Soixante-dix-septième session,
14e et 15e séances plénières – matin & après-midi
AG/EF/3571

Deuxième Commission: les États Membres tentent de rebondir dans la lutte contre la faim malgré l’inflation, les pénuries et le choc climatique

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) s’est penchée, ce mercredi, sur les questions d’élimination de la pauvreté, de développement agricole, de sécurité alimentaire et de nutrition.  Des questions complémentaires et profondément imbriquées à entendre les délégations: l’élimination de la pauvreté, notamment rurale, serait essentielle pour mettre un terme aux inégalités et aux migrations.

La pauvreté est profondément liée au milieu rural, où se concentrent plus de 80% des personnes vivant en situation de pauvreté extrême, selon différents rapports de l’ONU.  La situation n’était pas bonne avant la pandémie, elle s’est aggravée depuis.  La majorité des pauvres en milieu rural dépendent des systèmes agroalimentaires et des ressources naturelles.  Ceci les rend particulièrement vulnérables à la surexploitation de ces ressources ainsi qu’aux changements climatiques.

Le contexte général a également inquiété les membres de la Deuxième Commission: le Groupe des États d’Afrique a pointé que l’Union africaine affichait des objectifs ambitieux en matière d’élimination de la faim, mais que la pandémie, les conflits, les crises et l’inflation avaient mis à mal ses efforts en ce sens, en entraînant l’augmentation des prix du blé, des engrais et d’autres intrants.  Le monde recule dans sa mission de mettre fin à l’insécurité alimentaire, a constaté l’Iran.

Pour y remédier, le Groupe des 77 et de la Chine (G77), à l’instar des pays les moins avancés (PMA), a réclamé que les pays en développement bénéficient d’un accès adéquat aux semences et aux intrants, pour renforcer leur capacité de production agricole et donc réduire la pauvreté et la faim.  Sur la même ligne, la Sierra Leone a préconisé de faciliter l’accès au crédit pour se procurer non seulement semences et intrants, mais aussi pour mécaniser son secteur privé agricole.

Le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies a fustigé l’application de mesures coercitives unilatérales, en violation de ladite charte et des normes du droit international.  Ces mesures, selon eux, aggravent les crises pesant sur l’économie mondiale.  Même analyse du Bélarus, qui s’est demandé « pourquoi la communauté internationale est à la traîne pour éliminer la faim » alors que le monde « regorge de ressources » pour nourrir sa population.  Il a lui aussi dénoncé les sanctions unilatérales infligées au Bélarus et à la Russie comme facteur principal et aggravant de l’insécurité alimentaire.  La Russie a de plus critiqué le diagnostic fait par le Secrétariat de l’ONU: ce serait en fait les Occidentaux et leurs banques centrales qui seraient responsables de l’inflation, de la hausse des prix de l’énergie et de la rupture des chaînes d’approvisionnement, pas la guerre en Ukraine engagée par la Russie depuis plus de six mois.

Le soutien à l’agriculture des petits producteurs -l’agriculture « familiale », « à petite échelle », « durable »- a été plébiscité par plusieurs pays dont le Maroc et le Sénégal, qui ont tous deux fait l’éloge de programmes nationaux lancés pour doper le secteur, et aussi par l’Équateur et le Pérou qui y ont vu un moyen d’accéder à la sécurité alimentaire et au bien-être.  Les deux pays voisins d’Amérique latine ont aussi préconisé d’adopter des instruments de mesure du développement différents des critères habituels, en allant au-delà du revenu par habitant.  Ces instruments doivent se baser sur des données ventilées, a précisé l’Équateur, qui mise beaucoup sur le futur indice de vulnérabilité multidimensionnel.

L’appel à augmenter la productivité grâce aux innovations technologiques a également été beaucoup entendu ce mercredi.  Les PMA souhaitent ainsi stimuler l’autosuffisance alimentaire en investissant dans des infrastructures rurales durables et en exploitant « la science, la technologie et l’innovation ».  L’hydrogène vert offre de « grandes opportunités » à mesure que les industries se décarbonent, a affirmé Gerd Müller, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).  Le G77 a plaidé pour que la fracture technologique soit comblée, et interpellé les pays développés pour qu’ils s’engagent à financer le renforcement des capacités des pays en développement.  Le Kenya, lui aussi, a réclamé un appui technologique et financier pour les pays les moins développés, afin qu’ils puissent faire face aux chocs futurs.

La discussion du jour n’a pas oublié de mentionner le rôle important des femmes rurales dans l’élimination de la pauvreté, le Timor-Leste appelant à ce sujet à leur garantir une autonomisation économique et une participation égale aux prises de décisions.  Le rapport du Secrétaire général sur la participation des femmes au développement, présenté par la représentante d’ONU-Femmes, fait une série de recommandations, notamment pour que les femmes participent sur un pied d’égalité au marché du travail, à la prise de décisions et à l’exercice des responsabilités.  Le Burkina Faso a témoigné, à cet égard, que des projets mis en œuvre par son gouvernement dans le secteur agricole et l’autonomisation des femmes portent des fruits.  Le Burundi a, lui, expliqué que la création de la Banque d’investissement des jeunes et de la Banque d’investissement des femmes fait apparaître un nouveau phénomène d’exode urbain des jeunes et des femmes pour aller entreprendre dans les milieux ruraux grâce aux opportunités de financement offertes par ces banques.

La prochaine séance de la Deuxième Commission aura lieu demain, jeudi 13 octobre, à 10 heures.

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION

Présentation de rapports

Mme ZORITSA UROSEVIC, Directrice exécutive de l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), a présenté par visioconférence le rapport intitulé « Promotion du tourisme durable, y compris l’écotourisme, aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement » (A/77/219).  Le tourisme offre des opportunités significatives de développement et constitue un secteur économique prioritaire dans de nombreux pays.  Source importante de revenus, de devises, de recettes fiscales et d’emplois, cette ressource représente pour certains petits États insulaires en développement (PEID) plus de 20% de leur PIB et dans la majorité d’entre eux, plus de 30% des exportations totales, voire 80% dans certains d’entre eux.  Le secteur soutient des millions d’emplois directs et indirects dans le monde entier, en particulier pour les femmes et les jeunes.  Le rapport fait passer le message suivant: pour que le tourisme continue à soutenir une croissance économique inclusive et un développement durable, il est essentiel que le secteur devienne plus durable et résilient, en repensant le tourisme, ses impacts sur les personnes et la planète et en mettant en œuvre les changements transformateurs nécessaires. 

Le rapport fait ressortir deux domaines principaux dans lesquels la Deuxième Commission devrait fournir des orientations politiques supplémentaires.  Premièrement, le rapport souligne la pertinence de la tenue d’un événement thématique de haut niveau sur le tourisme, comme celui organisé par le Président de la soixante-seizième session de l’Assemblée générale en coopération avec l’OMT en mai 2022, misant sur une telle consultation statutaire sur le tourisme dans le système des Nations Unies pour poursuivre le travail déjà entamé et maximiser la contribution du tourisme à l’agenda de la durabilité.  Deuxièmement, afin de mieux intégrer le tourisme durable en tant que concept plus large, de mieux comprendre la durabilité axée sur la résilience, de faire écho à l’ampleur des défis causés par la pandémie de COVID-19 et de renforcer la reprise et la transformation globales du secteur du tourisme, l’OMT propose d’ajuster le texte de la résolution sur ce sujet et de remplacer le titre par « Promotion d’un tourisme durable et résilient pour le développement ». 

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport sur les « Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/77/176).  Il met notamment en exergue les conséquences socioéconomiques de la pandémie de COVID-19 et du conflit en Ukraine, comme la hausse de la pauvreté, des inégalités socioéconomiques et de l’insécurité alimentaire, qui devraient se traduire par une augmentation nette du nombre de personnes touchées par l’extrême pauvreté, de 75 à 95 millions de personnes d’ici à la fin 2022, par rapport aux projections antérieures à la pandémie.  Le rapport indique en outre que les changements climatiques entraîneront, sauf inversion de tendance, jusqu’à 130 millions de personnes dans la pauvreté au cours des 10 prochaines années.  Le rapport émet une série de recommandations, comme l’adoption de politiques axées sur des mesures intégrées, inclusives et viables qui ne laissent personne de côté afin de réaliser un relèvement rapide et durable menant à une situation meilleure qu’au préalable.  Il recommande aussi la mise en œuvre de politiques économiques inclusives qui favorisent une croissance durable afin de réduire la pauvreté et les inégalités, de systèmes de santé plus solides ainsi que l’accroissement de l’investissement dans le capital humain.

M. GERD MÜLLER, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a présenté par visioconférence le rapport intitulé « Coopération pour le développement industriel » (A/77/138).  Ce rapport rappelle que l’industrialisation a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté et que c’est un outil puissant pour créer des emplois et des revenus, pour diversifier les économies et pour stimuler l’innovation.  L’innovation, la numérisation et les technologies modernes sont la solution à nombre de nos plus grands défis, a dit le Directeur général en prenant comme devise « le progrès par l’innovation ».  La première et la plus importante des priorités est de lutter contre la faim et la pauvreté, sachant que quelque 800 millions de personnes souffrent actuellement de la faim et ont besoin d’un soutien urgent.  Il a donc préconisé de donner des perspectives aux jeunes femmes et hommes, de créer des emplois décents et d’augmenter les revenus au niveau local, de créer localement de la valeur avec des salaires et des prix équitables au début des chaînes d’approvisionnement. 

Le défi climatique et énergétique est une autre priorité, a-t-il poursuivi.  Près de 800 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’énergie.  Les trois quarts d’entre elles vivent en Afrique subsaharienne.  Sans énergie, il n’y a pas de développement.  « Nous devons soutenir le transfert de technologies énergétiques propres, faciliter les partenariats pour les investissements et investir dans des solutions transformatrices », a affirmé M. Müller, pour qui le développement de l’hydrogène vert et de nouvelles solutions technologiques offre de grandes opportunités à mesure que nous décarbonisons l’industrie.  Le rapport montre qu’un développement industriel durable et inclusif peut constituer une réponse puissante à bon nombre de nos défis mondiaux, a déclaré le rapporteur pour qui ce dont le monde a besoin est d’une coopération et d’une solidarité internationales accrues - pour partager les connaissances et les technologies, et pour accélérer le soutien. 

« L’ONUDI est votre partenaire en matière de développement durable », a-t-il poursuivi.  Avec son expertise et ses réseaux, l’ONUDI peut être une plateforme centrale pour mobiliser des partenariats et des investissements.  M. Müller a encouragé les échanges internationaux d’idées, d’innovations, de savoir-faire et de technologies transformatrices. 

Mme SYLVIA HORDOSCH, de la Division des politiques, des programmes et des relations intergouvernementales d’ONU-Femmes, a présenté le rapport du Secrétaire général consacré à la « participation des femmes au développement » (A/77/243), qui examine la situation actuelle et les tendances observées au niveau mondial, les mesures prises à l’échelle nationale et le soutien apporté par les organismes des Nations Unies dans les domaines suivants: élimination de la pauvreté, protection sociale et marché du travail; travail et droits humains des femmes et mesures à prendre pour en finir avec la discrimination de genre; entrepreneuriat des femmes; soins et travail domestique non rémunérés assumés par les femmes et les filles et soins rémunérés prodigués par les femmes; violence de genre et harcèlement sexuel; accès universel aux services de santé, notamment de santé sexuelle et procréative; et droit à l’éducation tout au long de la vie.

Malgré les progrès accomplis dans la réduction des inégalités de genre, les engagements pris par les États Membres dans le Programme et la Déclaration d’action de Beijing de 1995 ne sont toujours pas respectés et des écarts importants subsistent entre femmes et hommes, souligne le rapport.  Aussi, pour ce qui concerne l’objectif de développement durable (ODD) no 5, le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’égalité entre les sexes.

Des lois et des politiques discriminatoires ainsi que des normes sociales négatives continuent d’entraver la participation pleine et égale des femmes à l’économie.  Dans 190 pays, les femmes n’ont que trois quarts des droits légaux des hommes, ce qui signifie que 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne bénéficient pas de l’égalité des chances économiques.

En outre, la pandémie de COVID-19 a posé des difficultés sans précédent pour l’avancement économique des femmes.  Presque tous les pays ont pris des mesures visant à contenir le virus, mais la grande majorité des plans de relèvement ne tenaient pas compte des questions de genre et la plupart des mesures ne sont pas adaptées aux femmes.  La crise a, de plus, creusé les inégalités entre les sexes dans le monde du travail, avec des effets négatifs sur les secteurs économiques où les travailleuses sont surreprésentées.  Il est de plus en plus évident qu’un relèvement inclusif et durable de la pandémie de COVID-19 n’est envisageable que si l’égalité des genres est au centre des politiques de protection sociale et des politiques du marché du travail, a insisté Mme Hordosch.

Le rapport fait une série de recommandations, notamment pour permettre l’éradication de la pauvreté des femmes et des filles en investissant dans les emplois, les revenus et les moyens de subsistance des femmes et en réduisant la part disproportionnée des soins et du travail domestique non rémunérés qu’elles effectuent.  Le rapport recommande également de faire en sorte que les femmes participent sur un pied d’égalité au marché du travail, à la prise de décisions et à l’exercice des responsabilités, en s’attaquant aux obstacles structurels qu’elles rencontrent et en supprimant les lois, normes sociales et pratiques discriminatoires.  Assurer l’accès des femmes à un travail décent et à l’entrepreneuriat et éliminer les écarts de rémunération sont d’autres recommandations abordées dans le rapport.

Mme MARION BARTHELEMY, Directrice au Bureau de l’appui et de la coordination intergouvernementale des Nations Unies (DESA), a présenté le rapport intitulé « Mise en valeur des ressources humaines » (A/77/234), qui met en évidence les profondes répercussions de la pandémie, des conflits armés et des changements climatiques sur le bien-être des populations, leurs ambitions et leurs aspirations.  Ces chocs ont affecté la santé des populations, la façon dont elles apprennent, la façon dont elles travaillent et, en définitive, la façon dont elles vivent ensemble.  De plus, ces défis externes inattendus ont un impact profond sur la vie et le bien-être des individus, comme la sécurité alimentaire.  Cela se constate déjà sur les groupes vulnérables, provoquant une augmentation des inégalités et entravant la mise en œuvre du Programme 2030 et la durabilité à long terme.

Comme les évolutions à long terme -l’augmentation des migrations et les nouveaux modèles de migration, l’évolution de la démographie, l’urbanisation et les progrès technologiques- affectent la vie des personnes à l’échelle mondiale, le rapport recommande d’intégrer des compétences telles que la pensée critique et créative et la sensibilisation au développement durable dans les efforts d’éducation tout au long de la vie.  Il préconise aussi, pour obtenir une résilience à long terme des ressources humaines, d’ancrer les efforts dans toutes les parties des sociétés.  À cette fin, les politiques doivent être élargies pour inclure des efforts holistiques et inclusifs dans la prise de décision et la mise en œuvre.  Les stratégies doivent inclure l’engagement de toutes les parties prenantes concernées, a encore précisé Mme Barthelemy.  Enfin, elle a fait remarquer que les défis transfrontaliers nécessitent des solutions transfrontalières.  Cela signifie que la coopération multilatérale est plus importante que jamais, comme le dit le rapport.

M. MAXIMO TORERO, Économiste en chef à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a présenté deux rapports du Secrétaire général en visioconférence.  S’agissant du rapport (A/77/209) intitulé « Éliminer la pauvreté en milieu rural pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », il contient un examen de l’état actuel de la pauvreté en milieu rural, notamment dans les pays en développement, ainsi que des recommandations d’action pour surmonter les nombreuses lacunes et difficultés, en mettant particulièrement l’accent sur les liens entre pauvreté et inégalité.  Il présente des tendances alarmantes sur la pauvreté rurale, qui représente plus de 80% des personnes vivant en situation de pauvreté extrême.  La situation n’était pas bonne avant la pandémie de COVID-19 et elle s’est aggravée depuis.  La majorité des pauvres en milieu rural dépendent des systèmes agroalimentaires et des ressources naturelles, ce qui les rend particulièrement vulnérables à la surexploitation de ces ressources et aux changements climatiques.

Pour éliminer la pauvreté en milieu rural, il est urgent de lutter contre les inégalités, qui sont amplifiées par les crises économiques mondiales, les politiques d’austérité, les changements climatiques et les chocs qui en découlent.  Des mesures immédiates sont nécessaires pour éviter le basculement dans la pauvreté à court terme, parallèlement à des politiques économiques et environnementales multisectorielles à plus long terme fondées sur les droits, qui s’attaquent aux inégalités structurelles et à la pauvreté rurale, recommande le rapport.

M. Torero a ensuite présenté le rapport intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » (A/77/241).  Il donne un aperçu de la manière dont le passage à des systèmes agroalimentaires durables atténue l’incidence des crises persistantes en permettant une action collective basée sur tous les ODD pour maximiser les synergies.  Il passe en revue les enseignements tirés des conséquences persistantes de la pandémie de COVID-19 et des efforts déployés pour s’en remettre, les données factuelles sur la manière de renforcer la résilience face aux retombées d’un conflit sur la sécurité alimentaire et la nutrition aux niveaux local et mondial, ainsi que les moyens de remédier aux inégalités persistantes dans les systèmes agroalimentaires afin d’améliorer l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition.

En 2021, le nombre de personnes souffrant de la faim a dépassé de plus de 46 millions le nombre de 2020 et de 150 millions par rapport à la période antérieure à la pandémie.  La situation nutritionnelle est alarmante, d’autant que le coût d’un régime sain augmente en permanence et est inaccessible pour environ 80% des Africains.  Tous les indicateurs montrent en outre que les femmes sont davantage exposées à la pauvreté et à la faim. 

Discussion générale conjointe

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait valoir que la pauvreté étant responsable de souffrances et d’insécurité, il n’est pas étonnant qu’elle soit un ODD prioritaire.  La pandémie a éliminé les progrès dans ce domaine, sans compter l’inflation et les tourments géopolitiques, a-t-il relevé.  Il a noté que si les pays les plus riches se sont mobilisés contre la pandémie, les pays en développement luttent pour obtenir une fraction des sommes énormes investies.  Les populations les plus vulnérables ont besoin de transferts de liquidités, a-t-il rappelé.  Face à la montée des prix de l’énergie, il a prôné un appui logistique rapide et des investissements, ainsi que des mesures coordonnées pour lutter contre la crise alimentaire.  En matière d’agriculture, les pays en développement doivent avoir un accès adéquat aux semences et aux intrants, a-t-il aussi réclamé.  Le représentant a aussi encouragé une croissance économique inclusive et l’accès à un emploi décent pour tous.

Les conflits augmentent les déplacements forcés, exacerbent les problèmes sociaux et économiques, a-t-il aussi remarqué.  Il a donc jugé essentiel que les accès aux financements soient plus souples et équitables, arguant que les pays en développement doivent avoir leur juste part du développement global.  Les pays en développement doivent obtenir les ressources financières nécessaires via les droits de tirage spéciaux (DTS) et des financements concessionnels, selon l’orateur.  Il a aussi recommandé d’accélérer la réalisation des ODD via des investissements dans l’éducation, l’assainissement et les nouvelles technologies, notamment, plaidant aussi pour que la fracture technologique soit comblée.  Enfin, il a appelé les pays développés à s’engager pour financer le renforcement des capacités des pays en développement.

Au nom des pays en développement sans littoral (PDSL), Mme LORATO MOTSUMI (Botswana) a rappelé qu’il est nécessaire de transformer la croissance actuelle pour réussir à éliminer la pauvreté.  Elle a insisté sur le rôle du système des Nations Unies pour le développement, qui aide les État Membres à cet égard.  La représentante a encouragé à adopter et à suivre des programmes intégrés sur la voie du développement.  Elle a aussi demandé à la communauté internationale d’appuyer les PDSL dans leurs efforts visant à élargir leurs systèmes de protection sociale et à éviter que davantage de groupes vulnérables ne tombent dans la pauvreté.  La représentante a également plaidé pour un appui à la transformation des systèmes alimentaires.

Mme AGNES MARY CHIMBIRI MOLANDE (Malawi), au nom du groupe des pays les moins avancés (PMA) s’est désolée que la guerre en Ukraine ait encore aggravé la situation de la faim et de la malnutrition dans les PMA importateurs nets de denrées alimentaires, en raison des pénuries de céréales et d’engrais et de la hausse des coûts énergétiques.  Le Programme d’action de Doha pour les PMA, adopté en mars de cette année, trace une nouvelle voie pour ces pays afin qu’ils puissent accélérer les progrès vers les ODD, avec comme objectif primordial l’éradication de l’extrême pauvreté.  Afin d’éradiquer la pauvreté multidimensionnelle, il faut avant tout renforcer la capacité de production et l’accès aux marchés, ce qui permettra d’atteindre une croissance économique durable et inclusive.  La déléguée a plaidé pour un soutien et des partenariats internationaux à l’égard des PMA, y compris par le biais de la coopération Sud-Sud, afin de promouvoir le transfert de technologies, les investissements directs étrangers, le développement des infrastructures, l’assistance technique, l’aide au commerce et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles.  Les PMA ont aussi besoin d’un financement du développement pour soutenir leurs efforts d’éradication de la pauvreté, a-t-elle ajouté, ce qui inclut un accès facile à un financement climatique prévisible, en particulier un financement pour l’adaptation.

Or, le niveau de l’aide publique au développement (APD) est inférieur à l’objectif des Nations Unies de 0,15-0,2%, a regretté la représentante.  Elle a en outre noté des réductions inquiétantes des dépenses d’APD et des détournements en réponse à des conflits, alors même que les PMA consacrent actuellement 14% de leurs revenus à payer les intérêts de leur dette.  L’APD doit être augmentée, a martelé la représentante des PMA, qui a appelé les partenaires de développement à respecter leurs engagements.  Elle a aussi demandé un allégement adéquat de la dette.  Appelant en outre à investir dans les personnes à travers des systèmes de protection sociale efficaces et un accès universel à une éducation de qualité et au développement des compétences, la représentante a indiqué que les PMA consacrent en moyenne 1,14% de leur PIB à la protection sociale, dont la couverture sociale ne touche que 14% de leur population.  Or, les systèmes de protection sociale universels sont au cœur de la stimulation du capital humain, de la productivité, de la réduction des inégalités et du renforcement de la résilience et de la fin du cycle intergénérationnel de la pauvreté, a-t-elle rappelé.

Enfin, la représentante des PMA a préconisé de renforcer la capacité de production agricole et de stimuler l’autosuffisance alimentaire.  Pour cela, il faut investir dans des infrastructures rurales durables, exploiter la science, la technologie et l’innovation, faciliter l’accès aux marchés des intrants et du crédit, améliorer les chaînes de valeurs agricoles et tirer parti du commerce régional et mondial, a-t-elle énuméré.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a attiré l’attention sur le poids de l’agriculture dans l’économie de la région, secteur qui contribue à éliminer la pauvreté.  Mais la pandémie et les crises de 2022 ont infligé des dégâts à la production agricole ainsi qu’aux chaînes d’approvisionnement mondiales, a-t-il rappelé.  Le délégué a regretté de constater que les progrès en matière de nutrition dans l’ASEAN sont lents, même si celle-ci s’attache à renforcer la sécurité alimentaire régionale.  L’ASEAN finalise un plan sur le développement rural et compte sur l’aide des Nations Unies pour le mettre en œuvre, a-t-il fait valoir.  Le représentant a assuré que l’élimination de la pauvreté compte parmi les priorités absolues de l’ASEAN.  Il a signalé de nombreux progrès réalisés grâce aux initiatives régionales et aux partenariats accrus entre secteurs public et privé.

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a indiqué que l’Union africaine a affiché des objectifs ambitieux en matière d’élimination de la faim, mais que la pandémie, les conflits, les crises et l’inflation mettent à mal ces efforts en augmentant les prix du blé, des engrais et d’autres intrants.  Limiter l’insécurité alimentaire et la faim en Afrique nécessite de développer l’agriculture à petite échelle, entre autres, a-t-il affirmé.  Il a appelé à une approche progressiste pour réussir.  Face à un défi technique, le Groupe des États d’Afrique demande davantage de semences, d’engrais, a dit le délégué.  À court terme, il a expliqué qu’il faut atténuer les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement provoquées par les crises et les conflits, tandis qu’à long terme, il faut améliorer la collecte de données et la mise en commun des nouvelles technologies.  À tous les niveaux, il faut harmoniser les politiques nationales avec les conjonctures régionales, a-t-il ajouté.

Parmi ses recommandations, l’orateur a appelé à investir dans les nouvelles technologies et notamment dans les semences améliorées résistantes aux changements climatiques; à recourir à des meilleures pratiques agricoles sur le continent; à être plus résilient face aux chocs et à apprendre aux populations à gérer les risques; à renforcer la productivité; ainsi qu’à développer des solutions novatrices dans le sillage des cadres régionaux existants, pour développer le commerce en Afrique, par le biais de la zone de libre-échange africaine.

Au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a déploré que la pandémie ait aggravé la pauvreté et fait reculer beaucoup des progrès accomplis en matière de développement, en particulier dans les pays du Sud.  Il a exprimé sa profonde préoccupation face à l’impact potentiel des tensions géopolitiques dans le monde, notamment sur l’éradication de la pauvreté et de la faim.  Selon lui, il existe une seconde pandémie qui sape les efforts pour mettre en œuvre le Programme 2030, à savoir l’unilatéralisme, qui se caractérise par l’application permanente de mesures coercitives unilatérales, en violation flagrante des buts et principes consacrés par la Charte des Nations Unies et les normes du droit international.  Pour les pays membres du Groupe, il est clair que ces mesures aggravent délibérément les crises multiples auxquelles l’humanité est confrontée et qu’elles auront des répercussions négatives sur l’économie mondiale dans son ensemble.  Il a qualifié l’application illégale de telles mesures, qui visent la population civile, de crimes contre l’humanité.  Il a lancé un appel à l’évaluation urgente de l’impact négatif des sanctions unilatérales sur la crise mondiale actuelle.

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) s’est exprimé également au nom de l’Éthiopie et en tant que Coprésident du Groupe d’amis pour un développement industriel, inclusif et durable.  Il a souligné que le relèvement reste inégal à travers le monde, s’inquiétant en particulier pour les femmes et les jeunes travaillant dans le secteur informel.  Les capacités industrielles et les technologies de production numérique sont centrales pour la résilience et pour se préparer à l’avenir, a-t-il insisté.  Pour lui, il existe incontestablement un lien étroit entre le développement industriel et durable et le développement économique, social et environnementale à long terme.  Il a plaidé notamment en faveur de l’accès à l’énergie durable et pour la mise en place de chaînes de productions justes, qui seront de plus en plus important à l’avenir.  Il a appelé l’ONUDI à continuer de jouer un rôle de chef de file dans la coopération au développement industriel.  À la communauté internationale, il a demandé de redoubler d’efforts dans la poursuite de l’ODD no 9 et d’insuffler un élan dans le développement industriel et durable.  Il a dit attendre avec intérêt le forum sur le financement du développement de l’ECOSOC qui se tiendra l’an prochain.

Mme KAREN JEAN BAIMARRO (Sierra Leone) a rappelé que 900 millions de personnes se trouvent aujourd’hui dans une situation de pauvreté, beaucoup plus qu’en 2019, et qu’une personne sur trois n’a pas accès aux denrées alimentaires, l’Afrique et l’Asie étant beaucoup plus touchées que les autres continents.  Beaucoup d’enfants souffrent dans le monde entier, a-t-elle déploré.  En Sierra Leone, la tendance est similaire, depuis 2021: 2 millions de personnes sont en état de pauvreté extrême dans le pays qui est donc loin de mettre fin à la famine d’ici à 2030.  La représentante a mentionné ce que fait le Gouvernement de son pays pour y remédier, notamment en augmentant les terres cultivables et en se concentrant sur le développement du secteur privé pour protéger les petits agriculteurs.  Elle a ajouté que des efforts sont déployés pour mécaniser le secteur privé grâce à des facilités de crédit destinées à ce secteur, ainsi que pour faciliter l’accès aux intrants et aux engrais.

Pour M. VADIM PISAREVICH (Bélarus), le monde regorge de ressources pour nourrir toute la population.  « Pourquoi donc la communauté internationale est-elle à la traîne pour éliminer la faim? »  L’inadéquation entre ressources et réalité est le fruit d’une mondialisation inégale qui accroît les inégalités entre pays, de nombreuses crises et conflits, des processus néfastes des changements climatiques qui sapent la sécurité alimentaire mondiale, et enfin, des mesures coercitives unilatérales, a-t-il analysé.  Le représentant s’est élevé contre ces restrictions imposées au Bélarus et à la Russie sans l’aval des Nations Unies, et qui ont réduit l’offre en engrais et en céréales et provoqué une réaction en chaîne, dont l’apparition de la faim dans les pays en développement.  Le représentant du Bélarus a donc appelé les pays responsables à cesser cette politique néfaste.

M. ABDULRAHMAN ABDULAZIZ AL-THANI (Qatar) a pointé le fait que le Programme d’action de Doha pour les PMA appelle à se concentrer sur les investissements et le renforcement des capacités pour que personne ne soit laissé en marge.  Le prochain rendez-vous de Doha, du 5 au 9 mars 2023, sera l’occasion de progresser sur ces sujets, a-t-il espéré.  Le délégué a ensuite évoqué un partenariat entre le Qatar et la Fondation Bill et Melinda Gates pour développer de meilleures pratiques agricoles dans les régions sèches de l’Afrique.

M. PANUPUNG PECHPLOY (Thaïlande) a demandé de sauvegarder le multilatéralisme pour éviter la plus grave crise alimentaire de l’histoire, demandant que certains pays s’abstiennent d’imposer des restrictions aux exportations qui ne sont pas conformes aux règles de l’OMC.  Pour être mieux préparés aux crises futures, la Thaïlande estime que l’agroécologie est une solution essentielle pour construire des systèmes alimentaires plus durables et plus sains, a indiqué le représentant, qui a aussi jugé important d’investir pour s’assurer que les petits agriculteurs aient accès aux technologies afin de pouvoir produire davantage et de réduire les pertes.  Depuis 2016, la Thaïlande ne compte aucune personne vivant en-dessous du seuil de pauvreté international, s’est félicité le délégué.  Le pays a présenté un indice de pauvreté multidimensionnel national qui va au-delà du seul revenu.

Mme SHARON BERNADETH JUÁREZ ARGUETA (Guatemala) a mis l’accent sur la situation complexe dans laquelle se trouvent les petits agriculteurs.  Les systèmes mondiaux de denrées alimentaires ont été gravement touchés par les crises, exacerbant la pauvreté, a ajouté la représentante.  Elle a appelé à unir les efforts pour protéger les plus vulnérables et à renforcer la protection sociale et l’accès à la santé et aux denrées alimentaires.  Cette année, le Gouvernement du Guatemala a accordé des aides aux personnes vulnérables et touchées par des catastrophes, a-t-elle fait valoir.

Mme CYNTHIA MICHELLE BARNEY ALVARADO (Mexique) a souligné que la pauvreté annule les droits à une alimentation adéquate, à la santé, au logement et à l’éducation, entre autres.  L’élimination de la pauvreté, notamment rurale, est essentielle pour mettre un terme aux inégalités et aux migrations, a-t-elle ajouté.  La déléguée a recommandé de maintenir les flux mondiaux d’aliments, notamment dans les contextes de tension géopolitique.  Un appui technique et financier entre les pays est également nécessaire, a-t-elle aussi préconisé.  La représentante a fait savoir que la politique agroalimentaire du Mexique a pour objectif l’autosuffisance alimentaire et un système juste et équitable.

M. MD FARUK HOSSAIN (Bangladesh) a observé que, selon la Banque Mondiale, l’indice des prix agricoles est 34% plus élevé cette année qu’en 2021.  L’illusion d’un monde sans fin semble loin, la faim est un problème mondial et la solution donc doit être mondiale, a-t-il tranché, en demandant à l’ONU d’être aux avant-postes et en assurant que le Bangladesh se tient prêt.  Le délégué a plaidé pour que l’insécurité alimentaire mondiale soit combattue à tous les niveaux en mobilisant les grands bailleurs de fonds, la priorité devant être accordée à la sécurité alimentaire dans les pays en situation particulière comme les PMA, les PEID, et les pays en développement sans littoral.

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a fustigé les énormes ressources consacrées aux dépenses militaires ainsi que le viol des dispositions de la Charte des Nations Unies par des mesures coercitives unilatérales.  Il a aussi dénoncé les mesures commerciales protectionnistes iniques.  Pour aller de l’avant, il a appelé à réduire les asymétries et à respecter les promesses d’APD faites par les pays développés.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a déclaré qu’en tant que pays en développement sans littoral, la Mongolie met en place des programmes cibles contre le chômage et la pauvreté au niveau national.  Durant la pandémie, des mesures d’atténuation ont été mises en œuvre comme la multiplication par cinq des allocations familiales et l’augmentation de l’aide alimentaire, mais les capacités fiscales du pays ont fondu, s’est-il inquiété.  Le représentant a indiqué que la Mongolie importe la moitié de ses aliments de l’étranger, l’huile alimentaire notamment.  Des mesures ont été prises pour plafonner des produits de base comme la viande ou le pétrole et des mesures financières ont été imaginées pour les bergers nomades.

Mme KATHERINE ANAS AHMAD AL-HALIQUE (Jordanie) a demandé à la communauté internationale d’adopter une approche intégrée pour faire face aux défis et aux crises.  La Jordanie s’attache à assurer une vie digne, un accès à l’emploi et aux services sociaux pour tous, a-t-elle fait savoir, en indiquant qu’elle veut mettre à profit les technologies pour atténuer la pauvreté.  Elle a aussi indiqué que la Jordanie a mis en place un régime social unifié afin de mieux prendre en charge les bénéficiaires.  De même, elle utilise les technologies pour mieux gérer la ressource rare qu’est l’eau et pour créer une ligne de vie alimentaire, a signalé la déléguée.

Pour Mme NADJA MICAEL (Érythrée) a souligné l’incohérence majeure de notre temps qui est que nous vivons dans un monde de riches entouré par les plus pauvres.  L’Érythrée aurait besoin de technologies hydriques pour redistribuer l’eau de manière efficace, a-t-elle partagé.  Elle a fait remarquer que la dégradation des terres et le manque d’eau dans cette région du Sahel est un véritable défi à la production alimentaire.  Le Gouvernement a créé des systèmes d’irrigation et les résultats sont là, a assuré la représentante.  Le projet phare du Gouvernement consiste à assurer la nutrition en associant bétail et culture, et en soutenant les petits agriculteurs.

Mme AUDREY FAY GANTANA (Namibie) s’est inquiétée des conséquences du ralentissement de la croissance mondiale, de l’insécurité alimentaire et de la flambée des prix sur la pauvreté et la sécurité alimentaire.  Elle a estimé que la pandémie a eu des effets positifs en suscitant des efforts, grâce à des programmes en faveur de la sécurité alimentaire et de l’alimentation.  La représentante a attiré l’attention sur le fait que l’agriculture est un secteur dont découlent 70% des moyens de subsistance en Namibie, pays très vulnérable aux changements climatiques.

M. CARLOS EFRAÍN SEGURA ARAGÓN (El Salvador) a demandé d’agir de manière décisive et holistique pour améliorer l’autonomisation des femmes et des filles, arguant que cela contribue notamment au développement durable.  Il a témoigné de ce que fait son pays dans cet objectif, avec notamment la création de l’Institut du développement de la femme, qui met en place des programmes de renforcement des capacités productives.  Le délégué a reconnu qu’il faut, au cours de la présente session, progresser dans la recherche de solutions face aux défis actuels.  El Salvador connaît actuellement une alerte rouge à cause de l’ouragan Julia, a-t-il dit, en tirant les conséquences sur les moyens d’agir.  Le délégué a aussi parlé de ce qui est fait pour renforcer la nutrition au cours des premiers mille jours de vie des enfants salvadoriens.

M. BOKOUM MAHAMADOU (Burkina Faso) a relevé la forte augmentation du nombre de personnes vivant dans la pauvreté dans le monde.  Le Burkina Faso compte 22 millions d’habitants, dont une forte part de jeunes, a-t-il dit, en expliquant que le pays repose sur l’agriculture, qui contribue à environ 40% du PIB.  Cependant, il a cité les multiples difficultés liées au climat, notamment avec près de la moitié du territoire qui est soumise à la dégradation des terres et aux tempêtes de sable et de poussière.  À cela s’ajoutent les attaques terroristes et les conflits internes, une situation qui a entraîné le déplacement de plus de 1,5 million d’habitants.  Le délégué a parlé de la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle, espérant que les projets mis en œuvre également dans le secteur agricole et l’autonomisation des femmes portent des fruits.  D’énormes efforts restent à faire pour atteindre l’ODD no 2, a-t-il conclu, en assurant que son pays reste engagé dans cette voie, comptant sur le soutien de la communauté internationale.

M. SAMUEL ISA CHALA (Éthiopie) a indiqué agir pour renforcer la productivité dans les secteurs de la santé et l’éducation, le pays étant doté d’un plan 2022-2030 qui prévoit des réformes.  Il a fait part de la baisse de l’extrême pauvreté en Éthiopie et de la mise en œuvre de programmes de protection sociale dans son pays, citant aussi les progrès réalisés dans le nombre d’inscription à l’école (92% à l’école secondaire) et dans le domaine de la santé.  Le représentant a également mentionné des progrès importants dans l’accès à l’électricité et dans le développement rural.  Il a conclu en soulignant l’importance des efforts nationaux pour réaliser les ODD, en partenariat avec la communauté mondiale.

M. DIEGO BELEVAN (Pérou) a préconisé d’adopter des instruments de mesure du développement différents, qui aillent au-delà du revenu par habitant, et d’ajouter la coopération technique à l’augmentation des investissements contre les changements climatiques.  Les petits agriculteurs sont essentiels et il faut les aider à renforcer la sécurité alimentaire, a-t-il prôné, en recommandant aussi d’augmenter la productivité grâce aux innovations technologiques.  Il a aussi appelé à investir dans les infrastructures et la formation, à renforcer la transparence et la participation à la gestion durable des sols, à engendrer des conditions de développement durable pour les sols et les forêts et, enfin, à permettre l’accès des petits agriculteurs au crédit.

M. LI GUANNAN (Chine) a recommandé de renforcer l’agriculture en milieu rural et les investissements vers les PMA pour accroître leur autosuffisance et réduire les fluctuations des marchés.  Il faut aussi que les pays développés respectent leurs engagements en matière de financement climatique, a-t-il lancé.  La Chine est parvenue à ses objectifs de réduction de la pauvreté 10 ans avant la date prévue, s’est enorgueilli l’orateur, en ajoutant que son pays propose un appui aux pays en développement pour réduire la pauvreté et développer leur agriculture.

Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a préconisé d’adopter des instruments de mesure du développement différents allant au-delà du revenu par habitant.  Ces instruments doivent se baser sur des données ventilées, a précisé la déléguée, qui a misé sur le futur indice de vulnérabilité multidimensionnel.  Elle a évoqué l’agriculture à petite échelle, familiale, comme un moyen d’accéder à la sécurité alimentaire et au bien-être.

M. EMMANUEL KINGI KENGA (Kenya) a demandé d’agir de manière urgente et audacieuse pour faire face aux défis.  L’augmentation des prix du pétrole et des denrées alimentaires continue de poser problème et les plus pauvres sont les plus désavantagés, s’est-il inquiété.  Le représentant a indiqué que le Kenya a supprimé les taxes sur l’importation de nourriture pour le bétail et qu’il soutient la diversification des récoltes, afin d’aider les petits agriculteurs.  Il a assuré qu’un appui technologique et financier est essentiel pour les pays les moins développés afin qu’ils puissent faire face aux chocs.  La lutte contre les changements climatiques ne devrait pas éliminer les efforts faits sur la voie de développement d’autres pays, a-t-il relevé, en plaidant pour que cette lutte reste basée sur l’équité.

Mme TAHMINA HASANOVA (Tadjikistan) a expliqué que son pays doit faire face à des défis technologiques importants.  Elle a ajouté que le Tadjikistan est vulnérable aux changements climatiques.  La sécurité alimentaire est l’une de ses priorités, a-t-elle dit, en annonçant avoir adopté des stratégies pour atteindre l’ODD no 2 de « Faim zéro ».  La représentante a estimé que les systèmes alimentaires globaux doivent être mis à jour, en y intégrant la science, avec un accent sur la numérisation et l’innovation.

M. OSAMA ALZUMAN (Arabie saoudite) a observé que la hausse des prix de l’alimentation mène à des tensions dans les communautés les plus vulnérables et à des défis sécuritaires.  Pour aider les pays confrontés à des difficultés économiques et à des catastrophes naturelles, l’Arabie saoudite fournit une assistance, a-t-il indiqué, en plaidant pour davantage de dialogue et de solutions pacifiques, pour que tous les peuples puissent concrétiser leurs aspirations.  Le représentant a assuré que son pays a adopté des stratégies pour renforcer la sécurité alimentaire et relever les défis des changements climatiques.  Le pays fait de son mieux pour préserver ses ressources alimentaires, avec l’objectif de les utiliser de façon rationnelle tout en augmentant la qualité nutritionnelle de l’alimentation.  Pour le représentant, la voie vers le développement durable dépendra du niveau de coopération, d’autant qu’atteindre l’ODD no 2 est de plus en plus difficile.

Mme ANAIS ALOSTAD (Koweït) a dit que le Koweït accorde une grande importance aux droits des femmes dans le développement.  Le Gouvernement reconnaît que l’égalité femmes-hommes est essentielle pour éradiquer la pauvreté et parvenir à un développement durable, a-t-elle assuré.  Elle a ajouté que le Gouvernement donne la priorité à l’autonomisation économique des femmes et leur accorde un rôle essentiel dans les processus décisionnels.  La représentante a précisé que les femmes du Koweït ont toujours été reconnues comme des pionnières, nombre d’entre elles occupant des postes à responsabilité.  Le Koweït soutient les efforts de l’ONU en ce qui concerne la condition féminine et a mis à jour sa législation afin de mettre un terme à toute discrimination, a dit la déléguée en conclusion.

M. VOLODYMYR LESCHENKO (Ukraine) a évoqué la guerre russe ciblant l’Ukraine, cause principale de la crise économique mondiale, avec de nombreuses répercussions sur les pays en développement.  Auparavant, l’Ukraine était un grand exportateur de denrées alimentaires et elle souhaite continuer à fournir des produits agricoles à ceux qui sont dans le besoin, a déclaré le délégué, précisant que des céréales ont déjà pu être exportées grâce à l’initiative de transport par la mer d’Azov.  Avant l’invasion de l’Ukraine, 80 à 90% de toutes les exportations agricoles transitaient par voie maritime et il a fallu trouver d’autres voies, a-t-il rappelé.  Grâce à l’Union européenne, la capacité de transport fluvial et routier a pu être renforcée, s’est félicité le représentant.

Mme LEILA CASTILLON LORA-SANTOS (Philippines) a souligné que les moyens de subsistance des petits agriculteurs sont particulièrement en danger, sans oublier les personnes dont les revenus dépendent de l’agriculture.  La représentante a recommandé d’investir dans l’agriculture pour parvenir à un système résilient.  Les Philippines protègent le pouvoir d’achat des familles et font tout pour que les Philippins aient un avenir plus prospère et durable, a déclaré la déléguée.

Mme PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a relevé que le plus grand défi d’aujourd’hui se résume à la croissance économique.  Il a indiqué que le Gouvernement sri-lankais met la priorité sur l’éducation et le bien-être des enfants, meilleur moyen, selon lui, de lutter contre la pauvreté.  Le secteur agricole est l’un des grands moteurs économiques du pays et le Gouvernement fait en sorte d’aider les petits agriculteurs, a-t-il ajouté.  Si nous arrêtons de voir les pauvres comme des fardeaux pour les considérer comme des entrepreneurs et des consommateurs, un nouveau monde de croissance s’ouvrira, a lancé la représentante, en guise de conclusion.

Mme NAAHY MOHAMED RASHEED (Maldives) a dit que son gouvernement fait de son mieux pour promouvoir un meilleur régime alimentaire malgré les menaces sur le système alimentaire maldivien dues aux changements climatiques et à la pandémie.  Des lois sur la pêche ont été votées afin de pêcher de manière plus durable et responsable, a-t-elle ajouté.  La déléguée a indiqué que les Maldives veulent aussi davantage développer leur secteur agricole, alors que le pays importe plus de 90% de ses produits agricoles et que l’inflation marginalise les plus pauvres, particulièrement les femmes et les jeunes.

M. IVAN G. KONSTANTINOPOLSKIY (Fédération de Russie) a parlé de la crise du coût de la vie, qui exige des mesures urgentes.  Il faut éliminer les moteurs des crises, et donc bien les comprendre, ce que ne fait pas le Secrétariat, selon lui.  Le délégué a en effet estimé que le rapport sur l’élimination de la pauvreté n’est pas objectif.  Les auteurs, à son avis, mettent trop l’accent sur les événements en Ukraine.  Le représentant a fait remarquer que les produits agricoles repartent des ports ukrainiens et que les prix sont revenus aux niveaux de 2021.  La faute revient plutôt aux Occidentaux et à leurs banques centrales qui créent une crise de liquidités, a estimé le délégué russe.

Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a appelé à investir dans la résilience, à agir sur les chocs mondiaux en matière de prix et d’inflation, et à lutter contre la malnutrition, dont les enfants et les femmes sont les premières victimes.  Initiateur du Plan Maroc vert, le pays opère un changement durable de ses méthodes agricoles en soutenant l’agriculture durable et familiale, a indiqué la représentante.  Elle a également signalé que le Maroc continue d’agir en Afrique, qui dispose de plus de la moitié des terres arables non cultivée au monde.  Le pays modernise son agriculture, facilite le commerce, renforce la résilience et a déjà livré à prix réduit 550 000 tonnes d’engrais à des « pays africains frères », a annoncé la déléguée.

Mme CYETH CYLONIA ALLISON DENTON-WATTS (Jamaïque) a expliqué que le secteur agroalimentaire est l’un des plus vulnérables du pays, évoquant l’impact de la tempête tropicale Ian qui s’est abattu sur la Jamaïque en septembre 2022, causant des dommages estimés à 2 millions de dollars dans le secteur agricole.  Elle a appelé à une meilleure intégration de l’aide publique au développement afin de renforcer la résilience du secteur agroalimentaire face aux chocs.  De même, elle a réclamé des marchés ouverts pour faciliter la fluidité des échanges, ainsi qu’un meilleur accès des petits exploitants des pays en développement aux semences, aux engrais et aux financements adéquats.  Le système financier international doit être en mesure de fournir le financement indispensable pour faire face aux situations d’urgence et renforcer l’agriculture, la sécurité alimentaire et la nutrition à moyen et à long terme, a-t-elle ajouté.  La promotion de partenariats et d’investissements, par le biais de la coopération Sud-Sud et triangulaire, est également essentielle pour renforcer la résilience en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Mme NADIA OMARALI (Brunéi Darussalam) a noté que selon les prévisions, 95 millions de personnes de plus vivront dans la pauvreté extrême en 2022, appelant à redoubler d’efforts pour appuyer les pauvres et les vulnérables dans le contexte du relèvement postpandémie.  Elle a indiqué que le plan de développement national Wawasan Brunei 2035 repose sur le développement économique et que différentes stratégies d’élimination de la pauvreté ont été mises en œuvre, notamment par l’entremise d’un plan national d’action pour la période 2020-2024.  Un système national de protection sociale numérisé et centralisé a été lancé en juillet 2020 et un programme national du logement fournit des habitations abordables et de qualité aux personnes démunies, a-t-elle indiqué, précisant que 1 000 logements sont en cours de construction.  En outre, 622 personnes ont trouvé du travail grâce au programme pour l’emploi qui a été créé en 2018.

M. GADIS RANTY (Indonésie) a déploré les effets des crises récentes sur les prix des denrées alimentaires et sur les progrès dans la voie des ODD.  Plaidant pour la collaboration, il a rappelé que son pays fait partie du groupe des champions pour faire face aux situations d’urgence, et à ce titre a indiqué avoir proposé une feuille de route pour préparer la transition vers des systèmes à émissions zéro en facilitant l’accès à l’énergie propre par le biais de financement dédiés.  Accroître les engagements dans le domaine financier est essentiel pour accompagner le développement, a-t-il poursuivi, misant sur l’émission de nouveaux DTS.  Il a donné l’exemple de la Zambie pour laquelle il faut envisager la restructuration de la dette, expliquant la nécessité de relever les problèmes de dette de manière générale.  Réduire le nombre de personnes souffrant de la faim et de la pauvreté est une des priorités de l’Indonésie, a assuré le délégué avant de détailler les mesures prises en ce sens.

M. SYED ABDUL BARI SYED OTHMAN (Malaisie) a demandé à la communauté internationale de déployer des efforts pour arriver à un système alimentaire plus résilient au niveau mondial.  Il a fait part des efforts de son pays en ce sens, notamment par le biais de sa stratégie allant jusqu’en 2031 qui prévoit de renforcer la croissance et la résilience, avec un accent sur les petits producteurs agricoles.  Il a aussi parlé du Plan d’action 2021-2025 pour la sécurité alimentaire, qui prévoit notamment de développer une agriculture de précision pour surmonter l’insécurité alimentaire et les changements climatiques.  Avant de conclure, le délégué a informé que son pays a consacré 250 millions de dollars pour l’accélération des programmes d’éradication de la pauvreté.

M. JESWUNI ABUDU-BIRRESBORN (Ghana) a souligné que le Ghana ne pourra pas lutter seul contre la pauvreté et a appelé la communauté internationale à aider l’Afrique en ce domaine.  La Banque africaine de développement a mis en place un mécanisme pour l’alimentation et la nutrition sur le continent, a fait savoir le représentant, mais les moyens manquent encore pour développer l’agribusiness. 

M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a relevé que l’inflation représente des difficultés pour le système économique et les foyers, s’inquiétant du risque de raréfaction de la nourriture l’an prochain si on n’arrive pas à bien gérer les marchés.  Il a demandé d’accélérer les programmes et réformes pour lever les obstacles qui empêchent les progrès dans les pays en développement.  Il a misé sur l’APD, les nouvelles technologies ainsi que l’accès équitable au financement, en demandant de combler les lacunes.  Concernant l’agriculture, il a rappelé que la majorité des subventions agricoles modifient les prix et sapent les capacités des pays en développement, appelant à y mettre un terme le plus rapidement possible.  Il faut aussi éviter d’imposer des barrières douanières supplémentaires, a revendiqué le représentant, ajoutant que le Programme 2030 ne sera pas couronné de succès si la pauvreté et la faim ne sont pas éliminées.

M. BOUKARY SOUMARE (Mauritanie) a indiqué que son pays a élaboré très tôt un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, qui a toujours fait l’objet d’une large concertation basée sur une approche participative.  La Mauritanie a aussi pris des mesures pour fournir une assurance maladie aux ménages les plus pauvres et pour assurer l’accès universel aux services de base tels que l’électricité, l’eau, la santé et l’éducation.  Très vulnérable aux effets des changements climatiques, la Mauritanie s’est résolument engagée à y faire face, a assuré le délégué.  Il a estimé qu’il est de l’obligation morale de ses partenaires internationaux et financiers d’aider les États du Sahel à relever ces défis.

M. FARUQUE FAQUIRA (Mozambique) a dit que son pays a enregistré des progrès significatifs entre 2021 et 2022: 2,6 millions de personnes ne sont plus en situation d’insécurité alimentaire.  Il a ainsi confirmé la bonne direction dans laquelle s’est engagé le pays.  Toutefois, le délégué a appelé les partenaires multilatéraux et bilatéraux à honorer leurs engagements, et même à les renforcer.

M. RAMÓN EMILIO FLORES (Honduras) a jugé inacceptable que le droit à l’alimentation soit entravé par des troubles politiques, alors que les pays sont déjà fortement menacés par les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Le Gouvernement du Honduras, dirigé pour la première fois par une femme, appuie le Groupe d’intervention mondial et les décisions prises par la Banque mondiale pour aider les pays à mener une transition viable.  Il a lancé un appel aux Nations Unies pour traiter les besoins agricoles et juguler la pénurie d’engrais, afin de parvenir à une sécurité agricole durable.

Pour M. DIAMANE DIOME (Sénégal), la crise alimentaire actuelle pourrait se transformer en catastrophe d’ici à l’an prochain.  Il a donc appelé à soutenir la production agricole africaine.  Le délégué a indiqué de son côté que le Sénégal a relevé son budget agricole de 75%.  Le pays fait également son possible pour soutenir les populations les plus vulnérables face à l’inflation, a-t-il assuré.  Pour conclure, il a appelé non seulement à soutenir les petites exploitations familiales, mais aussi à réfléchir à la durabilité des système alimentaires.

Mme CHOLA MILAMBO (Zambie) a expliqué que l’économie de son pays est toujours en train de se remettre des effets négatifs de la pandémie de COVID-19, signalant des grosses pertes d’emploi et des perturbations des chaînes d’approvisionnements dans les secteurs du tourisme et du transport.  La fréquence et l’intensité accrues des événements climatiques ont affecté la production alimentaire et la nutrition, a-t-elle aussi indiqué.  La déléguée a alerté sur le taux de pauvreté de son pays qui reste élevé (54,4%), malgré le fait que le Gouvernement en fait sa priorité.  Elle a ainsi parlé de son programme de transfert de fonds qui bénéficie actuellement à 5% de la population et qui prévoit d’être augmenté à 35% d’ici à 2023, en accordant une attention particulière aux ménages dirigés par des femmes et en donnant à celles-ci accès à des ressources productives.  La déléguée a aussi cité les efforts menés par son pays sur les plans de l’agriculture et du développement industriel, avant d’appeler ses partenaires et les pays développés à aider au renforcement de ses capacités techniques.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a fait savoir que la stratégie de développement de Timor-Leste met l’accent sur la baisse de la pauvreté, la promotion d’une croissance économique équitable et durable, et l’amélioration de la santé, de l’éducation et du bien-être des Timorais.  Des progrès importants ont été enregistrés sur le front de la pauvreté, bien que le nombre de pauvres reste élevé, surtout en milieu rural, a-t-il indiqué.  Le représentant a assuré que le Gouvernement veille à ce que soient respectés les droits des femmes rurales à la sécurité alimentaire, à l’accès non discriminatoires aux ressources, à l’autonomisation économique et à une participation égale aux prises de décision.

Mme TASH VAN DOIMEN (Guyana) s’est alarmée de la crise alimentaire, plaidant pour des actions de toute urgence afin d’éviter une nouvelle crise.  Elle a observé que cette crise a en outre éloigné les pays des autres objectifs, notamment d’éradication de la pauvreté.  Le Guyana a lourdement investi dans l’agriculture en vue de renforcer la résistance du système agricole et afin qu’il soit plus durable, a-t-elle témoigné.  Elle a dit que le pays est confronté à des catastrophes climatiques imprévisibles, ce qui a entraîné une hausse des prix des denrées de base et a eu une incidence sur le revenu de base.

M. DIEGO CIMINO (Italie) a plaidé pour des actions urgentes à tous les niveaux face aux crises actuelles, notamment la crise alimentaire.  Le représentant a jugé très inquiétante la situation alimentaire internationale et a relevé que l’agression russe contre l’Ukraine a créé des difficultés supplémentaires.  Il a insisté sur la situation de faim et de quasi-famine dans certains pays africains.  L’Italie apportera tout son soutien face aux crises multidimensionnelles, a assuré le représentant, par exemple par le biais du fonds pour la solidarité de l’Union européenne (UE).

M. IVO MIGUEL SANTOS DE JESUS RUBIO (Angola) a donné des exemples des mesures d’adaptation prises par l’Angola pour faire face à l’insécurité alimentaire, notamment en ce qui concerne les infrastructures de stockage de l’eau.  Le Gouvernement a construit plusieurs barrages et aqueducs pour transporter de l’eau depuis un fleuve angolais jusqu’à des bassins d’habitation importants, a-t-il expliqué.  Le représentant a indiqué que l’objectif est d’assurer la sécurité alimentaire des habitants, de leur garantir un avenir et de réduire la pauvreté extrême de manière plus systématique.

Mme NOOSHIN TEYMOURPOUR (Iran) a déploré que le monde recule dans sa mission de mettre fin à l’insécurité alimentaire sous toutes ses formes.  L’augmentation de la faim en 2021 montre que les inégalités augmentent entre nations, a-t-elle fait remarquer.  Elle a dénoncé les graves conséquences des sanctions unilatérales dont l’Iran est victime: elles constituent même la forme la plus brutale de terrorisme alimentaire et sanitaire, selon elle.  Ces mesures criminelles doivent être stoppées, a martelé la déléguée.

M. JOSEPH ARON MWASOTA (République-Unie de Tanzanie) a partagé les « initiatives sérieuses » lancées par son pays pour augmenter la production d’aliments et de nutriments.  Certaines de ces initiatives, qui ont été inclues dans les plans nationaux, consistent à promouvoir des programmes nutritionnels au sein de l’école mais aussi en tant que mode de vie, a-t-il dit.  Il s’agit également de promouvoir l’investissement dans la production et la consommation d’aliments nutritifs diversifiés et d’augmenter la production en fournissant des subventions pour les engrais et les semences.  Parmi les autres initiatives, M. Mwasota a cité la promotion, la distribution et la consommation d’aliments nutritifs produits localement et enfin la formation de prestataires de soins de santé à la fourniture de services nutritionnels complets jusqu’au niveau du village.  Pour finir, le représentant a appelé le système des Nations Unies et la communauté internationale à agir ensemble pour fournir des aliments nutritifs suffisants, sûrs, abordables et des régimes alimentaires sains à tous les peuples, car « si nous ne conjuguons pas nos efforts », a-t-il averti, les objectifs de développement durable seront compromis.

M. KANISSON COULIBALY (Mali) a indiqué que son pays a placé l’agriculture au cœur de son plan de développement, engrangeant, d’ores et déjà, des résultats encourageants dans ce secteur ainsi que dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.  Il a donné des chiffres concernant sa surface agricole utile (145,2 millions d’Ha) dont seulement 5% est cultivée, et ses surfaces irriguées (432 252 Ha), principalement concentrées dans les vallées des fleuves Niger et Sénégal.  Quant aux terres aptes à l’irrigation, aménageables, elles ont un potentiel estimé à 2,2 millions d’Ha, a-t-il détaillé.  Le représentant a poursuivi en se félicitant que le Mali, à l’instar de bon nombre de pays, a réussi à atteindre l’objectif de sécurité alimentaire consistant à réduire considérablement le nombre de personnes souffrant de faim et de malnutrition.  Pour faire de l’agriculture un secteur plus attractif, pourvoyeur d’emplois et garantissant la souveraineté alimentaire, son pays s’attelle à introduire le progrès technique dans les systèmes de productions agricoles, à développer la mécanisation et à promouvoir une agriculture orientée vers plus de transformation des produits, a-t-il indiqué.

Mme HAYA ISMAEEL (Bahreïn) a dit que son pays accorde la plus grande importance à l’autonomie alimentaire et à l’autosuffisance et qu’il a adopté en ce sens des stratégies pour diversifier ses sources alimentaires.  Il a également adopté les mesures nécessaires pour gérer la situation exceptionnelle due à la pandémie de COVID-19, afin de garantir à sa population une nourriture sûre, suffisante et abordable.  Le Bahreïn, a-t-il ajouté, a participé activement au Sommet mondial de l’alimentation et a coopéré avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans des projets visant à assurer la sécurité alimentaire au Bahreïn.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a relevé que près de la moitié des décès d’enfants sont liées à la malnutrition.  Le représentant s’est dit convaincu que si nous n’arrivons pas à réaliser l’ODD no 2 (« Faim zéro »), nous n’atteindrons pas les ODD suivants.  Pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, il a recommandé d’investir dans des systèmes agricoles durables et résilients.  Au Myanmar, le secteur agricole contribue à 30% du PIB et emploie 70% de la population, a-t-il indiqué, avant de préciser que le « coup d’État illégal » a eu des effets négatifs sur la production agricole et menace la sécurité alimentaire du pays.  Environ 20% de la population sont confrontés à une situation alimentaire grave, selon l’ONU, et l’accès humanitaire aux personnes dans le besoin a été réduit par les militaires, s’est alarmé le représentant.  Tant que la junte restera au pouvoir, le Myanmar continuera à souffrir et ne pourra parvenir aux ODD, a-t-il assené.

M. ZEPHYRIN MANIRATANGA (Burundi) a attiré l’attention sur les efforts menés par le Gouvernement burundais pour promouvoir les initiatives des jeunes et des femmes, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, dans l’objectif d’accroître leur autonomisation, de renforcer leurs compétences ou d’accélérer la création d’emplois.  Le représentant a, par exemple, cité la Banque d’investissement des jeunes et la Banque d’investissement des femmes, créées respectivement en 2020 et 2021.  Les résultats se voient dans l’apparition d’un nouveau phénomène d’exode urbain des jeunes et des femmes pour aller entreprendre dans les milieux ruraux grâce aux opportunités de financement offertes par ces banques, a-t-il témoigné.

Mme REGINA KUMASHE AONDONA (Nigéria) a déploré que 800 millions de personnes soient affamées chaque jour alors qu’il y a suffisamment de nourriture dans le monde pour nourrir toute la population mondiale.  Nous ne pouvons pas oublier que nous avons des solutions pour parvenir à l’ODD no 2, a insisté la représentante, rappelant en outre que 2022 est l’Année africaine pour la nutrition.  Elle a plaidé pour des mesures incitatives, pour un changement des modes de consommation alimentaire ainsi que pour l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la production agricole.

Mgr Gabriele CACCIA, du Saint-Siège, a souligné que la pauvreté doit être appréhendée, comprise et évaluée dans le contexte des opportunités réelles disponibles dans chaque période historique concrète.  Par conséquent, les efforts pour éradiquer la pauvreté devraient porter sur la réalité complexe de la pauvreté qui se manifeste dans toutes les dimensions de la vie humaine, y compris les dimensions éducatives, sociales, culturelles et spirituelles, a expliqué l’observateur.  Cela implique de prendre en considération le développement intégral de la personne humaine dans son ensemble, a-t-il suggéré, recommandant l’éducation comme antidote efficace à la pauvreté.

Il a jugé essentiel de garantir un accès inclusif et équitable à une éducation de qualité afin de fournir aux enfants, aux femmes et aux hommes non seulement les compétences qui leur permettront de contribuer à la société et d’accéder au marché du travail, mais aussi les biens spirituels qui les aideront à grandir et à s’épanouir en tant que personnes.  Tout aussi importantes dans la lutte contre la pauvreté sont l’élaboration et la mise en œuvre de politiques qui contribuent à la création d’emplois et soutiennent un travail décent pour tous, a-t-il ajouté.  Enfin, le nonce a averti que la pauvreté ne sera éradiquée et la sécurité alimentaire atteinte que lorsque les structures sociales répondront pleinement aux besoins de justice et de respect de la dignité inhérente de chaque personne.

Mme SOFJA GILJOVA, de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a exposé pourquoi il convient de traiter conjointement transition énergétique et transformation des systèmes agroalimentaires, à la lumière de deux chiffres:  30% de l’énergie mondiale est consommée par les systèmes agroalimentaires, tandis que l’énergie est responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre des systèmes agroalimentaires.  Cette approche est salutaire en termes de sécurité alimentaire, car elle est promesse de rendements plus élevés, d’une réduction des pertes et d’une plus grande résilience au climat, a-t-elle noté.  Cette interdépendance entre énergie et alimentation est largement documentée, a expliqué la représentante, en citant un rapport conjoint FAO-IRENA intitulé « Renewable Energy for Agri-food Systems » qui présente un programme d’action en huit points.  Son idée maîtresse: accroître l’utilisation des énergies renouvelables dans le secteur agricole dans une approche intersectorielle des besoins des communautés.  La représentante a aussi expliqué que l’accès à une énergie propre et abordable pour la cuisson est bien en deçà de l’ODD no 7, qui est de fournir à tous l’accès à une énergie propre d’ici à 2030.  Elle a jugé cela inacceptable et salué, à ce titre et entre autres, l’initiative Beyond Food lancée en partenariat avec les Émirats arabes unis, qui cible les populations les plus vulnérables de la planète.

M. ZAK BLEICHER, du Fonds international de développement agricole s’exprimant également au nom de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), a déploré de voir le monde régresser dans ses efforts pour éliminer la faim, alors qu’il est encore possible de faire des progrès substantiels vers son éradication.  M. Bleicher a détaillé plusieurs axes pour y parvenir, à commencer par l’urgente intensification de l’aide humanitaire, qui demeure en deçà des besoins actuels.  Mais pour que le financement humanitaire soit efficace, il doit devenir non affecté et aligné sur les besoins, afin de cibler les besoins saisonniers sensibles au climat, a-t-il précisé.  Nous devons investir dans des solutions à plus long terme pour éviter de passer d’une crise alimentaire à une autre, en accélérant l’innovation, et en investissant dans la transformation des systèmes alimentaires, a-t-il renchéri.  Une transformation dont M. Bleicher a amplement détaillé les piliers.

Le premier est une production et un commerce plus efficaces: les gouvernements de tous les pays doivent réexaminer leurs interventions sur le marché agricole, telles que les subventions et les restrictions à l’exportation, afin d’identifier et de minimiser les distorsions.  Le deuxième volet concerne l’amélioration de la transparence: la surveillance du marché alimentaire devrait en effet être complétée par un suivi transparent du financement par la communauté internationale pour répondre à la crise alimentaire.  Troisième axe d’amélioration: l’innovation et la planification conjointe.  La recherche et le développement agricoles sont un secteur chroniquement sous-investi, alors qu’il présente l’un des meilleurs rendements des dépenses publiques, a déploré et analysé l’expert .  Dernier volet: la transformation des systèmes alimentaires pour les rendre plus résistants aux crises et conflits.  À ce titre, M. Bleicher a soulevé un paradoxe délétère: les petits producteurs et les producteurs familiaux sont essentiels à la sécurité alimentaire mondiale puisqu’ils produisent un tiers de notre alimentation, pourtant, ils souffrent trop souvent eux-mêmes de la faim.

Il convient donc, a poursuivi M. Bleicher, de revoir notre allocation du financement de la lutte contre les changements climatiques, car seul 1,7% des ressources allouées au climat va aux petits agriculteurs des pays en développement, malgré leur vulnérabilité disproportionnée aux impacts des changements climatiques.  Et ce, dans un contexte où la grande majorité du financement climatique est déjà orientée vers l’atténuation, plutôt que vers l’adaptation.  Notre réponse à la crise alimentaire imminente et à la menace environnementale doit donner la priorité à l’aide aux populations rurales pauvres, a-t-il résumé en conclusion.

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