En cours au Siège de l'ONU

9123e séance - matin
CS/15019

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix demande l’appui renforcé des États Membres pour consolider les progrès accomplis dans le domaine du maintien de la paix

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a sollicité, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, l’appui renforcé des États Membres pour consolider les progrès accomplis dans le domaine du maintien de la paix.  Il a appelé notamment à combler les lacunes capacitaires des missions et à améliorer la sécurité des Casques bleus.  Si les délégations ont entendu l’appel de M. Jean-Pierre Lacroix, certaines d’entre elles, à l’instar de l’Inde ou encore de la Fédération de Russie, n’ont pas ménagé leurs critiques.

À l’entame de son intervention, le Secrétaire général adjoint a rappelé les progrès tangibles accomplis depuis le lancement, en mars 2018, de l’initiative Action pour le maintien de la paix, en vue d’améliorer la performance globale du maintien de la paix, saluant notamment la reconfiguration des missions en République centrafricaine et en République démocratique du Congo.  Il a toutefois appelé les États Membres à doter les missions de ressources suffisantes et à combler leurs lacunes capacitaires, notamment en hélicoptères. 

Une autre priorité est d’améliorer la sécurité des Casques bleus, a poursuivi M. Lacroix, regrettant que la tendance positive observée jusqu’en 2020 dans ce domaine s’est malheureusement inversée.  Le Secrétaire général adjoint a précisé que 21 Casques bleus sont décédés en raison d’actes de malveillance jusqu’à présent en 2022, en précisant que la Mission des Nations Unies au Mali est la plus dangereuse.  

« Un autre défi est la désinformation », a dit M. Lacroix, en soulignant l’importance du rôle des radios onusiennes pour combattre ce fléau dans les zones reculées.  Il a aussi appelé à des efforts accrus afin de parvenir à la parité s’agissant de la composition des missions.  « Nous avons progressé mais nous avons besoin d’un soutien plus important », a résumé le Secrétaire général adjoint, en appelant enfin à un soutien renforcé des États aux efforts politiques des opérations de paix de l’ONU. 

Dans son intervention, le délégué du Royaume-Uni a également mis l’accent sur l’importance de promouvoir la participation des femmes.  Il a précisé que son pays a accordé 7,5 millions de dollars à plusieurs programmes, dont l’Initiative Elsie, projet pilote multilatéral visant à éliminer les obstacles à la participation des femmes en uniforme auxdites missions.  Le Mexique a, lui, détaillé son action s’agissant de la fourniture de drones et pour qu’une attention accrue soit apportée aux questions de santé mentale. 

De son côté, le représentant de la France a indiqué que son pays a accru ses efforts en allouant 3,7 millions de dollars en contributions volontaires au Secrétariat.  « Nous avons en particulier soutenu la transformation numérique du maintien de la paix, les efforts en matière de communication stratégique et de lutte contre les manipulations de l’information ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés ».  Il a aussi appelé à poursuivre le renforcement des composantes « droits de l’homme » chargées de rendre compte des violations commises sur le terrain.  

Une position aux antipodes de celle de la Fédération de la Russie qui, dans un « souci d’efficacité », a, au contraire, appelé à réduire des tâches secondaires en citant les questions des droits humains et du genre.  « Ces questions détournent les Casques bleus de leurs fonctions essentielles et exigent des financements importants », a tranché le délégué russe, appuyé par son homologue de la Chine.  Ce dernier a argué que certains mandats relèvent « du politiquement correct » et peuvent devenir des outils de pression.  « La croissance incontrôlée des mandats sape parfois la confiance mutuelle entre une mission et les communautés locales qu’elles servent », a estimé la délégation. 

De son côté, l’Inde a appelé le Conseil à éviter, lors de l’élaboration des mandats de missions, toute formulation susceptible de générer de fausses espérances, déplorant que les pays contributeurs de troupes ne jouent aucun rôle dans les processus de prise de décisions.  Cette anomalie doit être corrigée au plus vite, et les opérations doivent être déployées avec prudence, dans la pleine reconnaissance de leurs limites, a tranché la déléguée.  Enfin, elle a souligné l’urgente nécessité de bâtir au Siège de l’ONU le mémorial qui a été proposé pour honorer la mémoire des Casques bleus tombés au champ d’honneur. 

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a rappelé que l’initiative « Action pour le maintien de la paix » , lancée par le Secrétaire général en mars 2018 en vue d’améliorer la performance globale du maintien de la paix, a été renforcée en 2020 avec le lancement de l’« Action pour le maintien de la paix Plus », créée afin d’approfondir les actions engagées dans des domaines variés comme celui de la protection ou encore du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.   

Il a souligné la complexité toujours croissante de l’environnement des opérations de paix avec des conflits qui se chevauchent et les incidences des changements climatiques.  Il faut maintenir le cap de la consolidation de la paix, a dit M. Lacroix.  Il a ainsi insisté sur l’importance de doter les missions de ressources suffisantes, avant de noter les progrès tangibles accomplis s’agissant de la reconfiguration de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO).  Il a exhorté les États Membres à combler les lacunes capacitaires des missions, notamment en hélicoptères.  

Une autre priorité est d’améliorer la sécurité des Casques bleus, a dit M. Lacroix, regrettant que la tendance positive observée jusqu’en 2020 dans ce domaine s’est malheureusement inversée.  Il a indiqué qu’il y a eu 21 décès en raison d’actes de malveillance en 2022, en précisant que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est la plus dangereuse. 

M. Lacroix a appelé les États Membres à mettre en œuvre les recommandations avancées pour améliorer la sécurité des Casques bleus et indiqué qu’une stratégie de défense intégrée est en train d’être mise en place pour une meilleure riposte face aux menaces.  « Nous avons besoin de l’appui des États. »  Abordant la question de la violence sexuelle commise par les soldats de la paix, il a souligné que la reddition des comtes est capitale dans une optique d’évaluation de la performance des missions.  Il a aussi parlé de la mise en place d’un mécanisme d’accès confidentiel des États à des informations sur leurs ressortissants.  Un autre défi est la désinformation, a fait savoir M. Lacroix, en soulignant l’importance du rôle des radios onusiennes pour combattre ce fléau dans les zones reculées. 

S’agissant du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, il a signalé que la parité n’est pas encore atteinte s’agissant de la composition des missions, même si des progrès ont là encore été accomplis.  Les femmes représentent ainsi 43% du personnel de justice et pénitentiaire, a-t-il dit, avant d’appeler à des efforts renforcés pour parvenir à la parité.  « Nous avons progressé mais nous avons besoin d’un soutien plus important », a conclu le Secrétaire général adjoint, en appelant à un soutien renforcé des États aux efforts politiques des missions et pour l’élimination des obstacles opposés par les parties belligérantes. 

M. BISMARK ANYANAH (Ghana) a dit que son pays n’a cessé, depuis 1960 et sa première participation à une mission de maintien de la paix au Congo, de s’adapter à la dynamique changeante des théâtres de conflit.  Il a salué les efforts entrepris par l’ONU face à un contexte multidimensionnel changeant en citant la création en 2015 du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et l’initiative « Action pour le maintien de la paix », lancée par le Secrétaire général en mars 2018 en vue d’améliorer la performance globale du maintien de la paix, renforcée en 2020 avec le lancement de l’Action pour le maintien de la paix Plus.  Citant les défis à relever pour que les OMP soient à la hauteur des ambitions, le représentant s’est dit préoccupé du fait que certains mandats sont inadéquats.  Il a notamment regretté que le Conseil de sécurité ne dispose pas de mécanisme établi pour faire face aux groupes extrémistes, dont les groupes terroristes.  En outre, il s’est fait l’écho de l’appel du conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour garantir aux missions un financement suffisant, prévisible et durable.  En outre, il a appelé à s’assurer que les mandats correspondent aux performances attendues des contingents fournis.  Le délégué a souligné la nécessité d’une formation appropriée pour lutter contre les engins explosifs improvisés et le développement d’une communication stratégique pour lutter contre la désinformation.  Notant les exigences croissantes des opérations de paix alors que les ressources sont de plus en plus limitées, le représentant a dit la nécessité d’améliorer la planification.

M. GENG SHUANG (Chine) a constaté que le rôle important que jouent les opérations de maintien de la paix est remis en question et doit être amélioré pour mieux servir les États Membres et la communauté internationale.  Il est selon lui nécessaire de renforcer la conception globale des missions, a estimé le représentant.  Constatant que leurs mandats se sont multipliés et que certains se sont étendus aux domaines humanitaires et aux droits humains, le délégué a argué que certains relèvent du « politiquement correct » et peuvent servir à exercer des pressions.  La croissance incontrôlée des mandats sape parfois selon lui la confiance mutuelle entre personnels onusiens et communautés locales.  Dans une déclaration présidentielle du Conseil rendue publique en août lors de la présidence chinoise, le Conseil a reconnu la nécessité d’intensifier le soutien au renforcement des capacités des pays africains d’une manière globale, inclusive, flexible et ciblée, avec des mesures adaptées aux conditions spécifiques de chaque pays et région, a encore rappelé le représentant.  Il a insisté sur la nécessité d’établir de bonnes relations avec les pays hôtes et de se mettre à l’écoute de leurs préoccupations.  Les questions relatives aux droits de la personne ont parfois compliqué la tâche de ces pays, comme le Mali et le Soudan du Sud, a-t-il regretté, en encourageant l’ONU à renforcer sa communication avec les pays hôtes et à renforcer ses partenariats avec eux.  Il faut aussi mobiliser les parties prenantes pour promouvoir le travail des missions de maintien de la paix et, à cet égard, la Chine a souligné le rôle crucial joué par les organisations régionales, notamment l’Union africaine.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a observé que, dans plus d’une dizaine de pays, notamment en Sierra Leone, au Burundi, en Côte d’Ivoire et au Libéria, les efforts de maintien de la paix de l’ONU ont fait une réelle différence, offrant des garanties essentielles de sécurité et facilitant des transitions politiques.  Cependant, a-t-il dit, dans plusieurs autres cas, ces efforts onusiens et la réaction de la communauté internationale se révèlent très en retrait des espérances, comme cela a été constaté en Somalie, au Rwanda et dans l’ex-Yougoslavie au début des années 90.  Parfois même, la présence des opérations de maintien de la paix coïncide avec l’amplification et la chronicité des conflits, a déploré le représentant, appelant à faire de ces « revers » un sujet de réflexion et de remise en cause pour mieux calibrer les mandats et les déploiements des missions.  Estimant à cet égard que l’approche des crises et la représentativité de l’ONU et de ses outils pour maintenir la paix internationale « relèvent d’une autre époque », il a rappelé que l’Afrique, qui abrite la plupart des opérations de maintien de la paix et représente l’essentiel de l’agenda du Conseil, n’y a toujours pas sa « légitime place autour de la table » et apparaît davantage comme un « enjeu des grandes puissances » plutôt qu’un acteur à part entière de la gouvernance internationale.  

Face à un environnement complexe et à la prolifération des conflits intraétatiques, l’ONU doit « se réinventer continuellement » afin de donner des réponses à la mesure des défis sécuritaires, a soutenu le délégué, pour qui il importe dès lors que le Conseil de sécurité s’assure non seulement de l’efficacité de ces missions de paix mais aussi de l’adaptation de leur mandat aux réalités et aux besoins du terrain.  À ses yeux, l’efficacité des opérations de maintien de la paix est tributaire de mandats clairs, crédibles et réalistes, ainsi que de ressources logistiques et financières à la dimension des enjeux.  Leur succès, a-t-il ajouté, dépend également du respect des termes du mandat assigné, de la légitimité et de la crédibilité des opérations, de l’appropriation nationale et locale du processus de paix dans le pays hôte, de l’engagement de celui-ci à ne pas entraver les opérations de l’ONU et d’une implication constructive des pays voisins et des acteurs régionaux.  Plaidant d’autre part pour un renforcement de la coopération entre l’Union africaine (UA) et les Nations Unies, notamment dans le cadre de la résolution des crises sur le continent, il a noté que l’expérience de la MINUAD et de l’AMISOM montre qu’avec l’appui d’un financement prévisible et d’un soutien logistique adéquat, l’UA est en mesure de mener une opération de paix, même dans les conditions les plus difficiles.  Cet exemple doit servir autant pour la nouvelle mission en Somalie, l’ATMIS, que pour le G5 Sahel et les missions qui seront menées sous le leadership africain, a-t-il préconisé, avant de réaffirmer son soutien à l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus », qui fait de la mise en œuvre accélérée du programme pour les femmes et la paix et la sécurité une préoccupation transversale et insiste sur la nécessité d’établir une communication stratégique efficace.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné le caractère primordial de la coopération entre les opérations de maintien de la paix, le Secrétariat et les autorités du pays hôte, « que ni la société civile, ni les ONG ne peuvent remplacer ».  Il a appelé à améliorer l’interaction tripartite entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat pour renforcer l’esprit de partenariat, de coopération et de confiance mutuelle.  Il a souligné la valeur ajoutée de la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales et sous-régionales, se félicitant notamment de la coopération fructueuse de l’ONU avec l’Union africaine.  Il a aussi appelé à développer les partenariats entre l’ONU et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ainsi que l’Organisation de coopération de Shanghai.  Le représentant a demandé que les mandats des opérations soient clairs et dotés d’objectifs réalistes tenant compte des points de vue des pays hôtes et des situations spécifiques de chaque terrain.   

Dans un souci d’efficacité, le délégué a ensuite appelé à réduire des tâches secondaires en citant les questions des droits humains et du genre, « qui détournent les Casques bleus de leurs fonctions essentielles » et exigent des financements importants.  Il a jugé indispensable que la définition des orientations des activités de maintien de la paix soit le fruit d’une démarche intergouvernementale.  Dans ce contexte, il a particulièrement souligné la pertinence du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (Comité des 34) qu’il a qualifié de plateforme unique pour guider les États Membres, dont les pays fournisseurs de contingents et les États hôtes.    

Le représentant russe a par ailleurs fustigé le refus des États-Unis de délivrer des visas aux membres de la délégation du Ministère de l’intérieur russe qui devaient participer, la semaine dernière, au Sommet des chefs de police des Nations Unies.  Il a rappelé qu’un tel refus est une violation flagrante de l’Accord de siège.

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a estimé que l’initiative Action pour le maintien de la paix, renforcée en 2020 par l’Action pour le maintien de la paix Plus, est essentielle pour mettre en œuvre les mandats et améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et des civils qu’ils protègent.  Il a toutefois noté que ce travail est loin d’être achevé et doit continuer à évoluer pour relever de nouveaux défis opérationnels.  Une réforme réussie du maintien de la paix n’a jamais été aussi nécessaire, alors que les missions opèrent dans des situations politiques et des environnements sécuritaires de plus en plus complexes, a-t-il souligné, avant de distinguer quatre domaines cruciaux pour la mise en œuvre des « priorités Action pour le maintien de la paix/Action pour le maintien de la paix Plus ».  Tout d’abord, les opérations de maintien de la paix ne peuvent réussir que si elles disposent de mandats crédibles et réalistes, associés à des ressources adéquates, a fait valoir le représentant.  Il convient également de continuer à renforcer les liens entre le maintien de la paix et les efforts de consolidation de la paix, a-t-il ajouté, rappelant que son pays est à l’origine de l’adoption de la résolution 2594 (2021) centrée sur les transitions dans les opérations de maintien de la paix.  Le récent rapport du Secrétaire général sur cette question reconnaît la nécessité d’une planification proactive et intégrée de la transition, ainsi que l’importance de l’appropriation nationale et des ressources adéquates, a-t-il relevé, non sans juger que les transitions nécessitent une attention politique soutenue.  

Le délégué a ensuite souligné l’importance du développement de la stratégie de transformation numérique de l’ONU pour renforcer l’agilité des opérations de maintien de la paix, notamment en matière de renseignement.  Celles-ci doivent être capables de faire face aux menaces émergentes telles que la militarisation des nouvelles technologies, la mésinformation, la désinformation et les discours de haine.  Enfin, il a réitéré le soutien de son pays au programme femmes, paix et sécurité en tant que priorité transversale, appelant à éliminer les obstacles à la participation et au leadership des femmes soldats de la paix à tous les niveaux.  En pointe sur cette question, l’Irlande a développé une série de recommandations avec les membres de tous les groupes régionaux, a-t-il indiqué, avant de plaider pour que l’appel de l’Action pour le maintien de la paix en faveur d’une participation pleine, égale et significative des femmes aux opérations de maintien de la paix se concrétise.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a souhaité qu’une plus grande visibilité soit accordée aux questions de santé mentale au sein des opérations de maintien de la paix.  Une meilleure formation doit être apportée dans ce domaine.  Il convient de favoriser une culture de soins et de soutien psychosocial pendant le déploiement des contingents, a poursuivi le délégué.  Il a rappelé les engagements pris par son pays lors de la réunion ministérielle sur le maintien de la paix à Séoul en vue d’une contribution accrue en faveur du maintien de la paix.  Il a notamment précisé qu’un médecin psychiatre du Ministère de la défense du Mexique participera à la conception d’une stratégie de santé mentale pour les contingents chargés du maintien de la paix.  Un autre domaine d’action sera la fourniture de drones.  Enfin, il a appelé à lutter contre le trafic d’armes de petit calibre, les opérations de maintien de la paix pouvant jouer un rôle important dans la collecte de telles armes.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a relevé que la plupart des États Membres se sont engagés en faveur de l’initiative Action pour le maintien de la paix, et s’est félicitée des mesures concrètes qui ont été prises pour améliorer la mise en œuvre des mandats des missions.  Elle a toutefois estimé que l’accent devrait être mis sur la traduction des priorités en actions concrètes, se déclarant déçue que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas été en mesure de conclure un rapport consensuel cette année, alors même que de nombreuses recommandations concrètes importantes avaient été convenues.  

Elle a appelé à veiller à ce qu’une stratégie cohérente à l’appui de solutions politiques figure au cœur du maintien de la paix, soulignant que les femmes doivent être incluses pour que la paix soit durable.  Pour assurer l’efficacité des missions, les efforts doivent se poursuivre pour renforcer l’intégration stratégique et opérationnelle entre les effectifs civils, policiers et militaires.  En outre, les États Membres doivent veiller à ce que les femmes et les hommes soient disponibles pour le recrutement dans toutes les fonctions de maintien de la paix à tous les niveaux.  Tous les soldats de la paix doivent être formés, préparés et disposés à accomplir la tâche qui leur est assignée, notamment pour ce qui est de la protection des civils, et les Casques bleus doivent recevoir l’équipement nécessaire pour assurer au mieux leur sécurité, a encore souhaité la déléguée.  Elle a également insisté sur l’importance de la communication stratégique pour établir la confiance entre les communautés locales et les missions, ainsi que pour contrer le défi croissant de la mésinformation et de la désinformation et des discours de haine.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a appelé à mieux soutenir les Casques bleus en améliorant leur formation et en leur fournissant les équipements nécessaires.  Il a expliqué que le Royaume-Uni forme des milliers de soldats de la paix chaque année et que son pays est le principal contributeur de fonds extrabudgétaires, avec une contribution d’un montant de 3,5 millions de dollars en 2021.  Il a aussi indiqué que Londres soutient des réformes clefs pour améliorer les capacités de renseignement et la protection contre l’exploitation et les abus sexuels.  « Depuis 2020, les Casques bleus britanniques déployés au sein de la MINUSMA ont démontré la valeur de nouvelles approches proactives de protection des civils, de la reconnaissance et de la coordination entre composantes civile et militaire », s’est enorgueilli le représentant, avant de se dire encouragé par la mise en œuvre du cadre intégrée de performance et de redevabilité des opérations.  Selon lui, ce cadre devrait permettre d’atteindre des normes plus élevées en matière de sureté et de sécurité et de meilleurs niveaux d’exécution des mandats.

Mettant l’accent sur l’importance de promouvoir la participation des femmes aux opérations, le représentant a indiqué que son pays a accordé 7,5 millions de dollars au Senior Women Talent Pipeline (SWTP), un programme et vivier de talents féminins du Département de l’appui opérationnel de l’ONU et l’Initiative Elsie, projet pilote multilatéral visant à éliminer les obstacles à la participation des femmes en uniforme aux opérations de paix.  Face aux nouveaux défis qui entravent l’exécution des mandats et menacent la sécurité, dont les campagnes de désinformation anti-ONU à la suite du déploiement du groupe Wagner soutenu par le Kremlin au Mali et en Centrafrique, le représentant a appelé à la mise en place de meilleures stratégies de communication.  Enfin, il a rappelé aux pays hôtes leurs responsabilités de protéger le personnel des Nations Unies et l’obligation de se conformer à l’accord sur le statut des forces.

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a souligné l’apport des femmes au sein des missions de paix, avant de rappeler que 87 000 Casques bleus sont déployés dans le monde.  Ces missions doivent être dotées de ressources suffisantes, a-t-elle recommandé, avant d’insister sur les efforts politiques de règlement des conflits et à ne pas se contenter d’une simple « gestion des conflits ».  Il est crucial de lutter contre la désinformation en rappelant la noblesse des objectifs du maintien de la paix, a déclaré la déléguée.  Enfin, la déléguée a plaidé pour des mandats clairs, réalistes et séquencés et préconisé à cette fin une meilleure coopération avec les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a constaté que l’évolution des menaces contre les opérations de maintien de la paix nécessite un partenariat et une coopération renforcés avec les communautés et les pays hôtes ainsi qu’avec les mécanismes de sécurité régionaux, afin d’acquérir une compréhension approfondie de l’environnement opérationnel, y compris la dynamique des conflits et les attentes sur le terrain.  C’est particulièrement vrai de l’Afrique, où les opérations de maintien de la paix n’ont pas fonctionné de manière optimale, a-t-il relevé.  C’est d’autant plus préoccupant lorsque les populations civiles se méfient et, dans certains cas, se retournent contre les Casques bleus vers lesquels elles devraient se tourner pour les protéger, a fait valoir le représentant.  De toute évidence, il est urgent que les missions regagnent la confiance des pays hôtes et des communautés locales, en se mettant à leur écoute, a suggéré M. Kiboino en estimant que les missions doivent répondre aux dynamiques politiques et sécuritaires réelles, plus qu’aux attentes d’acteurs externes.

En tant que pays contributeur de troupes, le Kenya soutient sans réserve la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a poursuivi M. Kiboino, en soulignant toutefois que cela ne doit pas se faire au détriment de la protection des civils.  Cela exige que chaque pays contributeur de contingents ne déploie que des soldats de la paix correctement formés, qui comprennent parfaitement l’environnement opérationnel et s’engagent à y opérer.  De plus, a-t-il poursuivi, les missions de maintien de la paix s’acquittent mieux de leur mandat lorsqu’elles sont soutenues financièrement et politiquement, d’où l’impératif de les doter de ressources adéquates.  Il a également souligné l’impératif de partenariats stratégiques avec les mécanismes de sécurité régionaux, en particulier l’Union africaine, étant donné que l’Afrique accueille le plus de missions de maintien de la paix.  Ces partenariats permettront à l’ONU de puiser dans les connaissances et l’expertise des acteurs locaux et régionaux, dont les idées et les perspectives politiques et communautaires sont mieux adaptées que les approches « uniques » imposées de l’extérieur, a argué le représentant.  Attaché à la formation des soldats de la paix, y compris dans les domaines de la consolidation de la paix et de la reconstruction, il a rappelé que le Kenya a offert une formation et un mentorat à plus de 5 000 fonctionnaires du Soudan du Sud dans les domaines de l’administration publique, de l’immigration, de la police et de l’aviation civile et qu’il a soutenu le Burundi et la Somalie dans la reconstruction des institutions de gouvernance et de service public.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a souligné que toutes les parties prenantes doivent assumer leur part de responsabilité pour assurer le succès des missions et la sécurité du personnel de maintien de la paix.  Il a appelé à renforcer la sécurité des opérations de maintien de la paix en leur fournissant des mandats viables et des ressources et capacités adéquates.  En outre, le personnel des Nations Unies doit non seulement être bien formé mais aussi à la hauteur des normes et de la déontologie, ce qui passe, entre autres, par le respect de la politique de tolérance zéro.  Ceux qui ne sont pas à la hauteur doivent avoir à rendre des comptes, y compris de la part des pays fournisseurs de contingents, a exigé le représentant.  Dans le même temps, il faut veiller à la sureté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain, a ajouté le représentant, préoccupé par le fait que certains pays ne prennent pas les mesures appropriées dans ce sens.

Après avoir appelé au respect de l’accord sur le statut des forces, le délégué a abordé la question de la désinformation qui entraîne une érosion de la confiance entre les populations locales et les missions.  Pour y faire face, les membres du Conseil doivent insister sur l’intégration des communications stratégiques dans les efforts de planification et de gestion des risques des missions en vue de lutter contre la désinformation en temps réel.  Il a par ailleurs encouragé la présence de femmes au sein du maintien de la paix, appelant notamment à la bonne mise en œuvre de la résolution 2538 (2020).

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a demandé que les opérations de paix onusiennes soient dotées de mandats clairs et réalistes et de ressources suffisantes.  « Le Conseil doit éviter, lors de l’élaboration des mandats de missions, toute formulation susceptible de susciter de fausses espérances. »  Elle a indiqué que le problème principal est que les pays contributeurs de troupes ne jouent aucun rôle dans les processus de prise de décisions: « Cette anomalie doit être corrigée le plus tôt possible. »  Les opérations doivent être déployées avec prudence, dans la pleine reconnaissance de leurs limites, a poursuivi la déléguée, qui a demandé une communication accrue avec les pays hôtes afin d’éviter toute désinformation sur le rôle des Casques bleus.  Elle a appelé à combattre l’impunité s’agissant des crimes commis contre les Casques bleus, soulignant l’urgente nécessité de bâtir au Siège de l’ONU le mémorial proposé pour les Casques bleus tombés au champ d’honneur.  Enfin, la déléguée a demandé qu’une stratégie de retrait des missions soit élaborée dès leur conception.  « Il existe de nombreux exemples de missions redondantes qui continuent d’épuiser les ressources limitées de l’ONU », a ajouté la déléguée.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a réaffirmé son soutien à l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus, estimant qu’une approche globale des défis émergents est vitale pour en aborder le caractère intersectionnel, y compris le développement durable et les droits de l’homme.  Il a ensuite souligné que fournir aux Casques bleus des équipements de pointe améliore leur sécurité et garantit l’efficacité de leurs opérations, en particulier dans la protection des civils.  Après avoir rendu hommage à tous les soldats de la paix qui ont perdu la vie « sous le drapeau bleu », il a insisté sur l’importance de la formation continue et sur mesure pour augmenter leurs performances.  Chaque soldat de la paix doit pouvoir répondre au contexte spécifique, dans l’exercice de son mandat, a-t-il estimé, avant de juger que les « modèles à taille unique » ne répondent pas aux défis quotidiens sur le terrain.  Les Casques bleus doivent incarner les meilleures normes éthiques dans la mise en œuvre de leur mandat, et ce, avec professionnalisme et intégrité, a-t-il insisté.  

Saluant les efforts du Secrétariat pour élaborer des dispositifs d’évaluation avec l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC), il s’est dit convaincu que l’utilisation de systèmes transparents, comme prévu dans l’Action pour le maintien de la paix Plus, aidera l’ONU à forger une réponse plus audacieuse en examinant l’efficacité de chaque opération de maintien de la paix.  Cela étant, tout en se réjouissant des progrès réalisés sur des questions transversales telles que les femmes, la paix et la sécurité, les droits humains et les changements climatiques, le délégué a souhaité que davantage soit fait pour que ces questions soient reflétées dans les renouvellements de mandat en tant qu’aspects importants de l’action de l’ONU sur le terrain.  Enfin, il a plaidé pour une coopération étroite entre les forces de maintien de la paix et les communautés locales, se disant conscient des défis accrus liés à la mésinformation et à la désinformation.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a noté que les opérations de maintien de la paix sont souvent l’aspect le plus visible de l’action des Nations Unies dans le monde.  C’est aussi un domaine où les lacunes réelles ou perçues peuvent entraîner des conséquences immédiates, a-t-il averti, avant de rappeler que son pays a participé à plus de 50 des 72 opérations de maintien de la paix déployées jusqu’à présent, contribuant à hauteur de plus de 55 000 hommes à des missions en Afrique, dans les Amériques, au Moyen-Orient et en Asie.  En tant que pays fournisseur de contingents, le Brésil appuie pleinement l’initiative « Action pour le maintien de la paix », ainsi que la mise en œuvre des priorités fixées pour 2021-2023 dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix Plus, a-t-il précisé, ajoutant que le Brésil copréside avec la Chine, l’Indonésie et le Rwanda le Groupe des Amis de la protection et de la sécurité des Casques bleus.  Pour le représentant, un maintien de la paix efficace implique de respecter les principes fondamentaux de l’ONU en la matière, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et de défense du mandat.  Il nécessite également des mandats clairs et des priorités, sur la base d’évaluations réalistes de la situation sur le terrain, ainsi qu’une communication efficace avec le gouvernement local, la société civile, la population locale et d’autres parties prenantes.

Rappelant que, durant la présidence brésilienne en juillet, le Conseil a tenu sa première réunion spécifiquement consacrée à la communication stratégique des missions de maintien de la paix, le délégué a estimé que cette dernière est non seulement essentielle pour mettre en œuvre les mandats mais aide aussi à gérer les attentes des gouvernements hôtes et des communauté locales.  L’importance d’une communication efficace avec la population locale a été mise en évidence par les récents développements en République démocratique du Congo, où les protestations contre la MONUSCO ont dégénéré en violences contre les Casques bleus, a-t-il relevé, avant d’appeler à une limitation de la durée des opérations de maintien de la paix.  Si les circonstances le permettent, elles peuvent être reconfigurées en missions politiques spéciales, ou bien être complètement retirées, le travail sur place étant transféré à l’équipe de pays des Nations Unies, a soutenu le représentant, selon lequel ces transitions sont un développement normal et souhaitable.  Il a toutefois plaidé pour une planification adéquate afin d’éviter que la violence se reproduise et veiller à ce que le pays hôte s’engage durablement vers la paix.  À cet égard, il a salué le rapport du Secrétaire général sur les transitions, mandaté par la résolution 2594 (2021), qui souligne l’importance de la coordination, de la cohérence et de la coopération entre le Conseil et la Commission de consolidation de la paix.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que l’initiative « Action pour le maintien de la paix » a permis une convergence de l’action des missions, du Secrétariat et des États membres autour de priorités claires.  Il a ajouté que la MINUSMA, la MINUSCA, la MONUSCO et la MINUSS ont su mettre en œuvre un maintien de la paix plus robuste sans perdre de vue leur fonction d’accompagnement politique.  Il s’est inquiété des difficultés nouvelles auxquelles les opérations de paix font aujourd’hui face, citant la contestation par l’État hôte, parfois par les communautés locales, la présence de mercenaires, avec la fragilisation de l’État hôte et les exactions qui l’accompagnent.  « Ces défis sont amplifiés par les manipulations de l’information », a insisté le représentant en dénonçant des actions hostiles qui ont entraîné la mort de Casques bleus, qui deviennent des cibles prioritaires.  Malgré ces difficultés, M. de Rivière s’est dit encouragé par les efforts d’adaptation entrepris par l’ONU dans le cadre de l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus ».  Notant que le respect par l’État hôte de ses obligations est fondamental, le délégué a rappelé que toute entorse à ce principe méconnaît l’autorité du Conseil de sécurité, met en danger la sécurité des Casques bleus et entrave la mise en œuvre de leur mandat.  

Par ailleurs, le représentant a indiqué que son pays a accru ses efforts en allouant 3,7 millions de dollars de contributions volontaires au Département des opérations de paix et au Département de l’appui opérationnel.  « Nous avons en particulier soutenu la transformation numérique du maintien de la paix, les efforts en matière de communication stratégique et de lutte contre les manipulations de l’information ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés », a insisté le représentant avant de citer aussi le renforcement des compétences linguistiques des contingents et la promotion de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix.  Il a appelé à poursuivre aussi le renforcement des composantes « droits de l’homme » chargées de rendre compte des violations commises sur le terrain avant de souligner que l’avenir du maintien de la paix réside dans le renforcement des partenariats.  À cet égard, il a mis l’accent sur le partenariat avec l’Union africaine et le financement des opérations africaines de paix à partir de contributions obligatoires des Nations Unies.  Il a espéré que des orientations claires seront définies lors du Sommet de l’Union africaine en février 2023, pour permettre une reprise des négociations à New York.  « Je pense aussi au partenariat avec l’Union européenne », a ajouté M. de Rivière, pour qui les États membres de l’UE déploient plus de 5 000 personnels dans le cadre des opérations de paix actuelles et que les opérations de l’UE et ses instruments financiers sont complémentaires de l’action de l’ONU et de l’Union africaine dans de nombreux théâtres de confit.  Il a enfin souligné que l’UE a alloué 1,5 milliard d’euros en soutien à la prévention des conflits et aux efforts de sécurité en Afrique subsaharienne pour la période 2021-2027.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.