Soixante-dix-septième session,
13e séance plénière – après-midi
CPSD/759

La Quatrième Commission achève son examen des questions relatives à l’information par l’adoption de deux projets de résolution

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a terminé cet après-midi son examen des questions relatives à l’information et adopté, sans vote, deux projets de résolution portant sur l’information, les politiques et les activités des Nations Unies en matière de communication globale. 

Si elle venait à adopter le texte portant sur l’information au service de l’humanité, l’Assemblée générale demanderait notamment aux pays, organismes des Nations Unies et autres acteurs intéressés de coopérer et d’agir en vue de fournir une aide accrue afin de développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement. 

Aux termes du second projet de résolution, consacré aux politiques et aux activités des Nations Unies en matière de communication globale, l’Assemblée se dirait une nouvelle fois préoccupée par la propagation et la prolifération exponentielles de la désinformation et de la mésinformation, ainsi que par leur impact sur les droits humains et les libertés fondamentales.  Tout en notant avec satisfaction les efforts entrepris par le Département de la communication globale (DCG) pour assurer la continuité de ses activités pendant la pandémie de COVID-19, l’Assemblée générale prierait celui-ci d’envisager sans délai les moyens de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles de l’Organisation, conformément à ses résolutions pertinentes. 

En dépit des supports de communication variés qui se déploient dans plusieurs langues et des efforts consentis par le DCG pour élargir la diversité linguistique de ses sites Internet, d’importantes disparités persistent entre l’usage de l’anglais et des cinq autres langues officielles, a relevé l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).  « Les supports visuels de plusieurs événements entretiennent le sentiment que l’ONU s’adresse aux locuteurs d’une seule langue », a fait remarquer sa représentante, pour qui la production de contenus dans les autres langues officielles, notamment le français, permet d’assurer l’intégrité du message diffusé ainsi que sa compatibilité avec le public auquel il s’adresse. 

Même constat de la part de la Ligue des États arabes, qui a insisté sur l’importance de traiter les six langues officielles de l’ONU sur un pied d’égalité dans l’ensemble du système onusien, y compris les pages Internet, qui ne sont disponibles que dans quatre des six langues officielles, ce qui limite les informations auxquelles ont accès les arabophones.  Son représentant a appelé le Département à corriger cette situation afin de démontrer son engagement en faveur d’un véritable multilinguisme au sein de l’Organisation. 

S’exprimant également au nom de l’Australie, le Canada, dont l’identité nationale repose sur la diversité linguistique, a quant à lui appelé au renforcement des initiatives visant à « rétablir l’équilibre » entre les six langues officielles de l’ONU dans ses produits de communication, tout en prenant acte des ressources limitées du DCG.  Les habitants de cette planète parlent, lisent et correspondent en plus de six langues, a renchéri l’Inde, en demandant au DCG d’adopter une approche « proactive » dans la diffusion d’informations dans d’autres langues.  Qui plus est, la traduction en arabe des communiqués de presse des réunions de l’Assemblée générale revêt la plus haute importance pour parvenir à la parité linguistique au sein de l’Organisation, a fait valoir le Soudan

L’ONU doit en effet continuer de diffuser des informations objectives tout en adaptant son message aux nouveaux outils de l’information et de la communication, sans laisser sur le côté les segments de la population qui n’y ont pas encore accès, a considéré l’Argentine.  Son représentant s’est en outre inquiété des effets délétères de la pandémie de COVID-19 et des effets économiques de la guerre, qui ont mené à la prolifération des discours extrémistes.  Il s’est toutefois félicité, comme l’Afrique du Sud et la Jamaïque, de l’Initiative « Verified » qui fait des Nations Unies une source d’informations multilingues fiable.  Pour appuyer ces actions, il a exhorté le DCG à passer d’une « culture de la traduction », prenant pour base l’anglais, à une authentique culture multilingue. 

La diffusion par le DCG d’informations « équilibrées et inclusives » sur les conflits dans le monde contribue en effet au renforcement du développement durable, des droits humains ainsi que de la paix et la sécurité, a considéré la Malaisie.  À cet égard, la formulation de stratégies de communication tenant compte des particularités locales est cruciale pour améliorer la protection des Casques bleus.  « C’est une bataille que nous devons gagner », a insisté son représentant.  Pour sa part, l’Arabie saoudite a ouvert le Centre mondial pour la lutte contre l’idéologie extrémiste, destiné à promouvoir la tolérance et la modération auprès des groupes extrémistes qui utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir la violence et la haine. 

En Fédération de Russie, la répression de la société civile, des médias et de l’opposition politique est utilisée pour empêcher la vérité sur la guerre en Ukraine d’éclater au grand jour, ont dénoncé les États-Unis.  Son délégué a demandé au système des Nations Unies d’être cohérent dans tous les documents qu’il publie, qu’il s’agisse de résolutions, de rapports ou de documents politiques, afin de faire en sorte que l’agression russe y figure de manière précise, conformément au libellé employé par le Secrétaire général dans ses rapports et la résolution adoptée à une « majorité écrasante » par l’Assemblée générale.  Les États-Unis, a rétorqué la Fédération de Russie, utilise plutôt l’Ukraine comme un pion pour faire avancer ses propres intérêts. 

Après avoir salué le Programme de communication sur l'Holocauste et les Nations Unies afin de lutter contre la montée « sans précédent » de l’antisémitisme dans le monde, Israël a dénoncé le récit « biaisé et trompeur » présenté par le DCG dans le cadre de son Programme d’information spécial sur la question de la Palestine.  À l’opposé, l’État de Palestine a salué les efforts de sensibilisation du DCG auprès du public sur la question de la Palestine, dont le règlement « juste et pacifique » est seul à même de mener à une paix et une sécurité pérennes au Moyen-Orient. 

La Commission poursuivra ses travaux le mercredi 26 octobre 2022, à 10 heures, avec l’examen du point de l’ordre du jour relatif à la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace. 

Droits de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran a rejeté les allégations des États-Unis et d’Israël, qu’il a jugées dénuées de tout fondement.  Il a parlé d’éléments montés de toutes pièces et de désinformation au sujet de la situation en Iran.  Les réseaux sociaux doivent être utilisés comme des instruments de liberté, pas comme des moyens de déstabiliser des sociétés, a-t-il affirmé, avant de condamner les mesures coercitives unilatérales dont son pays fait l’objet. 

Le représentant d’Israël a répondu à l’Afrique du Sud et à l’État de Palestine au sujet de la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh le 11 mai 2022.  Il a déclaré qu’une enquête indépendante avait conclu qu’il était impossible de déterminer avec certitude l’origine des coups de feu. 

Le représentant de la Fédération de Russie a accusé les États-Unis et leurs médias de mener une opération de désinformation au sujet de l’Ukraine avec le soutien du Département d’État américain.  L’Ukraine est utilisée comme un pion par Washington pour faire avancer ses propres intérêts, et les États-Unis ne s’en cachent même plus, a-t-il ironisé. 

Réagissant aux propos de l’Iran, Israël a condamné les cyberattaques récentes menés par le « régime iranien » contre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE TEXTE CONCERNANT LES QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION

Rapport du Comité de l’information (A/77/21)

Projet de résolution A: L’information au service de l’humanité

Aux termes de ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait instamment que tous les pays, les organismes des Nations Unies et tous les autres acteurs intéressés coopèrent et agissent de manière concertée afin d’atténuer les disparités dans la façon dont l’information circule à tous les niveaux en fournissant une assistance accrue pour développer les infrastructures et les capacités de communication dans les pays en développement. 

Elle demanderait notamment qu’ils fassent en sorte que les journalistes puissent travailler librement et efficacement, et qu’ils renforcent les programmes de formation pratique destinés aux journalistes des organes de presse ainsi que l’action régionale et de la coopération entre pays en développement ainsi qu’entre pays développés et pays en développement en vue d’améliorer la capacité de communication, l’infrastructure des médias et les techniques de communication de ces derniers. 

L’Assemblée générale appellerait encore les pays, les organismes des Nations Unies et les acteurs intéressés à aider à créer des réseaux de télécommunication sous-régionaux, régionaux et interrégionaux, notamment entre pays en développement, et à faciliter, selon qu’il conviendra, l’accès des pays en développement aux techniques de communication de pointe disponibles sur le marché.

Projet de résolution B: Politiques et activités de l’Organisation des Nations Unies en matière de communication globale

Par ce projet de résolution, adopté sans vote, l’Assemblée générale soulignerait que la réforme du Département de la communication globale (DCG), qui vise à adapter ses capacités et son action aux tendances actuelles de la communication mondiale, doit prendre en compte les priorités énoncées par le Comité de l’information en tant que principal organe subsidiaire chargé de lui faire des recommandations.  Elle se dirait une nouvelle fois préoccupée par la propagation et la prolifération exponentielles de la désinformation et de la mésinformation, rendant d’autant plus nécessaire la diffusion en temps opportun et dans plusieurs langues d’informations factuelles, ciblées, claires, accessibles et fondées sur des données scientifiques, avec l’appui de tous les États Membres. 

L’Assemblée générale soulignerait en outre que la désinformation peut nuire à l’exercice des droits humains et des libertés fondamentales, ainsi qu’à la réalisation des objectifs de développement durable, et réitèrerait sa condamnation de toute forme de propagande, dans quelque pays que ce soit, qui aurait pour objet ou qui risquerait de provoquer ou d’encourager une menace à la paix, une rupture de la paix ou un acte d’agression. 

Par ce texte, l’Assemblée générale demanderait encore au DCG, compte tenu des priorités qu’elle a énoncées pour la période 2023-2024 dans sa résolution 76/84 B, d’accorder une attention particulière à la promotion d’une croissance économique soutenue et d’un développement durable, au maintien de la paix et de la sécurité internationales, au développement de l’Afrique, à la promotion des droits de l’homme, à l’égalité des genres, aux changements climatiques et à l’environnement, à l’efficacité de la coordination des opérations d’assistance humanitaire, à la défense du multilatéralisme, au désarmement, à la promotion de la justice et du droit international, à la lutte contre les informations erronées et la désinformation, ainsi qu’au contrôle des drogues, à la prévention du crime et à la lutte contre le terrorisme international. 

L’Assemblée prierait également le Département de poursuivre l’évaluation de ses produits et activités en vue d’en accroître l’efficacité, et de continuer à coopérer et à coordonner ses activités avec les États Membres et le Bureau des services de contrôle interne du Secrétariat.  Elle rappellerait le lancement de sa stratégie de communication globale de 2020, qui a non seulement pour objet d’informer la population de l’état du monde et de la manière dont l’ONU s’emploie à le rendre meilleur, mais aussi de motiver les gens et de leur donner les moyens d’agir.  Elle se féliciterait par ailleurs de la couverture par le DCG, actions et déclarations du Secrétaire général liées à la crise de la COVID-19 et appellerait à intensifier la coopération avec le système des Nations Unies afin de diffuser plus efficacement les connaissances scientifiques, les meilleures pratiques et les informations concernant, entre autres, les diagnostics, les médicaments et les vaccins contre la COVID-19, en vue de prévenir et de faire face à l’émergence de maladies, notamment les zoonoses, et de pandémies. 

Par cette résolution, l’Assemblée prendrait note avec satisfaction des efforts entrepris par le Département pour assurer la continuité de ses activités pendant la pandémie de COVID-19, et lui demanderait d’évaluer sa réponse à la pandémie, y compris ses incidences sur les activités génératrices de revenus, ainsi que son état de préparation général pour répondre aux besoins de communication de l’Organisation pour toute urgence mondiale future qui pourrait survenir. 

L’Assemblée encouragerait en outre le DCG et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à poursuivre leur collaboration dans les domaines de la promotion de la culture, de l’éducation, de la communication et du multilinguisme, notamment grâce à l’éducation multilingue, comme moyens de parvenir au développement durable en utilisant les ressources disponibles, en vue de combler le fossé qui sépare actuellement les pays développés des pays en développement. 

L’Assemblée demanderait de nouveau au DCG et aux services auteurs du Secrétariat de faire en sorte que les publications des Nations Unies soient produites dans les six langues officielles, dans le respect de l’environnement et sans que cela ait d’incidences financières, et de continuer à agir en étroite coordination avec les autres entités, y compris tous les autres départements du Secrétariat et les fonds et programmes des Nations Unies, afin d’éviter, chacun pour ce qui concerne son mandat, les doubles emplois lors de la parution des publications des Nations Unies.  Elle engagerait, à cet égard, le DCG et le Département de l’Assemblée générale et de la gestion des conférences du Secrétariat à mettre au point de nouveaux arrangements de collaboration permettant de promouvoir le multilinguisme dans d’autres produits, sans que cela ait d’incidences financières, et à présenter à ce sujet un rapport au Comité de l’information à sa quarante-cinquième session. 

Elle se déclarerait de nouveau de plus en plus inquiète de constater que, contrairement à la demande formulée dans ses résolutions antérieures et au principe de l’égalité des six langues officielles, les communiqués de presse quotidiens ne sont pas publiés dans toutes les langues officielles.  Elle rappellerait le rapport pertinent du Secrétaire général sur les activités du DCG et prierait ce dernier d’envisager sans attendre des moyens possibles de publier des communiqués de presse quotidiens dans les six langues officielles, conformément à ses résolutions pertinentes, au plus tard pour la quarante-cinquième session du Comité de l’information, et de faire rapport à ce dernier à ce sujet à cette même session. 

Elle prendrait note avec inquiétude des récentes tendances consistant à remettre en cause la crédibilité et la transparence des informations factuelles et encouragerait le DCG à continuer de promouvoir la diffusion d’informations objectives et impartiales au sujet de l’action de l’Organisation, à formuler des propositions précises à cet égard et à en rendre compte au Comité de l’information à sa quarante-cinquième session. 

L’Assemblée encouragerait aussi le DCG à continuer de promouvoir la diffusion d’informations objectives et impartiales au sujet de l’action de l’Organisation, et l’exhorterait à appuyer les efforts déployés par le système des Nations Unies pour éliminer toutes les formes de haine, d’intolérance et de discrimination, notamment en raison de la religion ou des convictions, ainsi que le harcèlement, le racisme, les discours de haine, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, en particulier dans le cadre des crises mondiales provoquées par des pandémies telles que la COVID-19. 

L’Assemblée soulignerait qu’il importe de rationaliser le réseau de Centres d’information des Nations Unies et, à cet égard, prierait le Secrétaire général de continuer à faire des propositions dans ce sens, notamment en redéployant des ressources, si nécessaire, et de rendre compte au Comité de l’information à ses futures sessions. 

L’Assemblée prierait le Secrétariat de continuer de veiller à ce qu’un rôle actif soit dévolu au DCG auprès des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales, à la faveur de consultations et d’activités de coordination avec les autres départements et bureaux du Secrétariat, en particulier le Département des opérations de paix, le Département de l’appui opérationnel, le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et le Bureau d’appui à la consolidation de la paix.  Elle soulignerait qu’il importe de renforcer la capacité du DCG d’informer le public sur les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales. 

S’agissant des services d’information, l’Assemblée apprécierait les mesures prises par le DCG pour inclure et regrouper des informations et des contenus multimédias sur le portail en ligne coordonné et centralisé ONU Info, qui propose des contenus aux formats classique ou numérique dans les six langues officielles et en hindi, portugais et swahili, et, à cet égard, prierait le Secrétariat de continuer d’appuyer ces efforts. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.