Soixante-dix-septième session,
19e séance plénière – après-midi
CPSD/765

La Quatrième Commission examine le rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix et la complexité croissante des déploiements

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a poursuivi cet après-midi son examen de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects en s’attardant sur la place des femmes dans les opérations de paix et sur la complexité croissante des missions des Nations Unies. 

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), le Canada a estimé que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies constituent l’exercice ultime de la coopération multilatérale.  Face aux menaces émergentes auxquelles sont confrontées les opérations modernes, sa déléguée a reconnu le rôle essentiel de celles-ci dans la promotion du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  La résolution 2538 (2020) du Conseil de sécurité souligne en effet l’importance de lever les obstacles auxquels sont confrontées les femmes soldats de la paix.  Elle a donc appelé, comme le Liban, le Népal ou encore le Portugal, l’ONU, ses États Membres et les parties prenantes à prendre des mesures afin d’accroître la participation significative des femmes aux opérations de paix, notamment par le biais de l’Initiative Elsie. 

Étant donné le rôle joué par les femmes dans la résolution des conflits et la protection des civils, y compris la prévention de la violence sexuelle dans les conflits armés, El Salvador a décrit ses efforts en vue d’atteindre les objectifs de la stratégie de parité hommes-femmes pour le personnel en uniforme 2018-2028.  La Sierra Leone fait d’ailleurs partie des rares pays qui ont atteint l’objectif de 30% de femmes au sein des missions de paix. 

Les efforts visant à renforcer la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels par le personnel de l’ONU ont reçu l’aval de nombreuses délégations, qui se sont inquiétées des dommages « irrévocables » causés aux survivantes, qui ont également pour effet de saper les efforts de maintien de la paix. 

Parmi les défis urgents auxquels sont aujourd’hui confrontées les opérations de maintien de la paix, l’Iraq a fait remarquer que les catastrophes naturelles, exacerbées par les changements climatiques, entraînent trois fois plus de déplacements que les conflits armés, causant notamment une augmentation de la salinité des eaux et des carences alimentaires qui exercent des pressions additionnelles sur tous les pays.  Si les opérations ne doivent pas se substituer à l’État hôte, elles doivent en revanche assurer la sécurité, la santé, l’environnement, l’alimentation et autres besoins fondamentaux de la population, a fait remarquer le Rwanda.  Toutefois, le mandat des opérations de maintien de la paix ne correspond pas forcément aux besoins politiques et sociaux des environnements où elles opèrent, a noté son représentant, en rappelant les principes de non-ingérence contenus dans la Charte des Nations Unies. 

« Paix et développement sont les deux faces d’une même médaille », a observé le Venezuela, en notant à son tour que les opérations de paix ont diversifié leurs activités au fil du temps.  Or, ces changements doivent être abordés avec la plus grande prudence, a conseillé son délégué, afin d’assurer le plein respect des principes de non-ingérence, de la souveraineté des États et du consentement des parties. 

Forte de ce constant, la Tunisie a suggéré de renforcer la coordination tripartite entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les États contributeurs de contingents afin d’établir des mandats et des objectifs clairs pour les opérations de maintien de la paix, tout en fournissant des ressources et des capacités adéquates pour chaque mission.  Le renforcement du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine, dans les domaines du maintien de la paix et du règlement pacifique des différends, a été encouragé par nombre de délégations.  Un avis que partagent le Sénégal et l’Afrique du Sud, pour qui les initiatives de prévention, de médiation et de reconstruction postconflit doivent figurer au cœur des efforts de pérennisation de la paix en Afrique.

Reconnaissant que le maintien de la paix soit devenu complexe et pluridimensionnel, Cuba s’est inquiétée de l’instrumentalisation des opérations de paix, qui doivent être temporaires, avec l’objectif d’assurer le relèvement et le développement de l’État hôte.  À l’opposé, le Burkina Faso s’est alarmé du fait que la région du Sahel soit devenue un « concentré des groupes armés qui sévissent à travers le monde », en alertant la communauté internationale que si rien n’est fait pour lui venir en aide « de manière décisive et urgente », aucune mesure de sécurité ne saura endiguer le terrorisme.

La Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 3 novembre 2022, à 15 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Suite du débat général

Au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), Mme MARLENE SNOWMAN (Canada) a estimé que le maintien de la paix des Nations Unies est l’exercice ultime de la coopération multilatérale.  Toutefois, face aux menaces émergentes auxquelles sont confrontées les opérations de maintien de la paix modernes, nous avons la responsabilité partagée de permettre aux Casques bleus de mieux servir et de mieux protéger les populations.  Elle a exprimé son appui aux domaines prioritaires de l’Action pour le maintien de la paix et l’Action pour le maintien de la paix Plus (A4P+), considérant que ces cadres d’action offrent une occasion réelle de faire en sorte que les opérations de paix de l’ONU soient adaptées aux réalités d’aujourd’hui. 

Le groupe CANZ reconnaît le rôle essentiel que jouent les opérations de paix dans l’avancement du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, a poursuivi la représentante.  La résolution 2538 (2020) du Conseil de sécurité souligne l’importance d’identifier et d’aborder les barrières auxquelles font face les femmes soldats de la paix.  L’ONU, les États Membres et les parties prenantes doivent donc prendre des mesures au niveau national afin d’accroître la participation significative des femmes aux opérations de maintien de la paix, notamment par le biais de l’Initiative Elsie, et d’éliminer les obstacles à leur participation, a fait valoir la déléguée.  Elle s’est félicitée de l’accent mis par A4P+ sur la responsabilité des soldats de la paix et la responsabilité envers les soldats de la paix.  La crédibilité de l’ONU et de ses opérations de maintien de la paix dépend en effet de la mise en œuvre effective des mandats de protection des civils, en particulier des enfants et des femmes, a ajouté la déléguée. 

Ella a salué en outre les efforts déployés par l’ONU dans le cadre du plan A4P+ pour atténuer les dommages causés aux civils par les activités mandatées de la mission.  La déléguée a encouragé les efforts visant à renforcer la politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des abus sexuels, qui causent des dommages irrévocables aux survivants et sapent les efforts de maintien de la paix.  Face aux attaques menées contre les soldats de la paix, la représentante a demandé une évacuation plus efficace des blessés (CASEVAC) et un meilleur accès aux soins médicaux sur le terrain, où des lacunes importantes subsistent.

M. NJOROGE NJUGUNA GITOGO (Kenya) s’est montré favorable aux dynamiques régionales et à des mesures plus réactives en matière de maintien de la paix.  Il a appelé à un appui financier et matériel suffisant, pour que les missions puissent s’acquitter de leur mandat, ainsi qu’à une formation adéquate des Casques bleus, à la fois pour assurer leur sécurité et pour leur apprendre comment nouer des contacts solides, durables avec les populations locales.

M. PADILLA (Cuba) a insisté sur l’importance pour les opérations de maintien de la paix de respecter les principes d’impartialité et de non-recours à la force sauf en situation de légitime de défense.  Reconnaissant que le maintien de la paix est devenu complexe et pluridimensionnel, le représentant a dit être préoccupé de la tendance à créer des opérations notamment pour contrer le terrorisme.  Dans ces cas, a proposé le délégué, elles ne doivent qu’être une mesure temporaire pour créer les conditions nécessaires au relèvement et au développement socioéconomiques.  En tout cas, il revient exclusivement à l’Assemblée générale d’élaborer le mandat, les stratégies et le budget des opérations de maintien de la paix.  La protection des civils est une tâche qui revient en premier chef aux États concernés.  Le représentant s’est opposé à l’instrumentalisation des mandats des opérations de maintien de la paix pour s’ingérer dans les affaires internes d’autres États, avant de se dire préoccupé par l’utilisation des drones dans ces opérations. 

M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq) a déclaré que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies permettent aux États de surmonter les conflits et les menaces afin qu’ils puissent construire la paix.  Elles permettent également l’émergence de processus politiques, la protection des civils, la démobilisation et l’appui électoral, de même que la restauration de l’état de droit.  Le représentant a exprimé son appui à l’action de Comité spécial des opérations de maintien de la paix, seule entité de l’ONU dédiée à examiner les conditions de la paix sous tous ses angles.  La paix est aujourd’hui confrontée à des urgences telles que les changements climatiques.  Les catastrophes naturelles provoquent en effet trois fois plus de déplacements que les conflits, a relevé le représentant, causant notamment une augmentation de la salinité des eaux et des carences alimentaires qui ont des répercussions sur la santé publique et exercent des pressions additionnelles sur tous les pays.  Les forces de sécurité iraquiennes ont permis de protéger les populations civiles en période de conflit armé et dans des zones contrôlés par des terroristes et des groupes criminels, a encore noté le représentant.  Pour assurer le renforcement des opérations de maintien de la paix, nous devons raffermir les capacités des contingents, bien évaluer les conflits et riposter dès que possible lorsque de nouveaux défis se posent, a-t-il conclu. 

Selon M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), alors qu’émergent de nouveaux conflits, les opérations de paix ont prouvé depuis longtemps qu’elles étaient les instruments les plus efficaces pour les résoudre.  Les Casques bleus entretiennent une lueur d’espoir dans les zones de conflit et le délégué népalais a tenu à leur rendre hommage.  Malgré des attaques ciblées contre les opérations de maintien de la paix, ces dernières demeurent sous-financées, a-t-il regretté.  Les ressources sont insuffisantes, a déploré le représentant du Népal, fournisseur de troupes depuis 64 ans, déployées en extrême urgence, dans des terrains difficiles.  Quatre-vingt-huit Népalais ont perdu la vie sur le terrain.  Le Népal, qui est aujourd’hui le troisième pays contributeur de troupes, a acquis une expérience immense dans ce domaine.  Le Népal a jugé essentiel de parvenir à une approche à la fois intégrée et globale du maintien de la paix, avec des mandats pragmatiques, réalisables, et des missions correctement financées.  Une formation du personnel à la fois avant le déploiement des missions et pendant augmente selon le délégué les chances de réussite.  Le Secrétariat devrait rembourser les pays contributeurs en temps et en heure, a ajouté l’orateur, qui a conclu en appelant à une politique de tolérance zéro à l’égard des abus sexuels commis dans le cadre d’une mission.

Pour M. SONG (République populaire démocratique de Corée), les opérations de maintien de la paix doivent respecter les principes de la Charte des Nations Unies et non se soumettre à la volonté de certains pays.  Au lieu de mandater des opérations de paix, l’ONU devrait plutôt encourager les processus de règlement de conflit, a suggéré le représentant, en demandant que le budget des opérations non efficaces soit consacré au développement durable.  Le représentant a exigé en conclusion le démantèlement du commandement des Nations Unies en République de Corée.

Mme FATIMATOU FAYE (Sénégal) s’est inquiétée des effets dévastateurs des attaques contre les opérations de maintien de la paix à l’aide d’engins explosifs improvisés, dont le nombre ne cesse de croître.  En tant que pays contributeur de contingents militaires et premier contributeur de police des Nations Unies, avec un effectif total de plus de 2 456 personnels, le Sénégal demande le renforcement des mesures d’atténuation, y compris au moyen de la mise en œuvre de l’examen stratégique indépendant des réponses des opérations de maintien de la paix demandé par le Conseil de sécurité.  La déléguée a exprimé son appui à la politique de tolérance zéro à l’égard des cas d’exploitation et d’abus sexuels commis par des membres du personnel de l’ONU.  À ses yeux, la prévention, la médiation et la reconstruction postconflit doivent être des priorités absolues dans la recherche et la pérennisation de la paix, et l’Afrique doit être au premier plan des initiatives en ce sens.  Elle a salué à cet égard les progrès tangibles réalisés dans le cadre du partenariat entre l’ONU et l’Union africaine dans la recherche de solutions politiques aux différends en Afrique, et plaidé pour le renforcement des missions politiques spéciales, à l’aide d’un financement adéquat.  Les ressources doivent en effet s’aligner aux mandats, et non l’inverse, a ajouté la déléguée, notamment en fonction des performances.  Elle a plaidé en conclusion pour la prise en compte du facteur linguistique pour la réussite des opérations de maintien de la paix, en veillant notamment au principe d’équilibre entre la langue des documents, des acteurs et des dirigeants.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a observé que les opérations de maintien de la paix avaient diversifié leurs taches avec le temps, outrepassant parfois la souveraineté des États où elles évoluent.  Ces changements de mode opératoire devraient être abordés avec la plus grande prudence, afin de respecter le principe de non-ingérence, le consentement de toutes les parties, ainsi que le non-emploi de la force par l’ONU, sauf exception.  Les opérations de maintien de la paix doivent appuyer les parties dans la quête d’un règlement pacifique d’un conflit, sans devenir partie à ce même conflit, a-t-il souligné.  Elles doivent en outre être accompagnées d’un travail parallèle destiné à mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, puisque paix et développement sont les deux revers d’une même médaille.  L’orateur a également critiqué les mesures coercitives unilatérales, facteurs selon lui de déstabilisation économique et sociale.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé l’engagement des Nations Unies à réformer les opérations de maintien de la paix avec des approches novatrices.  Des mesures pour recalibrer ces opérations pour plus d’efficacité et d’économies sont nécessaires.  Il leur faut un mandat réaliste, a insisté le représentant, qui a aussi plaidé pour renforcer la sécurité des Casques bleus et appuyer les processus de règlement politique des conflits.  Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être adaptés aux conflits et répondre aux attentes des populations civiles dans les pays hôtes, a poursuivi le représentant.  Il a également noté que la réforme actuelle explore l’apport des nouvelles technologies pour améliorer la sécurité, la gestion, la protection des civils et la mise en œuvre.  La formation des contingents doit faire partie intégrante des mandats par des renforcements de capacités, a ajouté le délégué.  Comme les opérations de paix se déroulent dans des environnements complexes, le Conseil de sécurité doit prendre des mesures pour assurer la sécurité des Casques bleus et faire face aux menaces, a réitéré le représentant, en soulignant l’importance du partenariat entre l’ONU et l’Afrique.  Il a demandé que l’ONU finance les opérations de maintien de la paix autorisées par le Conseil de sécurité et surmonte le défi du recrutement des femmes.

La représentante de la République arabe syrienne a déclaré que les opérations de maintien de la paix, qui ne figurent pas dans la Charte des Nations Unies, sont l’un des outils essentiels de l’Organisation pour veiller à la désescalade des conflits et à la consolidation de la paix.  Selon elle, les opérations de paix doivent cependant respecter « à la lettre » les principes contenus dans la Charte du respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance des États, ainsi que de la non-ingérence dans les affaires internes des États, sans jurisprudence ni intrusion politique.  Il est donc nécessaire d’obtenir l’accord des États où sont déployées ces opérations, qui ne peuvent constituer une alternative permanente.  La Syrie appuie par ailleurs l’action de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST).  La représentante a condamné la violation par Israël de l’accord de désengagement en prenant pour cible des positions civiles en Syrie.  Elle a en outre demandé que les rapports des Nations Unies établissent une distinction entre les violations simples enregistrées du côté syrien et les violations graves israéliennes.  Les opérations de maintien de la paix se poursuivent au Moyen-Orient du fait de l’occupation des territoires arabes par Israël et de sa politiques agressive dans la région, a encore dit la déléguée, ce qui entraîne un important fardeau financier pour l’Organisation. 

Le représentant d’El Salvador a déclaré qu’en tant que pays fournisseur de contingents militaires et de police, son pays estime que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix est dans une position unique pour entreprendre un examen global de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects.  Il a réaffirmé l’importance de veiller à ce que les mandats, les objectifs et les structures de commandement des opérations de maintien de la paix soient clairement définis et dotés de ressources financières et matérielles adéquates.  La conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix, par définition temporaires, doivent s’inscrire dans une stratégie plus large visant à appuyer des processus politiques viables et des solutions souples sur le terrain, dans le cadre d’une vision à long terme.  Le représentant s’est par ailleurs inquiété des attaques menées contre le personnel des opérations de maintien de la paix, en ajoutant que la gestion des risques sécuritaires doit demeurer une priorité de l’Organisation.  Dans ce contexte, il a estimé essentielle la mise en œuvre de stratégies de communication permettant d’assurer l’appui politique et populaire dont les opérations de maintien de la paix ont besoin pour s’acquitter de leurs mandats, et de lutter contre la désinformation et la mésinformation.  Il est en outre essentiel à ses yeux de renforcer les services médicaux et hospitaliers à tous les niveaux, ainsi que les évacuations sanitaires.  Étant donné le rôle joué par les femmes dans la protection des civils, y compris la prévention de la violence sexuelle dans les conflits armés, El Salvador poursuit ses efforts en vue d’atteindre les objectifs de la stratégie de parité hommes-femmes pour le personnel en uniforme 2018-2028, a assuré le représentant. 

Le représentant du Pakistan a déclaré que le Pakistan avait cher payé son engagement en faveur du maintien de la paix, comme tous les autres pays fournisseurs de troupes.  Le délégué a noté que les opérations de maintien de la paix visaient à donner vie à un maintien de la paix efficace, c’est pourquoi il voudrait que les contributions augmentent et soient dirigées en particulier vers l’aviation et les nouvelles technologies.  Le Pakistan a perdu sept ressortissants cette années dont six en mars lors d’un accident d’hélicoptère en RDC: l’orateur a appelé à ce que les responsables rendent des comptes et que la sécurité des Casques bleus soit réévaluée.

Le représentant du Burkina Faso a déclaré que la région du Sahel est aujourd’hui un « concentré des groupes armés qui sévissent à travers le monde » et constituent une menace globale.  Selon lui, si rien n’est fait pour venir en aide, « de manière décisive et urgente », aux pays du Sahel, aucune mesure de sécurité ne pourra empêcher le terrorisme de s’étendre à d’autres régions.  Le représentant a donc plaidé pour que la force régionale du G5 Sahel soit placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  Il a salué à cet égard la volonté des Nations Unies de doter les opérations de maintien de la paix d’un mandat plus robuste afin de mieux protéger les Casques bleus.  Malgré la menace terroriste à laquelle est confronté le Burkina Faso, celui-ci continue de contribuer aux opérations de maintien de la paix avec des effectifs de 948 personnes, a noté le représentant.  Il a salué la tenue dans son pays, en juillet de cette année, d’une réunion de la Commission de consolidation de la paix, qui a permis au Burkina Faso d’exposer les quatre objectifs de la transition, à savoir la lutte contre le terrorisme et la restauration de l’intégrité territoriale, la réponse à la crise humanitaire, l’amélioration de la gouvernance, ainsi que la réconciliation nationale et la cohésion sociale.  Le délégué a demandé en terminant aux partenaires techniques et financiers de son pays de contribuer au financement du plan d’action de la transition de 4,6 milliards de dollars. 

La représentante du Portugal a rappelé que des contingents portugais sont présents en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Colombie.  Pour assurer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, elle a préconisé de générer des capacités efficaces spécialisées qui permettent de faire face aux menaces nouvelles et émergentes et d’assurer à la fois le succès opérationnel et la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  L’approche paix-développement-droits humains doit être prise au sérieux.  Au niveau national, le Gouvernement veut trouver des synergies entre le troisième plan « les femmes, la paix et la sécurité » et sa stratégie de coopération au développement 2030.  Le maintien et la consolidation de la paix ne doivent pas être considérés comme distincts d’un processus de paix, a ajouté la représentante, impatiente de voir le « Nouvel Agenda pour la paix » du Secrétaire général.

La représentante s’est félicitée du fait que l’initiative Action pour le maintien de la paix reconnaît le rôle des organisations régionales pour assurer l’appropriation locale et promouvoir la confiance et le dialogue.  Dans la lutte contre les groupes armés et l’extrémisme violent, ces organisations sont les mieux placées pour apporter une réponse plus adéquate.  Les opérations de maintien de la paix ne peuvent fonctionner efficacement que si elles sont dotées de ressources matérielles et financières adéquates.  Elle a observé que la protection des civils doit rester une préoccupation tout au long des cycles de conflit.  À cette fin, il faut poursuivre les efforts de formation et la participation active des femmes aux opérations de paix. 

Le représentant de la Tunisie a suggéré de renforcer la coordination tripartite entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU et les États contributeurs de contingents afin d’établir des mandats et des objectifs clairs pour les opérations de maintien de la paix, tout en fournissant des ressources et des capacités adéquates pour chaque mission.  Il a souligné l’importance d’accorder une plus grande attention à la protection du personnel des missions de paix, compte tenu de l’augmentation sans précédent des attaques à leur encontre par des groupes armés et terroristes dans de nombreuses zones de conflit.  Le représentant a prôné une plus grande participation des femmes aux opérations de maintien et de consolidation de la paix de même qu’à la résolution des conflits, en particulier s’agissant des groupes vulnérables, tels que les femmes et les enfants.  Par ailleurs, le renforcement du partenariat entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine, dans le domaine du maintien de la paix et du règlement pacifique des différends, est primordial, a fait valoir le délégué. 

Le représentant du Liban s’est exprimé en faveur de ripostes précoces en cas de menaces à la paix et la sécurité internationales, accompagnées de ressources appropriées.  Les opérations de paix ne peuvent être des solutions permanentes, a-t-il argué, en appelant à la recherche de solutions politiques aux conflits.  Nous devons assurer la reddition de comptes pour les crimes commis contre les Casques bleus, tout en améliorant leur formation et les ressources, notamment médicales, à leur disposition.  Le représentant a souligné le rôle des femmes dans la pérennisation de la paix, en appelant en accroître leur participation aux opérations de maintien de la paix.  Il a en outre exprimé sa reconnaissance à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour son rôle dans la réduction des tensions dans son pays.  Il a toutefois rappelé l’importance de la coordination des activités de la FINUL avec le Gouvernement libanais, tel que stipulé dans l’accord sur le statut des forces. 

Pour le représentant de la Thaïlande, les opérations de maintien de la paix doivent continuer à être efficaces, à adapter leurs objectifs et davantage planifier les missions.  Il a soutenu à ce titre les consultations entre Conseil de sécurité, pays d’accueil et pays fournisseurs.  Le délégué a jugé impératif que les membres du Comité des opérations de maintien de la paix travaillent étroitement et parviennent à un consensus en amont, afin que le Secrétariat puisse se servir de leurs rapports.  Il a aussi appelé à se garder de toute politisation du Comité, avant de se féliciter des remboursements en temps et en heure aux pays contributeurs, exigeant des mesures rapides pour renforcer la sécurité des Casques bleus. 

Le représentant de la Suisse a souligné trois priorités, en premier lieu l’importance du renforcement des capacités des missions pour protéger les civils en soutien aux autorités nationales.  Afin de mieux cibler l’action des missions, une plus grande attention doit être attribuée aux renseignements dans le cadre du maintien de la paix, ceci notamment avec le développement de plans de collecte intégrés et de l’engagement rapide de ressources pour intervenir au point chaud.  Les avancées dans le domaine de la reddition des comptes pour les crimes commis contre les civils notamment à travers l’instauration de tribunaux mobiles au Soudan du Sud ou de la Cour pénale spéciale en République centrafricaine sont également prometteuses.  La responsabilisation et l’habilitation des autorités nationales afin qu’elles puissent pleinement assumer leur rôle requérant encore un effort additionnel de leur part mais aussi de la communauté internationale. 

Deuxièmement, a ajouté le représentant, durant la phase de transition d’une mission vers une autre présence onusienne, le développement des capacités nationales suffisantes afin d’assurer une prise de responsabilité complète des autorités nationales doit être au centre de l’attention en amont de cette transition.  Cette phase critique requiert une planification étroite entre la mission et les autres fonds, agences et programmes de l’ONU ainsi qu’une consolidation de leurs activités en vue de livrer des résultats cohérents et complémentaires.  Ces efforts doivent par ailleurs être alignés sur les priorités et stratégies nationales afin de renforcer la crédibilité et la confiance envers les autorités nationales.

Enfin pour lutter contre le défi de désinformation, le représentant a estimé que les missions et les autorités nationales soient dotées de moyens adéquats pour expliquer leurs actions et les limites de leur mandat et contrecarrer les narratifs dangereux.  Dans cette optique, une bonne communication stratégique est essentielle.  Elle doit s’appuyer sur des missions qui se démarquent par des actions efficaces et efficientes démontrant ainsi leur capacité à agir dans ce contexte.  Le délégué a aussi encouragé l’établissement d’un lien organique entre les mesures d’évaluation de la performance et les cycles de planification et budgétaire. 

Le représentant du Rwanda a noté que les opérations de maintien de la paix ont permis de contribuer à la stabilisation et à la protection des civils.  S’agissant des écarts de capacités, il a relevé que bien que les États Membres aient effectué des annonces lors de la dernière réunion ministérielle en République de Corée, les évolutions géopolitiques sur les chaînes mondiales d’approvisionnement ont eu des conséquences sur les opérations de maintien de la paix et ces contributions.  Alors que la protection des civils demeure confrontée à de nombreux défis, le représentant a estimé que la mise en œuvre des principes de Kigali, soit la planification, l’évaluation, la formation et la performance, permettraient aux opérations de maintien de la paix de gagner en efficacité et de surmonter les défis de l’environnement volatil actuel.  Si les opérations ne doivent pas se substituer à l’État hôte, elles doivent en revanche assurer la sécurité, la santé, l’environnement, l’alimentation et autres besoins fondamentaux de la population.  Le mandat des opérations de maintien de la paix ne correspond pas forcément aux besoins politiques et sociaux des environnements où elles opèrent, a-t-il noté, en rappelant les principes de non-ingérence contenus dans la Charte des Nations Unies.  Il a exprimé son attachement aux partenariats dans les opérations de maintien de la paix en tant qu’expression du multilatéralisme. 

Pour Le représentant du Pérou, il est prioritaire d’appuyer le plan d’action de l’ONU pour le maintien de la paix (A4P) et son corollaire pour 2023, A4P+.  Les objectifs nationaux du Pérou correspondent en tous points avec ces plans, notamment celui faisant état du rôle crucial joué par les femmes dans l’élaboration des processus de paix, la garantie qu’elles apportent de développer un lien entre les opérations de maintien de la paix et les populations civiles, ainsi que la stratégie de parité 2018-2028 pour le personnel en uniforme, que le Pérou soutient pleinement.

L’orateur a mentionné la Déclaration de Lima, produite à l’issue de la Conférence de Lima de septembre 2022, dont l’objectif est de développer la participation régionale aux opérations de maintien de la paix.  Les Péruviens sont formés pour intervenir au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ainsi que dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a dit le délégué, et dans ces missions onusiennes comme dans les autres, le Pérou appelle à pratiquer la tolérance zéro concernant les violences sexuelles et sexistes, ainsi qu’à augmenter la part du personnel féminin.

La représentante de Singapour a réitéré son appui à l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général et à la Stratégie pour la transformation numérique.  Elle a rappelé la contribution utile de son pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Le pays a déployé 17 missions durant ces dernières années dans les domaines médical et militaire.  Singapour a aussi soutenu des processus de paix, de réconciliation nationale et des processus électoraux, a ajouté la représentante qui n’a pas oublié les formations dans le secteur de la sécurité comme les polices nationales.  Les opérations de maintien de la paix doivent être adaptées aux objectifs et dotées de ressources nécessaires.  La représentante a appelé en conclusion les États Membres à s’acquitter de leurs contributions financières aux opérations de maintien de la paix. 

La représentante de la Sierra Leone a reconnu que les opérations de maintien de la paix déployées dans le monde font partie des efforts de l’ONU en vue de créer une paix pérenne dans le monde entier.  Selon elle, les opérations de paix doivent être constamment réexaminées de façon holistique.  En tant que pays contributeur de contingents, la Sierra Leone salue le rôle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  La Sierra Leone fait partie des rares pays qui ont atteint l’objectif de 30% de femmes au sein des opérations de paix, a-t-elle noté.  Elle s’est par ailleurs félicitée du soutien apporté par les Nations Unies, des pays contributeurs et des pays hôtes, qui permettent aux missions de s’adapter aux circonstances tout en tenant compte des effets sanitaires de la pandémie et des tensions géopolitiques dans les missions. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a insisté sur l’appui financier et logistique de son pays aux opérations de maintien de la paix, et sur la nécessité d’accorder une plus grande place aux organisations régionales, particulièrement dans le domaine de la diplomatie préventive, afin d’éviter que de nouveaux conflits n’éclatent.  Il convient également que les opérations de maintien de la paix respectent les principes de non-ingérence ainsi que l’intégrité territoriale des États hôtes, et n’outrepassent pas leur mandat, a pointé le délégué saoudien. 

Le représentant de l’Équateur a dit que les opérations de maintien de la paix doivent pouvoir compter sur des ressources et un mandat efficace.  Préoccupé par la désinformation visant les opérations de paix, le représentant a souligné l’importance d’élaborer une communication stratégique pour restaurer la confiance des populations dans leurs mandats.  Cette stratégie doit être intégrée dans le plan d’action des opérations afin notamment d’assurer la sécurité des troupes.  Le représentant a suggéré de bien répondre aux attentes des populations locales vis-à-vis des opérations de maintien de la paix. 

Le représentant du Japon s’est dit préoccupé par le nombre de soldats de la paix tués dans l’exercice de leurs fonctions et l’effet de l’intensification des combats sur les opérations aériennes des missions de paix.  Il est donc important d’améliorer la performance des Casques bleus, de même que la prise de décisions et le renforcement des capacités médicales afin que les missions atteignent leur plein potentiel, a-t-il dit.  Les missions doivent en outre intensifier leurs communications stratégiques avec plusieurs acteurs, notamment les populations locales, a fait valoir le représentant.  Le Japon a également souhaité améliorer la discipline, le moral, la direction des troupes, ainsi que les capacités dans les domaines de l’ingénierie et de la médecine.  Le représentant a souligné à cet effet l’importance des enceintes internationales chargées d’examiner les questions de paix, notamment les recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix. 

Le représentant de la République de Corée a fait des propositions pour accroître les capacités des opérations de maintien de la paix à l’avenir.  D’abord, il faut tenir les promesses de la Réunion ministérielle de Séoul de décembre dernier où 62 États Membres ont annoncé des contributions répondant aux besoins identifiés par le Conseil de sécurité notamment la formation en ingénierie.  Il faut aussi fournir des ressources adéquates aux soldats de la paix afin qu’ils soient équipés et formés comme il se doit.  Le représentant a également souligné l’importance de la capacité médicale technologique des Casques bleus pour que leur sécurité et leur sûreté soient assurée et que leur performance s’améliore.  S’agissant des campagnes de désinformation, le délégué a encouragé à tirer profit des outils technologiques pour renforcer l’assistance médicale afin de mieux préparer et de mieux protéger les soldats de paix.

La République de Corée a inauguré l’initiative sur les technologies et le renforcement des capacités au sein des opérations de maintien de la paix, a rappelé le représentant, parce que les capacités technologiques et médicales sont nécessaires au bon fonctionnement des opérations.  Assurer la sécurité et la sûreté des soldats de paix va de pair avec la protection des civils.  En outre, le délégué a souligné la nécessité d’une approche globale du maintien de la paix et de la coopération avec les organisations régionales qui sont essentielles pour parvenir à la paix durable et au développement. 

Droits de réponse

La représentante d’Israël a répondu à la Syrie, l’accusant de crimes contre son propre peuple.

La représentante de la Syrie lui a rétorqué qu’elle était la Puissance occupante du Golan.  Elle a jugé ironiques les propos d’Israël, dont les crimes dans les territoires qu’il occupe sont innombrables, et alors que ce pays soutient de nombreux groupes terroristes opérant en Syrie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.