé extrêmement préoccupant que l’intégrité physique de la centrale ait été violée à plusieurs reprises ces dernières semaines.  Plus inquiétant encore, la perspective d’une mission de l’AIEA n’a pas semblé suffisante pour arrêter les bombardements.  Il a donc réitéré son appel à la suspension immédiate de toutes les actions qui pourraient compromettre la sûreté de la centrale avant que les dommages entraînent des « conséquences irréparables pour la vie humaine, l’environnement et la sécurité de la région ».  Le délégué a rappelé à ce propos que les attaques contre des installations nucléaires utilisées à des fins pacifiques constituent des violations de la Charte des Nations Unies, du droit international et du Statut de l’AIEA.  Il a également rappelé aux parties leurs responsabilités dans le cadre d’instruments multilatéraux tels que la Convention sur la sûreté nucléaire et la Convention sur la protection physique des matières nucléaires, entre autres.  Nous souhaitons que la rationalité prévale et que les craintes d’une catastrophe nucléaire puissent être dissipées, a conclu le délégué.  

M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué que la présence des forces russes dans la centrale nucléaire de Zaporijia empêche les autorités ukrainiennes de remplir leurs obligations en matière de sécurité.  « Nous espérons que les experts de l’AIEA pourront mener à bien leur mission sans interférence, dans une totale indépendance. »  Il a estimé que cette mission est la plus difficile que l’Agence ait eu à effectuer depuis Tchernobyl.  Les actions insensées de l’armée russe pourraient conduire, de manière accidentelle ou délibérée, à une série d’évènements qui menaceraient l’Ukraine, mais aussi tout le continent européen et au-delà.  Le délégué a de nouveau appelé la Russie à retirer ses forces militaires de la centrale et de tout le territoire ukrainien, avant d’appuyer la recommandation de l’AIEA d’établir un périmètre sécurisé tout autour de la centrale.  Les installations nucléaires ne doivent pas être transformées en caserne militaire, a conclu le délégué.  « Jouer avec la sécurité nucléaire, c’est jouer avec le feu, le genre de feu qui peut brûler des millions de personnes », a mis en garde le délégué.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) s’est félicitée de la mission de soutien et d’assistance effectuée par l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia et a appuyé l’intention du Directeur général de l’AIEA de maintenir une présence de l’Agence sur le site de la centrale.  Elle s’est en revanche déclarée préoccupée par la poursuite de l’activité militaire et des bombardements autour de l’installation, affirmant soutenir fermement l’appel du Secrétaire général en faveur d’une démilitarisation de la zone.  La représentante s’est d’autre part alarmée que la centrale ait de nouveau perdu toute connexion au réseau électrique ukrainien, avant d’enjoindre la Fédération de Russie à cesser ses efforts visant à déconnecter l’usine, lesquels créent un risque d’accident radiologique catastrophique sur le site.  Constatant que les sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires sont aujourd’hui bafoués à Zaporijia, elle a appelé la Fédération de Russie et tous les États à s’y conformer pleinement, y compris dans les situations de conflit armé.  Elle a toutefois pris soin de rappeler que « les problèmes de Zaporijia résultent uniquement de la guerre injuste et non provoquée menée par la Russie contre l’Ukraine » et que les actions imprudentes des forces d’occupation russes ont démontré leur « total mépris de la sûreté et de la sécurité nucléaires ».  Exhortant la Fédération de Russie à mettre fin à son « occupation illégale » de la centrale et à retirer ses troupes et ses munitions, elle a jugé essentiel que les autorités ukrainiennes, avec le concours de l’AIEA, puissent assumer leurs responsabilités en matière de sûreté et de sécurité sur le site. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a souligné l’importance de la mission de l’AIEA dans la centrale nucléaire de Zaporijia arguant que la présence continue de l’Agence ne saurait être surestimée.  Ses efforts professionnels et impartiaux sont essentiels à notre compréhension de la situation sur place, a estimé la représentante avant de demander à la Russie de rendre le contrôle total de la centrale à son opérateur ukrainien.  La situation en matière de sûreté et de sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijia s’est détériorée uniquement à cause de l’agression de la Russie, a-t-elle fait valoir, estimant qu’il est inacceptable qu’une installation nucléaire soit devenue une ligne de front dans la guerre russe en cours contre l’Ukraine. 

La représentante a relevé que l’AIEA a identifié un besoin urgent de mesures provisoires pour éviter un accident nucléaire résultant de dommages physiques causés par des moyens militaires, notamment à travers la création immédiate d’une zone de sûreté et de sécurité nucléaires.  Elle a réaffirmé l’importance des sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires définis par le Directeur général de l’AIEA, et a martelé que les installations nucléaires ne doivent pas être utilisées pour des activités militaires ou pour le stockage de matériel militaire.  Elle a également affirmé que la saisie de cette centrale nucléaire par la Russie est un moyen de prendre en otage une source centrale d’approvisionnement en électricité, essentielle à la population civile ukrainienne.  La Russie doit immédiatement retirer l’ensemble de ses forces qui se trouvent à l’intérieur et autour de la centrale de Zaporijia et de toutes les autres installations nucléaires ukrainiennes, a-t-elle insisté.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a salué les activités de sauvegarde et de surveillance menées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), de manière efficace, non discriminatoire et efficiente.  Pour que ne soient pas mises en danger la sûreté et la sécurité des installations des centrales nucléaires et des personnels qui y travaillent, la représentante a exhorté les parties à une stricte retenue.  Elle s’est ensuite dite préoccupée par la situation en Ukraine avant de réitérer son appel à une cessation immédiate des hostilités.  « Nous avons appelé les deux parties à reprendre le chemin de la diplomatie et dialoguer », a ajouté la représentante avant de saluer l’initiative soutenue par le Secrétaire général de faciliter l’exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire, ainsi que les exportations de produits alimentaires et d’engrais russes.  Elle a estimé que ces efforts démontrent que les différences peuvent être surmontées par le dialogue et la diplomatie.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a salué la mission effectuée par l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia, y voyant une étape cruciale pour l’évaluation de la sûreté et de la sécurité du site.  Il s’est également félicité de la coopération entre les parties au conflit qui a permis l’accès des experts de l’Agence à la centrale.  Il a souhaité que l’esprit constructif qui a présidé à cette coopération prévaudra au-delà de Zaporijia et permettra des visites dans les autres centrales nucléaires du pays.  Le représentant s’est ensuite préoccupé des violations répétées de l’intégrité physique de la centrale.  Il s’est aussi alarmé des informations récentes selon lesquelles la centrale aurait été déconnectée en raison d’un incendie provoqué par des bombardements.  Dans ce contexte, il est urgent d’envisager une désescalade dans les hostilités afin d’assurer la sécurité nucléaire avant qu’il ne soit trop tard, a plaidé le délégué, rappelant que les centrales comme celle de Zaporijia doivent bénéficier d’une protection spéciale, conformément au droit international humanitaire.  Il a aussi appelé au respect en toute circonstance des sept piliers de sûreté et de sécurité nucléaires établis par l’AIEA.  Selon lui, le bon fonctionnement de la centrale est crucial sur le plan de la sécurité mais aussi en raison de la nécessité d’assurer l’approvisionnement de la population en électricité alors que la saison hivernale approche.  À l’avenir, a-t-il ajouté, les parties et la communauté internationale doivent tout faire pour permettre un retour à la normale, ce qui passe in fine par un arrêt total du conflit.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a salué le déploiement des experts de l’AIEA sur le site de la centrale de Zaporijia, avant de déplorer les atteintes portées à l’intégrité de ladite centrale.  Il est crucial de préserver son intégrité, a insisté le délégué, en mettant en garde contre les risques d’accident.  Il a demandé la cessation de toute activité militaire sur le site.  Les parties belligérantes doivent respecter leurs obligations sécuritaires et coopérer avec l’AIEA.  « Nous ne nous contenterons pas de mesures approximatives », a-t-il averti.  Enfin, le délégué a encouragé toutes les initiatives visant à ramener les parties à la table des négociations en vue de parvenir à une paix durable.

M. GENG SHUANG (Chine) a estimé que la sureté et la sécurité de la centrale de Zaporijia sont une source de préoccupation pour toute la communauté internationale, avant de saluer la mission de visite de l’équipe d’experts de l’AIEA sur place la semaine dernière.  Cela a permis de mieux comprendre la situation et de prendre des mesures ciblées, a-t-il noté avant de regretter que les bombardements visant la centrale n’aient pas cessé pour autant.  Le monde ne peut pas se permettre un autre accident nucléaire, a tranché le représentant, en appelant au respect du droit international et des sept piliers pour la sécurité nucléaire présentés par le Directeur général de l’AIEA.  Il a ensuite salué la présence d’experts de l’AIEA à la centrale de Zaporijia sur le long terme.  Notant que depuis le début de la crise en Ukraine, la menace qui pèse sur les installations nucléaires exige que tout soit fait pour éviter un accident nucléaire, le représentant a exhorté la communauté internationale à se mobiliser pour favoriser la désescalade et la reprise du dialogue entre les parties en vue de trouver une solution pacifique à la crise ukrainienne.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a salué le travail réalisé par les experts de l’AIEA, notant que la présence permanente de deux d’entre eux permettra à l’Agence de compter sur des informations objectives et indépendantes en temps réel.  Il a appelé à éviter toute action susceptible de mettre en danger l’intégrité et le fonctionnement de la centrale nucléaire avant de demander que soit garantie l’intégrité des experts internationaux de l’AIEA.  Il a regretté le non-respect des sept piliers de la sécurité nucléaire à Zaporijia et a souligné que toute attaque contre l’installation nucléaire constitue une violation du droit international et du Statut de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Il a espéré que la visite de la mission d’assistance de l’AIEA et sa présence permanente sur le site de la centrale nucléaire favoriseront la tenue de négociations pour mettre fin à toutes les hostilités en Ukraine.  

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a exprimé son inquiétude face au risque d’incident radioactif résultant de la militarisation de la centrale de Zaporijia.  Il s’est également déclaré préoccupé par la perte temporaire d’alimentation électrique des réacteurs de la centrale, à la suite de bombardements sur l’installation le 25 août dernier.  Ces incidents compromettent le refroidissement et le fonctionnement sûr de la centrale et augmentent les risques de radioactivité accidentelle ou délibérée, a-t-il mis en garde, estimant que les échanges d’accusations entre les parties ne servent qu’à approfondir la méfiance réciproque et mettent davantage en danger la sécurité de l’installation.  Affirmant souscrire pleinement à la position de l’AIEA selon laquelle des mesures provisoires urgentes sont nécessaires pour éviter la survenue d’un accident nucléaire, le représentant a dit soutenir le leadership de M. Grossi et l’engagement soutenu de l’Agence à entreprendre des actions de vérification et de sauvegarde pour assurer l’intégrité physique de la centrale.  Il a aussi salué la présence permanente de la mission à Zaporijia, avant d’exhorter les parties belligérantes à coopérer avec elle et à permettre la mise en place d’une zone démilitarisée autour de cette centrale et toutes celles d’Ukraine.  Enfin, après avoir rappelé que le droit international impose de protéger les infrastructures civiles des destructions, y compris en temps de guerre, il a appelé les parties à rechercher activement une solution globale et durable à cette guerre et aux préoccupations de sécurité connexes à travers les canaux diplomatiques.  Dans ce cadre, a-t-il souligné, il est crucial que la Fédération de Russie réponde aux appels internationaux en faveur du retrait immédiat et inconditionnel de ses forces des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a souligné les conséquences dévastatrices que toute attaque, accidentelle ou délibérée, sur une centrale nucléaire peut avoir.  Il s’est dit très préoccupé par la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, avant de saluer la présence des experts de l’AIEA.  Ces derniers doivent recevoir l’appui nécessaire à l’accomplissement de leur mission, a-t-il insisté.  Le représentant a ensuite appelé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à s’abstenir de toute action susceptible de compromettre la sécurité de la centrale. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a noté que l’agression de l’Ukraine par la Russie fait aujourd’hui courir une grave menace sur les installations nucléaires ukrainiennes.  L’occupation illégale de la centrale de Zaporijia par la Russie et les actions des forces armées russes à proximité augmentent significativement le risque d’un accident.  Cette situation constitue un risque inacceptable non seulement pour l’Ukraine, mais également pour l’Europe tout entière, a mis en garde le représentant, selon lequel c’est la Russie qui en porte la responsabilité.  C’est elle qui doit répondre de ses actes, en commençant par retirer ses troupes de la centrale et de l’ensemble du territoire ukrainien, a-t-il exigé.  Depuis plusieurs semaines, la France s’est mobilisée au plus haut niveau afin de faciliter le déploiement d’une mission d’experts de l’AIEA à la centrale de Zaporijia, a rappelé M. de Rivière, en se félicitant de la tenue de cette mission qui constitue une première étape encourageante et nécessaire.  Il a salué le rôle constructif joué par les autorités ukrainiennes afin que cette mission se déroule dans les meilleures conditions possibles.  Le constat dressé par l’Agence est très préoccupant, a déclaré le délégué, en rappelant aussi qu’à plusieurs reprises ces derniers jours, la centrale a été déconnectée du réseau électrique et que l’intégrité physique de la centrale a été violée plusieurs fois.  Face à l’urgence, il est impératif que les frappes et les tirs à proximité et depuis la centrale cessent, a souligné le représentant, en demandant aussi que tous les personnels et les matériels militaires russes soient retirés instamment de la centrale.  Nous appelons à sa démilitarisation, a tranché M. de Rivière, en demandant que le personnel ukrainien qui exploite la centrale puisse assumer ses missions en l’absence de toute menace et pression.  La souveraineté ukrainienne sur la centrale de Zaporijia doit être respectée, a exigé le représentant, et la Russie rendre à l’Ukraine le contrôle total de celle-ci, ainsi que de toutes les installations nucléaires du pays, et mettre fin à ses tentatives de détournement de l’électricité produite au profit de territoires qu’elle occupe illégalement.  La France salue et continuera de soutenir les efforts déployés par le Directeur général de l’AIEA, a assuré M. de Rivière, y compris la volonté de l’AIEA d’établir une présence permanente sur le site de la centrale afin de traiter les aspects de sûreté et de sécurité nucléaires et de garanties.  Il importe qu’elle puisse mener à bien sa mission en toute sécurité et sans interférence, a ajouté en conclusion le délégué.

Reprenant la parole, le Directeur général de l’AIEA, M. Grossi, a remercié les membres du Conseil pour leurs encouragements.  Il leur a assuré que l’objectif de l’Agence est d’agir et d’améliorer la situation de la centrale de Zaporijia.  Le haut fonctionnaire les a remerciés d’avoir réaffirmé l’importance des sept piliers et soutenu les mesures provisoires qu’il a proposées pour assurer la sécurité et la sûreté de la centrale grâce à une zone de protection.

Répondant aux questions de la Fédération de Russie, il a dit qu’il aura fallu des efforts considérables de la part des deux parties pour permettre à cette mission de se faire, et il les a remerciées.  M. Grossi va maintenant contacter les parties pertinentes qui doivent se pencher sur certains éléments concrets pour aller de l’avant et passer à la prochaine étape logistique importante.  Dans un premier temps, il faudra assurer une protection immédiate de la centrale, a-t-il souligné, avant d’indiquer vouloir introduire un principe de rotation du personnel sur place.  Je lance maintenant un appel pour que nous coopérions en vue de mettre en place une zone de protection démilitarisée autour de la centrale, a déclaré M. Grossi, en annonçant vouloir contacter les deux parties sans plus tarder.

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a salué les membres du Conseil de sécurité en désignant « le représentant de l’État terroriste de la Russie qui occupe le siège permanent de l’Union soviétique ».  Il a accusé la Fédération de Russie de tenter de détourner l’attention de la communauté internationale de la nécessité de mettre fin à l’occupation russe et en particulier d’une centrale nucléaire que la Russie a décidé de transformer en base militaire.  Il a accusé la partie russe d’avoir exercé des pressions sur les rédacteurs du rapport de l’AIEA, après avoir rappelé que l’Ukraine a demandé la présence permanente de l’équipe de l’AIEA sur le site jusqu’à ce que les autorités compétentes ukrainiennes puissent à nouveau exercer leur contrôle sur cette centrale.  Selon lui, les préparatifs de la visite et les faits qui ont suivi ont démontré que la partie occupante est déterminée à s’adonner à un véritable « terrorisme nucléaire ».  « La centrale reste occupée et les armes russes sont toujours déployées sur le site et du personnel russe continue toujours d’interférer dans le fonctionnement de la centrale », a regretté le représentant, avant de demander le retrait de toutes les forces et personnels russes, et la reprise en main de la gestion de la centrale par les autorités et personnels compétents ukrainiens.  Il a dit que le personnel ukrainien faisant fonctionner la centrale est constamment soumis à un stress et des pressions élevées pouvant entraîner un risque accru d’erreur humaine et d’accident.  

Il a accusé la partie russe d’utiliser la centrale comme bouclier pour du personnel et du matériel avant de noter que le rapport de l’AIEA cite la présence de véhicules militaires au rez-de-chaussée des unités 1 et 2, ainsi que sous le passage supérieur reliant les réacteurs.  Il a rappelé que la présence continue de l’AIEA a été proposée par l’Ukraine avant d’appeler à examiner la teneur de la proposition du Directeur général de l’AIEA de créer une zone de sécurité et de protection à la centrale nucléaire.  Le représentant de l’Ukraine a dit qu’il pouvait appuyer cette proposition si elle signifiait la démilitarisation du site de la centrale.  « Nous n’avons pas mené d’actions militaires contre la centrale », a insisté le représentant de l’Ukraine avant de fustiger des provocations russes qui nous ont mis face à une catastrophe nucléaire.  « Le bombardement des terrains de la centrale montre que la Russie n’a cure de ce que demande l’AIEA ou la communauté internationale », a insisté le représentant, avant de préciser qu’il n’y avait pas de risque de catastrophe nucléaire tant que la centrale était sous le contrôle des autorités ukrainiennes.  « Comme l’indique le rapport de l’AIEA, la situation de la centrale est intenable », a conclu le délégué, en ajoutant que le retrait de toutes les forces russes est le seul moyen de mettre un terme à cette situation.

M. THOMAS PETER ZAHNEISEN (Allemagne) a dit rester profondément préoccupé par « l’immense danger » qui pèse sur la sûreté nucléaire en raison de la guerre « non provoquée et illégale » menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, « un danger qui pourrait menacer l’ensemble du continent européen ».  Insistant sur le fait que les conséquences d’un accident nucléaire pourraient dépasser les frontières ukrainiennes, le représentant a souligné que, contrairement aux fausses déclarations de Moscou, c’est l’occupation russe de la centrale nucléaire de Zaporijia qui constitue une grave menace pour la sûreté et la sécurité du site.  « C’est la Russie qui militarise les centrales électriques et qui y positionne du matériel et des troupes. »  Dans ces circonstances, il est de la plus haute importance d’enquêter sur cette situation et d’évaluer la sécurité des opérations, a-t-il poursuivi, relevant que son pays, en tant que Président du G7, a fait activement pression pour que la mission de l’AIEA soit déployée de toute urgence.  

Remerciant l’AIEA d’avoir mené cette mission dans des circonstances exceptionnellement difficiles, le délégué a souligné que la situation à la centrale reste alarmante, tant pour l’infrastructure et les lignes électriques que pour la sécurité des personnels d’exploitation.  Il est de la plus haute importance que cette mission puisse poursuivre ses travaux et demeurer présente sur le site, a-t-il plaidé, avant d’enjoindre la Fédération de Russie à restituer le contrôle total de la centrale nucléaire de Zaporijia à son « propriétaire souverain légitime », l’Ukraine, afin de garantir la sûreté et la sécurité de ses opérations et d’assurer un approvisionnement continu en électricité de la population ukrainienne.  Il a également sommé la Russie de se conformer à l’ordonnance « juridiquement contraignante » de la Cour internationale de Justice (CIJ) lui demandant de suspendre immédiatement ses opérations militaires contre l’Ukraine.  

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