Soixante-dix-septième session,
4e séance, Matin
AG/AB/4392

Cinquième Commission: accord de principe sur une enveloppe de 3,5 millions de dollars pour financer les efforts contre l’insécurité alimentaire

Face à la flambée des prix des céréales et des engrais qui mettent en péril la sécurité alimentaire mondiale, les délégations de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, ont salué, une nouvelle fois, aujourd’hui l’Initiative sur l’exportation des céréales par la mer Noire et l’Initiative de facilitation du commerce conclues le 22 juillet 2022, à Istanbul, grâce à la médiation du Secrétaire général et de la Türkiye.  Pour financer les deux initiatives jusqu’au 31 décembre 2022, les délégations ont promis d’examiner de manière constructive le bien-fondé de l’enveloppe supplémentaire de 3 524 600 dollars que demande le Secrétaire général.  Le Groupe des 77 et la Chine ont proposé l’adoption rapide d’un texte court et concis, accordant à M. António Guterres la somme requise. 

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 40 millions de personnes sont au bord de la famine dans 33 pays de l’hémisphère Sud.  Or, les principaux producteurs de denrées alimentaires et d’engrais dans le monde, l’Ukraine et la Fédération de Russie, sont en conflit, ce qui provoque des remous sur les cours mondiaux, a rappelé le Pérou, un pays lourdement dépendant des importations.  Mais grâce à l’Initiative céréalière de la mer Noire, visant à faciliter la sécurité de la navigation pour l’exportation des céréales et denrées alimentaires depuis l’Ukraine et à l’Initiative de facilitation du commerce, ayant pour objectif d’élargir l’accès aux marchés mondiaux des produits alimentaires et des engrais russes, plus de six millions de tonnes de produits céréaliers ont été déversés sur les marchés du monde depuis le 1er août dernier, s’est réjouie la Türkiye.  

Certes le prix des céréales a chuté tout comme l’indice des prix des denrées alimentaires, mais selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les pays les plus pauvres ne sont toujours pas en mesure d'acheter suffisamment de nourriture, a fait observer la Fédération de Russie.  Selon elle, 148 des 285 cargos sont partis vers l'Union européenne et pas vers les pays les plus pauvres.  Compte tenu du manque d’infrastructures de transformation, a expliqué la Türkiye, les céréales doivent d’abord être traitées ailleurs avant d’être envoyées aux pays en développement.  

Cette explication n’a pas convaincu la Fédération de Russie qui a imputé la situation aux sanctions unilatérales de l’Occident et à sa politique de deux poids, deux mesures.  Elle a demandé qu’au moment des discussions sur la nécessité ou pas de proroger l’Initiative céréalière de la mer Noire, au mois de novembre prochain, l’on porte toute au l’attention requise au bon fonctionnement de l’Initiative de facilitation du commerce pour ne pas discréditer tout ce qui a été fait à Istanbul.  

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance publique mercredi 12 octobre, à partir de 10 heures, pour examiner des chapitres du budget-programme pour 2023.  

BUDGET-PROGRAMME POUR 2022

Rapport du Secrétaire général sur les prévisions révisées concernant les activités menées par les entités des Nations Unies pour atténuer l’insécurité alimentaire mondiale et ses conséquences humanitaires (A/77/325

Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle que le 22 juillet 2022, deux initiatives ont été signées: le mémorandum d’accord entre la Fédération de Russie et le Secrétariat de l’ONU sur la promotion des produits alimentaires et engrais russes sur les marchés mondiaux, et l’Initiative sur le transport sécurisé des céréales et des denrées alimentaires depuis les ports ukrainiens, conclue entre la Türkiye, la Fédération de Russie et l’Ukraine, et signée par l’ONU en qualité de témoin. 

Le Secrétaire général demande donc à l’Assemblée générale d’approuver les ressources supplémentaires nécessaires pour 2022 dans le cadre de l’appui prêté par l’ONU à la mise en œuvre de ces deux initiatives; le montant total estimatif s’élève à 3 524 600 dollars (montant brut) et à 3 330 300 dollars (déduction faite des contributions du personnel). 

Observations du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (A/77/486)

Le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale d’approuver la demande du Secrétaire général, à savoir des ressources supplémentaires d’un montant de 3 524 600 dollars au titre du budget-programme de 2022, aux chapitres 12 (Commerce et développement) (848 600 dollars), 27 (Aide humanitaire) (2 481 700 dollars) et 36 (Contributions du personnel) (194 300 dollars), à compenser par l’inscription du même montant au chapitre premier des recettes (Recettes provenant des contributions du personnel). 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. JIBRAN KHAN DURRANI (Pakistan) s’est déclaré vivement préoccupé par le niveau actuel de l’insécurité alimentaire dans le monde qui accroît le risque de famine dans les pays en développement, et en particulier les pays africains, les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays à revenu intermédiaire.  La flambée soudaine des prix des céréales et des engrais a mis en péril la sécurité alimentaire dans de nombreux pays vulnérables. 

Le représentant a donc a salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour coordonner une réponse globale, par la mise en œuvre de l’Initiative de facilitation du commerce et de l’Initiative sur l’exportation des céréales par la mer Noire.  Il a proposé l’adoption rapide d’un texte court et concis accordant au Secrétaire général les ressources nécessaires et s’est dit prêt à s’engager de manière constructive dans les négociations sur ce point de l’ordre du jour. 

M. NACI YILDIZ (Türkiye) a souligné que grâce à l’accord d’Istanbul, plus de six millions de tonnes de produits céréaliers ont été déversés sur les marchés du monde depuis le 1er août dernier, y voyant là l’effet stabilisateur de l’accord sur les prix des denrées alimentaires.  Prenant note des critiques quant à la destination des céréales, le représentant a dit voir une mauvaise interprétation des statistiques.  En effet, a-t-il expliqué, comme la plupart des pays les moins avancés n’ont pas les infrastructures de transformation nécessaires, les céréales doivent d’abord être traitées ailleurs avant de leur être envoyées.  Il a plaidé pour le maintien de l’accord d’Istanbul, rappelé que son pays a volontairement contribué à l’Initiative en hébergeant le Centre de coordination conjoint et fermement appuyé la demande du Secrétaire général. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a salué les initiatives du Secrétaire général pour faire face à une situation qui affecte le monde entier.  Cette situation alimentaire précaire risque de s’aggraver avec la poursuite du conflit en Ukraine et d’affecter principalement et de manière disproportionnée les pays à faible revenu.  Les initiatives lancées par le Secrétaire général, a estimé le représentant, ont le mérite de stabiliser le marché des denrées alimentaires, y compris celui des engrais.  Il a donc appuyé la demande du Secrétaire général et pris note de l’intention de ce dernier de présenter une proposition budgétaire révisée pour 2023, au cours de cette session.

M. ANDRÉS NAPURÍ PITA (Pérou) a rappelé que selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 266 millions de personnes sont concernées par l’insécurité alimentaire dans le monde, et que dans 33 pays de l’hémisphère Sud, 40 millions de personnes sont au bord de la famine.  Or, les principaux producteurs de denrées alimentaires et d’engrais dans le monde, l’Ukraine et la Fédération de Russie sont en conflit, ce qui provoque des remous sur les cours mondiaux.  Le représentant a rappelé que son pays est particulièrement vulnérable à cette situation, car il est importateur de denrées alimentaires, de céréales et d’engrais phosphorés.  Nos producteurs, nos petits exploitants agricoles et nos consommateurs sont touchés, a-t-il souligné, avant de saluer les initiatives lancées par le Secrétaire général ainsi que le rôle joué par la Türkiye.  Appuyant la demande de M. António Guterres, il a promis que sa délégation travaillera de manière constructive pour lui donner une suite favorable. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance qu’il y a à mettre en œuvre efficacement les initiatives, lesquelles jouent un rôle positif dans la stabilisation de l’économie et des marchés mondiaux.  Il a dit avoir apprécié le rôle de médiation de la Türkiye et de l’ONU dans ce processus.  Il a toutefois jugé nécessaire d’évaluer objectivement l’impact concret de ces initiatives.  Certes le prix des céréales a chuté, tout comme l’indice des prix des denrées alimentaires, mais selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les pays les plus pauvres ne sont toujours pas en mesure d’acheter suffisamment de nourriture.  Le représentant a imputé cette situation aux politiques financières malavisées des pays occidentaux, au cours de ces deux dernières années. 

Le 7 octobre, a-t-il expliqué, les experts de la FAO ont estimé que la proportion des livraisons aux pays les plus pauvres était de 25%.  Parallèlement, 148 des 285 cargos, soit plus de la moitié, sont partis vers les États membres de l’Union européenne.  Ce sont bien les sanctions unilatérales de l’Occident qui sapent la sécurité alimentaire dans le monde, avec pour principales victimes les pays en développement.  Le Secrétariat de l’ONU, a conseillé le représentant, devrait appeler « un chat un chat » et parler des effets néfastes des sanctions et de la politique occidentale des deux poids, deux mesures qui empêchent l’exportation des biens russes.  L’Occident continue pourtant de prétendre que c’est la situation en Ukraine qui est à l’origine des problèmes actuels et que l’Initiative céréalière de la mer Noire devrait aider les pays les plus pauvres.   Nous répondons à ces accusations dans d’autres enceintes et je ne vais pas le faire ici, a déclaré le représentant. 

La Fédération de Russie, a-t-il affirmé, est prête à augmenter ses exportations et à apporter ainsi sa propre contribution au règlement des problèmes alimentaires dans les pays en développement les plus pauvres.  Au moment des discussions sur la nécessité ou pas de proroger les initiatives, au mois de novembre prochain, il faudra, a estimé le représentant, porter toute l’attention sur l’Initiative de facilitation du commerce pour ne pas discréditer tout ce qui a été fait à Istanbul. 

Mme MARIVIL VILLA VALLES (Philippines) a salué les initiatives du Secrétaire général pour atténuer l’insécurité alimentaire dans le monde et son impact humanitaire.  Elle a jugé la demande de M. António Guterres conforme aux résolutions 46/182 et 76/124 de l’Assemblée générale sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence et à la résolution 76/264 sur l’insécurité alimentaire, dans laquelle l’Assemblée a reconnu le rôle fondamental du système des Nations Unies dans la coordination d’une réponse globale pour maintenir le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement alimentaire et agricole.  Compte tenu de l’importance et de l’urgence de la demande du Secrétaire général, les Philippines, a souligné la représentante, exhortent les délégations à s’engager de manière constructive dans l’examen de ladite demande. 

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