Troisième Commission: des États Membres tirent la sonnette d’alarme et dénoncent les discriminations du genre durant la pandémie de la COVID-19
La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a poursuivi aujourd’hui son débat général, marqué une nouvelle fois par les importantes préoccupations que nourrissent les États Membres au sujet de la pandémie de COVID-19, notamment en ce qui concerne ses effets disproportionnés sur les femmes et sur leur statut socioéconomique. Pour de nombreux États « les femmes doivent être au cœur de la riposte », comme l’a souligné le Bangladesh.
La réponse à la pandémie ne se limite pas à rectifier des inégalités de longue date, il s’agit également de « concevoir un nouveau modèle de développement avec une perspective de genre et de promouvoir l’inclusion financière des femmes », a déclaré le Paraguay.
Évoquant à tour de rôle les effets néfastes de la pandémie à l’encontre des femmes notamment, que ce soit la violence sexuelle ou domestique, le problème des grossesses précoces, ou encore les défis en matière d’éducation et de droit du travail, de nombreux États Membres ont mis en exergue leurs efforts au plan national et appelé à repenser les politiques publiques dans différents domaines.
La Namibie a déploré la sous-représentation des femmes des espaces de décision, exhortant les États à prendre les circonstances particulières que les femmes affrontent pour « mieux reconstruire ». « Notre pays est convaincu que la participation des femmes est essentielle », a tonné cette délégation.
Tout aussi préoccupant, la période actuelle est marquée par une nette augmentation de la violence domestique. À cet égard, Monaco, a déploré, que 35% de femmes dans le monde sont encore victimes de violences. « Le monde y perdra », tant que les droits des femmes et des filles seront considérés comme moins important que les hommes, a poursuivi la Suède, ajoutant qu’elle « ne se taira pas tant qu’il y aura des femmes et filles confrontées à des avortements dangereux ou à des pratiques comme les mutilations génitales ».
Le Soudan et les États-Unis, quant à eux, ont mis l’accent sur la protection des femmes contre les violences et les discriminations dans les zones de conflit, la délégation américaine décriant notamment l’utilisation du viol comme arme de guerre en Éthiopie. Se tournant vers la situation en Afghanistan, l’Allemagne a lancé un appel au respect des droits humains y compris pour les femmes et les filles ainsi que les enfants.
Dans leur intervention, les États-Unis ont fustigé la situation des droits humains dans plusieurs pays qu’ils ont nommément cités, poussant certains d’entre eux à exercer leurs droits de réponse en fin de séance. Ils ont également appelé à soutenir les défenseurs des droits humains et à se manifester partout et à tout moment où les droits de l’homme sont violés ou malmenés. S’ils sont élus au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis feront exactement cela, a indiqué la délégation.
Cette troisième journée du débat général a également été marquée par l’intervention de plusieurs pays d’Afrique qui, à l’instar du Sénégal, ont dénoncé la « fracture vaccinale béante » entre pays développés et pays en développement. Cette situation largement induite par un nationalisme de mauvais aloi ne favorisera guère une éradication rapide du virus, a-t-il averti.
L’importance de l’équité vaccinale a également été appuyée par la délégation du Zimbabwe qui a par ailleurs jugé que l’une des plus grandes menaces pour les efforts de développement continue d’être les mesures coercitives unilatérales imposées à certains pays, dont le sien.
La Troisième Commission reprendra ses travaux demain, mardi 5 octobre, à partir de 10 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
Garantir un accès universel aux vaccins doit être une priorité, a estimé Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), soulignant l’urgence de la situation. La représentante s’est dite également préoccupée par les conséquences de la COVID-19 pour les femmes, les violences sexistes ayant augmenté et de nombreuses femmes ayant perdu leurs emplois. Les femmes doivent être au cœur de la riposte, a-t-elle appuyé. Évoquant ensuite l’éducation, Mme Fatima a rappelé que dans les pays en développement notamment, des millions d’enfant n’avaient pas eu accès à l’enseignement à distance. L’éducation numérique doit être reconnue comme un bien public mondial, a-t-elle souligné.
Les migrants ont été particulièrement touchés par la pandémie, a poursuivi la représentante, citant l’exemple des pertes d’emploi. Mme Fatima a ensuite évoqué la situation des Rohingya qui « reste une préoccupation pour nous ». Leur avenir est incertain alors que la situation au Myanmar continue de se dégrader, a-t-elle souligné. Nous faisons de notre mieux pour leur assurer une aide humanitaire, a-t-elle affirmé, appelant la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour permettre leur retour. Nous comptons sur cette Commission pour envoyer un message très clair pour régler cette crise, a-t-elle appuyé.
M. ORDELL CEDRIC BARMAN (Trinité-et-Tobago) a estimé que la pandémie de COVID-19 a entraîné de graves conséquences économiques et sociales dans les pays déjà vulnérables. Il a donc souligné le rôle important de la Commission pour faire face aux inégalités, face à cette épreuve mondiale. Il a indiqué que le droit des enfants et leur bien-être est une priorité de son gouvernement, pour ensuite louer le système social mis en place dans son pays. « Nous avons besoin de tous nos enfants, en mettant l’accent sur ceux qui vivent dans une extrême pauvreté, pour reconstruire au mieux », a-t-il insisté.
Pour M. Barman, la participation des femmes et des filles, sur un pied d’égalité avec les hommes, est la clef du relèvement après la COVID-19, d’où l’importance de lutter contre la discrimination, mais aussi contre tout type de violence. Il a fait part des récentes mesures prises, notamment la création d’un registre de criminels sexuels, et la reconnaissance des veuves comme étant un groupe vulnérable afin de les aider ainsi que leurs familles.
Mme DK. DEWI KARTIKA PUTRI PG SHAHMINAN (Brunei Darussalam) a constaté que bien que la pandémie ait exposé les vulnérabilités des villes du monde entier, des solutions innovantes et durables ont émergé de cette crise pour assurer la mise en œuvre de plans de développement. À cet égard, le Gouvernement du Brunei Darussalam s’est engagé en faveur de la promotion et de la protection des droits de sa population, notamment des populations vulnérables telles que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées. « Nous avons continué d’assurer la sécurité de notre population et de garantir l’accès à la vaccination gratuite à tous les citoyens et résidents, en priorisant cette population vulnérable », a ajouté la déléguée.
En outre, le Brunei Darussalam veille à ce que son système de protection sociale continue de répondre aux besoins des plus vulnérables. C’est ainsi, a-t-elle poursuivi, que le Gouvernement s’est assuré que les enfants issus de familles défavorisées reçoivent une aide comprenant l’accès à du matériel pour leur apprentissage. Évoquant les dernières mesures prises par le Gouvernement pour promouvoir et protéger davantage les droits de la population, elle a cité notamment la récente promulgation de loi sur les personnes handicapées mais aussi la mise en œuvre du Cadre national de protection de l’enfance, guide national visant à développer davantage l’écosystème existant de la protection de l’enfance de 2020-2024. Un plan directeur pour l’économie numérique 2025 a par ailleurs été lancé en juin 2020, lequel met notamment l’accent sur la mise en œuvre des initiatives de transformation numérique.
Mme TRISHALA SIMANTINI PERSAUD (Guyana) a indiqué que face aux difficultés financières causées par la COVID-19, son pays a réalisé d’importants investissements et mis en œuvre des projets progressifs et durables pour améliorer la vie des citoyens, en accordant une attention particulière aux plus vulnérables. Elle a souligné que la protection des enfants et la création d’un environnement propice à leur développement global est une priorité pour son pays. Cependant, la pandémie, avec les restrictions qu’elle impose à la scolarisation en personne, a entraîné la perte de nombreuses heures d’apprentissage malgré les efforts déployés pour offrir un enseignement virtuel, a-t-elle déploré. De même, les disparités d’accès à Internet et aux appareils informatiques ont laissé de nombreux enfants sur le carreau, a regretté le délégué.
Si la pandémie de COVID-19 a renforcé l’importance des technologies numériques, elle n’en a pas moins amplifié la fracture numérique existante, au détriment des communautés rurales et autochtones. Elle a par ailleurs appelé à assurer une utilisation sûre de d’Internet, pour ensuite saluer les efforts en faveur de l’élaboration d’une convention globale sur la cybercriminalité. Mme Persaud a en outre souhaité que les vaccins contre la COVID-19 soient traités comme un bien public mondial et plaidé pour une distribution équitable des vaccins. Il faut mettre fin à la discrimination vaccinale, a-t-elle souligné.
M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) n’a pas caché sa déception face à la réponse du système multilatéral pour la distribution des vaccins contre la COVID-19. En ces temps difficiles pour l’humanité, « la solidarité et l’empathie sont vitales », a-t-il affirmé, non sans remercier les « pays frères » qui, par leurs dons de vaccins et de fournitures, ont « sauvé des vies paraguayennes » et contribué au relèvement du pays. Il s’est ensuite félicité que cette crise aux effets si durs sur le développement social ait néanmoins permis d’avancer dans l’utilisation de la technologie, notamment au sein des services publics. Un système d’information intégré a ainsi été créé au Paraguay pour garantir un accès numérique aux programmes sociaux, a-t-il précisé, ajoutant que le projet de budget national pour 2022 met l’accent sur la protection sociale, la santé et l’éducation, tout en prévoyant des transferts d’argent pour les plus vulnérables.
En matière de droits humains, le délégué a indiqué que son pays travaille au renforcement de son système de protection des enfants et des adolescents, notamment au travers de projets de lutte contre le travail des enfants et la violence faite aux plus jeunes. S’agissant des droits des femmes, des actions sont menées en coopération avec les agences de l’ONU pour prévenir les situations de violence, notamment domestique, dans le contexte de la pandémie. Selon M. Arriola, cette crise doit être l’occasion de concevoir un nouveau modèle de développement avec une perspective de genre et de promouvoir l’inclusion financière des femmes.
Fier de sa diversité culturelle, le Paraguay poursuit également sa politique de promotion et de protection des droits des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine, a noté le représentant, tout en reconnaissant qu’il lui reste « du chemin à parcourir ». Par ailleurs, en cette Décennie internationale des langues autochtones 2022-2032, il travaille à la diffusion des 19 langues autochtones, qui font « partie intégrante de l’identité paraguayenne ».
M. EDGAR SISA (Botswana) s’est enorgueilli d’annoncer que, grâce au programme déployé par son gouvernement, le Botswana a dépassé l’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévoyant la vaccination d’au moins 10% des populations éligibles d’ici à septembre. D’ici à décembre, a-t-il précisé, le pays aura vacciné au moins 64% de sa population, ce qui lui fera approcher la cible de 70% poursuivie par l’Union africaine à l’horizon 2022. Le délégué a par ailleurs indiqué que, suite à l’amélioration de la situation sanitaire, le pays a rouvert son économie et mis fin à l’état d’urgence le 30 septembre. À cet égard, il a remercié les partenaires au développement qui ont fait don de vaccins au Botswana. Il a également apporté le soutien de son gouvernement à l’appel en faveur d’une campagne mondiale de vaccination, d’un partage des connaissances et d’une renonciation aux droits de propriété intellectuelle sur la production de vaccins.
Le représentant a ensuite souligné l’assistance que son gouvernement continue d’apporter aux groupes vulnérables qui subissent de plein fouet la pauvreté, la faim, le chômage et les inégalités. Il s’attaque notamment au défi de la malnutrition chez les enfants au travers d’un programme d’alimentation complémentaire universelle dans toutes les écoles primaires. Dans les régions où le taux de malnutrition est le plus élevé, tous les enfants âgés de 6 à 59 mois bénéficient de ce programme, a ajouté M. Sisa, avant d’évoquer la collaboration avec des agences onusiennes telles que l’UNICEF, le PNUD et le FNUAP pour relever les défis liés à la COVID-19, mais aussi aux violences fondées sur le genre, à la mortalité maternelle, au VIH/sida, à l’autonomisation des femmes et des filles et à l’amélioration des services de santé sexuelle et reproductive. Grâce à cette collaboration, a-t-il conclu, nous sommes « optimistes » quant à la mise en œuvre du Programme 2030 en cette Décennie d'action.
M. KOUADJO MICHEL KOUAKOU (Côte d’Ivoire) a averti que l’apparition de nouveaux variants plus contagieux tend à annihiler les efforts consentis par la communauté internationale pour endiguer la pandémie de COVID-19. C’est pourquoi, a-t-il dit, la Côte d’Ivoire considère impérieux de tout mettre en œuvre pour permettre l’accès de tous aux vaccins disponibles, et à un coût abordable. En dépit d’un contexte économique rendu difficile par cette crise, le pays entend poursuivre ses réformes en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a assuré le délégué, faisant état de mesures législatives et institutionnelles destinées à réduire les inégalités et à promouvoir les droits de la femme et de l’enfant. Parmi ces mesures, le lancement de la stratégie nationale de protection sociale vise à éradiquer la pauvreté et à renforcer la résilience des populations, notamment grâce à des transferts monétaires directs aux ménages les plus défavorisés et à l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base.
S’agissant de la promotion de la femme, le représentant a mis en avant les efforts de son pays en faveur de la parité hommes-femmes, en particulier l’adoption d’une loi sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues. Les partis politiques sont ainsi tenus à un quota minimum de 30% de femmes sur le nombre de candidats présentés aux élections. Par ailleurs, en vue de garantir une meilleure protection des droits de l’enfant, le Gouvernement ivoirien a rendu obligatoire et gratuite la scolarisation des enfants de 6 à 16 ans. Il a également pris des mesures législatives visant à pénaliser le mariage précoce et forcé, les mutilations génitales infantiles ainsi que la traite et l’exploitation des enfants.
Enfin, pour ce qui concerne la promotion et de la protection des droits de l’homme de façon générale, M. Kouakou a rappelé que son pays a ratifié tous les principaux instruments juridiques internationaux et continue de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban. Il a aussi cité la mise en place d’une commission nationale des droits de l’homme indépendante, qui assure un contrôle de l’action gouvernementale en la matière.
M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a constaté que la pandémie continue d’avoir des effets importants sur la protection et la promotion des droits humains. Outre les fermetures d’écoles, les destructions d’emplois et le bouleversement des systèmes de santé, la COVID-19 a provoqué une augmentation des cas de violence sexiste et de discours de haine à l’encontre des minorités, a observé le délégué, appelant la communauté internationale à se hisser à la hauteur de ces défis. C’est d’autant plus important, selon lui, que les défenseurs des droits humains, les journalistes et les militants pour la démocratie ont vu leur situation se détériorer au cours de cette période de crise. Dans ce contexte, l’Islande accorde une attention prioritaire aux droits de l’enfant, qu’elle s’emploie à défendre face aux violences et aux discriminations en tous genres. Sur cette question, le pays a également adopté une approche de services, illustrée par ses « Maisons de l’enfant », dont le modèle est aujourd’hui exporté dans une vingtaine de pays. Ce dispositif prévoit une prise en charge des enfants victimes de mauvais traitements ainsi que des services thérapeutiques et des voies de recours.
Pour ce qui est des droits des femmes, l’Islande reconnaît l’importance de l’égalité entre les sexes pour le progrès socioéconomique, a précisé le représentant, ajoutant que son pays travaille également à l’amélioration de l’autonomie des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive, comme en atteste l’adoption d’une loi sur la liberté de choix concernant le corps de chacun. Il a toutefois admis que des défis restent à relever en matière de parité salariale et de violences sexiste. « Nous, les hommes, devons être des agents de changement et non des défenseurs du patriarcat », a-t-il plaidé, avant de dénoncer la discrimination et la stigmatisation visant les personnes LGBTI. « Inclure tout le monde signifie davantage de mains et d’esprits à l’œuvre pour un monde plus prospère et plus durable », a conclu le délégué.
M. KANDEH FODAY BASIL KAMARA (Sierra Leone) a indiqué que le relèvement de son pays à la suite de la pandémie de COVID-19 s’appuie sur des investissements accrus dans le secteur privé et les échanges commerciaux notamment. « Nous continuons également de progresser dans notre lutte contre la corruption parce que cela est bon pour les affaires et la gouvernance. » Il a loué la solidarité internationale dont a bénéficié son pays s’agissant de la fourniture de vaccins et remercié la Chine, la France, les États-Unis et le mécanisme COVAX. « Nous avons intensifié notre campagne et la couverture vaccinale de la population s’accroît. » Le délégué a indiqué que « la Sierra Leone ne veut plus être perçue comme un pays d’échecs et de tragédies, en proie à une épidémie d’Ebola et à la mauvaise gouvernance ». « Nous voulons être vus comme un pays qui s’efforce toujours plus de réaliser son énorme potentiel. » Le délégué a insisté sur la maturité de la démocratie sierra-léonaise, la tenue d’élections justes et transparentes étant devenue la norme. Aucun responsable politique n’est en prison pour ses convictions, a-t-il dit, en ajoutant que la peine de mort a été abolie.
Le délégué a précisé que son pays soutient tous les efforts internationaux visant à protéger les droits des femmes. Abordant la question des changements climatiques, il a souligné la nécessité de mobiliser les 100 milliards de dollars nécessaires pour appuyer les plans d’atténuation des pays en développement. Il a aussi pointé « les progrès remarquables » accomplis dans le domaine de la décolonisation et exhorté les États membres à proposer de nouvelles approches pour promouvoir le programme de décolonisation.
M. MAMADOU RACINE LY (Sénégal) a déclaré que la coopération internationale a lourdement péché par une « fracture vaccinale béante » entre pays développés et pays en développement. Cette situation largement induite par un nationalisme de mauvais aloi, mue par l’instinct du chacun pour soi, ne favorisera guère une éradication rapide du virus. Au contraire, a averti le délégué, en sus de prolonger l’impact de la pandémie, elle risque d’anéantir nos acquis économiques et sociaux.
Il a salué la mise en place de l’initiative COVAX, tout en notant que sa mise en œuvre connaît des difficultés qu’il urge de corriger par le renforcement de « notre capacité de préparation et de réponse appropriée aux pandémies ». Dans cette perspective, a-t-il fait savoir, le Sénégal s’investit à travers l’Institut Pasteur de Dakar dans la production de vaccins qui devrait atteindre 25 millions de doses par mois, d’ici à la fin de l’année 2022. Le représentant a également estimé que la mise en place d’un traité international juste et équitable pour une réponse globale à apporter lors de la survenue d’une pandémie est plus que nécessaire. Ledit traité doit être rapidement élaboré avec le concours de tous les États Membres et de tous les acteurs, au premier rang desquels l’Organisation mondiale de la Santé, a-t-il ajouté.
M. Ly a aussi préconisé de poursuivre les efforts de relèvement post-COVID, afin de renforcer la résilience sanitaire et contenir les impacts socioéconomiques. À cet égard, il a salué le consensus observé sur l’émission de droits de tirages spéciaux et appelé à sa mise en œuvre rapide. Il a également appelé la communauté internationale à réfléchir sur un changement radical de paradigmes, en vue d’une gouvernance économique et financière renforcée, où l’Afrique figurera comme partenaire et non comme assistée.
Le représentant a par ailleurs rappelé « notre responsabilité collective » à l’égard du peuple palestinien et de ses aspirations légitimes, pour ensuite se féliciter de la célébration du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.
Mme CÉLINE PIERRE FABRE (Haïti)a relevé que peu de progrès ont été enregistrés dans l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, reconnaissant seulement de timides avancées. Elle a dénoncé certaines prises de positions xénophobes par une partie de l’opinion publique dans certains pays, et a appelé à des efforts pour favoriser l’éclosion d’un esprit de tolérance. Elle a également appelé à des efforts pour parvenir à mieux assurer le respect des droits et des libertés de chaque personne.
Mme Fabre-Pierre a ensuite souligné que la pandémie de COVID-19 continuait d’affecter l’économie de nombreux pays, en particulier les pays en développement. Les personnes les plus vulnérables sont évidemment les plus sévèrement touchées, a-t-elle mis en avant, citant notamment un taux de chômage en hausse ainsi qu’un manque accru d’accès aux services de santé pour les personnes porteuses de handicap. Évoquant ensuite les différentes catastrophes naturelles ayant frappées Haïti depuis 2010, la représentante a souligné que compte tenu de l’énormité des défis et de l’insuffisance des moyens, le pays ne s’en sortira pas tout seul. Ma délégation en appelle donc au renforcement de la coopération internationale en faveur de cet État de la Caraïbe, a lancé sa représentante.
Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a appelé à soutenir les défenseurs des droits humains et se manifester partout et à tout moment où les droits de l’homme sont violés ou malmenés. S’ils sont élus au Conseil des droits de l’homme, les États-Unis feront exactement cela, a-t-elle indiqué. La représentante a ensuite passé en revue la situation des droits humains dans plusieurs pays, à commencer par la situation « très préoccupante » en Afghanistan, où les Taliban n’ont pas été conformes à leurs engagements à bâtir un ordre politique inclusif. « Nous jugerons les Taliban sur leurs actes, et non sur leurs paroles », a-t-elle averti.
En Chine, elle a regretté que les autorités tentent de détourner l’attention du génocide et des crimes contre l’humanité qui se produisent au Xinjiang. « Nous ne garderons pas le silence alors que plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres groupes ethniques et religieux minoritaires sont détenus dans des camps d’internement ». Elle a également condamné les restrictions extrêmes imposées aux droits de l’homme et aux traditions religieuses, linguistiques et culturelles ancestrales au Tibet et demandé la libération immédiate des militants démocrates par les autorités de Hong Kong.
En Syrie, a-t-elle poursuivi, le régime d’Assad doit libérer les Syriens détenus arbitrairement et fournir des informations sur les personnes disparues. Elle s’est également inquiétée de la situation au Nicaragua, où le régime Ortega-Murillo a emprisonné des dirigeants de l’opposition, ainsi qu’au Yémen où des rapports crédibles font état d’abus commis par toutes les parties au conflit, notamment l’utilisation de la famine comme arme de guerre, le recrutement d’enfants soldats, la détention arbitraire de civils, la torture et la violence sexuelle. Nous sommes particulièrement troublés par les atteintes continues aux libertés fondamentales dans les zones sous contrôle des Houthis, où vivent la plupart des Yéménites, a-t-elle ajouté.
S’agissant du Venezuela, elle a accusé « Maduro et ses complices » d’avoir intimidé et poursuivi injustement des défenseurs des droits humains, des dirigeants syndicaux et religieux, ainsi que des groupes d’étudiants. Elle s’est alarmée de l’expulsion du leadership de l’ONU en Éthiopie, décriant en outre les informations faisant état d’utilisation du viol comme arme de guerre et d’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire. Nous sommes également troublés par les informations faisant état de disparitions politiquement motivée et de conditions de détention inhumaines en Érythrée, ce qui soulèvent de sérieuses inquiétudes concernant la candidature de ce pays au Conseil des droits de l’homme. Elle a salué le courage des militants pacifique face aux régimes répressifs à Cuba et au Bélarus, avant de s’inquiéter du harcèlement et des arrestations de défenseurs des droits humains au Cambodge.
La représentante des États-Unis a également mentionné le Gouvernement de la Russie qui a réprimé l’opposition politique, les médias indépendants et les groupes de la société civile, et orchestré des élections illégitimes en Crimée et dans l’est de l’Ukraine. Et les dirigeants de la Tchétchénie ont commis des violations généralisées contre les membres de la communauté LGBTQI+. Enfin, les États-Unis restent gravement préoccupés par les violations continues des droits de l’homme en Iran, au Myanmar et en « Corée du Nord ».
Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a, d’entrée de jeu, plaidé pour une réduction des inégalités exacerbées par la pandémie de COVID-19. Pour ce faire, la santé demeure, à ses yeux, un élément clef dans cet objectif. C’est pourquoi, a poursuivi Mme Calem-Sangiorgio, la Principauté maintient son approche solidaire pour soutenir la sécurité sanitaire globale et les systèmes de santé, à travers le partage équitable des vaccins contre la COVID-19 et une augmentation de l’aide publique au développement.
Elle a estimé qu’au-delà de la reprise des classes, l’occasion doit être saisie de se projeter à plus long terme et d’impliquer la jeunesse non seulement pour répondre aux suites de la crise actuelle, mais anticiper de futures crises. « Nous voyons à quel point les jeunes se soucient du climat et de l’avenir de la planète. Profitons-en pour leur donner un tremplin et imaginer ensemble la construction d’un monde post-COVID », a-t-elle recommandé.
Poursuivant, Mme Calem-Sangiorgio s’est inquiétée du fait que 35% de femmes dans le monde sont encore victimes de violences. Elle a fait savoir que son gouvernement a condamné les mutilations génitales féminines et exprimé sa préoccupation quant à la vulnérabilité particulière des femmes et des filles en situation de handicap lors de la quarante-septième session du Conseil des droits de l’homme. Monaco a également promulgué un cadre juridique complet et particulièrement protecteur à l’égard des femmes et des personnes handicapées, a-t-elle ajouté, avant d’évoquer l’existence d’un projet de loi sur l’incrimination des agressions sexuelles.
Sur un autre registre, la représentante a parlé des actions de la Principauté en faveur de la promotion et la protection des droits des personnes déplacées de force, s’alarmant du fait qu’à la fin de 2020, près de 82,4 millions de personnes étaient déplacées à travers le monde, soit une hausse de 2 millions de personnes en comparaison avec 2019. C’est pourquoi, Monaco apporte un appui au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) notamment à travers un nouveau protocole d’entente entre la Principauté, le HCR et Bioforce Développement qui permettra aux personnes réfugiées de se former aux métiers de l’humanitaire et du développement en Afrique de l’Ouest.
Mme NUSAIBA HASHIM MOHAMED ALI IDRES (Soudan) a indiqué que son pays met en place des politiques visant à permettre une transition démocratique dans le respect de l’état de droit et des droits humains. Dans ce cadre, le Gouvernement soudanais s’emploie à promouvoir les droits des femmes et des enfants, tout en souscrivant aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Il a ainsi adhéré cette année à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradant. Le pays a aussi levé les contraintes qui entravaient accès à l’aide humanitaire, tout en prenant des mesures pour le retour des personnes déplacées.
Soucieux de protéger les femmes contre les violences et les discriminations, notamment dans les zones de conflit, le Soudan s’emploie également à promouvoir les droits de l’enfant, notamment par le biais de dispositifs de réhabilitation des enfants sortant de situation de crise, a souligné la déléguée. Le Gouvernement de transition travaille également à faire des écoles des sanctuaires sûrs et à renforcer la législation pour améliorer les services de base en faveur de l’enfance, a-t-elle ajouté, saluant à cet égard la coopération constructive avec le Représentant spécial pour la question des enfants et des conflits armés. Enfin, tout en rendant hommage à l’action menée par l’OMS durant cette période de pandémie, elle a appelé à une disponibilité juste et équitable des vaccins contre la COVID-19 afin de faciliter les efforts de relèvement de tous les pays.
M. HERINIRINA RAVELONARIVO ANDRIAMASY (Madagascar) s’est félicité que le thème de l’espoir ait été choisi pour cette session à nouveau marquée par la pandémie de COVID-19. Il a toutefois constaté que « bon nombre de populations » resteront une fois de plus en dehors du processus de relèvement « si des mesures ne sont pas prises à temps ». Dans cet esprit, Madagascar a lancé un plan multisectoriel d’urgence, qui vise à atténuer les conséquences socioéconomiques de la crise actuelle. Des actions ont été menées en faveur des personnes vulnérables par le biais de transferts monétaires et des filets de sécurité sociale, a indiqué le représentant, selon lequel 500 000 familles ont bénéficié de ce dispositif. Bien que le PIB du pays se soit contracté de 4,2% en 2020, des efforts de développement ont également été entrepris, notamment la construction de nouvelles infrastructures de santé, d’enceintes sportives et de milliers de logements sociaux, a-t-il ajouté.
Évoquant ensuite les effets de crise climatique, le représentant a fait état d’initiatives en faveur du Sud de son pays, en proie à la sécheresse et à la famine. Un colloque régional pour l’émergence du Sud a ainsi été organisé en juin dernier, tandis que des actions sont menées pour y augmenter l’accès à l’eau potable, accroître la fréquentation scolaire, renforcer les infrastructures agricoles et améliorer la résilience communautaire. Une usine de fabrication d’aliments nutritionnels a par ailleurs été inaugurée, la semaine dernière, afin de lutter contre la malnutrition infantile.
En matière sociale, a-t-il poursuivi, le Gouvernement entend renforcer ses actions en matière de droits à la santé reproductive et sexuelle et de maîtrise démographique. Avec son programme de planification familiale à l’horizon 2030, l’État entend atteindre un taux de prévalence contraceptive de 60% et permettre aux femmes de choisir le nombre d’enfants à naître. Il a également accordé une exonération fiscale pour les produits contraceptifs, son objectif étant d’éviter les grossesses non désirées ou à risque, les avortements clandestins, les complications de grossesse, la fistule obstétricale due au mariage précoce et les décès. Enfin, après avoir salué l’appui du système onusien dans les domaines social et sanitaire, ainsi que la coopération des partenaires bilatéraux et multilatéraux avec son pays, le délégué a souligné la nécessité d’une solidarité accrue entre les nations.
M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a mis en avant les efforts considérables déployés par son pays pour mettre en œuvre sa politique d’égalité des sexes, citant notamment l’application de la Stratégie nationale 2021-2030 pour l’activation du rôle des femmes. Le principal objectif de cette stratégie est de créer les conditions nécessaires à la réalisation des capacités des femmes dans tous les domaines de la vie publique, a-t-il expliqué, se félicitant des résultats encourageants qui ont d’ores et déjà été réalisés en matière de représentativité des femmes au Parlement.
Sur le volet régional, le Tadjikistan suit de près « l’anarchie » qui règne en Afghanistan, a indiqué le représentant, se disant profondément préoccupés par les violations des droits humains, les exécutions extrajudiciaires de détenus, les crimes de guerre, les restrictions imposées aux droits des femmes et des filles, ainsi qu’à l’encontre des Tadjiks et des autres minorités ethniques et religieuses. M. Hikmat s’est également préoccupé de la situation sécuritaire et humanitaire désastreuse dans la vallée du Panshir, l’une des provinces les plus meurtries d’Afghanistan en raison du blocus des communications et de la lourde offensive militaire des Taliban et de leurs affiliés. Une aide humanitaire urgente est nécessaire, et les agences des Nations Unies devraient prendre la tête de ce processus, a plaidé le délégué. Le Tadjikistan, pour sa part, est prêt à mettre à disposition son sol et ses infrastructures pour faciliter la fourniture d’une aide humanitaire au peuple afghan.
La pandémie de COVID-19 a mis en péril nos efforts pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a déclaré M. ABDELHAMID, Observateur de l’État de Palestine. Notre engagement à ne laisser personne de côté s’éloigne, a-t-il ajouté, soulignant l’urgence d’un plan d’action collectif pour assurer un accès équitable aux vaccins et un relèvement économique pour tous. Nos efforts de lutte contre la pandémie ne doivent pas se faire aux dépens de nos efforts pour lutter contre les changements climatiques, a-t-il ajouté.
M. ABDELHAMID a réaffirmé l’engagement de la Palestine à respecter les droits humains et de les faire appliquer dans toutes les institutions et écoles. Il faut que toutes les branches du pouvoir soient déterminées à respecter ces droits, a-t-il appuyé. Il a ensuite plaidé pour une approche collective afin de traiter la question des réfugiés. La population palestinienne vivant sous l’occupation a du mal à vivre, a-t-il asséné. Israël, la Puissance occupante, tue et mutile les enfants palestiniens, démolit des bâtiments palestiniens, saisit des territoires et soumet la population de Gaza à un blocus humanitaire inhumain, a-t-il accusé. Mettre un terme à cette injustice historique exige de faire respecter la Charte des Nations Unies, a-t-il poursuivi, avant d’appeler les États Membres à voter en faveur du projet de résolution sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.
Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République populaire démocratique lao) a commencé par condamner les mesures coercitives unilatérales qui sont contraires aux principes des Nations Unies et n’entraînent que des confrontations. C’est pourquoi, a-t-elle dit, son pays accorde une grande importance au dialogue et à une approche non politisée des relations internationales, qui tienne compte des particularités de chaque pays en matière de promotion des droits humains. Évoquant les défis posés par la pandémie de COVID-19, la représentante a souligné les effets dévastateurs de cette crise pour les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Dans ce contexte, il importe de soutenir les pays les moins avancés (PMA) pour qu’ils puissent vacciner leur population et atténuer les impacts socioéconomiques, a-t-elle plaidé, avant d’appeler tous les États Membres à appliquer les recommandations du Sommet mondial pour le développement social, s’agissant notamment de la lutte contre la pauvreté et du renforcement de l’inclusion sociale. Pour sa part, a précisé la déléguée, la République populaire démocratique lao entend atteindre les critères de reclassement par le biais des ODD. Dans ce cadre, le pays s’efforce d’améliorer les conditions de vie de son peuple, de promouvoir une croissance verte, tout en s’adaptant aux changements climatiques et en améliorant son système judiciaire. Il conduit par ailleurs un ensemble de stratégies nationales consacrées à l’éducation, à la santé, à l’égalité entre les sexes et à l’inclusion des personnes handicapées. À cette aune, a-t-elle conclu, le pays est prêt à travailler avec l’ONU dans le but commun de réaliser les ODD.
Mme GHASAQ YOUSIF ABDALLA SHAHEEN (Émirats arabes unis) a relevé que le fossé n’a cessé de se creuser entre pays développés et en développement au regard, s’inquiétant en outre des nouveaux défis qui sapent la stabilité et la sécurité en raison de la pandémie. Elle s’est enorgueillie de la robuste réponse apporté par son pays dans le cadre sa politique étrangère. Le pays s’efforce également de promouvoir les droits humains avec la création d’une agence nationale pour les droits de l’homme, a indiqué la représentante qui a souligné que depuis leur création, les Émirats arabes unis se sont efforcés d’édifier une société basée sur la tolérance et le pluralisme.
Évoquant ensuite la première célébration de la Journée internationale de la fraternité humaine, la déléguée a indiqué que son pays promeut le dialogue interconfessionnelle et interculturelle. Les Émirats arabes unis comptent d’ailleurs créer « la maison de la famille abrahamique », un complexe interconfessionnel où les trois religions du livre seront représentées.
M. CARLOS AMORÍN (Uruguay) a déclaré rester fermement attaché aux principes et valeurs qui inspirent la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les autres formes d’intolérance. Il a fait part de son soutien aux actions visant à garantir les droits des personnes d’ascendance africaine qui, dans le cas de son pays, constituent une partie fondamentale de la société et contribuent de manière significative au développement de la culture uruguayenne.
La promotion et la protection des droits de l’enfant doivent être une priorité essentielle pour tous les États Membres, a-t-il enchainé, pour ensuite indiquer que le projet de résolution sur les droits de l’enfant sera axé cette année sur les objectifs de développement durable. Le leadership de notre pays en matière de droits de l’enfant au niveau international est le reflet des politiques nationales de protection de l’enfance qui font la renommée de l’Uruguay qui est un ardent défenseur des droits de l’enfant, a affirmé le délégué.
Mme HELENA NDAPEWA KUZEE (Namibie) a indiqué que la riposte de son gouvernement face à la pandémie a permis de déployer des vaccins dans toutes les régions du pays, afin que tous les citoyens soient protégés de la COVID-19. Évoquant les problèmes liés au VIH/sida, elle a estimé que l’ampleur de la prévention et des soins n’a jamais été aussi importante. Mais il reste de nombreux défis, a-t-elle souligné, appelant à renforcer les efforts pour faire face aux facteurs structurels qui augmentent la vulnérabilité de certains groupes de personnes. Au niveau mondial, nous avons vu comment les progrès de la science ont été utilisés pour améliorer la prévention contre le VIH. Ce sont des progrès remarquables mais inégaux, a-t-elle fait remarquer. Passant ensuite au vaccin contre la COVID-19, la représentante a dénoncé une « situation d’apartheid ». De nombreuses personnes dans des pays en développement sont exclus de l’accès aux vaccins, a-t-elle regretté.
Alors que nous continuons à reconstruire en mieux, nous avons la responsabilité collective de garantir la représentation des femmes à tous les niveaux, a lancé la représentante de la Namibie. La prévalence des violences sexuelles et sexistes est une grave préoccupation ainsi que la sous-représentation des femmes dans les structures de prise de décision dans les situations de conflit et d’après-conflit, a-t-elle indiqué. La COVID-19 doit être l’occasion de reconstruire en rendant les sociétés plus justes et plus pacifiques, a-t-elle estimé.
Mme CAROLINE CHIMBINDI (Zimbabwe) a affirmé d’emblée que remporter la bataille contre la COVID-19 implique de garantir l’équité vaccinale pour tous. L’émergence de variants du virus plus contagieux est « une preuve suffisante de la futilité du nationalisme vaccinal », a-t-elle estimé, avant de rappeler que « nul ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas ». La déléguée a ensuite indiqué que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles constituent une priorité pour son pays, qui entend éradiquer les pratiques limitant la participation de ces dernières à tous les aspects de la vie publique. Notant par ailleurs qu’aucun pays n’a encore atteint la « terre promise » en matière de droits humains, elle a rappelé la position du Zimbabwe contre la politisation de cette question, qui ne sert que des intérêts « étroits et égoïstes ».
La représentante a ensuite estimé que le droit au développement, qui est au cœur de la réalisation du Programme 2030, est aussi essentiel que les autres droits fondamentaux. À cet égard, elle a jugé que l’une des plus grandes menaces pour nos efforts de développement continue d’être les mesures coercitives unilatérales imposées à certains pays, dont le sien. Rappelant que l’Assemblée générale s’est clairement prononcée contre ces mesures qui empêchent les États concernés de répondre efficacement à la pandémie, elle a relevé que son gouvernement a enregistré des succès notables dans cette lutte en dépit de sanctions « punitives, injustifiées et illégales ». Notre taux de vaccination est parmi les plus élevés en Afrique et nous aurions pu faire encore plus sans ces « sanctions étouffantes », a-t-elle souligné.
Enfin, alors que vient d’être célébré le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, la déléguée a estimé que beaucoup reste à faire en matière de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Selon elle, il importe notamment de tenir compte des torts passés concernant la traite négrière. C’est pourquoi, a-t-elle déclaré, le Zimbabwe soutient pleinement les appels en faveur de réparations et de restitutions à l’Afrique et aux personnes d’ascendance africaine.
Mme ANTJE LEENDERTSE (Allemagne) a souligné que la Troisième Commission inspire des sentiments mitigés en raison de son examen des violations des droits humains dans de nombreux endroits. En même temps, cette même enceinte œuvre à faire des droits de la personne une réalité pour tous. Se penchant sur la situation en Afghanistan, elle a appelé au respect des droits humains, y compris pour les femmes et les filles ainsi que les enfants. De même, l’Allemagne est très attachée à la sécurité des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, dont le travail est essentiel pour des sociétés inclusives. L’Allemagne s’engage d’ailleurs à faire de la promotion des droits humains une partie intégrante de sa politique étrangère.
La défense des droits humains s’accompagne de grands risques dans de nombreuses régions du monde a dénoncé Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède). Les journalistes et militants des droits humains sont exposés à la violence, a-t-elle affirmé, évoquant également la situation des personnes LGBTI, des défenseurs de l’environnement et des syndicalistes. C’est pour cette raison que la Suède continue de se mobiliser, a expliqué la représentante en citant l’initiative suédoise Elan pour la démocratie ayant pour but de promouvoir les droits humains partout dans le monde.
Tant que la jouissance par les femmes et les filles de leurs droits sera considérée comme moins importante que ceux des hommes et enfants, le monde y perdra, a asséné la représentante suédoise. Une éducation sexuelle complète pour tous est nécessaire, a-t-elle poursuivi. La Suède ne se taira pas tant qu’il y aura des femmes et filles confrontés à des avortements dangereux ou à des pratiques comme les mutilations génitales. La représentante a ensuite dénoncé les situations de violence auxquelles sont exposées les personnes LGBTQI+. Les relations consensuelles homosexuelles au lieu d’être protégées par la loi sont érigées en infraction dans certains pays, a-t-elle rappelé. Enfin, la représentante a noté que les droits humains étaient de plus en plus sous pression. Il est nécessaire de demander des comptes aux personnes commettant des violations de ces droits, y compris à travers la Cour pénale internationale, a-t-elle demandé.
Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a constaté que les niveaux de pauvreté et d’inégalités dans le monde restent « inacceptables », et ce, pas seulement dans les pays en développement. Selon elle, les politiques de protection sociale ne protègent pas les droits des personnes et des peuples les plus vulnérables en raison de l’ordre économique qui prévaut dans le monde. Si les droits de l’homme sont essentiels, nous n’intégrons malheureusement pas les droits politiques et civiques dans nos discussions, a-t-elle regretté, estimant qu’une promotion équilibrée des différents droits est nécessaire pour assurer la dignité de chacun, ce qui nécessite des institutions « transparentes et redevables ». Or, année après année, les débats de la Troisième Commission deviennent de plus en plus « politisés », a déploré la représentante. Plutôt que d’échanger sainement, « certains mettent d’autres pays à l’index en se targuant de valeurs morales plus élevées ».
De même, a poursuivi la déléguée, la solidarité dont ont fait preuve des pays face à la pandémie de COVID-19 tend à être occultée par les mesures de « nationalisme vaccinal » qui mettent en péril l’accès équitable aux vaccins. Dans le même ordre d’idées, elle s’est élevée contre l’imposition de mesures coercitives unilatérales, qui ont pour effet d’entraver le droit au développement des États ciblés. Ces mesures sont contraires à l’esprit de la Charte de l’ONU et au principe d’égalité souveraine des États, a-t-elle fait valoir. Pour conclure, elle a indiqué que son pays est candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024.
M. JOAN JOSEP LÓPEZ LAVADO (Andorre) a relevé que les conséquences de la pandémie avaient entravé la réalisation de certains des objectifs de développement durable. Nos engagements communs pour construire un monde meilleur, plus vert, plus égalitaire et inclusif sont exigeants, a reconnu le représentant. Ils ne peuvent pas être pleinement réalisés sans un accès équitable aux vaccins, a-t-il souligné.
Nous avons constaté que des mesures visant à arrêter la propagation du virus ont été mises en œuvre, dans certains cas, pour étouffer les voix de la société civile, a ensuite dénoncé le représentant, ajoutant être favorable à l’inclusion de la société civile dans les délibérations. Il s’est ensuite dit préoccupé par le fait que 267 millions de jeunes ne soient ni à l’école, ni au travail ou ne suivent pas une formation. Nous sommes également préoccupés par l’augmentation des violences contre les femmes, a-t-il déclaré. Pendant cette pandémie, l’éducation a été bouleversée pour de millions d’enfants, a relevé M. Lopez, appelant à considérer Internet comme un droit humain fondamental. Il a également appelé à intégrer les avis de la jeunesse lors de la prise de décisions les concernant.
Droits de réponse
Exerçant son droit de réponse, la République arabe syrienne s’en est prise aux États-Unis. Plutôt que de lever les mesures coercitives unilatérales imposées au peuple syrien, ce pays les renouvelle et en prend même d’autres sans justification, comme la loi « César » qui prévoit des sanctions contre les entreprises de pays tiers commerçant avec la Syrie, a dénoncé la délégation. Ce faisant, ce pays empêche les médicaments d’arriver et détruit aussi les infrastructures vitales, ce qui a pour effet d’étouffer le peuple syrien « comme George Floyd a été étouffé par un policier ». Sous la direction de ce pays, la coalition en Syrie a détruit des villes et provoqué de grands déplacements de populations. Elle a aussi réduit en cendres un centre pour handicapés et attaqué des écoles, sans que les institutions de droits de l’homme s’en émeuvent, a encore accusé la délégation. Pourquoi n’y a-t-il pas d’enquête internationale ?
La Chine a reproché aux États-Unis d’« empoisonner » cette séance avec ses déclarations antichinoises, plutôt que d’appeler au renforcement de la solidarité et de la coopération. La Chine réfute aussi les accusations sans fondements formulées par l’Allemagne, a-t-elle indiqué, avant d’en revenir aux États-Unis, qui, selon elle utilisent tous types d’accusations et de mensonge, notamment sur un soi-disant génocide au Xinjiang. « Un mensonge répété 1000 fois n’en devient pas une vérité », a-t-elle affirmé, estimant que la communauté internationale devrait prêter attention à la situation des droits humains aux États-Unis. Ce pays devrait prendre des mesures concrètes pour éliminer la discrimination raciale sur son territoire et non favoriser la suprématie de la majorité blanche. Les autorités des États-Unis ont en outre politisé la pandémie pour faire diversion sur la situation sanitaire dans leur pays, a encore accusé la délégation, avant de réclamer l’arrêt de cette politique de « cécité sélective » et un retour au dialogue.
À son tour, Cuba a rejeté les allégations colportées par les États-Unis qui n’ont « ni mandat international, ni autorité morale quelconque » pour traduire en justice Cuba et encore moins s’agissant des droits de la personne. Ce pays qui prétend être un parangon des droits de l’homme et donner des leçons dont Cuba n’a pas besoin est le pays qui est responsable de certains des abus les plus graves et les mieux documentés de l’histoire, a affirmé la délégation, pointant notamment les mesures coercitives unilatérales. En outre, la politique des États-Unis à l’égard de Cuba repose sur leur « soif de domination ». « Notre peuple ne cédera pas, ne renoncera pas à son indépendance et à sa volonté de construire un pays meilleur, selon les moyens que nous aurons librement choisis. »
Les États-Unis n’arriveront pas « à induire en erreur cette Commission », a déclaré à son tour le Bélarus qui a accusé ce pays de mobiliser des manifestants de manière artificielle et de pousser des radicaux à agir, menaçant ainsi la société et l’État. Ce processus viserait, selon la délégation, à remplacer le pouvoir et changer l’orientation géostratégique du Bélarus qui est un allié de la Chine et de la Russie dans le centre de l’Europe. Cette action destructive ne réussira pas, a-t-elle martelé.
Réagissant elle aussi à l’intervention des États-Unis l’Éthiopie a indiqué que le Gouvernement éthiopien avait lancé des enquêtes sur les allégations de graves violations des droits humains suites aux opérations de maintien de l’ordre dans la région du Tigré. En outre, des procureurs militaires ont pris des mesures appropriées contre des individus soupçonnés d’avoir commis des violations des droits humains. Le Gouvernement a en outre signé un mémorandum d’entente avec l’ONU pour assurer une aide humanitaire. Mais certains personnels des agences de l’ONU ont fait preuve de manque d’impartialité, en violation de ce mémorandum, a accusé la délégation, ajoutant que le Gouvernement avait donc été forcé d’agir. Nous appelons toutes les agences humanitaires à respecter les principes d’indépendance et de neutralité.
La République populaire démocratique de Corée a accusé les États-Unis, d’utiliser la question des droits humains pour détruire le système social de la RPDC. La délégation a déploré que la situation des droits humains aux États-Unis n’a jamais fait l’objet d’un débat adéquat à l’ONU, citant notamment le racisme, la brutalité de la police, le travail forcé et les cas de torture sur le territoire national et dans les centres de détentions.