En cours au Siège de l'ONU

8946e séance – matin
CS/14764

Yémen: l’Envoyé spécial expose au Conseil une escalade des tensions sur fond de situation humanitaire désastreuse et de difficultés de relance du dialogue

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen a témoigné, ce matin, devant le Conseil de sécurité, d’une escalade de l’option militaire au Yémen et de ses difficiles efforts pour mettre sur pied un dialogue politique entre les parties prenantes à ce conflit.  Il n’y a pourtant aucune solution sur le long terme qui soit durable sur le champ de bataille, a fait valoir M.  Hans Grunberg en appelant les parties à revenir au dialogue, « même si elles ne sont pas prêtes à déposer les armes encore ». 

Face à un contexte marqué par la poursuite de l’offensive des houthistes sur Mareb et Chaboua, mais aussi sur Sanaa, Taëz et Hodeïda, M. Grunberg a dit craindre que les combats ne s’intensifient aussi le long des autres lignes de front, en citant à titre d’exemple la saisie par les houthistes d’un navire battant pavillon émirati au large des côtes du Yémen.  L’Envoyé spécial s’est aussi inquiété des accusations de militarisation des ports de Hodeïda, « planche de salut pour de nombreux yéménites », ainsi que des menaces d’attaque à leur encontre, précisant que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) a demandé l’autorisation de les inspecter. 

M. Grundberg a dit poursuivre son travail en essayant de dégager un cessez-le-feu national, mais a concédé s’être confronté aux mêmes obstacles que par le passé, notamment les désaccords entre les parties au sujet de l’échelonnement, des priorités en compétition et le manque de confiance.  Notant que les préconditions des parties sont liées à des questions politiques et de gouvernance, il a souligné que seule une solution politique permettra d’obtenir des résultats durables, souhaitant par ailleurs voir un vrai leadership yéménite se dégager en vue de créer un processus politique inclusif épaulé par la communauté internationale. 

L’Envoyé spécial a également regretté que les femmes yéménites soient toujours écartées des négociations de paix et de la vie publique et politique.  L’intention qu’il ait exprimée de poursuivre ses consultations avec un large éventail de groupes de femmes a notamment été saluée par l’Irlande qui a toutefois souligné que ce processus ne doit pas se substituer à une participation significative des femmes yéménites aux négociations. 

« Les femmes du Yémen ont fait la preuve de leur rôle crucial que ce soit dans la négociation de cessez-le-feu locaux, la libération de prisonniers, l’accès humanitaire, ou la médiation des conflits relatifs aux ressources en eau et en terre », a constaté la délégation irlandaise qui a prévenu que l’exclusion persistante des femmes yéménites des pourparlers de paix et de la vie politique est « injustifiable et préjudiciable à la réalisation de la paix ». 

Intervenant par visioconférence depuis Aden, la Présidente de la « Sheba Youth Foundation for development » a insisté pour sa part sur l’importance de soutenir les organisations de la société civile au Yémen, déplorant notamment que les efforts des jeunes et des femmes sur le terrain ne sont pas reconnus par les médias qui s’intéressent davantage aux affres de la guerre.  Or à Taëz, « ville à l’agonie abandonnée par les organisations humanitaires », les femmes et les jeunes ne ménagent aucun effort pour mener des actions communautaires comme la réouverture de routes fermées depuis 2015 ou encore la réhabilitation de puits d’eau, a témoigné Mme  Ola Al-Aghbary. 

Déplorant qu’après sept ans de conflit, l’espace réservé aux femmes a diminué au Yémen, la Norvège a encouragé le Gouvernement du Yémen à opérationnaliser sa stratégie sur les femmes et la paix et la sécurité et à intégrer ces dernières au processus de prise de décisions, déplorant dans la foulée le manque de financement pour les organisations locales de femmes « qui sont pourtant essentielles pour bâtir la paix au Yémen ».  Le représentant du Yémen a affirmé de son côté que les femmes comptaient parmi les membres permanents de toutes les délégations officielles des négociations de paix et que ce sont les houthistes qui les mettent à l’écart.  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité à exercer davantage de pressions sur ces derniers pour les faire revenir à la table de négociation. 

Face au risque de déstabilisation régionale, la grande majorité des délégations ont appelé les parties à parvenir sans délai à un cessez-le-feu à l’échelle nationale et à assurer la protection des civils, dont les personnels humanitaires et médicaux, et des infrastructures civiles. 

Les attaques menées par les houthistes en direction du territoire saoudien ont été jugées inacceptables par de nombreuses délégations, dont celle de la France.  La saisie la semaine dernière par Ansar Allah du navire RWABEE battant pavillon émirati a été un autre motif de préoccupation, l’Inde alertant notamment que cet acte a le potentiel de compromettre profondément la sécurité maritime dans la région.  Aujourd’hui la priorité doit être de parvenir à une solution permettant la libération du navire et de son équipage, ont insisté les États-Unis, appuyés par la Chine, la Fédération de Russie rappelant pour sa part le concept russe de sécurité collective. 

Les houthistes ont également été exhortés une fois de plus à autoriser l’accès immédiat et sans préconditions des experts de l’ONU au pétrolier Safer, ancré au large du port de Hodeïda et décrit à maintes reprises comme « une bombe à retardement sur le plan écologique ». 

Les membres du Conseil ont par ailleurs entendu le Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence exhorter les donateurs à augmenter leur soutien, notant qu’en 2022 l’opération humanitaire aura besoin de 3,9  milliards de dollars pour venir en aide à 16  millions de personnes.  Or le plan de réponse humanitaire de 2021 qui était du même montant n’a été financé qu’à 58%, a indiqué M.  Ramesh Rajasingham selon lequel « les récents évènements au Yémen ne laissent guère de place à l’optimisme ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a noté que 2022 commence sur une note difficile, marquée par l’escalade de l’option militaire.  Il n’y a pourtant aucune solution sur le long terme qui soit durable sur le champ de bataille, a tranché l’Envoyé spécial en appelant les parties à revenir au dialogue, « même si elles ne sont pas prêtes à déposer les armes ».  Ansar Allah continue d’attaquer Mareb, et il y a une augmentation des combats à Chaboua et des frappes aériennes à Sanaa ainsi que des bombardements et attaques dans le sud de Hodeïda, Taëz et en Arabie saoudite.  Suite à ce constat, l’Envoyé spécial a appelé les parties à la retenue et à la désescalade ainsi qu’au respect de leurs obligations en termes de protection des civils et des infrastructures civiles.  Il a dit craindre que les combats ne s’intensifient le long des autres lignes de front, en citant à titre d’exemple la saisie par les houthistes d’un navire battant pavillon émirati. Il s’est aussi dit préoccupé par la détention continue de certains membres du personnel de l’ONU à Sanaa et Mareb. 

Face à l’intensification du conflit, M. Grundberg s’est inquiété des accusations de militarisation des ports de Hodeïda, « planche de salut pour de nombreux yéménites », ainsi que des menaces d’attaque à leur encontre, précisant que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) a demandé l’autorisation de les inspecter.  Il a également dénoncé les restrictions de circulation de biens et de personnes ce qui met à mal la population de façon injustifiable, en rappelant à titre d’exemple que la dernière livraison de carburant remonte au 20 novembre. 

L’Envoyé spécial a dit avoir observé de ses propres yeux les graves conséquences des bouclages à Taëz, lors de sa visite en novembre, et a mis en garde contre les défis importants posés aux opérations de l’aéroport de Sanaa, ce qui a un impact sur l’action de l’ONU sur place. Il a rappelé à toutes les parties yéménites leurs responsabilités en la matière.  Par ailleurs M. Grundberg a regretté que les femmes yéménites soient toujours écartées des négociations de paix et de la vie publique et politique, en annonçant vouloir poursuivre ses consultations avec elles.  Il a ensuite exhorté les parties à respecter le travail des femmes défenseuses de droits humains et militantes pour la paix. 

M. Grundberg a dit poursuivre son travail en essayant de dégager un cessez-le-feu national, mais, a-t-il concédé, il s’est confronté aux mêmes obstacles que par le passé, notamment les désaccords entre les parties au sujet de l’échelonnement, des priorités en compétition et le manque de confiance.  Notant que les préconditions des parties sont liées à des questions politiques et de gouvernance, il a souligné que seule une solution politique permettra d’obtenir des résultats durables.  Il faudra mener des discussions difficiles entre et avec les parties au conflit ainsi qu’avec ceux qui ont été exclus par la guerre, a-t-il estimé, s’engageant en outre à poursuivre son approche inclusive sur les volets politique, économique et sécuritaire en vue d’accélérer la désescalade et la relance du processus politique. Conscient du contexte politique et militaire dans lequel son Bureau doit opérer, M. Grundberg a souhaité voir un vrai leadership yéménite se dégager en vue de créer un processus politique inclusif épaulé par la communauté internationale.  

M. RAMESH RAJASINGHAM, Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint des secours d’urgence par intérim, a déclaré que les récents évènements au Yémen ne laissent guère de place à l’optimisme.  Il a indiqué que les affrontements à Jaouf, Mareb et Chaboua ont déplacé plus de 15 000 personnes en décembre.  « Les hostilités ont également repris à Beïda, tandis que les frappes aériennes se sont intensifiées à Sanaa et dans d’autres parties du pays » a-t-il regretté, avant de citer 358  civils tués ou blessés en décembre. 

M. Rajasingham a noté que la guerre a particulièrement aggravé la situation des femmes et des filles, en raison du manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé, en partie à cause d’une pénurie d’agents de santé féminins dans les zones de conflit et de l’éloignement des établissements de santé.  « L’accès aux soins de santé reproductive est particulièrement précaire, une femme mourant toutes les deux heures pendant l’accouchement de causes presque entièrement évitables », a déploré le Coordonnateur adjoint par intérim.  Il s’est également inquiété de l’augmentation des risques d’exposition à la violence sexuelle et sexiste, notamment parmi les membres de la communauté des Muhamasheen. 

Après avoir indiqué que les agences humanitaires ont aidé plus de 11 millions de personnes par mois en 2021, M.  Rajasingham a regretté que la réponse humanitaire au Yémen est confrontée à trop de contraintes, à commencer par le financement.  Il a indiqué que le plan de réponse 2021 était financé à 58%, en faisant de l’appel pour le Yémen le moins financé depuis 2015.  En décembre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé des réductions de l’aide alimentaire pour 8 millions de personnes en raison de pénuries de financement.  Et les services d’approvisionnement en eau, de protection et de santé reproductive ont également été contraints de réduire ou de fermer ces dernières semaines par manque de fonds.  Prévoyant que l’opération d’aide 2022 aura besoin de 3,9  milliards de dollars pour aider 16 millions de personnes, M.  Rajasingham a appelé tous les donateurs à maintenir –et si possible à augmenter– leur soutien cette année.  

Le haut fonctionnaire s’est ensuite plaint des contraintes imposées à l’accès humanitaire, fustigeant notamment les obstacles bureaucratiques qui entrainent des retards importants dans l’approbation des projets d’aide, la délivrance des visas et la facilitation des déplacements.  L’importation de l’équipement nécessaire est également plus difficile qu’elle ne devrait l’être. Il a aussi décrié les nombreuses tentatives d’ingérence, principalement de la part des autorités locales dans les régions d’Ansar Allah, qui incluent des tentatives de modifier les listes de bénéficiaires et les emplacements géographiques des livraisons. 

Le représentant du Bureau de la coordination de l’aide humanitaire (OCHA) a aussi regretté que malgré les assurances, les autorités d’Ansar Allah n’ont pas accordé l’accès aux deux membres du personnel de l’ONU détenus à Sanaa en novembre, ajoutant que l’accès à un troisième employé de l’ONU détenu depuis décembre, est actuellement en cours d’arrangement avec le Gouvernement. 

Poursuivant, M. Rajasingham a regretté que les autorités d’Ansar Allah aient suspendu les vols humanitaires via l’aéroport de Sanaa le 19 décembre, en invoquant des problèmes techniques liés aux équipements de communication de l’aéroport, tout en notant que les vols ont repris le 27 décembre. Relevant que ces types de perturbations risquent de compromettre l’opération d’aide et la sécurité du personnel, il a appelé les autorités d’Ansar Allah à éviter les annulations unilatérales de vols à l’avenir. Il a également demandé au Gouvernement d’autoriser l’importation d’équipements pour réparer l’infrastructure de communication défectueuse de l’aéroport.  En ce qui concerne le pétrolier SAFER, il a noté que l’ONU continue de mobiliser toutes les parties prenantes pour trouver une solution pragmatique et réalisable. 

M. Rajasingham a ensuite indiqué qu’une évaluation interinstitutions de la réponse humanitaire au Yémen est actuellement en cours, précisant que l’un des objectifs est d’assurer une réponse plus inclusive et plus favorable pour les travailleuses humanitaires. Il a rappelé que l’effondrement économique, accéléré par le conflit, est le principal moteur des besoins de la population.  Il a appelé à prendre des engagements financiers et politiques pour réduire l’ampleur des besoins humanitaires, à commencer par la reprise urgente des injections de devises par l’intermédiaire de la Banque centrale, afin de protéger le taux de change du rial yéménite.  Il a aussi demandé la levée des restrictions à l’importation et à recommandé d’utiliser les recettes des importations pour payer les services de base fournis par les institutions publiques. 

Intervenant par visioconférence depuis Aden, Mme OLA AL-AGHBARY, Fondatrice et Présidente Directrice générale de la «Sheba Youth Foundation for development», a indiqué qu’elle est également médiatrice locale dans la ville de Taëz.  Elle a expliqué que face au manque d’actions des autorités qui sont « débordées », les Yéménites ont mis en place des conseils consultatifs de la jeunesse afin de veiller à la participation des jeunes et des femmes aux pourparlers de paix.  Elle a déploré le fait que les efforts des jeunes et femmes sur le terrain ne sont pas reconnus et encore moins vulgarisés par les médias qui s’intéressent davantage aux affres de la guerre. 

Pour mettre en perspective les difficultés auxquelles se heurtent les populations locales, elle a témoigné de son voyage de ce jour, racontant avec force détails comment elle a parcouru 120 km entre Taëz et Aden en près de 8 heures.  Il était question d’éviter les barrages des combattants et de contourner les routes endommagées par le conflit.  « Taëz est une ville à l’agonie qui est abandonnée par les organisations humanitaires », a-t-elle regretté, assurant que les femmes et les jeunes en revanche ne ménagent aucun effort pour mener des actions communautaires comme la réouverture de routes fermées depuis 2015 ou encore la réhabilitation de puits d’eau.  Malheureusement ces actions sont peu utiles dans le contexte d’une ville assiégée depuis longtemps, a-t-elle déploré.  Mme Al-Aghbary a enfin insisté sur l’importance de soutenir les organisations de la société civile au Yémen, notamment les jeunes et les femmes qui doivent travailler avec le Bureau de l’Envoyé spécial dans le contexte des pourparlers de paix au Yémen. 

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a réitéré le plein appui de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial Grundberg en vue d’une solution durable et à long terme au conflit au Yémen.  Partageant « son réalisme » quant aux défis à venir, elle a soutenu son approche inclusive qui implique un large éventail de Yéménites.  Constatant l’escalade du conflit ces dernières semaines, la représentante a notamment évoqué la situation autour de Mareb, Chaboua, Hodeïda et Sanaa, et l’augmentation des attaques de drones houthistes.  Concrètement, décembre a vu une augmentation significative du nombre de victimes civiles, a-t-elle regretté.  À un moment où la désescalade est cruciale, la représentante du Royaume-Uni a souhaité la bienvenue au général de division Michael Beary, qui prend la direction de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH). 

Le conflit continue d'aggraver la situation humanitaire, a-t-elle poursuivi, en rappelant que le Programme alimentaire mondial (PAM) a émis un nouvel avertissement.  Elle a, dès lors, plaidé pour que les travailleurs humanitaires puissent opérer sans menace de détention et pour que les vols humanitaires puissent utiliser l’aéroport de Sanaa.  Constatant que la détérioration de la situation humanitaire a un impact disproportionné sur les femmes, la représentante a demandé à toutes les parties au conflit et la communauté internationale à œuvrer à une solution à long terme qui soutienne l’égalité entre femmes et hommes.  En dernier lieu, elle est revenue sur la saisie par les houthistes, au début du mois, d’un navire battant pavillon émirati, y voyant une escalade inquiétante à un moment où les Yéménites ont désespérément besoin que les parties se concentrent sur le chemin de la paix.  Le Royaume-Uni appelle toutes les parties à veiller au respect du droit de passage et de la liberté de navigation en mer, a conclu l’intervenante. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a appelé les parties, face au risque de déstabilisation régionale, à parvenir sans délai à un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  « Les discussions au sein du comité de coordination du redéploiement prévues dans les accords de Stockholm doivent également reprendre » a insisté M. de Rivière avant de saluer la nomination du général Beary à la tête de la MINUAAH. Il a jugé inacceptables les attaques houthistes en direction du territoire saoudien et condamné la capture par les houthistes d’un navire émirien au large de la côte ouest du Yémen.  Il a appelé l’ensemble des parties prenantes à parvenir à une solution permettant la libération du navire et de son équipage et rappelé son attachement à la liberté de navigation, ainsi qu’à la sécurité et à la stabilité régionales. 

Le représentant a rappelé que la protection des civils, dont les personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles, est une obligation qui s’impose à toutes les parties. Alors que les besoins humanitaires, notamment à Mareb, continuent à augmenter et que le risque de famine s’accroit dans le pays, le représentant a jugé indispensable de permettre aux personnels onusiens et humanitaires de circuler sans peur d’être pris pour cible ou arrêtés. À cet égard, il a condamné avec fermeté l’arrestation arbitraire de trois membres du personnel de l’ONU et appelé à leur libération immédiate et sans préconditions.  Il a aussi jugé essentiel de lever l’ensemble des obstacles bureaucratiques et d’accélérer la délivrance des visas aux personnels onusiens et humanitaires pour un acheminement sans entrave de l’aide aux personnes dans le besoin. S’inquiétant aussi de la situation économique, M. de Rivière a salué les récentes décisions du Gouvernement yéménite de reprendre en main la Banque centrale yéménite. 

Il a conclu en disant appuyer les efforts de l’Envoyé spécial pour maintenir la dynamique d’un processus politique, avant d’exhorter toutes les parties prenantes à s’engager sans délai et de façon constructive dans un processus politique de sortie de crise.  Enfin, s’agissant du pétrolier Safer qui « continue d’être une bombe à retardement au plan écologique », il a exhorté les houthistes à cesser leur chantage et autoriser l’accès immédiat et sans préconditions à ce pétrolier. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a appelé les houthistes à comprendre que seule une solution politique agrée par le peuple et libre de toute aspiration hégémonique régionale pourra mettre un terme à la crise au Yémen.  Elle a condamné les tentatives répétées des milices houthistes de saisir des territoires par la force, les exhortant notamment à cesser leurs attaques contre Mareb.  Elle les a aussi engagés à autoriser la MINUAAH à inspecter les ports de Hodeïda, pour ensuite condamner « l’acte de piraterie » commis par les houthistes contre le navire civil « RWABEE », ainsi que leur tentatives de cibler le territoire de l’Arabie saoudite à l’aide de drones et des missiles balistiques. 

La représentante a appelé les Yéménites à parvenir au consensus et à se rassembler dans le cadre de l’Accord de Riyad, en accordant notamment la priorité aux aspirations de la population.  Elle a aussi exhorté les parties à veiller à la pleine participation des femmes aux processus politiques facilités par l’ONU.  Il existe encore une fenêtre d’opportunité pour mettre un terme à la crise grâce à des initiatives « authentiques », notamment l’initiative de paix de l’Arabie saoudite et les propositions sur lesquelles travaille l’Envoyé spécial, a estimé la déléguée qui a appelé à la mise en œuvre des Accords de Riyad et sur Hodeïda.  Les efforts internationaux doivent par ailleurs être intensifiés pour répondre aux besoins humanitaires de la population, a-t-elle ajouté, précisant que les Émirats arabes unis ont fourni, depuis 2015, plus de 6  milliards de dollars en aide humanitaire et appui au développement. 

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a exprimé son inquiétude face à l’escalade militaire continue à Sanaa, Mareb et dans la mer Rouge, ce qui aggrave la situation humanitaire et menace les perspectives d’une solution pacifique à la crise.  Soulignant la nécessité d’un processus de paix inclusif, elle a appelé les parties à dialoguer avec l’Envoyé spécial de bonne foi et sans conditions préalables.  Elle a condamné l’escalade houthiste qui porte atteinte à la paix, avant d’appeler le groupe à libérer le personnel local yéménite employé par l’ambassade des États-Unis à Sanaa, à restituer les biens saisis et à abandonner le contrôle de l’ancienne enceinte de l’ambassade.  Condamnant également la saisie du navire émirati la semaine dernière, elle a demandé que le navire et son équipage soient libérés. 

S’agissant de la poursuite de l’offensive à Mareb, la représentante a souligné qu’elle est alimentée par le flux illégal d’armes en provenance d’Iran, notant que leur contrebande constitue une violation de l’embargo sur les armes.  Elle a déploré les actes des houthistes, notamment l’assassinat ciblé de femmes politiques et professionnelles qu’elle a qualifié d’« inadmissible », avant de condamner toutes les violations des droits humains commises par toutes les parties.  Elle a salué la reprise des vols humanitaires de l’ONU depuis l’aéroport de Sanaa, se préoccupant cependant des menaces des houthistes d’entraver les vols futurs, malgré les inspections de l’ONU jugeant l’équipement de l’aéroport opérationnel.  Elle a ensuite appelé toutes les parties à faciliter la libre circulation de l’aide humanitaire et à trouver une solution durable pour réglementer les importations de carburant.  Elle a par ailleurs appelé les houthistes à permettre une solution sûre, viable et prompte face à la situation préoccupante du pétrolier Safer, « bombe à retardement écologique, environnementale et humanitaire menaçant le peuple yéménite, les écosystèmes fragiles et la chaîne d’approvisionnement mondiale ». 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a constaté que l’offensive des houthistes qui a duré des mois à Mareb et dans les provinces voisines a eu des conséquences humanitaires désastreuses, en particulier pour les déplacés.  La saisie par Ansar Allah d’un navire battant pavillon émirati la semaine dernière est également un motif de préoccupation et risque d’aggraver encore le conflit.  Le délégué a appelé les parties à faire preuve de retenue et à prendre des mesures pour apaiser les tensions, notamment la libération du navire et de son équipage.  Il a aussi relevé que la guerre économique en cours entre les parties a généré une inflation massive, des besoins humanitaires accrus et la création de zones économiques divergentes à l’intérieur du pays.  Parmi les mesures immédiates qui pourraient atténuer la crise, il a évoqué la levée des restrictions sur les importations de produits essentiels, ainsi que des injections de devises par l’intermédiaire de la Banque centrale. 

Le représentant a souligné l’importance de mécanismes capables d’amplifier la voix des femmes, notant que « sans leur participation, il n’y aura pas de paix durable ».  M. Costa a également marqué sa préoccupation devant la question des enfants, en particulier avec l’augmentation de l’utilisation d’enfants soldats par les houthistes et d’autres acteurs.  En matière d’aide humanitaire, le Brésil a fait des dons au PAM lors des événements d’annonces de contributions en mars et septembre 2021, a par ailleurs fait savoir le délégué qui a appelé les pays donateurs à répondre aux besoins humanitaires fondamentaux des Yéménites en 2022.  Il a enfin jugé impératif que toutes les parties garantissent pleinement, en toute sécurité et sans entrave, l’accès humanitaire. 

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a appelé à un cessez-le-feu national immédiat en rappelant que les options militaires ne mettront pas fin à la guerre au Yémen.  Elle s’est particulièrement inquiétée de l’escalade des combats observée dans la province de Mareb et sur plusieurs fronts depuis septembre 2021, avec son corolaire d’augmentation des victimes civiles et le déplacement de plus de 35 000 personnes.  La représentante a condamné les attaques contre les infrastructures civiles avant d’exhorter l’ensemble des parties à respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire.  Elle a appelé à davantage de soutien et financements pour assurer le fonctionnement des services de santé maternelle et génésique.  Elle a ensuite salué les mesures prises pour réduire le déclin économique et améliorer la fourniture de biens essentiels à la population, citant la réouverture de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda qui doit être assurée dans le cadre des mesures de stabilisation économique.  Enfin la représentante a exhorté les houthistes à autoriser l’accès immédiat et sans préconditions au pétrolier Safer pour éviter une catastrophe écologique. 

M. ENRIQUE JAVIER OCHOA MARTÍNEZ (Mexique) a noté les graves conséquences humanitaires du conflit au Yémen, s’inquiétant de voir la violence augmenter, surtout à Mareb, Chaboua et Taëz, qui pèse le plus sur la population civile, en particulier les femmes et les filles.  « Nous condamnons les violations continues du droit international humanitaire. »  Le représentant a également noté avec préoccupation le harcèlement des travailleurs et les difficultés persistantes auxquelles sont confrontées les opérations humanitaires.  Il a demandé la libération de trois travailleurs de l’ONU détenus et rejeté la perturbation des vols humanitaires en provenance de l’aéroport de Sanaa ainsi que les obstacles aux opérations portuaires.  Il est impératif que toutes les parties facilitent le travail humanitaire, a-t-il plaidé. 

Condamnant la détention du navire RWABEE battant pavillon émirati, il a demandé la libération immédiate du navire et de son équipage et appelé tous les acteurs de la région à assurer la libre navigation conformément au droit de la mer.  Le représentant s’est aussi inquiété des violations persistantes de l’embargo sur les armes, exigeant le respect des obligations en droit international.  Il a noté que le Conseil a encouragé la coopération régionale par voie terrestre, maritime et aérienne afin de détecter et de prévenir les violations des embargos sur les armes.  Il est impératif, a-t-il dit, d’empêcher que davantage d’armes n’atteignent le Yémen et ne prolongent le conflit.  Enfin, il s’est félicité des consultations que l’Envoyé spécial a menées, en particulier de la rencontre avec des femmes entrepreneurs yéménites en décembre dernier.  Il a plaidé pour un processus politique inclusif, dirigé par les Yéménites et soutenu par la communauté internationale. 

M. BING DAI (Chine) s’est inquiété de la situation « turbulente » qui prévaut au Yémen ces derniers mois, et appelé à une fin rapide du conflit, ce qui permettra de sauver plus de vies civiles. Il a donc exhorté les parties au conflit à donner la priorité à un cessez-le-feu le plus rapidement possible. Évoquant les attaques houthistes ayant visé l’Arabie saoudite et la saisie d’un navire battant pavillon émirati, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à condamner toutes les attaques visant des civils et des infrastructures civiles, mais aussi à mettre l’accent sur l’impératif du respect de la liberté de navigation. 

Soutenant le processus politique complet et inclusif que défend l´ Envoyé spécial, le représentant a encouragé toutes les parties au Yémen à s’engager de bonne foi avec lui, et à tenir compte des points de vue des jeunes et des femmes.  Notant l’impact de ce conflit sur la situation régionale, il a appelé les pays de la région à jouer un rôle positif pour mener à bien ce processus politique inclusif mené par les Yéménites et épaulé par la communauté internationale. Il a également appelé à la levée des obstacles à l’accès humanitaire. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dénoncé l’exclusion persistante des femmes yéménites de la vie politique au Yémen ainsi que des pourparlers de paix, arguant que c’est « injustifiable et préjudiciable à la réalisation de la paix ».  Les femmes du Yémen ont pourtant fait la preuve de leur rôle crucial que ce soit dans la négociation de cessez-le-feu locaux, la libération de prisonniers, l’accès humanitaire, et la médiation des conflits relatifs aux ressources en eau et en terre, a-t-elle constaté, déplorant en outre qu’aucune femme n’a été incluse dans les délégations des négociations sur l’échange de prisonniers facilitées par l’ONU au cours des dernières années.  Elle a rappelé que lors de la réunion organisée selon la formule Arria et convoquée par l’Irlande et le Mexique en mars dernier, il avait été demandé à l’ONU d’insister sur la participation des femmes aux pourparlers facilités par l’ONU.  Il est temps d’agir, s’est-elle impatientée.  Tout en saluant le fait que l’Envoyé spécial mène des consultations avec un large éventail de groupes de femmes, Mme Byrne Nason a appelé à veiller à ce que ce processus ne vienne pas se substituer à une participation significative des femmes yéménites aux négociations. 

Poursuivant, la représentante a déclaré qu’un cessez-le-feu national immédiat est nécessaire de toute urgence pour protéger les civils, en particulier ceux en situation vulnérable.  Elle a constaté que les femmes et des filles yéménites sont souvent les dernières à manger, à consulter un médecin ou à se rendre à l’école.  La situation humanitaire désastreuse présente non seulement un autre obstacle à la pleine participation des femmes à la vie politique et publique, mais compromet également leur capacité à accéder aux soins médicaux essentiels, s’est-elle alarmée.  Elle a ensuite appelé à lever toutes les restrictions sur l’importation de carburant et de nourriture, et à soutenir les propositions de l’ONU pour lutter contre l’effondrement économique au Yémen. 

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a exprimé ses vives préoccupations face à la détérioration de la situation au Yémen, qui a des conséquences sur les Yéménites comme sur la région.  Il a décrié l’escalade militaire qui sape les efforts menés pour parvenir à une solution politique et mettre fin au conflit.  Il s’est également dit préoccupé de l’augmentation des combats dans la province de Jaouf et du bombardement de sites de personnes déplacées, appelant les parties à respecter leurs obligations en droit international humanitaire.  Il a souligné le fardeau que portent en particulier les femmes et les enfants du fait de ces violences, citant un rapport du PNUD qui signale que, toutes les neuf minutes, un enfant de moins de 5 ans meurt à cause du conflit.  Il a appelé le Conseil à prendre des décisions pour que les personnes impliquées soient tenues pour responsables. 

Au vu de la situation humanitaire, M. Kiboino a mis l’accent sur le besoin d’opérations humanitaires efficaces, suffisantes et durables, regrettant que cela ne soit pas le cas.  En 2020 et 2021 en effet, les plans de réponse humanitaire n’ont été financés qu’à 50%, a-t-il illustré, les comparant à 2018 et 2019 où ils l’étaient à environ 80%.  Il a donc appelé le Conseil de sécurité à examiner plus avant la façon dont l’ONU peut mobiliser davantage d’aide humanitaire.  Enfin, le délégué a souligné la discrimination qui touche particulièrement les femmes au Yémen, qui sont aussi victimes de mariages forcés, de violence sexuelle et de torture.  Après les sanctions prononcées par le Conseil l’an dernier contre le Sultan Zabin impliqué dans les violences sexuelles relatives au conflit, M.  Kiboino a appelé à en faire davantage.  Il a aussi soulevé le problème de l’exclusion des femmes du processus politique et de négociation, avant de signaler les incidents maritimes en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, qui présentent une menace pour la sécurité aux plans régional et mondial.  Il a appelé la communauté internationale à déployer davantage d’efforts pour combattre la piraterie et la contrebande, notamment. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est particulièrement inquiété de l’intensification des combats dans les provinces de Mareb et Chaboua où l’on compte de plus en plus de victimes civiles.  Il a déploré une situation humanitaire qui reste catastrophique dans tous les territoires du pays, qu’ils soient contrôlés par le Gouvernement ou par Ansar Allah.  Dans ce contexte, il a salué les efforts des institutions humanitaires et les progrès louables observés en matière de distribution de l’aide.  Le représentant a rappelé aux parties qu’elles doivent garantir l’accès aux populations dans le besoin et lever toutes les restrictions à la distribution d’articles humanitaires et de première nécessité.  Le représentant a aussi fustigé les attaques contre des infrastructures civiles en Arabie saoudite et au Yémen, avant d’appeler à la cessation de tous les combats. 

Pour le représentant, l’aggravation de la situation montre l’urgence qu’il y a à mener un processus de paix sous l’égide des Nations Unies.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour promouvoir une feuille de route en vue d’un règlement du conflit.  Il s’est dit convaincu que le gage du succès est la prise en compte des attentes de toutes les forces politiques et de toutes les parties en conflit.  Il a espéré que l’Envoyé spécial tiendra compte des interventions de cette réunion du Conseil de sécurité pour présenter un plan de règlement du conflit. Face à l’impact du conflit sur la stabilité régionale, dont la sécurité de la navigation, le représentant a rappelé les initiatives pertinentes, dont le concept russe de sécurité collective, pour assurer la sécurité au niveau régional. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé que la paix au Yémen passe indéniablement par une solution politique dont le préalable est un cessez-le-feu, suivi d’un dialogue inclusif auquel prendraient part, de bonne foi, tous les fragments épars de ce pays.  Il a jugé que la réouverture de l’aéroport de Sanaa, le 27 décembre dernier, est un pas dans la bonne direction pour ce qui est de l’accès à l’aide humanitaire.  De son avis, il faudra beaucoup d’autres actes pour sortir le peuple yéménite du cercle vicieux de la violence.  Le représentant a indiqué que les femmes payent un prix particulièrement lourd dans la crise, car elles font face aux abus, aux violences et à de multiples violations de leurs droits.  M. Biang a appelé la communauté internationale à être davantage mobilisée dans la réponse aux défis humanitaires au Yémen.  Il a rappelé, à cet effet, que le Plan humanitaire de 2021 avait été financé à hauteur de 58%, soit un déficit de 1,6 milliard de dollars. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a relevé que la saisie et la détention du navire « Rawabi » au large des côtes de Hodeïda au début du mois a exacerbé les tensions persistantes.  Il a exprimé sa vive préoccupation face à cet acte qui a le potentiel de compromettre profondément la sécurité maritime dans la région.  Sept des membres d’équipage étant Indiens, le délégué s’est inquiété pour leur sécurité et leur bien-être.  Nous exhortons les houthistes à libérer immédiatement les membres d’équipage et le navire, a déclaré le délégué. 

Le représentant a indiqué qu’outre les pertes en vies humaines, le conflit a aussi conduit au déclin économique, pendant que la COVID-19 venait aggraver une situation déjà désastreuse.  Il a appelé les donateurs à apporter leur aide et à prendre des mesures économiques concrètes à court et à long terme au Yémen afin de surmonter la crise économique et humanitaire dans le pays.  M. Tirumurti a déploré la brève suspension des vols humanitaires à destination et en provenance de l’aéroport de Sanaa en décembre, avant d’appeler les parties au conflit à ne pas imposer d’entraves ou de restrictions au mouvement des humanitaires et à maintenir le caractère civil de l’aéroport de Sanaa et d’autres infrastructures publiques essentielles au Yémen.  Il a également condamné les attaques transfrontalières menées continuellement contre l’Arabie saoudite et qui visent les civils et les infrastructures civiles.  Il a enfin dit espérer une conclusion rapide des accords requis pour régler la situation du pétrolier Safer

M. FERIT HOXHA (Albanie) s’est dit particulièrement préoccupé par la situation des femmes et des filles au Yémen confrontées à des menaces et des risques accrus, dont des détentions arbitraires, disparitions forcées et assassinats ciblés.  Il a exhorté les parties à mettre immédiatement fin aux hostilités, conformément à la résolution 2532 (2020), à reprendre les négociations et des pourparlers de paix significatifs avec la participation pleine, égale et significative des femmes, des jeunes et de la société civile. 

Le représentant a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour consulter régulièrement et de manière transparente la société civile, en particulier les groupes de femmes.  Après avoir condamné toutes les actions qui empêchent l’Envoyé spécial de faire avancer ce processus politique vital, le représentant a dénoncé la détention du personnel de l’ONU; les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire; et toutes les restrictions imposées aux travailleurs humanitaires.  Il a également condamné les attaques transfrontalières contre les infrastructures civiles en Arabie saoudite.  Enfin, M. Hoxha a exhorté toutes les parties à soutenir un processus politique qui mène à la pleine réalisation des droits de l’ensemble de la population du Yémen.  Il a aussi salué les efforts déployés par l’ONU pour relancer l’économie du Yémen. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a souligné que les femmes yéménites arbitrent l’accès humanitaire, les services et les conflits locaux au quotidien et ont apporté des contributions notables au processus de paix, déplorant cependant qu’après sept ans de conflit, l’espace qui leur est réservé a diminué.  Les femmes ont droit d’intervenir sur les questions qui sont fondamentales pour leur sécurité et l’avenir du Yémen, a-t-elle insisté, notant que les processus de paix inclusif débouchent sur des solutions plus durables. 

La représentante a encouragé le Gouvernement du Yémen à opérationnaliser sa stratégie sur les Femmes et la paix et la sécurité et à intégrer les femmes au processus de décisions et dans les positions de leadership.  Elle a noté que les organisations locales de femmes sont essentielles pour bâtir la paix au Yémen. Déplorant le manque de financement pour leur travail, elle a encouragé la communauté internationale à leur accorder un appui plus souple.  Mme Juul a aussi appelé à prendre des mesures immédiates pour veiller à ce que les femmes puissent s’exprimer en toute sécurité.  Enfin, elle a encouragé l’Envoyé spécial à rechercher de nouvelles opportunités pour assurer la participation directe des femmes yéménites de tous horizons politiques et originaires de toutes les régions du Yémen. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a insisté sur l’importance du rôle des femmes et de la jeunesse yéménites pour instaurer la paix et appuyer le développement au Yémen.  Il a précisé que les femmes ont été des membres permanents de toutes les délégations officielles des négociations de paix et que ce sont les houthistes qui les mettent à l’écart.  Reprochant aussi aux milices houthistes d’être à l’origine de la crise économique, politique et sécuritaire dans le pays, le représentant a affirmé que son gouvernement multiplie les efforts pour soutenir l’économie nationale, maitriser le taux de change de la devise nationale et stabiliser la monnaie.  Il a insisté sur l’impératif du financement du plan humanitaire pour le Yémen en appelant à la solidarité internationale afin de créer un environnement propice à la paix au Yémen.  À cet égard, le représentant a réitéré la volonté de son gouvernement de faciliter le rôle de l’ONU au Yémen, y compris sur le volet humanitaire, et de mettre fin au conflit et aux souffrances des civils afin de parvenir à la justice et à la prospérité.  Cependant, a-t-il dénoncé, toutes les initiatives de paix ont été refusées par les milices houthistes, « qui sont soutenues par l’Iran ».  Pour sa part, le Gouvernement national reste attaché à l’Initiative du Conseil de coopération du Golfe, entre autres. 

Poursuivant, le représentant a indiqué que les attaques des houthistes qui ont visé ces derniers mois la ville de Mareb, avaient provoqué de nombreux déplacements, accusant en outre ces milices de prendre pour cible l’infrastructure civile au Yémen et en Arabie saoudite et d’être aux ordres des gardiens de la révolution iranienne et du Hezbollah libanais.  Il est évident que ces milices ne souhaitent pas la paix, a-t-il accusé.  Il a également indiqué que les houthistes ont utilisé l’aéroport de Sanaa pour stocker des armes et mener des attaques, avant de dénoncer la saisie d’un navire battant pavillon émirati.  Fort de ces exemples concrets, le représentant a plaidé pour que la communauté internationale et le Conseil de sécurité exercent davantage de pressions sur ces milices et les fassent revenir à la table de négociation.  Il a également reproché aux houthistes de violer l’Accord sur Hodeïda en vue de saisir ses ports.  Hodeïda est devenu aujourd’hui un centre de contrebande d’armes et de lancement de missiles iraniens, n’a-t-il pas hésité à dire. 

Pour ce qui est du pétrolier Safer, « bombe à retardement » et véritable menace environnementale pour la mer Rouge, M.  Al-Saadi a insisté sur l’urgence d’une inspection du navire par des équipes onusiennes, exhortant à mettre fin aux tentatives répétées d’obstruction des milices houthistes.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à offrir davantage de vaccins contre la COVID-19 aux Yéménites tout en remerciant le Mécanisme COVAX pour ce qui a déjà été fait en ce sens. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.