En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-septième session,
7e séance plénière – matin
CPSD/753

La Quatrième Commission reprend son débat général sur les questions de décolonisation des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de l’ONU

La situation au Sahara occidental s’est à nouveau invitée dans les délibérations de la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), qui a repris, ce matin, son débat général.  Les délégations se sont, dans une large mesure, accordées sur les mérites de la nouvelle dynamique insufflée au processus politique au Sahara occidental par le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, qui s’est rendu à quatre reprises cette année dans la région, à savoir à Rabat, à Alger, à Tindouf et à Nouakchott. 

Comme l’a recommandé la Guinée-Bissau, les États Membres doivent maintenant soutenir les efforts de M. de Mistura et faire fond sur la dynamique des tables rondes pour dépasser les divergences de vues entre les parties.  Comme par le passé, les défenseurs de l’Initiative d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental se sont opposés aux délégations qui maintiennent que le peuple sahraoui doit pouvoir exercer son droit à l’autodétermination dans le cadre d’un référendum. 

L’Afrique du Sud et l’Ouganda ont ainsi défendu le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple de la dernière colonie africaine inscrite à la liste des territoires non autonomes de l’ONU, une position partagée par Cuba et le Venezuela, entre autres.  Alors que la résolution 690 du Conseil de sécurité avait établi en 1991 la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), le Kenya a jugé « déplorable » que le peuple sahraoui n’ait toujours pas été en mesure d’exercer son droit à l’autodétermination par le biais d’une telle consultation. 

Les partisans de l’Initiative d’autonomie du Maroc, comme la Jordanie, la Côte d’Ivoire et l’Arabie saoudite, ont au contraire considéré que ce plan est une base réaliste et sérieuse, conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions pertinentes de l’ONU, pour trouver une solution réaliste à ce différend territorial sur la base du consensus.  Ils ont salué les efforts des autorités marocaines en faveur du développement du Sahara occidental, leurs projets socioéconomiques et d’infrastructures, ainsi que le soutien apporté par le Royaume à cette région pendant la pandémie.

Pour ce qui est du différend relatif aux Îles Falkland (Malvinas), les pays latino-américains et caribéens ont unanimement soutenu la revendication de souveraineté de l’Argentine sur ce territoire, en invoquant le principe de l’intégrité territoriale.  La délégation du Royaume-Uni, l’autre partie prenante, leur a rétorqué n’avoir aucun doute quant à sa souveraineté sur ce territoire, pas plus que sur le droit des habitants de l’archipel à l’autodétermination, en rappelant les résultats du référendum organisé en 2013 à l’issue duquel les insulaires ont choisi de rester dans le giron britannique. 

D’autres situations qui ne figurent pas sur la liste des 17 territoires non autonomes du Comité spécial de la décolonisation ont été abordées aujourd’hui, notamment celles à Porto Rico, en Palestine, au Jammu-et-Cachemire, de même qu’un différend territorial dans le golfe Persique.  Sur ce dernier point, les Émirats arabes unis ont réitéré, dans un droit de réponse, leur revendication de souveraineté sur les îles d’Abou Moussa, les Grande et Petite Tomb, « occupées par l’Iran ».  Son homologue iranienne avait auparavant dénoncé les allégations « fallacieuses et infondées » de l’Arabie saoudite concernant ces îles, en expliquant ne pas reconnaître l’existence d’un différend avec les Émirats arabes unis, alors que ces trois îles « iraniennes » font partie intégrante de son territoire.  « L’intégrité territoriale de l’Iran et sa souveraineté ne sont pas négociables », a tranché la représentante. 

Sur la question de Porto Rico, les pays latino-américains et caribéens intervenants ce matin ont plaidé pour le droit à l’autodétermination du peuple de cette île pour sortir de la tutelle des États-Unis.  Considérant qu’il s’agit bien d’une situation coloniale à ses yeux, Cuba s’est réjouie que le Comité spécial de la décolonisation ait, pour la première fois cette année, adopté une résolution à ce sujet. 

La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur les questions de décolonisation demain, jeudi 13 octobre, à partir de 10 heures. 

EXAMEN DES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Suite du débat général

M. AL BALDAWI (Iraq) a souhaité que la décolonisation pleine et entière reste une des priorités de l’ONU.  En attendant qu’elle soit achevée, les puissances administrantes doivent protéger les ressources naturelles des territoires sous leur contrôle, prêter leur concours en cas de catastrophes naturelles et promouvoir le développement socioéconomique des peuples non autonomes, a-t-il souligné.  L’objectif fondamental des activités économiques dans ces territoires doit être de renforcer l’économie dans la perspective de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a insisté le représentant.  Le partage d’informations est essentiel pour pouvoir faciliter la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance des pays et des peuples non autonomes, a-t-il relevé.  En tant que membre du Comité spécial de la décolonisation, l’Iraq a réaffirmé sa détermination à coopérer avec les autres pour faire avancer l’application de la Déclaration. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) a réitéré son appui aux efforts du Maroc en vue de trouver une solution réaliste au Sahara marocain sur la base du consensus et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appuyé l’Initiative d’autonomie du Sahara marocain, sur la base du droit international, afin de préserver l’intégrité territoriale du Maroc.  Le représentant a par ailleurs dénoncé la tentative de l’Iran d’occuper certaines îles de la péninsule du Golfe, en violation de la souveraineté de l’Arabie saoudite, ce qui représente selon lui une menace à la paix et la sécurité internationales.  Il a appuyé les mesures prises par les Émirats arabes unis pour rétablir la pleine souveraineté de l’Arabie saoudite sur ces territoires occupés. 

« Tous les peuples du monde ont le droit à l’autodétermination », a insisté Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal), en rappelant qu’il s’agit d’une des priorités de l’Organisation dès sa création.  Après avoir rejeté toute occupation étrangère quels qu’en soient les prétextes, la représentante a regretté que 17 territoires soient toujours inscrits sur la liste du Comité spécial de la décolonisation 60 ans après la déclaration des Nations Unie sur la décolonisation.  « Nous ne pouvons pas nous permettre que la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030) se termine sans progrès substantiels, a insisté la déléguée, avant de noter que le Programme 2030 appelle à ne laisser personne sur le bas-côté.  C’est pourquoi elle a exhorté les puissances occupantes à s’acquitter de leurs responsabilités sans conditions. 

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée), qui s’exprimait au nom du Groupe Fer de lance mélanésien, une organisation intergouvernementale sous-régionale du Pacifique, a évoqué la situation des peuples coloniaux du Pacifique qui n’ont pas voix au chapitre, en appelant à examiner au cas par cas la situation des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de l’ONU.  Abordant la question de la Nouvelle-Calédonie, le Groupe a réaffirmé son attachement à l’autodétermination et à la décolonisation de ce territoire, en arguant qu’il faut trouver une solution pacifique durable acceptable pour tous les acteurs concernés.  Le peuple calédonien doit pouvoir librement décider de son avenir, a insisté le représentant.  Alors que l’Accord de Nouméa a été adopté en 1998, la Nouvelle-Calédonie n’a cessé d’avancer sur la voie de la paix et du transfert de compétences, ainsi que de l’intégration régionale au Pacifique, s’est-il félicité. 

Le délégué a espéré que la Puissance administrante invitera l’ONU à dépêcher une nouvelle mission en Nouvelle-Calédonie, avant d’exprimer son inquiétude à la suite du troisième référendum en Nouvelle-Calédonie.  Selon lui, il y a eu un rejet d’une grande partie des électeurs, qui va à l’encontre de l’Accord de Nouméa, en dépit des dires de la Puissance administrante, selon laquelle ces personnes n’ont pas participé à ce référendum par choix.  Dans le cadre de cette nouvelle phase de transition, il est donc impératif pour la Puissance administrante de travailler avec tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie pour prendre en compte leurs intérêts, a-t-il insisté.  Il faut en outre que l’ONU indique au peuple calédonien que la fin de l’Accord de Nouméa ne signifie pas qu’ils sont privés du droit à l’autodétermination et à la décolonisation.  Il incombe également à l’Organisation de demeurer saisie de la situation en Nouvelle-Calédonie afin que l’avenir de son peuple prenne pleinement en compte tous les groupes de la société, a demandé le Groupe.  Voilà pourquoi une nouvelle mission de visite en Nouvelle-Calédonie serait importante, a fait valoir le représentant. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela), s’exprimant au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a salué les avancées réalisées par l’ONU en matière de décolonisation, tout en déplorant que 17 territoires non autonomes demeurent inscrits à son ordre du jour.  Il a réaffirmé son attachement « moral et politique » à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Le délégué a lancé un appel aux puissances administrantes et occupantes à trouver une solution durable aux questions en suspens de longue date et à respecter les droits des territoires non autonomes.  Les parties concernées doivent à ses yeux renouveler leur engagement politique en ce sens, afin de répondre aux attentes de millions de personnes qui souhaitent exercer leurs droits inaliénables.  Alors que plus de 20 années se sont écoulées depuis que le dernier territoire non autonome a changé de statut et est devenu un État Membre de notre Organisation, combien de temps faudra-t-il encore avant que les peuples de ces 17 territoires puissent réaliser leurs aspirations légitimes et que le colonialisme soit éliminé? s’est demandé le représentant.  Le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies est déterminé à continuer de participer à tous les efforts visant assurer l’avènement d’un monde sans colonialisme, a-t-il ajouté. 

À titre national, le délégué s’est dit préoccupé par la négation du droit à l’autodétermination du « peuple frère » de Porto Rico.  Il a demandé à cet égard au Gouvernement des États-Unis de participer de façon constructive aux réunions du C-24 afin de mettre un terme à sa tutelle coloniale sur Porto Rico.  S’agissant du Sahara occidental, le représentant a réitéré son appui au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Il a dénoncé le « cynisme et le deux poids, deux mesures » de certains États qui persistent à se présenter comme des « chantres de l’État de droit » et de la Charte des Nations Unies tandis qu’ils méprisent le droit international, en espérant que le Royaume-Uni accepte de reprendre la voie des négociations en vue de rétablir la souveraineté « indéniable » de l’Argentine sur les Îles Malvinas. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a regretté que 17 territoires non autonomes figurent toujours inscrits sur la liste des Nations Unies, 60 ans après l’adoption de la résolution 1514 de l’Assemblée générale des Nations Unie sur la décolonisation.  « En tant qu’ancienne colonie dont le cas a été débattu au sein de cette Commission, l’Afrique du Sud accorde une grande importance aux travaux de cet organe », a insisté la représentante avant de rappeler que l’Afrique du Sud ne serait pas indépendante aujourd’hui sans lui.  C’est pourquoi, la déléguée a exhorté tous les États Membres à promouvoir les objectifs de décolonisation des Nations Unies.  Après avoir dénoncé les injustices quotidiennes subies par le peuple palestinien et appuyé le droit non négociable à l’autodétermination de la Palestine, la représentante a aussi plaidé pour une solution politique mutuellement négociée pour le processus d’autodétermination du Sahara occidental.  Enfin, elle a déclaré que l’archipel des Chagos appartient au peuple qui vit sur ce territoire, avant d’exhorter les parties concernées à reprendre les négociations pour trouver une solution politique à la question des Îles Malvinas. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) a souhaité la fin de la colonisation et exprimé son soutien au droit inaliénable des peuples à l’autodétermination, y compris le peuple palestinien.  À cet égard, il a appelé la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour donner effet à la solution des deux États avec un État palestinien souverain dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.  Le représentant a également dénoncé les violations israéliennes perpétrées à la mosquée Al-Aqsa, en mettant en garde contre toute tentative de modifier le statut juridique et historique de cette zone.  La mosquée Al-Aqsa est un lieu de culte pour les musulmans, a-t-il martelé, et la Jordanie en est responsable.  Passant au Sahara occidental, le délégué a salué la pleine coopération du Maroc avec l’Envoyé personnel du Secrétaire général, M. Staffan de Mistura, ainsi que le respect de l’accord de cessez-le-feu par le Maroc et ses efforts pour trouver une solution à cette question à travers le plan d’autonomie proposé par ce pays.  La Jordanie est favorable à cette initiative et salue les efforts de développement de cette région entrepris par le Maroc ainsi que l’ouverture de 28 consulats sur place, y compris à Laayoune, a précisé le représentant. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a dénoncé le fait que des peuples continuent de se voir nier le droit à l’autodétermination, notamment ceux de Palestine et du Jammu-et-Cachemire.  À ses yeux, seule la création d’un État de Palestine libre et indépendant, avec les frontières d’avant 1967, permettra de ramener la paix au Moyen-Orient.  Quant à l’occupation du Jammu-et-Cachemire, il s’agit de la pire manifestation du colonialisme moderne, a considéré le représentant, alors que son droit à l’autodétermination a été reconnu dans nombre de résolutions du Conseil de sécurité appelant à la tenue d’un référendum sous l’égide des Nations Unies.  Toutefois, « par la force et par la fraude », l’Inde a évité la mise en œuvre de ces résolutions, préférant mener des politiques de répression « brutales » qui ont fait plus de 100 000 victimes depuis 1989.  Les mesures « unilatérales et illégales » prises par l’Inde pour annexer ce territoire, en vertu de ce que les dirigeants indiens qualifient de « solution finale », se traduisent notamment par la présence d’une force d’occupation massive et une campagne d’oppression prônant la haine contre les musulmans, qui pourrait selon le délégué mener au génocide.  Il a fustigé les violations « criantes » du droit international et des décisions du Conseil de sécurité.  Afin de garantir une paix pérenne en Asie de l’Est, le représentant a estimé que le règlement de la question du Jammu-et-Cachemire et l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple kashmiri s’imposent, a-t-il noté, en invitant l’Inde à renoncer à ses mesures unilatérales. 

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a défendu les droits de tous les peuples à l’autodétermination avant de souhaiter la réalisation pleine et entière de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2021-2030).  Il a regretté que 17 territoires non autonomes soient toujours inscrits sur la liste des Nations Unies.  Le représentant a ensuite appuyé le droit à l’autodétermination du peuple palestinien avant d’appeler à un règlement politique qui permettra au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale.  Il a en outre souligné l’importance des missions dépêchées sur le terrain, qui participent au règlement de ces questions, en souhaitant qu’une soit enfin envoyée au Sahara occidental. 

Le représentant de la Bolivie a appelé à la coopération et à la solidarité internationales pour permettre aux peuples des territoires non autonomes d’exercer leur droit à l’autodétermination, y voyant le seul moyen pour eux d’accéder au développement durable et à la paix.  Il a demandé aux puissances administrantes de lancer dès que possible leurs processus de décolonisation.  Réaffirmant le droit inaliénable du peuple de Porto Rico à l’autodétermination, il a exhorté les États-Unis à coopérer et à permettre aux Portoricains d’entamer les démarches en ce sens.  Pour ce qui est du Sahara occidental, le représentant a espéré qu’avec la participation des parties concernées, il sera possible de parvenir à une solution pacifique, juste et durable sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Passant à la question des Îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes, le délégué a soutenu les revendications de l’Argentine sur ces territoires.  La seule issue à cette situation est de reprendre les négociations entre les deux parties, l’Argentine et le Royaume-Uni, afin que l’archipel repasse sous souveraineté argentine légitime, a-t-il argué. 

M. CARLOS EFRAÍN SEGURA ARAGÓN (El Salvador) a fait sien l’appel lancé aux États Membres pour accélérer les processus de décolonisation, en ajoutant que la réalisation du droit à l’autodétermination pour les peuples des territoires non autonomes doit être une priorité des Nations Unies.  Les efforts de l’ONU doivent porter sur l’assistance aux territoires non autonomes afin qu’ils puissent exercer leurs droits fondamentaux.  Le représentant a reconnu la volonté affichée par l’Argentine en vue de trouver une solution négociée à la question des Îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud, ainsi que des zones maritimes environnantes.  Le délégué s’est dit préoccupé par les actes unilatéraux menés dans la zone litigieuse, notamment l’exploitation des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, en violation des résolutions pertinentes des Nations Unies.  S’agissant du Sahara occidental, le délégué a appuyé les efforts déployés par le Maroc pour trouver une solution « réaliste, pragmatique et durable » à ce différend régional.  L’Initiative d’autonomie présentée par ce pays constitue selon lui une pièce fondamentale de ces efforts, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc. 

Mme LASANA ANDREWS (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a mis l’accent sur les différends de souveraineté autour des Îles Malvinas, en exhortant les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni à s’engager à reprendre les négociations bilatérales pour trouver une solution pacifique et durable à ce différend.  La représentante a aussi demandé aux deux gouvernements de s’abstenir de toute décision unilatérale de nature à compromettre les perspectives de règlement futur. 

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a revendiqué le droit des Palestiniens à un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale et dans les frontières d’avant 1967.  Il a également défendu le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination, réitérant le soutien et la solidarité de son pays à cet égard.  Passant à la question des Îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des zones maritimes environnantes, le représentant a appuyé les revendications de souveraineté de l’Argentine sur ces territoires, en faisant valoir l’argument du respect de son intégrité territoriale.  Quant à la question de Porto Rico, il a salué l’adoption de la première résolution sur ce territoire en 2022 par le Comité spécial de la décolonisation, avant de reprocher aux États-Unis de vouloir asseoir leur domination sur ce « peuple frère ».  Le représentant a donc dénoncé cette « farce politique » qui n’a que trop duré selon lui.  Il s’agit bien d’une question coloniale et les chefs d’État de l’Amérique latine et des Caraïbes ont reconnu, lors de leur dernier sommet, le caractère caribéen de Porto Rico, a-t-il souligné.  Avant de conclure, le représentant a rappelé que Cuba a toujours coopéré avec les territoires non autonomes, notamment en accueillant les étudiants, malgré l’« asphyxie » imposée par les États-Unis. 

Mme KIMANI (Kenya) a estimé qu’il incombe à l’ONU d’œuvrer afin de permettre la décolonisation de toute urgence des 17 territoires non autonomes qui demeure à l’ordre du jour du Comité spécial.  Alors que la résolution 690 (1991) a créé la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), la déléguée a jugé « déplorable » que le peuple sahraoui n’ait toujours pas été en mesure d’exercer son droit à l’autodétermination par le biais d’un référendum.  Elle a exprimé son appui aux efforts visant à mettre en œuvre cette résolution, notamment ceux de l’Union africaine.  La représentante a réitéré son soutien à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), ainsi que son attachement à une solution « juste, durable et globale » au conflit israélo-palestinien.  La décolonisation est question pressante, a-t-elle ajouté, et nous devons utiliser tous les outils à notre disposition afin d’aider les peuples colonisés à réaliser leur droit à l’autodétermination. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a salué la détermination des fonds et agences des Nations Unies à prêter assistance aux territoires non autonomes.  Il a évoqué la situation au Sahara occidental en apportant son plein soutien à une solution reposant sur un dialogue entre les parties, conformément à toutes les résolutions adoptées depuis 2007 sur cette question.  Le représentant a salué les récentes visites à Rabat et Tindouf de M. Staffan de Mistura, nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, appelant à la reprise du processus des tables rondes avec la participation du Maroc, de l’Algérie, de la Mauritanie et du Front POLISARIO pour parvenir à une résolution durable de ce différend.  Il a plaidé pour une solution politique acceptable par tous, en estimant que le plan d’autonomie marocain est une base réaliste et sérieuse, conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies, ainsi qu’aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Il a salué « les investissements massifs et bien ciblés du Maroc au Sahara Occidental », avant de se féliciter du rôle de la MINURSO pour renforcer les dispositions sécuritaires indispensables au succès d’une solution politique. 

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a appuyé les efforts du Maroc en faveur d’une solution politique et réaliste à la question du Sahara occidental, en encourageant les parties concernées à poursuivre leur coopération avec le Secrétaire général et son Envoyé personnel, M. Staffan de Mistura.  Il a également appuyé les revendications de souveraineté de l’Argentine sur les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones maritimes environnantes, en encourageant à la tenue de négociations entre les parties.  Le représentant a souhaité que les deux parties puissent parvenir à un accord pacifique et définitif par la négociation et sous les auspices des bons offices du Secrétaire général. 

Mme ALI (République arabe syrienne) a considéré que les populations des territoires non autonomes continuent de souffrir du joug du colonialisme, alors que les puissances coloniales continuent de manœuvrer et de faire fi de leur droit à l’autodétermination.  Elle a dénoncé les violations des droits humains, la spoliation des ressources naturelles et l’utilisation de ces territoires pour mener des essais nucléaires et autres activités illégales.  Ces territoires non autonomes ont besoin de programmes qui tiennent compte des spécificités et des besoins particuliers de chacun, a suggéré la représentante, en espérant que la présente décennie sera la dernière consacrée à l’élimination du colonialisme. 

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a rappelé que les habitants de son pays font partie des 750 millions ayant accédé à l’indépendance depuis 1960.  Notant que le Sahara occidental est la dernière colonie africaine à figurer sur la liste des territoires non autonomes du Comité spécial depuis sa première inscription sur la liste en 1963, le représentant a invité l’ONU à envisager de renforcer le maintien de la paix dans le territoire en ajoutant une composante « droits de l’homme » au mandat de la MINURSO.  En outre, il a exhorté la puissance occupante à autoriser les missions des Nations Unies et de la Croix-Rouge dans le territoire contesté afin de répondre aux besoins humanitaires du peuple sahraoui.  Il a souligné que seul ce dernier a le droit de décider de son propre avenir, et que la soi-disant proposition d’autonomie de la puissance occupante devrait être considérée uniquement par le peuple du Sahara occidental dans le cadre d’un référendum organisé par la MINURSO.  Sur la question des Îles Malvinas, le Timor-Leste a exhorté l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre leur dialogue pour trouver une solution pacifique et permanente à leur différend, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU.  Concernant Gibraltar, le représentant du Timor-Leste a exhorté le Royaume-Uni et l’Espagne à poursuivre un dialogue constructif en vue d’une solution permanente, basée également sur les résolutions pertinentes de l’ONU. 

M. SAMBA SANÉ (Guinée-Bissau) a appelé les parties concernées à poursuivre un dialogue constructif sur la question du Sahara occidental sous les auspices des Nations Unies, plaidant pour une approche réaliste fondée sur le compromis.  Il a salué la nomination de M. Staffan de Mistura comme Envoyé personnel du Secrétaire général.  Il est impératif que les États Membres s’unissent pour appuyer ses efforts, a souhaité le représentant, les appelant à faire fond sur le processus de tables rondes.  Il a ensuite appuyé l’Initiative d’autonomie marocaine, avant de mettre en avant les investissements réalisés par Rabat dans la région pour y améliorer les conditions de vie du peuple sahraoui, ainsi que l’aide qu’il lui a apportée pendant la pandémie.  Saluant enfin la présence de plusieurs représentations diplomatiques dans la région, le délégué a précisé que la Guinée-Bissau en fait partie. 

Mme AMINATA LY DIOP (Sénégal) a réitéré son soutien en faveur d’une solution politique définitive, juste, durable et mutuellement acceptable au différend régional du Sahara marocain, par le biais d’un processus mené sous les auspices exclusifs des Nations Unies, sur la base des résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité depuis 2007.  « En ce sens, l’Initiative d’autonomie proposée par le Maroc reste le cadre approprié conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale », a estimé la représentante, avant de saluer une proposition qui prend également en compte la question des réfugiés dans les camps de Tindouf.  La représentante a salué les avancées du Maroc sur le terrain, notamment en matière de promotion des droits humains et de la démocratie, ainsi que les efforts considérables déployés pour favoriser le développement économique et social du Sahara marocain.  Elle a précisé que le Sénégal a inauguré, le 5 avril 2021, son Consulat général au Sahara marocain.  La déléguée a ensuite exhorté toutes les parties à rester mobilisées en faveur de la dynamique constructive insufflée par les deux tables rondes de Genève, pour faire aboutir le processus politique engagé par les Nations Unies.  Sur le plan politique, elle s’est réjouie de la participation des représentants du Sahara marocain, élus le 8 septembre 2021, aux importantes rencontres et discussions que sont les sessions du Comité spécial des Vingt-Quatre (C-24) et les séminaires régionaux. 

Droits de réponse

La représentant d’Iran a dénoncé les allégations « fallacieuses et infondées » prononcées par l’Arabie saoudite concernant l’intégrité territoriale de l’Iran.  L’Iran, a-t-elle dit, ne reconnaît pas l’existence d’un différend avec les Émirats arabes unis, alors que les trois îles « iraniennes » font partie intégrante de son territoire.  « L’intégrité territoriale de l’Iran et sa souveraineté ne sont pas négociables », a-t-elle conclu. 

Le représentant du Royaume-Uni a réagi aux propos du Venezuela, de l’Afrique du Sud, de la Bolivie, d’El Salvador, de Cuba et du Timor-Leste pour souligner la relation moderne que son pays a avec ses territoires d’outremer.  Il a également affirmé n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur les Îles Falkland, ni quant au droit de leurs habitants de déterminer leur statut politique, économique et social.  Le référendum de 2013 a clairement montré que le peuple de ces îles ne souhaite pas dialoguer sur la souveraineté, a tranché le représentant. 

Le délégué a ensuite souligné que le peuple de Gibraltar a exercé son droit à l’autodétermination au travers d’un référendum, assurant que le Royaume-Uni ne conclurait aucun accord pour faire passer ce territoire sous la souveraineté d’un autre État sans son accord. 

Réagissant aux propos du Pakistan sur le Jammu-et-Cachemire, le représentant de l’Inde a accusé celui-ci de se livrer à des allégations fallacieuses au sujet de cette région qui relève d’une question interne à l’Inde.  Il a insisté sur le fait que le Jammu-et-Cachemire est un territoire indien, avant d’exhorter le Pakistan à se retirer de tous les territoires qu’il occupe.  « Le Pakistan est un des pays les plus déstabilisants du monde en raison de son soutien au terrorisme international », a conclu le représentant avant de préciser que la paix ne pourra être une réalité dans la sous-région tant que le Pakistan ne cessera pas de soutenir le terrorisme international. 

La représentante des Émirats arabes unis a déclaré que les trois îles du Golfe font partie intégrante de son pays, dénonçant leur occupation par l’Iran.  Après le rejet des propositions émiraties visant à trouver une solution pacifique à cette situation, elle a invité l’Iran à respecter le droit international et la Charte des Nations Unies afin de parvenir à un règlement pacifique de ce différend. 

Le représentant de l’Espagne a réagi aux propos de l’Iraq en rappelant que lorsqu’on s’exprime sur des questions de décolonisation, il faut prendre en compte la situation des 17 territoires non autonomes au cas par cas, parce que parfois, le principe de l’autodétermination ne s’applique pas.  Il a ensuite rappelé au représentant du Royaume-Uni que l’Espagne pâtit de la colonisation de Gibraltar et que cette situation doit être examinée à la lumière du principe d’intégrité territoriale.  L’Espagne n’a aucun doute quant aux frontières de son territoire, a assuré le délégué, en particulier pour ce qui est des eaux entourant Gibraltar. 

Réagissant à une déclaration du Royaume Uni, le représentant de l’Argentine a rétorqué que les Îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les zones environnantes font partie intégrante du territoire argentin.  Il a ajouté que l’occupation illégale de ces territoires par le Royaume-Uni a été soulignée par différentes résolutions de l’ONU, appelant les deux parties à trouver une solution pacifique à ce différend.  Conformément à la résolution du 23 juin 2022, il a rappelé au Royaume-Uni l’obligation de tous les États Membres de trouver des solutions pacifiques et de négocier en toute bonne foi.  Il a insisté que sur le fait que la négociation ne dépend pas de la volonté des populations « implantées », mais des résolutions pertinentes de l’ONU. 

Le représentant du Pakistan a condamné l’Inde qui continue de prétendre que le Jammu-et-Cachemire fait partie intégrante de son territoire, ce qui n’est pas le cas.  Cette question doit être tranchée, selon lui, au moyen d’un référendum impartial.  L’Inde continue ses violations à l’égard du peuple du Jammu-et-Cachemire en lui refusant le droit à l’autodétermination et en s’efforçant de faire de ce territoire à majorité musulmane une terre hindoue.  Il a accusé l’Inde d’appeler au génocide et demandé à l’ONU de faire en sorte qu’elle cesse son « terrorisme d’État ». 

Le représentant de l’Arabie saoudite a exercé son droit de réponse pour réagir aux propos de l’Iran et lui dire que les trois îles en question font partie intégrante des Émirats arabes unis. 

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