Soixante-dix-septième session,
12e séance plénière – après-midi
CPSD/758

Quatrième Commission: Pour les États Membres, le DCG doit continuer à promouvoir le multilinguisme et la lutte contre la désinformation

Au deuxième jour de son débat général sur les questions relatives à l’information, la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation) a, cet après-midi, entendu plusieurs délégations plaider pour le respect du multilinguisme dans les activités du Département de la communication globale (DCG), notamment pour mieux contribuer à la réussite des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Les appels à renforcer la lutte contre la désinformation ont donné lieu à un échange animé autour de la situation en Ukraine. 

Les disparités importantes qui existent entre l’usage de l’anglais et les cinq autres langues officielles de l’ONU persistent, en particulier sur les plateformes numériques, ont constaté un certain nombre de délégations.  C’est aussi le cas pour les communiqués de presse, dont le Paraguay et El Salvador ont regretté qu’ils ne soient disponibles que dans les deux langues de travail de l’Organisation –français et anglais– au lieu de l’être dans les six langues officielles.  Un plaidoyer en faveur de l’« égalité linguistique » repris à son compte par la Tunisie ou la Côte d’Ivoire, pour laquelle ce principe doit s’étendre au recrutement des fonctionnaires internationaux. 

Si la quasi-totalité des États Membres à avoir pris aujourd’hui la parole se sont accordés sur l’importance de prioriser le multilinguisme, certains ont demandé que l’on aille au-delà des seules langues officielles, comme c’est le cas du Portugal, qui a rappelé la « portée mondiale et l’universalité » du portugais.  S’exprimant au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), l’Angola a rappelé qu’il s’agit de la cinquième langue la plus parlée au monde, un rang qui justifie à ses yeux de lui accorder toute la place qui lui revient dans les publications et activités de l’ONU, y compris sur les réseaux sociaux et plateformes numériques où l’Organisation est présente. 

Pour le Brésil, la promotion du portugais pour mieux desservir la communauté lusophone, forte de 260 millions de locuteurs et la plus importante communauté linguistique de l’hémisphère Sud, doit aussi être assurée par les relais que sont les Centres d’information des Nations Unies (UNIC) de Rio de Janeiro et de Bruxelles.  Celui de Luanda, en Angola, sera opérationnel prochainement, s’est félicité le représentant brésilien. 

Car c’est aussi en dehors du Siège de l’ONU que se joue la bataille du multilinguisme, ont estimé plusieurs délégations.  Le succès des opérations de maintien de la paix en dépend, que ce soit pendant les phases de planification, de déploiement et de transition, a observé le Portugal, pour qui une stratégie de communication globale contribue à la bonne exécution des mandats.  Sentiment partagé par le Népal, l’un des plus importants pays contributeurs de troupes de l’ONU, qui a encouragé le Département à poursuivre sa collaboration avec celui des opérations de maintien de la paix pour mettre à l’honneur aussi bien les succès que rencontrent les Casques bleus que les défis auxquels ils font face.  Autre fournisseur de contingents d’importance, la Thaïlande a salué les initiatives de l’ONU pour mieux faire connaître l’action des soldats de la paix thaïlandais déployés au sein de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS). 

Mais pour que le message de l’Organisation soit entendu sur le terrain, a considéré le Sénégal, encore faut-il que le « poids du facteur linguistique » soit pris en considération, en veillant au « principe d’équilibre » entre les langues des documents officiels et le choix des différents acteurs appelés à servir.  Cette délégation a donc réitéré son appel au Secrétariat pour qu’il continue à développer une stratégie de communication visant à renforcer la confiance entre missions et communautés d’accueil, mais aussi pour contrer la désinformation et les discours de haine qui exposent davantage les Casques bleus dans des environnements déjà hostiles. 

Estimant que l’ONU est la « source d’information la plus fiable » dans le monde, l’Algérie a considéré, à ce titre, que les informations diffusées par le DCG sur ses différentes plateformes doivent être en permanence « précises, impartiales et sans préjugés », notamment pour ce qui est des communiqués de presse, lesquels doivent refléter fidèlement et de manière exhaustive les positions des États Membres et leurs échanges.  La délégation l’a donc invité à accorder davantage d’attention à la lutte contre les informations ou interprétations erronées. 

Certaines délégations, comme la Slovaquie ou le Royaume-Uni, ont encouragé le DCG à redoubler d’efforts pour fournir des informations complètes et précises sur des questions telles que la « guerre d’agression » menée par la Fédération de Russie en Ukraine.  Depuis le lancement de cette opération par le Kremlin, a dénoncé le représentant britannique, la « propagande d’État » « tourne à plein régime », le système des Nations Unies devant se montrer cohérent face à cette « offensive contre la vérité ». 

Des affirmations avec lesquelles la Fédération de Russie s’est inscrite en faux, fustigeant des « institutions multilatérales de protection des droits humains » « biaisées » et l’« Occident collectif » et sa « guerre de l’information ».  Le délégué russe a attiré l’attention des dirigeants du DCG sur la nécessité d’assurer une couverture « impartiale » de tous les événements internationaux, y compris de la situation en Ukraine, comme l’exigent les documents fondamentaux qui régissent son travail, « sous peine d’induire en erreur son public ». 

Pour l’Ukraine en revanche, la guerre de l’information a été lancée par l’« État agresseur » pour appuyer ses opérations militaires sur le terrain, afin de justifier son agression illégale.  Le représentant ukrainien a exprimé les préoccupations que lui inspirent les tentatives de s’abstenir d’utiliser le libellé officiel des résolutions de l’Assemblée générale, qui doivent être la source exclusive des éléments de langage utilisés dans les communications officielles de l’ONU.  L’Ukraine a salué le Secrétariat de l’ONU d’avoir pris actes de « divergences », ainsi que de disparités dans les traductions, espérant que ces incidents ne se reproduiront plus.  Pour lui, toute « spéculation » sur le contenu des documents pourrait être évitée grâce à une « approche globale et systémique » vis-à-vis des tentatives de falsifier les informations et de leur instrumentalisation. 

En fin de séance, les délégations de la République de Corée, de la Fédération de Russie, d’Israël, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et de l’Ukraine ont exercé leur droit de réponse. 

La Quatrième Commission conclura son débat général sur les questions relatives à l’information et adoptera les résolutions y afférentes demain, vendredi 21 octobre, à partir de 15 heures. 

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