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Conseil de sécurité: outre l’Ukraine, la présidence émirienne mettra l’accent en mars sur le Moyen-Orient, l’autonomisation des femmes et le climat

Conscients que leur présidence du Conseil de sécurité pour le mois de mars débute sur fond de « grandes turbulences mondiales », compte tenu de l’« opération militaire spéciale » lancée par la Fédération de Russie en Ukraine, les Émirats arabes unis feront tout pour faciliter la tenue de réunions consacrées à cette crise, a annoncé, cet après-midi, la Représentante permanente de ce pays auprès des Nations Unies.  Le programme de travail sera par ailleurs rythmé par plusieurs temps forts, centrés sur le Moyen-Orient, l’autonomisation des femmes et la « sécurité climatique ».

Actualité oblige, la conférence de presse que Mme Lana Zaki Nusseibeh a donnée au Siège de l’ONU à New York a largement porté sur la guerre en Ukraine, Mme Nusseibeh ayant été interrogée avec insistance sur la position de son pays, qui s’est abstenu sur les deux derniers projets de résolution relatifs à cette situation.  Notre position, a-t-elle justifié, est « le reflet de notre politique étrangère », laquelle « appelle constamment au dialogue et à la diplomatie » pour le règlement des différends.  Dans le cas d’espèce, il importe, selon elle, de « garder les canaux ouverts, de faire cesser les hostilités et de garantir un accès humanitaire sans entrave ». 

Les deux projets de texte soumis au Conseil ces derniers jours « n’étaient pas la voie appropriée pour y parvenir », a fait valoir en sa qualité nationale l’Ambassadrice, selon laquelle les Émirats entendent « faire montre de souplesse » dans leur diplomatie. 

En tant que Présidente en exercice du Conseil, l’Ambassadrice a dit s’attendre à ce que la situation en Ukraine reste à l’ordre du jour du Conseil en mars et que des réunions soient convoquées à la demande d’États Membres.  « Nous suivrons strictement les règles de procédure », a-t-elle assuré, avant de confirmer la poursuite des consultations sur le projet de résolution franco-mexicain portant sur le volet humanitaire en Ukraine, dont circulent « deux versions » selon elle.  Sans révéler la position qu’adoptera son gouvernement, elle a répété que les Émirats s’emploient à « jeter des passerelles pour la diplomatie » et feront leur possible pour « alléger les souffrances humanitaires ». 

La diplomate a également évoqué la discussion téléphonique ce matin entre le Prince héritier d’Abou Dhabi et le Président russe, indiquant que, outre l’appel du dirigeant émirien à la « désescalade », les échanges avaient porté sur les conséquences du conflit sur l’approvisionnement mondial en pétrole.  En tant que membre de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), les Émirats poursuivront leur coordination avec les parties concernées afin de contribuer à une solution durable à la crise, a-t-elle affirmé. 

S’agissant du programme de travail à proprement parler, Mme Nusseibeh a fait état de trois événements phares, le premier étant, le 8 mars, un débat ouvert sur les femmes, la paix et la sécurité, axé sur les partenariats public-privé en vue de contribuer à l’autonomisation économique des femmes dans les situations de conflit et de fragilité.  Elle a précisé que la Ministre émirienne du changement climatique et de l’environnement présidera la réunion, à laquelle participeront aussi la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) et une représentante de la société civile. 

Autre moment fort de cette présidence, une séance d’information, prévue le 23 mars et présidée par la Ministre émirienne de la coopération internationale, se penchera sur la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes.  Le Secrétaire général de l’ONU et le Secrétaire général de la Ligue feront des exposés lors de cette réunion qui pourrait déboucher sur l’adoption d’une déclaration présidentielle.

Les Émirats arabes unis prévoient, d’autre part, d’organiser, le 9 mars, une réunion en formule Arria sur la « sécurité climatique ».  Malgré l’échec essuyé en décembre dernier par un projet de résolution qui reconnaissait le climat comme facteur d’instabilité, Mme Nusseibeh a estimé que la question climatique, qui représente une « crise existentielle pour l’humanité », devait être abordée en termes d’« opportunités », dans la foulée de la COP26 à Glasgow et avant la COP27 présidée par l’Égypte.  Elle a noté, au passage, que son pays poursuit une politique énergétique « verte » et accueille à Abou Dhabi l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA). 

Par ailleurs, le Conseil entendra, le 14 mars, l’exposé annuel sur les activités de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), assuré par le Ministre polonais des affaires étrangères en sa qualité de nouveau Président en exercice de l’OSCE.  Mais c’est bien le Moyen-Orient qui dominera, ce mois, le programme de travail, avec des séances sur les volets chimique (10 mars), politique et humanitaire (24 mars) de la crise syrienne, des réunions mensuelles sur les développements au Yémen (15 mars) et sur la question palestinienne (22 mars), et des consultations sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) sur le plateau du Golan (30 mars) et sur la mise en œuvre de la résolution 1701 (2006), qui avait mis fin au conflit entre Israël et le Hezbollah (17 mars). 

L’Afrique aura, elle aussi, une large place, comme en témoignent les réunions prévues sur les activités de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), le 16 mars; sur la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), le 7 mars, et le renouvellement de son mandat, le 15 mars; sur la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (UNITAMS) et sur le Comité des sanctions 1591 concernant ce pays; et sur le travail de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le 29 mars.  Le Conseil prévoit aussi de réautoriser le mandat de la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les mesures antipiraterie au large des côtes somaliennes. 

Les questions asiatiques de ce mois incluent l’adoption d’une résolution sur le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le 17 mars, et le renouvellement du régime de sanctions visant la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le 24.  Enfin, s’agissant des questions thématiques, le Président du Comité 1540, qui vise à barrer l’accès des armes de destruction massive aux acteurs non étatiques, fera un nouvel exposé au Conseil le 14 mars.

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