Soixante-dix-septième session,
22e et 23e séances plénières – matin & après-midi
CPSD/768

Quatrième Commission: le Commissaire général défend le rôle de premier plan de l’UNRWA et plaide pour l’attribution de ressources pérennes

C’est à un vibrant plaidoyer à la solidarité et à l’appui financier que s’est livré, ce matin, devant la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et décolonisation), le Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. Philippe Lazzarini, dans un contexte marqué depuis 10 ans par une indifférence plus grande à l’égard du sort des réfugiés palestiniens, et au moment où leur situation est plus difficile que jamais selon la déléguée palestinienne. 

Le Commissaire général attendait du débat d’aujourd’hui qu’il rende compte du rôle de premier plan de l’Office, en souhaitant que le renouvellement par l’Assemblée générale de son mandat pour trois ans s’accompagne d’une véritable volonté de fournir les ressources prévisibles nécessaires à la continuité des services offerts par l’Office.  En effet, son déficit financier chronique compromet sa capacité à remplir son mandat, a-t-il expliqué à nouveau, et met en jeu son rôle stabilisateur dans la région.  Le haut fonctionnaire attend donc un soutien financier conséquent des États Membres, y compris une hausse significative des contributions mises en recouvrement. 

Alors que l’Office peine à élargir sa base de donateurs, les délégations ont été quasi unanimes à reconnaître son rôle essentiel pour prêter assistance aux réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les territoires palestiniens occupés.  À leurs yeux, il n’y a pas d’alternative à l’Office, et cela, aussi longtemps qu’une solution juste et durable ne sera pas trouvée à la situation des 5,8 millions de réfugiés palestiniens qui en dépendent en matière de santé, d’éducation et d’opportunités professionnelles.  L’Union européenne a également souligné que l’Office apporte une contribution essentielle à la viabilité de la solution des deux États. 

Il n’en reste pas moins que pendant trop longtemps, l’UNRWA a essayé de concilier trois sources opposées de pressions, a regretté le Commissaire général, à savoir le mandat de l’Assemblée générale qui demande à l’Office de fournir des services de type secteur public; le manque chronique de financements volontaires suffisants de la part des États Membres; et l’incapacité à modifier le mode de fourniture de services parce que tout changement du modus operandi de l’UNRWA est perçu par la communauté de réfugiés palestiniens avec suspicion, voire comme une tentative d’affaiblir son mandat et leurs droits. 

Aujourd’hui, l’austérité ronge la qualité de nos services et sape le moral du personnel, a-t-il concédé, et l’Office a besoin d’une injection de capital substantielle pour pouvoir mettre en œuvre sa stratégie, respecter l’objectif de durabilité environnementale de l’ONU, remplacer ses actifs de base obsolètes, et continuer à promouvoir les droits et le bien-être des réfugiés.  Maintenir une éducation de qualité, réhabiliter les camps, assurer l’universalité des taux de vaccination sont tous d’excellents retours sur investissement, a-t-il insisté, en arguant que la taille, l’échelle et la portée des opérations de l’UNRWA méritent 100 millions de dollars supplémentaires par an. 

Pour remédier à cette situation, les délégations ont été nombreuses à soutenir l’idée d’un financement du budget de fonctionnement de l’Office via le budget ordinaire de l’ONU.  Il est de la responsabilité de la communauté internationale d’assurer une manière pérenne et durable, parce qu’« investir dans l’UNRWA, c’est investir dans l’avenir et la stabilité », a estimé la Jordanie. 

De son côté, Israël a cherché à remettre en question le fait que l’UNRWA soit la bonne organisation pour faire progresser la cause des réfugiés palestiniens en ironisant sur le fait que ces derniers ont toujours fait l’objet d’un traitement préférentiel à l’ONU.  Alors que le Haut-Commissariat pour les réfugiés s’occupe des millions de personnes déplacées et réfugiées en facilitant leur réinstallation ailleurs et en cherchant à faire baisser leur nombre, l’UNRWA entretient le concept de « l’héritage du statut de réfugié », a accusé la représentante israélienne.  Elle en a voulu pour preuve que depuis la création de l’Office en 1949, le nombre de réfugiés palestiniens soit passé de 750 000 à 5,8 millions de personnes aujourd’hui, dont 2,2 millions ont obtenu une nationalité ailleurs, mais revendiquent toujours leur droit au retour. 

La délégation israélienne a également mis en cause la neutralité de l’Office en affirmant que la haine des juifs serait enseignée dans ses écoles, affirmant aussi que si la partie palestinienne avait accepté le Plan de partage de l’ONU en 1947, il n’y aurait pas de réfugiés palestiniens aujourd’hui. 

Ces affirmations lui ont valu un droit de réponse de l’État de Palestine, dont la représentante a rappelé qu’Israël n’avait jamais respecté ce Plan, ni toutes les autres résolutions de l’ONU sur la question.  Lui opposant le fait que l’écrasante majorité des États Membres soutient l’UNRWA et son mandat, l’intervenante a estimé qu’il s’agit là de la meilleure réponse aux tentatives actuelles d’Israël de jeter le discrédit sur l’Office. 

En fin de séance, la Commission a entendu les derniers intervenants du débat général sur la question du maintien de la paix des Nations Unies. 

Elle poursuivra ses travaux le mercredi 9 novembre à 15 heures. 

OFFICE DE SECOURS ET DE TRAVAUX DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS DE PALESTINE DANS LE PROCHE-ORIENT

Déclaration liminaire

M. PHILIPPE LAZZARINI, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a souhaité que la discussion d’aujourd’hui rende compte du rôle de premier plan de l’Office, qui doit se traduire par un vote retentissant à l’Assemblée générale pour renouveler son mandat pour trois années supplémentaires.  Cette dernière année a été difficile pour les réfugiés palestiniens de toute la région, a expliqué le haut fonctionnaire, en citant les défis liés à la réalisation de leurs droits fondamentaux, l’augmentation de la pauvreté en partie liée aux impacts de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine sur l’emploi, les prix et l’inflation galopante.  Cela l’a amené à constater que la pauvreté, conjuguée à l’absence de processus politique et d’espoir d’un avenir meilleur, alimente la détresse, le désespoir et le mécontentement des réfugiés palestiniens. 

En Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, le niveau élevé de violence entrave la capacité de l’UNRWA à fournir des services.  Cette année, le nombre de morts parmi les réfugiés est le plus élevé depuis 2005.  À Gaza, près de la moitié des étudiants de l’UNRWA sont traumatisés par les cycles répétés de violence et 15 ans de blocus qui les empêchent de s’épanouir comme leurs pairs ailleurs.  Presque tous les réfugiés y dépendent désormais du panier alimentaire de l’UNRWA.  Au Liban, des réfugiés palestiniens disent à l’UNRWA que « tout vaut mieux que leur vie aujourd’hui », a poursuivi M. Lazzarini.  Ils étaient déjà parmi les plus pauvres, vivant dans des camps surpeuplés et soumis à des politiques discriminatoires systémiques et, par conséquent, beaucoup cherchent à traverser la Méditerranée et périssent en cours de route.  L’Office subit une pression insurmontable pour en faire davantage, mais sa situation financière l’empêche de soutenir une communauté qui « touche le fond », s’est justifié le Commissaire général.  En Syrie, les réfugiés palestiniens reviennent de plus en plus vivre dans des quartiers qui ont été rasés il y a des années, parce qu’ils n’ont pas d’autres options.  Chaque jour, des enfants sortent des décombres pour aller dans les écoles de l’UNRWA en dehors des campements.  L’Office cherche à réhabiliter les écoles et les dispensaires dans les camps comme Yarmouk et Ein el Tal, a indiqué M. Lazzarini.  En Jordanie, la pandémie de COVID-19 frappe l’économie, privant une grande partie des réfugiés des revenus tirés de « petits boulots » souvent payés à la journée. 

Mais malgré cette triste réalité quotidienne, l’UNRWA continue de faire la différence dans la vie de millions de réfugiés palestiniens, a assuré le Commissaire général.  Concrètement, cela signifie que plus d’un demi-million d’enfants continuent d’être scolarisés chaque jour dans plus de 700 écoles administrées par l’Office dans la région.  Ou encore que près de deux millions de réfugiés palestiniens ont accès à des soins de santé primaires de qualité dans les centres de santé de l’UNRWA et que les plus pauvres reçoivent de l’argent ou une assistance alimentaire alors que 14 000 prêts ont été accordés à des femmes pour démarrer ou pérenniser leurs entreprises et devenir financièrement indépendantes. 

Pour pouvoir faire tout cela, nous n’avons cessé d’innover, a affirmé haut et fort le Commissaire général.  À titre d’exemple, il a rappelé que l’an dernier, l’Office a lancé une plateforme d’apprentissage numérique très plébiscitée par l’UNESCO, qui aide les élèves et leurs parents à accéder à l’apprentissage à domicile lorsque les écoles sont fermées en raison de conflits ou d’autres crises comme la pandémie.  L’UNRWA est aussi un pionnier des soins de santé numériques dans le monde en développement et partage ses connaissances avec les pays d’accueil grâce à son système télémédecine.  Les validateurs mondiaux, dont le MOPAN et la Banque mondiale, ont attesté de la rentabilité, de l’efficacité et de la qualité des services de l’Office, a souligné M. Lazzarini, qui a saisi cette opportunité pour rendre hommage aux femmes et hommes qui se cachent derrière ces réalisations et innovations, « ceux qui sont la colonne vertébrale de l’Office »: ses 28 000 employés –enseignants, médecins, infirmiers, travailleurs sociaux– dont la grande majorité sont des réfugiés palestiniens. 

Constatant que l’évolution des priorités géopolitiques mondiales et des dynamiques régionales s’est faite au détriment de l’attention accordée au conflit israélo-palestinien, M. Lazzarini a regretté qu’au cours de la dernière décennie, on assiste à une plus grande indifférence à l’égard du sort des réfugiés palestiniens.  Pendant trop longtemps, l’UNRWA a essayé de concilier trois sources opposées de pressions, a-t-il expliqué, à savoir le mandat de l’Assemblée générale qui demande à l’Office de fournir des services de type secteur public; le manque chronique de financement volontaire suffisant de la part des États Membres et le caractère imprévisible de la plupart des financements; et l’incapacité à modifier le mode de fourniture de services parce que tout changement du modus operandi de l’UNRWA est perçu par la communauté de réfugiés palestiniens avec suspicion, comme une tentative d’affaiblir le mandat et les droits des réfugiés.  Aujourd’hui, l’austérité ronge la qualité de nos services et sape le moral du personnel, a concédé le Commissaire général.  Au cours des 10 dernières années, un sous-financement annuel d’environ 100 millions de dollars a contraint l’UNRWA à fonctionner avec des contraintes financières draconiennes.  Aujourd’hui, nous avons besoin d’une injection de capital substantielle pour mettre en œuvre notre stratégie, pour respecter l’objectif de durabilité environnementale de l’ONU, pour remplacer nos actifs de base tels que les véhicules et les ordinateurs devenus obsolètes et pour continuer à promouvoir les droits et le bien-être des réfugiés, a tranché M. Lazzarini.  Maintenir une éducation de qualité, verdir les camps, assurer l’universalité des taux de vaccination sont tous d’excellents rendements de l’investissement collectif, a-t-il souligné en arguant que la taille, l’échelle et la portée des opérations de l’Office méritent 100 millions de dollars supplémentaires par an.  « C’est très peu en échange de la protection des droits et de la contribution à la stabilité régionale qu’apporte l’Office par sa présence et ses activités ». 

L’Office est unique au sein du système des Nations Unies parce qu’il offre des services directs et gère ses propres écoles et centres de soins de santé primaires.  Il se distingue également en ce qu’il repose presque exclusivement sur un financement volontaire.  Or, a martelé le Commissaire général, des ressources volontaires et imprévisibles ne permettent pas de gérer des services publics.  Au cours des deux dernières années, sa priorité a été d’impliquer les États Membres sur les moyens de doter l’Office d’une base de financement durable.  Lors de la Conférence de Bruxelles, coorganisée par la Jordanie et la Suède l’année dernière, il a présenté un pacte, une vision d’un UNRWA modernisé qui fonctionne avec un budget fixe de trois ans.  Cette proposition n’a toutefois pas entraîné l’engagement financier supplémentaire souhaité de la part des États Membres, a-t-il concédé.  Cette année, il a lancé un dialogue pour promouvoir de nouvelles façons d’augmenter et de renforcer les partenariats avec d’autres agences des Nations Unies dans le but d’exploiter les ressources disponibles au sein du système des Nations Unies, en demandant à d’autres organismes de fournir certains services au nom de l’UNRWA et sous sa responsabilité. 

Alors que le mandat de l’UNRWA est sur le point d’être renouvelé, le Commissaire général a espéré que cela se fera avec le même enthousiasme qu’en 2019.  Cependant, a-t-il mis en garde, cela ne devrait pas être une simple formalité de procédure.  Cela doit s’accompagner d’une véritable volonté de fournir des ressources prévisibles nécessaires qui permettront aux réfugiés palestiniens d’avoir une vie digne.  Le déficit financier chronique compromet notre capacité à remplir le mandat, a-t-il souligné à nouveau en ajoutant que cela met en jeu également le rôle stabilisateur de l’Office dans la région.  Il a demandé aux États Membres d’appuyer une hausse significative des contributions mises en recouvrement pour donner à l’Office une meilleure posture financière et lui permettre de remplir son mandat. 

Dialogue interactif

La représentante de l’État de Palestine a remercié l’UNRWA et son personnel pour leurs efforts qui contribuent à renforcer la résilience des réfugiés palestiniens et la réalisation pour eux des objectifs de développement durable, mais également pour leur contribution à la stabilité régionale.  Elle a appuyé les appels du Commissaire général pour accorder des financements adéquats et prévisibles à l’Office, notamment à travers le budget ordinaire de l’ONU, tout en remerciant les donateurs actuels de l’UNRWA.  Elle a ensuite demandé de plus amples détails sur les besoins de financement de l’Office et la hausse des coûts liés à la mobilité des biens et personnes entravé par le blocus de Gaza. 

La représentante de l’Union européenne a remercié l’UNRWA pour son travail et les services qu’elle fournit, en reconnaissant son rôle stabilisateur pour la région.  Elle a assuré que l’UE continuera à appuyer l’Office, et, en tant que plus grand bailleur de fonds le plus important à cet organisme, elle a encouragé tous les États Membres à revoir leurs contributions à la hausse, en particulier les pays du Golfe.  Abondant en ce sens, le représentant de la Türkiye a fait valoir que tant qu’il n’y a pas de solution politique à ce conflit, la communauté internationale ayant pour devoir de se pencher sur la situation humanitaire des réfugiés palestiniens.  Il a demandé à M. Lazzarini ce qui peut être fait de plus. 

Répondant à ces interventions, le Commissaire général a noté que ces 10 dernières années, le déficit financier de l’Office s’est situé autour de 100 millions de dollars par an, alors même qu’il est question d’une agence qui fournit des services essentiels.  Il a appelé les États Membres à étudier le rapport du Groupe de travail sur le financement de l’UNRWA et à passer aux actes pour mettre en œuvre les recommandations qui y sont faites, en particulier pour ce qui est des contributions mises en recouvrement.  M. Lazzarini a également souligné que l’Office ne peut emprunter et que son modèle de financement actuel sur la base de contributions volontaires se heurte à des limites.  Pour ce qui est des coûts liés aux restrictions à la liberté de mouvement du personnel et des biens de l’Office, il a indiqué qu’il existe des études que l’Office est prêt à partager. 

Le représentant du Liban a également appuyé l’appel du Commissaire général en faveur d’un financement prévisible et adéquat de l’Office.  Il est revenu sur le terme « discrimination » utilisé dans le rapport de l’Office pour décrire la situation des réfugiés palestiniens au Liban, en demandant si cela était juste ou justifiable.  Rappelant que son pays a une composition démographique spéciale et une histoire complexe, il a fait valoir qu’au cours de sept décennies, les réfugiés palestiniens ont vécu au Liban aux côtés des Libanais et que des dispositions ont été prises pour leur permettre d’accéder notamment à l’enseignement supérieur, à condition d’exercer certaines professions uniquement dans le cadre de l’UNRWA. 

L’Observateur permanent de la Ligue des États arabes a réaffirmé quant à lui l’appui du groupe aux efforts de l’Office à tous les niveaux.  Il a dénoncé les taxes imposées par la Puissance occupante, Israël, à certaines cargaisons de l’UNRWA, notamment de denrées alimentaires et de médicaments, en suggérant que ces taxes devraient être récupérées sur la quote-part israélienne.  Il a plaidé en faveur d’un financement de l’Office par le biais du budget ordinaire de l’ONU. 

Le représentant du Canada a noté que l’Office s’efforce de travailler en toute indépendance avant de demander à M. Lazzarini quelles sont les retombées de l’inclusion d’un libellé sur la neutralité de l’Office dans la résolution de cette année. 

Le Commissaire général a confirmé que l’Office peut emprunter au maximum 30 millions de dollars au mécanisme du Fonds central autorenouvelable d’urgence (CERF) pour quelques mois, et que cela a été fait uniquement pour pouvoir assurer ses services essentiels si besoins.  Pour ce qui est du mécanisme de taxes imposé à l’acquisition de denrées alimentaires notamment, il a affirmé que l’objectif est de le simplifier.  Répondant au Liban, il a dit ne pas vouloir offenser qui que ce soit, mais que la réalité est ce qu’elle est, tout en saluant le fait que ce pays accueille des réfugiés palestiniens et syriens de longue date et qu’il leur a permis d’accéder à l’éducation supérieure, notamment.  Toutefois, il a parlé de discrimination, puisque les Palestiniens n’ont pas accès à la propriété foncière au Liban et à 39 secteurs d’activités économiques.  Le Commissaire général a espéré qu’il serait possible d’élargir l’accès professionnel de Palestiniens talentueux à ces secteurs.  Il a dit « faire sien » le libellé sur la neutralité de l’Office dans le projet de résolution à l’étude, en rappelant les efforts des dernières années menés en ce sens, notamment les formations spécifiques du personnel de l’Office, et qu’il existe un mécanisme de contrôle interne. 

Débat général

Mme FEDA ABDELHADY-NASSER, de l’État de Palestine, a déclaré que l’UNRWA est une bouée de secours pour les Palestiniens depuis des décennies, soulignant que ce caractère indispensable est convenu depuis bien longtemps.  Alors que son mandat doit bientôt être renouvelé, l’absence cruelle de mise en application des multiples résolutions concernant la Palestine est tragique, a fait remarquer la représentante.  Elle a rappelé qu’Israël continue d’occuper de façon illégale l’État de Palestine au mépris du droit international, alors que 5,8 millions de Palestiniens sont réfugiés à l’heure actuelle: une situation qui perdure de génération en génération.  Réitérant sa profonde gratitude envers la Syrie, la Jordanie et le Liban pour leur collaboration avec l’agence, ainsi qu’à tous les États Membres soutenant son mandat, la déléguée a plus généralement exhorté ces derniers à continuer leurs efforts pour que l’agence puisse mener à bien sa mission sans interruption. 

Après 12 années de conflit en Syrie, une crise économique dévastant le Liban et un déclin économique frappant de plein fouet les territoires palestiniens occupés -qui subissent des raids constants par les forces d’occupation–, le contexte sur le terrain est de plus en plus difficile, s’est désolée la déléguée.  Elle a évoqué les destructions et les pertes de vies humaines dans la bande de Gaza, où les enfants composent la moitié de la population.  L’UNRWA a besoin de distribuer des denrées, de construire des maisons, d’instruire les enfants, a-t-elle rappelé.  Or, elle a noté que les coûts s’envolent et le désespoir grandit parmi les jeunes Palestiniens qui, a-t-elle craint, pourraient être séduits par la radicalisation faute d’opportunités.  Toute nouvelle coupe dans les programmes de l’UNRWA ne ferait qu’aggraver les frustrations parmi les réfugiés, convaincus alors que le monde leur tourne le dos.  Le sous-financement chronique de l’agence entraîne des conséquences terribles et profondes, a prévenu la représentante qui a appelé à garantir un financement prévisible et durable, avec des fonds préaffectés et pluriannuels, comme recommandé par le Secrétaire général.  Cela est plus que jamais indispensable, a martelé la représentante. 

L’oratrice a aussi insisté sur l’inviolabilité des locaux de l’agence et appelé à faire cesser immédiatement les intimidations et restrictions que subit son personnel.  Elle a enfin réitéré son appel à l’adresse de la communauté internationale pour que celle-ci fasse rendre des comptes à Israël pour ses violations des droits humains en Palestine et pour sa colonisation illégale de l’État de Palestine. 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. KAMAL ALIZADA (Azerbaïdjan) a exprimé sa profonde reconnaissance pour le travail « indispensable » accompli par l’UNRWA pour prêter assistance aux réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en Syrie et dans les territoires palestiniens occupés.  Ce soutien est d’autant plus important au regard de la situation « grave » dans les territoires palestiniens occupés et des violations continues commises par Israël, la Puissance occupante, en plus des conflits et de l’instabilité qui continuent d’affecter le Moyen-Orient.  L’appui du Mouvement se poursuivra tant qu’une solution juste, durable et pacifique ne sera pas trouvée à la situation des 5,8 millions de réfugiés palestiniens, a assuré le délégué, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, y compris la résolution 194 (III), qui affirme notamment leur droit au retour et à une compensation équitable. 

Dans ce contexte, le représentant a demandé à la communauté internationale d’accroître son soutien à l’UNRWA, alors que la situation des réfugiés continue de se détériorer du fait de la pandémie de COVID-19 et des crises alimentaires et énergétiques mondiales.  Un financement prévisible et adéquat est en effet nécessaire pour assurer la continuité des services de l’UNRWA, a-t-il noté.  Pendant ce temps, les réfugiés palestiniens continuent de faire face à une « crise de protection quotidienne, constante et grave » du fait de l’occupation israélienne, qui se poursuit depuis plus de 55 ans, infligeant des punitions collectives, des déplacements forcés, la démolition de maisons et des menaces d’expulsion, en particulier à Jérusalem-Est occupée.  À Gaza, le blocus « unilatéral et inhumain » continue de saper le « potentiel, les espoirs et l’avenir de tout un peuple », a déploré le délégué.  Le Mouvement des pays non alignés reste « gravement préoccupé » par les déficits financiers persistants de l’UNRWA, qui prévoit cette année un nouveau déficit de plus de 100 millions de dollars, une source d’incertitude profonde quant à la fourniture des services essentiels aux réfugiés. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite), qui s’exprimait au nom du Groupe des États arabes, a réaffirmé que la cause des réfugiés palestiniens est au cœur de la question de la Palestine dont les pays arabes continuent à défendre les droits inaliénables, y compris leur droit au retour.  Il a condamné les tentatives d’Israël de miner l’enregistrement légal des réfugiés palestiniens tout en remerciant les pays les accueillant.  Le Groupe soutient le mandat de l’UNRWA, a-t-il indiqué, avant de condamner toute tentative de sape de ce mandat ou de transfert des responsabilités de l’Office à d’autres agences onusiennes.  Inquiet de la situation des réfugiés palestiniens dans les camps, il a appelé à soutenir l’Office pour lui permettre de continuer à apporter ses services.  Le représentant a dénoncé les tentatives israéliennes de mettre des bâtons dans les roues dans le fonctionnement de l’UNRWA, en particulier dans ses services d’éducation, et a estimé qu’il fallait couvrir les frais de fonctionnement de l’Office par le truchement du budget ordinaire de l’ONU afin de lui permettre d’apporter ses services essentiels aux réfugiés palestiniens sur une base financière pérenne.  Face au déficit financier chronique de l’Office, le représentant du Groupe des États arabes a exhorté tous les États Membres à le soutenir financièrement avant de les exhorter aussi à voter en faveur de la résolution de l’Assemblée générale relative au renouvellement du mandat de l’UNRWA. 

Mme MAURA CLUNE, de l’Union européenne, a réaffirmé son appréciation sincère du travail de l’UNRWA dans un contexte extrêmement difficile et exigeant, jugeant essentiel que l’Office continue de fournir aux réfugiés palestiniens la protection et les services nécessaires tout en favorisant leur résilience.  Selon elle, il apporte une contribution essentielle à la viabilité de la solution des deux États, qui reste le seul moyen « réaliste » de parvenir à une paix juste et durable, et qui ne peut être obtenue qu’au moyen de négociations entre les parties.  La représentante a souligné l’importance de la fourniture de services de santé et d’éducation à Gaza et en Syrie, mais aussi en Jordanie, au Liban et en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  L’Union européenne et ses États Membres sont collectivement les plus importants contributeurs au budget de l’UNRWA, a-t-elle rappelé, et demeurent un soutien indéfectible de l’UNRWA sur le plan politique.  Elle a félicité l’UNRWA de ses efforts continus en vue d’améliorer son efficacité et sa gestion.  Alors que l’Union et ses États membres ont octroyé l’an dernier des fonds supplémentaires à l’UNRWA, elle a invité les partenaires financiers à apporter leur aide sous la forme de contributions pluriannuelles. 

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a estimé que le travail de l’UNRWA pour répondre aux besoins fondamentaux et humanitaires des réfugiés palestiniens en Cisjordanie, dans la bande de Gaza, au Liban, en Syrie et en Jordanie, reste indispensable tant que leur statut final ne sera pas résolu.  À cette fin, le représentant a réaffirmé la nécessité d’assurer un financement durable à l’UNRWA afin qu’il puisse mener à bien ses travaux et fournir des services vitaux tels que la santé et l’éducation dans toute la région.  Il a pris acte du rapport du Commissaire général sur la situation financière de l’Office et salué ses efforts en vue d’assurer une utilisation efficace des ressources et de favoriser la transparence et la diversification des sources de financement.  Cette année, le Gouvernement mexicain compte allouer une contribution volontaire de 750 000 dollars à l’UNRWA, a précisé le représentant.  Il a réitéré la nécessité pour les parties au conflit d’assurer la libre circulation et l’accès du personnel et de l’aide humanitaire afin que les besoins fondamentaux de la population palestinienne puissent être satisfaits. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a estimé que la création de l’UNRWA, en 1949, fut une reconnaissance par la communauté internationale de la tragédie de la Nakba.  Il incombe maintenant à la communauté internationale d’appuyer les réfugiés jusqu’à ce que leur sort soit réglé, a-t-il déclaré.  « Des décennies durant, cette solution nous a échappé, pendant que l’Office continuait son travail essentiel en matière de santé et d’éducation, de façon professionnelle. »  Le représentant a déploré les flambées de violence épisodiques entre Israël et les factions palestiniennes qui s’accompagnent toujours de la destruction d’infrastructures civiles et d’installations de l’UNRWA essentielles pour les réfugiés.  Alors que les contributions volontaires des bailleurs de fonds financent les services aux réfugiés, et malgré les réformes menées par l’UNRWA, l’augmentation des coûts fait peser sur l’Office un fardeau de plus en plus lourd, a-t-il noté.  Il a estimé que, même si le financement (pluriannuel ou via le budget ordinaire de l’ONU) risque d’alourdir le fardeau des Nations Unies, il n’est pas possible de laisser tomber une seconde fois le peuple palestinien en refusant d’appuyer l’UNRWA.  Le délégué s’est prononcé en faveur du financement par le budget ordinaire de l’ONU et pour le renouvellement de son mandat pour trois ans.  La seule solution à la crise palestiniennes passe par les garanties nécessaires permettant au peuple palestinien de jouir de ses droits inaliénables, y compris le droit à autodétermination et à l’indépendance, a conclu le représentant. 

M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq) a salué les initiatives du Commissaire général pour garantir un financement prévisible à l’UNRWA et mobiliser suffisamment de ressources pour combler ses lacunes opérationnelles, ainsi que ses efforts de consolidation des partenariats.  Appuyant la cause palestinienne, il a plaidé en faveur de la création d’un État palestinien indépendant et souverain dans les frontières de 1967, défendu le droit au retour des réfugiés palestiniens et plaidé en faveur de l’attribution d’un siège d’État Membre à part entière à la Palestine.  L’UNRWA est, selon le représentant, une voie humanitaire et juridique pour défendre la cause des réfugiés palestiniens, et cela aussi longtemps qu’une solution politique n’aura pas été trouvée à ce conflit.  Il a rappelé que l’Office a pour mandat de protéger ces réfugiés dans ses domaines d’opération avant de saluer le rôle phare de l’Office qui contribue à la stabilité de la région en dépit de ses difficultés financières.  À cet égard, le représentant a souligné la responsabilité des États Membres pour améliorer sa situation financière et appuyé l’idée d’un financement par le budget ordinaire de l’ONU.  Il a conclu en appelant à soutenir le projet de résolution visant à renouveler le mandat de l’UNRWA et en souhaitant que cela s’accompagne d’une consolidation de l’appui international à l’Office. 

M. NGOC THUY DO (Viet Nam) a rendu hommage au personnel de l’UNRWA qui, depuis 70 ans, apporte des services essentiels aux réfugiés palestiniens.  L’escalade des tensions et des actes de violence ont aggravé une situation déjà extrêmement difficile, a-t-il noté en saluant l’Office pour les services qu’il continue d’apporter aux réfugiés palestiniens dans les territoires occupés ainsi qu’en Syrie, au Liban et en Jordanie.  Le représentant a appelé les bailleurs de fonds de l’Office à lui fournir des contributions pluriannuelles non préaffectées et a soutenu l’idée de couvrir ses frais de fonctionnement par le budget ordinaire de l’ONU.  Le Vietnam appuie la solution des deux États, a conclu le représentant. 

M. TIYANI RAYMOND SITHOLE (Afrique du Sud) a défendu le mandat de l’UNRWA, qui a permis d’alléger une situation extrêmement difficile.  Il a appelé la communauté internationale à réagir collectivement à la crise financière que traverse l’agence, avec des fonds prévisibles, conformément à la résolution pertinente de l’Assemblée générale.  La situation entre Israël et l’État de Palestine entraînant des répercussions dans tout le Moyen-Orient, et l’existence de l’agence étant liée à l’occupation de la Palestine par Israël, la seule solution viable et profonde, pour le délégué, est de donner vie à la solution des deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, et avec Jérusalem-Est pour capitale. 

M. FRANCISCO JAVIER GUTIÉRREZ PLATA (Colombie) a de nouveau déclaré son soutien à une solution à deux États basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, sur la base des frontières d’avant 1967.  Les causes profondes du conflit doivent être traitées, selon le délégué, qui a demandé à la communauté internationale d’appuyer le mandat de l’UNRWA sur le terrain.  Le représentant a ensuite défendu le droit à l’autodétermination et à l’édification d’un État souverain pour la Palestine, tout comme celui, pour Israël, de vivre dans la paix, au sein de frontières reconnues internationalement. 

Mme YUMIRKA FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a considéré que l’absence de solution au conflit israélo-palestinien et de financement stable de l’UNRWA engendre une angoisse généralisée.  Les efforts du principal bailleur de fonds de l’UNRWA pour le faire disparaître ont échoué, a-t-elle ensuite rappelé.  Il faut maintenant redoubler d’efforts pour garantir le succès de ses travaux et renouveler son mandat comme il se doit.  La déléguée s’est ensuite félicitée de la stratégie de l’UNRWA pour élargir sa base de contributeurs et recevoir des fonds par voie électronique.  Elle a cependant invité les États Membres à assurer un financement prévisible et régulier de l’Office afin de lui permettre de s’acquitter de son mandat. 

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. MOHAMMED ABDULAZIZ H. ALATEEK (Arabie saoudite) a déclaré que la question palestinienne est primordiale pour les pays arabes.  À ses yeux, la communauté internationale doit résoudre le conflit de façon à garantir les droits du peuple palestinien sur la base des frontières d’avant 1967.  Il a salué l’UNRWA pour ses travaux visant à permettre aux réfugiés palestiniens d’exercer leurs droits fondamentaux, notamment en matière d’accès à la santé et à l’éducation.  Le délégué a exprimé son appui à la prorogation du mandat de l’UNRWA, appelant la communauté internationale à poursuivre son appui à l’Office jusqu’à ce que le sort des réfugiés soit résolu.  La Puissance occupante doit en effet répondre aux appels en faveur de la paix en engageant des négociations de bonne foi sur la base de la solution des deux États. 

À titre national, le représentant a rappelé que son pays est l’un des principaux donateurs de l’UNRWA, ce qui reflète selon lui son rôle dans la défense de la cause palestinienne et du retour des réfugiés.  Les États et les donateurs doivent continuer de fournir leurs contributions afin que l’Office soit en mesure de poursuivre ses travaux, malgré les violations israéliennes persistantes, le manque de financement et les contraintes imposées par la pandémie.  La crise des réfugiés palestiniens est une crise avant tout politique, a-t-il argué, en plaidant pour la fin de l’occupation israélienne et le retour des réfugiés, comme le prévoient le droit international et les résolutions pertinentes de l’ONU. 

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a estimé qu’en l’absence d’horizon politique pour résoudre le conflit israélo-palestinien, le rôle stabilisateur et de sécurité que joue l’UNRWA est essentiel pour la région.  Il a souligné la responsabilité de la communauté internationale de soutenir cette agence jusqu’à un règlement juste et durable sur la base de la solution des deux États, du droit international et des résolutions pertinentes.  Notant le déficit financier de l’Office, il a appelé à le combler pour lui permettre de continuer à assurer ses services, en rappelant que la Jordanie et la Suède ont organisé une réunion à cet effet en juillet dernier, en marge de la session actuelle de l’Assemblée générale.  Lors de cette réunion ministérielle, l’importance de l’appui financier et politique à l’Office a été réaffirmée, a rappelé le représentant en espérant que cela se concrétise par un appui au renouvellement du mandat de l’UNRWA et par le financement de ses dépenses opérationnelles par le budget ordinaire de l’ONU, de façon graduelle.  Il a indiqué que la Norvège va ajouter un paragraphe au projet de résolution en ce sens.  Le délégué a ensuite salué les donateurs pour leurs contributions récentes à l’Office, notamment l’Arabie saoudite.  Investir dans l’UNRWA, c’est investir dans l’avenir et la stabilité, a-t-il conclu, et cela jusqu’au règlement durable de la question des réfugiés de Palestine. 

M. ALHOSANI (Émirats arabes unis) a remercié le Commissaire général pour les efforts qu’il déploie en vue de mettre en œuvre le mandat de l’UNRWA à l’aune des défis qu’il doit relever.  Les Émirats arabes unis ont toujours appuyé l’Office, a-t-il rappelé, notamment en soutenant ses opérations à hauteur de 684 millions de dollars depuis 2016, et en lui offrant un bureau régional.  En outre, les Émirats arabes unis ont fourni 25 millions de dollars à l’hôpital Al Maqasad, a ajouté le représentant.  En guise de conclusion, il a encouragé les États Membres à soutenir l’Office tant qu’il n’y a pas de règlement d’ensemble de la question palestinienne. 

Selon Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal), alors que de nombreuses décennies se sont écoulées depuis l’adoption de la résolution 194 de 1948 sur le droit au retour des Palestiniens, il existe un sentiment accablant de crise existentielle dont des milliers de jeunes Palestiniens porteront à jamais les stigmates.  Le meilleur réconfort à leur apporter, au-delà des multiples condamnations et des déclarations d’intention entendues, est de soutenir l’UNRWA, a expliqué la déléguée.  Elle a dès lors appelé les États Membres à soutenir cette agence de manière ferme, durable et prévisible.  Elle a ajouté soutenir l’augmentation de son financement par le biais du budget ordinaire de l’ONU, avant de demander que cessent les activités illégales de colonisation israéliennes contre la population palestinienne, comme les destructions de maisons, entre autres. 

Mme ALIAA ALI (République arabe syrienne) a déclaré qu’Israël, Puissance occupante, est et a toujours été la raison expliquant la tragédie vécue par le peuple palestinien.  Les morts, les massacres, les persécutions quotidiennes contre une population réfugiée, qui surviennent de manière chronique, sabotent le travail humanitaire de l’UNRWA, a-t-elle déploré.  Elle a martelé que la question des réfugiés palestiniens est une responsabilité politique, juridique et morale internationale, et pas seulement celle des agences humanitaires.  Depuis 1949, l’Office est témoin de la tragédie, a-t-elle rappelé en jugeant indispensable son appui aux réfugiés à Jérusalem-Est et à Gaza, entre autres.  La Syrie, qui hébergera les réfugiés palestiniens jusqu’à ce qu’ils puissent retourner chez eux, les traite avec les mêmes égards que s’ils étaient des citoyens syriens, en veillant à préserver leurs moyens de subsistance, a assuré la déléguée. 

Or, a-t-elle regretté, des groupes de terroristes s’en prennent aux camps de réfugiés et empêchent le travail humanitaire, déclenchant une crise humanitaire, jusqu’à ce que l’armée syrienne soit parvenue à libérer les camps de ces groupes armés.  Elle a précisé que ce terrorisme dont les réfugiés palestiniens sont victimes n’est qu’une pièce d’un vaste et néfaste projet visant à les expulser.  Enfin, refusant tout transfert des responsabilités de l’Office en direction d’une autre organisation, elle a appelé l’ONU à travailler avec les pays bailleurs de fonds, afin que l’UNRWA puisse poursuivre son travail d’appui, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour le droit au retour et au dédommagement des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194. 

M. BILAL MAHMOOD CHAUDHARY (Pakistan) a exprimé son appui et sa solidarité aux réfugiés de Palestine qui vivent en exil depuis plus de sept décennies.  Pour ceux-ci, l’action de l’UNRWA revêt une importance capitale.  En raison du bouclage de la bande de Gaza par Israël, la situation des réfugiés est tragique alors qu’ils dépendent lourdement de l’aide humanitaire d’urgence apportée par l’Office.  À ses yeux, le bouclage israélien de Gaza, aggravé par la pandémie, constitue une violation flagrante du droit international et doit être levé sans attendre.  Le représentant a exprimé son opposition aux restrictions imposées à la liberté de mouvement des réfugiés et du personnel de l’UNRWA.  Il importe que la Puissance occupante respecte les obligations qui sont les siennes au titre du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Le délégué a enfin salué la diversification des bailleurs de fonds et les approches de financement innovantes mises en place par l’Office pour financer ses activités. 

M. AL KUBAISI (Qatar) a estimé qu’il n’existe en ce moment aucune autre solution que l’UNRWA pour atténuer les souffrances du peuple palestinien, malgré le manque cruel de ressources financières.  Il incombe à la communauté internationale de renouveler le mandat de l’Office jusqu’à ce que le sort des réfugiés soit réglé.  L’UNRWA fait face à une crise existentielle du fait du caractère volontaire des contributions qu’il reçoit, a-t-il relevé, ce qui porte atteinte à son bon fonctionnement.  Le Qatar a donc décidé, en 2018, de revoir à la hausse son financement de l’UNRWA, au moyen d’un financement pluriannuel, a expliqué le délégué. 

M. SALAH (Tunisie) a loué le rôle essentiel de l’Office en dépit des difficultés qu’elle rencontre sur le terrain et du manque de ressources financières dont elle souffre.  Il s’est dit profondément préoccupé du manque de liquidités et des répercussions que cela a sur les activités de l’UNRWA, ainsi que des difficultés que pourraient entraîner une réduction du rôle de l’Office.  Il a réitéré sa volonté de régler le déficit chronique de cette agence pour que les services de base puissent toujours être fournis aux réfugiés.  Il a aussi appelé de ses vœux la prorogation du mandat de l’Office lors de cette session, rappelant ensuite la position de principe du Gouvernement tunisien en faveur du peuple palestinien. 

Mme JEANNE MRAD (Liban) a analysé le déficit chronique et aigu dont souffre l’UNRWA (plus de 100 millions de dollars), en dénonçant une situation insoutenable pour des millions de réfugiés Palestiniens.  Ce déficit financier record menace la stabilité des États hôtes ainsi que les droits de base des Palestiniens, alors que les taux de pauvreté dans les pays hôtes ne cessent d’augmenter, a relevé la déléguée qui a donc appelé la communauté internationale à répondre de manière pérenne et durable à ce déficit.  La représentante libanaise a aussi insisté sur la nécessité de ne pas porter atteinte au rôle de l’Office et sur celle de renouveler son mandat pour trois ans supplémentaires.  Elle a enfin condamné la volonté exprimée par Israël d’attaquer politiquement le travail de l’UNRWA, alors que cette agence fournit un filet de sécurité à des millions de réfugiés Palestiniens et maintient en vie la possibilité d’un droit au retour et celle d’une solution à deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant, selon le tracé des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. 

M. VATHAYUDH VICHANKAIYAKIJ (Thaïlande) a estimé qu’une paix durable au Moyen-Orient est nécessaire pour la sécurité régionale et internationale, mais également pour résoudre le problème des réfugiés palestiniens, qui continueront de souffrir tant que leur statut ne sera pas résolu.  Dans ce contexte, le représentant a soutenu le renouvellement du mandat de l’UNRWA jusqu’au 30 juin 2026.  Il a toutefois partagé l’inquiétude exprimée par d’autres concernant l’impact du changement des priorités géopolitiques, qui a exacerbé les défis financiers actuels de l’UNRWA, en précisant qu’aucune région ne devrait se voir accorder une plus grande priorité que les autres s’agissant des questions humanitaires.  Le représentant a salué les efforts de l’UNRWA pour élargir et diversifier sa base de donateurs, y compris la coopération avec le secteur privé.  Il a réaffirmé en terminant son engagement à renforcer sa coopération avec l’UNRWA et les États Membres afin d’améliorer les moyens de subsistance des réfugiés palestiniens. 

Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a jugé qu’en l’absence d’une solution durable à la question de la Palestine, le travail de l’UNRWA doit être soutenu par la communauté internationale.  Alors que nous nous efforçons de ne laisser personne derrière, nous devons garder à l’esprit les droits des Palestiniens empêchés de les exercer dans les territoires occupés ainsi que la crise des réfugiés, a préconisé la représentante.  Elle a réitéré son appui à l’UNRWA afin qu’il continue d’assurer le développement humain et les services humanitaires dans les territoires occupés.  À cet égard, la Namibie considère l’UNRWA comme faisant partie intégrante du soutien international à la réalisation d’une solution juste, durable et pacifique à la question de la Palestine, a-t-elle expliqué.  La déléguée a également appuyé l’appel à un financement prévisible par le biais du budget ordinaire de l’ONU pour permettre à l’UNRWA d’exécuter son mandat de manière appropriée. 

M. MUHAMMAD ABDUL MUHITH (Bangladesh) a dénoncé la poursuite des activités d’Israël à l’égard des Palestiniens, en particulier la colonisation illégale, en dépit des appels répétés de la communauté internationale.  Il a salué l’aide qu’apporte l’UNRWA offrant opportunité et espoir pour les Palestiniens notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux.  L’Office aide à améliorer les infrastructures, le microfinancement et les déplacements, a-t-il noté.  Le représentant a déploré les difficultés financières de l’Office qui l’empêchent d’accomplir son mandat.  Il faut surmonter ces défis pour permettre la stabilité régionale et trouver une solution durable à cette crise, a-t-il prôné.  Le Bangladesh s’est engagé à contribuer à hauteur de 50 000 dollars à l’UNRWA, a annoncé le représentant.  L’Office devra par ailleurs faciliter la réalisation des ODD en Palestine, a-t-il espéré.  Il a ensuite exprimé sa condamnation à l’égard des pratiques néfastes d’Israël qui prennent pour cible le personnel et les biens de l’UNRWA, exigeant que ces pratiques cessent y compris le blocus illégal de Gaza et les restrictions à la liberté de circulation.  Les auteurs des crimes contre le personnel de l’UNRWA doivent être traduits en justice, a-t-il aussi demandé.  Avant de conclure, il a insisté sur l’importance d’un financement prévisible et suffisant de l’Office avant de réitérer l’appui de sa délégation à la solution des deux États. 

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a dit que sa délégation refuse que l’on touche au mandat ou aux fonctions de l’UNRWA, et s’oppose à un éventuel transfert des responsabilités de l’Office à d’autres autorités.  Il a demandé de soutenir l’Office pour qu’il puisse fournir ses services aux réfugiés palestiniens dans les cinq zones d’opération y compris à Jérusalem occupé et ce, jusqu’à un règlement juste de la question de Palestine.  Le représentant a dénoncé les campagnes systématiques israéliennes contre l’UNRWA, notamment la fermeture des hôpitaux et des écoles à Jérusalem avec la demande de les remplacer par des institutions israéliennes.  Il a dit être préoccupé par le déficit budgétaire de l’UNRWA et invité la communauté internationale à fournir leur assistance pour soutenir son budget et ses activités, de façon suffisante et durable, pour qu’il puisse s’acquitter de son rôle humanitaire important.  Le Gouvernement israélien doit assumer ses responsabilités pour la fourniture de services aux Palestiniens, a plaidé le délégué.  Ce pays doit arrêter d’imposer des taxes aux services aux Palestiniens et payer des dédommagements à l’UNRWA, a-t-il ajouté. 

Mme RAHMA SAMAI (Algérie) a regretté l’absence d’une solution politique à la question palestinienne et l’insistance de la puissance occupante à refuser une solution à deux États et à prolonger sa politique d’apartheid et du fait accompli.  Elle a estimé que l’UNRWA était le seul soutien de la communauté internationale aux 5,7 millions de réfugiés palestiniens, dont 1,5 million d’enfants qui étaient scolarisés dans ses écoles.  Elle a souligné que l’Office souffrait d’un manque chronique de financement ces 10 dernières années, ce qui avait créé un déficit budgétaire, et appelé les États Membres à prendre toutes les mesures urgentes permettant de remédier à cette situation.  Elle a salué les efforts de rationalisation de l’UNRWA en vue de continuer de fournir les services essentiels aux réfugiés palestiniens et appelé à prolonger le mandat de l’UNRWA.  Elle a également appelé à la création d’un État indépendant de Palestine avec Jérusalem-Est pour capitale, demandant qu’il soit accepté comme État Membre à part entière sans conditions. 

Mme ANDREEA MOCANU (Roumanie) a souligné que l’activité de l’UNRWA contribuait à la stabilité dans les territoires palestiniens occupés, en Jordanie et au Liban.  La déléguée a rappelé qu’en 2022, son pays avait fait une contribution volontaire de 200 000 euros, ce qui constitue une augmentation par rapport à l’année précédente.  Elle a appelé la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour permettre à l’UNRWA d’opérer jusqu’à ce qu’un règlement durable, juste et équitable soit trouvé dans le cadre d’une solution à deux États. 

Pour M. ALSWAGH (Koweït), la question palestinienne demeure centrale pour le monde arabo-musulman.  Le délégué a réitéré son attachement au droit au retour des Palestiniens, en vertu de l’Initiative de paix arabe et de la résolution 194.  Le délégué a dit refuser toute tentative de transfert de responsabilité de l’UNRWA vers une autre autorité tant qu’une solution juste n’est pas trouvée au conflit.  Préoccupé par la situation dégradée dans les camps palestiniens, il a souligné l’importance du rôle de l’Office qui contribue à fournir un avenir meilleur et une vie digne aux réfugiés palestiniens.  Le délégué a dénoncé les tentatives systématiques et continues d’Israël d’amoindrir le mandat de l’UNRWA et de fermer ses locaux, pour les remplacer par ses propres institutions, notamment dans le secteur de l’éducation.  La Puissance occupante doit selon lui, rendre des comptes pour cette atteinte immorale aux droits des Palestiniens, et s’engager sérieusement dans les négociations, afin de parvenir à une solution aux deux États, basée sur l’instauration d’un État de Palestine indépendant. 

M. SUPRIYANTO SUWITO (Indonésie) a critiqué le sort réservé aux Palestiniens dans les camps de réfugiés et déploré que les tensions actuelles dans le monde détournent les regards des difficultés vécues au quotidien par les Palestiniens.  Alors que l’UNRWA, qui opère dans cinq pays différents, a atteint les limites de ses possibilités, l’ONU devrait selon lui augmenter son budget alloué via une hausse des contributions volontaires.  Le délégué a invité à travailler avec les institutions financières internationales et le secteur privé pour trouver des solutions créatives de financement de l’agence.  L’orateur a aussi critiqué une « approche sélective » de la communauté internationale face aux pays violant le droit international.  Il s’est dit solidaire du peuple palestinien et de son droit inaliénable au retour. 

M. AMARNATH ASOKAN (Inde) a réitéré son appel à une solution négociée au conflit israélo-palestinien.  Dans l’intervalle, il a fait remarquer que l’UNRWA joue un rôle essentiel en tant que fournisseur de services humanitaires et sociaux aux réfugiés palestiniens au Moyen-Orient et qu’il contribue à la stabilité de la région.  Le représentant a pleinement appuyé la prolongation du mandat de l’UNRWA jusqu’en 2025, saluant les mesures prises par l’Office pour assurer la transparence de ses activités.  Toutefois, malgré des mesures d’atténuation, le déficit financier de l’UNRWA perdure, alors que l’Inde a apporté une contribution de 20 millions de dollars au cours des quatre dernières années, a regretté le délégué.  Il s’est, en conclusion, prononcé en faveur du financement au titre du budget ordinaire, comme proposé dans le rapport du Secrétaire générale, en le recommandant à la Quatrième Commission et à l’Assemblée générale. 

Mme GUI DAN (Chine) a rappelé que les Palestiniens vivent loin de leur foyer depuis 70 ans, sans paix ni sécurité.  À son avis, la fourniture de services de santé et d’éducation par l’UNRWA au fil des années démontre l’intérêt que porte la communauté internationale au sort des réfugiés palestiniens.  Or, a-t-elle noté, malgré les besoins humanitaires croissants des Palestiniens, les contributions de la communauté internationale ne cessent de diminuer.  La représentante a dès lors appelé à un soutien politique et financier durable et prévisible envers l’Office, demandant aussi à la communauté internationale de participer à la reconstruction de Gaza.  Elle a en outre appelé Israël à contribuer à l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens et à lever son blocus de Gaza dans les plus brefs délais.  Elle a en outre invité le Conseil de sécurité à résoudre la question du conflit israélo-palestinien le plus rapidement possible, en espérant la reprise des négociations de paix. 

M. CHRISTOPHER P. LU (États-Unis) a réitéré que sa délégation reste prête à un partenariat avec l’UNRWA pour apporter une aide aussi efficace et efficiente que possible dans le respect des principes de neutralité et d’impartialité.  Les États-Unis sont le plus important contributeur à l’Office, a rappelé le représentant insistant sur les difficultés financières de son Gouvernement qui a dû changer de politique.  Dès lors, a-t-il averti, il existe un risque de terribles conséquences sur la scolarisation et la santé des réfugiés qui sont confrontés à des choix impossibles, entre acheter de la nourriture ou des médicaments par exemple.  L’UNRWA a besoin de plus d’aide pour répondre aux besoins des réfugiés, a insisté le délégué, qui a encouragé tous les bailleurs de fonds qui n’ont pas encore fait de dons ou ont réduit leur contribution cette année à renforcer leur soutien.  Beaucoup affichent leur soutien à l’Office, mais ne l’aide pas financièrement, a critiqué le représentant, en appelant également à un financement durable et prévisible pour que l’UNRWA puisse répondre à ces défis. 

M. TAMAURA SHU (Japon) a annoncé que 2023 marquera les 70 ans du partenariat entre le Japon et l’UNRWA.  Le soutien du Japon a commencé avant même que le pays n’adhère aux Nations Unies montrant l’importance que Tokyo accorde aux réfugiés palestiniens.  Le représentant a dit être préoccupé par le fait que le conflit entre Israël et la Palestine est moins une priorité à présent pour la communauté internationale, en raison de l’apparition de nouvelles crises humanitaires et de la division géopolitique.  L’augmentation des prix de la nourriture et de l’énergie rendent la vie des réfugiés palestiniens encore plus difficile cette année.  Ainsi le Japon a apporté une aide à hauteur d’environ 30 millions de dollars, récemment sous la forme de l’aide alimentaire d’urgence pour répondre à une situation qui se détériore.  Il a annoncé que le Japon continuera de mobiliser les pays au Moyen-Orient et en Asie pour qu’ils continuent de soutenir l’UNRWA et les réfugiés palestiniens.  Comme la viabilité financière de l’Office reste un défi, le Japon est prêt à participer activement aux discussions sur un modèle de financement durable de l’UNRWA, y compris l’élargissement de la base de bailleurs de fonds de l’Office. 

Mme HIND JERBOUI (Maroc) a réaffirmé le soutien de son pays à une paix juste s’appuyant sur une solution à deux États dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale et coexistant pacifiquement avec Israël.  Elle a rappelé que le bras exécutif du comité de Jérusalem était dirigé par le Roi du Maroc qui le finance à 85%, notamment afin d’offrir des logements pour les Palestiniens à Jérusalem-Est.  Elle soutenu l’action essentielle de l’UNRWA et la proposition de prolonger son mandat jusqu’en 2026. 

M. RAZALI (Malaisie) s’est dit profondément préoccupé de la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés décrite dans le rapport du Commissaire général de l’UNRWA.  En 2021, le nombre d’affrontements entre forces de sécurité israéliennes et civils palestiniens a augmenté de 80% en Cisjordanie par rapport à 2020, a-t-il noté.  Le délégué a réitéré sa condamnation « ferme » des violations flagrantes commises par Israël, y compris l’imposition de restrictions à la liberté de mouvement du personnel et des biens de l’UNRWA dans les territoires occupés.  La Malaisie, a-t-il rappelé, contribue à hauteur d’un million de dollars pendant cinq ans pour soutenir un financement prévisible et durable de l’UNRWA.  Le représentant a exprimé son soutien au renouvellement du mandat de trois ans de l’Office et appelé les États Membres à faire de même afin de lui permettre de fournir des services vitaux aux réfugiés palestiniens jusqu’à ce qu’une solution juste et durable soit trouvée à leur sort. 

Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Türkiye) a rappelé que l’UNRWA venait en aide aux réfugiés palestiniens et constituait un facteur de stabilisation dans la région.  Elle a soutenu la prolongation du mandat de l’Office, soulignant aussi la nécessité de lui offrir un financement stable et prévisible.  Elle a rappelé que la Türkiye versait une contribution, avant d’encourager les États Membres à apporter une aide financière à l’agence.  Elle a appuyé la recommandation du Secrétaire général d’augmenter les contributions mises en recouvrement faisant partie du budget ordinaire des Nations Unies.  En tant que Présidente du groupe de travail sur le financement de l’UNRWA, la Türkiye remercie les États Membres du groupe de leur engagement en faveur de l’UNRWA, a conclu la représentante. 

Mme REUT SHAPIR BEN NAFTALY (Israël) a rappelé qu’après des déplacements massifs de personnes, des famines et des conflits au cours du siècle dernier, des dizaines de millions de personnes ont refait leur vie ailleurs et ne sont plus considérées comme des réfugiés.  Elle a fait valoir que le HCR a cherché à réduire leur nombre, mais que les Palestiniens ont reçu un traitement préférentiel par rapport aux autres réfugiés, que ceux-ci soient Syriens, Ukrainiens ou Afghans.  Le débat d’aujourd’hui ne porte pas sur la fin de l’aide humanitaire aux Palestiniens, a-t-elle déclaré affirmant qu’Israël n’a jamais cherché à affaiblir cette aide.  La déléguée a toutefois contesté le fait que l’UNRWA soit la meilleure organisation pour aider les Palestiniens.  Alors que le HCR cherche à faciliter l’installation des réfugiés dans d’autres pays, l’UNRWA fait l’inverse, a-t-elle argué.  Elle a en effet noté que, depuis 1949, le nombre de réfugiés palestiniens est passé de 750 000 à 5,8 millions, dont 2,2 millions sont devenus citoyens d’autres pays mais reçoivent toujours le soutien de l’UNRWA.  Elle en a déduit que, ce faisant, l’Office détourne des fonds d’autres personnes dans le besoin. 

S’agissant du droit au retour, la déléguée a rappelé que si les Palestiniens avaient accepté le Plan de partage de l’ONU de 1947, aucun Palestinien ne serait aujourd’hui réfugié.  Au lieu de cela, ils n’ont eu de cesse de s’opposer à la mise en place d’un État israélien, a déploré la déléguée.  Passant à la crise financière de l’Office, elle a estimé que ce problème ne va que se poursuivre.  Elle a reproché à l’Office de pousser au conflit et de propager la haine en affirmant notamment que, dans les écoles de l’UNRWA, « les enfants apprennent à haïr les juifs ».  Elle a exigé que l’UNRWA rende des comptes pour l’endoctrinement des enfants dans ses classes.  Elle a également affirmé que ces écoles sont utilisées par le Hamas.  Ces trois dernières années, Israël a montré qu’il est un partenaire pour la paix, a fait valoir la déléguée en conclusion, en appelant à se concentrer sur la tolérance et le dialogue.  L’UNRWA et les Nations Unies doivent soutenir cette cause, a-t-elle souhaité. 

Pour M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège), sans solution politique à disposition, l’UNRWA conserve un rôle essentiel, et la crise financière à laquelle elle est confrontée très préoccupante.  Plus de coûts devraient être couverts par des contributions, comme recommandé par le Secrétaire général en 2017, ce qui permettrait de répartir plus efficacement le fardeau de son financement.  Le délégué a continué d’appeler à ce que davantage de bailleurs de fonds s’acquittent d’un financement volontaire. 

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a insisté sur le droit inaliénable des Palestiniens au retour en vertu de la résolution 194.  L’Office a démontré qu’il était capable de résister aux pressions économiques, continuant d’effectuer un travail essentiel aux côtés des réfugiés palestiniens jusqu’à ce qu’une solution durable soit trouvée à leur sort.  Il a expressément refusé qu’il soit porté atteinte au mandat de l’UNRWA ou que ses fonctions soient transférées à toute autre autorité que ce soit. 

Mgr GABRIELE CACCIA, du Saint-Siège, a réitéré son appui à l’UNRWA qui continue de fournir des services d’éducation et de santé aux enfants palestiniens.  L’éducation et la formation sont le fondement de la paix et de l’espoir, a-t-il noté, en ajoutant que permettre à l’UNRWA de préserver le droit et la dignité des Palestiniens est essentiel.  Il s’est dit préoccupé du déficit croissant de l’Office, ce qui risque d’exacerber la paupérisation des réfugiés palestiniens et le recours à la violence.  Le représentant a déploré l’escalade de la violence en Palestine et en Israël, ainsi que la mort de la journaliste catholique tuée récemment.  Selon lui, le règlement complet du conflit israélo-palestinien doit passer par un règlement équitable du statut de Jérusalem, respectant le droit des habitants et des croyants à jouir d’un accès à leurs lieux saints conformément au statu quo de longue date. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a déclaré que le rapport du Secrétaire général décrit la situation déplorable des réfugié palestiniens dans les cinq zones d’action de l’UNRWA et son manque de financement.  En l’attente du règlement final de la question des réfugiés palestiniens, la communauté internationale ignore leurs besoins de base, a-t-il regretté.  En dépit des tentatives de justification d’Israël, c’est bien la violation par ce pays de toute légalité, en l’absence de reddition de comptes, qui explique la crise actuelle.  Le financement de l’UNRWA est une responsabilité qui incombe à la communauté internationale, a-t-il rappelé, et non aux États arabes.  Pour relever ces défis, le représentant a insisté sur l’importance de proroger le mandat de l’UNRWA pour les trois prochaines années; le respect par les États Membres de leur engagement à prendre les mesures nécessaires pour combler le déficit de l’Office de façon prévisible; l’élargissement de la base des donateurs de l’UNRWA et la diversification de ses sources de financement; la nécessité de coopération de la Puissance occupante, notamment en ce qui concerne la liberté de mouvement de l’Office; ainsi que le règlement du conflit israélo-palestinien. 

Droits de réponse

La représentante d’Israël, répondant aux orateurs ayant invoqué la Nakba dans leurs interventions, a tenu « à replacer les choses dans leur contexte factuel et historique », à savoir que les Palestiniens refusent d’accepter l’idée d’une souveraineté juive sur cette Terre.  C’est la racine du problème, a-t-elle affirmé, en rappelant que les Juifs ont accepté le Plan de partage de la Palestine de l’ONU de 1947, alors que la partie palestinienne l’a refusé.  Cela aurait permis la création d’un État juif et palestinien vivant côte à côte dans la paix et il n’y aurait eu aucun réfugié palestinien, a fait valoir la représentante.  Notant qu’il existe aujourd’hui une politique « d’héritage du statut de réfugié palestinien », elle a souligné que de ce fait il existe aujourd’hui plus de cinq millions de « réfugiés de Palestine », une population de réfugiés qui diffère de toute autre population de réfugiés ailleurs dans le monde, puisque la plupart n’ont jamais vu la Terre qu’ils affirment être la leur et revendiquent un droit au retour.  Aucune autre population de réfugiés ne revendique ce droit, a-t-elle noté, ni les Ukrainiens, ni les Juifs qui ont dû quitter leurs foyers. 

Exerçant son droit de réponse, l’État de Palestine a jugé « extraordinaire » qu’Israël évoque le Plan de partage de la Palestine de l’Assemblée générale adopté il y a 75 ans, mais qui est resté lettre morte en raison de l’obstruction « délibérée et flagrante » par Israël à la souveraineté de l’État palestinien et au droit du peuple palestinien à l’autodétermination.  Malgré ses paroles, n’oublions pas qu’Israël n’accepte de la résolution 181 que la partie concernant sa création, foulant le reste de ses dispositions aux pieds, a-t-elle affirmé.  La Palestine a affirmé qu’il était avéré que les plans visant à expulser et remplacer le peuple palestinien existait avant le Plan de partage de la Palestine, et que ce dernier était devenu une politique méthodique s’appliquant jusqu’à aujourd’hui.  Elle a rappelé qu’Israël n’avait permis à aucun réfugié palestinien de rentrer après la cessation des hostilités et dénoncé le terme de « revendication » au retour pour parler du « droit » inaliénable au retour consacré par le droit international y compris la résolution 194.  Elle a condamné les allégations « infondées et fallacieuses » d’Israël à l’encontre de l’UNRWA et le principe erroné estimant que son démantèlement permettra de faire disparaître le problème des réfugiés. 

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Fin du débat général

Mme ISATOU BADJIE (Gambie) a rappelé que son pays contribue depuis des décennies aux opérations de maintien de la paix sous forme de contingents de policiers.  Elle a appelé à améliorer la performance des Casques bleus en déployant des personnels hautement formés, dotés des ressources nécessaires et comprenant bien ses missions.  La déléguée a soutenu l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus » et l’accent mis par le Secrétariat sur la formation et le déploiement.  Elle a salué le mécanisme de coordination du Secrétaire général ayant facilité des partenariats robustes et permis de combler les lacunes en termes de formation. 

La déléguée a insisté sur l’importance d’accroître le nombre de femmes en tenue dans les opérations, notant que leur présence permettait d’accroître leur performance.  Elle a rappelé que la Norvège formait actuellement des policières gambiennes en vue de futures missions.  Elle a indiqué que la part des femmes des contingents gambiens se situait à 35%, soulignant qu’au sein de la MINUSS, 16 des 32 agents de la police gambienne étaient des femmes.  Elle a appuyé les partenariats existants entre l’ONU et l’Union africaine, insistant sur l’importance de financer les actions de maintien de la paix menées par cette dernière. 

Mme NANA AMA BIMAH QUASHIE (Ghana) a dit que face à la dynamique changeante et complexe des conflits, le maintien de la paix international doit évoluer, notamment sur le plan technologique.  Elle a souligné l’importance d’assurer la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Puis la déléguée s’est dite préoccupée par l’inadéquation des mandats de certaines opérations de paix amenant à la reprise de certains conflits.  La structure des arrangements actuels de maintien de la paix sont inappropriés selon -elle pour lutter contre le terrorisme, a ajouté la représentante.  S’agissant de la performance des Casques bleus même, elle a également exigé une formation préalablement au déploiement pour lutter contre l’utilisation d’engins explosifs improvisés. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. STAN ODUMA SMITH (Bahamas) a fait part de son insatisfaction face à l’échec de la dernière session du Comité des 34 qui n’a pas pu adopter son rapport.  Il faudra travailler de façon constructive pour conclure positivement la session à venir, a exhorté le délégué.  Il a encouragé le Département des opérations de maintien de la paix à poursuivre ses efforts afin d’augmenter le nombre de femmes au sein des missions.  La CARICOM est consciente de l’effet déstabilisateur que peuvent avoir les perturbations sociales et politiques en Haïti depuis de nombreuses années, a déclaré le représentant, saluant la prorogation jusqu’en 2023 de la mission dans ce pays.  Cela permettra de consolider les efforts en vue de maintenir un environnement propice au développement durable.  La communauté internationale doit rester engagée et avoir un partenariat efficace avec le Gouvernement et la population d’Haïti à travers le dialogue et l’inclusion.  La CARICOM est engagée à défendre le pays à l’aider sur son chemin vers la paix durable, la stabilité et le développement, a ajouté en conclusion le représentant. 

M. RAJESH PARIHAR (Inde) a déclaré que l’augmentation des pertes subies par les Casques bleus montre que l’environnement géopolitique international est de plus en plus volatile, alors que les pays sont de plus en plus fragmentés et le nombre de terroristes en hausse.  Pour y faire face, les opérations de maintien de la paix peuvent créer des conditions permettant l’engagement sociopolitique, a-t-il relevé.  Il a préconisé la formulation de mandats clairs, dénués de toute ambiguïté, afin de lier les tâches aux ressources, d’utiliser la technologie dans le cadre des opérations de maintien de la paix et d’assurer la confiance et la coordination entre les dirigeants de la mission et les États Membres.  Le délégué a en outre souligné l’importance du rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Il faut également communiquer avec les communautés locales afin de gérer les attentes, a-t-il noté, tout en appelant à réévaluer la pertinence de certaines missions.  Après que l’Inde a déployé plus de 260 000 Casques bleus dans neuf des 12 opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le représentant s’est dit déçu que le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix n’ait pas été adopté cette année.  Il a appelé en terminant à l’aménagement d’un mémorial à la mémoire des Casques bleus tombés en mission. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a rappelé que son pays a déployé des Casques bleus dans plusieurs pays afin de renforcer la stabilité et d’éviter le retour des conflits.  Selon lui, les activités de maintien de la paix doivent assurer le contrôle des armes et mettre en œuvre une dimension sociopolitique.  Il faut en outre restaurer les infrastructures étatiques des pays hôtes afin de renforcer la légitimité politique et de créer une culture de paix.  Alors que plusieurs millions de personnes vivent dans des pays en proie aux conflits, le représentant a proposé un « cessez-le-feu mondial » afin que la communauté internationale puisse remplir ses engagements collectifs de développement. 

Mgr GABRIELE CACCIA, du Saint-Siège, a estimé qu’à une époque marquée par les catastrophes environnementales, les violations croissantes des droits de l’homme et la montée des conflits, les opérations de maintien de la paix offrent l’espoir que les nations puissent surmonter « l’indifférence mondialisée » dans les régions affectées.  Pour le Saint-Siège, la paix ne consiste pas en l’absence de guerre, mais elle ne peut être atteinte que si nous luttons pour la justice par le dialogue, la réconciliation et le développement, a noté son représentant.  À ce titre, les opérations de maintien de la paix doivent s’inscrire dans le cadre plus large des activités de consolidation de la paix et de développement, seules à même de mener à une paix durable, tout en priorisant la protection des civils, la facilitation des règlements politiques ainsi que la promotion et la protection des droits de l’homme.  Bien que les États hôtes aient la responsabilité première de protéger les civils, ils manquent souvent de moyens et de volonté politique pour assumer cette responsabilité, a reconnu le représentant, en soulignant l’importance pour les opérations de paix de déployer des efforts en matière de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  Il s’est félicité à cet égard du fait que la quasi-totalité des mandats de maintien de la paix des Nations Unies comportent une composante dédiée aux droits de l’homme et prônent la surveillance environnementale pour contrer les effets des changements climatiques. 

Mme MARIA METCALF, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a adressé deux recommandations aux États Membres et aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  La première est de réfléchir aux pratiques de soutien ou de partenariat.  La politique onusienne de diligence raisonnable en matière de droits de l’homme fournit un cadre solide pour influencer le comportement des parties que l’ONU soutient.  Il n’en demeure pas moins crucial que les missions de maintien de la paix reconnaissent leurs responsabilités dans la protection des civils et garantissent un traitement humain des personnes capturées, blessées et détenues.  Pour l’observatrice, c’est particulièrement important en cas de nouveau déploiement de forces nationales ou lors d’opérations de sécurité conjointes. 

Sa deuxième recommandation, qu’elle a adressée aux États, est de clarifier les rôles et les responsabilités en cas de soutien à un engagement militaire, pour s’assurer que des structures et des garanties efficaces soient en place dès les premières étapes d’une relation de soutien, mais aussi pour améliorer l’établissement des responsabilités, ainsi que le respect du droit international humanitaire.  Chaque fois qu’un partenariat ou une relation de soutien est établi dans un contexte de conflit, cela doit se faire de manière à éviter les souffrances humaines inutiles et illégales, a estimé l’observatrice. 

Mme IFIGENEIA KONTOLEONTOS, de l’Organisation internationale de la Francophonie, a rappelé que cette organisation internationale a été la première, en 2018, à assumer le rôle de « champion » de l’« Action pour le maintien de la paix » (A4P), cela afin d’être moteur de renforcement des capacités francophones et de développement de compétences linguistiques en français et en matière d’interculturalité.  « Les plus grandes opérations de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées dans l’espace francophone.  Or lorsque le français est la langue du pays hôte d’une mission, sa pratique par le personnel contribue significativement à la performance des opérations », a souligné l’observatrice.  De même, a-t-elle souligné, la capacité à s’adapter à la culture du pays hôte participe de l’efficacité des opérations. 

Elle a ensuite évoqué plusieurs actions qui ont connu des résultats importants en 2022, et qui seront poursuivies en 2023.  Ainsi le premier cours francophone pour les futurs hauts responsables des missions tenu à Abidjan en mars-avril 2022, dont le processus préparatoire de sélection des candidatures a strictement respecté la parité femmes-hommes.  Puis Mme Kontoleontos a évoqué le développement en français du cours d’ONU-Femmes pour les femmes officiers militaires, et la tenue déjà de trois sessions au bénéfice de 72 personnes issues de 19 pays, principalement des femmes officiers d’Afrique francophoneElle a également cité la nouvelle plateforme du Réseau d’expertise et de formation francophone pour les opérations de paix (REFFOP), qui fédère 13 écoles et centres de formation francophones au maintien de la paix, répartis en Afrique, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie du Sud-Est.  Le 14 novembre prochain, a annoncé par ailleurs l’observatrice, l’Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la paix tiendra un séminaire de réflexion en français, à l’ONU, sur l’avenir du maintien de la paix, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la naissance de l’ancien Secrétaire général de l’ONU. 

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