L’Assemblée générale exhorte à aider le Pakistan à atténuer les effets dévastateurs des inondations
Après le « carnage climatique dépassant l’imagination » qui a frappé le Pakistan le mois dernier sous forme d’inondations ayant fait plus de 1 700 morts, l’Assemblée générale a exhorté la communauté internationale à apporter tout son appui et toute son assistance au Gouvernement pakistanais pour l’aider à atténuer les effets dévastateurs des inondations et à répondre aux besoins de relèvement et de reconstruction à moyen et à long terme.
En adoptant par consensus la résolution intitulée « Expression de solidarité et appui au Gouvernement et au peuple pakistanais, et intensification des secours d’urgence et des activités de relèvement, de reconstruction et de prévention à la suite des récentes inondations dévastatrices », l’Assemblée générale accueille avec satisfaction la proposition qui a été faite de convoquer une conférence d’annonce de contributions pour appuyer le relèvement et la reconstruction à long terme dans les zones frappées par la catastrophe, non sans insister, à quelques jours de la COP27, sur l’urgence de réduire la vulnérabilité face aux changements climatiques et aux phénomènes météorologiques extrêmes.
L’Assemble générale prie en outre le Secrétaire général de continuer d’aider le Gouvernement pakistanais à établir un plan de reconstruction résiliente face aux changements climatiques, et de lui présenter un rapport à sa soixante-dix-huitième session. Pour ce dernier aspect, le Secrétariat a précisé que les besoins de traduction nécessiteront une allocation budgétaire de 26 400 dollars en 2023.
En présentant le texte, le représentant du Pakistan a rappelé que des pluies diluviennes se sont abattues sur son pays pendant 40 jours et 40 nuits, ravageant notamment la province du Baloutchistan. Désormais, le tiers du pays est sous l’eau, et on dénombre plus de 1 700 morts, et pas moins de 33 millions de personnes affectées, dont 16 millions d’enfants, a-t-il déploré.
Tout en saluant le soutien des voisins et partenaires du Pakistan, le délégué a souligné que plus de 800 millions de dollars doivent être mobilisés dans l’urgence pour des secteurs comme l’éducation, la santé, la nutrition, l’eau et l’assainissement et la logistique. Dans le même temps, les populations sont exposées à un grand risque d’explosion de maladies hydriques telles que le choléra, la dingue et le paludisme. L’objectif du Gouvernement est de reconstruire le pays en modernisant ses infrastructures et en renforçant la résilience, a indiqué le représentant, avant de souligner que l’action et la justice climatiques sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires.
Le peuple pakistanais, responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est victime d’un « carnage climatique dépassant l’imagination », a dénoncé de son côté le Secrétaire général. En visite sur place le mois dernier, M. António Guterres a dit avoir constaté que les eaux recouvraient alors une surface égale à trois fois celle de son pays, le Portugal. La malnutrition atteint des sommets, notamment chez les femmes enceintes et les enfants, a-t-il souligné, ajoutant que 15 millions de personnes pourraient basculer dans la pauvreté.
Notant que ces « besoins massifs nécessitent un soutien massif », le Secrétaire général a fait savoir que l’ONU et le Pakistan travaillaient à l’organisation d’une conférence de donateurs au plus haut niveau. Entre-temps, le plan de réponse de l’ONU a été lancé et son budget porté à 816 millions de dollars -656 millions de dollars de plus que l’appel initial- afin de répondre aux besoins les plus urgents jusqu’en mai 2023. « Mais ce montant est dérisoire par rapport à ce qui est nécessaire sur tous les fronts: notamment nourriture, eau, assainissement, abris, éducation d’urgence, protection et soutien sanitaire », a-t-il averti. Le Président de l’Assemblée générale a exhorté, de son côté, à respecter l’engagement de ne laisser personne de côté et de répondre à l’appel du Pakistan. « Il s’agit d’une tragédie aux proportions épiques », a constaté M. Csaba Kőrösi.
Parmi les États qui ont ensuite pris la parole, plusieurs ont indiqué avoir déjà répondu à l’appel, à l’instar des États-Unis qui ont déjà promis 67 millions de dollars, en plus d’un soutien logistique aux humanitaires, ainsi que la Thaïlande qui a dit avoir offert 14 millions de dollars. L’Arabie saoudite s’est targuée d’avoir été l’un des tout premiers à avoir volé au secours du Pakistan, tout comme l’Ouzbékistan qui a organisé un pont aérien en soutien aux sinistrés. En plus des 18,4 millions de dollars déjà offerts pour la construction d’abris d’urgence, le Royaume-Uni a demandé de penser à une vraie résilience sur le long terme pour faire face aux changements climatiques.
La Chine a dit avoir fourni 4 000 tentes et 50 000 couvertures dans des zones touchées par les inondations, et promis 100 millions de yuans. La République islamique d’Iran a aussi souligné avoir apporté une aide au peuple pakistanais, de même que les Émirats arabes unis, l’Indonésie qui a promis 2,2 millions de dollars en aide, et la Malaisie qui s’est engagée à fournir 200 000 dollars en soutien alimentaire. La Türkiye a annoncé pour sa part que des convois ferroviaires en direction du Pakistan sont en route. Et ce n’est pas moins de 123 millions d’euros qui sont prévus par l’Union européenne (UE) pour voler au secours du Pakistan.
À son tour, la Fédération de Russie a expliqué qu’au vu des possibilités limitées de transférer ses contributions aux budgets des organisations humanitaires de l’ONU en raison de sanctions unilatérales, elle entend fournir une aide humanitaire au Pakistan sur une base bilatérale, y compris en offrant des systèmes de traitement des aliments et de l’eau.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a expliqué pour sa part que la réponse du Croissant-Rouge du Pakistan, soutenue par le réseau de la FICR, se concentre sur la lutte contre les besoins les plus urgents: assistance alimentaire et médicale, eau, hygiène et abris pendant la phase d’urgence. La Fédération a également salué la reconnaissance par la résolution de la nécessité « d’améliorer la capacité d’adaptation, de renforcer la résilience et de réduire la vulnérabilité aux changements climatiques ».
La plupart des orateurs ont appelé à inverser la tendance en mettant davantage l’accent sur le financement de l’action climatique, notamment l’adaptation. Rappelant que la question centrale restait la crise climatique, le Secrétaire général a d’ailleurs déploré qu’à l’approche de la COP27, « le monde recule », faisant état d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et des calamités climatiques. Affirmant que les pays riches avaient « la responsabilité morale » d’aider des pays comme le Pakistan à se rétablir et à s’adapter, il a rappelé que 80% des émissions à l’origine de ce type de destruction climatique proviennent des membres du G20. « Aujourd’hui, c’est le Pakistan. Demain, ce pourrait être votre pays et vos communautés », a-t-il averti.
Hôte de la COP27, l’Égypte a elle aussi invité la communauté internationale à honorer les engagements internationaux, notamment par un financement approprié de l’action climatique. Même son de cloche du côté de l’Azerbaïdjan et de l’Algérie qui ont plaidé pour plus de financements pour l’adaptation et l’atténuation aux effets des changements climatiques. Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les Bahamas ont appelé à une action « rapide, cohérente et coordonnée » en faveur du climat, tandis que Sri Lanka a rappelé que les pays qui sont victimes de tels catastrophes sont souvent obligés de souscrire à des emprunts à des taux élevés. C’est donc « un devoir moral » de la communauté internationale d’aider le Pakistan, a souligné la délégation qui a estimé que cette résolution crée un précédent de bonne augure pour les pays qui seraient également victimes de catastrophes à l’avenir. Enfin, l’Équateur a vu en ces inondations une vengeance de la nature face à tout ce que « nous lui avons infligé ».
Par ailleurs, l’Assemblée générale, sur recommandation de sa Cinquième Commission, a décidé que les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie seront autorisées à participer à ses votes jusqu’à la fin de sa soixante-dix-septième session, convenant que le non-paiement par ces pays de la totalité du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté.
La prochaine réunion de l’Assemblée générale est prévue lundi 10 octobre, dès 10 heures.