9086e séance - matin
CS/14960

Conseil de sécurité: appels à une coopération régionale renforcée face aux défis de l’insécurité et de la gouvernance en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Face à la détérioration « sans précédent » de la situation sécuritaire et aux reculs démocratiques observés dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, et ce malgré des élections réussies dans certains autres, les membres du Conseil de sécurité ont appelé, ce matin, à une coopération régionale renforcée, avec l’appui de la communauté internationale. 

« D’un côté, des citoyens qui exercent librement leur droit de vote pour choisir leurs dirigeants, et de l’autre, des militaires qui cherchent à dominer l’espace politique », a résumé le Représentant spécial et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Annadif Khatir Mahamat Saleh, venu présenter le rapport du Secrétaire général sur les activités du Bureau.  Il a évoqué les facteurs de conflit que représentent les changements climatiques et les activités des groupes extrémistes et criminels, lesquels exploitent les faiblesses des structures étatiques.  Même si des dialogues nationaux sont en cours dans plusieurs pays pour consolider la gouvernance démocratique, M. Mahamat Saleh n’a pas été le seul à se dire préoccupé par l’impact des changements de régime anticonstitutionnels sur les progrès politiques, économiques et sociaux dans la sous-région. 

La multiplication des coups d’État militaires au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, l’aggravation des attaques terroristes et des incidents violents perpétrés par des groupes armés non étatiques et des groupes terroristes affiliés à Daech et à Al-Qaida, ainsi que les déplacements massifs de population et l’augmentation des besoin humanitaires, ont entraîné des niveaux d'insécurité « sans précédent » dans la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, a renchéri la Présidente de la Commission de consolidation de la paix, Mme Rahab Fatima. 

L'expansion de ces groupes terroristes vers les pays côtiers, notamment dans le golfe de Guinée, et leurs liens croissants avec les réseaux criminels organisés et les pirates afin de faciliter le trafic de drogues, d'armes et de munitions, représentent une autre tendance inquiétante, a déploré Mme Fatima.  Saluant l’adoption récente de la résolution 2634 (2022) qui condamne les actes de piraterie et les vols à main armée en mer, elle a réitéré son appui aux efforts visant à renforcer la sécurité maritime régionale.  

Le Ghana, qui s’exprimait également au nom du Gabon et du Kenya, s’est inquiété de l'aggravation des conflits intercommunautaires et entre éleveurs et agriculteurs, ainsi que l'expansion des activités terroristes dans les pays voisins du Sahel, comme la Côte d'Ivoire, le Bénin et le Togo, au point où ce dernier a dû déclarer l’état d’urgence dans le nord de son territoire.  De même, les retombées de la crise en Libye sur le Sahel, le retour éventuel de combattants terroristes étrangers et la prolifération d'armes légères demandent une action coordonnée entre les pays de la région, ont estimé les membres africains du Conseil.  Dans un contexte de reconfiguration des forces de sécurité régionales, notamment après le retrait du Mali du G5 Sahel et des forces de l’opération Barkhane par la France, plusieurs délégations ont dénoncé à leur tour l'exploitation des failles de sécurité par des groupes armés et terroristes.  

Si la tenue d’élections démocratiques en Gambie et au Sénégal a été jugée de bon augure à l’approche du cycle électoral de 2023 dans plusieurs pays de la région, les dernières attaques contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) ont terni cette embellie.  Pour inverser ces tendances négatives et consolider les acquis, la Présidente de la Commission de consolidation de la paix a appelé à l'unité politique entre les pays du G5 Sahel et à l’activation de la Plateforme de coordination ministérielle des stratégies pour le Sahel, ainsi qu’à la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du projet d'évaluation stratégique conjointe Union africaine-ONU-Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)-G5.  De même, l’appui à la mise en œuvre de la Stratégie régionale de stabilisation, de redressement et de résilience des zones du bassin du lac Tchad affectées par Boko Haram doit être renforcé, a-t-elle noté.  

Pour ce faire, plusieurs délégations, dont l’Inde, ont demandé un financement « prévisible et durable » des opérations de lutte contre le terrorisme.  Mme Fatima a souligné le soutien « essentiel » fourni par le Fonds pour la consolidation de la paix aux pays de la région.  La Fédération de Russie, qui, à l’instar de la Chine, a défendu le principe « problèmes africains, solutions africaines », a rejeté les « fabrications infondées » qui visent à dénigrer l’aide russe au Mali et à d’autres pays du continent.  Ces deux pays ont en outre salué la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali.  « C’est par le dialogue et la médiation qu’on parviendra à ramener la paix dans nos pays, et non par les armes ou par des sanctions qui affaiblissent les populations déjà meurtries par l’insécurité », a déclaré pour sa part la Coordonnatrice de l’Alliance pour la paix et la sécurité – APAISE–Niger, Mme Rabia Djibo Magagi. 

S’agissant des besoins humanitaires, le Représentant spécial a fait état d’une crise nutritionnelle sans précédent alors que, dans les pays du G5 Sahel, 12,7 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire, soit 45% de plus qu'à la même période l'an dernier, et que le déficit pluviométrique de 2021 a entraîné une réduction de la production alimentaire de 11% en moyenne.  Aggravés par le contexte géopolitique international, les prix des denrées alimentaires ont ainsi augmenté de 40 à 60%, ce qui les rend hors de portée de nombreux ménages, a-t-il averti.

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST (S/2022/521)

Déclarations liminaires

M. ANNADIF KHATIR MAHAMAT SALEH, Représentant spécial et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les développements dans la sous-région en faisant état d’une évolution à des rythmes différents: « d’un côté, des citoyens qui exercent librement leur droit de vote pour choisir leurs dirigeants, et de l’autre, des militaires qui cherchent à dominer l’espace politique ».  Des dialogues nationaux sont en cours dans plusieurs pays pour consolider la gouvernance démocratique, a-t-il indiqué, avant d’évoquer les facteurs de conflit que représentent les changements climatiques et les activités des groupes extrémistes et criminels, lesquels exploitent les faiblesses de structures étatiques souvent inadéquates.  La poussée vers le sud de la violence extrémiste est devenue une menace réelle dans les pays côtiers, poussant par exemple le Togo à déclarer l’état d’urgence dans le nord de son territoire, a précisé le haut fonctionnaire, jugeant que lutter efficacement contre l’insécurité passe par une gouvernance démocratique et responsable.  Plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest s’y emploient avec succès, comme en attestent les récentes élections locales et législatives au Sénégal et en Gambie.  Il s’est ainsi félicité qu’à l’occasion de scrutins exemplaires, les électeurs gambiens aient envoyé un message de renforcement de l’opposition au Parlement, après avoir donné au Président Adama Barrow un deuxième mandat quatre mois plus tôt.  Parallèlement, lors des premières élections locales directes au Sénégal, de jeunes candidats ont été élus maires, remplaçant dans certains cas les candidats de la coalition au pouvoir.  Il s’est par ailleurs réjoui qu’au Nigéria, où le Président Muhammadu Buhari achève son deuxième et dernier mandat, le processus électoral se déroule conformément au calendrier prévu, en vue des scrutins de 2023. 

L’UNOWAS, ainsi que les agences, fonds et programmes des Nations Unies dans la sous-région, poursuivent leur soutien à ces processus importants, a assuré M. Mahamat Saleh, de retour du Nigéria, où il a rencontré les dirigeants des deux principales coalitions dans la course à l’élection présidentielle, ainsi que les responsables de la Commission électorale.  Il a également évoqué les dialogues établis par le Bureau, en étroite consultation avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec les autorités de transition en Sierra Leone, en Guinée et au Burkina Faso en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus consensuels possibles.  Concernant ce dernier pays, il s’est dit heureux de l’accord intervenu entre le Gouvernement de transition burkinabé et le Président Mahamadou Issoufou, Médiateur de la CEDEAO, fixant la période de transition à 24 mois à partir du 1er juillet 2022.  Au niveau sous-régional, il a salué les progrès accomplis dans l’établissement d’un forum régional des ministres de la justice des États membres de la CEDEAO, qui est en phase d’adoption formelle par leurs chefs d’État. 

Pour M. Mahamat Saleh, ces initiatives sont autant d’encouragements à répondre aux préoccupations en matière de gouvernance, alors que la liberté de la presse et l’espace civique ne cessent de reculer dans de nombreux pays de la sous-région.  Dans ce contexte, a-t-il alerté, les allégations de violations des droits humains et d’instrumentalisation du système judiciaire ont, selon lui, un effet insidieux sur la confiance dans les institutions et la crédibilité des processus électoraux.  Le Représentant spécial a constaté que, malgré leurs priorités affichées, les autorités militaires semblent peiner à inverser la détérioration de la sécurité, les statistiques faisant apparaître qu’à la fin du mois de mai, le nombre de victimes civiles des violences extrémistes au Sahel central avait déjà dépassé le nombre de morts pour l’ensemble de l’année dernière.  Les civils sont pris entre les feux croisés de groupes armés luttant pour leur suprématie locale et des forces de défense et de sécurité nationales qui mènent des actions antiterroristes, a-t-il déploré, faisant état de massacres de populations civiles innocentes et désarmées.  

Sur le plan humanitaire, le Chef de l’UNOWAS a parlé d’une crise nutritionnelle sans précédent en Afrique de l’Ouest.  Dans les pays du G5 Sahel, 12,7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, soit 45% de plus qu’à la même période l’an dernier, et le déficit pluviométrique de 2021 y a réduit la production alimentaire de 11% en moyenne.  Aggravés par le contexte géopolitique international, les prix des denrées alimentaires ont ainsi augmenté de 40 à 60%, ce qui les rend hors de portée de nombreux ménages, a-t-il averti, avant de s’alarmer du retrait annoncé du Mali du G5 Sahel et des redéploiements militaires en cours, qui remettent en cause les dispositifs de sécurité dans la sous-région.  Il a cependant noté que certains pays, comme le Niger et le Burkina Faso, redéfinissent leurs stratégies de lutte contre le terrorisme et mettent en place des mécanismes de dialogue et de réconciliation.  Au niveau régional, il a dit poursuivre son plaidoyer avec la CEDEAO en faveur de l’Initiative d’Accra afin d’empêcher la propagation de l’instabilité vers les pays côtiers.  À cette fin, l’UNOWAS continuera d’utiliser tous ses leviers pour plaider en faveur de solutions holistiques, dont la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est un vecteur essentiel.  

À quelques semaines du vingtième anniversaire de la création de l’UNOWAS, qui coïncide avec celui de la Commission mixte Cameroun-Nigéria, M. Mahamat Saleh a applaudi « l’œuvre colossale » accomplie par cette dernière pour régler pacifiquement le différend frontalier entre les deux pays voisins.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité les félicite solennellement pour ce succès.  Dans la foulée du sommet de la CEDEAO du 3 juillet, qui a vu des accords de sortie de crise avec les régimes de transition au Mali et au Burkina Faso et la relance d’un dialogue prometteur avec les autorités transitionnelles en Guinée, il a également appelé à saisir ces opportunités en s’appuyant sur les efforts accomplis par les peuples et les dirigeants d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, tout en regrettant que les femmes, c’est-à-dire plus de la moitié de la population ouest-africaine, continuent d’être largement sous-représentées dans les structures de gouvernance et les processus de prise de décisions. 

Mme RAHAB FATIMA, Représentante permanente du Bangladesh auprès des Nations Unies, en sa qualité de Présidente de la Commission de consolidation de la paix, a exprimé sa préoccupation face aux récents coups d’État militaires dans la région et fait écho aux appels lancés par l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en faveur du retour à l’ordre constitutionnel.  Après avoir souligné l’importance du renforcement des institutions démocratiques dans les pays en transition, elle s’est dite prête à mobiliser le soutien international pour appuyer leurs priorités nationales en matière de consolidation de la paix, comme c’est le cas au Burkina Faso.  La Commission est gravement préoccupée par la persistance d’incidents violents perpétrés par des groupes armés non étatiques ainsi que par des groupes terroristes affiliés à Daech et à Al-Qaida, tels que l’État islamique dans le Grand Sahara et Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM).  L’expansion de ces groupes terroristes dans les pays côtiers, notamment dans le golfe de Guinée, et leurs liens croissants avec les réseaux criminels organisés et les pirates pour faciliter le trafic de drogues, d’armes et de munitions, représentent une autre tendance inquiétante, a poursuivi Mme Fatima.  Elle a pris note à cet effet de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2634 (2022) et réitéré son appui aux efforts visant à renforcer la sécurité maritime régionale.

Pour relever ces défis et consolider les acquis, la Présidente de la Commission de consolidation de la paix a appelé à l’unité politique entre les pays du G5 Sahel.  De même, nous devons continuer d’intensifier nos efforts visant à traiter les causes profondes des conflits, de l’instabilité et de la violence dans la région.  Elle s’est félicitée à cet égard des efforts déployés par le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) pour dynamiser la plateforme ministérielle de coordination des stratégies pour le Sahel et du projet d’évaluation stratégique conjointe Union africaine (UA)-ONU-CEDEAO-G5 concernant la sécurité et la gouvernance, ainsi que des initiatives régionales.  

Poursuivant, Mme Fatima a fait part de son inquiétude face aux niveaux d’insécurité « sans précédent » dans la région, en raison notamment de l’aggravation du terrorisme, des déplacements qui en découlent et des besoins humanitaires qui menacent la cohésion sociale au Sahel.  Elle a plaidé pour un appui coordonné du système des Nations Unies afin de « construire et de maintenir la paix » au Sahel, y compris au moyen de la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel (UNISS) et d’une coopération renforcée entre les équipes de pays des Nations Unies, ainsi qu’entre celles-ci et l’UNOWAS.  Elle a noté l’appel du Secrétaire général en faveur d’un financement « prévisible et durable » des opérations de lutte contre le terrorisme dans la région.  La Commission de consolidation de la paix reconnaît également la nécessité de faire face aux changements climatiques, aux catastrophes naturelles et aux sécheresses, à la désertification et à l’insécurité alimentaire.  Le soutien à la mise en œuvre de la Stratégie régionale en faveur de la stabilisation, du redressement et de la résilience des zones du bassin du lac Tchad touchées par Boko Haram doit être renforcé, a-t-elle noté, avant de se féliciter de l’inclusion du développement et des affaires humanitaires aux travaux de la Commission du bassin du lac Tchad. 

La Présidente de la Commission de consolidation de la paix s’est par ailleurs félicitée de la tenue d’élections parlementaires pacifiques en Gambie.  S’agissant de la Guinée-Bissau, elle a souligné l’importance d’un dialogue inclusif afin de mener de toute urgence les réformes prévues dans l’accord de Conakry de 2016 et le pacte de stabilité de 2019, avec le soutien de la communauté internationale.  La Commission appuie en outre les efforts de consolidation de la paix au Libéria, notamment en termes de cohésion sociale, de réconciliation nationale, de promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des jeunes, en vue des élections présidentielles et législatives prévues en 2023.  Mme Fatima a également salué les efforts visant à favoriser un dialogue inclusif en Sierra Leone à l’approche des élections de 2023, et exprimé son plein appui aux efforts en cours pour accroître la participation des femmes.  Enfin, elle a souligné le soutien « essentiel » fourni par le Fonds pour la consolidation de la paix aux pays de la région, en mettant l’accent sur la réduction des conflits entre agriculteurs et éleveurs et la prévention de l’expansion des menaces terroristes. 

Mme RABIA DJIBO MAGAGI, Coordonnatrice de l’Alliance pour la paix et la sécurité – APAISE–Niger, a déclaré que, ces six derniers mois, la situation s’est grandement détériorée pour les femmes, les enfants, et tous les civils au Niger, mais aussi au Burkina Faso et au Mali.  Dans nos trois pays, en moyenne huit civils sont tués chaque jour dans des violences liées au terrorisme et nous assistons, impuissants, aux massacres des populations civiles qui se multiplient de façon exponentielle, a-t-elle déploré.  De plus, 10 millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire au Sahel central, soit un Sahélien sur sept.  Force est de constater que l’appui international n’est pas suffisant, a poursuivi l’intervenante, en appelant à faire les choses différemment.  « Nous le disons depuis des années mais personne n’a voulu nous écouter. »

Mme Djibo a demandé que la protection des populations soit au cœur de toute réponse à la crise sécuritaire dans ces trois pays.  À APAISE-Niger, nous renforçons les capacités des enseignantes, des femmes prêcheuses, et des leaders traditionnels en matière de cohésion sociale, de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, a-t-elle expliqué.  « C’est par le dialogue et la médiation qu’on parviendra à ramener la paix dans nos pays, et non par les armes ou par des sanctions qui affaiblissent les populations déjà meurtries par l’insécurité. »  Elle s’est félicitée que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ait levé les sanctions qui frappaient durement les populations du Mali.  Au Sahel, nous nous sentons vraiment abandonnés à notre sort, a-t-elle encore témoigné.  Nous avons besoin du Conseil de sécurité pour convaincre nos gouvernements que toute leur énergie doit être dépensée à mieux protéger les populations: ça veut dire qu’il faut arrêter de parler d’éradiquer les terroristes parce que ça ne sert à rien.  « Ce qu’il faut éradiquer, ce sont les raisons qui poussent nos jeunes à prendre les armes et à aller tuer leurs frères et sœurs », a-t-elle conclu.

Déclarations

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a constaté une rapide détérioration de la situation sécuritaire dans la région depuis janvier, avant de condamner les attentats meurtriers perpétrés contre des civils et des soldats de la paix.  Exprimant ses sincères condoléances aux familles des Casques bleus de la MINUSMA tués dans de nouvelles attaques cette semaine, elle a noté que la menace de l’insécurité, déjà catastrophique au Mali, au Burkina Faso et au Niger, continue de s’étendre vers le sud, dans les États côtiers.  Cette expansion ne devrait surprendre personne, a-t-elle commenté, appelant à la coopération régionale pour faire face à ces menaces.  Saluant à cet égard l’intensification de la collaboration dans le cadre de l’Initiative d’Accra, elle a cependant déploré que la coopération au sein du G5 Sahel se soit affaiblie.  Notant la multiplication des opérations antiterroristes, la représentante a exhorté les autorités nationales à veiller à ce que le droit international soit toujours respecté dans les activités de lutte contre le terrorisme, tout en se disant troublée par les informations faisant état de violations des droits humains perpétrés par les forces de sécurité, dans certains cas accompagnés de mercenaires étrangers.  Selon elle, il convient de davantage lutter contre les causes sous-jacentes de la radicalisation pour empêcher une plus grande propagation du terrorisme.  Mme Byrne Nason s’est d’autre part déclarée préoccupée par les effets des changements anticonstitutionnels de gouvernement sur la stabilité de la sous-région, ainsi que sur les progrès politiques, économiques et sociaux.  Dans ce contexte, le rôle de la CEDEAO est essentiel, a-t-elle soutenu, saluant le résultat du récent sommet et ses efforts pour accompagner les transitions politiques au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.  Ces processus de transition devraient aboutir à des élections libres, régulières, transparentes et crédibles et à un retour à l’ordre constitutionnel, a souligné la représentante, tout en regrettant profondément la restriction croissante des libertés civiles ainsi que la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles de la région.  Elle s’est également alarmée de la situation humanitaire, observant que les chocs climatiques ont contribué à une crise alimentaire dramatique.  Elle a salué l’adoption d’un appel à l’action par lequel les pays de la région reconnaissent les défis posés par les risques sécuritaires liés au climat.  Enfin, elle a souhaité que le Conseil s’unisse pour soutenir la poursuite des travaux de l’UNOWAS et que ses membres soutiennent à l’unanimité la déclaration présidentielle que l’Irlande et le Ghana proposeront pour guider son action vitale au cours des six prochains mois.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), s’exprimant au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a salué les efforts déployés pour consolider la démocratie dans la région, notamment en Gambie, au Sénégal, au Bénin, au Cabo Verde, ainsi que le dialogue politique engagé en Côte d’Ivoire.  Il s’est toutefois inquiété des revers démocratiques enregistrés au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, en soulignant la « nécessité urgente » de rétablir l’ordre constitutionnel dans la région.  Il s’est félicité à cet effet des progrès réalisés dans la révision du Protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, et de l’opérationnalisation de son Cadre de prévention des conflits.  Après avoir noté l’adoption de nouvelles feuilles de route en vue de la tenue d’élections au Mali et au Burkina Faso ainsi que la levée des sanctions contre ces pays, il a exhorté les autorités de transition à ne ménager aucun effort pour assurer un retour définitif à l’ordre constitutionnel.  

M. Agyeman s’est inquiété de la détérioration de l’environnement sécuritaire, qui se traduit par une augmentation des attaques terroristes, l’aggravation des conflits intercommunautaires et entre éleveurs et agriculteurs, ainsi que l’expansion des activités terroristes dans les pays voisins du Sahel, tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo.  Il a condamné dans les termes les plus forts les attaques incessantes contre les populations civiles, le personnel des Nations Unies et les travailleurs humanitaires.  Les retombées de la crise en Libye sur le Sahel, le retour éventuel de combattants terroristes étrangers et la prolifération d’armes légères demandent une action coordonnée entre les pays de la région.  Il a réitéré son appui aux initiatives régionales, notamment l’Initiative d’Accra, la Force du G5 Sahel et la Force multinationale mixte, qui constituent un moyen durable de faire face à la situation sécuritaire dans la région, à condition qu’elles soient dotées d’un financement adéquat et prévisible.  Il a invité le Conseil de sécurité à adopter une « position cohérente » sur cette question. 

Si aucun enlèvement d’équipage n’a été enregistré au premier trimestre 2022, contre environ 40 au cours de la même période en 2021, le représentant s’est dit préoccupé par le lien croissant entre les terroristes sur terre et les pirates en mer.  Il s’est également alarmé de la détérioration de la situation humanitaire, alors que plus de 6,2 millions de personnes demeurent déplacées, une situation encore aggravée par la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et l’insécurité alimentaire.  Enfin, le représentant a réaffirmé la nécessité d’investir davantage dans la lutte contre les causes profondes de l’insécurité en améliorant la gouvernance et le développement, notamment au moyen de la mise en œuvre de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et du plan d’investissement prioritaire du G5 Sahel. 

M. RICHARD M. MILLS (États-Unis) a soutenu l’appui apporté par l’UNOWAS aux processus politiques dans la région.  Il a appelé les autorités maliennes à organiser des élections et à conduire la transition à son terme.  C’est ce qu’attendent le peuple malien et la communauté internationale, a déclaré le délégué.  Il a dénoncé les violations des droits humains qui seraient commises par l’armée malienne et par le groupe Wagner, lequel est soutenu par la Russie.  Il a appelé à la protection du droit de manifestation en Guinée et encouragé le dialogue appuyé par la CEDEAO.  Le délégué a en outre salué le calendrier de transition adopté au Burkina-Faso, avant de souligner l’appui de son pays à la lutte antiterroriste au Sahel.  Enfin, il a salué les efforts de l’UNOWAS pour remédier au défi des changements climatiques dans la région.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué les progrès réalisés par la CEDEAO dans ses négociations avec le Mali et le Burkina Faso sur les calendriers de transition, notant qu’ils ont permis la levée de certaines sanctions économiques et financières.  Elle s’est aussi félicitée de la libération du Président burkinabé Kaboré, avant d’exhorter les autorités de transition du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée à tenir leurs engagements.  Au Mali, nous attendons également des autorités qu’elles respectent le nouveau mandat confié par le Conseil de sécurité à la MINUSMA ainsi que l’accord sur le statut des forces, a-t-elle indiqué, souhaitant par ailleurs que des réponses humanitaires soient apportées de toute urgence car, partout dans la région, les prix alimentaires et le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire ne cessent d’augmenter. 

La représentante a par ailleurs constaté que l’insécurité continue de progresser, en particulier depuis le Sahel central vers les États côtiers, et que des pays comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin ont connu des attentats terroristes ces derniers mois.  Cette tendance mérite clairement notre vigilance collective, a-t-elle plaidé, non sans déplorer la décision malienne de se retirer de la coopération du G5 Sahel.  Elle a appelé le groupe indépendant de haut niveau chargé de la sécurité et du développement au Sahel à adopter une approche holistique pour ce qui est du dialogue politique.  Les discussions ne peuvent pas ignorer les questions liées au financement ou aux mandants des opérations dirigées au niveau régional, a-t-elle estimé.  Et elles doivent également reposer sur la diligence raisonnable en matière de droits humains.  Enfin, après s’être réjouie des progrès enregistrés contre la piraterie dans le golfe de Guinée, grâce au leadership de pays tels que le Nigéria et le Ghana, la déléguée a mis l’accent sur les effets des changement climatiques sur la sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  Elle a salué le travail accompli dans ce domaine par l’UNOWAS, qui informe la Commission de consolidation de la paix et aide la CEDEAO et les États de la région à élaborer des stratégies de réponse.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) s’est félicité de la tenue d’élections démocratiques en Gambie et au Sénégal, ce qui est de bon augure pour la tenue d’élections dans plusieurs pays en 2023 et démontre la « foi » des peuples de la région dans la démocratie.  Cette embellie a toutefois été éclipsée par les coups d’État récents menés au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, s’est-il inquiété, en notant que les processus démocratiques dans la région risquent d’être compromis par la violence « incessante » des groupes terroristes et armés.  Il a salué à cet égard l’engagement continu de la CEDEAO avec les autorités de transition de ces pays en vue de l’adoption d’une feuille de route.  La violence perpétrée par des groupes terroristes affiliés à Al-Qaida et à Daech atteint des niveaux sans précédent, a-t-il insisté, en condamnant l’attaque menée il y a deux jours contre la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA).  « Cette situation est révélatrice de certaines tendances inquiétantes », a poursuivi le représentant, notamment l’aggravation des déplacements et de la crise humanitaire, l’expansion du terrorisme vers le sud, comme en témoignent les attaques au Bénin et au Togo, et l’exploitation des failles de sécurité par des groupes armés dans le contexte de la reconfiguration actuelle des forces de sécurité.  Déplorant une cohésion politique insuffisante et un manque de ressources, le représentant a encouragé les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel à redynamiser leur coopération en matière de sécurité et réitéré son soutien à un appui durable et prévisible aux initiatives régionales de sécurité.  Selon lui, la question des changements climatiques devrait être abordée de manière globale au moyen de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris.  Toutefois, a-t-il précisé, « aucun lien artificiel ne doit être établi entre les changements climatiques et les questions de sécurité sans base scientifique solide ».

M. MOHAMED ISSA ABUSHAHAB (Émirats arabes unis) a souligné les progrès accomplis s’agissant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, avant de dénoncer la recrudescence de la menace terroriste.  Il a plaidé pour une approche holistique visant à éradiquer les causes profondes de cette menace et à renforcer la résilience des communautés locales.  Les processus politiques doivent être inclusifs, a indiqué le délégué, en demandant la pleine participation des femmes.  Il a souligné le rôle crucial joué par la CEDEAO et salué les récentes décisions prises par celle-ci.  Le délégué a enfin salué les efforts de l’UNOWAS pour remédier au défi des changements climatiques dans la région.

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a condamné l’attaque perpétrée hier contre un convoi de la MINUSMA, qui a coûté la vie à deux Casques bleus et blessé plusieurs autres.  Elle s’est ensuite déclarée préoccupée par la situation humanitaire alarmante au Sahel, relevant que l’insécurité alimentaire de la région s’est encore aggravée en raison des incidences de la guerre en Ukraine, avec des stocks alimentaires en baisse et des prix alimentaires à des niveaux record.  À cette aune, elle a exhorté la communauté internationale à soutenir le Plan de réponse humanitaire 2022 qui n’est financé qu’à hauteur de 15%.  La représentante s’est par ailleurs alarmée de la situation instable en matière de sécurité, avant de constater que la menace terroriste continue de s’étendre dans le Sahel central et la région du lac Tchad, gagnant peu à peu les pays côtiers.  Elle a cependant salué l’adoption récente de la résolution sur le golfe de Guinée renforçant la sécurité maritime, tout en encourageant les autorités à intensifier leur collaboration dans le cadre de l’Initiative d’Accra et à renforcer leur coopération transfrontalière.  À cet égard, elle a souligné que le G5 Sahel reste vital pour la stabilisation régionale.  Elle s’est ensuite félicitée des développements positifs réalisés depuis la dernière réunion du Conseil, y compris les élections pacifiques en Gambie et au Sénégal.  Appelant les pays de la région à renforcer leur démocratie et leur système judiciaire, elle s’est inquiétée de la progression des violations des droits humains, encourageant l’UNOWAS à soutenir les États du Sahel dans ce domaine.  Enfin, après avoir félicité l’ONU, l’UA, la CEDEAO et le G5 Sahel pour le lancement d’une évaluation stratégique conjointe de la sécurité et de la gouvernance au Sahel, elle a salué la décision de la CEDEAO de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali.  

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a noté que la région est confrontée à des défis terroristes accrus, des conflits interethniques et intercommunautaires et un trafic de drogue en plein essor.  Davantage de personnes sont mortes au cours du premier semestre de 2022 que pendant toute l’année précédente, a noté la déléguée.  La situation humanitaire reste extrêmement difficile, alors que le nombre de personnes déplacées et ayant besoin d’une aide alimentaire a considérablement augmenté.  Ces défis exigent des États de la région qu’ils redoublent d’efforts pour rétablir une gouvernance efficace, notamment au moyen de l’évaluation stratégique conjointe de la situation dans le domaine de la gouvernance et de la sécurité ainsi que de la mise en œuvre de l’Initiative d’Accra, a-t-elle fait valoir.  La déléguée a salué la levée des sanctions contre Bamako et l’accord sur le calendrier des élections comme une évolution positive pour toute la région, tout en espérant que cette étape, qui s’ajoute aux progrès réalisés au Burkina Faso et en Guinée, contribuera à rétablir la confiance et ouvrira la porte à une plus grande coopération régionale.  

Force est de constater que le retrait du Mali des opérations Barkhane et Takuba, sans accord avec Bamako, a un impact négatif sur la situation sécuritaire, a poursuivi la déléguée.  Des instructeurs russes ont commencé à aider le Mali à lutter contre le terrorisme sur la base d’accords bilatéraux, a-t-elle expliqué, en se félicitant des « résultats positifs » obtenus.  Elle a rejeté les « fabrications infondées » qui visent à dénigrer l’aide russe au Mali et à d’autres pays du continent.  Selon elle, les « ingérences extérieures » continuent de provoquer des divisions dans la région, alors que le rôle principal dans le maintien de la paix et de la sécurité au Sahel doit revenir aux Sahéliens eux-mêmes.  Elle a défendu à cet égard le principe « problèmes africains, solutions africaines ».  S’agissant de l’UNOWAS, la déléguée a estimé que son efficacité est tributaire de ses interactions avec des organisations régionales telles que l’Union africaine, la CEDEAO et la Commission du bassin du lac Tchad, tout en notant, comme l’Union africaine, que la coordination entre les différentes entités opérant dans la région est seule à même de résoudre les problèmes du Sahel.  Enfin, elle a qualifié « d’absurde » le maintien des sanctions du Conseil de sécurité contre la Guinée-Bissau en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et appelé à leur démantèlement progressif.

M. FERGUS JOHN ECKERSLEY (Royaume-Uni) s’est félicité des développements positifs intervenus depuis la dernière réunion d’information sur l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.  Il a estimé à cet égard que les élections pacifiques organisées en décembre et avril en Gambie sont un exemple de progrès de la démocratie ouest-africaine.  Le représentant a, d’autre part, jugé que les récents progrès des calendriers électoraux au Mali et au Burkina Faso sont encourageants en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.  Il a donc encouragé l’UNOWAS à continuer de se concentrer sur les processus électoraux dans toute la région, en étroite coordination avec la CEDEAO et l’Union africaine.  Sur le plan sécuritaire, il s’est réjoui de l’amélioration enregistrée dans le golfe de Guinée, tout en s’alarmant de la dégradation de la situation au Nigéria, au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.  Le représentant s’est également inquiété du conflit en cours impliquant des groupes extrémistes, estimant que la présence dans la région de mercenaires, dont ceux du groupe Wagner, constitue un « facteur de déstabilisation ».  Il a encouragé le Représentant spécial à s’attaquer aux causes profondes des conflits, y compris par la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel.  Pour sa part, le Royaume-Uni travaille avec le Nigéria via un partenariat de sécurité et de défense et soutient la stabilité au Mali et au Sahel grâce à sa contribution à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali (MINUSMA).  Le Royaume-Uni s’emploie également à lutter contre la crise alimentaire dans la région, notamment au travers de son aide au développement au Sahel, d’un montant de plus de 200 millions de dollars entre 2019 et 2021, a précisé le représentant, avant d’appeler tous les acteurs à poursuivre leur coopération avec l’UNOWAS pour faciliter l’accès humanitaire.

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a déploré l’intensification de la violence dans la région, les pays côtiers étant désormais touchés.  Elle a souligné le soutien de la CEDEAO aux processus politiques dans la région et noté la levée partielle des sanctions contre le Mali.  La priorité doit être le règlement des difficultés de gouvernance dans la région, a déclaré la déléguée, en rappelant que le vide étatique profite aux extrémistes.  Elle a souligné la nécessité que les efforts militaires s’accompagnent d’une fourniture de services de base et respectent le droit international.  Sans cela, ces efforts militaires sont voués à l’échec, a averti la déléguée.  Enfin, la représentante du Mexique a plaidé pour une stratégie de développement durable à l’échelle régionale, avec une pleine participation des femmes.  

M. WADID BENAABOU (France) a réaffirmé son soutien aux efforts de la CEDEAO et de l’UNOWAS pour promouvoir la stabilité et la gouvernance démocratique dans la région.  Il a appelé au respect des engagements pris pour le retour à l’ordre constitutionnel et l’organisation d’élections au Mali, en Guinée et au Burkina Faso.  Alors qu’approche la date des élections prévues au Sénégal et en Guinée-Bissau, il a souligné l’importance de faire en sorte qu’elles soient « libres et transparentes, ouvertes à l’opposition et à la société civile, avec une participation significative des femmes et des jeunes ».  Se tournant vers la situation sécuritaire, le représentant a réitéré sa préoccupation face à l’aggravation de la menace terroriste dans la région, qui touche désormais le Bénin et le Togo.  Après s’être félicité de l’adoption d’une résolution sur l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée, il a déclaré que la France poursuivra son appui en matière de sécurité aux pays côtiers qui en font la demande, en coordination avec leurs partenaires, notamment européens.  Les efforts sécuritaires doivent par ailleurs être complétés par des actions simultanées sur les enjeux de gouvernance et de développement, a fait valoir le représentant, en appuyant les travaux menés dans le cadre du Panel de haut niveau dirigé par M. Mahamadou Issoufou.  Enfin, il s’est inquiété des conséquences des changements climatiques et de leurs effets sur la sécurité alimentaire dans la région.  

M. DAI BING (Chine) a constaté que l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sont confrontés à une grave situation politique et sécuritaire.  Pour faire face efficacement à ces différentes crises, il a appelé les parties à régler leurs différends politiques grâce au dialogue.  Saluant le fait que plusieurs pays de la région préparent des élections, tandis que d’autres, comme le Sénégal et la Gambie, ont organisé avec succès des scrutins locaux et législatifs, il a exhorté la communauté internationale à respecter la souveraineté et le leadership des pays de la région.  Le représentant a également salué la décision de la CEDEAO de lever les sanctions économiques et financières contre le Mali, avant de rappeler que la Chine est favorable à la promotion de solutions africaines aux problèmes africains.  Il a souligné que la stabilité régionale est aujourd’hui mise en danger par les activités de groupes terroristes, qui, après avoir semé le chaos dans le Sahel central, gagnent désormais les pays côtiers.  La Chine, a-t-il dit, contribue à la coopération régionale contre le terrorisme en fournissant aux pays une aide matérielle et logistique.  Il convient de renforcer cette coopération pour éviter tout vide sécuritaire, a-t-il plaidé, avant de saluer les efforts consentis par les pays de l’Afrique de l’Ouest du Sahel pour juguler cette menace.  Appelant de ses vœux une reprise de la coopération au sein du G5 Sahel, le délégué a appuyé la décision de l’Union africaine et de la CEDEAO de mener une évaluation stratégique conjointe pour donner un nouvel élan à la lutte antiterroriste.  Enfin, après avoir enjoint la communauté internationale de financer les programmes d’aide humanitaire et d’atténuation climatique pour la région, il s’est réjoui que la situation dans le golfe de Guinée ait enregistré des progrès grâce à la coopération des pays riverains.  

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) s’est inquiété de l’effondrement constitutionnel dans plusieurs pays, relevant notamment que le coup d’État au Mali a eu des conséquences négatives sur la lutte antiterroriste dans la région.  Il a salué l’accord récemment trouvé entre le Mali et la CEDEAO et la levée des sanctions contre le Mali.  Il a ensuite pris note du calendrier de transition adopté au Burkina Faso.  S’agissant de la Guinée, il a regretté que les autorités n’aient pas accepté le Médiateur de la CEDEAO, avant de demander le retour à une gouvernance civile.  Il a déploré l’intensification de la violence dans la région, les pays côtiers étant désormais touchés.  Enfin, le délégué du Brésil a souligné les progrès accomplis s’agissant de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée, avant de rappeler l’engagement du Conseil sur ce dossier.  

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