Soixante-dix-septième session,
24e séance plénière – après-midi
CPSD/769

Quatrième Commission: L’accélération et la consolidation des implantations israéliennes dans les territoires occupés inquiètent les délégations

Expansion et consolidation des colonies, expulsions arbitraires, démolitions de logements, déplacements forcés: l’accélération des projets d’implantation israéliens dans les territoires occupés a vivement préoccupé, cet après-midi, les délégations de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, à l’ouverture de son débat sur les pratiques et activités d’implantation israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. 

Venue présenter les deux rapports (A/77/493, A/77/520) du Secrétaire général sur les colonies de peuplement israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a indiqué que les projets de construction de colonies de peuplement ont progressé au cours de la période considérée, avec l’approbation de quelque 9 200 logements en Cisjordanie et l’établissement par les colons de 16 nouveaux avant-postes.  Le transfert par Israël de sa propre population civile sur le territoire qu’il occupe est interdit par le droit international humanitaire et peut constituer un crime de guerre, a rappelé Mme Ilze Brands Kehris.  Le Gouvernement israélien a en outre continué de consolider les blocs de colonies de peuplement à l’aide de routes de contournement et du mur de séparation. 

L’année 2022 a été la plus meurtrière depuis 2006 pour les Palestiniens vivant en Cisjordanie occupée, alors qu’au moins 121 Palestiniens, dont 27 enfants, ont été tués, a noté le Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, en présentant son rapport annuel (A/77/501).  Il a également fait état d’un niveau de violence sans précédent des colons israéliens, dont les actes de violence, souvent facilités par les forces israéliennes, ont augmenté de 34% depuis 2021.  Mme Kehris a dénoncé à son tour l’augmentation « alarmante » de la violence des colons contre les Palestiniens, faisant état de 575 incidents violents ayant fait des morts, des blessés et des dégâts matériels. 

« Le peuple palestinien est confronté à un moment existentiel », a reconnu la déléguée de l’État de Palestine, alors que les Palestiniens continuent d’être « déshumanisés » et pris pour cible « pour ce qu’ils sont », dans le cadre d’une campagne de dépossession et de déplacement, de colonisation et d’annexions, de nettoyages ethniques et de persécutions.  Pourtant, alors que ses appels continuent de se heurter à la « lassitude » de la communauté internationale, la colonisation illégale d’Israël se poursuit, mettant en péril la viabilité des communautés palestiniennes et de la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967. 

Nous devons faire obstacle aux mesures unilatérales qui entravent la réalisation de la solution des deux États, a demandé la Jordanie, en exhortant la communauté internationale à se réengager dans le processus de paix israélo-palestinien en favorisant la reprise de négociations.  En tant que gardien historique des Lieux saints de Jérusalem, ce pays a par ailleurs assuré qu’il s’opposera à toute tentative d’en modifier le statu quo juridique. 

Face à ces critiques, la représentante d’Israël a dénoncé les déclarations faites devant la Commission qui décrivent son pays comme le seul responsable de tous les maux du Moyen-Orient.  Or, a-t-elle noté, sa tradition égalitariste permet aux Juifs et aux Arabes de participer pleinement à la vie civile et publique de l’État hébreu.  Elle a aussi rappelé l’importance des accords de paix signés depuis plus de deux ans avec des nations arabes de la région. 

La liberté de circulation et l’accès des Palestiniens aux services et aux moyens de subsistance continuent d’être violés arbitrairement, a par ailleurs noté la Sous-Secrétaire générale.  Les autorités israéliennes ont ainsi démoli ou confisqué 871 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie occupée, expulsant de force 1 140 Palestiniens, dont 594 enfants.  À Jérusalem-Est occupée, un nombre croissant de Palestiniens ont été contraints de « démolir eux-mêmes » leurs propriétés pour éviter d’avoir à payer eux-mêmes aux autorités israéliennes le coût de la démolition, tandis qu’à Masafer Yatta, 1 144 habitants risquent d’être expulsés de force à la suite d’une décision de la Haute Cour de justice israélienne. 

Mme Kehris a indiqué que les avant-postes agricoles continuent de jouer un rôle vital dans la limitation des pâturages palestiniens, y compris sur les terres privées palestiniennes, ajoutant de facto des restrictions à leurs déplacements et à leurs moyens de subsistance.  Dans le Golan syrien occupé, l’expansion des colonies a pris une « nouvelle dimension » en 2021 lorsque le Gouvernement israélien a approuvé la construction de 7 300 logements dans les 34 colonies existantes, pour 23 000 nouveaux colons israéliens, a-t-elle noté, ce qui constitue une violation du droit à l’alimentation, à la santé et à un logement convenable. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, l’Azerbaïdjan a condamné pour sa part l’exploitation illégale des ressources naturelles par Israël, qui continue selon son délégué de refuser aux Palestiniens la souveraineté sur celles-ci afin de perpétuer leur état de dépendance.  Face à ces pratiques, il a réitéré son appel en faveur d’une « action urgente » pour contraindre la Puissance occupante à respecter ses obligations en vertu du droit international, tout en exprimant son inquiétude quant à la poursuite des violations, qui consacrent l’impunité tout en diminuant les perspectives de paix. 

Pendant ce temps, les restrictions imposées aux libertés civiques palestiniennes ont atteint des niveaux sans précédent, s’est inquiété le Président du Comité spécial, du fait notamment de la désignation d’organisations de défense des droits des Palestiniens légitimes en tant qu’entités terroristes.  La Sous-Secrétaire générale a indiqué à cet effet que le refus du Gouvernement israélien de répondre officiellement aux demandes de renouvellement de visas du personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) est incompatible avec son obligation de coopérer avec l’ONU. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 10 novembre 2022, à 10 heures. 

PRATIQUES ET ACTIVITÉS D’IMPLANTATION ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS

Déclaration liminaire

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, venue présenter les rapports du Secrétaire général, a indiqué que les projets de construction de colonies de peuplement ont progressé au cours de la période considérée, avec quelque 9 200 logements en Cisjordanie occupée ayant été avancés ou approuvés, contre 6 800 au cours de la période précédente.  Les colons ont également établi 16 nouveaux avant-postes.  L’établissement et l’expansion de colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé, n’ont aucune validité juridique et constituent une violation flagrante du droit international, a noté la Sous-Secrétaire générale.  En outre, le transfert par Israël de sa propre population civile sur le territoire qu’il occupe est interdit par le droit international humanitaire et peut constituer un crime de guerre.  Le Gouvernement israélien a continué de consolider les blocs de colonies de peuplement avec des réseaux de routes de contournement et le mur.  En vertu du droit international humanitaire, la propriété privée ne peut être confisquée que par nécessité militaire impérieuse, a-t-elle rappelé. 

Dans le même temps, les droits des Palestiniens à la liberté de circulation et à l’accès aux services et aux moyens de subsistance continuent d’être violés arbitrairement, a poursuivi Mme Kehris.  Au cours de la période considérée, les autorités israéliennes ont ainsi démoli ou confisqué 871 structures appartenant à des Palestiniens en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, expulsant de force 1 140 Palestiniens, dont 594 enfants.  À Jérusalem-Est occupée, a-t-elle ajouté, un nombre croissant de Palestiniens ont été contraints de « démolir eux-mêmes » leurs propriétés pour éviter d’avoir à payer aux autorités israéliennes le coût de la démolition. 

À Masafer Yatta, 1 144 habitants, dont plus de 560 enfants, risquent d’être expulsés de force à la suite d’une décision de la Haute Cour de justice israélienne incompatible avec le droit international.  Mme Kehris a souligné « l’augmentation alarmante » de la violence des colons contre les Palestiniens, avec 575 incidents de violence ayant fait des morts, des blessés et des dégâts matériels, contre 430 au cours de la période précédente.  Les incidents au cours desquels les forces de sécurité israéliennes ont activement soutenu ou participé aux attaques des colons contre les Palestiniens se sont également multipliés.  La Sous-Secrétaire générale a indiqué que les avant-postes agricoles continuent de jouer un rôle vital dans la limitation des pâturages palestiniens, y compris sur les terres privées palestiniennes, et ajoutent de facto des restrictions supplémentaires aux déplacements et aux moyens de subsistance palestiniens.  De plus, l’environnement coercitif à Al-Ganoub est tel qu’il oblige des Palestiniens à quitter leur foyer, ce qui fait craindre un éventuel transfert forcé. 

Dans le Golan syrien occupé, l’expansion des colonies a pris une nouvelle dimension en 2021 lorsque le Gouvernement israélien a approuvé la construction de 7 300 logements dans les 34 colonies existantes pour 23 000 nouveaux colons israéliens, ce qui constitue une violation du droit à l’alimentation, à la santé et à un logement convenable. 

Dans son rapport, le Secrétaire général recommande en conséquence qu’Israël cesse immédiatement ses activités de colonisation dans les territoires occupés et mette fin aux démolitions et aux expulsions forcées.  Il recommande en outre à Israël d’examiner rapidement les politiques de ses forces de sécurité afin de s’assurer qu’elles sont conformes à ses obligations en tant que Puissance occupante de protéger la population palestinienne. 

Débat interactif

L’État de Palestine s’est inquiété du rétrécissement de l’espace civique dans les territoires occupés palestiniens, notamment à Jérusalem-Est, marqué par la répression des organisations de défense des droits des Palestiniens. 

Après avoir réaffirmé son appui à la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967, l’Union européenne a souhaité une reprise des négociations en vue de parvenir à une paix juste et durable.  Sa représentante a appelé Israël à cesser d’étendre les colonies, y compris à Jérusalem-Est, alors qu’elle met en péril la solution des deux États.  De tels agissements, assortis d’expulsions, de transferts forcés, la confiscation de maisons et les démolitions, y compris des projets financés par l’Union européenne, ne font que faire monter les tensions et provoquer de nouvelles violences.  Elle s’est inquiétée de la dégradation de la situation sur le terrain, en appelant au respect du droit international humanitaire, notamment à Gaza, où le blocus se poursuit depuis 17 ans, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires d’Israël. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS, Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a rappelé qu’il a rencontré les ONG et appelé le Gouvernement israélien à revenir sur les désignations injustifiées de ces organisations de défense des Palestiniens en tant qu’entités terroristes et sur les restrictions qu’il leur a imposées.  Le Comité spécial a en outre demandé à Israël l’accès aux territoires occupés, demandes qui sont restées sans réponse. 

Mme ILZE BRANDS KEHRIS, Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, a exprimé sa préoccupation face à la fermeture, en août, des bureaux d’ONG par les autorités israéliennes, ce qui constitue une atteinte à la liberté d’expression.  Les accusations de terrorisme formulées à leur endroit sont à ses yeux totalement sans fondement.  De même, le refus du Gouvernement israélien de répondre officiellement aux demandes de renouvellement de visas du personnel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) est incompatible avec son obligation de coopérer avec l’ONU. 

Au Liban, qui s’interrogeait sur les conséquences des démolitions de logements sur les populations affectées, la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme a répondu que ces actions violaient un éventail de droits humains.  Imaginez, a poursuivi le Président du Comité spécial, le traumatisme de perdre votre toit et de vous retrouver du jour au lendemain sans abri à la suite d’une expulsion forcée. 

Débat général

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, de l’État de Palestine, a commencé par rappeler que, bien que la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits », les Palestiniens, où qu’ils se trouvent –sous occupation, en Israël, ou comme réfugiés et déplacés en exil– continuent d’être privés de leur liberté, de leur dignité et de leurs droits par Israël.  Ils sont ciblés uniquement pour ce qu’ils sont, dans une campagne continue de dépossession et de déplacement, de colonisation et d’annexion, de nettoyage ethnique et de persécution par cet occupant belliqueux et régime d’apartheid, s’est-elle indignée.  Et pourtant, on leur refuse non seulement la protection internationale, mais même le droit de se défendre, de se protéger et de résister à cette occupation illégale et violente par tous les moyens légitimes.  Ce n’est donc pas un euphémisme que de dire que le peuple palestinien est confronté à un moment existentiel, s’est-elle impatientée, en affirmant qu’ils luttent pour la réalisation de leurs droits humains inaliénables, y compris celui à l’autodétermination, « un droit non négociable », et leur droit fondamental à exister dans ses propres maisons et sur ses propres terres. 

Pourtant, en réponse à nos appels, on ne cesse de nous dire que la communauté internationale est « lasse » de la question palestinienne, a poursuivi Mme Abdelhady-Nasser, et que nous devons reconnaître « les priorités » de l’agenda international.  Mais ce qui manque souvent, c’est la reconnaissance de la nature existentielle de notre sort et de l’urgence d’agir pour traiter non seulement les symptômes mais les causes profondes de cette injustice historique, a-t-elle exigé, non seulement pour le bien du peuple palestinien, mais aussi du peuple israélien, de la région et pour la paix et la sécurité mondiales.  Seule une action sérieuse, fondée sur le droit international, peut changer la triste réalité à laquelle sont confrontés les Palestiniens, a fait valoir l’observatrice en appelant à faire pression pour mettre fin aux violations des droits de l’homme et aux crimes de guerre qui se sont banalisés de manière déraisonnable et en exigeant la protection du peuple palestinien contre la brutalité de l’occupation israélienne et la reddition de comptes. 

Les crimes d’Israël contre le peuple palestinien, y compris les actes odieux de racisme et de discrimination, ont été minutieusement documentés et signalés, a rappelé l’observatrice avant d’en passer certains en revue.  La vie des Palestiniens est quotidiennement menacée alors que les forces d’occupation israéliennes et les colons armés harcèlent, intimident et attaquent sans relâche les civils palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Tout un peuple déshumanisé et qualifié de terroriste par la Puissance occupante est traité comme cible légitime, avec des milliers de détenus dans les prisons israéliennes dans des conditions déplorables.  Elle a également parlé de la colonisation illégale d’Israël qui se poursuit et de la dépossession des terres et biens palestiniens, expliquant que cela compromet à termes la présence et la viabilité des communautés palestiniennes mais aussi de la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967.  Mme Abdelhady-Nasser a aussi souligné que la colonisation israélienne est particulièrement féroce à Jérusalem, en parlant d’annexion illégale et de mesures visant à modifier la démographie, le caractère, l’identité et le statut de la ville sainte, violant le statu quo historique et juridique des lieux saints et leur garde par la Jordanie. 

Comment est-ce permis?  Comment cela est-il légalement, politiquement, moralement, humainement acceptable?  Serait-ce permis dans un autre contexte?  À ces questions, l’observatrice a répondu sans ambages que « non, ça ne l’est pas, et ne devrait jamais l’être ».  Expliquant ces actes par le désir de maintenir la domination d’Israël sur le peuple palestinien et l’annexion de sa terre, elle a tranché en affirmant qu’il s’agit de crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, et que le monde ne peut pas normaliser une telle inhumanité contre son peuple.  Mme Abdelhady-Nasser a poursuivi en expliquant que tout ce que les Palestiniens attendent, c’est que le droit international soit respecté en paroles et en actes lorsqu’il s’agit de la Palestine.  « Nous ne pouvons pas être l’exception à toutes les règles », a-t-elle déclaré, et Israël ne devrait pas avoir le privilège d’agir en tant qu’État au-dessus de la loi.  Il s’agit d’une question d’équité et de justice, pour l’observatrice pour laquelle c’est existentiel non seulement pour son peuple, mais aussi pour l’ordre international fondé sur le droit.  Pour la délégation, il ne fait pas de doute que la question de Palestine reste un test décisif pour la crédibilité du système international et de l’état de droit: l’occupation doit cesser, le blocus doit cesser, la colonisation doit cesser, les violations des droits de l’homme doivent cesser, l’apartheid doit cesser, a exigé sa représentante. 

Alors que le processus politique est au point mort, seule l’établissement des responsabilités, y compris par le biais de la CPI et de la CIJ, offre, selon elle, la possibilité de modifier la trajectoire dangereuse et désastreuse sur laquelle Israël persiste à nous entraîner tous.  L’observatrice adjointe a tenu à ajouter que les Palestiniens ne cesseront jamais de demander au Conseil de sécurité d’appliquer ses propres résolutions, y compris la résolution 233 (2016), et d’agir pour mettre fin aux agressions d’Israël et respecter ses obligations en vertu de la Charte, mais « nous ne pouvons pas continuer à attendre que le Conseil surmonte sa paralysie alors que notre peuple est tué, que notre terre est colonisée et que la base d’une solution juste et pacifique est détruite ».  Il est donc devenu impératif pour l’Assemblée générale de respecter ses obligations en vertu de la Charte, notamment en demandant un nouvel avis consultatif à la CIJ, a exigé l’intervenante, pour qui doivent être examinées les conséquences juridiques de la violation prolongée par Israël du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, l’occupation, la colonisation et l’annexion du territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, sa législation et ses mesures discriminatoires.  Après avoir assuré que la décision de la partie palestinienne de se tourner vers la CIJ n’avait pas été prise à la légère, Mme Abdelhady-Nasser a martelé que faire respecter la loi est une voie pacifique et fondée sur des principes, une voie qui n’est « ni violente, ni conflictuelle, ni provocatrice », et qui devrait être la voie encouragée et soutenue par tous. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan) a regretté qu’Israël, Puissance occupante, continue de violer ses obligations en ne coopérant pas avec le Comité spécial, dont l’accès au territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, continue d’être entravé.  Il s’est en outre inquiété de l’aggravation de la violence par les forces d’occupation israéliennes et les colons extrémistes à l’encontre des civils palestiniens en Cisjordanie, ainsi que d’autres pratiques illégales et de la crise humanitaire « catastrophique » dans la bande de Gaza, en raison du blocus israélien illégal en place depuis plus de 15 ans.  Le Mouvement condamne en particulier la poursuite de l’expansion des colonies dans l’ensemble du territoire palestinien occupé et dans le Golan syrien occupé.  Toutes ces activités sont illégales en vertu du droit international, a rappelé le représentant, et doivent cesser immédiatement.  Il a également appelé Israël à mettre fin rapidement et sans condition à son blocus illégal de Gaza et à ouvrir tous ses points de passage, conformément au droit international humanitaire.  Il est tout aussi déplorable à ses yeux qu’au cours de la période considérée, le harcèlement, l’intimidation et les attaques des colons israéliens aient continué à faire des victimes parmi les civils palestiniens, y compris des enfants, ainsi que la destruction de maisons palestiniennes.  Ces pratiques mettent en péril la solution des deux États, a fait remarquer le délégué, en plus de violer le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple palestinien. 

À cet égard, le Mouvement condamne catégoriquement l’exploitation illégale des ressources naturelles de la Palestine par la Puissance occupante, qui refuse aux Palestiniens la souveraineté sur celles-ci afin de perpétuer leur état de dépendance en ce qui concerne l’eau et l’énergie.  Face à ces pratiques, le représentant a réitéré son appel en faveur d’une « action urgente et à des mesures pratiques » de la part de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, pour contraindre la Puissance occupante à respecter ses obligations au titre du droit international.  Il a réaffirmé sa préoccupation quant à l’absence de responsabilité pour toutes les violations commises par Israël, qui consacre l’impunité et déstabilise la situation sur le terrain, tout en diminuant les perspectives de paix.  S’agissant du Golan syrien, le Mouvement des pays non alignés réaffirme une fois de plus que toutes les actions illégales menées par Israël sur ce territoire depuis 1967 constituent une violation manifeste du droit international.  Les ministres du Mouvement ont adopté, en septembre dernier, une déclaration politique à cet effet soulignant, entre autres, qu’une solution juste, durable et pacifique à la question de la Palestine doit rester une responsabilité permanente de l’ONU jusqu’à ce qu’elle soit résolue de manière satisfaisante. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite), au nom du Groupe arabe, a rappelé le droit « inhérent » à l’autodétermination du peuple palestinien.  Il a condamné les agressions israéliennes, évoquant, entre autres, le blocus « injuste et illégal » de la bande de Gaza.  Il a dénoncé l’assassinat délibéré de Shireen Abu Akleh et appelé la communauté internationale à traduire en justice ses auteurs.  Il a également condamné l’extension de la colonisation et la démolition de propriétés palestiniennes, exhortant au respect de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité.  Le représentant a déploré les agressions contre Jérusalem.  Les tentatives de modifier le statu quo sur les lieux saints musulmans et chrétiens sont également inacceptables, a-t-il ajouté, rejetant toute décision qui modifierait le statut de Jérusalem.  Le délégué a condamné la désignation de six ONG israéliennes comme entités terroristes.  La communauté internationale doit exercer une pression sur Israël, a-t-il déclaré.  « L’occupation permanente du Golan syrien hypothèque la paix et la sécurité régionale et internationale », a-t-il en outre estimé, réitérant l’application de la quatrième Convention de Genève de 1949 dans cette région.  Il a rappelé que la Jordanie est le seul garant pour gérer les affaires relatives à la Mosquée Al-Aqsa.  Il a appelé la communauté internationale à condamner la détention arbitraire de Palestiniens par Israël et à reconnaître l’État palestinien et à lui accorder le statut de membre au sein des Nations Unies. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a fait part de ses inquiétudes concernant la situation humanitaire à Gaza et l’escalade des hostilités en Cisjordanie.  Il a noté que le processus de paix au Moyen-Orient est toujours dans l’impasse, avant de dénoncer la modification de l’équilibre démographique de Jérusalem-Est afin d’aboutir à une population majoritairement juive.  Le représentant a appelé à la fin de la colonisation, dont il a souligné l’illicéité, avant de dénoncer les démolitions et les déplacements de communautés vulnérables.  La montée des tensions, la violence systématique et la détérioration de la situation à Jérusalem-Est et dans diverses villes de Cisjordanie continuent de préoccuper gravement la communauté internationale.  Enfin, il a rappelé que son pays s’est systématiquement opposé à l’occupation illégale des territoires palestiniens et qu’il appuie résolument la résolution 2334 (2016). 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a déploré la détérioration continue de la situation dans les territoires occupés, alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré 2022 année la plus meurtrière depuis 2006.  Israël a adopté au cours de la dernière année plusieurs mesures unilatérales qui sapent la solution des deux États, telles que l’expansion des colonies, les évictions de Palestiniens de leurs maisons et la destruction de propriétés.  De même, a-t-elle noté, la violence des colons contre les Palestiniens sans défense a augmenté, avec la complicité des forces de sécurité israéliennes, ainsi que les incursions dans des zones de Cisjordanie.  Cette situation continue de miner la solution des deux États et d’amoindrir les aspirations du peuple palestinien à exercer son droit légitime à l’autodétermination.  « Une paix juste et durable de la question palestinienne est le nœud du problème dans le monde arabe », a fait valoir le représentant, en appelant à la cessation par Israël de toute les mesures unilatérales. 

M. AHMED HAMOOD FAISAL AL BUSAIDI (Oman) a réitéré que son pays est favorable à la création d’un État palestinien indépendant, sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, dans le droit fil de l’Initiative de paix arabe et des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Il a exhorté les autorités d’occupation israéliennes à respecter le droit international et à mettre fin aux violations graves de ce droit à l’encontre du peuple palestinien.  Alors que l’Oman souhaite appuyer les efforts de paix dans la région, le représentant a indiqué qu’il tient à appuyer les aspirations légitimes du peuple palestinien, y compris pour que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations Unies. 

M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq) a estimé que la poursuite par la Puissance occupante de son agression contre le peuple palestinien « est la preuve irréfutable qu’elle ignore le droit international et les résolutions pertinentes des Nations Unies ».  Il a donc appelé la communauté internationale à traiter « avec fermeté » la situation pour y mettre un terme définitif.  Il a réaffirmé que la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967 avec Jérusalem pour capitale est la seule solution viable.  À ce titre, il a dénoncé les pratiques arbitraires contre les civils palestiniens, la poursuite du blocus illégal, la prise pour cible de personnes vulnérables et d’infrastructures civiles ainsi que les entraves aux mouvements des services médicaux.  Il a également condamné l’assassinat de la journaliste Shireen Abu Akleh et l’escalade des agressions sur la ville de Jérusalem.  Le délégué a appelé le Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses résolutions, notamment la résolution 2334 (2016).  Il a par ailleurs fustigé la poursuite de l’occupation du Golan arabe syrien et réitéré l’application de la quatrième Convention de Genève de 1949.  Cette occupation « n’a aucune légitimité en droit international », a-t-il estimé.  IL s’est en outre félicité de la signature par les factions palestiniennes de la Déclaration d’Alger.  Le représentant a, enfin, exhorté les États à reconnaître l’État palestinien et à lui accorder le statut de membre à part entière au sein des Nations Unies. 

M. HERNANDEZ MORERA (Cuba) a fait part de sa profonde préoccupation face à la situation au Moyen-Orient et aux souffrances du peuple palestinien découlant de plus de 55 ans d’occupation étrangère illicite.  Le système de domination du peuple palestinien mis en place par Israël équivaut à un véritable apartheid, a tranché le délégué, avant d’exiger le retrait total et inconditionnel d’Israël du Golan syrien et de tous les territoires arabes occupés.  Il est regrettable que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure de mettre fin à la colonisation israélienne, a-t-il poursuivi.  « Le Conseil doit prendre sans plus tarder des mesures concrètes pour mettre fin à cette injustice historique ».  Le délégué a également appelé à la levée immédiate du blocus de la bande de Gaza.  Enfin, il a appuyé la solution des deux États. 

M. HASSAN ADAM (Maldives) a souligné le rôle stabilisateur de l’UNRWA dans la région et salué l’assistance apportée par l’Office aux réfugiés palestiniens.  Il s’est inquiété que plus de 60% des réfugiés palestiniens en Syrie ont connu de multiples déplacements prolongés.  Le représentant a regretté la détérioration des financements de l’UNRWA « alors que le nombre de réfugiés continue d’augmenter », exhortant les États Membres à les renforcer.  L’escalade des hostilités en Palestine « viole les droits humains fondamentaux et la dignité des populations sous occupation », a affirmé le délégué, qui s’est également inquiété de la crise humanitaire chronique dans la bande de Gaza.  Le délégué a par ailleurs regretté l’occupation illégale du Golan et des discriminations qu’y subissent les Syriens.  Il a exhorté à mettre fin à l’occupation palestinienne et à reconnaître l’État palestinien, plaidant pour une solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. 

S’exprimant au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. KHALID MOHAMMED H. H. FELEMBAN (Arabie saoudite) a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités s’agissant de la protection du peuple palestinien et du rétablissement de ses droits.  Il a condamné l’intensification de la politique israélienne de déplacements forcés et la modification des lieux saints musulmans à Jérusalem, rejetant les pratiques visant à modifier le statut juridique de la mosquée Al-Aqsa.  Le délégué a également condamné l’attaque lancée par les forces d’occupation israéliennes contre la bande de Gaza au mois d’août.  Il a réaffirmé que la meilleure façon d’assurer la sécurité régionale est de reprendre les négociations en vue de parvenir à l’établissement d’un État palestinien sur les frontières d’avant 1967, avec comme capitale Jérusalem-Est.  Les autorités d’occupation israéliennes doivent mettre fin aux pratiques qui portent atteinte aux droits humains et reprendre de bonne foi des négociations afin de parvenir à la paix sur la base d’une solution des deux États, a-t-il ajouté en conclusion. 

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a dénoncé la poursuite des mesures unilatérales prises par Israël dans le but de consacrer son occupation, notamment l’escalade de la situation à Jérusalem-Est, l’expansion des colonies de peuplement, la confiscation de propriétés palestiniennes et autres mesures qui vont sans nul doute entraîner plus de violence, a-t-il mis en garde.  Il faut agir efficacement pour empêcher les mesures unilatérales qui entravent la réalisation de la solution des deux États, a-t-il demandé en exhortant la communauté internationale à se réengager dans le processus de paix israélo-palestinien et à favoriser la reprise de négociations en ce sens.  Le représentant a rappelé que la Jordanie a historiquement la garde des Lieux saints de Jérusalem, et qu’elle s’opposera à toute tentative d’imposer un nouvel État sur place ou de changer les caractéristiques démographiques sur place.  Il a appelé au respect de l’Initiative de paix arabe.  S’agissant du Golan syrien occupé, le représentant a invoqué les résolutions pertinentes de l’ONU qui dénoncent l’illégalité de son occupation.  La communauté internationale ne peut continuer à ignorer les mesures unilatérales israéliennes qui sont un affront au droit international, a estimé le délégué, en appelant la communauté internationale à le faire respecter. 

M. KIM IN CHOL (République populaire démocratique de Corée) a apporté son appui à la lutte du peuple palestinien contre l’occupation israélienne.  Il a déploré que rien de tangible n’ait été fait depuis 70 ans pour mettre fin à ce conflit, constatant que l’expansion des colonies de peuplement fait même des victimes palestiniennes.  Ces agissements sapent la réalisation des droits du peuple palestinien, a estimé le représentant, qui a ensuite accusé les États-Unis de partialité vis-à-vis d’Israël.  La communauté internationale ne peut plus tolérer cette politique sinon ce conflit s’éternisera, a-t-il prévenu.  Selon lui, le « régime » israélien doit respecter le droit international, quitter les territoires occupés y compris le Golan syrien, et respecter le droit des Palestiniens à un État indépendant. 

M. ALHOSANI (Émirats arabes unis) a réitéré son soutien à la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a invité les parties à revenir à la table des négociations.  Il convient néanmoins de « fournir un environnement propice à la paix », a-t-il indiqué.  Il a, à ce titre, appelé au respect des lieux saints et des rites religieux et souligné l’importance de la tutelle de la Jordanie sur les lieux saints musulmans et chrétiens.  Le représentant a appelé la communauté internationale à augmenter l’assistance internationale dans la bande de Gaza et exhorté à rouvrir les points de passage vers ce territoire.  Il a, enfin, évoqué le soutien apporté par son pays au peuple palestinien. 

Mme ALI (République arabe syrienne) a profondément regretté que les enquêtes menées par le Comité spécial continuent de donner des résultats négatifs.  L’escalade des forces d’occupation israéliennes contre les civils palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, ainsi que la grave crise humanitaire actuelle dans la bande de Gaza, sont particulièrement préoccupantes, a-t-elle déclaré.  Elle a condamné la poursuite de l’expansion des colonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est, ainsi que dans le Golan syrien occupé.  La déléguée a exigé la cessation immédiate de toutes les pratiques illégales conformément au droit international et à la résolution du Conseil de sécurité 2334 (2016) ainsi que des autres résolutions pertinentes. 

En outre, elle a dénoncé les modifications du statut juridique du Golan syrien occupé, notamment la tentative d’imposer la citoyenneté israélienne au peuple syrien et d’organiser des élections.  La représentante a condamné la politique de terrorisme, de répression, de discrimination raciale et les arrestations arbitraires des citoyens syriens.  Les autorités d’occupation empêchent également les résidents syriens du Golan de construire des maisons sur leurs propres terres ou bien les détruisent, a-t-elle dénoncé.  Les violations israéliennes des droits de l’homme des Syriens du Golan occupé sont aussi économiques, a-t-elle souligné.  Ainsi, l’exploitation des ressources de pétrole et de gaz, ainsi que le contrôle des eaux souterraines au service des colonies de peuplement est mise en œuvre par Israël, a-t-elle déclaré.  La représentante a réaffirmé son ferme attachement à la restitution du Golan syrien occupé.  Elle a affirmé que toutes les mesures prises par Israël pour modifier ses caractéristiques naturelles et démographiques n’ont aucun effet juridique en vertu du droit international.  La représentante a également affirmé son soutien à l’obtention pour la Palestine du statut d’État Membre à part entière des Nations Unies. 

Droit de réponse

La représentante d’Israël a exercé son droit de réponse pour dire que les déclarations faites aujourd’hui ne parlent pas des véritables pratiques d’Israël qui décrivent ce pays comme le seul responsable de tous les maux au Moyen-Orient.  Elle a rappelé qu’Israël a œuvré activement à vacciner plus de 150 000 Palestiniens contre la COVID-19 et facilité l’arrivée de médicaments.  Israël s’est également engagé dans la lutte contre les changements climatiques dans la région, a encore dit la représentante, qui a ensuite évoqué l’égalitarisme israélien, qui veut que Juifs et Arabes participent pleinement à la vie civile et publique en Israël.  Elle a aussi rappelé l’importance des accords de paix signés depuis plus de deux ans avec des nations arabes de la région. 

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