9115e séance - matin
CS/15004

Au Conseil de sécurité, la Fédération de Russie face à ses détracteurs, six mois après le déclenchement de son « opération militaire spéciale » en Ukraine

Six mois, jour pour jour, après le déclenchement de son intervention militaire en Ukraine, le 24 février dernier, la Fédération de Russie a subi, ce matin, le feu nourri de ses détracteurs à l’occasion d’une séance tendue du Conseil de sécurité au cours de laquelle sont intervenus le Président ukrainien, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix et le Secrétaire général.  M. António Guterres a profité de cette réunion pour rendre compte de sa récente visite en Ukraine, faire le point sur l’Initiative céréalière de la mer Noire et dénoncer les risques d’escalade liés aux activités militaires dans et autour de la centrale nucléaire de Zaporijia.

Convoquée à la demande de l’Albanie, de la France, de l’Irlande, de la Norvège, du Royaume-Uni et des États-Unis, cette séance d’information s’est tenue au lendemain d’une réunion consacrée à la situation de la centrale de Zaporijia, réclamée cette fois par la Fédération de Russie.  En début de séance, ce matin, la délégation russe a immédiatement donné le ton des échanges en s’opposant à l’intervention par visioconférence du Président Volodymyr Zelenskyy, au motif que, selon le Règlement intérieur provisoire de l’organe, toute participation à une séance officielle du Conseil devrait se faire en personne.  Après avoir rappelé que le Chef de l’État ukrainien avait déjà bénéficié de deux « exceptions » à cette règle, elle a refusé qu’une troisième lui soit accordée et demandé un vote de procédure.  Le Président ukrainien a finalement été autorisé à s’exprimer de manière virtuelle par 13 voix pour, la Russie votant contre et la Chine s’abstenant.  

Le Secrétaire général a ensuite pris la parole pour noter, tout d’abord, que ce jour marque un « triste et tragique jalon », celui de six mois de dévastations, qui ont vu des milliers de civils, dont des centaines d’enfants, perdre la vie et des violations des droits humains et du droit international humanitaire être commises « avec peu ou pas de responsabilité ».  Il a surtout rappelé que les conséquences de cette « guerre insensée » se font sentir bien au-delà de l’Ukraine, les pays en développement payant un lourd tribut à la hausse des prix des denrées, des engrais et des carburants induits par le conflit.  

À cet égard, évoquant sa récente visite en Ukraine, M. Guterres s’est félicité que l’Initiative céréalière de la mer Noire, fruit d’un accord ukraino-russe facilité par la Türkiye, « progresse bien », plusieurs dizaines de navires naviguant dans et hors des ports ukrainiens, chargés à ce jour de plus de 720 000 tonnes de grains et autres produits alimentaires.  Pour le Chef de l’ONU, il ne s’agit toutefois que de la « partie visible de la solution ».  L’autre partie, a-t-il dit, est l’accès sans entrave aux marchés mondiaux de la nourriture et des engrais russes, non soumis aux sanctions.  Appelant les gouvernements et le secteur privé à coopérer à cette fin, il a prévenu que, faute d’une stabilisation du marché des engrais, « il n’y aura tout simplement pas assez de nourriture (dans le monde) en 2023 ».

M. Guterres a d’autre part exprimé sa grande inquiétude quant à la situation dans et autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, avant d’avertir que toute nouvelle escalade pourrait « conduire à l’autodestruction ».  Il a cependant assuré que l’ONU dispose des capacités logistiques et sécuritaires pour appuyer, depuis Kiev, une mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la plus grande centrale d’Europe, « à condition que la Russie et l’Ukraine en soient d’accord ».  Il s’est enfin alarmé du sort des prisonniers de guerre, assurant que des travaux sont en cours pour déployer la mission d’établissement des faits récemment créée à Olenivka pour enquêter sur l’incident du 29 juillet.  

Exprimant les mêmes préoccupations, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique et à la consolidation de la paix s’est émue que la Fédération de Russie et les groupes armés qui lui sont affiliés envisagent de juger des prisonniers de guerre ukrainiens devant un soi-disant « tribunal international » à Marioupol.  Mme Mary DiCarlo a fait valoir que tout tribunal doit respecter les protections accordées aux prisonniers de guerre par le droit international.  Elle a par ailleurs indiqué que le bilan du conflit au cours des 181 derniers jours établi par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) fait état de 13 560 victimes civiles vérifiées, dont 5 614 tués et 7 946 blessés.  À cela s’ajoute, outre les violations des droits humains de part et d’autre, la destruction ou l’utilisation à des fins militaires de 249 installations médicales et de 350 établissements d’enseignement, actions susceptibles, elles aussi, de constituer des crimes de guerre.

Depuis Kiev, où était célébré le trente et unieme anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, le Président Zelenskyy a imputé ces violations et la crise internationale actuelle à la Fédération de Russie, qu’il a appelée à se retirer de son pays et à répondre de ses crimes d’agression.  Il a annoncé à ce propos qu’un projet de résolution serait présenté à la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale.  Il a également proposé d’organiser en Ukraine le Sommet de l’avenir de l’ONU l’an prochain, car « le futur de l’humanité est en train de se décider à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le Donbass, en Crimée, dans les ports ukrainiens », a-t-il lancé, appuyé par l’ensemble des promoteurs de cette réunion, qui, États-Unis et Royaume Uni en tête, ont aussi dénoncé avec force les projets d’annexion d’autres parties de l’Ukraine que fomenterait la Fédération de Russie.

Toute élection fictive ou référendum « à la Russe » ne sera « ni accepté ni reconnu », a abondé l’Albanie, tandis que l’Irlande voyait dans les desseins expansionnistes russes une « tentative insensée d’enraciner une supposée sphère d’influence ».  La France a, pour sa part, invité la Russie à faire le choix de la diplomatie pour « rebâtir la paix avec l’Ukraine », dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.  Elle a été rejointe par l’Union européenne et, plus discrètement, par la Chine, celle-ci demandant toutefois aux États-Unis et à l’OTAN de « ne pas jeter d’huile sur le feu ».

En réponse, la délégation russe a jugé que cette réunion ne visait qu’à manifester le soutien indéfectible des délégations occidentales à tous les agissements du « régime de Kiev », lequel serait arrivé au pouvoir en 2014 à la suite d’un coup d’État anticonstitutionnel mené avec leur appui.  L’Ukraine est devenue une « nation anti-Russie » et va vers la « faillite idéologique et politique », a-t-elle conclu, non sans estimer que « nos collègues occidentaux peuvent prolonger son agonie, mais pas empêcher son fiasco ».

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Vote sur la demande de participation par visioconférence du Président Volodymyr Zelenskyy

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération Russie) s’est opposé à la participation virtuelle du Président ukrainien, M. Zelenskyy, à la présente session.  « Nous ne nous opposons pas à la participation du Président ukrainien à cette séance, mais elle doit se faire en personne, c’est une question de procédure », a expliqué le représentant.  Si, pendant la pandémie, le Conseil de sécurité est passé aux séances virtuelles, ces séances étaient officieuses, avant que le Conseil ne décide de reprendre ses séances dans la salle du Conseil conformément à son Règlement intérieur provisoire.  Le représentant a encore rappelé que les deux précédentes interventions de M. Zelenskyy au Conseil se sont déjà faites par visioconférence, entraînant une lettre de la Fédération de Russie à laquelle les autres membres occidentaux du Conseil ont réagi en disant qu’il s’agissait d’une exception, et non d’un précédent.  « Là, c’est la troisième fois… ce n’est plus une exception. »  M. Nebenzia a rappelé aux membres qui ont ou vont présider le Conseil de sécurité qu’ils pourraient se heurter à nouveau à cette situation.  Cette année, lors de la présidence russe en février, d’autres membres du Conseil ont refusé de faire intervenir certains chefs d’État par visioconférence en invoquant l’article 37 du Règlement intérieur provisoire, s’est-il souvenu, se demandant pourquoi d’autres chefs d’État et ministres ont été empêchés de participer aux séances du Conseil sauf à le faire en personne, ce qui constitue selon lui deux poids, deux mesures.  Cette séance est prévue depuis la semaine dernière, ce qui donnait le temps à M. Zelenskyy de se rendre à New York, a-t-il constaté soulignant qu’il n’y a pas de restrictions de voyage et que le Secrétaire général de l’ONU a pu se rendre en Ukraine.  Une fois de plus, nous ne mettons pas en cause la participation du Président ukrainien à cette séance, mais le fait qu’il ne vienne pas en personne, a précisé le représentant russe en demandant à ce que cette question soit mise au vote dans le cadre d’un vote de procédure.

M. FERIT HOXHA (Albanie) a dit être d’accord qu’en période postpandémie, la participation d’un chef d’État doit se faire en présentiel en vertu de l’article 37.  Cependant, il a fait remarquer que les mêmes raisons que les deux dernières fois peuvent être invoquées pour justifier que le Président ukrainien ne peut intervenir que virtuellement.  L’Ukraine est en guerre, a-t-il rappelé, ce qui requiert du Président ukrainien d’être dans son pays.  Il n’est donc pas raisonnable de lui demander de se rendre à New York dans de telles conditions, a argué le représentant avant d’appeler les autres membres du Conseil de sécurité à voter en faveur de la participation virtuelle à cette séance du Président Zelenskyy au titre de l’article 37 du Règlement intérieur provisoire.  

Mise aux voix, la décision d’accepter la participation par visioconférence du Président ukrainien, M. Volodymyr Zelenskyy, à la présente séance a été adoptée par le Conseil, par 13 voix pour, une voix contre (Fédération de Russie) et une abstention (Chine).

Reprenant la parole, M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a regretté que les membres du Conseil de sécurité se soient exprimés contre le respect du Règlement intérieur provisoire du Conseil, ce qui érode selon lui les pratiques et le prestige de cet organe.  Il a dit ne pas comprendre que ces membres couvrent encore les crimes de Kiev et a demandé à tous les États Membres de l’ONU de prendre note de cette situation.  Il a dit espérer que M. Zelenskyy restera présent jusqu’à la fin de la réunion, parce que « la Fédération de Russie a des choses à lui dire ».  « Nous verrons si le Président Zelenskyy pourra se rendre en personne à New York pour la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale », a lancé en conclusion le représentant russe.

Déclarations liminaires

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a noté, dès l’entame de son intervention, que ce jour marque « un triste et tragique jalon »: six mois se sont écoulés depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février dernier.  Durant cette période dévastatrice, a-t-il constaté, des milliers de civils ont été tués et blessés, parmi lesquels des centaines d’enfants, et le monde a vu des violations des droits humains et du droit international humanitaire être commises avec peu ou pas de responsabilité.  Des millions d’Ukrainiens ont perdu leurs maisons et leurs biens, devenant des déplacés ou des réfugiés, tandis que l’arrivée de l’hiver exacerbe les besoins humanitaires, a souligné le Chef de l’ONU, avant de relever que les conséquences de cette « guerre insensée » se font sentir bien au-delà de l’Ukraine.  « Nous voyons de nouvelles vulnérabilités émerger dans un environnement mondial déjà usé par les conflits et les inégalités induites par la pandémie, les crises économiques et sanitaires, et les changements climatiques, avec un impact disproportionné sur les pays en développement », a-t-il déploré.  De fait, la hausse des prix des denrées, des engrais et du carburant a déclenché une crise mondiale qui pourrait conduire des millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté, aggravant la faim et la malnutrition, tout en menaçant d’élever la charge du travail humanitaire mondial à de nouveaux sommets et d’effacer les gains de développement durement acquis, a averti M. Guterres. 

Le Secrétaire général a ensuite fait un bref compte rendu de son récent voyage en Ukraine.  Cette visite, a-t-il indiqué, était l’occasion de suivre l’accord historique qui a apporté une « mesure d'espoir », en particulier pour les pays en développement et pour les millions de personnes vulnérables durement touchées par la crise alimentaire mondiale.  Selon M. Guterres, l’Initiative céréalière de la mer Noire, signée à Istanbul en juillet, « progresse bien », plusieurs dizaines de navires naviguant dans et hors des ports ukrainiens, chargés à ce jour de plus de 720 000 tonnes de grains et autres produits alimentaires.  Cet accord n’aurait pas été possible sans l’approche constructive de l’Ukraine et de la Russie, et sans les efforts du Gouvernement de la Türkiye, a-t-il déclaré, précisant avoir rencontré les Présidents ukrainien et turc lors de sa visite à Lviv.  « Je les ai remerciés pour leur engagement à soutenir la mise en œuvre de l’Initiative et à assurer le passage en toute sécurité des produits alimentaires ukrainiens et des engrais à ceux qui en ont besoin », a expliqué le Chef de l’ONU, qui a dit avoir été « rempli d’émotion » en visitant le port d’Odessa et le Centre conjoint de coordination à Istanbul. 

M. Guterres a dit être monté, à Odessa, à bord du vraquier « MV Kubrosli Y », chargé d’environ 10 000 tonnes de blé.  Il a signalé que le port d’Odessa, paralysé pendant des mois, « reprend vie » grâce à l’Initiative.  À Istanbul, j’ai vu le navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM), le « MV Brave », qui « arborait fièrement le drapeau de l’ONU » avec sa cargaison destinée à la Corne de l’Afrique où des millions de personnes sont menacées de famine.  Il a dit avoir aussi déambulé sur la passerelle du « SSI Invincible II », dans le port de Tchornomorsk.  Ce navire, a-t-il indiqué, transportera l’une des les plus importantes cargaisons de céréales partant de l’Ukraine à ce jour, plus de 50 000 tonnes, ce qui « aurait été difficile à imaginer il y a quelques semaines à peine ».  Mais cette « puissante démonstration de ce qui peut être atteint » n’est que la « partie visible de la solution », a souligné le Secrétaire général en expliquant que l’autre partie est l’accès sans entrave aux marchés mondiaux de la nourriture et des engrais russes qui ne sont pas soumis à des sanctions.  Jugeant essentiel que tous les gouvernements et le secteur privé coopèrent à cette fin, il a dit qu’il poursuivrait ses contacts, en collaboration avec l’équipe de travail dirigée par Mme Rebeca Grynspan, pour parvenir à cet objectif.

En 2022, a poursuivi le Secrétaire général, il y a assez de nourriture dans le monde, même si la répartition est inégale.  Toutefois, « si nous ne stabilisons pas le marché des engrais, il n’y aura tout simplement pas assez de nourriture en 2023 », a-t-il prévenu, ajoutant qu’obtenir beaucoup plus de nourriture et d’engrais hors d’Ukraine et de Russie à des coûts raisonnables est « vital » pour calmer les marchés et faire baisser les prix pour les consommateurs.  M. Guterres a également renouvelé son appel en faveur d’une mise à l’échelle massive du soutien au développement des pays frappés par la crise alimentaire mondiale, arguant que l’envoi de céréales et d’autres denrées alimentaires sera vain si les pays n’ont pas les moyens d’acheter ces marchandises.  Il a donc appelé les pays riches et les institutions financières internationales à faire davantage pour s’assurer que les pays en développement peuvent tirer pleinement parti de l’Initiative céréalière de la mer Noire. 

Avant de conclure, le Chef de l’ONU a évoqué de « nouveaux domaines potentiels d’escalade dangereuse.  Il s’est ainsi déclaré gravement préoccupé par la situation dans et autour de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, à Zaporijia, estimant que toute action susceptible de mettre en danger l’intégrité physique, la sureté ou la sécurité de la centrale serait « tout simplement inacceptable ».  Avertissant que toute nouvelle escalade de la situation peut « conduire à l’autodestruction », il a précisé que l’ONU a en Ukraine les capacités logistiques et sécuritaires pour appuyer depuis Kiev une mission de l’AIEA dans la centrale de Zaporijia, à condition que la Russie et l’Ukraine en soient d’accord.  Il a dit accepter les expressions de soutien à une telle mission et a insisté pour qu’elle arrive le plus tôt possible.  Enfin, avant de féliciter le peuple ukrainien à l’occasion du trente et unieme anniversaire de l’indépendance du pays, M. Guterres s’est déclaré troublé par les allégations de violations du droit international humanitaire (DIH) et des droits humains en lien avec le conflit armé.  Il a rappelé que, conformément au DIH, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) doit avoir accès aux prisonniers de guerre, où qu’ils soient détenus.  Il a ajouté que la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, ainsi que la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies dans le pays, continuent de documenter et de rapporter les faits en vue de soutenir l’enquête sur les violations alléguées.  Des travaux sont aussi en cours pour déployer la mission d’établissement des faits récemment créée à Olenivka pour enquêter sur l’incident du 29 juillet, a-t-il dit, exigeant que cette mission bénéficie d’un accès sûr, sécurisé et sans entraves à tous les lieux pertinents et à toutes les personnes concernées, sans aucune limitation ou ingérence. 

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déploré le fait que les appels pour éviter la guerre en Ukraine entendus le 23 février 2022 soient restés vains.  Et six mois plus tard, il n’y a pas de fin en vue au conflit déclenché par l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie.  Les civils paient un lourd tribut, s’est lamentée la haute fonctionnaire, en citant le bilan détaillé du conflit au cours des 181 derniers jours établi par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), qui s’élève à 13 560 victimes civiles vérifiées, dont 5 614 tués et 7 946 blessés.  

Le HCDH a également documenté les dégâts, la destruction ou l’utilisation à des fins militaires de 249 établissements médicaux et de 350 établissements d’enseignement.  Ces actions peuvent constituer des crimes de guerre, a prévenu la Secrétaire générale adjointe.  Le HCDH a documenté 327 cas de détention arbitraire et de disparition forcée de civils par la Fédération de Russie et des groupes armés affiliés dans des territoires non contrôlés par le Gouvernement ukrainien.  Il a également enregistré 39 arrestations arbitraires dans le territoire contrôlé par le Gouvernement ukrainien et 28 autres cas pouvant être assimilés à des disparitions forcées.  Quatorze victimes de disparition forcée perpétrée par la Fédération de Russie et les groupes armés affiliés ont été retrouvées mortes ou sont mortes en détention dont 13 hommes et une femme.  Le HCDH a également corroboré les allégations de centaines de meurtres délibérés de civils alors que certaines parties des régions de Kiev, Tchernihiv et Soumy étaient sous contrôle russe en février-mars 2022, a encore précisé Mme DiCarlo.  Enfin, a-t-elle ajouté, le Haut-Commissariat a vérifié 43 cas de violences sexuelles, la majorité attribuables aux forces armées russes.  

Mme DiCarlo s’est dite aussi préoccupée par la situation des prisonniers de guerre des deux côtés.  Ainsi, la Fédération de Russie et les groupes armés qui lui sont affiliés à Donetsk envisagent de juger des prisonniers de guerre ukrainiens devant un soi-disant « tribunal international » à Marioupol, a-t-elle informé, en avertissant que tout tribunal doit respecter les protections accordées à tous les prisonniers de guerre par le droit international, y compris les garanties de procédure équitable.  Le non-respect de ces normes pourrait constituer un crime de guerre.  

La Secrétaire générale adjointe s’est également alarmée de la hausse rapide des besoins humanitaires, avec au moins 17,7 millions de personnes, soit 40% de la population ukrainienne, qui ont besoin d’aide humanitaire et de protection, dont 3,3 millions d’enfants.  Plus de 6,6 millions de personnes déplacées ont été enregistrées et quelque 6,7 millions de personnes supplémentaires ont quitté l’Ukraine pour d’autres pays d’Europe, la plupart des femmes et des enfants.  Alors que l’hiver approche, 1,7 million de personnes ont déjà besoin de chauffage.  L’appel éclair révisé de l’ONU nécessite 4,3 milliards de dollars pour soutenir 17,7 millions de personnes ayant besoin d’aide jusqu’en décembre 2022.  Des donateurs ont généreusement fourni 2,4 milliards de dollars au 19 août.  La réponse humanitaire a été étendue à 500 organisations humanitaires partenaires, atteignant plus de 11,8 millions de personnes.  

La guerre a gravement affecté le secteur agricole de l’Ukraine, a constaté la haute fonctionnaire, le Programme alimentaire mondial (PAM) estimant que 20% de la population ukrainienne ne mange pas à sa faim.  Les répercussions de la guerre se font sentir dans le monde entier, car selon le PAM, 345 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire aiguë ou exposées à un risque élevé d’insécurité alimentaire dans 82 pays ayant une présence opérationnelle du Programme.  Cela représente une hausse de 47 millions de personnes souffrant de faim aiguë en raison des répercussions de la guerre.  

En juillet, a continué Mme DiCarlo, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a estimé que jusqu’à 71 millions de personnes pourraient déjà avoir été poussées dans la pauvreté dans les trois mois ayant suivi le début de la guerre dans les Balkans, la région de la mer Caspienne et en Afrique subsaharienne, en particulier le Sahel.  Les marchés de l’énergie restent sous tension, ce qui constitue une grave préoccupation à l’approche de la saison hivernale dans l’hémisphère Nord.  La stabilisation des prix des denrées alimentaires au cours des dernières semaines ne se traduit pas une baisse du taux d’inflation qui a continué de s’accélérer en juillet 2022, battant des records de plusieurs décennies dans les pays développés.  Toutefois, ce sont les pays en développement et les PMA qui ont été plus durement touchés.  La situation budgétaire dans de nombreuses économies en développement est particulièrement préoccupante, d’autant plus que leur capacité d’emprunt a été fragilisé à cause de la pandémie de COVID-19, a observé la Secrétaire générale adjointe.

En aggravant les divisions mondiales et en exacerbant la méfiance à l’égard de nos institutions, la guerre en Ukraine affaiblit les fondements même du système international.  Les conséquences d’une rupture dans la façon dont le monde gère les questions de paix et de sécurité sont effrayantes.  Cette guerre est non seulement insensée, mais extrêmement dangereuse, et elle nous touche tous.  Elle doit cesser, a conclu la Secrétaire générale adjointe.  

Déclarations

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a salué les membres du Conseil de sécurité depuis l’Ukraine « libre et indépendante », d’où il s’exprimait par visioconférence.  D’emblée, il a annoncé qu’au moment même où il prenait la parole, des missiles étaient tirés sur les infrastructures ferroviaires dans la région de Dniepr, blessant 50 personnes.  Ce jour de fête nationale de l’Ukraine montre à quel point le monde dépend grandement de notre indépendance, a introduit le Président.  La situation dans le monde dépend de la situation de nos frontières et de notre sécurité nationale, a-t-il renchéri.  Il a imputé la crise internationale actuelle à la Fédération de Russie, qui a placé le monde « au bord du gouffre ».  Ce pays occupe la centrale nucléaire de Zaporijia et a transformé le territoire ukrainien en zone de guerre, déployant des groupes terroristes sur le terrain.  L’Europe est maintenant confrontée à un risque d’accident radiologique similaire à celui qui s’est produit à Tchernobyl.  La mission de l’AIEA devrait prendre le contrôle de la centrale de Zaporijia, a prié le Président appelant la Russie à cesser son chantage nucléaire et à se retirer pleinement de la centrale.

La Russie a également déstabilisé les marchés alimentaires mondiaux dans de nombreuses régions du monde, a accusé M. Zelenskyy.  Pour lui, les Nations Unies n’ont pas été créées pour régler ce genre de problème qui devrait appartenir au passé.  Dans les semaines à venir, il faudra faire de notre mieux pour élargir l’Initiative céréalière et sa portée notamment sur la question de l’énergie, a-t-il exhorté.  La crise artificielle des prix de l’énergie est de la responsabilité d’un membre permanent du Conseil de sécurité qui a abusé de son droit au veto, a dénoncé le Président, en pointant du doigt le représentant de la Fédération de Russie, pays qui est, selon lui, responsable du malheur de dizaines de pays africains, asiatiques et européens.  

Le Président de l’Ukraine a estimé que si toutes les nations respectent la vie de leurs populations, ce n’est pas le cas d’un pays qui encourage les meurtres et les exécutions de milliers d’Ukrainiens.  Il a dénoncé le non-respect, par Moscou, des conventions sur le traitement des prisonniers de guerre.  Il n’y a pas de crime de guerre qui n’ait pas été commis par les occupants sur le territoire de l’Ukraine.  Si la Russie ne cesse pas cette guerre en Ukraine et si ce conflit ne se solde pas par la victoire de l’Ukraine, tous ces meurtriers russes finiront dans d’autres pays européens, d’Asie, d’Amérique latine.  Des criminels de guerre russes iront dans tous les pays.  Il faut agir ensemble et de manière décisive et le plus vite possible pour que cessent les destructions de la Russie et la menace d’une catastrophe radiologique en Europe, a insisté le Chef d’État.

La Russie doit libérer les territoires occupés en Ukraine et se retirer des villes ukrainiennes pour qu’il n’y ait plus de crise des céréales.  La Russie doit rendre des comptes des crimes d’agression contre l’Ukraine.  Un projet de résolution sera présenté à la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale à cette fin pour que la justice continue de prévaloir au niveau international, a annoncé le Président.  S’agissant du Sommet de l’avenir que le Secrétaire général compte organiser l’an prochain, M. Zelenskyy a estimé qu’il serait symbolique d’organiser ce sommet en Ukraine, parce que c’est sur le territoire de l’Ukraine que se joue l’avenir du monde.  Le futur de l’humanité est en train de se décider à la centrale nucléaire de Zaporijia, dans le Donbass, en Crimée, dans les ports ukrainiens.  « Notre indépendance, notre liberté, c’est votre sécurité, c’est la sécurité du monde entier », a insisté en conclusion le Président Zelenskyy.  

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a assuré d’emblée le soutien indéfectible des États-Unis à l’indépendance et à la souveraineté de l’Ukraine.  Cette journée marque six mois écoulés depuis l’agression injustifiée par la Fédération de Russie de l’Ukraine, « même si la Fédération de Russie essaye de justifier l’injustifiable ».  La déléguée a dénoncé six mois de mépris à l’égard de la communauté internationale, six mois d’attaques qui ont fait des victimes civiles, six mois de destruction et de frappes de missiles qui ont déchiré des familles, six mois d’atrocités sans nom, d’assassinats et de milliers de morts.  La représentante a estimé que l’objectif de la Russie est plus clair que jamais: démanteler l’Ukraine en tant qu’entité géopolitique et la gommer tout simplement de la carte du monde.  Elle a noté que les campagnes de désinformation s’efforcent de renforcer les tentatives d’annexion des régions de Donetsk, de Louhansk et de Kherson.  M. Lavrov a d’ailleurs reconnu que l’annexion de certaines régions de l’Ukraine est l’objectif de la Russie, a-t-elle relevé tout en assurant que la communauté internationale ne reconnaîtra jamais la tentative de la Russie de changer les frontières de l’Ukraine par la force.  Lorsque les dirigeants du monde entier se retrouveront le mois prochain à New York pour réaffirmer leur attachement à la Charte des Nations Unies, ils réaffirmeront aussi leur attachement à l’indépendance et à la souveraineté de l’Ukraine quel que soit le nombre de référendum factices, a affirmé Mme Thomas-Greenfield.

Elle a poursuivi en rappelant à la Fédération de Russie qu’elle est responsable d’assurer la sécurité nucléaire, alors même qu’elle a pris le contrôle par la force de la centrale de Zaporijia en Ukraine au risque de provoquer une catastrophe nucléaire.  La représentante a également exprimé ses inquiétudes quant aux opérations de filtrage de la Russie, qui consistent en la déportation par la force de milliers de civils ukrainiens vers la Russie.  Elle y a vu une tentative de détruire l’Ukraine, sa culture et son peuple.  Malgré l’accord sur les céréales de la mer Noire, la Fédération de Russie a frappé le port d’Odessa avec ses missiles, a encore dénoncé la représentante en martelant que la Russie est la seule responsable du siège que vivent toujours des millions d’Ukrainiens et de la crise alimentaire.  La Russie est le seul obstacle au règlement immédiat de cette crise, a-t-elle conclu.  Si la journée d’aujourd’hui marque les six mois depuis le début de cette guerre, elle marque aussi la date de l’indépendance ukrainienne, a rappelé la déléguée en appelant « à faire de notre mieux pour que l’année prochaine cette indépendance puisse être célébrée à nouveau ».

M. FERIT HOXHA (Albanie) a tout d’abord souhaité que l’Ukraine puisse marquer fièrement, aujourd’hui, le trente et unième anniversaire de son indépendance de l’Union soviétique « décadente ». Il a toutefois reconnu que les fêtes ne sont pas aisées quand on est attaqué par un voisin « qui prétend être votre frère ».  Il a également rappelé que ce jour marque exactement six mois depuis le début de l’invasion, 27 semaines depuis l’adoption de la résolution de l’Assemblée générale enjoignant à la Russie d’arrêter la guerre et de respecter la souveraineté de l’Ukraine, et 25 semaines depuis qu’une ordonnance juridiquement contraignante de la Cour internationale de Justice (CIJ) a été adressée à la Russie pour qu’elle cesse immédiatement ses activités militaires.  Or, a-t-il constaté, la Russie persiste, avec l’intention claire de démanteler l’Ukraine et d’assujettir son peuple, tout en produisant de graves effets déstabilisateurs mondiaux sur la sécurité, l’énergie, la sécurité alimentaire et la sûreté nucléaire. 

Après avoir félicité la Türkiye et le Secrétaire général pour leurs efforts inlassables et fructueux visant à assurer que les céréales et autres produits alimentaires sont exportés d’Ukraine et parviennent aux nécessiteux à travers le monde, le représentant a mis l’accent sur l’impact dévastateur de l’attaque russe sur les civils, en particulier sur les enfants.  « S’il y avait une seule raison de mettre un terme immédiat à cette guerre, ce serait de sauver les enfants, les générations futures du fléau de la guerre », a-t-il dit, avant d’évoquer le sort des prisonniers de guerre ukrainiens, dont 53 sont morts il y a quelques semaines dans une explosion meurtrière en territoire ukrainien sous contrôle russe.  Saluant la désignation d’une équipe d’enquête par le Secrétaire général, il a demandé instamment à l’ONU de tout faire pour garantir que les investigations soient menées de manière impartiale.  Les responsables de ces crimes ignobles doivent être tenus pour responsables, a-t-il ajouté.

Le délégué a ensuite fait état d’une armée russe « à bout de souffle » après six mois d’une guerre sanglante, ajoutant que de plus en plus de preuves montrent que le Kremlin en est réduit à recruter des détenus russes pour combattre.  « Ces nouveaux combattants remplaceront ceux qui ont retrouvé la raison, découvert la vérité et abandonné la guerre, pour ne pas continuer à être complices de ce crime », a-t-il affirmé, citant le récit de l’un de ces derniers, à présent « libre de dire ce qu’il pense ».  Il a enfin réitéré que toute annexion de territoire, tout développement incompatible avec la Constitution ukrainienne, par exemple des élections fictives ou des référendums « à la Russe », ne sera ni accepté ni reconnu.  À cet égard, le souhait des responsables pro-russes des territoires sous contrôle russe de rejoindre la Russie, selon le modèle de la Crimée, sera condamné à l’impasse, a-t-il martelé, réaffirmant que les amis de l’Ukraine sont prêts à soutenir son combat, non pas contre la Russie, mais pour la paix et la sécurité mondiales.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a rappelé que, depuis six mois précisément, les Ukrainiens résistent avec courage à la guerre d’agression lancée par la Russie.  « Quel meilleur moment pour leur rendre hommage qu’aujourd’hui, jour de leur fête nationale, qui a marqué en 1991, l’indépendance de l’Ukraine? »  Jamais la France ne reconnaîtra l’annexion des territoires ukrainiens occupés par la Fédération de Russie, a poursuivi la représentante, accusant Moscou de contribuer à déstabiliser encore davantage un monde sur lequel pèsent déjà de graves menaces.  Elle s’est ensuite félicitée que le centre de coordination conjoint à Istanbul soit désormais opérationnel et que 33 navires aient pu quitter les ports ukrainiens depuis la signature des accords d’Istanbul.  « Mais ne nous leurrons pas, les effets négatifs de la guerre conduite par la Russie se poursuivent et se multiplient: les chaînes d’approvisionnement sont toujours perturbées; les coûts de transport demeurent très élevés; le marché de l’énergie est bouleversé », a déploré Mme Broadhurst Estival.  Après avoir dénoncé la présence de troupes russes sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijia, elle s’est alarmée des informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires et d’actes de torture à l’encontre des prisonniers ukrainiens, en particulier dans le village d’Olenivka.  Sa délégation appelle une nouvelle fois la Russie à faire le choix de la diplomatie pour rebâtir la paix avec l’Ukraine, dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale dans ses frontières internationalement reconnues.

Mme CAÍT MORAN (Irlande) a commencé par rappeler que cela fait huit ans et demi que la Russie a violé pour la première fois la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Il y a six mois, jour pour jour, a-t-elle ajouté, la Russie a récidivé avec l’invasion illégale et non provoquée de l’Ukraine, en violation des principes fondamentaux de l’ONU.  La représentante a cependant relevé que, ni en 2014 ni en 2022, les frontières internationalement reconnues de l’Ukraine n’ont changé.  Les mesures unilatérales de la Russie visant à intégrer des parties de l’Ukraine n’ont été reconnues que comme des violations flagrantes des principes d’indépendance souveraine et de non-intervention, et comme une « tentative insensée d’enraciner une supposée sphère d’influence », a-t-elle renchéri, avant de condamner la rhétorique nucléaire inacceptable de Moscou pendant le conflit.  Pendant 183 jours, a poursuivi la déléguée, l’Irlande a demandé qu’il soit mis fin à la guerre injustifiable menée contre l’Ukraine et dont les civils continuent de payer le prix le plus élevé.  La Russie peut mettre fin à son agression si elle le souhaite, mais si elle choisit de poursuivre sa guerre illégale, elle doit se conformer à ses obligations au regard du droit international, a-t-elle maintenu.  Comme la veille, elle s’est également déclarée extrêmement préoccupée par la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia, réaffirmant qu’un incident radiologique découlant de l’activité militaire sur le site pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour l’Ukraine et la région.  Saluant les informations selon lesquelles une visite de l’AIEA pourrait avoir lieu prochainement, elle a soutenu l’appel du Secrétaire général pour que la centrale reste connectée au réseau électrique ukrainien, tout en enjoignant à la Russie de mettre fin à son occupation illégale du site, de retirer ses troupes et ses munitions et de veiller à ce que les autorités ukrainiennes puissent assumer leurs responsabilités en matière de sûreté et de sécurité nucléaire. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a réitéré le soutien indéfectible de son pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.  Aujourd’hui, nous marquons la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991.  Et nous voici, 31 ans plus tard, parce que l’État successeur soviétique, la Russie, a envahi l’Ukraine.  C’est vraiment tragique, a-t-elle déploré.  La Norvège condamne l’agression militaire russe dans les termes les plus fermes possibles, a déclaré la représentante en dénonçant notamment les attaques en cours contre les civils et les infrastructures civiles, y compris les centrales nucléaires, qui ont un impact dévastateur et inacceptable.  Des milliers de civils ont déjà été tués, des millions ont fui leurs maisons, d’autres sont piégés dans des zones de guerre, a-t-elle déploré, avant de réitérer l’importance de respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme.  La Russie doit arrêter la guerre et retirer complètement, immédiatement et sans condition ses forces et équipements militaires d’Ukraine. 

Le Secrétaire général a parlé d’une lueur d’espoir due à la reprise des exportations de céréales ukrainiennes, a noté la déléguée, qui s’est dite encouragée de voir qu’une ligne de transport essentielle d’un des greniers mondiaux puisse être restaurée.  C’est indispensable, tant pour les Ukrainiens que pour les personnes et les pays les plus vulnérables du monde, a-t-elle fait valoir.  Il est essentiel que le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres acteurs humanitaires puissent à nouveau acheter des céréales à l’Ukraine pour pouvoir assurer l’aide alimentaire.  Dès lors, il est vital que l’Initiative pour les céréales de la mer Noire soit pleinement mise en œuvre, a conclu la représentante, en soulignant la responsabilité conjointe des membres du Conseil à parvenir à un règlement de la crise ukrainienne.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé à son tour qu’il y a six mois, alors que le Conseil de sécurité se réunissait tard dans la nuit pour tenter d’éviter une catastrophe, la Russie lançait une invasion non provoquée et illégale de l’Ukraine en violation de la Charte des Nations Unies.  Dans les mois qui ont suivi, l’Ukraine a subi « toutes les horreurs de la guerre », a-t-il déploré, avant de constater que son peuple n’est pas la seule victime de ce conflit.  Au-delà des frontières de l’Ukraine, les « décisions de Putin » ont eu un impact dévastateur sur les pays les plus vulnérables, plusieurs millions de personnes à travers le monde étant touchées par la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant.  Maintenant, a ajouté le représentant, dans ce qui constituerait une autre violation de la Charte des Nations Unies, des informations font état de projets russes de « faux référendums » pour annexer illégalement d’autres territoires de l’Ukraine.  Pour le délégué, une telle tentative ne tromperait personne: la Russie n’a, en effet, cessé d’utiliser la désinformation pour créer des prétextes fallacieux, saper la souveraineté de l’Ukraine, occulter la vérité et dissimuler les crimes de guerre, a-t-il accusé.  À ses yeux, cela démontrerait davantage le mépris de la Russie pour les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, que les États Membres de l’ONU se sont tous engagés à respecter.  Saluant ensuite le trente et unième anniversaire de l’indépendance ukrainienne, célébré aujourd’hui même, il a rendu hommage au courage et à l’ingéniosité du peuple ukrainien qui se bat pour défendre sa nation.  Aujourd’hui, a-t-il conclu, « nous nous tenons aux côtés de la nation de l’Ukraine et de son peuple héroïque qui continuent de résister aux tentatives de la Russie de redéfinir des frontières internationales par la force ».

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a regretté que six mois après le début des hostilités, aucune solution ne se profile pour résoudre le conflit en Ukraine, tandis que la situation est aujourd’hui exacerbée par le risque de catastrophe nucléaire.  Les parties doivent s’abstenir de commettre des attaques qui pourraient saper la sécurité des installations nucléaires à Zaporijia.  Le représentant a ensuite appelé les deux parties à faciliter l’accès d’une mission de l’AIEA afin d’évaluer l’état du site.  Il s’est aussi lamenté que très peu de progrès aient été accomplis en vue d’une solution politique, à l’exception de l’Initiative céréalière de la mer Noire et de l’accord visant à faciliter l’exportation de denrées alimentaires et d’engrais russes.  

L’histoire démontre que lorsque l’on ferme la porte au dialogue, l’on ne peut pas régler des conflits, et cela s’applique également à l’Ukraine, a philosophé le délégué, en estimant que tout agissement prolongeant les hostilités ne donnera lieu qu’à davantage de souffrances humaines.  Cela ne permettra pas de résoudre les causes de ce conflit.  Il a de nouveau appelé à appliquer l’accord d’Istanbul.  La communauté internationale doit préserver ce jalon, qui démontre qu’il est possible de s’acheminer vers des négociations plus larges.  Le délégué a exhorté les parties à poursuivre le dialogue.  Il leur a également rappelé les obligations de préserver les populations civiles et d’éviter les atteintes aux droits humains, les attaques contre des zones résidentielles, des hôpitaux, des écoles et des églises.  Des actes inacceptables qui alimentent une logique des représailles qu’il faut éviter à tout prix, a mis en garde le représentant.  

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a dénoncé les bombardements visant des installations nucléaires dont la centrale nucléaire de Zaporijia.  Il est urgent que cesse l’activité militaire autour des sites nucléaires et que les belligérants s’abstiennent de toute action susceptible de faire courir au monde le risque d’une catastrophe nucléaire dont les conséquences seraient irréparables, a-t-il insisté en réitérant son appel aux parties à se conformer aux règles de sécurité nucléaires en vigueur et à coopérer avec l’AIEA pour sécuriser les sites potentiellement dangereux.  Nous saluons les récentes annonces indiquant la volonté des parties de permettre une mission des experts de l’AIEA à la centrale de Zaporijia pour éviter tout embrasement, a déclaré M. Biang.  Il a réitéré l’opposition du Gabon à la guerre et son indignation face aux attaques visant des civils, en rappelant que selon le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, il y aurait 13 477 victimes civiles dont 5 587 tués et 7 890 blessés.  Il a mis en garde contre le fait que tant que les combats se poursuivront, la situation humanitaire en Ukraine et dans les pays environnants, ne cessera de se détériorer.  

Depuis sept mois, ce Conseil est en proie à une fragmentation sans précédent et vit au rythme des invectives d’un camp contre l’autre pendant que villes et villages sont ravagés, pendant que des femmes, hommes et enfants sont meurtris par une guerre sanglante, s’est indigné le représentant.  Notre mandat est d’arrêter les guerres à défaut de les prévenir et non de nous quereller, a-t-il rappelé à ses collègues.  Face à la logique sans issue de l’affrontement et de l’antagonisme, il a assuré que le Gabon continuera de choisir le camp de la négociation et du dialogue.  M. Biang a conclu en appelant à activer les voies du dialogue et en saluant le récent accord conclu pour permettre l’exportation des céréales des ports ukrainiens.

Pour M. MARTIN KIMANI (Kenya), le multilatéralisme tel qu’il s’exprime aux Nations Unies, y compris au Conseil de sécurité, avec tous ses défauts, est notre dernier espoir contre une nouvelle guerre mondiale.  À moins que la guerre en Ukraine ne prenne fin grâce au dialogue et à la négociation, il pourrait s’agir du premier d’une série de conflits que les futurs historiens pourraient appeler la Troisième Guerre mondiale, a mis en garde le représentant.  L’Afrique, et le reste du monde, seraient projetés dans le miroir de la guerre froide qui a brisé nos démocraties, renversé et tué nos chefs, et nous a dépouillés de décennies de progrès économique, s’est inquiété M. Kimani.

Tout n’est pas perdu, a-t-il cependant estimé, en remarquant qu’il y a encore une chance de s’appuyer sur le mince mais important succès de l’Initiative céréalière de la mer Noire et l’accord sur l’exportation de produits alimentaires et d’engrais de la Russie.  Il est temps pour tout le monde de faire preuve d’un leadership « intuitif et audacieux », et que tous les pays qui exercent une influence ou disposent d’un levier de négociation poussent au dialogue plutôt qu’à l’affrontement, a exigé le représentant, pour lequel l’objectif immédiat devrait être: la cessation des hostilités en Ukraine; l’ouverture de couloirs humanitaires sûrs, un accès humanitaire sans entrave; et la sécurité de toutes les installations nucléaires, en particulier de la centrale de Zaporijia.  Cela devrait s’inscrire dans le cadre d’une feuille de route élargie pour parvenir à un accord global qui garantirait la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Compte tenu de l’escalade entre grandes puissances, cette feuille de route devrait être liée à une négociation plus large d’un ordre sécuritaire européen stable, a fait valoir M. Kimani.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a énuméré les conséquences des six mois de conflit en Ukraine, notamment l’augmentation des prix de produits de base et de l’insécurité alimentaire.  Elle a remercié le Secrétaire général et la Türkiye qui ont facilité l’exportation de céréales.  La Charte des Nations Unies est une boîte à outils qui nous permet de régler les différends de manière pacifique, a-t-elle rappelé tout en observant que cela requiert une volonté politique d’appliquer ces outils.  La guerre ne pourra cesser que si elle est négociée, a-t-elle insisté, « comme cela s’est fait dans toute l’histoire de l’humanité ».  Pour la représentante, nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons changer l’avenir.  Elle a soutenu les initiatives visant à renforcer la confiance, comme l’envoi d’une mission de l’AIEA à Zaporijia, invitant à les transformer en processus politique viable, en se basant sur la Charte des Nations Unies et le droit international.  Ce conflit doit cesser, chaque vie est trop précieuse, a-t-elle conclu.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a soutenu les bons offices du Secrétaire général en vue d’apporter une paix durable au peuple ukrainien.  L’Initiative céréalière de la mer Noire et l’accord sur la promotion de l’accès des produits alimentaires et des engrais russes aux marchés mondiaux ont prouvé qu’avec une diplomatie persistante, une solution politique acceptable pourrait être trouvée en dépit des hostilités militaires en cours.  Il faut tirer parti de l’élan positif généré par ces deux résultats et intensifier les efforts pour trouver d’autres moyens de désamorcer les tensions, a encouragé la représentante.  Elle a exhorté les membres du Conseil à surmonter leurs divisions et à travailler de manière constructive à de telles initiatives de paix.

La déléguée a demandé la démilitarisation de toutes les zones autour des installations nucléaires de l’Ukraine et l’accès des inspecteurs internationaux.  Elle a prévenu des risques d’aboutir à un conflit plus étendu en Europe, avec des dommages irréparables à long terme à l’architecture mondiale de paix et de sécurité.  Les parties doivent rechercher un règlement pacifique à ce conflit, a encore insisté la représentante, en soulignant la nécessité de préserver la vie et la sécurité des civils, en particulier des femmes et des enfants.  Elle a prié la Fédération de Russie de retirer toutes ses troupes de l’Ukraine et de poursuivre la diplomatie et le dialogue pour résoudre ses préoccupations sécuritaires.

Mme RUCHIRA KAMBOJ (Inde) a indiqué que son pays vient de répondre à la demande d’assistance humanitaire de l’Ukraine.  Ces six derniers mois, a-t-elle précisé, l’Inde a envoyé environ 97,5 tonnes d’aide humanitaire à l’Ukraine et aux pays voisins, lesquels avaient appuyé l’évacuation de quelque 22 500 ressortissants indiens, aux mois de février et de mars derniers.  Réclamant la cessation immédiate des hostilités et de la violence, la représentante a préconisé un dialogue entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.  Elle a aussi estimé qu’il faut, à ce stade, donner la priorité à l’aide humanitaire d’urgence, laquelle doit toujours s’appuyer sur les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, sans politisation aucune. 

La représentante a promis que son pays travaillera avec la communauté internationale pour atténuer les conséquences économiques du conflit.  La sécurité alimentaire étant une source de graves préoccupations, l’Inde, a-t-elle indiqué, a été priée par plusieurs pays d’élargir l’accès à son blé et à son sucre.  Ces trois derniers mois, a-t-elle dit, nous avons exporté plus de 1,8 million de tonnes de blé vers l’Afghanistan, le Myanmar, le Soudan ou encore le Yémen et nous essayons d’accroître la production d’engrais.  Il faut aussi, a poursuivi la représentante, faire en sorte qu’en matière de pétrole, l’offre corresponde à la demande.  Le libre-échange ne saurait servir d’argument pour perpétuer le manque d’équité et la discrimination. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a rappelé qu’hier, le Conseil de sécurité s’est réuni pour examiner une menace spécifique à la paix et à la sécurité internationales, à savoir les bombardements de Kiev contre la centrale de Zaporojie, qui précipite l’Europe au bord de la catastrophe nucléaire.  La réunion d’aujourd’hui, cependant, n’est pas officiellement liée à l’évolution de la situation car elle ne vise qu’à manifester le soutien indéfectible des délégations occidentales à tous les agissements du « régime de Kiev ».  Personne, a concédé le représentant, ne prétend que les Ukrainiens ne traversent pas une période difficile mais la responsabilité en incombe au « régime de Kiev », arrivé au pouvoir en 2014 à la suite d’un coup d’État anticonstitutionnel mené avec l’aide de plusieurs États occidentaux.   

Dès les premiers jours, les nouvelles autorités de Maïdan ont commencé à conduire l’Ukraine au désastre, épousant la russophobie et la glorification des criminels nazis.  Aujourd’hui, plus de 60% de la population ukrainienne est privée de son identité russophone, ce sur quoi les conservateurs occidentaux, aveuglés par leur objectif géopolitique d’affaiblir la Russie, ont fermé les yeux.  Le « régime de Kiev » a montré sa nature criminelle lorsqu’il a brûlé vifs des dissidents dans la maison des syndicats d’Odessa et largué des bombes et des obus sur la population civile du Donbass.  Dans cette croisade insensée contre elle-même, l’Ukraine a perdu la Crimée et provoqué une résistance des habitants de Donetsk et de Lougansk, qui ont pris les armes au nom de la liberté et de l’avenir de leurs enfants.  

Cette guerre, qui a coûté la vie à des civils pendant huit ans, aurait pu prendre fin si Kiev avait respecté les Accords de Minsk, a fait valoir M. Nebenzia.  Mais ni les autorités ukrainiennes ni leurs patrons étrangers n’ont opté pour cette voie.  Dans ces conditions, nous n’avions d’autre choix que de lancer une opération spéciale de dénazification et de démilitarisation en Ukraine, a affirmé le représentant avant de s’attarder sur la dévastation que l’Ukraine elle-même répand dans le Donbass.  Au lieu de la condamner, les Occidentaux continuent de lui fournir toujours plus d’armes, se faisant complices des crimes contre la population civile, à coup de mines papillons, preuve vivante du sadisme et de la sauvagerie du « régime de Kiev ».  Les Russes, a aussi affirmé M. Nebenzia, sont accueillis dans le Donbass en libérateurs contrairement à ce que veulent faire croire Kiev et ses parrains occidentaux.  

Passant au succès de l’Initiative céréalière de la mer Noire, le représentant s’est tout de même inquiété de ce qu’en quatre semaines, un seul navire sur 34 navires soit parti pour l’Afrique qui souffre comme les autres des erreurs de calcul des pays occidentaux et des conséquences des sanctions imposées à la Fédération de Russie.  Vous ne pouvez pas convaincre de la nature soi-disant ciblée de vos mesures unilatérales, s’est emporté M. Nebenzia.

Huit ans après le lancement du « projet Maïdan », a-t-il estimé, il est devenu évident que la principale et en fait la seule menace à l’indépendance de l’Ukraine, c’est le « régime de Kiev » lui-même car à tous les niveaux du Gouvernement et dans tous les principaux départements, des conseillers occidentaux opèrent et sans leur consentement, aucune décision sérieuse n’est prise.  Le Président américain Joe Biden ne s’est-il pas vanté d’avoir obtenu la tête du Procureur général de l’Ukraine?  « Si c’est ça l’indépendance, alors qu’est-ce que la dépendance? » a ironisé le représentant.  L’Ukraine est devenue une nation « anti-Russie » impitoyable qui se dirige d’un pas décidé vers sa faillite idéologique et politique et « nos collègues occidentaux peuvent prolonger son agonie, mais pas empêcher son fiasco », a conclu le représentant, sans oublier de souhaiter au « peuple frère de l’Ukraine » d’arracher sa liberté et son droit de bâtir une société en paix avec ses voisins.  

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a dit avoir suivi avec intérêt les déplacements du Secrétaire général en Ukraine et en Türkiye, et ses efforts pour réduire l’incidence de la crise alimentaire.  Il s’est félicité que l’Initiative céréalière de la mer Noire continue de fonctionner et que ce qui permet d’alimenter les marchés mondiaux, notamment par le biais du Programme alimentaire mondial.  Il a apprécié ces avancées, y voyant une réalisation importante en temps de guerre.  Il a aussi salué le travail très important de facilitation de la Türkiye, qui a permis la signature de cet accord.  Malgré ces avancées, il a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pu prévenir ni mettre un terme à cette guerre.  L’invasion d’un pays souverain, l’Ukraine, par la Russie, constitue une violation flagrante de l’Article 2.4 de la Charte des Nations Unies, a-t-il rappelé, cet article prévoyant que toute acquisition territoriale obtenue par l’utilisation illégale de la force est nulle et n’a aucune valeur.  Il a donc jugé qu’il est temps de mettre un terme à la guerre, après six mois de bombardements, de violations des méthodes de conduite des hostilités, de violences sexuelles, d’utilisation d’armes indiscriminées, entre autres.  Il a exhorté les parties à mettre un terme à ces attaques, en particulier celles qui visent les civils, et à respecter les principes de différenciation, de proportionnalité et de prudence.  Il a soutenu les travaux d’enquête du Procureur de la CPI et s’est dit en faveur de la création d’une mission d’établissement des faits sur les crimes de guerre présumés à Olenivka.  Le représentant a aussi appelé à tout faire pour éviter que les armes ne tombent dans de mauvaises mains.  Il a réitéré son appel de toute urgence à la négociation de la cessation des hostilités et à la recherche d’une solution du conflit par la voie du dialogue.

M. ZHANG JUN (Chine) a demandé si le Conseil de sécurité a pris la bonne voie pour résoudre la crise en Ukraine.  Est-ce que le Conseil s’est véritablement attelé à apaiser la situation?  Selon lui, il est important que le droit international humanitaire dicte les comportements des parties au conflit.  Les civils et les infrastructures civiles ne peuvent être ciblées par des frappes militaires.  Le représentant a dit être préoccupé par les attaques contre une centrale nucléaire faisant planer le spectre d’une guerre nucléaire.  Il a appelé les parties à la retenue et à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre la sécurité et la sûreté de ce site.  Les experts de l’AIEA doivent pouvoir se rendre sur place, évaluer la situation pour pouvoir prendre des mesures de suivi afin d’éviter une catastrophe nucléaire.

M. Zhang a demandé des mesures pour atténuer les souffrances humaines, aider les réfugiés et les déplacés ukrainiens.  Il faut aussi réduire les effets du conflit sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie et la crise financière.  Saluant le Secrétaire général ainsi que les autres parties compétentes pour avoir facilité l’accord sur l’exportation de céréales par la mer Noire, le représentant a plaidé pour une réduction des effets délétères des sanctions imposées par certains pays.  La Russie et l’Ukraine doivent poursuivre le dialogue et revenir à des négociations diplomatiques le plus rapidement possible et ainsi réunir les conditions propices à un cessez-le-feu, a ajouté le délégué.

Invitant les États-Unis et l’OTAN à ne pas jeter de l’huile sur le feu, le représentant de la Chine a appelé à la vigilance face aux tentatives d’aggraver les divisions et de plonger le monde dans une nouvelle guerre mondiale.  La mentalité de la guerre froide et de l’opposition entre blocs doit être rejetée.  Selon lui, l’élargissement de l’OTAN vers l’Est n’aboutira pas à une Europe plus sûre, la sécurité d’un pays ne devant pas être garantie au détriment de la sécurité d’un autre ni d’une région.  Il ne faut pas non plus isoler certains pays ou prendre parti ou encore choisir son camp, a exhorté le représentant, dans la mesure où les économies des différents pays sont profondément intégrées les unes aux autres.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a commencé par féliciter l’Ukraine pour le trente et unième anniversaire de son indépendance et le courage extrême dont elle fait preuve aujourd’hui pour protéger cet acquis.  Condamnant fermement la violation de la Charte, de la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) et du droit international par la Fédération de Russie, le représentant s’est ensuite attardé sur le risque d’une catastrophe nucléaire qui plane désormais sur le monde.  Il a exhorté la Fédération de Russie à retirer immédiatement ses troupes de la centrale de Zaporijia pour que les autorités ukrainiennes puissent y assumer leurs responsabilités, sans ingérence extérieure, menace ou conditions de travail inacceptables.  Il a plaidé pour le déploiement d’une mission de l’AIEA, dans le strict respect de la souveraineté de l’Ukraine. 

Nous connaissons tous, a-t-il poursuivi, les conséquences mondiales de l’agression russe, dont l’envolée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.  Le représentant a salué les progrès de l’Initiative céréalière de la mer Noire et s’est réjoui que les « corridors de solidarité » de l’Union européenne aient réussi à faire passer les exportations ukrainiennes de 1,3 million de tonnes au mois d’avril à 2,8 millions au mois de juillet.  L’Union européenne appuie aussi la production agricole et la résilience des pays affectés par a crise. 

Saluant l’implication personnelle du Secrétaire général, le représentant a particulièrement dit apprécier l’appel à la démilitarisation de la centrale nucléaire de Zaporijia et à la création d’une mission d’établissement des faits pour enquêter sur l’incident au centre de détention d’Olenivka.  Il a conclu, en soulignant l’attachement de l’Union européenne à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues, y compris maritimes.  La Fédération de Russie peut mettre fin à cette guerre maintenant si elle retire ses troupes complètement, immédiatement et inconditionnellement.  En attendant, l’Union européenne, a promis le représentant, restera solidaire et s’efforcera d’atténuer l’impact de l’agression russe, en particulier sur les plus vulnérables. 

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