En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-septième session,
6e séance plénière – matin
CPSD/752

Quatrième Commission: l’audition des pétitionnaires sur le Sahara occidental oppose partisans du droit à l’autodétermination et ceux du plan d’autonomie du Maroc

Ce matin, la dernière audition des pétitionnaires sur le Sahara occidental par la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a été de nouveau marquée par un débat nourri entre les tenants du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et ceux du plan d’autonomie proposé par le Maroc. 

Le Sahara occidental est la seule colonie à subsister en Afrique, sous occupation marocaine, malgré l’absence de tout lien territorial antérieur, a argué M. Agron Pali, en s’appuyant sur un avis de la Cour internationale de Justice (CIJ).  Une position reprise par de nombreux pétitionnaires, dont certains ont suscité une motion d’ordre du Maroc, qui a tenu à leur rappeler l’obligation de limiter leurs déclarations à la question pour laquelle ils pétitionnent, de respecter les États Membres des Nations Unies ainsi que les règles et procédures de l’Organisation. 

S’adressant au Président de la Quatrième Commission, le Maroc a notamment qualifié d’inacceptable la terminologie employée par de soi-disant pétitionnaires, qu’il a accusés d’être des renégats de leur pays payés ou à la solde du plus offrant, pour instrumentaliser la plateforme de l’Assemblée générale. 

Pour M. Hassan Fanan, le Maroc continue de refuser des solutions politiques et divise désormais les États selon leur position sur la question du Sahara occidental.  Il est urgent, a fait valoir Mme Caterina Lusuardi, de Rete Saharawi, d’organiser dans les plus brefs délais un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et d’amorcer les processus en faveur desquels s’est engagée la communauté internationale depuis 1991. 

Mais, comme l’a confirmé le Conseil de sécurité en 2001, le référendum n’est plus une option, a rétorqué Mme Grace Njapau, en notant que plus de 40% des pays africains disposent d’une représentation au Sahara, ce qui démontre selon elle la volonté de la communauté internationale de contribuer au développement de ce territoire.  Le processus politique sous l’égide de l’ONU est aujourd’hui centré sur la mise en œuvre d’une solution politique réaliste fondée sur la recherche du compromis, a-t-elle noté.  À cet égard, la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine de 2007 constitue une base de négociation sérieuse, a estimé M. Mohammad Ziyad Aljabar, de la Palestinian Moroccan Friendship Society, en se félicitant de la reconnaissance élargie du caractère marocain du Sahara. 

M. Pedro Díaz de la Vega García, de Banco de Alimentos, a quant à lui fait valoir que le Sahara marocain, autrefois la plus pauvre région du Maroc, dépasse aujourd’hui les autres grâce à une politique redistributive moderne du Gouvernement marocain.  Il s’est félicité du taux de participation de 66% aux dernières élections, qui confirme selon lui l’attachement du peuple sahraoui à son identité marocaine.  M. Khalid Bendriss, de l’Association de soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, a insisté sur la croissance socioéconomique robuste du Sahara marocain, qui a permis l’aménagement de deux aéroports, d’une centrale de dessalement et du port de Dakhla, appelé à devenir l’un des plus importants du pays.

Nous ne pouvons accepter que les « bourreaux viennent parler des droits de l’homme dans cette salle » pendant que des réfugiés vivent dans des conditions inhumaines, a déclaré M. Juan Carlos Moraga, de Derechos Humanos sin Fronteras, en attribuant au POLISARIO de graves violations contre le peuple sahraoui sur le territoire de l’Algérie.  Le « règne de l’impunité » qui prévaut dans ces camps doit cesser, a renchéri Mme Lemaadla Mohamed Salem Zrug, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf (ASIMCAT), en évoquant notamment les violences sexuelles et sexistes qu’y subissent les femmes, outre les mariages forcés et l’isolement. 

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 11 octobre 2022, à 10 heures. 

EXAMEN DES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION (SUITE)

Déclarations des pétitionnaires

M. PEDRO DÍAZ DE LA VEGA GARCÍA, Banco de Alimentos, a déclaré que la population du Sahara marocain vit dans la liberté, la prospérité et le développement.  Alors qu’au moment de la signature de l’Accord de Madrid, le Sahara était la région la plus pauvre du Maroc, aujourd’hui, elle dépasse les autres régions du Maroc et du Sahel et profite notamment d’une politique redistributive moderne de la part du Gouvernement marocain.  Le taux de scolarisation des enfants de la région a atteint 98,4 %, a-t-il noté, tandis qu’un taux de participation de 66% a été constaté lors des dernières élections organisées dans les provinces du Sud, confirmant l’attachement des Sahraouis à l’identité marocaine.  Il a dénoncé le sort que connaissent les populations sahraouies dans les camps de Tindouf, estimant que le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) devait y avoir accès pour y effectuer un recensement.

Pour M. ANDRÉ GRIMBLATT, de Scanner Internacional, le plan d’autonomie présenté par le Maroc s’avère comme une solution politique viable et acceptable.  Ce plan est sérieux, crédible et réaliste et constitue l’unique base d’une solution juste et durable, a-t-il estimé, en expliquant qu’avant d’être soumis devant l’ONU, ce projet d’autonomie a fait l’objet de consultations à tous les niveaux de la nation marocaine, ainsi qu’avec la population et les élus du Sahara: l’État marocain préserve son unité territoriale tout en transférant une partie de ses compétences à la population saharaouie, qui peut s’autogérer démocratiquement.  Cependant, le groupe armé POLISARIO, isolé de la population saharaouie, se refuse à toute négociation, seule manière d’obtenir une paix solide et durable.  Il pratique également l’enrôlement des enfants et le détournement de l’aide humanitaire destinée aux populations des camps de Tindouf.  Il perpétue des violations des droits de l’homme dans ces camps et sème l’instabilité dans la région, a affirmé M. Grimblatt. 

M. MOHAMMAD ZIYAD ALJABAR, de Palestinian Moroccan Friendship Society, a dénoncé l’éruption, il y a 47 ans, du différend « forgé de toutes pièces » au Sahara marocain.  La proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine, proposée en 2007, constitue à ses yeux une base de négociation sérieuse.  Depuis 2016, le POLISARIO menace la sécurité de la zone tampon, en violation des résolutions du Conseil de sécurité qui l’appelle à mettre fin à ses actions déstabilisatrices.  Le pétitionnaire s’est félicité de la reconnaissance élargie du caractère marocain du territoire ainsi que de l’appui que vient d’apporter l’Espagne au plan d’autonomie.  M. Aljabar a rejeté en terminant toute similitude entre les questions du Sahara marocain et de la Palestine.  Le pétitionnaire a ajouté que le Maroc, depuis des années, tend une main amicale à l’Algérie, appelle à ouvrir les frontières et à s’asseoir à la table des négociations.  L’appel le plus récent en ce sens a été lancé à l’occasion du soixante-neuvième anniversaire de la Révolution populaire, a-t-il noté.

Mme ADRIENNE KINNE, de Veterans For Peace, a témoigné de sa visite à Boujdour au Sahara occidental, le 12 mars 2022, avec trois autres protecteurs civils non armés dont la présence a été requise pour aider à lever le siège de la maison familiale de Sultana Khaya, une défenseure sahraouie des droits humains.  Au cours de leur séjour, ils ont été témoins des effets durables des perquisitions sur la famille Khaya et leur maison, et recueilli les témoignages de membres de la communauté qui avaient également été brutalisés par les forces d’occupation marocaines. 

Alors qu’ils sont entrés légalement au Sahara occidental, ils sont arrivés à Boujdour par des moyens irréguliers en raison des restrictions à la liberté de mouvement imposées au Sahara occidental par les forces d’occupation marocaines, a reconnu la pétitionnaire.  La pétitionnaire a raconté que lorsqu’elle a quitté Boujdour en mars 2022, elle a eu à franchir sept points de contrôle de gendarmes et de police marocaine en uniforme en deux heures de route sur la route principale.  Plus tard, elle a appris que leur chauffeur avait été détenu par les forces d’occupation marocaines pour les avoir conduits à Laayoune.  L’extorsion de pots-de-vin pour un passage sûr est courante, a-t-elle affirmé.  Elle a argué que la présence écrasante des autorités d’occupation marocaines au Sahara occidental constitue une violation de la liberté de mouvement et de rassemblement et du droit des Sahraouis à l’autodétermination. 

Mme ERIKA BOTERO, de Derechos Humanos sin Fronteras, a insisté sur l’importance de protéger les enfants et les adolescents des souffrances de la guerre, en invoquant les instruments internationaux pour traiter spécifiquement de ces circonstances, comme le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant les enfants soldats, et les Principes de Vancouver.  Les enfants et les adolescents ne doivent pas être intégrés dans les rangs des différents groupes armés réguliers ou illégaux, afin de leur donner la possibilité de grandir et de se développer avec la pleine garantie de leurs droits.  Pour que cela soit possible, il faut mettre en œuvre des mesures pour que les droits des mineurs ne soient pas violés sur leur territoire, encore moins dans le contexte d’un conflit armé, a-t-elle insisté.

En dépit de tout cela, dans les camps de Tindouf, l’on continue à recruter des enfants, a affirmé la pétitionnaire.  S’il est vrai que le Maroc a participé activement à la mise en œuvre de mesures en vue de renforcer la protection des mineurs, en particulier contre le recrutement forcé, le nombre d’enfants soldats recrutés par le POLISARIO est en hausse, a-t-elle ajouté.  L’intervenante a donc demandé de faire de cette question une priorité et d’exiger l’établissement des responsabilités.

M. MOHAMED EDABADDA, de l’association Rotary International à Boujdour, a déclaré qu’au sud du Maroc, une initiative très importante a donné lieu à une série de projets visant à consacrer les valeurs de la citoyenneté au Sahara.  Il a parlé de processus de prise de décisions locales et de la stratégie visant à renforcer les activités de la société civile sahraouie ainsi que du nouveau modèle de développement pour cette région.  Dans ce contexte, la société civile a pu soumettre des propositions sans discrimination ni exclusion , a affirmé M. Edabadda, qui a assuré par ailleurs que les élections avaient fait l’objet d’une surveillance indépendante.  Elle a ensuite attiré l’attention sur la réalité dans les camps de Tindouf, dont les résidents sont privés de leurs droits et instrumentalisés par le POLISARIO.

M. BAHI LARBI ENNASS, du Centre de la paix pour les études politiques et stratégiques, a dénoncé les crimes commis par le POLISARIO contre les réfugiés du camp de Tindouf, accusant ce mouvement d’avoir été formé par le « régime » de Kadhafi.  Il recrute au Mali, au Niger, en Mauritanie et en Algérie du Sud des gens qui partagent le même dialecte hassani que les Sahraouis et que l’on s’efforce de mêler à cette communauté afin de créer une nouvelle réalité démographique qui pourrait servir les intérêts politiques du projet POLISARIO, a soutenu le pétitionnaire.

M. MOHAMMED AHMED GAIN, de l’Institut africain pour la consolidation de la paix et la transformation des conflits, a déclaré que les rapprochements entre groupes djihadistes et jeunes du groupe armé POLISARIO sont une conséquence logique de la misère et des conditions de vie qui règnent parmi les réfugiés des camps de Tindouf.  Selon le pétitionnaire, des membres du POLISARIO ont rejoint des organisations terroristes, la vulnérabilité des réfugiés de Tindouf offrant une « mine d’or » pour recruter de futurs djihadistes, notamment pour Al-Qaida au Maghreb islamique.

M. AGRON PALI a déclaré que le Sahara occidental est la seule colonie qui subsiste en Afrique, qui est actuellement occupée par le Maroc.  La décolonisation du Sahara occidental a été entravée lorsque le Maroc a envahi et occupé ce territoire le 31 octobre 1975, en violation des résolutions de l’Assemblée générale et de l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui a conclu à l’inexistence d’un lien territorial antérieur avec le Sahara occidental.  Aux yeux du pétitionnaire, le Maroc est la puissance occupante au Sahara occidental, et à ce titre n’a aucun droit d’y transférer ses citoyens ou d’en exploiter les ressources naturelles.   L’État occupant du Maroc et le territoire occupé du Sahara occidental sont deux territoires distincts, comme l’a confirmé la Cour internationale de Justice en 2016, a ajouté M. Pali.

Présentant une motion d’ordre, M. OMAR KADIRI (Maroc) a déclaré que les pétitionnaires sont dans l’obligation de s’adresser avec respect aux États Membres et à leurs institutions.  Il a estimé que M. Pali a fait usage d’une terminologie « inacceptable » aux Nations Unies, dénonçant de « purs mensonges » « qui ne reflètent pas la réalité ».  Il a demandé au Président de la Quatrième Commission d’arrêter ce pétitionnaire s’il utilise à nouveau une terminologie similaire.

Mme GRACE NJAPAU, de Women Investment Network (WIN), a déclaré que le processus politique placé sous l’égide des Nations Unies au Sahara marocain est axé sur la réalisation d’une solution réaliste fondée sur le compromis, dont les paramètres sont clairement déterminés par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, dont la 2602 (2021), qui consacre le processus des tables rondes avec les quatre participants, y compris « le pays hôte des camps de Tindouf ».  Comme l’a confirmé le Conseil de sécurité en 2001, le référendum n’est plus une option, a-t-elle ajouté.  L’initiative d’autonomie marocaine réunit de plus en plus de soutiens à travers le monde, 90 pays, tandis que plus de 40% des pays africains ont une représentation au Sahara.  La présence des États Membres des Nations Unies montre leur volonté de contribuer au développement de cette région, a-t-elle argué.

Pour M. JUAN DE DIOS GUTIÉRREZ BAYLÓN, professeur de droit international à l’Université nationale autonome du Mexique, a déclaré que le référendum n’est pas mentionné dans la Charte des Nations Unies.  Il a noté que dans le droit des Nations Unies, le référendum n’a jamais été un élément sine qua non ni pour la décolonisation ni pour le respect de l’intégrité territoriale d’aucun État.  Au contraire, le référendum a été un instrument postcolonial trompeur: son utilisation donne plus l’idée d’une légitimation du fait accompli que d’une véritable vocation démocratique.  Les référendums convoquent généralement une population implantée ou réprimée et la doctrine référendaire cache autre chose, à savoir l’idée que l’unité territoriale est antidémocratique et que le seul moyen de consacrer les droits et l’identité des minorités est la fracture étatique, a tranché le pétitionnaire.  Il a estimé que l’initiative d’autonomie marocaine accorde à la population sahraouie de vastes prérogatives, tout en créant un état de droit basé sur la sécurité et la prospérité.

Mme CATHERINE CONSTANTINIDES, de South African Solidarity Movement with Western Sahara,  a affirmé que le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, sous l’occupation illégale du Maroc depuis plus de 50 ans.  S’exprimant au nom du peuple sahraoui, elle s’est indignée qu’il n’ait toujours pas pu exercer son droit à l’autodétermination en reprochant à la communauté internationale d’avoir fermé les yeux depuis 50 ans.  Elle qui a passé du temps dans les camps de Tindouf s’est indignée que ses résidents soient toujours soumis à la torture et aux violations des droits humains.  Avant de conclure, elle a déclaré que le harcèlement des pétitionnaires ne saurait être toléré au sein de cette enceinte.

M. MOHAMED H. RADOUI, peu après avoir débuté son intervention, a dû céder la parole au représentant du Maroc, qui a présenté une motion d’ordre pour rappeler que si les pétitionnaires ont le droit de se présenter devant la Quatrième Commission, ils ont au moins quatre obligations: leurs déclarations doivent impérativement se limiter à la question pour laquelle ils pétitionnent; ils doivent observer un respect scrupuleux des États Membres des Nations Unies; ils doivent respecter les règles et procédures de l’Assemblée générale et de l’ONU; et ils sont tenus de ne pas se servir des locaux de l’ONU pour faire autre chose que pétitionner.  Le délégué du Maroc a donc demandé au Président d’empêcher cet « individu » de proférer des mensonges qui ne sont pas acceptables, voire de s’exprimer s’il continue d’employer des expressions qui ne sont pas conformes à la terminologie en vigueur à l’ONU.  « Ici on parle d’États Membres et de gouvernements pas de régime », a-t-il tranché, en demandant au Président de la Commission de faire respecter les règles de procédure. 

Reprenant la parole, M. Radoui, a affirmé que le peuple du Sahara occidental subit une oppression constante et que la moitié a été contrainte à l’exil, alors que ceux qui exigent la justice sont jetés dans des prisons secrètes et muselés.  Alors qu’il s’apprêtait à donner un exemple, le délégué du Maroc a présenté une nouvelle motion d’ordre, déclarant que cet individu , qui est « à la solde du plus offrant », est en train d’instrumentaliser cette plateforme pour proférer des mensonges sans rapport avec la question à l’examen.  Le représentant marocain a donc demandé au Président de la Commission de lui retirer la parole.

Le Président de la Quatrième Commission a redonné la parole à M. Radoui en lui demandant de se limiter à la question du Sahara occidental.  Alors que M. Radoui a repris en citant des noms d’activistes qui seraient torturés, le représentant du Maroc a de nouveau présenté une motion d’ordre en demandant au Président de l’arrêter « parce qu’il s’attaque au Royaume » et utilise la plateforme de la Quatrième Commission à d’autres fins.

Se présentant comme citoyenne de l’Afrique du Sud, Mme MAGDALENE MOONSAMY, Women’s Justice Foundation, Afrique du Sud, a défendu le droit à l’autodétermination du Sahara occidental, occupé illégalement par le Maroc, qu’elle a accusé d’alimenter la criminalité transnationale et l’oppression dans la région.  Rappelant sa triste expérience de l’apartheid sud-africain, la pétitionnaire a appelé au strict respect de toutes les résolutions pertinentes de l’ONU.  Après avoir précisé que la réalité juridique du Sahara occidental a été reconnue par la Cour européenne de justice et la Cour africaine de justice, Mme Moonsamy s’est étonnée d’être obligée d’écouter la voix des colonisateurs qui n’ont aucune crédibilité pour parler au nom de ce territoire. 

M. HASSAN FANAN a déclaré que le régime marocain continue d’occuper le Sahara occidental et recourt aux méthodes d’intimidation afin de perpétuer le statu quo.  Le Maroc a refusé les solutions politiques et divise maintenant les États selon leur position sur la question du Sahara occidental.  Selon lui, les ressources du peuple sahraoui sont pillées et il est contraint de dresser les louanges de l’État marocain. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a présenté une motion d’ordre pour demander au pétitionnaire de parler « d’États Membres » en lieu et à la place de « régimes ».  Il a fustigé lors d’une seconde intervention ceux qui sont payés pour attaquer le Maroc aux Nations Unies et demandé le respect de son pays et de ses institutions.  Ces soi-disant pétitionnaires sont des renégats de leur pays qui veulent instrumentaliser les travaux de la Quatrième Commission, a encore dit le représentant. 

M. JUAN CARLOS MORAGA, Derechos Humanos sin Fronteras, a dénoncé les graves violations commises par le POLISARIO contre le peuple sahraoui sur le territoire de l’Algérie.  Nous ne pouvons accepter que les « bourreaux viennent parler des droits de l’homme dans cette salle » pendant que des réfugiés vivent dans des conditions inhumaines dans les camps, a-t-il ajouté, en demandant à la Quatrième Commission de dénoncer ces violations. 

M. COULIBALY YOUSSOUF, Université de Bamako, s’est inquiété de la multiplication des conflits et des crises multidimensionnelles en Afrique, qui affectent le développement de nombreux pays.  Il a rappelé les souffrances endurées par les populations marocaines séquestrées dans le camp de Tindouf, qui n’ont d’autre aspiration que de vivre dignement et de retourner au Maroc.  Depuis la démission, en 2019, de l’ancien Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Horst Köhler, et la nomination de son successeur, M. Staffan de Mistura, la situation n’a guère évolué, a-t-il regretté.  À son avis, l’offre d’une large autonomie, au sein du Maroc, pour le Sahara occidental est « réaliste, juste, objective et réalisable ».  Il s’agit là d’une solution politique mutuellement acceptable, qui favorise la réconciliation, comme l’ont reconnu de nombreux pays africains, a précisé M. Youssouf. 

Mme ROMINA PERINO, qui a indiqué avoir commencé à se rendre dans les camps de Tindouf en 2017, a affirmé qu’ils ne sont pas dangereux, contrairement à ce qu’affirme le Maroc.  Elle a parlé de l’accueil qu’elle y a reçu et de la détermination du peuple sahraoui à être libéré de l’oppression.  Dénonçant le manque de résultats en presque 50 ans sur cette question, elle a évoqué la vie difficile des réfugiés sahraouis dans les camps, où « chaque jour est un nouveau défi ».  Toutefois, a remarqué la pétitionnaire, il y a sur place des écoles, mais à quoi servent-elles, si les jeunes ne peuvent pas vivre en paix et en liberté dans leur patrie? s’est-elle demandé.  Elle a plaidé pour l’organisation sans tarder du référendum d’autodétermination. 

M. ZWELIVELILE MANDLESIZWE DALIBHUNGA MANDELA a remarqué que l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne, a renoncé à tout contrôle et s’est lavé les mains des suites prises par l’occupation du Sahara occidental.  Il a rappelé que l’Afrique du Sud a de tout temps revendiqué l’exercice du droit à l’autodétermination par le peuple sahraoui, qui doit se traduire par un référendum d’autodétermination.  Il a estimé qu’il est honteux qu’il y ait encore un processus de décolonisation inachevé en Afrique, avant de demander qu’il soit mis fin à l’occupation illégale par le Maroc du Sahara occidental. 

M. ABDUL BASITH PATTINATHAR K. SYEDIBRAHIM, de World Humanitarian Drive, a rappelé la situation désastreuse dans laquelle se trouve le peuple sahraoui dans les camps de Tindouf en raison du détournement de l’aide médicale et du matériel.  Il y a plus de 90 000 personnes exploitées dans ces camps, pour rendre le Polisario armé éligible à l’aide humanitaire.  Les ONG et les observateurs ont publié des rapports édifiants sur les mauvais traitements infligés dans ces camps gérés par le Polisario armé et protégé par les autorités algériennes, a affirmé le pétitionnaire.  Les résidents devraient être autorisés à vivre avec les leurs familles et leurs amis en dehors des camps de Tindouf.  Il a condamné le détournement des fournitures humanitaires, y compris l’aide alimentaire, que plusieurs ONG ont fournies à ces camps.  Du fait de la contrebande, la situation est catastrophique, a-t-il expliqué, en citant un rapport en date de 2015 de l’Office européen de lutte antifraude qui dénonçait ce détournement de l’aide humanitaire pour acheter des armes. 

M. M’RABIH ADDA a expliqué avoir été expulsé des camps de Tindouf par le POLISARIO pour avoir osé exercer son droit à la liberté d’expression, en exigeant l’obtention d’un document officiel de réfugié.  Il a affirmé avoir été enlevé à sa mère à l’âge de 11 ans et envoyé par le POLISARIO en Libye pour y subir un endoctrinement et un entraînement sur le maniement des armes à feu et des explosifs, avant d’être envoyé sur le front.  Il a indiqué avoir, à l’aune du printemps arabe, créé le mouvement du 5 mars qui est une association de défense des droits de l’homme encourageant les réfugiés du camp de Tindouf à exercer leurs droits démocratiques.  Il a aussi dit avoir été arrêté par le POLISARIO devant les yeux de M. Staffan De Mistura auquel il voulait présenter son projet. J’ai été détenu et torturé pendant 64 jours avant d’être condamné à l’exil, a-t-il précisé, avant d’accuser le POLISARIO d’être aujourd’hui un gang armé qui prend en otage les Sahraouis dans les camps. 

Mme CATERINA LUSUARDI, de Rete Saharawi, a jugé urgent d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et d’amorcer tous les processus promis par la communauté internationale depuis 1991.  Elle a regretté que les intérêts économiques de certains pays semblent avoir plus d’importance que les droits humains des populations sous occupation. 

Mme SARA LUSUARDI GARRAMONE a dit avoir visité des camps où vivent de jeunes réfugiés sahraouis, qui ont adopté ces lieux dans l’espoir d’un avenir meilleur.  Ces camps leur permettent de survivre et non pas de vivre, a déploré la pétitionnaire, en demandant à la Commission de leur accorder un État pour qu’ils puissent vivre comme les autres adolescents du monde. 

Mme LEMAADLA MOHAMED SALEM ZRUG, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf (ASIMCAT), réfugiée sahraouie du camp de Tindouf, a évoqué les souffrances endurées par les femmes dans les camps sous contrôle du POLISARIO, notamment les violences sexuelles et sexistes, les mariages forcés et l’isolement.  Elle a dénoncé la criminalité organisée, les viols et la violence au quotidien dans ces camps où sont perpétrées des violations systématiques des droits humains.  La pétitionnaire a demandé en terminant qu’il soit mis fin au règne de l’impunité » qui prévaut dans ces camps. 

M. MULA IHFID SID AHMED AHMED, Secrétaire général d’une association sahraouie aux États-Unis, a dénoncé les violations quotidiennes des droits humains des Sahraouis vivant au Sahara occidental sous occupation marocaine, mais aussi les conditions difficiles dans les camps de réfugiés de Tindouf.  Il a reproché à l’ONU d’avoir oublié le peuple sahraoui, en s’indignant de l’inaction de la Quatrième Commission qui ne dit rien de la « marocanisation » rampante du Sahara occidental.  Il a appelé la Commission à dépêcher une mission d’établissement des faits dans les camps, mais aussi dans le territoire occupé.  Il l’a également appelée à demander l’inclusion d’un volet sur les droits humains dans le mandat de la MINURSO et à envoyer une mission humanitaire sur place.  Le peuple sahraoui en a assez de votre inaction et de votre manque de volonté, a lancé le pétitionnaire, en conclusion. 

Mme KHADIJA EZAOUI, du African Forum for Research and Studies in Human Rights, une Sahraouie qui a fait sa scolarité dans les écoles publiques de Laayoune avant de faire des études d’ingénieur à Rabat, a expliqué avoir supervisé des projets énergétiques phares dans les provinces du sud du Maroc au fil des ans.  À ce titre, elle a affirmé que le développement de cette région lui a permis d’attirer des investisseurs nationaux et internationaux, en insistant sur le fait que 80% de l’électricité provient de sources d’énergie renouvelables.  Les provinces du Sud sont promises à un changement majeur sur le plan énergétique, a affirmé Mme Ezaoui.  L’un des projets les plus prometteurs du Maroc est celui d’un câblage sous-marin à voltage élevé destiné à fournir de l’énergie à certains pays européens.  La communauté internationale a pour devoir de ne pas abandonner les Sahraouis des camps de Tindouf à leur sort, a-t-elle conclu. 

M. EL FADEL BUA DA MOHAMED, de l’Association sahraouie contre l’impunité dans les camps de Tindouf (ASIMCAT), a expliqué qu’il était un réfugié sahraoui enlevé pendant cinq mois dans des centres de détention secrets, en sa qualité de défenseur des droits humains.  Il a dénoncé les conditions de vie des réfugiés qui vivent dans les camps sous contrôle du POLISARIO, demandant que leur protection soit assurée.  Où étaient les pétitionnaires lorsque des réfugiés étaient immolés par l’armée algérienne ou quand les familles des victimes demandent à savoir où se trouvent leurs proches??  

M. HAMMADA EL BAIHI, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme, a cité des rapports de l’ONU et du Programme alimentaire mondial (PAM), qui font état d’une détérioration de la situation dans les camps sahraouis à la suite de la rupture par le POLISARIO de l’accord de cessez-le-feu signé sous les auspices des Nations Unies.  La population des camps de Tindouf souffre de malnutrition depuis des décennies, a-t-il assuré.  Il s’agit d’une crise de la faim alimentée par le POLISARIO qui continue pourtant de se procurer des armes, a déploré le pétitionnaire, en estimant que l’aide alimentaire destinée aux camps est détournée. 

M. ROBERTO EDUARDO LEON RAMIREZ, de la Fundación Global Chile Marruecos, s’est rendu dans les camps de Tindouf où il a constaté une situation grave des droits humains.  L’Algérie ne respecte pas ses obligations au regard du droit international, a-t-il affirmé.  Elle ne permet pas aux Sahraouis d’avoir un emploi rémunéré ou de se rendre dans des pays tiers.  Il n’y a pas non plus de registre officiel, ce qui fait que le nombre de réfugiés de ces camps reste un mystère alors qu’ils dépendent de l’aide humanitaire.  Le POLISARIO gonfle les chiffres pour vendre une partie de l’aide humanitaire fournie par l’Union européenne, a-t-il poursuivi, avant d’évoquer aussi le sort alarmant des femmes et des enfants dans les camps. 

M. KHALID BENDRISS, de l’Association de soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, est venu témoigner de l’effort considérable du Maroc pour mettre en œuvre des programmes économiques et sociaux, y compris dans ses Provinces du Sud.  Il a parlé du développement des infrastructures sur place et du nouveau modèle de développement du Sahara marocain.  La croissance socioéconomique du Sahara marocain a été saluée à plusieurs reprises, y compris par l’ONU, a-t-il rappelé.  Il a mentionné deux aéroports, une centrale de dessalement, des établissements de santé, des stades, des centres culturels, des routes et le port de Dakhla, qui devrait devenir le plus important du Maroc.  Le pétitionnaire a fait ensuite valoir les fruits des investissements marocains dans la région au profit de la population. 

Mme INMACULADA ZANOGUERA GARCIAS, de Federacion Saharaui de Deportes, a déclaré que tout ce que les Présidents Trump et Sanchez ont pu dire sur le Sahara occidental ne change rien à la réalité sur le terrain. Le peuple sahraoui a revendiqué son droit à l’autodétermination à de nombreuses reprises, a-t-elle noté.  Malgré des décennies de violences et d’intimidation, le Maroc n’a pas réussi à l’exterminer.  Selon elle, l’ONU a une position claire et doit organiser un référendum sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. 

M. EVARISTO JÚLIO GOMES, de Grupo Zem, a déclaré que l’Afrique a besoin de l’appui des États Membres face à la situation au Sahara marocain afin d’assurer la stabilité de la région.  Le séparatisme du POLISARIO constitue à ses yeux un obstacle clair à la stabilité nécessaire au développement.  Le POLISARIO a créé des conditions favorables à l’enrôlement des enfants, a-t-il accusé.  Il est donc nécessaire de parvenir à une résolution définitive du litige sur la base de l’intégrité territoriale du Maroc, dont le plan constitue selon lui la seule solution crédible. 

M. ZINE EL AABIDINE EL OUALI, de l’African Forum for Research and Studies in Human Rights (AFORES), a plaidé en faveur de l’initiative d’autonomie du Maroc, y voyant une base réaliste et crédible pour trouver une solution au conflit du Sahara marocain.  Il a regretté que le pays qui accueille les Sahraouis dans les camps de Tindouf, où ils vivent dans des conditions épouvantables, s’oppose à cette initiative et cherche à saboter l’image d’un Maroc stable.  Il a également reproché au POLISARIO d’avoir pour unique objectif de changer le régime politique au Maroc, y voyant une guerre idéologique. 

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