En cours au Siège de l'ONU

9104e séance – matin    
CS/14990

Conseil de sécurité: malgré la « lueur d’espoir » née d’un accord céréalier, la « guerre d’usure » en Ukraine entre dans son sixième mois

Alors que la « guerre d’usure brutale » menée par la Russie en Ukraine dure depuis cinq mois, selon les mots du Kenya, avec pour conséquence une inflation mondiale, le Conseil de sécurité a, ce matin, consacré une nouvelle séance aux derniers développements sur le terrain, une semaine après la signature à Istanbul de l’accord visant à faciliter le transport de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens d’Odessa, de Tchernomorsk et de Loujne.

Comme l’a indiqué la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, cet accord est une « lueur d’espoir  » pour l’humanité, alors même que le conflit en Ukraine ne semble montrer aucun signe de répit.  Baptisé Initiative céréalière de la mer Noire, cet accord conclu entre la Fédération de Russie, l’Ukraine, la Türkiye et l’ONU devrait contribuer à combler les problèmes d’approvisionnement alimentaire dans le monde et à faire baisser les prix, de même que le mémorandum conclu entre Moscou et l’Organisation des Nations Unies sur la promotion de l’accès des produits alimentaires et des engrais russes aux marchés mondiaux.

L’Initiative céréalière est un signe que le dialogue entre les parties est possible, a estimé la haute fonctionnaire, en précisant que l’ONU met maintenant tout en œuvre pour soutenir les parties dans l’opérationnalisation de cet accord, à commencer par l’inauguration du Centre conjoint de coordination il y a deux jours.  Mme DiCarlo a insisté auprès de la Fédération de Russie, de l’Ukraine et de la Türkiye pour qu’elles œuvrent de concert à sa mise en œuvre.

C’est pourquoi plusieurs membres du Conseil ont exprimé leur indignation face à la frappe de missile russe ayant touché le port d’Odessa, le 22 juillet, « alors que l’encre avait à peine séché », comme l’a relevé la France, et devant de nouvelles frappes sur Mykolaïv quelques jours plus tard.  Dire que ces bombardements ne fragilisent pas le lancement effectif du mécanisme agréé à Istanbul est un « mensonge », a fustigé la France.

L’Ukraine s’est montrée d’autant plus indignée par le pilonnage du port d’Odessa qu’il s’agit de l’un des trois cités dans l’accord que la Fédération de Russie s’était engagée à ne pas attaquer.  Kyïv reste cependant déterminée à résoudre la crise alimentaire et à coopérer avec le nouveau Centre conjoint de coordination, a assuré son représentant, avant d’exhorter la communauté internationale à veiller à ce que la Russie permette le bon fonctionnement de ce « couloir céréalier ».  Décidée à soutenir les efforts de l’ONU pour promouvoir une réponse multilatérale à la crise de sécurité alimentaire, l’UE a annoncé la mobilisation de 7,7 milliards d’euros jusqu’en 2024 pour soutenir les partenaires les plus touchés.

À l’instar du Ghana, plusieurs membres du Conseil ont plaidé pour une mise en œuvre rapide et efficace de ces accords afin que les opérations commerciales reprennent en mer Noire et contribuent substantiellement à stabiliser les prix internationaux des denrées alimentaires et des engrais, qui se traduisent par des problèmes plus marqués encore dans les pays en développement.  Comme l’a résumé le Mexique, « l’arrivée sur les marchés mondiaux de ces céréales est une bouée de sauvetage pour des millions de personnes qui en dépendent ».

Seule responsable de cette guerre, la Fédération Russie porte la responsabilité d’y mettre fin, ont déclaré plusieurs délégations, en demandant la cessation complète des hostilités et le retrait de ses forces de l’Ukraine.  S’exprimant au nom des États baltiques, la Lettonie a dénoncé les crimes répétés contre les civils, qui s’inscrivent dans le cadre d’une approche « délibérée et cohérente » pour « briser » l’esprit de résistance du peuple ukrainien.  Incapable de vaincre son adversaire sur le champ de bataille, l’armée russe cherche à y parvenir par la « terreur », grâce à l’« impunité » dont elle jouit au sein de ce Conseil, a tranché la Lettonie.

La Fédération de Russie a rétorqué à ses accusateurs que les objectifs de l’« opération militaire spéciale » progressent dans le Donbass, avec la « libération » de la République de Lougansk, et qu’il devrait en être rapidement de même avec celle de Donetsk.  Moscou poursuivra sa démilitarisation de l’Ukraine, a assuré son représentant, avant de dénoncer les livraisons d’armes lourdes à l’Ukraine par des pays occidentaux qui ne font que jeter « de l’huile sur le feu », mais n’empêcheront pas la victoire russe selon lui.

Les États-Unis ont dénoncé les violations flagrantes de la Charte des Nations Unies que constituent les tentatives d’annexion de nouveaux territoires ukrainiens en y installant des fonctionnaires « par procuration », chargés, entre autres, d’organiser de « faux » référendums, comme à Kherson, Zaporijia, Louhansk et Donetsk.  Renchérissant, l’Ukraine a assuré que la Russie n’a nullement renoncé à ses objectifs « bellicistes » et « néocolonialistes ».  Selon le délégué ukrainien, le Ministre des affaires étrangères, Sergey Lavrov, aurait même annoncé qu’ils s’étendaient à d’autres territoires.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclaration liminaire

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a noté que l’accord signé le 22 juillet à Istanbul pour faciliter le transport en toute sécurité des céréales et des denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens d’Odessa, de Tchernomorsk et d’Ioujne constitue une « lueur d’espoir » pour l’humanité, alors que la guerre en Ukraine ne semble montrer aucun signe de répit.  Cet accord humanitaire, ainsi que celui conclu entre la Fédération de Russie et l’ONU sur la promotion de l’accès des produits alimentaires et des engrais russes aux marchés mondiaux contribueront, selon elle, à combler le déficit mondial d’approvisionnement alimentaire et à faire baisser les prix élevés.  L’accord céréalier est un signe que le dialogue entre les parties est possible, a estimé la haute fonctionnaire, qui a précisé que l’ONU met maintenant tout en œuvre pour soutenir les parties dans l’opérationnalisation de cet accord, à commencer par l’inauguration du Centre conjoint de coordination il y a deux jours. 

Comme l’a déclaré le Secrétaire général, toutes les parties se sont clairement engagées à garantir la sécurité du mouvement des céréales et des produits connexes vers les marchés mondiaux, a rappelé Mme DiCarlo, en soulignant qu’il s’agit maintenant d’éviter des incidents tels que les récentes grèves à Odessa et de créer des conditions propices pour assurer le succès de cette initiative.  Il est donc impératif que la Fédération de Russie, l’Ukraine et la Türkiye œuvrent de concert à l’application de cet accord, a-t-elle insisté.

Faisant le point sur l’évolution de la situation depuis sa dernière intervention, en date du 28 juin, Mme DiCarlo a expliqué que le nombre de civils tués, blessés ou mutilés par les combats en Ukraine n’a cessé d’augmenter.  Les rues de Kharkiv, Dnipro et Mykolaïv ont été prises pour cible à plusieurs reprises tout comme la ville portuaire d’Odessa et la région environnante.  La capitale de la région de Kirovohrad aurait été frappée hier et la ville de Liutizh juste au nord de Kyïv alors que des villes du Donbass, dont Donetsk et Bakhmut, seraient également sous le feu de bombardements.  De violents combats sont désormais attendus dans les régions de Kherson et de Zaporijia, a encore indiqué la Secrétaire générale adjointe, en faisant part des préoccupations de l’ONU face aux tentatives manifestes de modifier les structures administratives sur le terrain, et notamment d’introduire des instances dirigeantes locales dans les zones sous contrôle de la Russie. 

Alors que le conflit entre dans une phase plus longue, l’attention se tourne de plus en plus vers son impact en termes humanitaire, de relèvement, de reconstruction et socioéconomique à plus long terme.  Alors que la fin de l’été approche, Mme DiCarlo a souligné le besoin de planifier l’hiver en regrettant que le dialogue politique soit pratiquement au point mort.

Depuis le début de la guerre, les civils ont payé un lourd tribut, a noté la Secrétaire générale adjointe en avançant les chiffres vérifiés du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) qui, au 27 juillet, avait recensé 12 272 victimes civiles dans le pays: 5 237 tuées et 7 035 blessées.  La plupart de ces civils ont été victimes d’armes explosives à large zone d’impact, en indiquant que le HCDH, l’OMS et l’UNESCO continuent de documenter les dommages et la destruction de logements civils, d’établissements d’enseignement et de soins de santé, ainsi que de lieux de culte.  À ce titre, la haute fonctionnaire a dénoncé les 414 attaques visant des établissements de santé ainsi que celles ayant pris pour cible 168 sites culturels en Ukraine, en rappelant à toutes les parties que les attaques aveugles contre des civils et des infrastructures civiles constituent une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits humains.

Sur le volet humanitaire, Mme DiCarlo a indiqué qu’au 20 juillet, la communauté humanitaire avait fourni une aide à 11millions de personnes.  Environ 9 millions ont reçu une aide alimentaire et des moyens de subsistance, et plus de 4,5 millions ont bénéficié de services de protection, notamment d’assistance juridique, de déminage et d’éducation aux dangers des mines.

Au 19 juillet, 5 984 263 réfugiés en provenance d’Ukraine étaient enregistrés dans toute l’Europe, et Mme DiCarlo a dit craindre que l’hiver ne complique l’accès aux abris et aux soins de santé pour les déplacés ou les rapatriés.  Pour faire face à de tels risques, la communauté humanitaire se concentre sur le soutien à apporter aux systèmes nationaux et locaux avec des solutions de logement et d’inclusion économique.  Par ailleurs, alors que l’accès à la nourriture a considérablement diminué à travers toute l’Ukraine, les ménages dirigés par des femmes ukrainiennes sont deux fois plus susceptibles de connaître l’insécurité alimentaire que ceux dirigés par des hommes, a constaté la Secrétaire générale adjointe, et les femmes sont confrontées à des risques sécuritaires et de protection considérablement accrus.  C’est pour toutes ces raisons que les femmes doivent participer de manière significative aux discussions et aux initiatives visant à façonner l’avenir du pays, a-t-elle estimé, y compris aux négociations de paix, aux efforts de relèvement, à la consolidation de la paix et aux efforts de responsabilisation.

Malgré l’évolution encourageante de la situation sur les céréales et les engrais, la Secrétaire générale adjointe reste profondément préoccupée par l’absence de perspectives d’évolution vers une reprise significative des efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre.  Elle a mis en garde contre toute forme de rhétorique incendiaire, y compris s’agissant de l’expansion géographique du conflit ou du déni de l’existence de l’État ukrainien.  Ce n’est pas conforme à l’esprit constructif manifesté à Istanbul, a-t-elle tranché en réaffirmant à cet égard l’engagement des Nations Unies pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

Déclarations

M. FERIT HOXHA (Albanie) a déclaré que l’agression russe qui en est à son sixième mois vise à éliminer l’Ukraine de la carte.  Il a dit être préoccupé par les mesures prises par la Russie afin d’institutionnaliser et de perpétuer son contrôle dans les territoires occupés de l’Ukraine par le biais de modifications du tissu social.  Il s’est aussi inquiété de l’intention d’annexer Kherson en y organisant un référendum, notant en outre que la Russie a introduit sa devise, ses médias et d’autres services dans d’autres régions occupées de l’Ukraine, comme elle l’avait fait en Crimée.  C’est la même histoire qui se répète, a-t-il constaté, soulignant que les responsables de ces processus de régression devront rendre des comptes.  Le délégué a aussi dénoncé le transfert de plus de 1,4 millions d’Ukrainiens en Russie, affirmant que cela constitue un crime de guerre.  Relevant en outre que cette guerre menace la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde, le représentant albanais a accusé la Russie d’utiliser les céréales comme une arme, tout comme elle le fait avec son gaz naturel contre la sécurité de l’Europe.  Il a salué l’ouverture de la mer Noire aux exportations ukrainiennes de céréales et a exigé que l’accord sur les céréales soit rapidement appliqué. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a accusé la Russie de vouloir effacer l’Ukraine de la carte du monde.  Elle a dénoncé les tentatives d’annexer progressivement davantage de territoires ukrainiens en installant des fonctionnaires par procuration, chargés, entre autres, d’organiser des faux référendums, évoquant notamment Kherson, Zaporijia, Louhansk et Donetsk.  L’annexion par la force est une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, a-t-elle rappelé. 

La représentante s’est ensuite félicitée des avancées réalisées en Türkiye pour permettre l’exportation des céréales depuis les ports ukrainiens.  Mais la Russie a ensuite révélé son vrai caractère en lançant une attaque aux missiles contre le port d’Odessa, a-t-elle dénoncé, notant que si on bombarde des ports on ne favorise pas l’exportation de céréales depuis ces ports.  La déléguée a ensuite affirmé que les preuves de l’ampleur des atrocités russes s’accumulent, citant des bombardements d’hôpitaux et d’écoles, la prise pour cible de civils qui essaient de s’enfuir et des expulsions forcées de centaines de milliers de civils à la suite d’opérations de filtrage.  Elle a aussi indiqué que les États-Unis disposent d’informations selon lesquelles des fonctionnaires de l’administration présidentielle russe supervisent et coordonnent les opérations de filtrage.  Dès 2021, des fonctionnaires dans une zone de l’Ukraine contrôlée par la Russie avaient établi une liste avec une douzaine de lieux possibles pour établir de telles opérations, a-t-elle fait savoir.

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) s’est inquiété de la crise humanitaire « incommensurable » en Ukraine, dont les effets se font sentir dans le monde, avec la flambée des prix des denrées alimentaires.  Il a souligné l’importance capitale de protéger la population en Ukraine et dénoncé les destructions d’infrastructures civiles, avant de demander la pleine application du droit international humanitaire.  Il a salué l’accord d’Istanbul sur les céréales mais s’est dit déçu que le Conseil n’ait pu s’unir pour l’entériner.  Cet accord est un pas dans la bonne direction mais sa valeur ne pourra être appréciée que sur le long terme, a-t-il insisté.  Enfin, il a souligné la nécessité pour ce Conseil de préserver la paix dans le monde, y compris en Ukraine, et plaidé « pour une diplomatie constructive ».

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) s’est déclaré fortement préoccupé par la russification à marche forcée des zones occupées par l’armée russe et a souligné que la France ne reconnaîtra jamais le contrôle pour l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie.  Il a affirmé que la Russie est seule responsable de l’aggravation de la situation alimentaire mondiale et a salué les progrès accomplis à Istanbul le 22 juillet dernier, appelant à rapidement mettre en œuvre les engagements pris.  Or, l’encre avait à peine séché sur ces accords que la Russie lançait une attaque sur le port d’Odessa, suivie quelques jours plus tard par de nouvelles frappes sur Mykolaïv, s’est indigné le représentant.  Dire que ces bombardements ne fragilisent pas le lancement effectif du mécanisme agréé à Istanbul est un mensonge, a-t-il tranché.  Il a ensuite parlé de l’initiative européenne FARM qui vise à soutenir les pays les plus touchés par le risque de crise alimentaire, en stimulant la production agricole durable et en veillant à ce que les pays les plus vulnérables bénéficient d’un accès équitable aux denrées et aux produits agricoles à un prix juste. 

Poursuivant, le représentant a appelé à continuer de soutenir l’Ukraine par tous les moyens, qu’ils soient militaires, humanitaires ou financiers.  À ce titre, il a indiqué que la France consacre 2 milliards de dollars au soutien économique et humanitaire de l’Ukraine et apporte par ailleurs un appui concret aux efforts déployés par les autorités ukrainiennes et les juridictions internationales afin que les responsables des exactions massives commises en Ukraine répondent de leurs actes et soient traduits en justice. 

M. GENG SHUANG (Chine) a dit que la guerre en Ukraine entrave non seulement la sécurité alimentaire dans le monde, mais rend plus difficile la réalisation des ODD, avant de saluer toutefois l’accord conclu sur l’exportation des céréales ukrainiennes.  La communauté internationale devrait envisager l’application de cet accord d’un point de vue humanitaire et rejeter toute tentative de le politiser, a-t-il préconisé.  Rappelant la position constructive de sa délégation dans la crise entre la Russie et l’Ukraine, le représentant a aussi fait valoir l’initiative en six points de la Chine sur la sécurité alimentaire.  Il a ensuite rappelé que la sécurité de tous les pays est indivisible, soulignant qu’ils doivent prendre en compte les préoccupations respectives légitimes de chacun.  Faire primer sa propre sécurité au détriment de celle des autres ou renforcer des blocs militaires et imposer ses propres normes aux autres nations ne peuvent que mener au conflit, à la confrontation, à la division de la communauté internationale et à un environnement moins sûr, a prévenu le délégué.  Pour le délégué, il faut coopérer afin de surmonter les défis du monde actuel au lieu de demander aux pays de choisir leur camp en risquant de répéter des erreurs historiques.  Enfin, il a mis en garde ceux qui mettent en cause la souveraineté de la Chine sur Taïwan, en affirmant que son pays est déterminé à préserver cette souveraineté. 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a déploré l’incapacité persistante du Conseil de sécurité d’aider les parties à s’engager dans des discussions de fond sur des initiatives urgentes de cessez-le-feu et de paix.  Dans ce contexte, il a fait part de son soutien indéfectible au déploiement continu des bons offices du Secrétaire général visant à mettre fin à la guerre et à faciliter une solution diplomatique aux crises sécuritaires et humanitaires en cours en Ukraine. 

Par ailleurs, il a félicité le Secrétaire général et les autres acteurs pour l’engagement positif des parties au conflit ukrainien qui a abouti à la signature, le 22 juillet à Istanbul, d’un accord sur la sécurité du transport de céréales et de denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens.  Il a aussi salué le mémorandum d’accord entre la Fédération de Russie et le Secrétariat de l’ONU sur la promotion de l’accès des produits alimentaires et des engrais russes aux marchés mondiaux.  Il a pris note de l’inauguration officielle du Centre conjoint de coordination à Istanbul et s’est dit confiant dans la perspective d’une mise en œuvre rapide et efficace des accords afin que les opérations commerciales reprennent en mer Noire et contribuent substantiellement à aider à stabiliser les prix internationaux des produits alimentaires et des engrais, dont le prix dépasse actuellement la capacité de nombreux consommateurs et utilisateurs. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé les deux parties au dialogue et appuyé tous les efforts diplomatiques visant à mettre fin au conflit.  Ses répercussions se font sentir dans les pays en développement, a-t-il dit, en soulignant l’importance d’un accès équitable aux céréales.  L’ouverture des marchés ne peut être un argument au service de l’injustice et des discriminations.  Il a indiqué que l’Inde œuvre pour atténuer les conséquences de la guerre, exportant ces trois derniers mois plus de 1,8 million de tonnes de blé à des pays, y compris l’Afghanistan, le Myanmar, le Soudan et le Yémen.  « Nous continuons d’aider la Sri Lanka à assurer sa sécurité alimentaire. »  Enfin, il a évoqué la question des engrais et la nécessité de préserver les chaînes d’approvisionnement en engrais à l’échelle mondiale.

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a dénoncé les attaques russes contre les civils et les infrastructures civiles en Ukraine, en notant la poursuite et l’intensification des attaques dans de nombreuses régions.  Elle a notamment cité celles qui ont récemment visé Chasiv Yar, Kharkiv, Kramatorsk et Vinnytsia et qui ont fait des dizaines de blessés ou tués parmi les civils.  Elle a exigé que les civils soient protégés et que le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme soient pleinement respectés et appliqués.  Revenant sur les informations selon lesquelles les forces russes auraient torturé des prisonniers de guerre et des personnes détenues illégalement et fait disparaître de force des civils dans les zones occupées, la représentante a relevé de nombreux éléments indiquant que des crimes de guerre seraient commis et demandé de ne pas les oublier.  Elle a appelé à tenir pour responsable leurs auteurs, à tous les niveaux. 

Félicitant le Secrétaire général pour sa contribution à l’initiative sur la sécurité du transport de céréales et de denrées alimentaires en provenance de ports ukrainiens, la représentante a également remercié la Türkiye d’avoir facilité ces négociations, ainsi que la cérémonie de signature le 22 juillet.  Cette initiative sera essentielle pour faciliter l’alimentation mondiale, a-t-elle noté mais aussi pour instaurer la confiance entre les parties, à condition de la mettre en œuvre.  À cet égard, elle a déclaré que la Norvège est aux côtés de l’Ukraine et fait écho à la condamnation claire par le Secrétaire général de la dernière attaque de la Russie contre le port d’Odessa.  La représentante a conclu en rappelant que la Fédération de Russie a la responsabilité de mettre fin à cette guerre et aux souffrances subies non seulement par les Ukrainiens mais aussi par d’autres personnes dans le monde touchées par les conséquences des actions de la Russie.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a déclaré que ce qui se passe en Ukraine constitue une violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Il a dénoncé les violations récurrentes du droit international et du droit international humanitaire.  Tant que les hostilités se poursuivront, la priorité devra être la protection des civils et l’aide humanitaire, a-t-il plaidé.  Il a demandé aux parties de respecter les principes de distinction et de proportionnalité et de prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger à la fois la population et les infrastructures civiles.  Le représentant a pris note de l’accord signé à Istanbul le 22 juillet sur les exportations de céréales ukrainiennes et salué les efforts déployés par les deux parties pour y parvenir, mais il a regretté que le Conseil de sécurité ne l’ait pas salué alors qu’il représente les premières mesures concrètes pour faire face à la crise alimentaire mondiale.  Il a aussi déploré le bombardement d’Odessa quelques heures après la signature de l’accord.  En tous les cas, il faut le mettre en œuvre, a exhorté le représentant qui y a vu une avancée très importante dont la portée réelle ne peut et ne doit pas être ignorée.  « L’arrivée sur les marchés mondiaux de ces céréales est une bouée de sauvetage pour des millions de personnes qui en dépendent. »  Le représentant a conclu en appelant à une cessation complète des hostilités et en prônant à cet égard l’ouverture d’un dialogue et un engagement sincère de la part des parties concernées et de la communauté internationale pour mettre fin à cette guerre. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) s’est félicitée de l’accord signé à Istanbul le 22 juillet 2022 sur la sécurité du transport des céréales bloquées par le blocus russe du port d’Odessa, entre autres.  Elle a noté que l’application de cet accord reste vitale pour permettre au Programme alimentaire mondial (PAM) de lutter contre les risques de famine en Somalie et en Éthiopie.  « Nous ne saurions oublier les crimes et atrocités commis par la Russie depuis cinq mois », a prévenu la représentante du Royaume-Uni qui a dénoncé que les forces russes ont bombardé le port d’Odessa, un jour seulement après la signature de l’accord sur l’exportation des céréales.  Elle a également fustigé la barbarie des forces russes, évoquant un document publié montrant un prisonnier de guerre ukrainien castré par des soldats russes.  La représentante a exigé de la Russie qu’elle mette un terme à son agression, qu’elle se retire de l’Ukraine et qu’elle respecte la Charte des Nations Unies.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déclaré que les objectifs de l’opération militaire spéciale avancent avec la « libération » de la République de Lougansk et qu’il devrait en être rapidement de même avec la République de Donetsk.  Il a dénoncé la propagande ukrainienne et indiqué que les soldats russes sont accueillis avec « des larmes de bonheur » car les habitants n’ont plus peur des « nationalistes ukrainiens », évoquant en outre de longues files d’attente pour obtenir des passeports russes.  Il a dénoncé l’attaque d’une prison dans la région de Donetsk, avant d’accuser les combattants ukrainiens de cacher des armes lourdes dans des bâtiments civils.  Le délégué a également dénoncé les mises en scène comme celles qui ont eu lieu à Boutcha mais qui ne trompent plus personne.  Il a mentionné les accords signés à Istanbul sur l’exportation de céréales, en rappelant que son pays était prêt à signer de tels accords dès avril.  Il a dénoncé les pressions occidentales et affirmé que l’on ne peut blâmer la Russie pour la crise alimentaire qui ne cesse de s’aggraver.  Le délégué a demandé la pleine application de ces accords, en ajoutant que le déploiement d’armes à Odessa n’est pas de nature à servir une telle mise en œuvre. 

Nous allons continuer la démilitarisation de l’Ukraine, a poursuivi le délégué.  Il a dénoncé les livraisons d’armes lourdes des pays occidentaux, avertissant que ces armes ainsi que les mercenaires occidentaux seront détruits par les forces russes.  Il a également signalé que ces armes tombent dans les mains de contrebandiers.  C’est un défi que les pays occidentaux ne peuvent plus cacher, a-t-il déclaré, affirmant qu’il existe des caches secrètes de telles armes sur le territoire de l’Union européenne, comme l’a montré le récent démantèlement d’une de ces caches en Hongrie.  « Comprenez-vous bien les conséquences de vos actes? », a lancé le délégué, à ses collègues occidentaux.  Il a assuré que les objectifs de l’opération militaire spéciale seront atteints, nonobstant les agissements des pays occidentaux qui « mettent de l’huile sur le feu. »  Il a accusé le « régime de Kiev » de cibler des écoles dans le Donetsk avec des armes lourdes fournies par l’Occident.  Un mémorial appelé « l’allée des anges » a ainsi été construit dans la région de Donetsk à la mémoire de tous les enfants tués dans des bombardements ukrainiens, a fait savoir le délégué, en montrant plusieurs photos d’enfants disparus.  S’adressant aux délégations de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, le délégué leur a dit que les armes que leurs pays livrent tuent des enfants et que le Président ukrainien « s’en moque ».  L’Ukraine ne doit plus représenter une menace pour le Donbass et pour la Russie, a souligné le délégué, en assurant une nouvelle fois que la « démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine » seront menées à leur terme. 

Pour M. MARTIN KIMANI (Kenya), il est temps pour la communauté internationale de réagir aux menaces qui découlent de la situation en Ukraine.  L’ordre sécuritaire européen est en ruine, victime d’alliances militaro-politiques, a-t-il noté en regrettant la « guerre d’usure brutale » menée dans ce pays et les énergies militaristes qu’elle a libérées.  Les rapprochements entre grandes puissances et leurs calculs géostratégiques mettent en péril la stabilité de la péninsule coréenne et de la mer de Chine méridionale, pour ne citer que deux points chauds.  Cela signifie que les voies maritimes vitales pour le transport des marchandises de nos économies mondialisées sont menacées, a poursuivi le représentant, et que la mondialisation elle-même, qui a été un formidable moteur de développement, est mise à mal.  La course au développement technologique, plus que jamais militarisée, prend place dans le cadre d’une compétition émergente entre nations, a poursuivi M. Kimani, en notant que la production et l’approvisionnement seront désormais répartis selon des critères géopolitiques.  Parallèlement, un avenir d’extrême instabilité politique et économique, entraînant l’appauvrissement et la mort de millions de personnes, à cause des effets des changements climatiques, se profile.  « Alors que nous sommes assis ici, il est difficile de dire que nos exposés, débats et décisions répondent de manière significative à ces graves menaces à la paix et à la sécurité internationales », a estimé le représentant. 

Il a pour sa part fait une série de recommandations, estimant par exemple que le monde retrouvera confiance dans le Conseil de sécurité s’il peut contribuer à une cessation des hostilités en Ukraine et à un règlement durable qui stabilise l’ordre sécuritaire européen.  Cela doit se faire dans le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de l’Ukraine, a fait valoir M. Kimani.  Le conflit en Ukraine, comme la pandémie de COVID-19, a prouvé que la production distribuée, en particulier en Afrique et dans le monde en développement, est un élément clef du filet de sécurité.  Les grandes puissances devraient donc commencer par garantir l’indépendance des engrais et des gains de productivité agricole, a-t-il proposé.  En troisième lieu, le représentant a estimé qu’accepter de respecter et même de dépasser les engagements climatiques de Paris à la COP27 en Égypte représente le strict minimum à attendre de la part des pays industrialisés.  En outre, la lutte contre les changements climatiques devrait être un système opérationnel central des institutions financières internationales et de chaque gouvernement.  À cet égard, il a demandé des changements fondamentaux dans le système financier mondial, notamment d’agissant du traitement de la dette et de l’investissement dans le monde en développement.

M. Kimani s’est dit d’avis que le travail utile de la Banque mondiale dans le domaine de la fragilité des conflits et de la violence devrait se poursuivre en étroite coopération avec l’action menée par l’ONU contre les changements climatiques et le programme de consolidation de la paix.  L’Organisation devrait selon lui également figurer parmi les principaux actionnaires des institutions de Bretton Woods.  Même si elles ont besoin de réformes substantielles, notamment pour être davantage représentatives, ces institutions peuvent encore proposer des solutions ambitieuses aux grands défis auxquels nous sommes confrontés, a estimé le représentant.  Il s’est dit d’avis que le groupe mondial d’intervention de l’ONU en cas de crise sur les conséquences mondiales de la guerre en Ukraine, notamment sur les systèmes alimentaires, énergétiques et financiers, créé par le Secrétaire général, offre une plateforme précieuse pour l’action à court terme.  Ses recommandations et solutions devraient bénéficier d’un soutien financier et opérationnel suffisant et constituer un pont vers des réformes et des initiatives ambitieuses à plus long terme, a préconisé le représentant.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui, une fois mise en œuvre, contribuera à réduire la pression sur les pays qui souffrent des contraintes dans l’approvisionnement alimentaire et des prix élevés de ce secteur.  L’accord, qui est « une lueur d’espoir dans un monde assombri par les crises mondiales », doit être mis en œuvre intégralement et immédiatement, a-t-elle recommandé avant de condamner « l’attaque cynique russe » sur le port d’Odessa moins de 24 heures après la signature de l’accord.  Toutes les parties doivent assurer la sécurité du transport des céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux afin de contribuer à faire face à la crise alimentaire mondiale, de réduire la pression sur les prix élevés et d’alléger les souffrances de millions de personnes, a appelé la déléguée. 

Rappelant le lien entre le conflit et la faim, elle a déploré que depuis plus de cinq mois, la Russie mène une guerre non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine en violation du droit international.  Elle a aussi dénoncé les attaques contre des cibles civiles qui visent à intimider et terroriser la population.  Les responsables de ces attaques devront être tenus responsables, a-t-elle lancé.  Prévoyant que les besoins alimentaires devraient augmenter tant que les hostilités se poursuivront, la représentante a craint la dégradation de la situation humanitaire déjà désastreuse à l’approche de l’hiver.  Elle a demandé à la Fédération de Russie de se conformer aux obligations qui lui incombent en droit international.  Les parties doivent faciliter l’accès humanitaire complet, sûr et sans entrave, a-t-elle rappelé.  Seule la Russie porte la responsabilité de cette guerre et la Russie seule peut y mettre fin, a conclu la représentante qui a exhorté la Russie à mettre fin à ces souffrances inutiles. 

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a salué la signature, vendredi dernier à Istanbul, sous l’impulsion des Nations Unies, avec la facilitation de la Türkiye, d’un accord visant le transport des céréales depuis les ports ukrainiens.  Cet événement témoigne selon elle de ce que les parties au conflit sont capables de réaliser lorsqu’elles parviennent à surmonter leurs divergences avec un but commun.  Elle a estimé que la mise en œuvre de cet accord conclu pour une durée de 120 jours nécessitera autant d’engagement des parties, afin qu’il produise tous les effets attendus, pour leur bénéfice mutuel.  Elle a vu la signature de cet accord comme un développement susceptible d’amorcer une dynamique positive.  La représentante a encouragé les parties à tirer parti de cet élan pour envisager des étapes supplémentaires dans la résolution de la crise.  Elle a noté que la conclusion d’un cessez-le-feu paraît à la fois urgente, nécessaire et à portée de main, pour autant que les parties consentent à redoubler d’engagement pour atteindre cet objectif.  Enfin, elle a exprimé son soutien aux initiatives visant un règlement politique de la guerre, en particulier les bons offices du Secrétaire général.

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a relevé que le conflit a aggravé des tendances préoccupantes dans le monde qui frappent tout particulièrement les pays en développement, citant notamment la hausse du prix des denrées alimentaires et du carburant.  Il a indiqué que l’accord annoncé vendredi dernier est porteur d’espoir quant à la possibilité d’une solution politique.  Les deux accords signés à Istanbul ouvrent la voie à une reprise des exportations en céréales et en engrais ainsi qu’à la réintégration des deux pays dans les marchés internationaux.  Il a appelé les deux parties à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre la mise en œuvre desdits accords.  Le délégué a estimé que la recherche d’une victoire décisive sur le champ de bataille ne pourra qu’aboutir à de plus grandes destructions.  Enfin, le délégué a souligné la nécessité de maintenir ouvertes les portes du dialogue, les accords d’Istanbul montrant qu’il existe un chemin viable.  La reprise immédiate de négociations directes doit être la priorité de ce Conseil, a-t-il conclu. 

M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a commencé par saluer les présents, y compris le « représentant de la Russie terroriste qui occupe le siège de membre permanent de l’Union soviétique », en affirmant que les preuves les plus atroces de leurs crimes glaçants continuent d’émerger.  Il a notamment cité le bombardement d’une prison à Donetsk occupée, avec des prisonniers de guerre ukrainiens, principalement des membres du régiment Azof.  La question de la guerre russe contre l’Ukraine demeure plus pertinente que jamais, puisque sur le terrain, aucun signe de désescalade n’est constaté et que la Russie n’a pas renoncé à ses objectifs bellicistes et néocolonialistes.  Le Ministre Lavrov a même annoncé que les objectifs initiaux ont été élargis pour couvrir maintenant même d’autres territoires, s’est alarmé le délégué.

M. Kyslytsya a dénoncé le pilonnage du port d’Odessa à l’aide de missiles à peine 24 heures après avoir signé l’accord céréalier du 22 juillet, alors même qu’il fait partie des trois ports qu’elle s’était engagée à ne pas attaquer.  La Fédération de Russie a d’abord nié, puis assumé sa responsabilité en prétextant qu’un missile ukrainien stocké dans ce port était en réalité ciblé.  Le représentant a remercié le Secrétaire général pour avoir condamné sans équivoque la Fédération de Russie et « ses excuses artificielles ».  Pour sa part, l’Ukraine reste déterminée à résoudre la crise alimentaire et à coopérer de manière constructive avec le nouveau Centre conjoint de coordination, a-t-il assuré, en appelant la communauté internationale à faire en sorte que la Russie respecte ses engagements et permette le bon fonctionnement de ce « couloir céréalier ».

Il est odieux que la Russie persiste à diffuser de fausses informations plutôt que de s’acquitter de ses obligations, s’est-il indigné, en citant notamment une note diplomatique du Chargé d’affaire de la Fédération de Russie qui dit, entre autres, que les forces armées russes ne ciblent pas d’infrastructures civiles.  « Sérieusement », lui a-t-il lancé, en le comparant aux « hommes de main d’Hitler ».  Depuis la dernière réunion du Conseil sur l’Ukraine le 28 juin, la liste des crimes de guerre russes n’a fait que s’allonger, a poursuivi le représentant, avant d’en dresser un inventaire partiel.  Tuer des civils innocents, voilà ce que les assassins russes appellent « dénazification », a-t-il tonné, avant de rappeler que ce ne sont pas moins de 116 000 bâtiments résidentiels et 116 sites religieux qui ont été détruits en Ukraine par les soldats russes.  « Nous ne l’oublierons et ne le pardonnerons jamais », a promis le représentant en soulignant l’unité de la société ukrainienne pour libérer son territoire et traduire en justice les responsables de ces attaques.

Il a ensuite cité « une personne qui pendant des années a siégé au Conseil de sécurité et l’a même présidé », en parlant du Ministre des affaires étrangères russes, M. Lavrov, qui aurait dit que rien dans l’accord du 22 juillet n’empêche la Fédération de Russie de poursuivre son opération militaire spéciale.  Pour la Russie, aucune limite morale ne s’applique, lui a retorqué M. Kyslytsya, avant de s’adresser à son homologue russe en lui disant que « les membres du Conseil tolèrent sa présence parce qu’un jour, il faudra rendre des comptes et que ce siège que la Russie occupe au Conseil ne l’aidera pas à échapper à la sanction que vous méritez en tant qu’État, et individuellement dans le cadre de la cellule de guerre russe à Manhattan ».

M. TOMÁŠ GRÜNWALD (Slovaquie) a déclaré que seule la Russie est responsable de l’aggravation de la crise alimentaire mondiale.  Il a salué l’accord conclu entre l’Ukraine et la Russie pour débloquer la mer Noire afin d’assurer les exportations de céréales.  Horrifié par les tirs de missiles contre le port d’Odessa un jour seulement après la signature de l’accord, le représentant a exhorté la Russie à s’abstenir de toute action supplémentaire susceptible d’entraver la mise en œuvre de l’accord. 

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne (UE), a condamné la guerre d’agression illégale menée par la Russie contre l’Ukraine, avant de prévenir que la communauté internationale ne reconnaîtra pas le résultat du référendum illégal envisagé dans certaines parties de la région de Kherson sur l’adhésion à la Fédération de Russie.  Après avoir fustigé la poursuite des bombardements des civils et des biens de caractère civil, il a exhorté la Russie à permettre un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave sans délai, permettant d’apporter l’aide à ceux qui en ont besoin.  Il a estimé que les frappes de missiles menées par la Russie sur le port d’Odessa, moins d’un jour après avoir signé l’accord pour autoriser les exportations de céréales depuis les ports ukrainiens bloqués, démontrent une fois de plus le mépris de la Russie pour le droit international et les engagements pris. 

Il a précisé que l’UE est fermement résolue à soutenir la sécurité alimentaire de ses partenaires internationaux en soutenant l’acheminement des céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux.  Illustrant son propos, il a expliqué que le plan UE-Ukraine a facilité l’exportation de 2,5 millions de tonnes en juin, contre 0,6 million de tonnes en avril.  Il a indiqué que l’UE est déterminée à soutenir les efforts de l’ONU pour promouvoir une réponse multilatérale à la crise mondiale de la sécurité alimentaire en décidant de mobiliser 7,7 milliards d’euros jusqu’en 2024 pour soutenir les partenaires les plus touchés.  Par ailleurs, M. Camelli a assuré que l’UE n’a pas de sanctions en cours contre le secteur agricole en Russie et que les sanctions de l’UE n’empêchent pas les navires battant pavillon russe de transporter des céréales, des denrées alimentaires ou des engrais vers un pays tiers.  Il a estimé que c’est la Russie qui aggrave la crise mondiale alimentaire avec « sa guerre d’agression contre l’Ukraine et ses attaques à répétition contre les champs de céréales, les installations de stockage et de transport de l’Ukraine ». 

S’exprimant au nom des États baltiques, M. PĒTERIS FILIPSONS (Lettonie) a rappelé que la Charte des Nations Unies interdit le recours à la force, sauf en cas de légitime défense et dans les cas où le Conseil de sécurité a accordé son autorisation.  L’attaque à grande échelle non provoquée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine ne relève d’aucune de ces exceptions et doit donc être considérée comme un recours à la force en violation flagrante de la Charte, a-t-il tranché.  Si l’agression de la Russie n’est pas stoppée et si ses auteurs ne sont pas poursuivis, elle pourrait inciter d’autres acteurs internationaux à leur emboîter le pas et à éroder davantage l’ordre international fondé sur des règles, a prévenu le délégué. 

Alors que de nouveaux crimes contre les civils sont commis, le représentant a considéré qu’il s’agit d’une approche « délibérée et cohérente » de la part de la Russie pour briser l’esprit de résistance du peuple ukrainien.  Incapable de vaincre son adversaire sur le champ de bataille, l’armée russe cherche à atteindre ses objectifs en « terrorisant » la population civile ukrainienne, a-t-il affirmé.  Comment est-il possible que de telles actions, qui s’apparentent clairement à des crimes de guerre, soient autorisées à être menées systématiquement depuis des mois en violation directe du droit international, y compris du droit international humanitaire?  La réponse tient pour le délégué au « sentiment d’impunité » de la Russie vis-à-vis de ses obligations internationales, renforcé selon lui par le silence de certains membres du Conseil de sécurité sur ses agissements. 

À cet égard, le représentant a jugé de la plus haute importance d’apporter tout le soutien nécessaire aux travaux du procureur de la Cour pénale internationale (CPI), de la Commission d’enquête internationale indépendante mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU et des missions d’experts effectuées dans le cadre du Mécanisme de Moscou de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi qu’à l’enquête menée par le Bureau du Procureur général de l’Ukraine. 

Il a ensuite accusé la Russie de bloquer délibérément l’exportation des céréales ukrainiennes afin de provoquer une crise alimentaire mondiale, dans le but « évident » d’exercer une pression sur la communauté internationale et l’Ukraine.  S’il s’est félicité de l’accord conclu à Istanbul le 22 juillet pour débloquer l’exportation des céréales ukrainiennes de la mer Noire, le représentant a estimé que l’attaque russe contre la ville portuaire ukrainienne d’Odessa, « le lendemain même de la signature de l’accord », prouve une fois de plus que l’on ne peut pas faire confiance à la Russie.  La communauté internationale doit suivre de près l’adhésion de la Russie à l’accord et maintenir la pression pour assurer sa mise en œuvre. 

Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a dit appuyer les efforts visant à assurer un accès sans entraves des produits céréaliers et des engrais ukrainiens et russes au marché mondial.  Cet accord donne une lueur d’espoir à ceux qui pâtissent de cette guerre.  La représentante a condamné l’attaque russe contre le port d’Odessa au lendemain de la signature de l’accord céréalier, tout en constatant que les premiers navires chargés de céréales ukrainiennes pourraient quitter les ports ukrainiens rapidement.  Depuis le début de la crise, les cours des denrées alimentaires et énergétiques ont flambé, et, pour y répondre, l’Allemagne fournit une aide au développement surtout par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM).  Le 28 juin, lors du Sommet du G7, 4,1 milliards de dollars ont été promis afin d’aider à lutter contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire.  S’adressant aux peuples touchés par les effets de la guerre en Ukraine, elle leur a dit qu’ils peuvent compter sur le plein soutien de l’Allemagne.  Unissons-nous contre cette guerre d’agression injustifiée, non seulement pour défendre la Charte des Nations Unies, mais aussi pour garantir la sécurité alimentaire mondiale et énergétique, car ce qui compte c’est de sauver des vies, a conclu la déléguée.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a dit être consterné par l’impact humain tragique de l’agression russe contre l’Ukraine et a promis de soutenir ce pays aussi longtemps que nécessaire.  Au cours des trois premiers mois de la guerre, jusqu’à 70% des Polonais se sont impliqués dans l’aide à l’Ukraine, soit 26,6 millions de personnes qui ont ouvert leur cœur à ceux qui sont dans le besoin, dépensant près de 2,2 milliards de dollars de leurs propres poches à cette fin, a témoigné le délégué.  Il a précisé que la valeur totale de l’aide aux réfugiés et aux victimes de la guerre offerte par les autorités polonaises et fournie par les citoyens polonais au cours des 90 premiers jours de la guerre représente près de 1% du PIB polonais. 

Le représentant a dénoncé l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a violé le droit international et ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies.  Ce que la Russie offre au monde aujourd’hui ne peut en aucun cas être défini comme une alternative à l’ordre international fondé sur des règles, a-t-il tranché.  Il a noté que la Russie propose le « Russkij Mir » ou un modèle russe basé sur l’impérialisme, le colonialisme, l’anarchie, la loi de la force et les sphères d’influence.  Un pays qui enfreint le droit international ne peut pas être perçu comme digne de confiance et fiable, a prévenu le représentant.  Il a salué l’accord sur les céréales signé à Istanbul le 22 juillet et dénoncé le bombardement du port d’Odessa 24 heures après.  Les violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ne doivent pas rester impunies et la justice doit être rendue aux victimes, a prié le représentant soutenant les enquêtes des procureurs ukrainiens, les enquêtes ouvertes par d’autres États en faisant usage de la compétence universelle ainsi que l’enquête du Procureur de la CPI.  « Niet » à « Russkij Mir ou modèle russe », a-t-il conclu. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) s’est félicité de l’accord conclu à Istanbul pour reprendre l’exportation cruciale de céréales au départ des ports ukrainiens de la mer Noire afin de prévenir une aggravation de la crise alimentaire, en particulier dans les pays les plus exposés et les plus vulnérables d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est.  Il a salué l’engagement « exceptionnel » de la Türkiye pour canaliser les efforts diplomatiques, tout en hébergeant le Centre conjoint de coordination à Istanbul qui supervisera les départs depuis trois ports ukrainiens.  Par ailleurs, le représentant s’est dit profondément troublé par les attaques incessantes visant les civils, y compris les femmes et les enfants, et par les témoignages et rapports de crimes de guerre et de violations graves du droit international perpétrés par les forces armées russes.  Il a rappelé que les millions de tonnes de céréales bloquées dans les ports ukrainiens de la mer Noire, « ou même cyniquement ciblées » par les bombardements russes, ont d’énormes conséquences sur les pays en développement.  Il a condamné à cet égard la famine dont souffrent des enfants, des femmes et des hommes vivant loin de la ligne de front.  Après avoir assuré que l’Italie fera tout son possible pour atténuer, limiter et traiter tous les effets de cette agression sur les pays en développement, le représentant a appelé la Russie à mettre pleinement en œuvre l’accord afin de permettre la reprise des exportations de céréales, avec un passage sûr et sécurisé des navires.  « Pour éviter davantage de perturbations dans la distribution alimentaire, nous demandons instamment à la Russie d’arrêter la guerre », a conclu le représentant. 

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a dit attendre la mise en œuvre des accords d’Istanbul et assuré de l’appui de son pays afin d’atténuer les conséquences de la crise alimentaire en continuant de faciliter les acheminements en céréales, y compris par le port de Constanta, sur la mer Noire.  La bonne foi est cruciale pour mettre en œuvre ce qui a été agréé, a dit la déléguée, avant de condamner le tir de missile russe contre le port d’Odessa un jour après la signature desdits accords.  Toutes les initiatives visant à l’établissement des responsabilités pour les conséquences de cette guerre injustifiée livrée à l’Ukraine doivent être menées dans un souci d’équilibre afin d’éviter tout doublon et de tirer le meilleur profit des ressources à disposition, a déclaré la déléguée.  Enfin, elle a indiqué que son pays a l’intention de se joindre à l’Ukraine dans l’affaire portée devant la Cour internationale de Justice contre la Russie concernant des allégations de génocide.

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