En cours au Siège de l'ONU

Soixante-seizième session,
100e et 101e séances plénières – matin & après-midi
AG/12439

Assemblée générale: multiplication de préoccupations face au risque d’une catastrophe nucléaire en Ukraine

L’Assemblée générale a célébré aujourd’hui la Journée internationale contre les essais nucléaires, l’occasion pour son président et d’autres de s’alarmer du risque d’une catastrophe nucléaire en raison des tensions autour de la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine. 

Également préoccupé de la présence de quelque 13 000 ogives nucléaires dans le monde, M. Abdulla Shahid s’est aussi dit déçu que la dixième Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) n’ait pas été en mesure de produire un document final, invitant par ailleurs les États qui n’ont pas signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à le faire.  Il faut mettre un terme aux essais nucléaires « pour de bon », a insisté le Président.

Les conflits en cours font craindre le retour de la crise nucléaire, s’est inquiété le Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), qui a également alerté qu’un nouvel essai nucléaire semble pointer à l’horizon.  En dépit de ces tensions géopolitiques, M. Robert Floyd a dit voir des raisons d’être optimiste citant les appels à l’action ainsi que le soutien de plus en plus fervent exprimé par les États parties au TNP. 

Appelant à redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif collectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de s’abstenir de procéder à de nouveaux essais nucléaires et de travailler immédiatement avec les parties concernées en vue de la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  La RPDC ne peut pas et n’aura jamais le statut d’État doté d’armes nucléaires, a promis l’Union européenne.

De son côté, le Kazakhstan, qui s’est alarmé de l’expansion et de l’atmosphère secrète dans laquelle les États nucléaires travaillent sur leurs arsenaux, a encouragé à parvenir à zéro essai nucléaire d’ici à 2045 et à tout mettre en œuvre pour que les victimes de ces essais « qui se comptent par millions » obtiennent justice. 

Venu témoigner des répercussions des essais nucléaires sur la santé humaine, le Directeur de la Marshallese Educational Initiative a fait savoir que les Marshallais ont les taux de cancer et de diabète parmi les plus élevés au monde, en raison des 67 essais nucléaires réalisés par les États-Unis dans les Îles Marshall entre 1946 et 1958, au cours desquels l’équivalent de 7 200 bombes d’Hiroshima auraient été détonnées. 

L’Assemblée générale a ensuite écoulé la liste des délégations souhaitant expliquer leur position suite à l’adoption, vendredi 2 septembre, d’une résolution exhortant les États Membres à prendre des mesures efficaces pour permettre aux victimes et aux personnes rescapées de violences sexuelles et fondées sur le genre d’avoir accès à la justice, aux voies de recours et à l’assistance.

L’Assemblée générale se réunira de nouveau demain, jeudi 8 septembre, à partir de 15 heures. 

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU VISANT À CÉLÉBRER ET À PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE LES ESSAIS NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

M. ABDULLA SHAHID, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que cette réunion est censée commémorer la fermeture, il y a 31 ans, d’une centrale nucléaire au Kazakhstan en août 1991, ainsi que la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie à cause des essais nucléaires.  Les effets délétères de ces essais sur la personne humaine et la santé ont des effets qui peuvent transcender des générations, s’est alarmé le Président qui a exhorté à mettre un terme aux essais nucléaires « pour de bon ».  Il a également appelé à redoubler d’efforts pour promouvoir l’universalisation et la mise en œuvre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a invité les États qui n’ont pas encore signé ce traité à le faire sans délai.

Relevant ensuite que la menace d’une catastrophe nucléaire est plus présente que jamais en raison des tensions en Ukraine, le Président de l’Assemblée générale a appelé à promouvoir le désarmement, le dialogue et la voie diplomatique pour que chacun puisse vivre dans un monde affranchi des armes nucléaires.  Pour y arriver, il faut éradiquer l’ensemble des armes nucléaires, a-t-il insisté, évoquant l’existence de quelque 13 000 ogives nucléaires, un chiffre « préoccupant ».  Déçu du fait que la dixième Conférence d’examen des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas été en mesure de produire un document final, M. Shahid a espéré que les États parties continueront de dialoguer de façon constructive et réelle pour s’engager à nouveau envers ledit Traité.  En ce jour où nous marquons la Journée internationale contre les essais nucléaires, il faut réinsuffler une lueur d’espoir et nous débarrasser des armes nucléaires, a souligné M. Shahid qui a appelé les États Membres à conjuguer leurs efforts pour faire de cet objectif une réalité. 

Faisant lecture d’un message du Secrétaire général de l’ONU, Mme IZUMI NAKAMITSU, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a déclaré que les essais nucléaires ne laissent rien de bon à l’exception de déchets toxiques.  Elle a estimé que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires doit rester une priorité urgente pour tous les États.  L’incapacité, le mois dernier, de la dixième Conférence des Parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires à parvenir à un consensus sur un résultat de fond a été une occasion perdue, a-t-elle déploré, notant qu’un seul État partie s’est opposé au projet de document final.  Elle a salué l’unité exprimée en faveur d’une interdiction mondiale des essais nucléaires et l’importance de permettre l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires le plus tôt possible, afin de limiter le développement et l’amélioration des armes nucléaires.  Elle s’est aussi félicitée de l’attention accrue portée, lors du dernier cycle d’examen, à l’assistance aux personnes et aux communautés touchées par les essais d’armes nucléaires.  Les essais nucléaires empoisonnent depuis trop longtemps les ressources naturelles de notre planète des steppes du Kazakhstan aux eaux cristallines de l’océan Pacifique et aux déserts d’Australie, a-t-elle rappelé. 

Notant que la norme mondiale interdisant les essais nucléaires a été fermement maintenue au XXIe siècle, à une exception près, Mme Nakamitsu a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de s’abstenir de procéder à de nouveaux essais nucléaires, d’adhérer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de travailler immédiatement avec les parties concernées en vue de la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  Elle a salué ensuite l’adhésion de quatre nouveaux États au Traité, espérant que cela incitera les huit États restants de l’annexe 2 -dont la ratification est requise pour l’entrée en vigueur du Traité- à signer et à ratifier le Traité sans délai.  Cela donnerait un élan aux autres États qui ne figurent pas dans l’annexe 2 et qui sont moins d’une douzaine, à adhérer au Traité. 

Alors que les relations entre les États dotés d’armes nucléaires continuent de se détériorer et que les armes nucléaires jouent un rôle de plus en plus important dans les doctrines de sécurité nationale, Mme Nakamitsu a appelé à corriger le tir de toute urgence et accélérer les efforts pour parvenir au désarmement nucléaire.  « Mettre fin une fois pour toutes aux essais nucléaires, en assurant l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires est une étape concrète à laquelle nous devons tous tendre » a souligné la Haut-Représentante avant d’appeler à redoubler d’efforts pour atteindre l’objectif collectif d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), a rappelé que la date de la Journée internationale contre les essais nucléaires marque la fermeture, le 29 août 1991, du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, au Kazakhstan.  Évoquant l’espoir qu’avait suscité cette mesure, il a constaté qu’aujourd’hui « des nuages d’inquiétude s’amoncellent »: les conflits en cours font en effet craindre le retour de la crise nucléaire et un nouvel essai nucléaire semble pointer à l’horizon.  Toutefois, malgré ces tensions géopolitiques et bien que la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ait récemment conclu ses délibérations sans consensus sur un document final, il a dit voir des raisons d’être optimiste.  Le haut responsable s’est ainsi réjoui que des appels à l’action se soient fait entendre après ces quatre semaines d’intenses négociations, jetant les bases d’un réel progrès à l’avenir. 

S’agissant du TICE, M. Floyd s’est déclaré réconforté par le soutien de plus en plus fervent exprimé par les États parties au TNP.  Le projet de document final, a-t-il relevé, rappelait l’importance de l’entrée en vigueur du TICE et réaffirmait la responsabilité de tous les États ayant ratifié le TNP de le promouvoir pour parvenir à son universalisation.  Il a d’autre part indiqué qu’en cette année du vingt-cinquième anniversaire de l’ouverture à la signature du TICE, il s’est fixé pour objectif d’enregistrer au moins cinq nouvelles ratifications de ce traité en un an.  Alors que la Dominique, la Gambie, le Timor-Leste et Tuvalu se sont mobilisés pour le ratifier, d’autres leur emboîtent le pas, s’est-il enthousiasmé.  Ces pays sont convaincus que la meilleure protection de la communauté internationale contre les menaces nucléaires est de renforcer la non-prolifération nucléaire mondiale et le régime de désarmement, dont le TICE et ses moyens de vérification uniques sont des éléments clefs, a-t-il souligné.  Parmi ces moyens de vérification, M. Floyd a cité un centre de données international à la pointe de la technologie et un réseau de stations de surveillance des explosions nucléaires qui a prouvé son efficacité.  Il a ensuite souligné que l’entrée en vigueur du TICE est la seule manière de mettre en place une interdiction durable et vérifiable des essais nucléaires. 

Mme VIVIAN OKEKE, Directrice du Bureau de liaison de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à New York, a rappelé qu’au cours des six dernières décennies, l’AIEA a contribué à prévenir la propagation des armes nucléaires tout en mettant la science et la technologie nucléaires à la disposition des pays en développement à des fins pacifiques.  La science et la technologie nucléaires contribuent directement à la réalisation de plus de la moitié des 17 objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle indiqué.  Elle a rappelé l’action de l’AIEA dans le contexte de la pandémie de COVID-19, avant d’évoquer le lancement, cette année, du projet « Rays of Hope » pour lutter contre le cancer, ainsi que le programme de bourses Marie Sklodowska-Curie de l’AIEA qui offre un soutien financier aux femmes qui étudient en vue d’obtenir une maîtrise en matière nucléaire. 

La représentante a ensuite indiqué que la semaine dernière, une mission de l’AIEA s’est rendue à la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia pour évaluer la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires.  L’AIEA y a mis en place une présence continue, et hier, le Directeur général, qui a informé le Conseil de sécurité sur cette question cruciale, a publié un rapport détaillant les recommandations concrètes de l’AIEA, à commencer par un appel à la création urgente d’une zone de sûreté et de protection de la sécurité nucléaire autour de la centrale. 

Poursuivant, la représentante a indiqué qu’une étape clef dans les travaux de l’AIEA a été la création, en 2019, d’une banque d’uranium faiblement enrichi au Kazakhstan.  Elle a expliqué que l’AIEA a aidé le Gouvernement du Kazakhstan à évaluer la contamination radiologique des terres touchées par les essais nucléaires sur le site de Semipalatinsk et dans les zones environnantes.  Un projet de coopération technique axé sur le renforcement des capacités nationales est en train d’être mis en œuvre afin d’évaluer si certaines parties de ce site peuvent être consacrées à une utilisation économique normale. 

M. BENETICK KABUA MADDISON, Directeur de la Marshallese Educational Initiative (Îles Marshall), a indiqué que les États-Unis ont utilisé les Îles Marshall pour réaliser 67 essais nucléaires entre 1946 et 1958, détonant l’équivalent de 7 200 bombes d’Hiroshima.  À la fin des années 70, les États-Unis ont construit un dôme en béton sur Eniwetak, l’une des deux îles utilisées pour les essais nucléaires, où ils ont déversé des déchets nucléaires dans une structure, qui laisse maintenant échapper des contaminants nucléaires dans l’environnement.  Les Îles Marshall et les États-Unis ont ensuite signé le premier pacte d’association libre en 1986, permettant aux Marshallais de migrer aux États-Unis pour l’emploi, l’éducation et l’accès aux soins. 

S’agissant de la santé, il a expliqué que les Marshallais ont les taux de cancer et de diabète parmi les plus élevés au monde, en raison des essais nucléaires.  Ils sont également particulièrement vulnérables à la COVID-19 en raison de problèmes de santé résultant de l’exposition aux radiations et de la réinstallation forcée.  Il a expliqué que les dirigeants politiques marshallais et les défenseurs de la communauté continuent de se battre pour la justice nucléaire et climatique.  Avec l’aide de la Nuclear Age Peace Foundation, les Îles Marshall ont poursuivi neuf États dotés d’armes nucléaires en 2014, a fait savoir le représentant avant de se féliciter du soutien international obtenu.  Il a espéré que les négociations en cours pour le prochain pacte de libre association entre les Îles Marshall et les États-Unis permettront d’aborder pleinement et équitablement l’héritage nucléaire et les changements climatiques. 

Déclarations

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice) a réaffirmé que l’élimination totale des armes nucléaires demeure la seule garantie contre leur utilisation ou menace d’utilisation.  Dans ce contexte, il a appuyé le principe d’un désarmement nucléaire complet, condition sine qua non du maintien de la paix et de la sécurité internationales, exhortant tous les membres de la communauté internationale, en particulier ceux dotés d’armes nucléaires, à signer et ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires dans les meilleurs délais.  Le représentant a ensuite exprimé son inquiétude face à la lenteur des progrès accomplis par les États dotés d’armes nucléaires dans la réalisation de l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires.  Il a donc insisté sur la mise en œuvre de toutes les mesures convenues et engagements pris par les États dotés d’armes nucléaires dans le cadre du TNP. 

Soulignant la contribution des zones exemptes d’armes nucléaires à travers le monde aux objectifs de réalisation du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, il a réitéré l’attachement du Groupe au Traité de Pelindaba, qui réaffirme le statut de l’Afrique en tant que zone exempte d’armes nucléaires.  Dans le même ordre d’idées, il a salué la convocation de la Conférence des Nations Unies sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a appelé tous les États invités à continuer de négocier de bonne foi un traité juridiquement contraignant, satisfaisant à la mise en œuvre de la résolution adoptée en 1995 sur l’examen du TNP et sa prorogation.  À cet égard, le délégué s’est dit profondément déçu par l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, qui plonge le traité dans des « eaux inconnues » et remet en cause sa crédibilité ainsi que la paix et la sécurité collectives.  Dans ce contexte, il a réitéré l’importance de parvenir à une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), en tenant compte des responsabilités particulières des États dotés d’armes nucléaires. 

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan) a rappelé l’importance de sensibiliser au danger sans précédent des essais et des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Il a exhorté à mettre un terme aux essais nucléaires une fois pour toute, s’alarmant ensuite de l’expansion et de l’atmosphère secrète dans laquelle les États nucléaires travaillent sur leurs arsenaux nucléaires.  Il s’est également inquiété du danger constant d’attaques cybercriminelles sur des sites nucléaires, du risque de voir des armes nucléaires tomber dans les mains de terroristes et de l’utilisation possible d’une des 13 000 ogives qui existent dans le monde.  La promotion des mesures de renforcement de la confiance entre les États Membres est essentielle, a souligné le représentant qui a appelé à la reprise des négociations et du dialogue pour promouvoir le désarmement nucléaire. 

Il a notamment appelé à redoubler d’efforts pour créer de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient.  Il a également souhaité parvenir à zéro essai nucléaire d’ici à 2045 et à tout mettre en œuvre pour que les victimes de ces essais « qui se comptent par millions » obtiennent justice.  N’oublions pas les conséquences terribles d’Hiroshima et de Nagasaki ainsi que les tragédies qui nous hantent depuis quatre décennies suite aux essais réalisés au Kazakhstan, dans le Pacifique Sud, en Afrique du Nord, en Amérique du Nord et dans d’autres régions.  Il faut avoir la détermination politique et la sagesse de se mettre au-dessus des intérêts nationaux étroits, a-t-il dit.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a réaffirmé l’importance de parvenir sans délai à une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a indiqué que tous les États membres de l’ASEAN ont ratifié le TICE, exhortant les États énumérés à l’annexe 2 du texte à faire de même pour que l’entrée en vigueur du Traité se réalise enfin.  Condamnant la conduite d’essais nucléaires, le représentant a rappelé les terribles conséquences de l’arme nucléaire sur la santé, les moyens de subsistance socioéconomiques, l’environnement et le développement durable.  Il a par ailleurs indiqué que l’ASEAN considère le TNP comme la pierre angulaire du désarmement nucléaire mondial, de la non-prolifération et de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  À cet égard, il a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP se soit conclue fin août sans document final consensuel.  Le travail doit néanmoins se poursuivre, a soutenu le délégué, avant d’inviter tous les États parties au TNP à renouveler leurs engagements, y compris ceux concernant la réalisation de l’article VI du Traité.  Il a ensuite réitéré l’engagement de l’ASEAN à préserver sa région en tant que zone exempte d’armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive, précisant que la mise en œuvre du plan d’action pour l’entrée en vigueur du Traité sur cette question a été prolongé pour une nouvelle période de cinq ans (2023-2027).  Il a également estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, entré en vigueur le 22 janvier 2021, est un accord « historique », qui complète d’autres programmes existants de désarmement nucléaire et de non-prolifération.  Enfin, après s’être inquiété des tirs de missiles balistiques par la République démocratique populaire de Corée (RPDC), il a exhorté toutes les parties concernées à reprendre un dialogue pacifique et à continuer d’œuvrer pour la réalisation d’une paix durable dans une péninsule coréenne dénucléarisée. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a indiqué que l’entrée en vigueur du TICE reste une priorité absolue pour l’UE.  Il a appelé la Chine, l’Égypte, l’Iran, Israël et les États-Unis à ratifier le Traité et la RPDC, l’Inde et le Pakistan à le signer et le ratifier afin de permettre son entrée en vigueur.  Il a aussi appelé à respecter le moratoire sur les explosions expérimentales d’armes nucléaires ou toute autre explosion nucléaire, et à s’abstenir de toute action contraire au Traité.  Le délégué a regretté qu’à la dixième Conférence d’examen du TNP, il n’ait pas été possible, en raison de l’objection d’un pays, de parvenir à un consensus sur un document final.  Néanmoins, a-t-il observé, les obligations juridiquement contraignantes inscrites dans le TNP et les engagements des précédentes conférences d’examen resteront valables. 

Après avoir condamné l’agression non provoquée et injustifiée de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à cesser ses actions illégales et déstabilisatrices qui compromettent la paix et la sécurité internationales et régionales, ainsi que le régime mondial de non-prolifération.  La RPDC doit se conformer à ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de s’abstenir de mener des essais d’armes nucléaires et de missiles balistiques.  La RPDC ne peut pas et n’aura jamais le statut d’État doté d’armes nucléaires conformément au TNP, a promis le délégué adjoint.  À ses yeux, les essais nucléaires de la RPDC ont démontré le rôle inestimable de l’OTICE qui a fourni rapidement des données fiables et indépendantes, permettant à la communauté internationale de réagir de manière appropriée et rapide.  Depuis 2006, l’UE a d’ailleurs fourni à l’OTICE des contributions volontaires de plus de 29,5 millions d’euros pour financer divers projets techniques visant à renforcer le régime de vérification et à renforcer les capacités dans les pays en développement, a informé le délégué. 

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a rappelé l’importance des résolutions 64/35 de décembre 2009 et 72/51 de décembre 2017 adoptées par l’Assemblée générale pour faire du 29 août la Journée internationale contre les essais nucléaires.  Elle a félicité les 186 États signataires et les 174 États qui ont ratifié le TICE, dont 41 des 44 États de l’annexe 2 dont la ratification est nécessaire à son entrée en vigueur.  Elle a plus particulièrement salué les signature et ratification de la Dominique en 2022, faisant de l’Amérique latine et les Caraïbes une région dans laquelle tous les États ont achevé la signature et la ratification de cet instrument.  La représentante a réitéré l’importance vitale et l’urgence d’une entrée en vigueur rapide du TICE avant d’exhorter tous les États de l’annexe 2 qui ne l’ont pas ratifié à prendre les mesures nécessaires pour ce faire. 

Après avoir réaffirmé l’urgence de parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires, la déléguée a pris note de la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui s’est déroulée du 21 au 23 juin 2022 à Vienne.  Enfin, elle a rappelé l’exemple que constitue le Traité de Tlatelolco qui a créé une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes. 

Au nom du Forum des îles du Pacifique, M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré que les conséquences catastrophiques des explosions nucléaires ne doivent pas être oubliées.  Souvenons-nous des vies perdues et des personnes qui continuent de porter les stigmates des essais nucléaires, a-t-il lancé, appelant à rendre justice aux individus et aux communautés touchés par ce fléau.  Affirmant que les essais nucléaires continuent de représenter un danger permanent dans la région Pacifique, il a appelé à juguler leurs effets sur la santé et la sécurité des peuples du monde, tout en réglant les problématiques en souffrance.  À cet égard, le représentant a rappelé que, lors de leur réunion annuelle en juillet, les dirigeants du Forum ont procédé à un examen qui a conduit à la condamnation des essais nucléaires dans la région.  Cette prise de position permettra de prendre des mesures relatives aux conséquences de ces essais dans la région, a-t-il expliqué, assurant que les îles du Pacifique, qui constituent une « mosaïque » de zones exemptes d’armes nucléaires, ont décidé de protéger l’humanité contre le fléau des essais nucléaires. 

Le représentant a estimé à ce propos que le Traité de Rarotonga pour une zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud a permis de dénucléariser un grand nombre de régions du monde.  Il a exhorté les États-Unis à ratifier ce traité et ses protocoles.  Il a également jugé essentiel que des partenariats soient instaurés au sein du régime de non-prolifération et dans le cadre du TICE.  Après avoir salué la ratification de ce traité par Timor-Leste, la Dominique et Tuvalu, il a appelé tous les États à ne plus procéder à des essais et à s’abstenir d’agir de façon contraire aux buts du TICE.  Il s’est aussi réjoui de la création récente du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, répétant que la menace reste plus présente que jamais.  Enfin, le délégué a condamné les six essais menés par la RPDC depuis 2006.

Au nom du Groupe des États arabes, M. TAREK LADEB (Tunisie) a demandé des garanties pour que les armes nucléaires ne soient jamais utilisées avant d’exhorter la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour assurer l’élimination totale de ces armes.  Il a signalé que le non-respect des engagements agréés lors des conférences d’examen du TNP constitue une grave menace à la paix et sécurité internationales.  Il a ensuite exhorté les États détenteurs d’armes nucléaires à assumer leurs responsabilités particulières, notamment en assurant l’élimination de leurs arsenaux dans le cadre d’un calendrier précis.  Enfin, le représentant a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts du comité préparatoire visant à parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et de travailler encore à l’universalisation du TICE et du TNP.

M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche) a rappelé les effets dévastateurs continus sur l’être humain et l’environnement des premiers essais nucléaires dans le désert du Nouveau-Mexique.  Il a appelé à respecter l’interdiction des essais nucléaires, dénonçant ensuite la RPDC qui continue de procéder à de tels essais.  L’Autriche, a continué le représentant, qui accueille des organisations spécialisées à Vienne, continuera d’aider l’OTICE qui a prouvé sa capacité à vérifier les normes relatives aux essais nucléaires.  Il a ensuite souligné que pour que le système soit pleinement efficace et opérationnel, le TICE doit entrer en vigueur, s’inquiétant en outre du fait que les traités de non-prolifération et de désarmement sont aujourd’hui mis en péril.  Les pays qui empêchent l’entrée en vigueur du TNP, doivent le ratifier dès que possible et sans poser de conditions, a-t-il ajouté. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a alerté que la planète vit un risque sans précédent de recours à des armes nucléaires, insistant sur l’urgence de progresser dans la recherche d’un monde sans essais nucléaires et sans risque d’utilisation d’une arme de destruction massive.  Il a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pas pu atteindre un consensus sur un document final, pour ensuite se féliciter de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et la tenue de la première assemblée des États parties, qui s’est terminée par l’adoption d’un plan d’action et d’une déclaration commune.  Le représentant a par ailleurs indiqué que l’Équateur, conformément à son engagement en vertu du TICE, continuera d’abriter aux îles Galápagos, des stations infrasons et radionucléides, en vue de renforcer le réseau international de surveillance.  Enfin, il a condamné les essais nucléaires, quel qu’en soit l’auteur, pour les graves dommages qu’ils causent à l’environnement et leurs conséquences humanitaires désastreuses.

Mme SZILVIA BALÁZS (Hongrie) a constaté que le TICE est une norme quasiment universellement acceptée, puisque aucun membre de la communauté internationale, hormis la RPDC, n’a procédé à des essais nucléaires.  Mais ce moratoire volontaire ne peut se substituer à une obligation juridiquement contraignante, a-t-elle souligné.  L’universalisation et l’entrée en vigueur du TICE devraient être la priorité de tous les pays, a-t-elle déclaré, en exhortant les pays de l’annexe 2 qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le TICE.  Enfin, elle a souligné l’importance d’une sensibilisation accrue du grand public à la menace que représentent les essais nucléaires.

Mme SONIA PEREIRA PORTILLO (Colombie) a noté que plus de 2 000 essais nucléaires ont été menés dans les 50 années qui ont suivi le premier essai du 16 juillet 1945.  Notant que la menace nucléaire demeure aiguë malgré le TICE, elle a exigé l’universalisation de l’interdiction complète des essais nucléaires, l’interdiction des armes nucléaires et l’élimination des arsenaux existants. 

La représentante a ensuite souligné le rôle fondamental joué par la société civile pour rendre visible, éduquer et sensibiliser aux conséquences humanitaires catastrophiques de toute explosion nucléaire.  Elle a rappelé qu’en 1985, au plus fort de la guerre froide, un groupe de médecins américains et soviétiques, fondateurs de l’International Physicians for the Prevention of Nuclear War, a remporté le prix Nobel de la paix.  Elle a également rappelé l’intervention en 2017 devant la Conférence qui a négocié le Traité d’interdiction complète des armes nucléaires, de Mme Karina Lester qui a attiré l’attention sur l’impact de plus de deux mille explosions nucléaires expérimentales sur les communautés autochtones.  Rappelant notre responsabilité première de préserver la vie, la représentante de la Colombie a exhorté les gouvernements et la société civile à travailler de concert dans la poursuite de l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires et de veiller à ce qu’il n’y ait plus jamais de détonation de cette nature. 

M. HONGGAN (Chine) a fait valoir que l’interdiction complète des armes nucléaires et l’élimination de la menace nucléaire sont dans l’intérêt de toute l’humanité.  Dans cet esprit, a-t-il souligné, le TICE est un élément important du système de non-prolifération nucléaire international et un jalon essentiel vers un monde exempt d’armes nucléaires.  Alors que le désarmement et la non-prolifération nucléaires sont aujourd’hui mis en péril, le rôle du TICE est plus important que jamais face aux défis émergents, a-t-il insisté, jugeant que la communauté internationale doit s’efforcer de garantir la sécurité de tous.  Pour sa part, la Chine a été parmi les premiers États à signer le TICE et est le pays doté d’armes nucléaires qui a procédé au nombre d’essais nucléaires le plus faible, a fait observer le délégué, avant de préciser que son pays a un moratoire en vigueur sur ce point.  Assurant que l’interdiction des armes nucléaires fait partie des objectifs de la Chine, il a plaidé pour que ces armes ne soient utilisées en aucune circonstance.  La Chine, a-t-il dit, s’est engagée à ne jamais utiliser ces armes, notamment contre les États qui n’en sont pas dotés.  De plus, nos arsenaux sont au minimum requis pour assurer notre sécurité, a expliqué le représentant.  Il a par ailleurs rappelé que, le 3 janvier dernier, les cinq pays dotés de l’arme nucléaire ont publié une Déclaration commune soulignant qu’aucune guerre nucléaire ne doit avoir lieu et qu’aucune arme nucléaire ne doit cibler un État, qu’il soit doté ou non.  Dans ce contexte, il a estimé que, malgré son échec, la dixième Conférence d’examen du TNP a permis d’espérer de nouvelles avancées, l’objectif étant de renforcer le Traité, de le rendre plus universel et de promouvoir l’entrée en vigueur du TICE. 

M. MAURIZIO MASSARI (Italie) a souligné la nécessité de mettre un terme aux essais nucléaires et de libérer le monde des armes nucléaires.  Il a regretté que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur et a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le Traité sans plus tarder.  Le représentant a en outre regretté qu’un État ait choisi de bloquer le consensus lors de la dixième Conférence d’examen du TNP qui aurait permis de réaffirmer l’importance de l’entrée en vigueur du Traité.  Le délégué a ensuite exhorté la RPDC à s’abstenir de toute nouvelle provocation et à prendre des mesures concrètes en vue d’une dénucléarisation complète vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne.  La RPDC doit s’engager en faveur de négociations crédibles, se conformer aux différentes résolutions du Conseil de sécurité et réintégrer le TNP, a-t-il insisté.  Il a également appelé la communauté internationale à soutenir le régime de vérification pour que celui-ci puisse être pleinement opérationnel. 

M. YUTA KUSANO (Japon) a constaté les divergences de vues entre les États en matière de désarmement nucléaire.  Dans ce contexte, il existe un besoin croissant de coopération entre les États, y compris les États dotés d’armes nucléaires et les États non dotés d’armes nucléaires.  Des mesures concrètes et pratiques de leur part sont indispensables pour faire progresser le désarmement nucléaire, a dit le représentant.  Et le TICE est l’une des mesures les plus efficaces à cet égard, ayant incontestablement contribué à renforcer la norme d’interdiction des essais nucléaires.  Presque tous les États observent aujourd’hui un moratoire sur les essais nucléaires, et tout État qui procède à des essais nucléaires fera l’objet d’une condamnation et de sanctions sévères de la part de l’ensemble de la communauté internationale.  Condamnant les six essais nucléaires effectués par la RPDC depuis 2006, le représentant a demandé instamment à ce pays de se conformer pleinement à toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de prendre des mesures concrètes en vue du démantèlement complet, vérifiable et irréversible de toutes ses armes de destruction massive, missiles balistiques de toutes portées et programmes connexes.  Il a ensuite regretté que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur, même après 25 ans, et a appelé tous les États, en particulier les huit États restants visés à l’annexe 2, à faire tout leur possible pour signer et ratifier le Traité sans plus attendre.  Le Japon coorganisera d’ailleurs une réunion des Amis du TICE au niveau des dirigeants, le 21 septembre prochain.

M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a indiqué que l’opposition de principe de son pays aux essais nucléaires trouve son fondement dans l’impact humanitaire et environnemental des explosions expérimentales d’armes nucléaires.  Selon lui, la Journée internationale contre les essais nucléaires a favorisé leur interdiction en sensibilisant les opinions publiques nationales et internationales et en favorisant l’adoption de mesures bilatérales et multilatérales à cet effet.  Toutefois, a-t-il noté, ces efforts ne sont ni permanents ni juridiquement contraignants, et demeurent donc insuffisants en l’absence d’un instrument international tel que le TICE, adopté en 1996, dont l’entrée en vigueur continue de se faire attendre.  Le représentant a appelé à cet égard les huit pays de l’annexe 2 dont la ratification est nécessaire à cette fin à le faire sans tarder.  Dans l’intervalle, il a exhorté les États Membres à s’abstenir de tout essai nucléaire et à renoncer à tout acte contraire aux objectifs du TICE.  Il s’est en outre félicité des travaux de la Commission préparatoire de l’OTICE dans le cadre du déploiement du système international de surveillance et de détection.

Mme ZAHRA ERSHADI (République islamique d’Iran) a déploré que, 26 ans après son ouverture à la signature, le TICE n’est toujours pas mis en œuvre.  L’atteinte du noble objectif de l’interdiction des essais nucléaires passe par la volonté des États dotés de l’arme nucléaire, a-t-elle relevé, se disant frustrée par les tentatives dilatoires visant à prolonger ces essais, comme cela a été le cas récemment, lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Si nos appels avaient porté leurs fruits, les armes nucléaires ne seraient plus utilisées et leur menace aurait disparu, a commenté la représentante, avant d’appeler les États à tirer les conséquences de l’usage de telles armes.  Sur les quelque 2 000 essais nucléaires enregistrés, près de la moitié reviennent aux États-Unis, ce qui est regrettable, a-t-elle pointé.  Selon elle, pour que cette menace cesse de peser sur l’humanité, il faut mettre en œuvre l’article VI du TNP, ce qui, là encore, incombe aux seuls États dotés de l’arme nucléaire.  La communauté internationale doit donc les obliger à respecter leurs responsabilités au regard du TNP, a-t-elle plaidé, jugeant que cela vaut aussi pour le Moyen-Orient, où le « régime israélien » est le seul en possession d’armes de destruction massive, ce qui représente une menace pour la paix régionale.  Pour la déléguée, les moratoires destinés à arrêter les essais nucléaires ne se substituent pas à une mesure juridiquement contraignante. 

M. LUÍS GUILHERME PARGA CINTRA (Brésil) a déploré que la dixième Conférence d’examen du TNP n’a pas débouché sur un document final qui aurait impulsé un dynamisme capable de mettre un terme aux essais nucléaires.  Aujourd’hui, a-t-il affirmé, il n’y a pas de raison d’être optimiste: nous avons régressé par rapport à il y a 27 ans.  Tous les progrès accomplis sont annihilés.  Et les arsenaux nucléaires, loin d’être réduits, ont au contraire été modernisés.  Notant que l’entrée en vigueur du TICE pourrait se concrétiser avec la ratification du Traité par seulement huit États, il a appelé faire preuve d’une volonté politique concrète pour atteindre la ligne d’arrivée et rattraper le temps perdu. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a plaidé « au nom du monde entier » pour un monde affranchi des armes atomiques et des essais nucléaires.  L’objectif de désarmement nucléaire peut être atteint dans le cadre d’un calendrier bien concret, grâce à des mesures prises étape par étape et dans un contexte multilatéral qui soit exhaustif et non discriminatoire, a estimé le représentant.  Un traité transparent, crédible et efficace de désarmement nucléaire permettra au monde entier de se libérer des armes de destruction massive.  À cet égard, le représentant a insisté sur l’importance du dialogue et du renforcement de la confiance, appelant en outre à prendre toutes les mesures essentielles à l’interdiction complète et réelle des essais nucléaires.  Une telle interdiction ne requiert pas uniquement des obligations juridiques contraignantes mais également des engagements moraux fondés sur la confiance entre les États, a insisté le délégué qui a exhorté les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE.  Il a également appelé à la mise en place d’un réseau mondial de surveillance qui permettraient des vérifications sur place. 

Mme ROBINSON SNOWDEN (États-Unis) a rappelé qu’il y a 30 ans, son pays et d’autres ont permis l’entrée en vigueur de traités qui interdisent aux Parties de mener des essais nucléaires dans l’espace extra-atmosphériques et en milieu sous-marin.  Les États-Unis étaient également les premiers à signer le TICE en septembre 1996 et maintiennent depuis un moratoire sur les essais nucléaires a indiqué la représentante, appelant tous les États dotés d’armes nucléaires à en faire de même.  Elle a également estimé que les agissements de la RPDC soulignent la nécessité de promouvoir l’interdiction globale des essais nucléaires.  Elle a ensuite indiqué que son pays continue de prendre des mesures pour faire face aux effets de ses propres essais atomiques, citant en guise d’exemple la loi sur la compensation et les réparations pour contamination radioactive.  À la suite de la Conférence d’examen du TNP, le Gouvernement a également lancé une réflexion qui a conclu que l’interdiction des essais nucléaires doit demeurer une priorité.  Il faut en outre parachever les derniers éléments du système de surveillance et développer les capacités d’inspection qui serviront de dissuasion face aux essais nucléaires clandestins dans le cadre des travaux préparatoires de l’OTICE. 

M. TEBURORO TITO (Kiribati) a souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation face aux effets des explosions nucléaires, et en particulier des essais nucléaires.  Pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires, il faut commencer par faire cesser ces essais, a-t-il martelé, avant de rappeler que, entre 1957 et 1962, le Royaume-Uni et les États-Unis ont effectué 33 essais nucléaires à Malden et Kiritimati, deux îles de l’archipel de Kiribati.  Les civils qui résident sur ces îles ainsi que les participants à ces programmes ont alors subi les effets négatifs des radiations ionisantes provoquées par les explosions, a souligné le représentant, ajoutant que nul n’avait été averti des effets humanitaires et sanitaires de ces essais.  Au total, a-t-il ajouté, Kiribati a subi plus de 30 essais nucléaires, ce qui a causé d’indicibles souffrances et de nombreux décès parmi la population.  C’est dans ce contexte que Kiribati a signé le TICE, considérant que ce traité constitue un complément important du TNP, notamment de son article VI.  De plus, a poursuivi le délégué, nous avons cofacilité les négociations sur les différentes formes d’assistance prévues par le TNP.  Formant le vœu que ces travaux jetteront les bases d’un fonds d’affectation spécial, il a insisté sur l’importance de renforcer la sensibilisation sur ces enjeux, en particulier chez les jeunes insulaires du Pacifique.  Enfin, avant de citer les paroles d’une chanson appelant à un monde exempt d’armes nucléaires, il a demandé au monde de ne pas oublier que d’anciennes puissances coloniales ont fait subir à son pays des essais nucléaires alors qu’elles mettaient au point des armes de destruction massive. 

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que le TICE prévoit l’interdiction des essais nucléaires mais aussi l’obligation pour les États parties de porter secours aux victimes desdits essais et de décontaminer les zones touchées.  Le délégué a exhorté les huit pays de l’annexe II qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre le TICE.  C’est seulement grâce à l’entrée en vigueur du TICE que les dispositions du Traité sur les inspections sur site pourront pleinement s’appliquer, a conclu le délégué.

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, la Fédération de Russie s’est élevée contre les déclarations relatives à la sûreté de la centrale de nucléaire de Zaporijia en expliquant que l’Ukraine, en procédant presque quotidiennement à des tirs sur la zone de la centrale, est la principale cause de tous les risques.  La complicité de la communauté internationale ne fait qu’encourager les comportements irresponsables de Kiev, a dit le représentant.  S’agissant des « insinuations » relatives à la dixième Conférence d’examen du TNP, il a regretté que les pays occidentaux aient pris en otage cette conférence dans le seul but d’empêcher l’adoption d’un document final en rendant responsable la Fédération de Russie.  Néanmoins, il s’est félicité de discussions constructives sur les voies à suivre.  Après avoir exhorté les pays de l’annexe II qui n’ont pas encore adhéré au TICE à le faire, il a mis l’accent sur la responsabilité particulière des États-Unis, seul pays à avoir utilisé une arme nucléaire et à avoir effectué 1 054 essais nucléaires. 

Le représentant d’Israël a dit que tous les États ont le droit souverain d’assurer leur protection, avant de rappeler que l’Iran viole ses obligations internationales.  Certains pays prétendent qu’un « dispositif global » peut être instauré au Moyen-Orient sans reconnaître le droit d’Israël à se protéger, mais cette position est intenable, a-t-il assuré. 

Le représentant de l’Ukraine a dénoncé l’utilisation par la Russie de cette réunion commémorative dans le but de promouvoir un discours erroné concernant la situation à la centrale nucléaire de Zaporijia.  Cela ne nous surprend pas, a-t-il dit, estimant que, comme l’a prouvé la réunion du Conseil de sécurité d’hier sur cette question, la Russie est aujourd’hui « un pays isolé ».  Pour le représentant, la Russie est la seule responsable de la situation qui règne dans et autour de la centrale de Zaporijia.  En outre, a-t-il ajouté, la Russie viole les sept piliers de la sûreté et de la sécurité nucléaires et est la seule partie à faire usage de la force militaire contre cette centrale.  Elle doit donc assumer la responsabilité de ses actes, qui représentent une menace pour la sûreté et la sécurité nucléaires dans toute la région et dans le monde. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a souhaité, quant à lui, répondre aux accusations « fallacieuses et non fondées » portées par Israël à l’encontre de son pays.  Il a insisté sur le fait que ce « régime criminel », qui possède des armes de destruction massive, met en péril la paix et la sécurité de toute sa région.  Selon lui, la communauté internationale devrait condamner les agissements d’Israël et l’exhorter à se soumettre au régime sur les armes de destruction massive. 

COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR L’ACCÈS À LA JUSTICE DES PERSONNES RESCAPÉES DE VIOLENCES SEXUELLES 

Suite des explications de position du projet de résolution - A/76/L.80

Le Guatemala s’est dissocié du paragraphe 6 du dispositif qui contient des références aux droits sexuels et reproductifs en tant qu’ « avortement sécurisé » lorsque ces services sont autorisés par la législation nationale.  Ces termes, qui peuvent être interprétés comme des pratiques d’avortement, contreviennent à notre législation nationale, a expliqué la délégation.

L’Inde a dit avoir adhéré au consensus sur cette résolution, tout en reconnaissant que la présentation d’amendements soutenus par un grand nombre de pays témoigne de l’incapacité de la communauté internationale à juguler ses divergences.  À la lumière de l’utilisation de certains termes controversés, la délégation a dit ne pouvoir souscrire aux paragraphes 2, 10, 11 et 16 du préambule et 6 du dispositif. 

La République arabe syrienne a déclaré s’être jointe à contrecœur au consensus sur la résolution, indiquant que plusieurs libellés du texte lui posent problème.  Regrettant à cet égard que les amendements proposés par le Nigéria n’aient pas été inclus à la résolution, la délégation a dénoncé le fait que le texte regorge de références à la « violence fondée sur le sexe », qui ne peuvent se substituer aux termes « violences sexuelles » et « violences faites aux femmes ».  Elle s’est donc dissociée de ce terme ainsi qu’à celui de « formes de discrimination multiples et croisées ».  Elle s’est aussi dissociée du terme « controversé et non consensuel » de « violence entre partenaires intimes », au paragraphe 16 du préambule, ainsi qu’au terme « non convenu au niveau international » d’ « avortement sécurisé », au paragraphe 6 du dispositif.  Enfin, elle s’est dissociée du consensus sur le renvoi à la Cour pénale internationale (CPI), stipulé aux paragraphes 9 et 10 du préambule, en rappelant que son pays n’est pas signataire du Statut de Rome de la CPI. 

Le Bélarus a dit ne pas pouvoir soutenir pleinement cette résolution en raison de la présence de libellés controversés qui promeuvent des concepts n’ayant pas fait l’objet d’un accord au niveau interétatique.  Regrettant à son tour que l’Assemblée n’ait pas adopté les amendements proposés par le Nigéria, la délégation a indiqué que son pays interprétera le texte de la résolution conformément à sa législation nationale et à ses obligations juridiques internationales. 

Le Pakistan s’est dissocié des paragraphes 8 et 16 du préambule et paragraphes 2(a) et 6 du dispositif car ils contiennent des termes non consensuels, voire polémiques et en contradiction avec la législation nationale.  Pour la même raison, il a expliqué avoir voté en faveur des quatre amendements aux quatre paragraphes susmentionnés. 

Le Soudan s’est dissocié du consensus autour de cette résolution en raison du contenu des paragraphes 8 et 16 du préambule et paragraphes 2(a) et 6 du dispositif qui contiennent des libellés qui sont en contradiction avec les dispositions législatives et les valeurs culturelles et sociales soudanaises. 

L’Égypte a expliqué avoir adhéré au consensus tout en regrettant que certains libellés n’aient pas été améliorés.  Elle s’est dissociée des paragraphes 18 et 23 du préambule et paragraphes 2(a) et 6 du dispositif car ils contiennent des termes non consensuels. 

L’Algérie a regretté que les amendements proposés par le Nigéria n’aient pas été incorporés au texte de la résolution.  Ils auraient permis de refléter la position d’un grand nombre de pays, a-t-elle affirmé, jugeant essentiel de tenir compte des contextes historique, culturel et religieux de chaque pays.  À cette aune, elle a exprimé des réserves quant à certaines notions, comme les « formes multiples et croisées de discrimination », les « partenaires intimes au sein du couple » et la « violence sexiste ».  Quant à l’ « avortement sécurisé », nous ne voulons pas promouvoir cette pratique, a-t-elle ajouté.

Le Brésil a estimé que la résolution contient de nombreux aspects qui ne sont pas agréés au niveau international et relèvent de la législation nationale.  Il a ainsi dit ne pas pouvoir accepter les références faites à l’avortement qui, selon lui, auraient dû être biffées du texte.  Le Brésil ne reconnaît pas l’avortement comme méthode de planification familiale, a-t-il fait valoir. 

La Libye a souscrit au consensus tout en regrettant la présence de certains libellés ne tenant pas compte de ses spécificités culturelles et religieuses.  Elle s’est notamment opposée aux concepts de violence au sein du couple et violences sexistes qui sont en contradiction avec la législation nationale de son pays.  Elle a aussi exprimé des réserves au sujet du contenu des paragraphes 8 et 16 du préambule et paragraphes 2(a) et 6 du dispositif car ils contiennent des termes qui n’ont pas fait l’objet d’un consensus, notamment celui de soins de santé sexuelle et génésique. 

La Mauritanie s’est dissociée du paragraphe 6 qui présente l’avortement comme un droit fondamental, ainsi que des paragraphes faisant mention de soins de santé sexuelle ou génésique.  Elle a aussi déploré la présence des concepts de « discriminations multiples et croisées » et de « violence au sein du couple » qui ne font pas l’objet d’un consensus international et n’existent pas dans de nombreuses législations nationales.   

Le Nigéria a estimé que le rejet de ses propositions d’amendement est le reflet de l’absence de souplesse des coauteurs du texte durant les négociations.  Ces amendements ne visaient pas à modifier le fond de la résolution mais à parvenir au consensus, a-t-il dit, estimant que les négociations étaient vouées à l’échec compte tenu du mépris des coauteurs face à certains désaccords.  Cela étant, il a regretté que la résolution n’aborde pas des éléments centraux comme la lutte contre l’impunité, l’assistance, l’accès aux soins de santé et l’appui psychosocial.  Sur cette base, il s’est dissocié du paragraphe 6 du dispositif, qui fait la promotion de l’accès sûr à l’avortement comme un droit de la personne, ainsi que des paragraphes 17 et 18 du préambule qui contiennent des termes problématiques et contraires à la législation du Nigéria. 

La Malaisie a indiqué que, tout en soutenant sans réserve le fond de cette résolution, elle se dissociait des termes « formes multiples et croisées de discrimination », « situations et conditions diverses » et « droit à contrôler et décider librement et de manière responsable des questions liées à leur sexualité » qui figurent aux paragraphes 8 du préambule et 2(a), 2(k) et 6 du dispositif.

L’Éthiopie a regretté l’impossibilité de parvenir à un consensus en raison de l’incapacité de certaines délégations de mener des négociations inclusives sans l’imposition de libellés non consensuels.  Elle s’est dissociée des paragraphes 8 et 16 du préambule et paragraphes 2(a) et 6 du dispositif car ils contiennent des termes non consensuels, voire polémiques. 

Le Japon a indiqué que son pays a voté contre les projets d’amendement présentés par le Nigéria parce que les paragraphes faisant l’objet de ces amendements étaient fondés sur des libellés agréés au cours de l’adoption de résolutions antérieures.  Il a rappelé que les concepts contestés ont été adoptés aux termes de cinq mois de négociations transparentes et inclusives.  Il s’est félicité de cette démarche qui a permis l’adoption de la première résolution sur la coopération internationale en faveur de l’accès à la justice pour des rescapés de violences sexuelles.  Enfin, le représentant a regretté les commentaires de nature politique exprimés par certaines délégations à l’intention du Japon, avant d’assurer que son pays avait la volonté d’assumer son passé. 

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, la Chine a dénoncé le fait que le Japon n’ait rien dit au sujet des femmes de réconfort.  Le Japon doit faire face à ses responsabilités et aborder cette problématique car la communauté internationale doit prendre conscience de ce qui s’est réellement passé, a-t-elle soutenu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.