Soixante-dix-septième session,
14e séance plénière – matin
CPSD/760

La Quatrième Commission entame son débat sur les utilisations pacifiques de l’espace par un appel à mettre la technologie spatiale au service du développement

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a entamé ce matin son débat général sur les utilisations pacifiques de l’espace, plusieurs délégations appelant à mettre la technologie spatiale au service du développement. 

Cette année marque le soixante-cinquième anniversaire du lancement dans l’espace de Spoutnik 1, premier satellite terrestre fabriqué par l’homme, et le cinquante-cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’espace extra-atmosphérique, a rappelé d’emblée le Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, M.  Omran Sharaf, en présentant le rapport de la soixante-cinquième session du Comité.  Si ces jalons permettent de mesurer le chemin parcouru, notre dépendance à l’égard des infrastructures satellitaires atteint aujourd’hui un point « critique », caractérisé par l’essor constant des activités spatiales et la diversification des acteurs spatiaux, a-t-il noté. 

Toutefois, avec l’adoption par l’Assemblée générale, en 2021, du Programme « Espace 2030 », les États disposent désormais d’une stratégie « tournée vers l’avenir » et permettant de renforcer la contribution de ces activités et outils spatiaux à la réalisation des programmes mondiaux de développement, s’est félicité le Président du Comité.  Un avis partagé par de nombreuses délégations, dont la Suisse, qui a estimé que ce programme contribuera à renforcer le recours aux technologies spatiales au service du développement durable.  De même, la Plateforme sur l’espace et la santé mondiale, basée à Genève, permettra une plus grande collaboration entre les États Membres, les entités des Nations Unies et les parties prenantes dans le domaine de la santé mondiale. 

« Afin de préserver l’utilisation future des biens spatiaux, nous devons promouvoir la sécurité des opérations spatiales et la durabilité à long terme des activités spatiales », a déclaré à l’ouverture de la séance le Président de la Commission, M. Mohamed Al Hassan.  L’espace extra-atmosphérique est en effet un « patrimoine et une province communs à toute l’humanité », quel que soit le degré de développement économique ou scientifique des États, a renchéri l’Iran.  Pour que la recherche et le développement des sciences et des technologies spatiales continuent de jouer un rôle clef dans la réalisation des objectifs de développement durable sur Terre, les États les plus avancés doivent partager leurs connaissances et contribuer au renforcement des capacités et à l’assistance technique des pays en développement, a fait valoir son représentant. 

Malgré le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967, qui constitue la pierre angulaire du régime juridique international de l’espace, la nature changeante de l’espace extra-atmosphérique exige que la communauté internationale trouve des solutions communes aux défis émergents, a considéré l’Argentine, afin de veiller à ce que tous les pays puissent accéder à la technologie spatiale et à l’espace de manière sûre et durable.  Un cadre réglementaire international actualisé est donc nécessaire, selon la Colombie, afin que tous les États puissent accéder aux avantages de la technologie spatiale. 

À cet égard, le Comité constitue une plateforme unique pour l’élaboration du droit international de l’espace, de normes internationales et d’autres mesures de transparence et de confiance régissant les activités spatiales, a fait valoir l’Union européenne. 

Dans le contexte de l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, l’Union européenne a par ailleurs indiqué ne plus être en mesure de soutenir le processus indiqué dans la résolution 76/76 de l’Assemblée générale en vue de l’affiliation aux Nations Unies d’un nouveau centre régional de formation aux sciences et aux technologies spatiales situé en Russie.  La délégation a invité les États Membres à reconsidérer leur position sur cette question et demandé au Bureau des affaires spatiales de s’abstenir d’initier tout projet de coopération avec la Fédération de Russie jusqu’à nouvel ordre.  De son côté, son homologue russe a mis en garde contre la politisation et l’unilatéralisme dans les discussions concernant l’utilisation pacifique de l’espace. 

Demain, jeudi 27 octobre 2022, à 10 heures, la Quatrième Commission poursuivra ses travaux avec la tenue d’une table ronde conjointe avec la Première Commission sur les risques éventuels pour la sécurité et la viabilité des activités spatiales. 

COOPÉRATION INTERNATIONALE TOUCHANT LES UTILISATIONS PACIFIQUES DE L’ESPACE

Déclaration liminaire

Le Président du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, M. OMRAN SHARAF (Émirats arabes unis), venu présenter le rapport de la soixante-cinquième session du Comité, s’est félicité des activités menées par le Bureau des affaires spatiales en tant que Secrétariat du Comité et de ses organes subsidiaires, qui ont notamment permis la mise en œuvre du Programme des Nations Unies pour les applications des techniques spatiales, du Programme des Nations Unies pour l’exploitation de l’information d’origine spatiale aux fins de la gestion des catastrophes et des interventions d’urgence et du Programme « Espace 2030 ».  Cette année marque le soixante-cinquième anniversaire du lancement dans l’espace du premier satellite terrestre fabriqué par l’homme, Spoutnik 1 et le cinquante-cinquième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’espace extra-atmosphérique, a-t-il noté, en ajoutant que de telles commémorations mettent en avant l’importance de la coopération internationale dans les utilisations pacifiques de l’espace et la contribution des activités spatiales au programme de développement mondial. 

La dépendance de notre monde à l’égard des systèmes spatiaux devient en effet critique, alors que les activités spatiales sont en plein essor et que les acteurs spatiaux se diversifient.  Selon lui, notre dépendance aux infrastructures satellitaires, aux capacités technologiques et aux applications spatiales, mises en évidence lors de la pandémie de COVID-19, doit nous encourager à renforcer la coopération internationale et l’utilisation des technologies spatiales pour le développement socioéconomique.  Avec le Programme « Espace 2030 », adopté l’an dernier par l’Assemblée générale, les États disposent désormais d’une stratégie tournée vers l’avenir pour renforcer la contribution des activités et des outils spatiaux à la réalisation des programmes mondiaux et à la prise en compte du développement durable. 

Parmi les réalisations du Comité et de ses organes subsidiaires, le Président a cité le Groupe de travail sur la viabilité à long terme des activités spatiales du Sous-Comité scientifique et technique et le Groupe de travail sur les aspects juridiques des activités relatives aux ressources spatiales du Sous-Comité juridique, qui ont convenu et adopté leurs méthodes et leurs plans de travail.  Le Groupe de travail sur l’espace et la santé mondiale a terminé son rapport sur ses travaux et a recommandé la création d’un réseau et d’une plateforme sur l’espace et la santé mondiale, en plus d’élaborer le texte du projet de résolution présenté cette année à la Commission.  Par ailleurs, le Groupe d’experts sur la météorologie spatiale a présenté son rapport final. 

Nous devons maintenant poursuivre nos efforts pour renforcer le rôle du Comité en tant que forum multilatéral unique pour favoriser le dialogue et la coopération, a noté M. Sharaf.  De même, le renforcement des partenariats entre les États et les parties prenantes, la promotion du dialogue entre nations spatiales et nations spatiales émergentes, et la participation accrue de tous les pays aux activités spatiales constituent un travail crucial dans notre entreprise spatiale collective pour l’humanité, a conclu le Président du Comité. 

Déclarations

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. FABIÁN ODDONE (Argentine) a réclamé une utilisation universelle de l’espace extra-atmosphérique au profit et dans l’intérêt de tous les pays et de l’humanité tout entière.  L’activité spatiale ne peut se faire de manière unilatérale et nécessite la coopération internationale, a-t-il insisté, avant de dire que la coopération spatiale constitue l’un des axes de travail de la présidence pro tempore de la CELAC.  Au 18 septembre 2021, l’Accord constitutif de l’Agence spatiale latino-américaine et caribéenne, compte déjà 20 États signataires, s’est félicité le représentant.  Cet instrument entrera en vigueur une fois les 11 ratifications atteintes, a-t-il précisé.  L’Agence permettra le renforcement des capacités régionales en matière spatiale, entre autres, par la promotion et le renforcement des liens entre les États Membres, le développement des activités scientifiques et l’échange d’informations et de pratiques optimales, la promotion de la coopération en matière de transfert de technologies, l’utilisation des infrastructures spatiales et terrestres et le développement de sa propre technologie satellitaire.  Le représentant, qui a réaffirmé l’importance de l’utilisation équitable de l’espace extra-atmosphérique, a aussi souligné la nécessité de respecter le droit international dans toutes les activités spatiales.  Pour les pays en développement, il ne s’agit pas seulement d’une question de développement technologique mais d’un besoin de développement durable. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR (Indonésie) s’est dit persuadé que l’espace extra-atmosphérique doit uniquement être utilisé à des fins pacifiques, pour le développement scientifique et économique, en respectant le principe de non-appropriation dudit espace.  Persuadé que l’accès aux technologies spatiales doit bénéficier à tous les pays, l’Association préconise de renforcer les capacités des États spatiaux émergents et coopère de son côté via son propre centre spatial avec tous les partenaires pertinents.  L’ASEAN a également lancé un appel pour une mise en œuvre immédiate des orientations du Comité s’agissant notamment de la problématique des débris spatiaux.  L’ASEAN accorde beaucoup d’importance à la réduction des risques de catastrophes.  À ce titre, elle a appelé à renforcer la réponse et la coordination, y compris par l’utilisation de technologies spatiales, pour développer les systèmes d’alertes précoces et sauver davantage de vies. 

M. PATRICK CHATARD MOULIN, de l’Union européenne, a condamné dans les termes les plus vifs de l’agression militaire non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui viole le droit international et sape la sécurité et la stabilité européennes et mondiales.  Dans le contexte de cette agression, l’Union européenne ne peut plus soutenir le processus indiqué dans la résolution 76/76 de l’Assemblée générale en vue de l’affiliation aux Nations Unies d’un nouveau Centre régional de formation aux sciences et aux technologies spatiales en Fédération de Russie.  Le représentant a donc invité tous les États Membres de l’ONU à reconsidérer leur position et demandé au Bureau des affaires spatiales de s’abstenir d’initier tout projet de coopération avec la Fédération de Russie dans le contexte actuel. 

Le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS) et ses sous-comités constituent des plateformes internationales uniques pour la coopération internationale dans le domaine des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a fait valoir le représentant, notamment en ce qui concerne l’élaboration du droit international de l’espace, des normes internationales et d’autres mesures de transparence et de confiance régissant les activités spatiales.  L’Union européenne continue en outre de promouvoir un environnement spatial sûr et durable, en soulignant l’importance de la transparence et des mesures de confiance, et s’affaire à mettre en œuvre les Lignes directrices aux fins de la viabilité à long terme des activités spatiales.  Dans le cadre de son programme spatial, l’Union européenne assure un service de surveillance et de suivi de l’espace et fournit des services opérationnels à une communauté croissante d’utilisateurs, notamment des services d’évitement des collisions pour 300 satellites, a-t-il noté.  Une approche concrète pour la gestion du trafic spatial a été convenue afin d’ouvrir la voie à une éventuelle approche multilatérale de la gestion du trafic spatial dans le cadre de l’ONU. 

Selon le représentant, l’accord sur le Programme « Espace 2030 » en 2021 est une nouvelle preuve que le multilatéralisme dans le secteur spatial produit des résultats.  L’Agence de l’Union européenne pour le programme spatial (EUSPA) et le Bureau des affaires spatiales ont signé un protocole d’accord en mars de cette année en vue de faire progresser la coopération de longue date entre les parties.  Un rapport sur la manière dont les systèmes de navigation par satellite, tels que Galileo, et les technologies d’observation de la Terre peuvent soutenir activement la transition vers un monde de huit milliards d’habitants sera publié d’ici la fin de 2022, a précisé le délégué. 

M. ANTONIO MANUEL REVILLA LAGDAMEO (Philippines) a insisté sur le fait que l’espace extra-atmosphérique est un bien commun de l’humanité.  Les activités qui y sont menées ne doivent pas relever d’un petit nombre d’États mais être ouvertes à tous les pays, a affirmé le représentant, en dénonçant le principe du « premier arrivé, premier servi » dans l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.  Aux Philippines, le Gouvernement a créé une Agence spatiale et un cadre gérant les activités spatiales qui se focalisent notamment sur la sécurité, le développement national, la gestion du climat, la recherche, l’éducation, la sensibilisation et la coopération internationale.  Le Président des Philippines a également créé le Conseil spatial national, et le pays est intéressé par la construction de satellites et la coopération régionale, notamment avec le Japon.  Le représentant a réitéré l’importance de renforcer le rôle du COPUOS dans le développement des capacités spatiales, l’échange scientifique et pour combler les lacunes entre pays.  Il a plaidé pour des mesures de renforcement de la confiance dans l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. 

Selon Mme AL SENANI (Oman), l’espace extra-atmosphérique est riche de potentiel pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, que ce soit pour le suivi des changements climatiques, la gestion et la réponse aux catastrophes, les technologies de l’information et des communications (TIC), et bien d’autres secteurs.  C’est pourquoi il faut se donner les moyens de réguler cet espace pour qu’il soit utilisé à des fins uniquement pacifiques.  Il s’agit aussi de renforcer la coopération, afin que les pays en développement puissent eux aussi réaliser les objectifs de développement durable.  Un Centre spatial a été créé à Oman pour, entre autres, permettre des simulations pour les futurs spationautes.  Oman est convaincu que l’espace extra-atmosphérique est riche en valeur ajoutée pour les économies nationales, et riche de promesses pour les générations futures, a indiqué sa représentante.  C’est pourquoi elle a réitéré que son pays était ouvert à des investissements et à des « partenariats pratiques et tangibles » dans ce domaine. 

M. VAHID GHELICH (Iran) a réaffirmé le principe universellement admis selon lequel l’espace extra-atmosphérique est un « patrimoine et une province communs à toute l’humanité », quel que soit le degré de développement économique ou scientifique des États.  Il doit donc être utilisé exclusivement à des fins pacifiques, dans l’intérêt des générations présentes et futures et conformément au droit international, et dans le plein respect du principe de non-appropriation de toute partie de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes.  Nous devons donc conserver une approche multilatérale à cet égard, en nous abstenant d’adopter des mesures coercitives unilatérales à l’encontre des pays en développement, a fait valoir le représentant, pour qui l’accès aux sciences et aux technologies spatiales et leurs applications devrait être offert à tous les États sans discrimination.  À cette fin, les États les plus avancés doivent partager leurs connaissances et contribuer au renforcement des capacités et à l’assistance technique des pays en développement.  La recherche et le développement dans les sciences et technologies spatiales jouent un rôle clef dans la réalisation du développement durable sur Terre ainsi que dans la protection de l’environnement spatial, a-t-il relevé.  M. Ghelich a exprimé son appui en faveur d’un instrument juridiquement contraignant destiné à prévenir une course aux armements, la militarisation et le placement d’armes dans l’espace.  À ses yeux, les États qui créent des débris spatiaux ont la responsabilité exclusive de leur élimination. 

M. FRANCISCO JAVIER GUTIÉRREZ PLATA (Colombie) a insisté pour que les délibérations sur les normes et principes du Traité de 1967 et des accords ultérieurs sur les utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, de la Lune et des activités spatiales, dans le contexte géopolitique actuel, soient menées au niveau multilatéral et dans le cadre du Comité, qui constitue, selon lui, le forum approprié.  Afin de faire face aux risques posés par les activités du secteur privé et l’extraction des ressources spatiales naturelles, nous devons mettre en place un cadre multilatéral inclusif qui reconnaisse et prenne en compte l’intérêt de tous les États.  À cet égard, le représentant a réaffirmé la nécessité d’adopter des mesures permettant d’assurer la viabilité à long terme des activités spatiales et d’éviter une éventuelle course aux armements.  Alors que la technologie spatiale a contribué à transformer le mode de vie de l’humanité grâce à ses applications dans les domaines de la gestion de l’information, des communications, de la navigation et de la recherche scientifique, il a estimé que ces avancées technologiques pourraient affecter la sécurité nationale et mondiale.  Un cadre réglementaire international actualisé est ainsi nécessaire afin que tous les États puissent accéder aux avantages de la technologie spatiale, a estimé le délégué. 

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a dénoncé le fait qu’au XXe siècle, les activités extra-atmosphériques restent l’apanage d’un petit nombre de pays.  Il a exhorté la communauté internationale à s’opposer à la monopolisation et la commercialisation des technologies spatiales.  Le représentant a présenté comme une menace la militarisation de l’espace extra-atmosphérique par les États-Unis, exhortant à renforcer la coopération internationale pour éviter la course aux armements dans l’espace.  LA RPDC est fière d’avoir lancé des satellites, a ajouté le délégué, qui a, à nouveau, dénoncé les États-Unis qu’il a accusés d’empêcher son pays de développer sa propre industrie spatiale en imposant des sanctions unilatérales et en restreignant la coopération internationale.  Mais cela n’arrêtera pas les avancées de la RPDC, a assuré le représentant, en brandissant le droit de son pays d’explorer et d’utiliser l’espace extra-atmosphérique. 

Selon M. NAEEM SABIR KHAN (Pakistan), l’espace extra-atmosphérique doit être utilisé à des fins pacifiques.  Le Programme spatial pakistanais permet au pays de développer son économie, de renforcer ses capacités en matière de réduction des risques et de navigation par satellite, et dans bien d’autres secteurs. 

La politique spatiale pakistanaise insiste beaucoup sur la coopération internationale, a indiqué le représentant, qui a précisé que l’Agence spatiale nationale a procédé à différentes missions de recherche spatiale.  En mars 2022, une réunion à Islamabad a ainsi rassemblé 13 organisations spatiales nationales, dont celles de l’Iran, du Bangladesh, de la Türkiye et de la Jordanie.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et notre programme commun reconnaissent tous deux l’importance de l’espace extra-atmosphérique pour l’action climatique entre autres, mais cet espace ne pourra devenir un vrai moteur du développement durable sans combler le fossé technologique entre les nations, a souligné le délégué.  Il faut selon lui développer davantage la coopération, le transfert des technologies et des capacités pour les pays en développement, afin de leur permettre de jouir de leurs droits.  Le représentant a enfin qualifié le principe de responsabilité relative aux débris spatiaux de « responsabilité commune mais différenciée ». 

Pour Mme ARCHINARD (Suisse), alors que la multiplication des acteurs et des activités dans l’espace permet un accès plus large aux technologies satellitaires, la coopération internationale et le dialogue multilatéral sont d’autant plus importants.  Elle s’est félicitée de l’adoption, en 2021, du Programme « Espace 2030 » par l’Assemblée générale, en estimant qu’il contribue à renforcer l’utilisation des technologies spatiales au service du développement durable.  La Suisse appuie en outre la création de la Plateforme sur l’espace et la santé mondiale, basée à Genève, en collaboration avec le Bureau des affaires spatiales et l’Organisation mondiale de la Santé.  Alors que le nombre de satellites opérationnels en orbite a plus que doublé depuis cinq ans, la déléguée a salué les travaux du Comité sur la viabilité à long terme des activités spatiales, y compris l’adoption de ses 21 lignes directrices.  Dans le contexte d’un retour prochain sur la Lune, elle a salué le travail du Comité en vue de développer une compréhension commune des aspects juridiques de l’espace, en tenant compte des aspects scientifiques et techniques ainsi que des intérêts de l’ensemble des parties prenantes, y compris le secteur privé.  Elle a toutefois partagé les inquiétudes de l’Union internationale de l’astronomie et de plusieurs États concernant l’impact des grandes constellations sur les observations astronomiques depuis la Terre. 

Mme DIYANA SHAISTA TAYOB (Afrique du Sud) a rappelé que son pays est une nation « émergente » dans le domaine de l’espace extra-atmosphérique.  Elle a ensuite insisté sur l’importance de respecter le droit international dans l’exploration et l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.  Après avoir mis en exergue la place du continent dans ce domaine, la représentante est revenue sur le Programme spatial sud-africain, notamment le lancement de satellites pour soutenir l’industrie maritime et la gestion des catastrophes et la réaction d’urgence.  Ce programme aidera à l’élaboration de données nécessaires à la prévention des catastrophes et au développement socioéconomique.  Le programme spatial se focalise aussi sur le renforcement des capacités nationales en axant le travail sur la viabilité des activités spatiales.  La représentante a exhorté à combler les lacunes entre pays développés et en développement dans le secteur spatial.  Le Gouvernement a élaboré une loi pour l’utilisation des technologies spatiales, a indiqué la représentante, en soulignant à nouveau l’importance de la gouvernance mondiale et de la coopération internationale dans le domaine de l’espace extra-atmosphérique. 

Selon Mme THARARUT HANLUMYUANG (Thaïlande) l’espace, objet de fascination et de motivation pour toute l’humanité, est un bien commun.  C’est pourquoi l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique doit se faire à des fins pacifiques, dans le respect du droit international et de la non-appropriation.  La Thaïlande a grandement bénéficié de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique pour cartographier son territoire, faire le suivi des cultures du riz pendant la saison de croissance, afin d’améliorer la sécurité alimentaire du pays.  Ce savoir-faire est partagé avec les pays voisins dans un exemple de coopération Sud-Sud, s’est enorgueilli le délégué, pour qui l’espace extra-atmosphérique est aussi utilisé pour promouvoir le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030).  En fait, la géolocalisation pourrait doper la réalisation de nombreux objectifs de développement durable, a estimé l’oratrice.  Face au très grand nombre de satellites, chacun doit faire sa part pour mieux gérer l’espace et atténuer les effets délétères des débris spatiaux, a-t-elle ajouté.  Enfin, le renforcement des capacités est essentiel pour que l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique bénéficie à tous les peuples, a insisté la représentante. 

Pour M. MAXIMILIANO JAVIER ALVAREZ (Argentine), alors que le Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 constitue la pierre angulaire du régime juridique international de l’espace, la nature évolutive de l’espace extra-atmosphérique exige que la communauté internationale trouve des solutions communes aux défis émergents.  À cet égard, l’Argentine travaille activement dans le domaine du droit de l’espace, en veillant à ce que tous les pays puissent accéder à la technologie spatiale et à l’espace de manière sûre et durable, a indiqué le représentant.  Afin d’éviter que l’espace ne devienne une zone de conflit armé, l’Argentine appuie la négociation, dans le cadre de la Conférence du désarmement, d’un traité juridiquement contraignant sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, a-t-il expliqué.  Elle développe en outre un programme spatial à des fins pacifiques, qui comprend le développement local de satellites et de lanceurs de satellites.  Le délégué s’est par ailleurs félicité que le Comité ait soutenu l’inscription de la question de l’espace et de la santé mondiale à l’ordre du jour du Sous-Comité scientifique et technique à partir de 2023.  L’Argentine, par l’intermédiaire de l’Institut Mario Gulich d’études spatiales avancées, possède une vaste expérience dans les domaines de la télémédecine et de l’épidémiologie paysagère, ainsi que de la formation universitaire, a-t-il relevé.  Elle développe notamment un programme de coopération avec l’Agence spatiale européenne, appelé Tempus pro-Antarctica, qui vise à tester des équipements de télémédecine, a précisé le délégué en conclusion. 

M. YUTA KUSANO (Japon) a déclaré qu’il est essentiel que chaque pays mène les activités spatiales conformément aux normes internationales existantes.  À cet égard, les activités spatiales doivent passer par l’élaboration d’un cadre de gouvernance mondial avec pour principes le respect de l’état de droit dans l’espace et la coopération internationale spatiale pour le bien de tous, a-t-il estimé.  Le Japon a pour sa part contribué à la création de plusieurs modules de la Station spatiale internationale (ISS) et permis à de nombreux États l’accès aux technologies spatiales y compris le Programme Artemis, a rappelé le délégué.  Le Japon a aussi signé un mémorandum d’accord sur la coopération spatiale avec la NASA.  En mai 2022, les deux parties ont convenu de l’inclusion d’astronautes japonais dans une des prochaines missions de la NASA.  En 2024, le Japon prévoit le lancement d’une mission d’exploration et d’études scientifiques, a annoncé le représentant, insistant de nouveau sur le respect de l’état de droit dans l’espace atmosphérique et la réglementation. 

M. KOLESNIKOV (Fédération de Russie) s’est dit favorable au développement pacifique de l’espace extra-atmosphérique sur une base égale et non discriminatoire, ainsi qu’au renforcement du rôle du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique (COPUOS), dont le rôle, unique, est fondé sur la participation égale de tous ses membres aux discussions et aux décisions, sur la base du consensus.  Il a aussi jugé important d’éviter la politisation des discussions sur l’utilisation pacifique de l’espace ainsi que les tentatives, sous quelque prétexte que ce soit, « d’imposer des ambitions individuelles ou de groupe » pour résoudre les problèmes liés aux activités spatiales.  Il s’est dit opposé à l’unilatéralisme sur ces questions.  Le délégué russe a par ailleurs appelé à éviter de faire doublon avec le COPUOS sur des plateformes parallèles, ce qui serait contre-productif. 

Mme HONG NHAT NGUYEN (Viet Nam) a insisté sur l’importance des efforts multilatéraux afin de garantir la paix, la sécurité et le développement dans le cadre de l’exploration et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique.  L’utilisation pacifique de l’espace doit également se faire conformément au droit international et aux lignes directrices concernant l’espace extra-atmosphérique, peu importe le niveau de développement des pays, a précisé la représentante.  Des applications utiles sur les plans économique et social continuent d’être développées et devraient contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a mis en garde contre une course aux armements et le positionnement d’armes dans l’espace.  Pour sa part, le Viet Nam a adopté l’an dernier un plan de développement de technologies spatiales d’ici à 2030 et joue un rôle actif dans ce domaine au niveau régional, a indiqué la représentante. 

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