Soixante-dix-septième session,
20e séance, Matin
AG/EF/3575

Les délégations de la Deuxième Commission mettent en avant les atouts de l’échelon régional pour s’organiser et relancer la course aux ODD

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) s’est réunie, ce mardi, pour un dialogue entre les délégations et les secrétaires exécutifs des commissions régionales, dialogue intitulé « Du risque à la résilience: Accélérer les actions pour atteindre un avenir plus durable et équitable à travers la coopération régionale. »  L’occasion de préparer le prochain Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) de 2023, a déclaré en début de séance la Présidente de la Deuxième Commission Lachezara Stoeva.  La Présidente a souligné les atouts de l’échelon régional au moment où les défis actuels font replonger des millions de personnes dans une pauvreté extrême: il permet une collaboration adéquate et d’élaborer des solutions innovantes pour relancer les économies, lutter contre les changements climatiques et réaliser les ODD.

Les dirigeants des différentes commissions régionales ont tous présenté un sombre état des lieux.  Outre l’inflation croissante et la hausse des prix de l’énergie dues à la guerre en Ukraine, les changements climatiques s’intensifient rapidement.  Les risques de catastrophes dépassant les capacités de résilience, les petits États insulaires en développement (PEID) sont à un « point de bascule », a prévenu Rmida Salsiah Alisjahbana, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP).  S’agissant de l’économie, la guerre en Ukraine a des conséquences économiques profondes sur toutes les régions, avant tout en Europe, en proie à une inflation grippant les économies même les plus développées.  La crise de l’énergie s’étend.

La Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), Olga Algayerova, a évoqué les difficiles arbitrages entre lutte contre les changements climatiques et mesures d’urgence pour maintenir les économies en état de marche.  Au-delà de l’Europe, la guerre devrait faire perdre 28 milliards de dollars en 2022 aux pays arabes importateurs de pétrole, tandis que les pays à revenu intermédiaire devront assumer un service de la dette d’environ un milliard de dollars cette année en raison de la hausse des taux d’intérêt, a relevé Rola Dashto de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).  La région arabe est-elle-même touchée par des conflits en son sein, dans au moins sept pays, avec 28 millions de personnes soit réfugiées soit déplacées, et 65 millions de personnes dépendant de l’aide humanitaire.  En outre, la région arabe est extrêmement vulnérable aux ravages des changements climatiques, alors qu’elle ne contribue qu’à moins de 5% des émissions de gaz à effet de serre.  Même diagnostic pour l’Afrique, qui paie un lourd tribut alors qu’historiquement, elle n’a que très peu contribué aux émissions de carbone.  En outre, plus de 55 millions d’Africains basculent de nouveau dans l’extrême pauvreté.  La CESAO et la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) sont confrontées aux mêmes maux, ainsi qu’au retour de l’insécurité alimentaire.  Une faible productivité, de faibles niveaux d’investissements et un niveau élevé de travail dans le secteur informel sont des problèmes structurels régionaux qui s’aggravent, a fait observer García Buchaca, Secrétaire exécutive de la CEPALC.

Ce diagnostic posé, les Commissions régionales ont tâché, ce matin, de démontrer qu’elles ne restent pas les bras ballants.  Ainsi, la CESAP aide les pays, dont le Cambodge, les Maldives et la Mongolie, à développer une première ligne de défense, à savoir « une protection sociale complète et universelle », conformément au plan d’action pour le renforcement de la coopération régionale en matière de protection sociale.  Pour accélérer la décarbonation de l’économie, la Commission aide les pays de l’Asie et du Pacifique à accélérer et à soutenir une transition énergétique inclusive par l’élaboration de feuilles de route nationales, déjà en place dans 11 pays ainsi que dans trois villes d’Indonésie et de Thaïlande, et d’autres sont en cours.  Elle aide aussi à renforcer la connectivité dans les domaines des transports, du commerce, de l’énergie et des technologies de l’information et des communications (TIC), grâce à un accord-cadre pour faciliter le commerce transfrontalier informatisé, sans utilisation de papier.  Pour aligner les finances publiques et privées sur le développement durable et l’Accord de Paris, la CESAP a développé un outil de modélisation macroéconomique, afin d’aider les décideurs politiques en Indonésie et en Mongolie à simuler les différents scénarios de politiques économiques nationales relativement à leur dette publique.

La Commission économique pour l’Afrique (CEA) mise beaucoup sur l’Accord établissant la zone de libre-échange continentale africaine -une zone devenue une « solution cruciale » pour assurer le relèvement, selon le Secrétaire exécutif Antonio Pedro- tandis que la CEPALC a fait état d’un plan d’autosuffisance en matière de santé, qui vise à renforcer la recherche et les capacités de production de vaccins et de médicaments dans la région.  La CEPALC travaille également sur la proposition d’une « conversion de dette pour l’action climatique » qui, avec le Fonds de résilience des Caraïbes, pourrait ouvrir des possibilités de restructuration de la dette et d’amélioration des liquidités.  La CEE mise sur l’assistance technique pour la transformation numérique, tandis que la CESAO se focalisera sur la lutte contre l’évasion fiscale, en attendant l’organisation du Forum arabe annuel pour le développement durable.  Le Secrétaire exécutif de la CEA a également appelé à élargir la marge de manœuvre budgétaire grâce à un financement novateur.  Les marchés de crédit carbone, par exemple, pourraient générer jusqu’à 82 milliards de dollars par an au prix de 120 dollars par tonne d’équivalent carbone.

Dans une discussion interactive entre États Membres, la Pologne a pointé que les conséquences de la guerre en Ukraine touchent en premier lieu les pays limitrophes.  Le Bélarus a, lui, déploré une « politisation excessive » de la CEE.  Le Liban a estimé que la CESAO était bien placée pour traiter de l’ajustement de l’aide publique au développement (APD), en insistant sur les vulnérabilités multidimensionnelles et la résilience.  Dans le même esprit, la Colombie a demandé à dépasser la catégorisation des pays en fonction de leur niveau de revenus.  Quant au Chili, il a recommandé de renforcer la coopération internationale, en tenant compte de la situation des pays en transition, avec un processus « échelonné et souple ».

La Deuxième Commission se réunira de nouveau le jeudi 10 novembre, à 10 heures, pour introduire et se prononcer sur les premiers projets de résolution de cette soixante-dix-septième session. 

SOUVERAINETÉ PERMANENTE DU PEUPLE PALESTINIEN DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ, Y COMPRIS JÉRUSALEM-EST, ET DE LA POPULATION ARABE DANS LE GOLAN SYRIEN OCCUPÉ SUR LEURS RESSOURCES NATURELLES A/77/90–E/2022/66

Fin de la discussion générale

M. EMIL BEN NAFTALY (Israël) a estimé que le rapport de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) est biaisé lorsqu’il évoque les causes du conflit entre Israël et les Palestiniens, puisque ce conflit a été initié lorsque des groupes terroristes ont lancé des roquettes depuis Gaza vers des centres peuplés sur le territoire d’Israël.  Or le rapport ne mentionne pas ces tirs de roquettes, a déploré le représentant.  Il a ensuite donné des exemples d’initiatives lancées entre Israël et la Palestine pour accroître la coopération, comme la facilitation économique et l’indexation des droits du travail des Palestiniens sur ceux des Israéliens, ou encore l’amélioration des infrastructures hydrauliques et électriques en Cisjordanie.  Malheureusement ces exemples n’apparaissent pas dans le rapport de la CESAO, ce qui porte atteinte à sa nature professionnelle, a encore regretté le représentant.  Israël veut la stabilité et un avenir qui réponde aux desiderata des deux parties, a-t-il assuré.

Droits de réponse

L’observatrice de l’État de Palestine a dit que la Puissance occupante continue à déformer la réalité, qui est celle d’une occupation coloniale, et à nier ses crimes, dont celui d’apartheid.  Les droits de toute une population sont niés, comme le droit à l’autodétermination, le droit sur les ressources naturelles, a martelé la représentante.  Elle a estimé que le rapport de la CESAO n’est ni biaisé, ni partial et qu’il s’appuie sur des données et des faits bien concrets.  La Puissance occupante fait preuve d’un non-respect constant et intentionnel du droit international, mais il est grand temps qu’Israël se rende compte que les Palestiniens ne renonceront jamais à leurs droits humains, a asséné l’observatrice.  Elle a appelé la communauté internationale à continuer à appliquer le droit international et les résolutions et à demander des comptes.

Le représentant de la République arabe syrienne a estimé que le rapport de la CESAO est très équilibré et qu’il représente bien la réalité sur le terrain, comme l’occupation illégale du Golan syrien, qui empêche le développement de cette région.

Dialogue avec les commissions régionales

Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a présenté les grandes tendances de la région.  En Asie-Pacifique, les risques en cascade et convergents liés aux maladies, aux catastrophes et aux changements climatiques ont accru la pauvreté et creusé les inégalités.  Les changements climatiques s’intensifient rapidement et comme les risques de catastrophes dépassent les capacités de résilience, nous sommes à un point de basculement, en particulier dans les petits États insulaires en développement (PEID), a prévenu la Secrétaire exécutive.  Les pays sont aussi aux prises avec les répercussions de la guerre en Ukraine et ses conséquences telles que l’inflation croissante, qui entraînent une crise du coût de la vie.  Pour mieux se préparer aux crises futures, la CESAP aide les pays, dont le Cambodge, les Maldives et la Mongolie, à développer une première ligne de défense, à savoir une protection sociale complète et universelle, conformément au plan d’action pour le renforcement de la coopération régionale en matière de protection sociale.  À l’heure actuelle, plus de la moitié de la population de la région Asie-Pacifique n’est encore couverte par aucun régime de protection sociale.

Grâce au développement de systèmes holistiques de réduction des risques, tels que le plan d’action régional de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pour l’adaptation à la sécheresse, la CESAP aide les pays à s’adapter et à élaborer des stratégies pour contrer les risques émergents.  De plus, pour accélérer la décarbonation de l’économie, la CESAP aide les pays à accélérer et à soutenir une transition énergétique inclusive par l’élaboration de feuilles de route nationales.  Celles-ci ont déjà été réalisées dans 11 pays ainsi que dans 3 villes d’Indonésie et de Thaïlande, et d’autres sont en cours.  Pour aider les pays à refondre des actions ambitieuses en faveur du climat, la CESAP a renforcé son soutien pour réviser les contributions déterminées au niveau national, élaborer des stratégies pour une mobilité intelligente, et favoriser une lutte collective des pays contre la pollution atmosphérique.

Troisième axe de la CESAP, renforcer la connectivité dans les domaines des transports, du commerce, de l’énergie et des technologies de l’information et des communications (TIC) grâce à un accord-cadre pour faciliter le commerce transfrontalier informatisé, sans utilisation de papier.  Enfin, pour aligner les finances publiques et privées sur le développement durable et l’Accord de Paris, la CESAP a développé un outil de modélisation macroéconomique, afin d’aider les décideurs politiques en Indonésie et en Mongolie à simuler les effets socioéconomiques et environnementaux de différents scénarios de politiques économiques nationales relativement à leur dette publique.  En outre, la CESAP aide les pays à développer des financements innovants.  La Secrétaire exécutive a cité comme exemple un échange de dettes contre des mesures d’adaptation aux changements climatiques, promu par le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique.  Elle a aussi signalé que la CESAP collabore avec le Cambodge pour émettre des obligations liées aux ODD.

Mme ROLA DASHTI, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a souhaité attirer l’attention sur les multiples problèmes de développement de la région arabe: une réalité socioéconomique structurelle moins qu’optimale, des conflits qui ont fait reculer certains des progrès au titre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, un nombre de réfugiés plus important que dans toute autre région, et les répercussions des crises qui frappent le reste du monde (climat, alimentation, énergie et finance).

S’agissant de l’économie, la guerre entre la Russie et l’Ukraine devrait faire perdre 28 milliards de dollars en 2022 aux pays arabes importateurs de pétrole et les pays à revenu intermédiaire doivent assumer un service de la dette d’environ un milliard de dollars cette année en raison de la hausse des taux d’intérêt.  Par ailleurs, au moins sept pays de la région font face à un conflit et 28 millions de personnes sont soit des réfugiés soit des déplacées tandis que 65 millions ont besoin d’aide humanitaire.  La situation alimentaire est particulièrement préoccupante dans les pays déchirés par la guerre comme le Yémen et la Somalie, a fait observer Mme Dashti.  En outre, la région arabe est extrêmement vulnérable aux ravages des changements climatiques, alors qu’elle ne contribue qu’à moins de 5% des émissions de gaz à effet de serre.

Tout au long de l’année 2022, la CESAO a aidé les États Membres à faire face aux crises par le biais de missions de conseil et de renforcement des capacités tout en encourageant l’intégration régionale.  Elle a formulé des recommandations stratégiques sur diverses questions telles que la sécurité alimentaire, la protection sociale, la gestion budgétaire durable et les inégalités.  L’année prochaine, a fait savoir Mme Dashti, la CESAO prendra en charge les deux propositions que le Secrétaire général lui a confiées: lutter contre l’évasion fiscale et l’aider à préparer une réunion annuelle avec les organisations régionales.  Elle continuera en outre à assumer son rôle de chef de file pour l’organisation du Forum arabe annuel pour le développement durable avec la participation de toutes les agences de l’ONU travaillant au niveau régional.

M. ANTONIO PEDRO, Secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a rappelé que 55 millions d’Africains ont replongé dans la pauvreté extrême, mais que le continent a aussi trouvé des solutions novatrices pour renforcer la résilience.  Il a principalement loué l’Accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine, zone devenue une « solution cruciale » pour assurer le relèvement.  M. Pedro a également appelé à élargir la marge de manœuvre budgétaire grâce à un financement novateur: les marchés de crédit carbone, par exemple, pourraient générer jusqu’à 82 milliards de dollars par an au prix de 120 dollars par tonne d’équivalent carbone.  Reconnaissant que la crise mondiale a mis en péril les gains obtenus par l’Afrique, M. Pedro a indiqué que le ratio dette/PIB a fortement augmenté tout comme la dette extérieure.  De nombreux pays courent le risque de ne pas pouvoir rembourser leur dette, ou ont déjà du mal à le faire.  Le conflit en Ukraine et la COVID-19 ont accru la vulnérabilité des pays, a-t-il en plus rappelé.

Les coûts d’adaptation de l’Afrique aux changements climatiques sont évalués à entre 30 et 55 milliards de dollars par an d’ici à 2030 alors que le continent a historiquement très peu émis de carbone, a poursuivi M. Pedro, en chiffrant à 500 milliards de dollars les besoins de l’Afrique pour l’adaptation.  Sur le plan du commerce, il a indiqué que l’accord de libre-échange continental prévoit différentes stratégies qui sont mises en place, notamment l’une fondée sur « l’identification de produits prometteurs à l’exportation ».  L’accord de libre-échange a aussi permis plusieurs initiatives pharmaceutiques axées sur l’achat commun de médicaments.  L’orateur a aussi présenté quelques exemples de bonnes pratiques comme la facilitation d’émission d’obligations vertes en Afrique du Sud pour relancer le secteur électrique sudafricain, le registre commun de crédit d’émission de carbone qui concerne la région autour du bassin du Congo, ainsi qu’un camp d’apprentissage de langages de code informatique organisé par la CEA pour « plus de 15 000 jeunes filles ».

Mme OLGA ALGAYEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Europe (CEE), a déploré le retour de la guerre sur le sol européen et le resserrement de l’espace économique et financier, qui entravent le relèvement et la réalisation du développement durable, tout cela alors que le continent se remettait à peine de la pandémie.  Évoquant une crise à multiples facettes conjuguée aux effets des changements climatiques, elle a présenté un tableau représentant l’inflation historique de plusieurs pays de la zone, inflation risquant de demeurer élevée, avec des conséquences dramatiques pour les plus vulnérables, y compris dans les pays les plus développés d’Europe.  Le ralentissement économique sera important en 2023, particulièrement dans les pays touchés par les problèmes d’accès au gaz.  Les besoins de reconstruction en Ukraine s’élèvent à 350 milliards de dollars, tandis que les émissions de gaz à effet de serre créent des clivages dans la région.

Mme Algayerova a ensuite évoqué les difficiles arbitrages entre mesures de lutte contre les changements climatiques et mesures d’urgence pour maintenir les économies en état de marche et pallier le manque de ressources en énergie.  Dans ce contexte, la CEE agit en renforçant la coopération régionale et en développant l’assistance technique pour la transformation numérique en faveur du développement durable, entre autres.  Pour la transition énergétique, outre sa participation à de nombreux colloques, conférences ministérielles et forums, la CEE a élaboré des recommandations claires en matière de préservation de l’eau, d’économie circulaire, d’économie verte et d’infrastructures durables, de transformation numérique.  Ces transformations doivent impérativement être alliées à une transformation verte pour être bénéfiques et soutenables, a conclu Mme Algayerova.

M. RAÚL GARCÍA BUCHACA, Secrétaire exécutif adjoint pour la gestion et l’analyse des programmes de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), intervenant par visioconférence, a souligné que les effets combinés de la pandémie et de la guerre touchent une région confrontée à des lacunes structurelles croissantes et à une série de crises en cascade, qui se reflètent dans les secteurs de l’emploi, la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et énergétique ainsi que dans les systèmes de protection sociale.  En raison de la pandémie, la région de l’Amérique latine et des Caraïbes a malheureusement renoué avec la croissance faible observée entre 2014 et 2019.  Les projections de la CEPALC estiment que le PIB régional enregistrera une hausse de 3,2% en 2022 et de 1,4% en 2023.  Une faible productivité, de faibles niveaux d’investissements et un niveau élevé de travail dans le secteur informel sont des problèmes structurels régionaux qui s’aggravent, a fait observer M. García Buchaca.  En outre, la pauvreté augmente, atteignant 32% en 2021, et près de 14% pour l’extrême pauvreté, ce qui représente un recul de 27 années.  Les progrès pour éliminer la faim reculent également: en 2021, près de 41% de la population de la région a été confrontée à une insécurité alimentaire modérée ou grave, contre 29% de moyenne mondiale.

En outre, la dette publique atteint 52% du PIB en Amérique latine, et dépasse 90% dans six pays des Caraïbes.  La hausse des taux d’intérêt, la dépréciation des devises et de hauts niveaux de risque au niveau de la dette souveraine entament la capacité des pays à accéder aux financements et donc à investir dans des programmes porteurs de changement pour le développement durable.  Dans ce contexte, des solutions novatrices sont nécessaires, de même qu’une coopération régionale et internationale revitalisée, a conclu le Secrétaire exécutif.

Il a signalé que la CEPALC a mené des actions concrètes en ce sens, comme le plan d’autosuffisance en matière de santé, qui vise à renforcer la recherche et les capacités de production de vaccins et de médicaments dans la région.  M. García Buchaca a également cité l’exemple de la façon dont a été traitée la question urgente de la sécurité alimentaire, en coordination avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondiale (PAM).  La CEPALC travaille également sur la proposition d’une conversion de dette pour l’action climatique qui, avec le Fonds de résilience des Caraïbes, ouvre des possibilités de restructuration de la dette et d’amélioration des liquidités.

Discussion interactive

Après avoir entendu ces exposés, Mme ROSA MALANGO, Directrice du Bureau de New York des commissions régionales et modératrice du dialogue, a donné la parole aux États Membres pour entendre leurs commentaires et entamer un dialogue interactif.  Ces derniers ont notamment salué le rôle joué par les commissions régionales dans le soutien aux pays face aux multiples crises en cours et pour encourager la coopération régionale afin d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.

À ce propos, la Mongolie s’est dit convaincue, au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), que le rôle essentiel et de développement des commissions économiques régionales doit être préservé et renforcé.  Pour ce groupe de pays, ce rôle est particulièrement important deux ans avant le terme du Programme d’action de Vienne et pour se pencher sur les questions qui entravent le développement des PDSL.  À cet égard, l’Éthiopie a fait savoir que la CEA fait partie de ses partenaires de développement les plus fiables.  Le Kazakhstan a suggéré d’éviter les doublons au niveau régional et d’améliorer les synergies.  Le pays a proposé d’établir un centre régional pour le développement durable en Asie centrale, à Almaty.

Le représentant des États-Unis a assuré que les commissions régionales jouent un rôle vital pour accompagner le développement ancré dans les droits humains.  Les États-Unis mettent en place des partenariats pour relever les défis et versent des milliards de dollars en aide humanitaire et pour lutter contre l’insécurité alimentaire.  Ils soutiennent également l’Ukraine pour préserver son intégrité territoriale.

L’Union européenne a aussi évoqué l’agression de la Russie contre l’Ukraine, qui met à mal la population et les infrastructures locales, et a de graves conséquences économiques dans la région, ce qui complique la tâche de la CEE.  La Pologne a ajouté que les conséquences de la guerre touchent en premier lieu les pays limitrophes. C’est la raison pour laquelle le pays est mobilisé, avec 11 pays, pour l’Initiative des Trois Mers qui vise à renforcer les liens dans la région en termes d’énergie, de transport et de numérique.  La représentante polonaise a demandé à Mme Olga Algayerova comment la CEE soutiendra la reconstruction de l’Ukraine et les plans de développement à long terme.

La Fédération de Russie a réagi en disant qu’il n’y a pas de guerre avec l’Ukraine.  La Russie a été contrainte de lancer une opération militaire spéciale pour soutenir la population victime de génocide de la part des autorités de Kiev, a ajouté le représentant.  Le Bélarus a relevé que la coopération technique a toujours été très demandée dans le cadre de la CEE, mais a déploré sa politisation excessive.  La représentante a appelé à davantage de volonté politique pour cette coopération et à renoncer aux mesures coercitives unilatérales.

À propos des infrastructures ukrainiennes, Mme Algayerova, Secrétaire exécutive de la CEE, a indiqué que la CEE a déjà assuré la coordination avec d’autres instances et qu’elle dispose d’outils pour évaluer les dégâts environnementaux.  Nous devons reconstruire ensemble, a-t-elle souligné, ajoutant que la CEE a plusieurs projets.  Mme Algayerova a dit que la Russie a toujours été appréciée pour son soutien à la coopération pour le développement dans la région et que les programmes concernés ne devraient pas être victimes des dissensions.

Revenant à la question du développement durable et de la résilience, l’Afrique du Sud a demandé à M. Pedro ce que la CEA allait faire pour aider les États Membres à préparer le Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD).  Le représentant s’est également interrogé sur le financement de l’action climatique.  Après avoir remercié la CESAO et la CEA pour leur soutien, l’Égypte a demandé à M. Pedro si la CEA comptait prendre des mesures pour alléger la dette des pays africains.  Elle s’est aussi interrogée sur ce que la région peut faire au sujet de l’évasion fiscale.

En réponse, M. Pedro, Secrétaire exécutif de la CEA, a fait savoir que le soutien apporté aux commissions régionales est précieux pour leurs travaux.  Le Sommet sur les ODD est très important et correspond à l’examen décennal de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Selon lui, il ne faut pas se contenter de la routine pour aller de l’avant.  L’exercice mené avec l’Union africaine va vraiment changer la donne, a assuré M. Pedro, donnant l’exemple de l’énergie. Par ailleurs, toutes les commissions régionales vont se présenter avec au moins 10 projets à la prochaine COP, comme la création d’un pôle pour l’accès à une dette moins chère en cas d’action climatique.

S’interrogeant sur la notion de relèvement résilient, la Thaïlande a espéré que la CESAP aidera mieux les pays à l’avenir pour ce qui concerne l’accès au financement pour le développement et l’action climatique.  La Chine a rappelé qu’il faut tenir compte des besoins et spécificités des États Membres et a salué l’action de la CESAP pour la mise en œuvre du Programme 2030, à laquelle la Chine est prête à apporter sa coopération technique.  L’Indonésie a suggéré d’agir plus vite et de mobiliser tous les efforts possibles pour parvenir aux ODD.

En réponse aux interrogations des pays, Mme Alisjahbana, Secrétaire exécutive de la CESAP, a fait savoir que l’action de la CESAP répond aux besoins des pays.

Pour sa part, le Liban a demandé à la CESAO de poursuivre ses efforts dans des domaines souvent négligés, compte tenu des difficultés économiques.  Le représentant a estimé qu’elle est bien placée pour traiter de l’ajustement de l’aide publique au développement (APD) en insistant sur les vulnérabilités multidimensionnelles et la résilience.  Le développement durable ne pourrait se faire sans une approche complémentaire aux niveaux local et régional, a souligné l’Iraq.  Elle nécessite que toutes les parties prenantes et le secteur privé puissent participer à la diversification de l’économie pour atteindre les ODD, ce en quoi la CESAO apporte son soutien.

Au sujet du financement, le Maroc s’est dit convaincu que la transition entre situation de risque et résilience ne pourra pas se faire si la situation de chaque région n’est pas prise en compte.  La représentante a salué le plan d’action dont la CESAO a fait part, avec des mesures ciblées qui répondent aux besoins de la région arabe.  Elle a demandé comment les commissions régionales contribuent aux discussions actuelles et au développement de mesures qui dépassent le critère du PIB pour accéder à des financements concessionnels.  L’observateur de la Palestine a remercié l’équipe de la CESAO pour ses efforts déployés dans la région arabe et dans l’État de Palestine occupé.

À propos du Sommet consacré aux ODD, Mme Dashti, Secrétaire exécutive de la CESAO, a assuré que la CESAO aidera les État Membres à y participer et à évoquer les sujets importants et les initiatives dans le domaine du développement durable.  S’agissant de l’évasion fiscale et des flux financiers illicites, elle a prévenu qu’ils sont bien supérieurs à l’APD et aux investissements étrangers dans la région arabe, constituant un véritable fléau.  La CESAO va aider les États Membres à mettre en place les réformes fiscales nécessaires et à passer au numérique pour être plus efficaces et mieux collecter les impôts.  Le développement est très différent aujourd’hui et une approche multidimensionnelle est nécessaire, a convenu Mme Dashti.  La CESAO travaille à la mise en place d’un indice multidimensionnel, afin que les pays vulnérables ne soient pas pénalisés parce que le seul critère pris en compte est le PIB.

La Colombie fait partie des pays qui ont plaidé pour des mesures de progrès qui aillent au-delà du PIB et permettent une orientation juste et efficace des flux financiers internationaux pour les pays en développement.  Les relations de coopération doivent également dépasser la catégorisation des pays en fonction de leur niveau de revenus.  La République dominicaine a évoqué la nécessité de nouveaux moteurs de croissance avec des résultats redistributifs pour surmonter les déficits de financement des pays à revenu intermédiaire, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID).  L’Union européenne a souligné l’importance de la coopération entre l’UE et l’Amérique latine et les Caraïbes, qui se matérialise notamment par un programme de numérisation.

L’Argentine, qui assume la présidence au prorata du temps de la CEPALC, va coopérer dans un contexte encore plus difficile en raison de la crise de la dette, des inégalités croissantes, des conflits et de la pauvreté.  La représentante a conseillé de repenser la coopération internationale et a insisté sur le rôle crucial d’instances comme la CEPALC pour surmonter les défis et parvenir au développement durable.  Le Costa Rica a remercié la CEPALC de son soutien pour ne laisser personne de côté dans la région.  Le Chili n’a pas dit autre chose et a recommandé de renforcer la coopération internationale, en tenant compte de la situation des pays en transition, avec un processus échelonné et souple.  La représentante a demandé à M. Buchaca quelles sont les mesures envisagées pour accompagner les pays en transition.

Le Brésil s’est dit préoccupé par les conséquences de la pandémie en Amérique latine et dans les Caraïbes, aggravées par la guerre en Ukraine.  Le représentant s’est félicité du soutien de la CEPALC pour essayer de répondre au problème d’accès aux médicaments, entre autres, et pour mettre en place des financements pour faire face aux changements climatiques.

M. Buchaca, Secrétaire exécutif adjoint de la CEPALC, a annoncé que la réunion de chefs d’État et de gouvernement de la CEPALC et de l’UE se tiendra en janvier.  Il a assuré la Colombie que la CEPALC continuera à soutenir les pays à revenu intermédiaire.  Pour répondre au Chili, il a précisé que la CEPALC allait travailler à combler les fossés structurels qui demeurent dans les pays reclassés.

En conclusion, Mme Malango s’est félicitée que 23 États Membres aient apporté leurs commentaires au cours de ce débat avec les commissions régionales, ce qui montre leur intérêt.

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