La Quatrième Commission entame ses auditions de pétitionnaires sur le Sahara occidental
De nombreux pétitionnaires ont, cet après-midi, confronté leurs visions contrastées de l’avenir du Sahara occidental, l’un des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. La plupart de ceux qui sont intervenus lors de cette séance, au deuxième jour des auditions, ont pris fait et cause pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, tandis qu’en fin de séance, d’autres ont défendu le plan d’autonomie marocain.
« L’occupation illégale » du Sahara occidental par le Maroc doit cesser, a exhorté le Front POLISARIO par la voix de M. Sidi Mohamed Omar, pour qui le temps est venu pour la Commission et l’ONU de prendre des mesures concrètes afin de mettre en œuvre leurs propres résolutions visant à décoloniser ce territoire. M. Omar a fustigé les « politiques de deux poids, deux mesures, la sélectivité et la complaisance » face à une « logique de la force » qui ne peut plus être tolérée dans un ordre international fondé sur des règles. Le peuple sahraoui ne renoncera jamais son droit « sacré » à l’indépendance, a-t-il promis.
Pour Mme Concepcion Reyes Fernandez, de Canarismo y Democracia, il s’agit là d’un peuple occupé par une puissance étrangère, et dont la confiance dans l’ONU aurait été trahie selon elle, à en juger par l’échec du Conseil de sécurité et de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) à défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, notamment au moyen d’un référendum attendu depuis 1992.
Le Sahara occidental figure toujours sur la liste des territoires non autonomes, a constaté à regret Mme Pino Esther Ortega Romero, de CCOO Canarias, en estimant à environ 200 000 le nombre de Sahraouis qui vivent depuis des décennies dans des camps de réfugiés dans des conditions déplorables. Après une si longue attente, le sentiment de marginalisation par la communauté internationale ne peut que s’accroître, s’est inquiétée à son tour Mme Josefa Isabel Farray Cuevas, de la Fundación Farrah.
Quarante-sept ans après son adoption, il est en effet urgent que l’ONU mette en œuvre sa résolution 1514 (XV) relative à l’indépendance des pays et des peuples coloniaux, a renchéri M. Luis Alberto Campos Jimenez, du Groupe parlementaire Nueva Canarias. Comme d’autres, il a rappelé l’annulation, en 2021, par la Cour de justice européenne, des accords commerciaux conclus entre l’Union européenne et le Maroc afin de permettre à ce pays d’exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental.
La reconnaissance « irresponsable » du caractère marocain du Sahara occidental par le Gouvernement espagnol a été dénoncée par de nombreux pétitionnaires. « Puissance administrante », l’Espagne a ainsi renoncé à ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies, a fait valoir Mme Josefa Milan Padron, de COSCAPS, en fustigeant à son tour le « silence complice » de la communauté internationale. Pendant ce temps, le Maroc continue de piller en toute impunité les ressources naturelles du Sahara occidental, notamment minières et piscicoles, ont encore accusé des pétitionnaires.
Plusieurs autres ont, en fin de séance, dénoncé les agissements du Front POLISARIO, présenté jusque-là comme le seul représentant légitime du peuple sahraoui. Mme Giulia Pace ou Mme Anna Maria Stame, de « Il Cenacolo », ont ainsi considéré que ce mouvement est responsable de l’enrôlement d’enfants soldats dans les camps de Tindouf, tandis que Mme Nancy Huff, de Teach the Children International, a sollicité l’aide de la Quatrième Commission pour enquêter sur le détournement de l’aide humanitaire par le Front POLISARIO, qu’un rapport de l’Office européen de lutte antifraude publié en 2015 aurait déjà épinglé. De son côté, M Ahmed El-Aaleme, de la « Chambre des représentants », a défendu le projet d’autogouvernance du Maroc en date de 2007, « seule voie de progrès vers une solution politique ».
En début de séance, l’Envoyé spécial du Premier Ministre et Ministre des finances des Îles Vierges britanniques, M. Eliezer Benito Wheatley, est revenu sur la récente crise politique qui a secoué ce territoire non autonome, qui a amené le Gouvernement britannique et le Gouvernement d’unité nationale à engager des réformes pour renforcer la gouvernance démocratique. Des discussions se poursuivent avec le Gouvernement britannique afin de parvenir à un « véritable partenariat » fondé sur les aspirations du peuple de ces îles et tenant compte de son passé colonial, a argué le pétitionnaire.
La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 7 octobre 2022, à partir de 15 heures.
EXAMEN DES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION
Déclarations des représentantes et représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires
M. ELIEZER BENITO WHEATLEY, Envoyé spécial du Premier Ministre et Ministre des finances des Îles Vierges britanniques, a rappelé la récente crise politique dans les Îles Vierges britanniques, qui a amené le Gouvernement britannique et le Gouvernement d’unité nationale des îles à établir un cadre pour des réformes visant à renforcer la gouvernance démocratique et les institutions publiques. Le rapport trimestriel publié récemment a noté les progrès réalisés dans la mise en place de ces réformes, a-t-il relevé. Il a regretté une mauvaise compréhension concernant les nouvelles dispositions relatives à la passation des marchés publics, dont la réforme vise à augmenter la transparence. Toutefois, a-t-il ajouté, les réformes se poursuivent dans la bonne direction et le Gouvernement s’engage à les appliquer comme convenu. Des discussions se poursuivent avec le Gouvernement britannique afin de permettre au Gouverneur d’imposer des règles sur les Îles, obstacle jusqu’à maintenant à un véritable partenariat moderne fondé sur les aspirations du territoire et prenant en considération le passé colonial, a encore indiqué le pétitionnaire.
Sahara occidental
M. SIDI MOHAMED OMAR, Front POLISARIO, a déclaré que le peuple sahraoui voit l’ONU comme gardienne et défenseuse de ses populations, avant de dire qu’il en avait assez des promesses non tenues et des résolutions couchées sur le papier mais qui ne s’accompagnent pas d’actions concrètes. « L’occupation illégale » du Sahara occidental par le Maroc doit cesser, a-t-tranché, y voyant un affront à la Charte des Nations Unies. Il est temps que cette Commission et l’ONU donnent effet aux résolutions pertinentes et prennent des mesures concrètes afin d’accélérer la décolonisation de notre territoire, a encore dit M. Omar. Les politiques de deux poids, deux mesures, la sélectivité, la complaisance face à une logique de la force ne peuvent plus être tolérées dans un ordre international fondé sur les règles, a martelé M. Omar. Il a réitéré en soulignant l’engagement du Front POLISARIO à contribuer à la recherche d’une solution durable et pacifique à la décolonisation du Sahara occidental. Le peuple sahraoui dit clairement qu’il n’abandonnera jamais son droit « sacré » à l’indépendance ni aux moyens légitimes de la réaliser.
Mme INES MIRANDA NAVARRO, Asociación Internacional de Juristas por el Sahara Occidental, a exprimé sa préoccupation face à l’inaction de l’ONU qui n’ont pas été en mesure de mener à terme le processus de décolonisation au Sahara occidental et face aux actions de la Puissance occupante, le Maroc, qui y a mis en place un « régime d’apartheid ». Elle a estimé que la position de l’Espagne est illégale puisqu’elle soutient le Maroc et nie le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle a réitéré que le Front POLISARIO est le représentant légitime du peuple sahraoui en soulignant que les juridictions européennes se sont également prononcées en ce sens. La puissance coloniale ne peut pas utiliser les ressources naturelles de ce territoire au regard du droit international, a-t-elle rappelé, en ajoutant que ce même droit international reconnaît le droit des mouvements de libération à combattre l’occupation coloniale. Elle a dénoncé en conclusion les tentatives de délégitimation du Front POLISARIO.
Mme JOSEFA MILAN PADRON, Coordinatora Sindical Canaria de Apoyo al Pueblo Saharaui (COSCAPS), a dénoncé la situation grave du peuple sahraoui depuis plus de 50 ans. La Puissance administrante, l’Espagne, ne respecte pas ses obligations en vertu de la Charte des Nations Unies, a-t-elle dit, en reprochant au Président espagnol actuel d’avoir reconnu par une lettre au Maroc le caractère marocain du Sahara occidental. Elle s’est opposée à la future tenue d’une conférence à Gran Canaria pour légitimer cette décision espagnole. Après près de 50 ans de silence complice de la communauté internationale et d’impunité pour l’occupant marocain, cette Commission doit mettre fin au processus de décolonisation du Sahara occidental à travers un référendum d’autodétermination, a-t-elle exigé.
M. LUIS ALBERTO CAMPOS JIMENEZ, du Groupe parlementaire des Nouvelles Canaries, a expliqué qu’il appartenait à un mouvement politique dont les principes fondateurs sont la lutte pour un monde meilleur fondé sur la solidarité internationale, la justice et le respect des droits de l’homme. Il a jugé urgent que l’ONU mette en œuvre sa résolution 1540 sur le droit à la décolonisation après 47 années d’attente. Il a rappelé que la Cour de justice européenne avait annulé les accords commerciaux conclus entre l’Union européenne (UE) et le Maroc qui permettait à ce pays d’exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental. M. Jimenez a insisté sur le fait que son mouvement reconnaît le Front POLISARIO comme seul représentant légal du Sahara occidental.
M. VICTOR MANUEL SANTANA GONZALEZ, de l’Association canarienne des enseignants pour la paix et la solidarité (ACEPS), a appelé au respect de la légalité internationale en exigeant la décolonisation et la fin de l’occupation du Sahara occidental. Il a exhorté l’Espagne à jouer un rôle décisif au sein des Nations Unies pour résoudre ce conflit colonial qui dure depuis 47 ans. M. Gonzalez a aussi condamné « le régime d’apartheid » imposé par le Maroc à la population sahraouie dans le territoire occupé. Il a rappelé que l’arrêt de la Cour de justice européenne daté du 21 décembre 2021 a annulé les accords commerciaux entre l’Union européenne (UE) et le Maroc relatif au Sahara occidental parce que le Front POLISARIO n’était pas associé à ces accords.
Mme CONCEPCIÓN REYES FERNANDEZ, Canarismo y Democracia, a exprimé son soutien inconditionnel au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle a dénoncé la situation très grave du peuple sahraoui qui voit son droit à l’indépendance violé. Il s’agit d’un peuple occupé par une puissance étrangère qui fait confiance à l’ONU pour rétablir la paix et la stabilité, a-t-elle estimé. La pétitionnaire a dénoncé l’échec du Conseil de sécurité et de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) à défendre le peuple sahraoui, contraignant le Front POLISARIO à assurer sa défense, tel que reconnu par la résolution 3060 (1973) de l’Assemblée générale. Mme Fernandez a dénoncé le déploiement « illégal » des forces marocaines, alors que l’ONU reconnaît que le territoire non autonome ne fait pas partie de ce pays. Elle a demandé à l’ONU de veiller au respect du droit international en permettant au peuple sahraoui de se prononcer sur son avenir au moyen d’un référendum.
Mme JOSEFA ISABEL FARRAY CUEVAS, Fundacion Canaria Farrah para la Cooperación y el Desarrollo Sostenible (Fundación Farrah), a dénoncé l’occupation du Sahara occidental et demandé le respect du droit international dans le processus de décolonisation. Après une si longue attente, la confiance du peuple sahraoui s’est érodée et le sentiment d’être laissé en marge par la communauté internationale se développe, a-t-elle déploré. En dépit des « mots » de l’ONU, elle a estimé que la MINURSO n’était pas assez efficace pour s’opposer aux forces marocaines, qui se livrent à des destructions et pillent les ressources naturelles du territoire en toute impunité.
M. PEDRO QUEVEDO ITURBE, de Nueva Canarias, qui représente un parti politique de l’archipel des Canaries qui se trouve à 100 kilomètres au large du Sahara occidental, a défendu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ce droit est entériné dans plus de 60 résolutions de l’ONU, a-t-il rappelé, ainsi que par l’Union européenne et l’Union africaine qui reconnaît la RASD comme l’un de ses membres. Le Maroc est une Puissance occupante qui fait obstruction à l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui depuis plus de 40 ans, maintenant empêchant ainsi la tenue d’un référendum d’autodétermination prévu par l’ONU depuis 1992, s’est-il indigné. Pourtant le Gouvernement espagnol soutient les revendications marocaines, ce que le pétitionnaire a condamné en appelant à l’application des résolutions pertinentes de l’ONU.
M. MAHMUD ABDELFATAH CHEJ-MOHAMED, de Activista Saharaui en Canarias, a demandé à l’ONU de mettre fin au conflit au Sahara occidental, conformément au droit international. La Quatrième Commission a pour mandat de définir une feuille de route claire et un échéancier à cette fin, a-t-il souligné en lui demandant d’assumer une fois pour toute ses responsabilités historiques face au peuple sahraoui qui doit pouvoir vivre en paix et dans la dignité. La question de la décolonisation du Sahara occidental doit être réglée ici, aux Nations Unies, a-t-il tranché, en dénonçant les intentions expansionnistes du Maroc. Il a également demandé au Gouvernement espagnol d’octroyer au Sahara occidental le statut qui lui revient légalement avant de dénoncer toute manœuvre militaire de nature à mettre en danger la stabilité au Maghreb. Il faut se positionner en faveur du droit international et du peuple sahraoui, a-t-il insisté en conclusion.
Mme MARIA ESTHER GARCIA GONZALEZ, Ligue canarienne de l’éducation et de l’interculturalité, a demandé le respect et la justice pour le peuple sahraoui, avant de rappeler que la Sahara occidental est un territoire non autonome qui n’a pas encore été décolonisé. Elle a estimé que les Canaries sont en danger à cause des accords passés entre le Gouvernement espagnol et le Roi du Maroc en ce qui concerne la Sahara occidental.
Mme MARIA CONCEPCION MONZON NAVARRO, Sí Podemos, Conseil insulaire de la Grande Canarie, a défendu les droits du peuple sahraoui et le droit à l’autodétermination du Sahara occidental envahi par le Maroc, Puissance occupante. Elle a accusé le Gouvernement espagnol d’avoir abandonné le Sahara occidental, précisant que ce territoire est aujourd’hui divisé par un mur de 2 000 kilomètres construit par le Maroc.
Mme DUNIA ESTHER GONZALEZ VEGA, de Plataforma Canaria de Mujeres por el Sáhara Tejiendo Futuro, a plaidé pour un Sahara occidental libre et indépendant, cette responsabilité incombant à la Puissance occupante, qui continue de violer le droit international dans le silence complice de la communauté internationale. Nous sommes aux côtés des femmes sahraouies, qui ont créé un camp dans le désert pour survivre, y construisant écoles et services sanitaires, a-t-elle ajouté. Le Maroc exerce contre ces femmes, abandonnées également par les gouvernements successifs espagnols, des pressions constantes, et leurs époux sont parfois torturés, a encore dit l’intervenante, ce qui ne les empêche pas de continuer à se battre pour leur droit à l’autodétermination.
Mme NIEVES MARIA GARCIA LORENZO, de ATENEO CULTURAL JUAN GARCÍA EL CORREDERA, a accusé le Maroc de saper l’avenir du peuple sahraoui en pillant ses ressources minières et piscicoles, l’empêchant de concrétiser son droit à l’autodétermination. Elle s’est élevée contre ces « spoliations honteuses » auxquelles participent certaines sociétés canariennes, a-t-elle dit, demandant à la Commission de les condamner.
M. VICTOR MANUEL LUBILLO MONTENEGRO, Instituto Canario de Peritos Judiciales, a dénoncé la construction par le Maroc du « mur de la honte », qui divise le Sahara occidental entre les territoires contrôlés par le Maroc et ceux contrôlés par le Front POLISARIO, et ce, afin de piller les ressources du peuple sahraoui. Ce mur, qui perpétue l’occupation du Sahara occidental, est cerné de mines et patrouillé par 180 000 soldats marocains, a ajouté le représentant. Le mur limite en outre la liberté de mouvement du peuple sahraoui qui vit maintenant dans une « grande prison », dans le silence de la communauté internationale. Il constitue une entrave au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, dans l’indifférence générale des médias et de la communauté internationale. Comme le « mur de l’infamie » de Berlin, celui-ci finira également par tomber, a-t-il assuré.
M. SERGIO AGUSTIN SUAREZ MORENO, de JUNTOS POR GUÍA, a revendiqué le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui en constatant que depuis 47 ans, le Sahara occidental est occupé par le Maroc face au silence complice de l’Espagne. En tant que témoins des souffrances du peuple sahraoui, les habitants des Îles Canaries refusent de participer à ce silence coupable et exigent que le droit à l’autodétermination soit appliqué et la violence éradiquée, a-t-il martelé, avant d’appeler l’ONU à prendre des mesures sans tarder pour permettre au peuple sahraoui de librement décider de son avenir.
Mme LETICIA MARIA HERNÁNDEZ GONZÁLEZ, de la Asociación Canaria de Solidaridad con el Pueblo Saharaui, a souligné les liens sociaux, culturels et économiques qui existent entre le peuple sahraoui et les habitants des Îles Canaries, avant d’appeler à respecter le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui à travers l’organisation d’un référendum. La situation dans les camps de Tindouf est une honte, s’est-elle indignée, alors que celle dans les territoires occupés par le Maroc est également intolérable.
Mme PINO ESTHER ORTEGA ROMERO, de Comisiones Obreras Canarias, a dénoncé le virage dans la politique étrangère de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental suite à la lettre envoyée par le Président Pedro Sanchez au Roi Mohamed VI où il s’est officiellement positionné en faveur de la Puissance occupante du Sahara occidental. Elle a rappelé que le représentant légitime du peuple sahraoui, le Front POLISARIO, a toujours revendiqué un référendum d’autodétermination avant de dénoncer la violence imposée à la population sahraouie au Sahara occidental aux mains des forces d’occupation marocaines ainsi que les conditions dans les camps de Tindouf. Aujourd’hui, elle est préoccupée par les incidences que pourraient avoir cette reconnaissance par l’Espagne en rappelant que le droit international ne consacre pas ce droit. La présence du Maroc au Sahara occidental est mentionnée dans les résolutions de l’ONU comme un acte d’occupation militaire et le Sahara occidental figure toujours sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU, a-t-elle souligné, en exigeant que le droit international soit respecté.
Mme MARINA PEREZ SANCHEZ, ASOCIACIÓN SIEMBRA CANARIA, a souligné les liens indéfectibles entre les populations des Canaries et du Sahara occidental depuis l’époque où ce territoire était la cinquante-troisième province de l’État espagnol. Elle a exhorté l’ONU à respecter le droit à l’autodétermination du Sahara occidental.
M. SIMPLICIO DEL ROSARIO GARCIA, Asociación Canaria de Juristas por la Paz y los Derechos Humanos, a appuyé le droit à l’autodétermination du Sahara occidental en estimant que le Front POLISARIO créé en 1979 était le seul représentant légal de ce territoire. Il a rappelé que la proposition d’autonomie présentée par le Maroc en 2007 a été rejetée par l’ONU et le Front POLISARIO.
Mme MARIA LOURDES BENITEZ GONZALEZ, de « RED DE SOLIDARIDAD POPULAR DE JINAMAR », a rappelé que la Puissance administrante, « en l’occurrence l’Espagne », a l’obligation de d’accompagner le processus de décolonisation en cours du Sahara occidental, territoire qui est factuellement occupé par le Maroc. L’Espagne doit honorer ses responsabilités et le droit international, pour, ce faisant, qu’elle cesse d’être l’alliée d’une puissance occupante, cela dans le silence complice de la communauté internationale, a-t-elle dit.
M. MANUEL MARRERO MORALES, de « Groupe parlementaire Sí Podemos Canarias », a marqué son soutien au Front POLISARIO et exhorté le Gouvernement espagnol à maintenir un dialogue constructif avec le Maroc, conformément au droit international. Il a demandé à l’ONU de trouver une solution juste au Sahara occidental en organisant et supervisant la tenue d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui. Le Maroc utilise de manière illégale les Îles Canaries pour piller les ressources du Sahara occidental et occuper ses eaux territoriales, a-t-il affirmé, avant de demander de nouveau à l’ONU de prendre une part active à la résolution pacifique du conflit au Sahara occidental, cela en tenant compte des résolutions sur ce sujet adoptées par le Parlement canarien.
M. SERGIO RAMÍREZ GALINDO, Universidad de Las Palmas de Gran Canaria (ULPGC), a déclaré que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est fondamental et la tenue d’un référendum la seule solution possible. Il a dénoncé le pillage « astronomique » des ressources du Sahara occidental par le Maroc, notamment la pêche, le pétrole et l’or. M. Galindo a dit avoir été suivi et intimidé par les services de sécurité marocains lors de missions d’observation. La reconnaissance « irresponsable » et « personnelle » par le Premier Ministre espagnol Sánchez ne vise selon lui qu’à détruire ce qui a été construit au Sahara occidental, afin d’empêcher le peuple sahraoui de se prononcer sur son avenir.
Mme MARIA DAVINIA GONZALEZ PINEDA, Mi Hijo y Yo, psicólogas en el hogar para las familias con tgd, a expliqué qu’elle œuvre au renforcement des droits des mineurs et des personnes âgées dans le camp de Tindouf, dans des conditions lamentables, malgré les entraves du Maroc. Elle a dénoncé l’occupation en toute impunité du Sahara occidental par le Maroc et la spoliation des ressources naturelles du peuple sahraoui. Le Gouvernement espagnol nie selon elle les droits à l’autodétermination du peuple sahraoui et son représentant légitime, le Front POLISARIO. La décolonisation doit se concrétiser, et il revient à la Commission d’y contribuer, a-t-elle ajouté en conclusion.
Mme FLORA MARRERO RAMOS, de la COALICIÓN CANARIA, un parti politique des Canaries engagé en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui, a dénoncé les violations des droits humains au Sahara occidental, en particulier ceux des femmes sahraouies qui y vivent et dont 25% auraient été victimes de violences, y compris sexuelles, aux mains des forces d’occupation marocaines. Elle a comparé cela à des crimes de guerre en exigeant des mesures de protection pour la population féminine du Sahara occidental. Soulignant que la lutte du peuple sahraoui est liée à la lutte des femmes, elle a demandé le respect du droit international.
Mme MARIA DEL SOL FORTEA SEVILLA, de la Fundación Canaria de Apoyo a los Trastornos del Neurodesarrollo (FUNTEAC), a constaté qu’une partie de la population sahraouie vit dans des camps de réfugiés en Algérie, éloignant la possibilité d’un projet de vie digne pour les Sahraouis. Elle a dénoncé le virage dans la politique espagnole vis-à-vis du Sahara occidental. Plaidant pour le droit à l’éducation et des droits des handicapés, la pétitionnaire a affirmé que le Maroc ne promeut pas ces droits dans le territoire qu’il occupe. Tant que le référendum n’aura pas lieu, le peuple sahraoui ne sera pas en mesure de faire des projets d’avenir, a-t-elle conclu.
Mme LUISA TAMAYO DOMINGUEZ, de Izquierda Unida Canaria, a vanté le sentiment de solidarité qui existe entre les peuples frères des Canaries et du Sahara occidental. Elle a appelé à mettre fin à la stratégie du Maroc consistant à jouer la montre et à perdre du temps. Elle a jugé urgent que la communauté internationale agisse afin de ne pas encourager les visées expansionnistes du Maroc.
Mme MARIA JOSE BELDA DIAZ, Sí Podemos Canarias, Cabildo de Tenerife, a défendu le droit du peuple sahraoui de décider de son avenir. Elle a rappelé que 200 000 Sahraouis survivent dans des camps de réfugiés depuis des décennies en gardant l’espoir de pouvoir rentrer un jour dans un Sahara occidental qui aura fait valoir son droit à l’autodétermination. Elle a expliqué qu’elle était originaire de Tenerife, un archipel africain colonisé par l’Espagne qui partage avec le Sahara occidental la lutte légitime pour l’autodétermination.
Mme ANTONELLA ALIOTTI, SI PODEMOS, ARONA, a mis l’accent sur le combat des femmes sahraouies qui sont les premières victimes des abus du pouvoir marocain. Elle a souligné le désespoir des mères de détenus sahraouis dans les prisons marocaines, rappelant que les nombreux Sahraouis condamnés dans la cadre « d’une farce judiciaire » en 2017 continuent de subir les abus du pouvoir marocain et sont privés d’accès à des avocats.
M. ALBERTO MAESTRE FUENTES, du Centro de Estudios sobre el Sahara Occidental, a rappelé les résolutions de l’Assemblée générale qui, depuis les années 1970, demandent l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui. Il faut tout faire pour éviter de futurs conflits territoriaux, a-t-il insisté, et pour que ces résolutions, dont la 1514, soient respectées parce qu’elles ne sont pas ouvertes à interprétation, a-t-il tranché, en soulignant qu’il y a bel et bien une guerre en cours et des réfugiés. En fin de compte, il faudra respecter le droit à l’autodétermination et à l’indépendance des Sahraouis, et pour cela, les parties doivent rechercher un consensus en se basant sur ce qui unit le peuple sahraoui et le peuple marocain. Le pétitionnaire a également demandé un élargissement du mandat de la MINURSO, afin que les frontières soient respectées.
M. PABLO A DE LA VEGA M., Asociación Ecuatoriana de Amistad con el Pueblo Saharaui (AEAPS), a regretté que 47 années se soient écoulées depuis l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ), dans lequel cette haute juridiction « a conclu que les éléments et informations mis à sa disposition ne démontraient l’existence d’aucun lien de souveraineté entre le territoire du Sahara occidental, d’une part, et le Royaume du Maroc ou le complexe mauritanien, d’autre part ». Des mois plus tard, le 26 février 1976, l’Espagne informait le Secrétaire général avoir mis fin à sa présence dans le Territoire du Sahara et enregistrait sa dissociation de toute responsabilité de nature internationale en relation avec l’administration dudit territoire. Cependant, tous les rapports du Secrétaire général de l’ONU relatifs aux informations sur les territoires non autonomes considèrent toujours l’Espagne comme pays administrant le Sahara occidental, a constaté le pétitionnaire. Par conséquent, juridiquement, il n’est pas compatible que l’Espagne, en contradiction avec ses obligations internationales, dont le Traité sur le commerce des armes (2013), vende des armes et du matériel militaire au Maroc, contribuant à aggraver la situation des droits de l’homme du peuple sahraoui dans les territoires occupés. Selon une réponse parlementaire à M. Carles Mulet, sénateur de Compromís, l’Espagne aurait vendu au Maroc, entre 1991 et 2020, des armes et des munitions, pour un montant supérieur à 385 millions d’euros, ventes qui incluent des produits et technologies à double usage. D’autre part, le Ministère espagnol des affaires étrangères a informé, le 12 avril, M. Jon Iñárritu, député d’Euskal Herria Bildu, qu’entre 2016 et 2020, l’Agence espagnole de la coopération internationale pour le développement (AECID), a affecté aux camps de réfugiés sahraouis la somme de 28 millions d’euros, a relevé le pétitionnaire. Dès lors, l’AEAPS a exhorté l’Espagne à respecter le Traité sur le commerce des armes; à enquêter sur la conduite générale du Maroc en matière de droits humains, en tant qu’étape préalable au transfert d’armes conventionnelles; à demander aux tribunaux généraux d’Espagne d’exercer un contrôle méticuleux sur les transferts d’armes au Maroc et de refuser les autorisations données aux violations graves et systématiques des droits de l’homme dans les territoires occupés.
M. ALBERTO NEGRIN REBOSO, de « ACAPS - Asociación Canaria de Amistad con el Pueblo Saharaui », a dénoncé l’invasion du territoire sahraoui par le Maroc, une situation illégale qui perdure depuis 50 ans au mépris des résolutions et de la Charte des Nations Unies sur les droits inhérents du peuple sahraoui à l’autodétermination. Le mur de la honte construit par la puissance occupante sépare les humains et les idées de paix qui les relient, a-t-il dénoncé, il divise un territoire et un peuple. Il a exhorté à la pleine mise en œuvre de la résolution 1514 et étendre ainsi le mandat de la MINURSO. Quand va-t-on entendre les victimes, a-t-il demandé au Président de la Commission.
Mme ANNA MARIA STAME, de « Il Cenacolo », a évoqué les horreurs que vivent les enfants recrutés par le Front POLISARIO. Les séparatistes ignorent les condamnations internationales continuent aujourd’hui encore de maltraiter les enfants soldats, qu’ils exhibent devant leurs invités étrangers, y compris l’Envoyé spécial Stefan De Mistura lors de sa récente visite dans le camp de Tindouf, a-t-elle affirmé. Elle a appelé au réveil de la conscience des personnes incriminées des campements de Tindouf, qui abriteraient d’après des ONG quelque 5 000 enfants soldats.
M. AHMED EL-AALEME, « Chambre des représentants », a fustigé les propos de certains intervenants précédents, « liés en rien au territoire concerné ». Nous sommes chargés d’administrer ce territoire, nous sommes chargés de protéger les ressources et les populations de celui-ci, a-t-il assuré, invoquant la légitimité des élections régulières et justes ayant permis la constitution de la Chambre qu’il représente. L’intervenant a ajouté que le Maroc est attaché à ce territoire et souhaite le développer de manière responsable et libre. Il a également appelé à la mise en œuvre du projet d’autogouvernance du Maroc de 2007, « seule voie de progrès vers une solution politique ». Il a conclu en soulignant que les Etats-Unis, comme nombre d’États africains et européens, ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire concerné, ce qui atteste de son « appartenance marocaine ».
Mme GIULIA PACE a dénoncé l’enrôlement d’enfants soldats par le Front POLISARIO qui les prive de leur scolarisation et du droit de grandir dans un environnement sûr. Elle a accusé le Front POLISARIO de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, puisque les camps de Tindouf sont l’épicentre du recrutement d’enfants soldats en Afrique. Elle a également dénoncé le silence du pays hôte en l’exhortant à travailler avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés pour améliorer le soutien à ces enfants sur les plans à la fois psychosocial et éducatif.
Mme ELIZABETH DAIL, de New Life, est venue revendiquer le droit à une éducation de qualité des enfants sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf. Si l’éducation fait défaut dans les camps, ne serait-il pas mieux de trouver une autre solution pour ces enfants, a-t-elle demandé en rappelant que bon nombre des leaders du Front POLISARIO ont été éduqués dans les universités marocaines. Ces enfants doivent pouvoir apprendre la coopération, la collaboration et les interactions entre les sociétés, a-t-elle estimé. Il faut donner espoir à ces enfants, a-t-elle insisté, en encourageant à la mise en œuvre du plan d’autonomie marocain.
Mme MBARKA EL AHMADI, du Conseil provincial de Boujdour, une femme sahraouie marocaine qui a été élue par un scrutin démocratique au Sahara occidental, est venue parler de certaines réalisations dans cette province dans le domaine des droits de la femme. Le Maroc a consacré la priorité du renforcement des droits des femmes et de l’égalité de genre, a-t-elle affirmé. La Constitution considère que l’autonomisation économique et politique des femmes est à promouvoir, ce qui a facilité leur entrée au Parlement et dans les conseils élus. Les femmes dans les provinces du Sud ont des rôles de leaders et occupent de nombreux sièges, a assuré la pétitionnaire. Elle a également parlé de mesures prises par le Maroc pour y faciliter l’entreprenariat féminin.
M. MOULAY BRAHIM CHRIF, Président du Conseil municipal de la Commune de Smara, est venu défendre les aspirations légitimes des Sahraouis des provinces du Sud. Son conseil est chargé de réfléchir à un cadre de développement global, ce qui n’aurait pas été possible sans des infrastructures essentielles comme des hôpitaux, des routes et autres. Les résidents du Sahara participent aux élections nationales et locales avec un taux de participation élevé, a-t-il fait valoir, ce qui témoigne du fait que les Sahraouis croient en leur identité nationale. En tant que Sahraoui marocain, il a affirmé que ceux qui vivent dans cette région soutiennent pleinement le plan d’autonomie proposé par le Maroc.
Mme NANCY HUFF, de Teach the Children International, a sollicité l’aide de la Commission dans l’enquête sur le vol d’aide humanitaire par le Front POLISARIO. Vous êtes en mesure de faire des recommandations aux autorités qui feraient une différence significative dans la vie des résidents des camps de Tindouf qui dépendent de l’aide extérieure, a-t-elle dit aux délégations, en invoquant le rapport cinglant de l’Office européen de lutte antifraude publié en 2015 détaillant l’implication du Front POLISARIO dans le vol d’aide humanitaire entre 2000 et 2007. Ce rapport accablant n’a pas suffi à inciter l’ONU à enquêter, s’est indignée Mme Huff, en ajoutant que par conséquent, rien n’indique que ces détournements d’aide aient cessé. L’ONU n’a pas non plus publié de déclaration condamnant le vol, ni mis sur liste noire aucun des membres du Front POLISARIO mentionnés dans le rapport de l’OLAF, ni demandé un décompte précis, ce qui contribuerait à dissuader le vol d’aide humanitaire. Sans contrôle du Gouvernement ou de l’ONU, la direction du Front POLISARIO peut continuer à gonfler le nombre d’habitants qui vivent dans les camps de Tindouf, puis écrémer l’excédent d’aide pour eux-mêmes, a-t-elle mis en garde. En partie à cause de cela, la direction du Front POLISARIO continue de vivre des vies relativement luxueuses en allant et venant dans les camps à volonté, tout en entretenant souvent des maisons dans le monde entier, a-t-elle dénoncé.