Le Conseil de sécurité réaffirme le rôle important de la Ligue des États arabes et des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits de la région
Le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle adoptée ce matin à l’initiative des Émirats arabes unis, pays qui préside l’organe ce mois-ci, a souligné qu’il « importe de concevoir des politiques pour la jeunesse qui viennent renforcer les activités de consolidation de la paix dans la région arabe ». Le Conseil a en effet réaffirmé le rôle important des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits dans cette région, à l’issue d’une séance consacrée à la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes.
Lors de cette réunion présidée par le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, M. Khalifa Shaheen, en présence notamment du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et du Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, le Conseil a recommandé notamment d’appuyer les projets de développement de l’économie locale et d’offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et de formation technique, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse.
Tout en se félicitant de la solide coopération qui existe entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes, le Conseil se déclare à nouveau disposé à envisager de nouvelles mesures pour une coopération et une coordination stratégique plus étroites entre les deux organisations. Il indique attendre avec intérêt la quinzième réunion générale de coopération entre les deux organisations, qui se tiendra en juillet 2022 à Genève, avec pour objectif la mise au point d’un cadre biennal englobant des activités dans divers domaines, dont la paix et la sécurité. Le Conseil réaffirme aussi que les femmes doivent participer pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à la prévention et au règlement des conflits, soucieux de promouvoir l’émancipation économique des femmes et l’élimination de la pauvreté dans la région arabe.
Une invitée à la séance, femme et jeune à la fois, qui s’exprimait « au nom des 100 millions de jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord », Mme Razan Farhan Alaqil, représentante de la société civile, a, elle aussi, exhorté les États Membres de l’ONU à promouvoir le rôle des jeunes dans les actions préventives, car « mes frères et sœurs ont aussi leur mot à dire en matière de développement durable, dont ils sont des acteurs de terrain ».
Au niveau des institutions, le Conseil a également souligné, dans la déclaration présidentielle, qu’il importe de renforcer la coordination et la coopération trilatérales entre les deux organisations et l’Union africaine concernant les questions de paix et de sécurité interrégionales, ce que M. Shaheen et l’Albanie, notamment, ont appelé de leurs vœux. Près de la moitié de la population arabe vit en Afrique et cette réalité sociologique scelle la communauté de destin qui existe entre la Ligue et l’Union africaine, a rappelé le Gabon.
Dans son intervention, M. Guterres a rappelé que le renforcement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales est une condition sine qua non du renforcement du multilatéralisme au niveau mondial. Appelant à rester unis dans la réponse aux crises auxquelles sont confrontés les pays de la région arabe et le monde entier, le Secrétaire général a souligné l’urgence au moment où nous sommes confrontés aux conséquences profondes et mondiales de la guerre en Ukraine. Le monde arabe, a-t-il fait remarquer, compte en grande partie sur les importations de blé de l’Ukraine et de la Russie. Une inquiétude partagée par le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, qui a dit craindre des conséquences économiques désastreuses sur les pays arabes qui risquent en outre de voir leurs propres crises passer au second plan.
Or, ces crises arabes, notamment les conflits en Syrie et au Yémen, « ne vont pas se résoudre d’elles-mêmes », a-t-il mis en garde. Concernant la Palestine, il a déploré que la Puissance occupante continue de « manipuler les choses » et de « faire obstacle » aux négociations directes. L’ordre international ne peut reposer sur un deux poids, deux mesures, selon M. Aboul Gheit, qui a demandé aux membres du Conseil d’appliquer les mêmes critères à tous. Il est nécessaire de renouveler les efforts entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes pour soutenir la relance du processus de paix au Moyen-Orient en vue de parvenir à la solution des deux États, a suggéré M. Harsh Vardhan Shringla, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Inde.
Pour le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, la séance d’aujourd’hui est d’autant plus importante qu’un grand nombre des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité sont « des questions arabes ». Estimant que la communauté internationale se contente de gérer ces crises plutôt que de les résoudre, il a constaté que cela conduit à maintenir plusieurs de ces questions à l’ordre du jour du Conseil depuis des décennies.
Cette réunion a été l’occasion de partager des évaluations et des solutions efficaces aux conflits et aux crises auxquelles est confrontée la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Les membres du Conseil ont ainsi évoqué les situations en Syrie, au Yémen, en Libye, en Iraq, au Liban, au Soudan et en Somalie. Plusieurs se sont en outre inquiétés des répercussions de la guerre en Ukraine, à l’instar des États-Unis qui se sont félicités du fait qu’une majorité des membres de la Ligue des États arabes aient voté en faveur de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 2 mars dernier. La France, pour sa part, s’est inquiétée des menaces majeures qui traversent la région, citant le terrorisme du fait notamment de la résurgence de Daech. La Fédération de Russie, a, quant à elle, tenu à rappeler le concept russe de « sécurité collective » dans la région du golfe Persique, une invitation au dialogue, dans lequel la Ligue peut jouer un rôle important.
COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES
Ligue des États arabes (S/2022/240)
Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le Conseil rappelle toutes ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur la question.
Le Conseil se félicite des exposés présentés le 23 mars 2022 par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit, et réaffirme que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, peut améliorer considérablement la sécurité collective.
Le Conseil considère que les organisations régionales sont bien placées pour appréhender les causes profondes des conflits armés du fait de leur connaissance de la région, qui peut être utile à la prévention ou au règlement de ces conflits. Il souligne et encourage les mesures prises par la Ligue des États arabes et ses États membres pour contribuer aux efforts collectifs visant à régler pacifiquement les conflits dans la région arabe, tout en réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale des pays et aux buts et principes énoncés dans la Charte. Il note que l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes ont pour objectif commun de promouvoir et de faciliter le règlement des conflits dans la région arabe, conformément à la Charte et aux résolutions qu’il a adoptées sur la question, et exprime son soutien aux initiatives internationales et régionales menées dans ce but.
Le Conseil salue les efforts résolus qui sont déployés pour renforcer la coopération et la coordination stratégiques entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales qui peuvent jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et, à cet égard, encourage une prise en compte du fait qu’il faut continuer de renforcer les capacités de la Ligue des États arabes dans les domaines de la prévention des conflits, de la gestion des crises, de la stabilisation après les conflits et de la pérennisation de la paix, notamment grâce à un apport en personnel et à l’octroi d’une aide technique et financière, selon qu’il conviendra.
Le Conseil réaffirme que les jeunes apportent une contribution importante et constructive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité et qu’ils jouent un rôle important dans la prévention et le règlement des conflits dans la région arabe. Il souligne de plus qu’il importe de concevoir des politiques pour la jeunesse qui viennent renforcer les activités de consolidation de la paix dans la région arabe et notamment favoriser le développement économique et social, appuyer les projets de développement de l’économie locale et offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et de formation technique, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse.
Le Conseil se félicite de la solide coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes et se déclare à nouveau disposé à envisager de nouvelles mesures pour promouvoir une coopération et une coordination stratégique plus étroites entre les deux organisations dans les domaines de l’alerte rapide en cas de conflit, de la prévention, du maintien de la paix, de la consolidation et de la pérennisation de la paix, de la promotion du respect du droit international et de la Charte, de la lutte contre les causes profondes des conflits, de l’accroissement de la sûreté et de la sécurité en mer et de la lutte contre les menaces à cet égard, notamment par le renforcement des capacités dans la région arabe, de la prévention et de la répression du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, et du renforcement – par la promotion de la tolérance, de l’inclusion, du respect et du dialogue – de la capacité de résilience des populations locales face aux tentatives d’incitation.
Le Conseil mesure également l’importance de la coopération dans d’autres domaines tels que l’aide au développement durable, les évaluations globales des risques et les stratégies de gestion des risques, notamment l’élimination de la pauvreté, la sécurité alimentaire et la gestion de l’eau, la réduction des risques de catastrophe et la gestion de la désertification et de la sécheresse dans la région arabe.
Il rappelle que la toute première réunion consultative conjointe qu’il a tenue avec le Conseil de la Ligue des États arabes a eu lieu au Caire en 2016 et se déclare disposé à en envisager de nouvelles.
Le Conseil prend note des résultats des réunions générales sur la coopération tenues entre le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et celui de la Ligue des États arabes, et leurs institutions spécialisées. Il attend avec intérêt la quinzième réunion générale de coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue, qui se tiendra en juillet 2022 à Genève, avec pour objectif la mise au point d’un cadre biennal englobant des activités dans divers domaines, dont la paix et la sécurité.
Le Conseil a conscience des efforts consentis par les deux organisations, de l’engagement de leurs secrétaires généraux respectifs face aux répercussions de la pandémie de COVID-19, en particulier dans les contextes de conflit, et des initiatives qu’elles ont prises à cet égard, et exige de nouveau, conformément à ses résolutions 2532 (2020) et 2565 (2021), la cessation générale et immédiate des hostilités ainsi qu’une pause humanitaire durable dans toutes les situations de conflit inscrites à son ordre du jour, y compris dans la région arabe.
Le Conseil souligne en outre qu’il est urgent d’intensifier et d’accélérer les efforts internationaux et régionaux visant à prévenir l’escalade des tensions, à encourager le dialogue multilatéral, à faire progresser le règlement politique des différends, à améliorer la sécurité collective et à promouvoir une paix juste et durable dans toutes les situations de conflit dans la région.
Conscient des conséquences humanitaires désastreuses des conflits, le Conseil insiste sur la nécessité urgente de financer l’action humanitaire dans la région arabe.
Le Conseil se félicite des mesures prises par la Ligue des États arabes pour appliquer la résolution 1325 (2000) et les résolutions ultérieures pertinentes, notamment l’élaboration d’un plan d’action régional pour les femmes et la paix et la sécurité, et encourage l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes à promouvoir davantage la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité et du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, en application de la résolution 2250 (2015) et des résolutions ultérieures sur la question.
Le Conseil réaffirme qu’il importe que les femmes participent pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à la prévention et au règlement des conflits ainsi qu’à la consolidation de la paix, ainsi qu’il l’a reconnu dans sa résolution 1325 (2000) et d’autres résolutions sur la question; il souligne que la participation, l’autonomisation, le rôle mobilisateur et l’inclusion des femmes sont essentiels pour la consolidation et la pérennisation de la paix et invite à redoubler d’efforts pour promouvoir l’émancipation économique des femmes et l’élimination de la pauvreté dans la région arabe.
Le Conseil se dit favorable à ce que le Secrétaire général de la Ligue des États arabes lui fasse un exposé annuel, afin de faire progresser plus avant sa coopération avec la Ligue sur les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité, en particulier au niveau régional, et d’examiner les moyens d’améliorer la sécurité collective et d’appuyer les initiatives et cadres mis en place à cet égard.
Dans le même esprit, le Conseil se dit favorable à la tenue d’une réunion informelle annuelle entre ses membres et ceux du Conseil de la Ligue des États arabes, et, chaque fois que possible, d’une réunion informelle entre ses membres et les représentants de la troïka du Sommet arabe et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, en marge du débat de haut niveau de l’Assemblée générale.
Le Conseil souligne qu’il importe de renforcer la coordination et les consultations entre la Ligue des États arabes et les Envoyés et Représentants spéciaux des Nations Unies, notamment par l’organisation de réunions périodiques, en vue de mieux appréhender les différentes situations de crise dans la région et de trouver des solutions efficaces dans le cadre d’une action conjointe, selon qu’il conviendra.
Le Conseil souligne également qu’il importe de renforcer la coordination et de la coopération trilatérales entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes concernant les questions de paix et de sécurité interrégionales, et avec d’autres organisations régionales compétentes concernant des situations d’intérêt commun, et encourage la tenue de consultations entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes.
Le Conseil se félicite de l’ouverture, en juin 2019 au Caire, du Bureau de liaison de l’Organisation des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes, et engage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et le Secrétariat général de la Ligue des États arabes à promouvoir son rôle dans le renforcement de la coopération entre les deux organisations. Il se félicite qu’une personne ait été nommée à la direction du Bureau et estime qu’il faudra faire en sorte que le Bureau renforce effectivement le partenariat stratégique et opérationnel entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes.
Le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de lui communiquer, au moins 30 jours avant qu’il ne tienne sa prochaine séance sur la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes, un bref rapport sur l’application de la présente déclaration et sur de nouveaux moyens de renforcer les relations institutionnelles et la coopération entre les deux organisations.
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné le rôle clef de la Ligue des États arabes, insistant sur le renforcement de la coopération de l’ONU avec les organisations régionales, une condition sine qua non du renforcement du multilatéralisme au niveau mondial. Il a rappelé que lorsque la pandémie de COVID-19 a bouleversé les sociétés et les économies, créant de nouvelles sources d’instabilité, le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Ahmed Aboul Gheit, et lui-même ont appelé ce Conseil à ouvrir un espace pour les efforts multilatéraux, l’action humanitaire et les solutions diplomatiques. « Nous devons rester unis dans nos quêtes de réponses multilatérales à la foule de défis auxquels sont confrontés les pays de la région arabe et le monde entier. » M. Guterres a vu cela comme une urgence au moment où nous sommes confrontés aux conséquences profondes et mondiales de la guerre en Ukraine. Il a relevé à ce propos que de nombreux pays importent parfois jusqu’à la moitié de leur blé de l’Ukraine et de la Russie, citant en exemple l’Égypte, la Libye, le Liban, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Les cours des denrées alimentaires, des carburants, des engrais flambent, s’est-il alarmé en constatant aussi que les chaînes d’approvisionnement sont mises à mal et que les importations enregistrent des retards considérables. Tout cela touche le plus durement les plus pauvres, semant les graines d’instabilité de par le monde, a-t-il averti. À cet égard, il a fait part de sa déception que l’appel, la semaine dernière pour le Yémen, ait été financé de moins de la moitié.
Le Secrétaire général s’est appesanti sur le sort des 20 millions de Yéménites qui ont besoin d’aide humanitaire et de protection vitale, et a fait appel à la générosité des membres de la Ligue des États arabes et à tous les pays pour qu’ils trouvent des moyens créatifs de financer les besoins accrus d’aide humanitaire et de redressement du développement dans le monde entier, qu’ils fassent preuve de générosité et qu’ils débloquent immédiatement les fonds promis. Il a, de même, dit compter sur la Ligue des États arabes pour soutenir les efforts déployés sous l’égide des Nations Unies afin de parvenir à un cessez-le-feu durable, désamorcer les tensions, faire progresser un processus politique inclusif et fournir une aide humanitaire et économique au peuple yéménite.
Poursuivant, il a salué l’engagement constructif de la Ligue en Libye pour aider à préserver l’unité et la stabilité durement gagnée depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu en octobre 2020 et appelé à continuer à donner la priorité à un accord sur un processus politique global et à faire avancer la mise en œuvre complète de la résolution 2570 (2021) du Conseil de sécurité. Au Soudan, le Secrétaire général a salué l’étroite collaboration entre la Ligue des États arabes et l’ONU, tant au niveau bilatéral que dans le cadre du Groupe des Amis du Soudan, pour encourager un dialogue constructif en vue d’une transition inclusive et pacifique. En Syrie, la seule façon, pour lui, de sortir de l’impasse et d’alléger les souffrances du peuple syrien est de mettre en place un processus politique crédible qui prévoit la pleine application de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.
M. Guterres a ensuite parlé du Liban. Il a exprimé sa reconnaissance à la Ligue des États arabes et à ses membres pour avoir exhorté le Gouvernement libanais à gérer la crise du pays par des réformes significatives, des élections en temps opportun, un engagement constructif avec le Fonds monétaire international (FMI) et la mise en œuvre intégrale des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006) du Conseil de sécurité. Venant à la situation en Iraq, le Secrétaire général s’est félicité du renforcement de la coopération stratégique entre le Gouvernement et les membres de la Ligue, qui a notamment donné lieu à une mission d’observation des élections parlementaires iraquiennes en octobre dernier.
Le Secrétaire général a enchaîné avec Israël et la Palestine, assurant que la Ligue et les Nations Unies restent déterminées à trouver une voie permettant au processus de paix de progresser et à l’occupation de prendre fin. Il a rappelé que « notre objectif commun reste deux États, Israël et un État palestinien indépendant, démocratique, contigu, viable et souverain, vivant côte à côte en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, sur la base des lignes d’avant 1967, avec Jérusalem comme capitale commune des deux États ». Il a souligné la détérioration des conditions politiques, économiques et de sécurité dans l’ensemble du territoire palestinien occupé et la crise financière existentielle de l’UNRWA qui affecte les droits et le bien-être des réfugiés palestiniens dans toute la région, réitérant son appel aux États Membres pour un soutien financier accru.
Pour finir, M. Guterres s’est réjoui de renforcer encore les liens entre les deux organisations, notamment par le biais du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes. Pour ce qui est de l’avenir, il a rappelé la tenue de la quinzième réunion de coopération générale entre les deux organisations prévue en juillet afin de faire progresser « notre cadre biennal ». Nous travaillerons ensemble à une réunion sectorielle sur les changements climatiques, a-t-il précisé. Notre relation avec la Ligue des États arabes et le soutien solide de ses membres n’ont jamais été aussi essentiels, ni aussi appréciés, a conclu le Secrétaire général de l’ONU.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes, a dit craindre que la guerre en Ukraine ait des conséquences économiques désastreuses sur les pays arabes et que leurs propres crises passent au second plan. Or, ces crises arabes, notamment les conflits en Syrie et au Yémen, « ne vont pas se résoudre d’elles-mêmes », a-t-il mis en garde. Concernant la Palestine, malgré l’adoption par le Conseil du « principe de terre contre paix » et de l’objectif d’une solution à deux États pour mettre un terme à l’occupation israélienne, il a déploré que la Puissance occupante continue de « manipuler les choses » et de « faire obstacle » aux négociations directes. L’ordre international ne peut reposer sur un deux poids, deux mesures, selon M. Aboul Gheit, qui a demandé aux membres du Conseil d’appliquer les mêmes critères à tous. Il a aussi parlé de l’impasse politique et des conditions économiques en détérioration en Syrie, que ce soit dans les régions contrôlées par « le régime » ou par d’autres forces, et craint que la guerre en Ukraine ait des conséquences néfastes sur le conflit.
En Libye, des forces étrangères, « mercenaires », sont toujours présentes alors qu’il était convenu, lors des deux conférences de Berlin, qu’ils quittent les lieux, a-t-il déploré, en ajoutant que la Ligue est disposée à y superviser des élections libres dans les plus brefs délais. Concernant le Yémen, où les forces houthistes menacent les pays voisins avec des missiles balistiques et des drones, la Ligue se félicite de l’adoption de la résolution 2624 (2022). M. Aboul Gheit a critiqué l’interventionnisme iranien dans les affaires internes des États en demandant de déployer tous les efforts possibles pour faire pression sur l’Iran, y compris dans les négociations concernant son programme nucléaire. Enfin, concernant la coopération entre la Ligue et l’ONU, M. Aboul Gheit a loué les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la voix des jeunes dans le monde arabe, ainsi que l’élan positif incarné par le nouveau Bureau des Nations Unies pour la jeunesse qui, a-t-il espéré, renforcera l’engagement avec les jeunesses arabes. Il s’est aussi félicité de la création d’un conseil consultatif de haut niveau chargé du multiculturalisme.
Mme RAZAN FARHAN ALAQIL, représentante de la société civile, a déclaré s’exprimer au nom des 100 millions de jeunes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Cette jeunesse, qui représente plus de 60% de la nation arabe, est porteuse d’un message de paix, a-t-elle affirmé, avant de plaider pour leur participation effective aux décisions qui les concernent. À cet égard, elle a rappelé qu’en 2015, le Conseil de sécurité a adopté la résolution 2250, qui est un texte fondateur sur les jeunes et la paix et sécurité. Soulignant la nécessité d’inclure les jeunes dans les efforts destinés à instaurer une paix durable et à favoriser la réconciliation, elle a exhorté les États Membres de l’ONU à promouvoir leur rôle dans les actions préventives, les alertes précoces et le règlement des conflits, ainsi que dans le maintien et la consolidation de la paix.
« Mes frères et sœurs ont aussi leur mot à dire en matière de développement durable, dont ils sont des acteurs de terrain. » La représentante a fait valoir que la jeunesse entend être perçue en fonction de son expérience et de ses compétences et non de son seul âge. « Nous vous appelons à croire et à reconnaître nos capacités », a-t-elle souligné, assurant que les jeunes sont à même de traiter des défis à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et de contribuer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. À cette aune, la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes est essentielle mais elle doit inclure les jeunes, a insisté Mme Alaqil. Après avoir applaudi les initiatives prises à cette fin par plusieurs États arabes, notamment la Jordanie, Bahreïn et les Émirats arabes unis, elle a jugé que les jeunes sont un moteur crucial pour la mise en œuvre des trois piliers des Nations Unies, à savoir la paix et la sécurité, le développement socioéconomique et les libertés fondamentales. « Nous sommes vos fils et vos filles, aidez-nous à diriger le monde à l’avenir », a-t-elle conclu.
Pour M. KHALIFA SHAHEEN, Ministre d’État, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, la séance d’aujourd’hui est d’autant plus importante qu’un grand nombre des questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil de sécurité sont « des questions arabes ». Estimant que la communauté internationale se contente de gérer ces crises plutôt que de les résoudre, il a constaté que cela conduit à maintenir plusieurs de ces questions à l’ordre du jour du Conseil depuis des décennies. Le conflit israélo-palestinien et d’autres crises (Syrie, Yémen, Libye, Iraq, Liban, Soudan et Somalie) ont imposé un coût politique, économique et humanitaire élevé à la région, a souligné le Ministre ajoutant que cela ne fait qu’accroître le risque d’une escalade drastique de la situation dans la région et dans le monde. Par ailleurs, les défis et crises actuels, avec leurs aspects complexes et intrinsèquement transfrontaliers, exigent de toutes les parties des efforts collectifs tant au niveau régional qu’international, a-t-il relevé. « Cette nécessité d’une collaboration étroite souligne l’importance de la réunion d’aujourd’hui. »
M. Shaheen a espéré que ce débat pourra contribuer à renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes. Il a argué que la Ligue a une connaissance approfondie des défis régionaux ainsi que des préoccupations de ses États membres, ce qui lui permet de jouer un rôle de premier plan dans le soutien à la mise en œuvre du mandat principal du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales. Pour accroître la coordination et la concertation entre les deux organisations et institutionnaliser cette relation, il a prôné la mise en place de mécanismes d’échange d’informations et de points de vue sur la manière réaliste et pratique de relever les divers défis régionaux. À cette fin, le Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes devra être renforcé et doté des ressources et moyens nécessaires pour atteindre ses objectifs, a souhaité le Ministre qui a aussi demandé le renforcement de la coopération et de la complémentarité dans les activités de médiation entre les envoyés des Nations Unies et de la Ligue des États arabes, et le renforcement de la coopération trilatérale entre la Ligue des États arabes, l’ONU et l’Union africaine.
Le Ministre a fait ensuite une série de recommandations pour résoudre les problèmes de la région. Il a demandé plus d’initiatives et de programmes visant à renforcer le rôle des femmes arabes dans les questions de paix et de sécurité, saluant au passage la nomination de Mme Sima Sami Bahous au poste de première Directrice exécutive d’ONU-Femmes de la région. Il a également jugé nécessaire de se concentrer sur l’autonomisation des jeunes pour qu’ils jouent un rôle de premier plan dans le règlement des problèmes existants dans la région et participent aux efforts de consolidation de la paix, d’autant plus qu’environ 60% de la population de la région a moins de 25 ans. Le Ministre a ensuite souligné la nécessité pour les deux organisations de renforcer leurs efforts conjoints pour lutter contre l’extrémisme et le terrorisme, en soutenant les initiatives qui encouragent la coexistence pacifique et le dialogue entre les religions et les cultures dans la région. Enfin, il a rappelé que la région arabe a besoin d’opportunités économiques élargies et de projets porteurs de développement et de prospérité.
M. HARSH VARDHAN SHRINGLA, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Inde, a dit que l’Inde et le monde arabe ont en commun une civilisation et une longue tradition d’échanges qui expliquent que la roupie indienne était encore utilisée dans certains pays arabes il y a peu de temps. Il a aussi précisé que les pays arabes accueillent actuellement neuf millions d’Indiens qui travaillent dans différents secteurs. Il s’est félicité du rôle positif joué par la Ligue des États arabes pour la stabilité de la région avant de saluer la contribution importante des États arabes aux forces des missions de maintien de la paix. Pour améliorer les partenariats entre les Nations Unies et la Ligue des États arabes, le représentant a suggéré plus de synergies politiques entre les deux organisations par le biais de consultations périodiques. Il a aussi appelé à une coopération intégrée au niveau du terrain par le biais d’une collaboration entre les représentants spéciaux des deux organisations. Enfin, il a jugé nécessaires des efforts renouvelés entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes pour soutenir la relance du processus de paix au Moyen-Orient en vue de parvenir à la solution des deux États.
M. JAMES KARIUKI (Royaume Uni) a déploré la poursuite des guerres et conflits qui continuent de peser sur la région, citant la situation en Syrie où, a-t-il rappelé, 14 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, avant d’imputer au « régime Assad » la responsabilité de cette tragédie. À cet égard, il s’est félicité de la suspension de la Syrie en tant que membre de la Ligue des États arabes.
Au Yémen, sept millions de personnes sont au bord de la famine, a poursuivi le représentant appelant à un financement généreux et humanitaire. Passant en revue la situation dans la région du Golfe, il a condamné, les attaques terroristes perpétrées la semaine dernière par les houthistes contre l’Arabie saoudite. S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a appelé à poursuivre avec constance l’engagement en faveur de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967. À propos de la Libye, il a mis en garde contre un risque d’escalade.
Enfin, le représentant a évoqué l’invasion de l’Ukraine par la Russie, affirmant qu’elle avait contribué à un « sinistre tableau humanitaire » du fait de ses répercussions mondiales, avant de former le vœu que « nos efforts » seront soutenus, notamment à l’Assemblée générale, pour mettre un terme à cette guerre.
Selon M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), la Russie a toujours préconisé le renforcement de la coopération de l’ONU avec la Ligue des États arabes, notamment par le canal du bureau des Nations Unies ouvert en 2019 au Caire auprès de la Ligue. Le représentant a aussi jugé important de renforcer la coordination entre la Ligue et les envoyés spéciaux des Nations Unies pour surmonter les crises dans le monde arabe, afin de rechercher des mesures conjointes pour les résoudre. Il a rappelé le souhait de la Fédération de Russie de voir la Syrie réadmise au sein de la Ligue: « une telle mesure répondrait aux intérêts tant de Damas que de l’organisation elle-même », a-t-il jugé.
Compte tenu du potentiel de la Ligue pour la diffusion d’une culture de paix interreligieuse et la lutte contre les idéologies radicales, M. Nebenzia a estimé important qu’un dialogue soit mis en place entre la Ligue et l’ONU concernant le sort des minorités religieuses, notamment chrétiennes, dans les conflits frappant les pays arabes.
Il a aussi jugé dans l’intérêt de tous les États de la région arabe et au-delà de mettre de côté les suspicions mutuelles ainsi que le recours aux sanctions unilatérales, aux pressions et aux provocations. Dans la région du golfe Persique en l’occurrence, il a salué l’intention déclarée des acteurs régionaux de rechercher des solutions diplomatiques aux tensions existantes. Il a aussi rappelé le concept russe de « sécurité collective » dans la région du golfe Persique, qui vise à éviter les approches conflictuelles et à promouvoir un programme constructif et fédérateur. Cette initiative russe est une invitation au dialogue, dans lequel la Ligue peut jouer un rôle important, a estimé le représentant.
M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a jugé particulièrement important de travailler avec la Ligue des États arabes de manière coordonnée pour résoudre les conflits qui attendent un règlement de longue date, comme c’est le cas au Yémen, en Syrie et en Palestine. De même, il importe de veiller à ce que des élections aient lieu au Liban le 15 mai, a-t-il ajouté en saluant la participation d’une mission d’observation électorale de la Ligue. Il a aussi jugé crucial le soutien de celle-ci au renforcement des institutions en Iraq ainsi que l’appui qu’apporte la Ligue aux bons offices et à la médiation menée par l’ONU sur le dossier libyen afin de favoriser une transition politique par le dialogue.
Réitérant l’importance du suivi de la résolution 2532 (2020) relative à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial au moment de la pandémie de COVID-19, le délégué a exhorté la Ligue à redoubler d’efforts pour lutter contre le terrorisme et les flux d’armes illicites et permettre l’application effective des embargos sur les armes du Conseil. Il l’a également invitée à mettre en œuvre les programmes sur les femmes et la paix et la sécurité et relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, à prendre en compte les effets des changements climatiques en tant que facteur exacerbant les conflits et à utiliser les mécanismes d’alerte précoce et de prévention des conflits. Selon lui, la coopération avec les organisations régionales doit privilégier la diplomatie préventive et la médiation comme alternatives viable dans la recherche de solutions pacifiques durables.
M. MARTIN GALLAGHER (Irlande) a déclaré que l’Irlande attache la plus haute importance au rôle de la Ligue des États arabes et se félicite de la récente nomination de Mme Tamara al-Zayyat à la tête du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue. Prenant note de « son travail précieux » pour créer des synergies entre les deux secrétariats sur une série de questions importantes, il a estimé que l’une de ces questions est la relation entre changements climatiques et insécurité, tant au niveau de la région qu’au-delà, un domaine qui appelle plus de coopération. Soulignant l’impératif d’apporter des solutions politiques durables aux différends et conflits de la région, M. Gallagher a fait écho à l’appel des Émirats arabes unis à des approches innovantes pour renforcer la prévention et la médiation.
En Libye, la détérioration de la situation sur le terrain depuis le report des élections de décembre dernier est très préoccupante, a regretté le représentant. Tous les acteurs ont la responsabilité de sauvegarder les progrès pour lesquels le peuple libyen, soutenu par la communauté internationale, a travaillé si dur. Au Yémen, a-t-il poursuivi, des civils innocents souffrent depuis bien trop longtemps et seule une solution politique négociée apportera la paix, et pour cela, la désescalade de la violence est une condition incontournable. Toutes les parties à ce conflit sont liées par leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, a rappelé M. Gallagher, avant de condamner dans les termes les plus fermes les attaques transfrontières menées contre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Passant à la Syrie, le représentant a estimé qu’aujourd’hui plus que jamais, les parties devaient adhérer à un cessez-le-feu national permanent, conformément à la résolution 2254 (2015), en vue de pouvoir parvenir à une solution politique durable. Par ailleurs, en tant que principal contributeur de troupes à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) depuis 1978, l’Irlande reste résolument attachée à la stabilité du Liban, alors que les Libanais sont aux prises avec des défis politiques et économiques complexes, a également souligné le représentant. Il a mis en garde contre le fait que tous ces pays et d’autres de la région risquent d’être confrontés à une crise de sécurité humanitaire et alimentaire, sachant que l’Ukraine à elle seule fournit plus de la moitié du blé du Programme alimentaire mondial. L’invasion illégale de ce pays par la Russie a fait grimper les prix de la nourriture et des matières premières, ce qui aggrave la misère humanitaire pour des millions de personnes, a-t-il conclu.
Mme MONA JUUL (Norvège) a appuyé le renforcement de la coopération et du dialogue entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes, souhaitant que la Ligue joue un rôle plus important pour promouvoir la stabilité, la paix et la réconciliation dans la région, en coopération avec d’autres partenaires régionaux et internationaux. Mme Juul a salué l’accent mis aujourd’hui sur le rôle de la jeunesse en tant qu’agent de changement positif essentiel à une paix inclusive et durable. Comme moyens de renforcer les partenariats entre le Conseil et la Ligue, elle a d’abord suggéré le renforcement de la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) et le partage des leçons apprises pour soutenir la participation des jeunes aux efforts régionaux de paix et de sécurité. Elle a aussi souhaité que la collaboration des deux organisations soit renforcée sur les enfants et les conflits armés, avant de demander une meilleure coordination sur les questions liées au climat et à la sécurité s’appuyant sur la valeur ajoutée de la société civile. Enfin, la représentante a souligné le rôle important des femmes des États arabes dans la construction de la paix et de la sécurité régionales, souhaitant des efforts conjoints entre la Ligue des États arabes et ONU-Femmes pour faire avancer la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité.
M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) s’est dit convaincu que les arrangements ou mécanismes régionaux, grâce à leur connaissance unique et inestimable des régions qu’ils représentent, apportent une contribution essentielle à la garantie de notre sécurité collective.
À cet égard, le représentant a estimé qu’en ces temps de tensions mondiales accrues, l’engagement continu et le leadership de la Ligue des États arabes seront essentiels pour contenir toute nouvelle situation de conflit et toute flambée dans la région arabe, ainsi que pour relever les défis actuels en matière de sécurité. Il a, de même, salué le cadre de coopération trilatérale sous les auspices de l’ONU, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes, en vue de résoudre certains des conflits insolubles auxquels nous continuons d’être confrontés.
Pour finir, M. Agyeman a estimé qu’en utilisant les voies de consultations régulières avec la Ligue et d’autres arrangements régionaux, ce Conseil pouvait être plus efficace dans l’accomplissement de son mandat, en particulier dans les situations où les arguments en faveur de la subsidiarité sont plus forts et plus clairs.
Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a recommandé de discuter de moyens concrets pour renforcer et institutionnaliser la coopération entre le Conseil et la Ligue dans les domaines de la prévention des conflits, de la diplomatie préventive, du maintien et de la consolidation de la paix, de la lutte contre le terrorisme, ainsi que de la promotion du rôle des femmes et des jeunes dans le maintien de la paix et de la sécurité régionales et internationales. L’Albanie accueillerait favorablement une réunion annuelle informelle entre le Conseil et les membres du Conseil de la Ligue et, dans la mesure du possible, des réunions informelles du Conseil de sécurité, du Secrétaire général de la Ligue et des représentants de la Troïka du Sommet arabe de Tunis.
Encourageant vivement la Ligue à promouvoir davantage l’autonomisation des femmes et leur participation aux processus décisionnels, ainsi qu’à s’engager avec la société civile et les organisations de défense des droits humains de manière constructive et transformatrice, Mme Dautllari a constaté également la nécessité de renforcer la coordination trilatérale entre l’ONU, l’Union africaine et la Ligue sur les questions de paix et de sécurité transrégionales.
L’invasion russe de l’Ukraine ne faisant qu’aggraver les souffrances et la misère de millions d’Arabes, la représentante a jugé encourageant que des États arabes aient voté pour la résolution de l’Assemblée générale du 2 mars condamnant l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie, et a invité le Secrétariat de la Ligue à donner suite à cette volonté claire du monde arabe.
M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a rappelé que la Ligue des États arabes est un partenaire traditionnel de son pays, qui, depuis l’inauguration de son ambassade à Manama en novembre dernier, compte désormais des représentations dans les capitales de 17 de ses 22 États membres. Il a ensuite salué le fait que le Conseil de sécurité reconnaisse l’influence positive de la Ligue dans la prévention et la médiation des conflits régionaux, saluant le renforcement de la coopération et de la coordination stratégique entre l’ONU et cette organisation régionale dans les domaines du maintien et de la consolidation de la paix.
Le représentant a relevé à cet égard que de nombreux conflits dans le monde arabe ont été provoqués ou exacerbés par des forces extérieures à la région, souvent sans que les intérêts et le bien-être des peuples arabes n’entrent en ligne de compte. Se félicitant que la Ligue se soit prononcée en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États Membres et qu’elle prône la modération et le règlement pacifique des différends, il a jugé essentiel que le Conseil s’appuie sur l’expérience et la sagesse de cette organisation pour trouver des solutions équilibrées aux problèmes. Enfin, après avoir souligné les efforts de médiation des conflits déployés par la Ligue dans la région, M. Costa Filho a félicité la présidence émirienne du Conseil pour sa déclaration présidentielle qui, selon lui, reflète la pertinence de l’Organisation pour la préservation de la paix et de la sécurité dans sa zone d’activité et le large champ de sa coopération avec l’ONU.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé son soutien à la coopération entre la Ligue des États arabes et le Conseil de sécurité alors que ce dernier s’acquitte de sa responsabilité essentielle de répondre au fléau de la guerre et des menaces et à la paix et à la sécurité internationales. Se félicitant des activités de la Ligue -y compris ses efforts continus pour repousser les activités déstabilisatrices de l’Iran, son travail au sein de la coalition pour vaincre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL/Daech) et sa lutte contre la pandémie de COVID-19- elle a déclaré que les États-Unis sont les premiers au monde à soutenir l’installation COVAX, ayant fait don de plus de 38,5 millions de doses aux seuls États membres de la Ligue des États arabes. Notant que la COVID-19 reste une priorité immédiate pour les deux organisations, elle a déclaré que celles-ci devaient également rester concentrées sur la grave menace posée par la crise climatique.
La représentante a ensuite exprimé son soutien aux progrès de la région dans l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux sur les femmes, la paix et la sécurité et l’approfondissement de son engagement avec les jeunes, tout en regrettant que la réunion d’aujourd’hui intervienne alors que la capacité du Conseil à faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales est minée « par un membre du Conseil ». Dans cet esprit, elle a condamné dans les termes les plus fermes la guerre illégale menée par la Fédération de Russie en Ukraine et s’est félicitée du fait qu’une majorité des membres de la Ligue des États arabes aient voté en faveur de la résolution adoptée par l’Assemblée générale le 2 mars. Elle a également remercié le Secrétaire général de la Ligue pour son rappel aujourd’hui que « nous ne pouvons pas nous concentrer sur un défi et oublier les autres auxquels nous devons faire face ».
M. MARTIN KIMANI (Kenya) a déclaré que la persistance de problèmes transfrontaliers et de menaces de sécurité complexes dans le monde arabe appelle une intensification des partenariats à tous les niveaux entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes. Précisant que les pays africains constituent près de la moitié des États membres de la Ligue, M. Kimani a souligné la qualité de la coopération entre cette dernière et l’Union africaine (UA) qui se traduit par des sommets réguliers, des plans et programmes conjoints axés sur des stratégies et objectifs communs pour la paix, la sécurité, le développement et le commerce interrégional. Le représentant a exhorté à renforcer la coopération trilatérale entre l’ONU, l’UA et la Ligue des États arabes sur les questions de paix et de sécurité interrégionales. Alors que s’annonce le cinquième Sommet arabo-africain à Riyad et la dixième Réunion générale de coopération entre le Secrétariat général de la Ligue et de la Commission de l’UA à Addis-Abeba, le délégué a espéré des avancées sur les domaines suivants: appui à la paix en Libye et à une transition politique qui reflète le contexte national et les besoins de sécurité spécifiques du peuple libyen et des États de la région; appui à la mise en œuvre d’un accord politique au Soudan puis d’un soutien coordonné au Gouvernement fédéral de Somalie, dont des mesures pour vaincre les Chabab; renforcement des initiatives de lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique, le bassin du lac Tchad et le Sahel; et mesures collectives et coordonnées pour sécuriser le domaine maritime, notamment la mer Rouge, le golfe d’Aden et l’océan Indien.
Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) s’est inquiétée des menaces majeures qui traversent la région, citant le terrorisme du fait notamment de la résurgence de Daech et invitant à « adapter notre action, sur le terrain » dans le cadre de la coalition internationale contre Daech, dans la lutte contre le financement du terrorisme et contre l’utilisation d’Internet à des fins de terrorisme, ainsi que dans le respect des droits humains et du droit international humanitaire. Il faut aussi prévenir les conflits en répondant aux aspirations sociales, économiques, politiques des peuples qui sont légitimes, a poursuivi la diplomate évoquant également les changements climatiques qui exacerbent les vulnérabilités. Elle a parlé à cet égard de l’avancée de la désertification, de l’augmentation des sécheresses et de l’accroissement de l’insécurité hydrique dans le monde arabe, en recommandant de les atténuer et de s’y adapter pour contribuer à la lutte en faveur de la paix et de la sécurité internationales. Elle a souligné que l’insécurité alimentaire revient dramatiquement au premier plan avec l’agression de l’Ukraine par la Russie qui fait craindre des pénuries alimentaires au Moyen-Orient. La déléguée s’est élevée contre la Russie qui mène une guerre tout autant contre l’Ukraine que contre les populations qui en dépendent pour leur approvisionnement.
Passant ensuite en revue la situation dans la région arabe, notamment en Iraq, au Liban, en Libye, au Soudan, au Yémen et le conflit israélo-palestinien, la représentante a estimé plus que jamais nécessaire de trouver des solutions politiques et inclusives pour mettre fin aux conflits et œuvrer à la stabilité de la région. Elle a salué à ce titre les initiatives de la Ligue des États arabes pour renforcer l’état de droit et garantir des processus politiques inclusifs, permettant en particulier la participation des femmes et des jeunes. S’agissant de la Syrie, Mme Broadhurst Estival s’est dite opposée à toute réhabilitation du « régime syrien » et salué le maintien par la Ligue d’une position de principe exigeante sur la réintégration de la Syrie en son sein. La France restera mobilisée en faveur de la sécurisation, de la stabilisation et de la désescalade des tensions dans la région, y compris dans le Golfe où nous continuerons d’œuvrer à la préservation de la liberté de navigation, a dit la représentante avant de conclure en réclamant le soutien actif et unifié de la communauté internationale, et particulièrement des membres de la Ligue arabe, aux initiatives des Nations Unies.
M. ZHANG JUN (Chine) a appelé à créer les conditions pour renforcer la coopération entre la Ligue et l’ONU. L’objectif des peuples arabes est le développement économique, la prospérité et la stabilité. La communauté internationale doit les soutenir.
Qualifiant « d’avantage unique » la connaissance profonde qu’a la Ligue des pays de la région, le représentant a estimé que l’ONU devait s’appuyer sur celle-ci afin de renforcer le rôle des agences régionales. Il a aussi loué les bons résultats obtenus par la Troïka du Sommet arabe, qu’il a appelée à poursuivre en diversifiant les formats. De même, les envoyés spéciaux devraient renforcer la coopération avec la Ligue pour développer des synergies.
Concernant la Syrie, M. Zhang a dit espérer que la réunion qui se tient actuellement à Genève engendrera des progrès tangibles. Il s’est dit heureux de voir que beaucoup de pays arabes soutenaient le retour de la Syrie au sein de la Ligue, et confiant que ce retour contribuerait à résoudre le conflit syrien.
M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que l’effervescence de la région couverte par la Ligue des États arabes et l’ampleur des enjeux en présence appellent une coopération plus étroite entre cette organisation régionale et l’ONU, notamment dans la recherche de solutions aux crises cycliques en Syrie, au Yémen, en Libye, au Soudan, en Somalie et au Liban, ainsi que dans le processus de paix au Moyen-Orient. Pour le représentant, il faut aller plus loin que les clauses de rendez-vous prévues dans les déclarations présidentielles adoptées par le Conseil de sécurité en juin 2019 et janvier 2021. Il importe, selon lui, de parvenir à une réelle interaction trilatérale entre l’ONU, la Ligue et l’Union africaine sur les préoccupations transversales en matière de paix et de sécurité. En effet, a-t-il fait valoir, près de la moitié de la population arabe vit en Afrique et cette réalité sociologique scelle la communauté de destin qui existe entre la Ligue et l’Union africaine.
Jugeant que cette dynamique de coopération est d’autant plus nécessaire que le contexte sécuritaire est marqué par des crises multiformes de nature de plus en plus régionale, le représentant a souhaité que ce partenariat s’appuie sur la complémentarité et les avantages comparatifs. Il a ainsi relevé que les organisations régionales et sous-régionales ont non seulement une connaissance approfondie de leur région mais peuvent aussi se mobiliser et se déployer rapidement sur le terrain, moyennant un accompagnement financier, logistique et technique stable et prévisible ainsi qu’un renforcement des capacités. Il a d’autre part plaidé pour des échanges réguliers et rapides d’informations pour répondre au terrorisme, à la criminalité transnationale, aux crises humanitaires et aux catastrophes naturelles. Enfin, il a appelé de ses vœux l’établissement de mécanismes cohérents de gestion ou de règlement des crises, permettant de renforcer l’efficacité des mesures convenues entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.
M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), qui s’exprimait au nom du Groupe arabe, a pris note de la complexité croissante dans le monde et des répercussions dans le monde arabe de crises qui menacent la paix et la sécurité régionales et mondiales et accaparent beaucoup du temps du Conseil de sécurité. La Ligue des États arabes a toujours joué un rôle constructif pour résoudre ces crises, a-t-il relevé, et elle continuera à le faire. Il a souligné dans la foulée l’importance de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue. Pour le Groupe arabe, cette coopération gagnerait à être renforcée pour pouvoir faire face aux défis toujours plus nombreux de la région arabe. Il a plaidé pour une intensification des consultations et des réunions officielles et officieuses entre la Ligue et le Conseil de sécurité. Il a également souligné la nécessité de trouver un mécanisme pour faciliter la coopération bilatérale entre le Secrétaire général et le Groupe arabe auprès de l’ONU, notamment au travers de réunions périodiques. Le Groupe arabe se réjouit de la visite prochaine du Conseil de sécurité au Siège de la Ligue dans le cadre de ses visites bilatérales, a poursuivi le représentant en insistant sur le fait que les pays arabes doivent participer à la recherche de solutions adéquates aux crises de leur région. Le Groupe arabe appelle à un renforcement de la coopération entre les envoyés spéciaux du Secrétaire général et ceux de la Ligue. En outre, son représentant a exhorté les membres du Conseil de sécurité à parler d’une même voix sur les questions à son ordre du jour et à limiter le recours au veto.
M. Al-Saadi a exigé la fin des ingérences extérieures dans les affaires arabes et la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il a également mis l’accent sur l’impératif du renforcement des capacités de la région en termes de prévention des conflits et des différends et a souhaité un renforcement du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue. Avant de conclure, il a fait valoir que ces efforts ne sauraient être couronnés de succès sans la contribution des jeunes de la région à la consolidation et l’édification de la paix, rappelant que les moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population des pays arabes. Le représentant a appuyé les recommandations faites en ce sens par le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport Notre Programme commun.