Au Comité spécial des opérations de maintien de la paix, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales est montrée en exemple
Les appels au renforcement des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales se sont multipliés au Comité spécial des opérations de maintien de la paix –également connu sous le nom de Comité des 34 (C-34)– au deuxième et dernier jour de son débat général, faisant écho aux déclarations faites hier par plusieurs coalitions d’États Membres.
Aujourd’hui, c’était au tour de l’Union africaine (UA) de mettre l’accent sur ce point. Notant qu’au cours de la dernière décennie, des changements significatifs étaient apparus dans les tactiques et stratégies des groupes armés, ainsi que dans l’équilibre international des forces, la délégation a souligné les implications importantes qui en découlent pour le maintien de la paix, notamment en Afrique, continent où sont déployés le plus grand nombre de soldats de la paix de l’UA et de l’ONU dans le monde.
Face à ces défis, l’UA a entrepris de profondes réformes pour s’acquitter le mieux possible de ses mandats, a expliqué l’observatrice, en mettant l’accent sur l’importance de la coopération avec l’ONU, consacrée par le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé en 2017. Dans cette perspective, les deux organisations sont pleinement conscientes de la nécessité d’adopter des approches globales, intégrées et inclusives, à travers la médiation et le maintien et la consolidation de la paix. Des efforts conjoints qui se sont soldés par des dividendes dans plusieurs théâtres de conflits sur le continent, s’est réjouie la délégation.
L’importance des missions d’évaluation du Conseil de sécurité sur le terrain a été soulignée par le Liban et l’Ukraine. Invoquant l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, la délégation ukrainienne a exhorté le Secrétaire général à exploiter tout leur potentiel pour transmettre les informations les plus objectives possible au Conseil de sécurité sur l’efficacité des opérations de paix de l’ONU. Le Liban, pays hôte de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL), a lui aussi mis en avant les mérites de ces missions d’évaluation, en rappelant que c’est à la suite de l’une d’entre elles que le Conseil de sécurité avait décidé de proroger de six mois le mandat de la FINUL, jusqu’au 31 août 2022, tout en lui permettant de prendre des mesures temporaires spéciales pour soutenir et aider les Forces armées libanaises, alors que le pays traverse une passe difficile.
Les questions de la formation préalable au déploiement des contingents, de l’intégration des nouvelles technologies pour améliorer l’analyse des données sécuritaires, et de l’élargissement de la contribution des femmes se sont également invitées dans le débat de ce matin, de même que la responsabilité des soldats de la paix dans le contexte de la protection des civils en général et des femmes et enfants en particulier. Comme l’a dit le Rwanda, performance et responsabilisation sont des éléments essentiels pour le succès des mandats.
SUITE ET FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL
Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a fermement condamné la multiplication des attaques visant les Casques bleus en 2021, avant de demander que davantage de mesures soient prises pour renforcer leur sécurité. Elle a également insisté sur l’importance de l’élargissement du nombre de femmes dans le maintien de la paix à tous les niveaux, en plaidant à cet effet pour des ajustements dans la configuration des missions. En tant que pays hôte de la FINUL, la représentante a rappelé que cette mission avait été autorisée à prendre des mesures spéciales pour appuyer les forces libanaises alors que son pays traverse une passe difficile. Elle a réaffirmé le plein appui du Gouvernement libanais au travail de la FINUL.
M. ROBERT KAYINAMURA (Rwanda) a souligné que les Casques bleus opèrent dans des environnements de plus en plus complexes marqués par la propagation de la désinformation. Il a exigé l’ouverture d’enquêtes systématiques et de poursuites judiciaires des responsables d’actes criminels visant les soldats de la paix, s’adressant au Secrétariat de l’ONU pour qu’il soutienne les pays concernés dans leurs efforts pour garantir que justice sera rendue. Alors que la protection de civils relève de la responsabilité première du pays hôte, le Rwanda s’est néanmoins dit d’avis qu’en cas d’échec, les opérations de maintien de la paix avaient un rôle à jouer en ce sens. À ce sujet, le représentant a appelé à veiller à la mise en œuvre des Principes de Kigali. Les missions devraient renforcer leur capacité d’évaluation situationnelle en ayant notamment plus souvent recours aux nouvelles technologies, a poursuivi le représentant, estimant que la performance et la responsabilisation sont des éléments essentiels pour le succès des mandats. Dès lors, la performance doit faire l’objet d’un financement adéquat, a fait valoir la délégation. Le Rwanda a également mis en exergue l’importance de la consolidation de la paix en appelant l’ONU à coopérer davantage avec les organisations régionales et sous-régionales.
M. MAJID TAKHT RAVANCHI (Iran) a souligné le rôle unique du C-34 en tant qu’unique instance mandatée par l’Assemblée générale pour examiner le fonctionnement des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. Le représentant a jugé indispensable que celles-ci respectent les objectifs et principes du non-recours à la force, d’impartialité et de non-ingérence s’agissant des affaires internes des États. Après avoir salué les orientations données par le Secrétaire général par le biais des stratégies A4P et A4P+, il a précisé que son pays, en tant que signataire de la Déclaration d’engagements communs, espérait que cette feuille de route prendrait prochainement effet.
M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a expliqué que 300 Casques bleus ukrainiens, dont de nombreuses femmes, sont déployés dans plusieurs opérations de l’ONU. Particulièrement inquiet des menaces posées par la Fédération de Russie aux frontières de son pays, il a appelé la communauté internationale à rester mobilisée. Il s’est dit reconnaissant pour l’ensemble des gestes de solidarité face à cette menace, avant de rappeler que l’ONU est l’instance internationale la plus apte à prévenir tout conflit par la recherche de solutions politiques plutôt que militaires. Par ailleurs, les OMP devraient selon lui garantir la sécurité des civils en mettant fin aux flux illégaux d’armes et de mercenaires. Saluant l’importance du plan A4P+, la délégation a appelé à réaliser des progrès en matière d’unités aéroportées, de collecte d’informations, de réduction de l’empreinte environnementale des missions, de la lutte contre les abus sexuels. Évoquant l’Article 99 de la Charte des Nations Unies, l’Ukraine a exhorté le Secrétaire général à exploiter tout le potentiel des missions d’évaluation sur le terrain pour fournir les informations les plus objectives au Conseil de sécurité sur l’efficacité des opérations de paix de l’ONU.
S’exprimant au nom d’un pays qui est contributeur de troupes, M. IBRAHIMA KOMARA (Guinée) a remercié l’ONU pour le remboursement intégral de tous les montants dont elle lui était redevable ainsi que ses efforts en faveur du renforcement de la sûreté et la sécurité des soldats de la paix. Il a mis en exergue la formation préalable au déploiement des contingents, l’intégration des nouvelles technologies pour une meilleure analyse des données sécuritaires et l’élargissement de la contribution des femmes, conformément au programme pour les femmes et la paix et la sécurité des Nations Unies, pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix. Le représentant a également insisté sur l’importance de la protection des civils en général et celle des femmes et des enfants en particulier. Il a également mis l’accent sur la responsabilité des pays hôtes et de l’ONU afin de garantir un cadre idéal de lutte contre l’impunité face à la recrudescence des crimes et attaques ciblées perpétrés sur les soldats de la paix. Le délégué a également plaidé en faveur de la promotion du multilinguisme au sein des missions, y voyant un atout majeur pour l’amélioration de leur efficacité.
L’Observatrice permanente de l’Union africaine (UA), Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, a mis l’accent sur les profondes réformes engagées par cette organisation régionale pour s’acquitter de son mandat de paix et de sécurité et relever d’autres défis, auquel ce Comité doit « trouver des réponses ». Les partenariats et la coopération ont une importance cruciale dans ce contexte, a-t-elle relevé, et le Cadre commun Organisation des Nations Unies-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, signé en 2017, a été jusque-là une excellente base pour un partenariat stratégique, systématique et prévisible en vue de répondre à des situations sécuritaires et de développement en Afrique, a déclaré l’Observatrice. Ce partenariat est ancré dans l’esprit du multilatéralisme et les actions collectives, a-t-elle précisé, en ajoutant que les deux organisations sont pleinement conscientes de l’impératif d’adopter des approches globales, intégrées et inclusives dans leurs efforts de rétablissement de la paix. Les actions conjointes de nos deux organisations à travers la médiation, le maintien et la consolidation de la paix se sont d’ailleurs soldées par des dividendes positifs dans plusieurs théâtres de conflits sur le continent, s’est réjouie l’Observatrice.
Pour ce qui est de la pandémie, l’UA a appelé à la solidarité internationale à travers des approches multilatérales plus robustes qui mettent notamment l’accent sur les femmes et les jeunes et les soldats de la paix. Soulignant que les efforts de paix sont nécessaires pour la consolidation des institutions nationales essentielles pour éviter de retomber dans le conflit, l’UA espère que le C-34 saura reconnaître ce lien entre maintien et consolidation de la paix dans son prochain rapport. Les efforts déployés pour sensibiliser, notamment aux droits humains et au droit international humanitaire ainsi que la mise en place d’une force de déploiement rapide, prouvent selon l’Observatrice le ferme engagement de l’Afrique à assumer sa part de responsabilité dans le règlement des problèmes de paix et de sécurité sur le continent sur la base du principe d’une répartition équitable.