SC/14438

Conseil de sécurité: le Secrétaire général propose un plan mondial de vaccination contre la COVID-19 avec une équipe spéciale pour la mise en œuvre

Comment pouvons-nous garantir que les personnes vivant dans des situations de conflit ou de fragilité reçoivent des vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 et ne soient pas laissées pour compte par les programmes de vaccination nationaux et internationaux? a demandé ce matin le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, Président du Conseil de sécurité ce mois de février qui a eu l’initiative de cette réunion.  Le monde a besoin d’un plan mondial de vaccination réunissant tous ceux qui ont le pouvoir, l’expertise scientifique, les capacités financières et les moyens de production, a répondu M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU, en proposant la création d’une équipe spéciale d’urgence chargée de préparer ce plan et d’en coordonner la mise en œuvre et le financement. 

Ce débat de haut niveau sur le thème « Maintien de la paix et de la sécurité internationales: application de la résolution 2532 (2020) » avait pour objectif de réfléchir au rôle que doivent jouer le Conseil de sécurité, les États Membres et les Nations Unies pour garantir que les vaccins contre la COVID-19 soient distribués de manière équitable dans les contextes de conflit et d’insécurité.  La résolution 2532, a rappelé le Ministre des affaires étrangères et Ministre de la défense de l’Irlande, appelle la communauté internationale à être plus ambitieuse pour mettre le vaccin à disposition dans les zones touchées par les conflits, et financer les modalités de livraison nécessaires, tout en évitant d’amputer les fonds consacrés à la résolution des crises existantes. 

Le débat a été enrichi par les apports de la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme Henrietta H. Fore, le Directeur général de l’Alliance du vaccin, M. Seth Berkley et par le Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, M. Jagan Chapagain. 

Le Secrétaire général, en évoquant la « marche macabre de la pandémie à travers le monde », a appelé à vaincre celle-ci au moment où nous commençons à avoir les capacités scientifiques pour le faire.   La distribution des vaccins contre la COVID-19 fait naitre l’espoir, a enchaîné le Chef de l’ONU pour qui le monde doit réussir le « test moral » de l’accès de tout le monde, partout, à la vaccination. 

D’un côté, 10 pays ont injecté 75% de tous les vaccins disponibles, de l’autre, plus de 130 États n’ont même pas reçu une dose, a constaté le Secrétaire général.  Le Mécanisme COVAX pour un accès mondial aux vaccins est le seul outil servant à acheminer les vaccins dans les pays à revenu faible et intermédiaire.  Il faut le financer, a exigé M. Guterres.  Il a jugé urgent d’avoir un plan mondial de vaccination et désigné le G20 comme le mieux placé à son avis pour créer une équipe spéciale d’urgence chargée de préparer ce plan et de coordonner sa mise en œuvre et son financement. 

Cette équipe spéciale devrait inclure tous les pays qui ont la capacité de développer des vaccins ou de les produire eux-mêmes si les brevets sont disponibles, ainsi que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), des organisations techniques et des institutions financières internationales.  Elle devrait avoir la capacité de mobiliser les industries pharmaceutiques et les acteurs clefs de la question de logistique.  « Je suis prêt à mobiliser le système des Nations Unies en appui à cet effort », a assuré le Chef de l’ONU.  

Répondant aux soucis de certains membres du Conseil sur l’approfondissement du fossé entre ceux qui ont accès aux vaccins et le reste du monde, la Directrice exécutive de l’UNICEF a déclaré que l’accès équitable aux vaccins est une question de justice et la voie à suivre pour mettre fin à la pandémie.  « Cette injustice doit être corrigée parce que la sécurité de toute l’humanité en dépend », a lancé le Ministre des affaires étrangères du Mexique.  Pour le Ministre délégué chargé du commerce extérieur de la France, la vaccination contre la COVID-19 doit être considérée comme un bien public mondial, afin d’assurer un accès équitable et universel au vaccin, comme la communauté internationale l’a affirmé lors de la dernière Assemblée mondiale de la Santé. 

Face à l’inquiétude du Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines déplorant la tendance inquiétante du « nationalisme vaccinal » qui veut que certains pays riches stockent des fournitures médicales essentielles, y compris des vaccins, le Directeur exécutif de Gavi a dit que dans le cadre du Mécanisme COVAX, le « tampon humanitaire » proposé permettra l’accès aux vaccins COVID pour les populations à haut risque dans les situations humanitaires, en particulier là où elles risquent d’être exclues lorsque les gouvernements et les ministères de la santé n’ont pas d’accès en raison d’un conflit.  Le Mécanisme COVAX a obtenu des engagements pour 2,3 milliards de doses et des options pour 190 économies en 2021. 

Au moment de la phase de vaccination contre la COVID-19, la priorité selon le Secrétaire général de l’Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, est de gagner la confiance des communautés.  Des délégations ont d’ailleurs dénoncé le problème de la désinformation sur l’accès aux vaccins et l’injustice, comme le fait que moins de 1% des doses de vaccins dans le monde aient été administrées dans les 32 pays confrontés à des crises humanitaires graves. 

Les membres du Conseil ont réaffirmé le rôle de l’OMS dans la lutte contre la COVID-19 et les efforts de vaccination équitable à l’instar du Secrétaire d’État américain qui a promis le versement de 200 millions de dollars pour l’OMS d’ici la fin du mois.  La Secrétaire aux affaires étrangères du Kenya, comme la délégation russe, a suggéré de développer la fabrication locale, grâce à l’élimination des obstacles liés à la propriété intellectuelle pour faciliter l’accès équitable et en temps opportun aux vaccins. 

« La lumière est au bout du tunnel », a espéré le Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni en appelant à distribuer les vaccins partout dans le monde, y compris dans les endroits les plus isolés, les régions en conflit et celles où règnent l’insécurité.  À cet égard, il a présenté un projet de résolution qui appellerait à des cessez-le-feu locaux pour permettre la vaccination des populations à haut risque, et assurerait l’accès des personnels médicaux et humanitaires aux vaccins.  Les scientifiques ont fait des miracles pour créer des vaccins, nous devons faire en sorte qu’ils bénéficient aux populations, a conclu le Secrétaire d’État. 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a salué l’initiative du Royaume-Uni de tenir cette réunion et de renforcer ainsi l’appel pour un cessez-le-feu afin d’apaiser la souffrance, créer un espace pour la diplomatie et permettre l’accès humanitaire y compris l’acheminement des vaccins.  La COVID-19 continue sa marche macabre à travers le monde fauchant des vies, détruisant les économies et sapant la réalisation des objectifs de développement durable, a diagnostiqué le Secrétaire général avant d’appeler à vaincre la COVID-19 au moment où nous commençons à avoir les capacités scientifiques pour le faire.  « La distribution des vaccins contre la COVID-19 fait naitre l’espoir. »

En ce moment crucial, l’équité dans l’accès aux vaccins est le « test moral » le plus grand que doit passer la communauté internationale, a indiqué M. Guterres: nous devons garantir que tout le monde, partout, ait la possibilité d’être vacciné dès que possible.  Notant toutefois que les progrès dans la vaccination sont inégaux et injustes, le Secrétaire général a indiqué que 10 pays ont injecté 75% de tous les vaccins disponibles.  Dans le même temps, plus de 130 pays n’ont reçu même pas une dose.  Les victimes des conflits et de l’insécurité risquent gravement d’être laissées de côté, a-t-il mis en garde. 

Lorsque la pandémie frappe, nous ne sommes en sécurité que si tout le monde est en sécurité, a insisté le Secrétaire général.  Il a prévenu que si on laisse le virus se propager comme un incendie dans les pays du Sud, il mutera continuellement.  De plus, les nouveaux variants peuvent devenir plus transmissibles, plus mortels et menacer potentiellement l’efficacité des vaccins et des diagnostics.  Cela peut faire traîner la pandémie indéfiniment et permettre au virus de recontaminer les pays du Nord.  Et enfin, cela retarderait le relèvement économique, a prévenu le Secrétaire général. 

Nous avons réussi ensemble à créer le Mécanisme COVAX pour un accès mondial aux vaccins qui est le seul outil servant à acheminer les vaccins dans les pays à revenu faible et intermédiaire, a rappelé M. Guterres demandant le financement du Mécanisme.  Mais nous devons faire plus, a insisté le Chef de l’ONU en demandant des efforts bien coordonnés et exhaustifs.  Il a jugé urgent pour le monde d’avoir un plan mondial de vaccination, afin de réunir tous ceux qui ont le pouvoir, l’expertise scientifique et les capacités financières et de productions.  Le G20 est le mieux placé à son avis pour créer une équipe spéciale d’urgence chargée de préparer ce plan et coordonner sa mise en œuvre et son financement.  

Cette équipe spéciale, a poursuivi M. Guterres, devrait inclure tous les pays qui ont la capacité de développer des vaccins ou de les produire eux-mêmes si les brevets sont disponibles, avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), des organisations techniques et des institutions financières internationales.  L’équipe spéciale devrait avoir la capacité de mobiliser les industries pharmaceutiques et les acteurs clefs de la question de logistique.  « Je suis prêt à mobiliser le système des Nations Unies en appui à cet effort. »  La réunion du G7 à la fin de cette semaine pourra créer l’élan nécessaire à la mobilisation des ressources financières, a ajouté M. Guterres. 

« Tous, nous pouvons assurer un approvisionnement suffisant, une distribution équitable et la confiance dans les vaccins.  Nous pouvons vaincre cette maladie et redémarrer nos économies.  C’est possible et faisons-en sorte que ce soit le cas, ensemble », a exhorté le Secrétaire général. 

La Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Mme HENRIETTA H. FORE, a plaidé pour un accès équitable aux vaccins pour tous, y compris les personnes vivant dans des zones de conflit.  Selon elle, ce n’est pas seulement une question de justice, mais c’est la seule voie pour mettre fin à cette pandémie.  Pour l’UNICEF et ses nombreux partenaires humanitaires à travers le monde, la COVID-19 a fondamentalement modifié le travail sur le terrain, ajoutant une nouvelle couche de complexité dans certains des environnements opérationnels les plus difficiles et les plus dangereux du monde.  En outre, la livraison des vaccins est entravée par un déficit de financement dont souffre le soutien humanitaire en général, et par des difficultés liées au transport, aux chaînes du froid et aux infrastructures logistiques soutenant le déploiement. 

Mme Fore a indiqué qu’il faudrait que les vaccins atteignent les mêmes populations qui sont laissées pour compte en matière d’accès aux services de base, notamment la santé, la nutrition et la vaccination de base.  Il faut leur fournir un vaccin qui non seulement peut sauver des vies, mais également aide à lutter contre la pandémie.  Grâce à sa vaste présence sur le terrain, l’UNICEF travaille avec les autorités locales et nationales sur les préparatifs et les stratégies visant à atteindre toutes les personnes, y compris celles qui se trouvent dans des endroits difficiles d’accès.  Avec l’infrastructure de vaccination existante, le Fonds travaille également pour atteindre les personnes qui ne sont normalement pas ciblées par ses programmes de vaccination, comme les agents de santé, les personnes âgées et d’autres groupes à haut risque.  Nous impliquons les communautés et instaurons la confiance pour vaincre la désinformation, a expliqué la Directrice exécutive.  Et par le biais du Mécanisme COVAX, l’UNICEF travaille avec Gavi, l’OMS et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) pour acheter et livrer les vaccins anti-COVID, en étroite collaboration avec les fabricants de vaccins et les entreprises de fret, de logistique et de stockage. 

Dans ce contexte, l’UNICEF entend acheter deux milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 d’ici à la fin de cette année.  Et cela s’ajoute aux deux milliards de doses d’autres vaccins que le Fonds achète normalement chaque année au nom de 100 pays.  Dans le même temps, l’UNICEF s’évertue à faire que tous les groupes de population, y compris ceux qui sont systématiquement exclus du soutien, soient couverts par les plans nationaux de vaccination, quel que soit leur statut juridique, économique ou politique.  Cela inclut les réfugiés ou les migrants, ainsi que les personnes privées de liberté.  Mme Fore a souligné que le Mécanisme COVAX a réservé 5% de ses doses de vaccins pour les populations à risque comme les réfugiés, les déplacés internes et les migrants, assurant ainsi un filet de sécurité pour ceux qui ne sont pas couverts par les programmes nationaux de vaccination. 

Alors que l’UNICEF se prépare à ce déploiement historique, Mme Fore a demandé au Conseil d’appeler tous les États Membres à inclure chaque individu dans les plans nationaux de vaccination, quel que soit leur statut juridique ou leur lieu de vie comme des zones contrôlées par des entités non étatiques.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’un cessez-le-feu mondial, ou du moins de réitérer, au minimum, l’appel à une pause humanitaire, en vertu de la résolution 2532 (2020), pendant la durée de la livraison des vaccins.  Enfin, elle a demandé au Conseil d’aider à relancer des campagnes de vaccination en difficulté pour d’autres maladies comme la rougeole, la diphtérie et la polio.  « Nous ne pouvons pas permettre que la lutte contre une maladie mortelle nous fasse perdre du terrain dans la lutte contre d’autres », a-t-elle plaidé. 

M. JAGAN CHAPAGAIN, Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a observé que la pandémie a mis en évidence les faiblesses inhérentes aux systèmes de santé publique mais également « les conséquences mortelles de la méfiance ».  Établissant un parallèle entre les épidémies d’Ebola et de COVID-19, il a constaté que lorsque les communautés ne comprennent pas les interventions sanitaires, elles ne les acceptent pas.  Tout au contraire, a-t-il dit, elles peuvent voir ces mesures sanitaires comme des menaces pouvant conduire à la violence.  Autrement dit, a poursuivi M. Chapagain, lorsque la science est non seulement ignorée mais aussi ridiculisée, lorsque la décision de porter des masques devient controversée et que le Web est rempli de rumeurs absurdes, la confiance nécessaire pour arrêter la pandémie est gravement compromise.  Selon lui, rétablir la confiance est possible, mais « cela demande de l’écoute et de la sincérité pour agir sur ce que les communautés nous disent », comme l’a prouvé, par exemple, la gestion des enterrements des victimes d’Ebola en République démocratique du Congo.  Grâce à l’engagement auprès des communautés, les refus sont passés de 80% à seulement 8% à la fin de l’épidémie, a-t-il souligné, notant que « la confiance se mérite ».    

Alors que nous passons à la phase de vaccination contre la COVID-19, « gagner la confiance des communautés reste crucial », a poursuivi le Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  En effet, a-t-il expliqué, les gens voient clairement les niveaux élevés d’inégalité en matière de vaccins.  Ils voient l’injustice, par exemple, dans le fait que moins de 1% des doses de vaccin dans le monde ont été administrées dans les 32 pays confrontés à des crises humanitaires graves ou très graves.  Or, a soutenu M. Chapagain, la distribution juste et équitable des vaccins est essentielle pour instaurer la confiance, maintenir la paix internationale et prévenir la violence.  À cette fin, il importe de s’assurer que ces vaccins atteindront les bras de toutes les personnes qui en ont besoin.  Les communautés mal desservies ou isolées, ainsi que les détenus, les déplacés et les réfugiés, doivent être intégrés dans les efforts nationaux de vaccination, a-t-il plaidé, jugeant que l’implication du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’autres organisations locales impartiales dans ces activités peut contribuer à garantir que ces communautés ne soient pas laissées pour compte. 

Cet accès aux communautés éloignées peut canaliser les vaccinations contre la COVID-19, tout en maintenant les vaccinations de routine essentielles, a précisé M. Chapagain.  À cet égard, a-t-il ajouté, les États Membres peuvent soutenir les efforts visant à bâtir la confiance et à intégrer les « communautés de bout de chaîne » dans les efforts de vaccination contre la COVID-19, notamment en incluant des organisations communautaires telles que les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans toutes les phases de planification et de distribution des vaccins.  En impliquant ces acteurs, vous comprendrez mieux les hésitations des communautés et ce qu’elles ne vous disent pas, a déclaré le Secrétaire général de l’ Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. 

Avant de conclure, M. Chapagain a souligné l’importance d’assurer la sécurité et la protection des bénévoles, des premiers intervenants et des travailleurs de la santé pendant cette pandémie.  En 2020, près de 850 incidents violents contre les agents de santé impliqués dans la réponse à la COVID-19 ont été signalés, a-t-il déploré, avant d’appeler au respect du droit international humanitaire.  Enfin, il a rendu hommage aux millions de volontaires qui sont en première ligne de cette pandémie et répondent de manière désintéressée aux besoins des autres. 

Le Directeur exécutif de Gavi, M. SETH BERKLEY, a demandé de ne pas oublier ces millions de personnes vivant dans des situations de conflit.  Selon lui, la pandémie est plus qu’une crise sanitaire mondiale.  C’est un défi majeur pour la paix et la sécurité internationales qui ne peut être relevé que par la coopération multilatérale.  Le PIB mondial devrait chuter de 9 200 milliards de dollars en 2021 si les pays continuent de poursuivre une approche non coordonnée de la distribution des vaccins, a—t-il averti.  Et cela ne fait qu’affaiblir notre capacité collective à assurer la paix et la stabilité. 

Depuis plus de 20 ans, l’Alliance pour le vaccin, Gavi, œuvre pour assurer la protection par les vaccins à plus de 800 millions d’enfants.  Fort de cette expérience, M. Berkley a fait le lien entre les conflits et la sous-performance en matière de vaccination.  À preuve, les pays soutenus par Gavi qui ne souffrent pas de fragilité atteignent en moyenne un taux de vaccination infantile de 81% en ce qui concerne les enfants ayant reçu une troisième dose de vaccin, tandis que dans les pays touchés par un conflit, ce chiffre tombe à 65%.  Cette situation est encore aggravée par les défis posés à la fourniture de soins de santé dans les situations de conflit et de fragilité.  Mais, a prévenu le Directeur exécutif de Gavi, ce n’est pas seulement le vaccin qui est essentiel, mais aussi la chaîne d’approvisionnement, le courage et le professionnalisme des personnels de santé et des acteurs du développement et de l’humanitaire, puisque « les vaccins ne se livrent pas d’eux-mêmes ».  Il a affirmé que les vaccins sont un investissement essentiel dans la sécurité nationale et internationale: investir dans des vaccins contre la COVID-19 et contre d’autres maladies est un pilier fondamental de la sécurité sanitaire mondiale.  En plus de sécuriser et de soutenir les populations touchées par les conflits, a-t-il suggéré, il est important de prendre en compte la préparation et la surveillance liées aux pandémies, la cybersécurité et la sécurité des circuits d’approvisionnement, ainsi que la sécurité des agents de santé et des établissements de santé.  

Dans le cadre du Mécanisme COVAX, le « tampon humanitaire » proposé permettra l’accès aux vaccins COVID-19 pour les populations à haut risque dans les situations humanitaires, en particulier là où elles risquent d’être exclues lorsque les gouvernements et les ministères de la santé n’ont pas d’accès en raison d’un conflit.  Alors que nous travaillons sur ce filet de sécurité avec le ferme soutien de nos partenaires humanitaires au sein du Comité permanent inter agences, a expliqué M. Berkley, COVAX et ses partenaires sont convaincus que le « premier recours » pour couvrir tous les groupes à haut risque, quel que soit leur statut juridique, est leur inclusion dans les plans nationaux de vaccination du pays.  Le tampon humanitaire n’est donc qu’une mesure de « dernier recours ».  Il a demandé au Conseil de sécurité de renforcer ce message afin que les doses disponibles soient distribuées de manière équitable, conformément aux principes humanitaires, et dans le respect des obligations des États envers leurs populations.

Le Directeur exécutif de Gavi a en outre indiqué que COVAX a obtenu des engagements pour 2,3 milliards de doses et des options pour 190 économies en 2021.  Parmi ces doses, au moins 1,3 milliard sont réservées, mais elles ne sont pas encore entièrement payées, dans l’attente de fonds attendus des donateurs.  Ces doses sont destinées à 92 pays à faible revenu éligibles au mécanisme de garantie de marché de COVAX.  Et on pourrait passer à 1,8 milliard de doses supplémentaires qui pourraient être livrées s’il y avait un financement supplémentaire.  Il est donc essentiel, a suggéré le Directeur exécutif, que les donateurs et les pays renforcent leurs financements; que les fabricants privilégient les initiatives multilatérales au lieu du profit à court terme; que la recherche et le développement et les connaissances scientifiques exceptionnelles soient partagées; et que la famille des nations, représentée par l’ONU, se rassemble et se prépare au plus grand effort logistique de vaccination que le monde n’ait jamais connu.  Il est également fondamentalement important que, là où des vaccins sont disponibles, le Conseil de sécurité joue son rôle politique en permettant aux approvisionnements de circuler dans les zones touchées par le conflit par l’intermédiaire d’acteurs humanitaires neutres, conformément au droit international.  

En tant qu’épidémiologiste qui s’est spécialisé dans les maladies infectieuses tout au long de sa vie, et en tant que Chef de Gavi, M. Berkley a dit au Conseil que « la science nous dit qu’il n’y a aucun moyen de sortir de cette pandémie seule ».  « Nous devons le faire ensemble ou faire face aux conséquences générationnelles », a-t-il conclu en demandant au Conseil de s’investir dans cet effort sans précédent et en invitant la communauté internationale à agir au plus vite, avant d’appeler le Conseil à faire pression pour que les entreprises pharmaceutiques effectuent un transfert de technologies pour améliorer la production des vaccins à travers le monde. 

M. DOMINIC RAAB, Secrétaire d’État aux affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a appelé à mobiliser tout le poids du Conseil de sécurité et de tout le système des Nations Unies pour mettre fin à la pandémie de COVID-19.  Avec les vaccins et leur distribution, la lumière est au bout du tunnel et semble s’approcher, a-t-il estimé en plaidant pour un effort mondial: il faut que les vaccins soient distribués partout dans le monde, y compris dans les endroits les plus isolés, les régions en conflit et celles où règnent l’insécurité.  Le Conseil de sécurité doit envoyer le message selon lequel les actions et l’accès aux vaccins pour vaincre la pandémie dépassent ce qui nous divise, a recommandé le ministre. 

Actuellement, plus de 160 millions de personnes dans le monde courent le risque d’être exclues de la vaccination contre le coronavirus à cause de l’instabilité et des conflits, a-t-il rappelé en attirant l’attention sur la nécessité d’éviter les pénuries d’approvisionnement et d’assurer l’acheminement des vaccins sur le terrain.  Les défis sont nombreux, a reconnu M.  Raab.  Le ministre a recommandé des cessez-le-feu locaux pour permettre la vaccination et pour protéger la santé et la vie des travailleurs humanitaires dans les zones de conflit.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que la distribution des vaccins contre la COVID-19 ne doit pas empêcher le déroulement des autres programmes de vaccination.  Citant la résolution 2532 (2020) adoptée le 1er juillet 2020, par laquelle le Conseil a appelé à lutter contre la COVID-19 dans les pays les plus vulnérables, M. Raab a souhaité que le Conseil appelle aujourd’hui à des cessez-le-feu pour permettre des campagnes de vaccination contre la COVID-19 dans les zones de conflit. 

C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni soumet aujourd’hui un projet de résolution au Conseil pour examen du Conseil.  Le Mécanisme COVAX, a poursuivi M. Raab, devrait commencer la distribution des vaccins ce mois-ci, sachant que plus de 5% des vaccins sont classés comme réserves humanitaires pour qu’il y ait suffisamment de vaccins en cas de déploiement humanitaire et autres situations d’urgence.  Une résolution qui appelle à des cessez-le-feu pour permettre la vaccination, et qui demande d’adopter des plans de vaccination pour inclure les populations à haut risque, dont les réfugiés, aiderait à distribuer les vaccins aux communautés les plus vulnérables.  Elle aiderait à assurer l’accès total des personnels médicaux et humanitaires aux vaccins et leur protection.  Le Ministre a prié les membres du Conseil d’adopter rapidement cette résolution « car nous ne pouvons pas laisser les conflits empêcher la lutte contre la pandémie ».  « Nous ne pouvons pas fuir alors que les zones de conflit n’ont pas de protection contre le virus. Personne ne peut être laissé de côté », a insisté M. Raab.  Faisant valoir que les scientifiques ont fait des miracles pour créer des vaccins, il a appelé à travailler ensemble pour qu’ils bénéficient aux populations. 

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a plaidé en faveur d’une coopération internationale accrue entre tous les pays, les institutions financières internationales et les principales entreprises pharmaceutiques.  Il a souhaité que l’ONU et ses institutions spécialisées, telles que l’OMS, conservent un rôle central en veillant à ce que les vaccins soient administrés de manière sûre, efficace et mondiale à toutes les personnes appartenant à des catégories à haut risque et, plus largement, pour assurer l’immunité des populations.  Il a suggéré l’adoption d’un pacte international exécutoire fondé sur des règles pour fournir des vaccins à tous ceux qui en ont besoin.  Le Premier Ministre a aussi réitéré l’appel de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à tenir un sommet mondial dans le cadre du dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) pour discuter de l’accès équitable et de la distribution mondiale des vaccins.  Pour leur part, les membres de la CARICOM sont résolus à partager les uns avec les autres, en fonction des besoins, quelles que soient les quantités de vaccins qu’ils recevront ou achèteront. 

Le Premier Ministre a ensuite déploré la tendance inquiétante du « nationalisme vaccinal » qui veut que certains pays riches stockent des fournitures médicales essentielles, y compris des vaccins.  Une telle conduite ne fait que prolonger la pandémie, a-t-il fait observer.  De même, beaucoup souffriront inutilement si l’administration des vaccins est déterminée par un calcul étroit du marché plutôt que par l’impératif social de renforcer l’immunité partout, en solidarité les uns avec les autres.  Il a exhorté les fabricants de vaccins, « en signe de bonne foi envers l’humanité », à travailler avec les pays en développement pour étendre leurs capacités de production, allégeant ainsi la pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.  Il a également appelé à un soutien financier accru au Mécanisme COVAX afin de renforcer la campagne mondiale de vaccination. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines entend continuer d’appuyer pleinement tous les efforts visant à promouvoir un cessez-le-feu mondial aux conflits armés, a poursuivi le Premier Ministre, ce qui permettrait notamment de garantir une distribution de vaccins en toute sécurité aux personnes rendues les plus vulnérables par le conflit, y compris les personnes déplacées et les réfugiés.  Lorsque les mandats et les capacités le permettent, les opérations de maintien de la paix pourraient être utilisées pour aider au transport et à la distribution de vaccins, y compris pour assurer la protection du personnel qui administre les vaccins, a encore suggéré le Ministre, avant de rappeler la promesse commune à l’humanité, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « de ne laisser personne de côté ». 

Le Ministre des affaires étrangères de la Chine, M. WANG YI, a demandé que les gens soient placées au centre de la lutte contre la COVID-19, étant donné qu’il n’y a rien de plus important que la vie humaine.  Il a invité les pays à travailler ensemble en remplaçant la division par la solidarité.  Il faut également respecter la science et rejeter la désinformation et les tentatives de politiser la pandémie, a-t-il plaidé, ajoutant que les membres du Conseil de sécurité doivent prêcher par l’exemple.  La Chine a ensuite demandé le respect de la résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité afin de permettre une meilleure réponse à la pandémie.  Il faut accorder une attention particulière aux pays en conflit et veiller à ce que les parties en conflit se joignent à la lutte contre la pandémie.  Dans ce contexte, l’ONU doit profiter des pauses humanitaires pour mener des actions de médiation et de bons offices pour rechercher des accords politiques.  La Chine a également invité les pays ayant mis en place des sanctions unilatérales à faire montre d’esprit humanitaire et à les suspendre. 

Pour la Chine, il est important de réduire le déficit vaccinal en prêtant assistance aux pays en développement.  Aux pays qui ont déjà les vaccins, la Chine a demandé de renforcer la production, au besoin par le biais de la coopération internationale.  La délégation a demandé de rejeter le « nationalisme vaccinal » et de promouvoir une distribution juste des vaccins, notamment en les rendant accessibles aux pays en développement, dont ceux en proie aux confits.  La Chine a souhaité que l’ONU joue un rôle central dans la lutte contre la pandémie, et que l’OMS reçoive tout le soutien dont elle a besoin.  Le Président chinois a annoncé que les vaccins chinois seront des biens publics, et la Chine va faciliter leur distribution dans les pays en développement.  À la demande de l’OMS, la Chine a offert, à titre préliminaire, 10 millions de doses de vaccins chinois au COVAX à l’attention des pays en développement.  Le pays a déjà fourni ses vaccins à 53 pays en développement sur leur requête.  Il a également rejoint l’initiative du Groupe des amis de la vaccination afin de vacciner les Casques bleus. 

M. PHAM BINH MINH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a noté que, face à une pandémie aux effets dévastateurs pour les populations, des vaccins ont été développés dans un délai record.  Toutefois, a-t-il souligné, il est indispensable que la communauté continue de coopérer afin de s’assurer que ces vaccins permettront d’endiguer la COVID-19.  Pour cela, a préconisé le Ministre, nous devons agir dans l’urgence et nous doter d’une stratégie efficace.  Selon lui, il convient tout d’abord de considérer les vaccins comme des « biens publics internationaux » disponibles pour tous.  Jugeant essentiel de donner la priorité aux populations les plus vulnérables, M. Pham s’est alarmé que certains pays « s’accaparent le vaccin » aux dépens des pays les plus pauvres.  Pour sa part, a-t-il dit, le Viet Nam contribue à l’infrastructure COVAX pour la distribution des vaccins aux pays en développement et en situation de fragilité. 

Pour le chef de la diplomatie vietnamienne, il importe également de garantir la stabilité pour permettre l’acheminement des vaccins à ceux qui en ont besoin, y compris dans les zones de conflit.  À cet égard, a plaidé M. Pham, le Conseil de sécurité doit redoubler d’efforts pour la mise en œuvre de la résolution 2532 (2020) et réitérer son appel à un cessez-le-feu général.  Il faut une trêve humanitaire durable, qui est la condition sine qua non pour agir sur le terrain et le seul moyen d’acheminer les vaccins, a-t-il insisté.  Plus largement, le Ministre a souhaité que le Conseil s’attèle aux causes profondes des conflits telles que les inégalités et les injustices mises en lumière par la pandémie. Appelant à la création de systèmes résilients afin que chaque pays puisse se relever de manière durable de la COVID-19, il a estimé que la communauté internationale doit pouvoir compter sur une coopération renouvelée et sur des institutions multilatérales guidées par l’ONU.  Le Viet Nam, en tant que membre de l’ASEAN et du Conseil de sécurité, fera tout pour renforcer l’action multilatérale dans la lutte contre cette pandémie, a-t-il conclu. 

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de Tunisie, a rappelé qu’avec la France, alors que les deux pays étaient préoccupés par le caractère sans précédent de la pandémie dès mars 2020, ils avaient proposé le texte qui est devenu la résolution 2532 (2020) et qui appelle à la cessation des hostilités dans les conflits partout dans le monde afin de faciliter la lutte contre la pandémie.  Cette résolution vise à placer le bien-être de l’humanité au centre de toutes les actions et à contribuer à la solidarité humaine et la sécurité collective, a expliqué le Ministre.  Ce texte ouvre la voie à la communauté internationale pour forger de nouveaux mécanismes capables de renforcer la coopération internationale et de consolider la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Pour M Jerandi, la résolution contribue ainsi à faire face à la pandémie de COVID-19.  Rappelant les répercussions mondiales de la pandémie, le Ministre a dit que la découverte des vaccins contre la COVID-19 constitue une étape importance vers son contrôle et son endiguement.  La Tunisie, a-t-il dit, soutient sans réserve la plateforme africaine « African Medical Supplies » visant à lever des fonds pour aider l’Afrique à bien affronter la pandémie.  Le Ministre a également signalé le don de 500 000 dollars de la Tunisie au Fonds de l’Union africaine de lutte contre la COVID-19. 

M. ANTONY BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, s’est félicité de la mise au point « remarquable » de vaccins sûrs contre la COVID-19 mais a déploré que, bien qu’en progression, la capacité mondiale de fabrication ne soit pas assez rapide pour répondre aux besoins mondiaux.  Il a assuré que les États-Unis travailleraient avec leurs partenaires mondiaux au renforcement de la fabrication et de la distribution ainsi qu’à l’amélioration de l’accès, notamment pour les populations marginalisées.  Sous l’égide du Président Biden, a-t-il ajouté, les États-Unis considèrent que le multilatéralisme, les Nations Unies et l’OMS sont « essentiels », non seulement en tant que réponse sanitaire et humanitaire internationale efficace contre la COVID-19, mais également pour renforcer les capacités sanitaires mondiales et la sécurité pour l’avenir. 

Pour vaincre la COVID-19 et prévenir de futures pandémies, nous travaillerons avec des partenaires du monde entier pour renforcer et réformer l’OMS, soutenir le programme de sécurité sanitaire mondiale, construire une préparation durable aux menaces biologiques et créer un système d’alerte qui nous permette de réagir plus rapidement, a indiqué M. Blinken, appelant de ses vœux à la création d’un mécanisme de financement durable pour la sécurité sanitaire afin que le monde puisse être mieux préparé.  D’ores et déjà, les États-Unis travaillent avec l’OMS, le Centre d’accès mondial au vaccin et l’accélérateur d’accès aux outils contre la maladie.  De plus, ils ont récemment élevé leur participation du statut d’observateur à celui de participant au Conseil de facilitation ACT.

Les États-Unis, a-t-il ajouté, prévoient en outre de fournir un soutien financier significatif à COVAX, via Gavi, et d’œuvrer au renforcement d’autres initiatives multilatérales, telles que la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Ces engagements s’appuient, selon lui, sur « une longue tradition », le pays ayant fourni plus de 140 milliards d’aide sanitaire ces deux dernières décennies.  « Nous sommes désormais le principal contributeur à la réponse internationale à la COVID-19 », a-t-il dit, avant de confirmer que, d’ici à la fin du mois, les États-Unis verseront plus de 200 millions de dollars de contributions à l’OMS.  À ses yeux, il s’agit d’un « pas en avant essentiel vers l’accomplissement de nos obligations financières » mais aussi d’un « engagement renouvelé » à faire en sorte que l’Organisation bénéficie du soutien dont elle a besoin pour mener la riposte mondiale. 

Pour le chef de la diplomatie américaine, chaque pays doit contribuer à cette riposte.  Pour leur part, les États-Unis ont déjà annoncé plus de 1,6 milliard de dollars d’aide d’urgence afin d’aider les gouvernements, les organisations internationales et les ONG à atténuer les effets de la COVID-19.  À cela s’ajoute à un engagement de 1,16 milliard de dollars sur les exercices fiscaux de 2020 à 2023 destiné à soutenir les efforts de vaccination plus larges de Gavi, a relevé M. Blinken.  Selon lui, il importe également de continuer à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité et de redoubler d’efforts pour l’application de la résolution 2475 (2019), tout en soutenant les notes d’orientation du Secrétaire général sur la COVID-19 concernant le genre, les personnes handicapées et les autres groupes vulnérables.  De même, a-t-il poursuivi, aucun pays ne devrait être autorisé à utiliser la COVID-19 comme prétexte pour violer les droits de l’homme ou les libertés fondamentales.  Tous devraient par ailleurs lutter contre la désinformation sur les vaccins. 

Le Secrétaire d’État américain a d’autre part souhaité qu’aux fins d’une meilleure préparation, les pays mettent à disposition les données des premiers jours de toute flambée et qu’ils participent à l’avenir à un processus transparent de prévention et de réponse aux urgences sanitaires, afin que le monde « apprenne le plus possible dès que possible ».  Transparence, partage d’informations, accès pour les experts internationaux : « telles doivent être les caractéristiques de notre approche commune face à ce qui est véritablement un défi mondial », a-t-il conclu. 

M. S. JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, s’est dit préoccupé du manque de coordination mondiale pour la distribution des vaccins, avertissant que cela frappera plus durement les zones de conflit et les pays les plus pauvres.  Il a également déploré la disparité flagrante qui existe dans la disponibilité des vaccins à l’ échelle mondiale. Selon lui, cette disparité appelle à une coopération dans le cadre du mécanisme COVAX.  D’un point de vue économique, a-t-il fait valoir, les coûts d’une distribution inéquitable des vaccins sont énormes, la Chambre de commerce internationale prédisant à cet égard que l'économie mondiale risque de perdre jusqu'à 9 200 milliards de dollars américains si la communauté internationale ne parvient pas à lutter contre cette iniquité.  Le Ministre s’est par ailleurs inquiété de la suspension de programmes de vaccination systématiques, ce qui expose environ 80 millions d’enfants dans au moins 68 pays au risque de diphtérie, de rougeole et de polio. 

Déterminé à « mettre cette pandémie définitivement derrière nous », M. Jaishankar a avancé différentes propositions, à commencer par la poursuite des campagnes de vaccination afin de ralentir la capacité du virus à infecter de nouvelles personnes et à muter davantage.  Il convient à cet égard de collaborer sur la surveillance génomique pour suivre les mutations et les variantes du virus, a-t-il préconisé, avant d’appeler à lutter contre la résistance du public aux vaccins grâce à des informations contextuelles, empathiques et adaptées à la culture.  En outre, a poursuivi le Ministre, il faut prévoir des programmes de formation efficaces en matière d’administration des vaccins et arrêter le « nationalisme vaccinal », tout en renforçant le Mécanisme COVAX pour assurer une distribution équitable.  Enfin, il importe, selon lui, de contrer les campagnes de désinformation et de se préparer de manière proactive à la prochaine pandémie.  

À l'avant-garde de cette lutte mondiale, l’Inde a fourni des médicaments essentiels, des kits de diagnostic, des ventilateurs et des équipements de protection individuelle à plus de 150 pays, dont environ 80 sous forme de subventions, a précisé M. Jaishankar.  En outre, deux de ses vaccins ont obtenu une autorisation d’urgence, tandis que 30 candidats sont à différents stades de développement.  L’Inde, a-t-il ajouté, compte vacciner environ 300 millions d’individus, travailleurs de première ligne, agents de santé, personnes âgées et vulnérables au cours des six prochains mois.  D’ores et déjà, le programme national débuté il y a un mois a permis de vacciner près de 7 millions de personnes.  De plus, a souligné le Ministre, l’Inde fournit des vaccins à des dizaines d’autres pays et représente une source d’approvisionnement importante pour COVAX, tout en collaborant avec Gavi, l’OMS et l’Accélérateur ACT.  Enfin, elle n’oublie pas les Casques bleus de l’ONU puisque 200 000 doses leur ont été distribuées. 

Mme EVA-MARIA LIIMETS, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a estimé que, près d’un an après la déclaration de la pandémie, la communauté internationale doit s’assurer que personne n’est laissée pour compte dans les programmes de vaccination.  Pour cela, a-t-elle plaidé, il est vital de garantir un accès humanitaire sans entrave aux zones de conflit.  Il est tout aussi important que d’autres programmes de vaccination ne soient pas mis de côté en raison de l’attention mondiale portée au coronavirus, a ajouté la Ministre, réitérant son appui à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.  Elle a également jugé inacceptable que la COVID-19 soit utilisée comme prétexte pour tenter de lever les mesures restrictives.  Les sanctions de l’Union européenne (UE) et de l’ONU prévoient des exemptions humanitaires et n’entravent pas la lutte contre la pandémie, a-t-elle assuré. 

En deuxième lieu, la réponse multilatérale est indispensable pour sortir de cette crise mondiale, a poursuivi Mme Liimets, ajoutant qu’il ne sera pas possible de restaurer le commerce international, les voyages, la prospérité et la sécurité « tant que la COVID-19 ne sera pas sous contrôle partout dans le monde ».  À cet égard, a-t-elle relevé, l’UE a été à l’avant-garde de la réponse multilatérale dans le domaine de l’accès mondial et équitable aux vaccins, aux tests et aux traitements.  Attachée à une distribution équitable des vaccins dans le monde, l’Estonie s’est pour sa part engagée à respecter le Mécanisme COVAX pour soutenir l’accès aux vaccins pour les plus vulnérables.  Il faut également lutter contre « l’infodémie » qui continue de saper notre réponse commune, a souligné la Ministre, avant de condamner toutes les tentatives d’utilisation de la pandémie comme prétexte pour ne pas respecter l’état de droit, restreindre les droits de l’homme et réduire l’espace civique. 

Troisièmement, a poursuivi Mme Liimets, il convient d’utiliser tout le potentiel des technologies numériques pour surmonter la crise, ce qui suppose de protéger nos infrastructures essentielles contre les cybermenaces.  Tenir les auteurs responsables et travailler ensemble pour un cyberespace plus sûr est le meilleur moyen de résister aux efforts des acteurs malveillants, a-t-elle affirmé, soulignant l’importance de l’applicabilité du droit international existant dans le cyberespace.  Enfin, rappelant que son pays collabore avec l’OMS dans le développement d’un cadre d’interopérabilité -le Global Trust Framework- pour des certificats de vaccination intelligents, elle s’est déclarée convaincue que cet instrument deviendra un élément important du « bien public numérique mondial » et permettra à l’OMS de bâtir des services de données numériques transfrontaliers sur la santé. 

Pour M. MARCELO EBRARD CASAUBON, Ministre des affaires étrangères du Mexique, le meilleur moyen d’aller de l’avant est la coopération et le multilatéralisme.  Il faut mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale, a demandé le Ministre qui a exigé l’accès en temps voulu des vaccins pour ceux en ont le plus besoin.  Il a estimé que le mécanisme COVAX est un instrument essentiel pour distribuer les vaccins tout en disant que « nous ne distribuons pas suffisamment les vaccins ».  M. Ebrard a appelé les pays à ne pas s’accaparer les vaccins et à contribuer au mécanisme COVAX.  Il a déploré l’approfondissement du fossé entre ceux qui ont accès aux vaccins et le reste du monde.  « Cette injustice doit être corrigée parce que la sécurité de toute l’humanité en dépend. »

Le Ministre a aussi demandé d’éviter des mécanismes parallèles qui entravent l’accès aux vaccins.  Nous voulons un mécanisme qui donne accès à tous, a-t-il déclaré.  Réitérant son appui à l’OMS, il a ajouté que cet organisme devrait coordonner l’accès et la distribution des vaccins au niveau mondial.  Le Mexique et l’Argentine, a indiqué le Ministre, ont signé un accord avec le fabriquant Astra Zeneca pour distribuer ses vaccins dans les pays de la région, suivant le principe que « ceux qui ont des moyens doivent aider ceux n’en ont pas » pour accéder aux vaccins.  M. Ebrard a exhorté à accélérer le mécanisme COVAX et à éviter l’accaparement des vaccins par une minorité de pays.  Le Conseil de sécurité doit jouer un rôle décisif pour atteindre ces objectifs, a indiqué le Ministre qui a réitéré son soutien à la mise en œuvre de la résolution 2532 (2020) avant de plaider pour que les femmes et les jeunes soient placés au centre des programmes de vaccinations. 

La Secrétaire de Cabinet aux affaires étrangères du Kenya, Mme RAYCHELLE OMAMO, a estimé que la COVID-19 est plus qu’une crise sanitaire: elle constitue une menace pour la sécurité humaine.  De ce fait, la pandémie exige que le Conseil de sécurité montre la voie pour établir des normes et règles qui guideront l’atténuation et assureront un accès équitable au vaccin.  Elle a indiqué que même si les pays disposant de ressources suffisantes vaccinent correctement leurs citoyens, il faut « décourager la tendance au nationalisme vaccinal », car cela ne fait que perpétuer davantage la marginalisation de ceux qui sont déjà désavantagés en raison de leur situation fragile. 

Mme Omamo a noté que les pays en développement font face à deux défis majeurs.  Le premier tient du fait que les producteurs de vaccins travaillent en grande partie à répondre aux énormes commandes passées par des pays mieux dotés en ressources.  Deuxièmement, même là où le vaccin est disponible, le coût est manifestement prohibitif, et la situation est pire pour les pays en conflit ou se trouvant dans des contextes instables et fragiles.  Elle a salué le rôle du Mécanisme COVAX en tant que mécanisme multilatéral visant à faciliter la distribution rapide et équitable des vaccins contre le coronavirus.  Il est gratifiant de voir que jusqu’à 5% des doses du COVAX sont réservées dans le cadre d’un programme humanitaire pour les populations oubliées ou négligées tels que les réfugiés et les demandeurs d’asile, a salué la délégation, avant de demander que cette facilité soit étendue aux populations affectées par les conflits et l’insécurité.  

Pour faciliter l’accès équitable et en temps opportun aux vaccins, il est urgent de développer la fabrication locale, grâce au transfert de technologie et d’éliminer les obstacles liés à la propriété intellectuelle, a proposé le Kenya.  Le pays a réitéré son soutien à la dérogation proposée par l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) aux obligations de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (ADPIC).  En outre, afin de faciliter la distribution de vaccins dans les régions fragiles et touchées par un conflit, le Conseil de sécurité devrait renouveler la demande faite dans la résolution 2532 (2020), à savoir une cessation générale et immédiate des hostilités.  Le Conseil doit également tenir compte du contexte humanitaire dans ses régimes de sanctions pour la même raison.  Le Kenya a aussi souhaité que le Conseil mandate les opérations de maintien de la paix à faciliter la livraison sûre des vaccins et aider les autorités locales à sensibiliser la communauté à la sécurité du vaccin.  Enfin, le Conseil pourrait appeler à un soutien financier accru en faveur du Mécanisme COVAX. 

Avant de conclure, Mme Omamo a signalé que le Gouvernement kényan s’est associé aux Nations Unies et à l’hôpital de Nairobi pour la mise en place d’un centre de traitement de la COVID-19, d’une capacité de 150 lits, dédié aux 20 000 membres du personnel des Nations Unies et leurs familles au Kenya, en Afrique et au-delà, aux membres de la communauté diplomatique, ainsi qu’aux ressortissants kényans.  Enfin, le Kenya a proposé la convocation d’une conférence de haut niveau pour discuter de la manière dont les pays en conflit et les pays d’accueil de réfugiés peuvent répondre plus efficacement à la COVID-19. 

Mme INE ERIKSEN SOREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a souhaité que la communauté internationale et le Conseil de sécurité fassent montre d’unité pour aller de l’avant dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Plaidant pour des « actions ciblées », elle a jugé impératif de garantir un accès mondial équitable aux vaccins.  Jusqu'à présent, a-t-elle regretté, la plupart ont été mis à la disposition des habitants de quelques pays à revenu élevé alors qu’il importe de les rendre disponibles pour tous, y compris dans les zones de conflit. Pour la Ministre, le partenariat ACT-A et son Mécanisme COVAX sont fondamentaux pour garantir que tous les pays participent à cette lutte commune pour stopper la pandémie.  Le « tampon humanitaire » COVAX sera, selon elle, essentiel pour pouvoir atteindre les personnes vivant dans les zones contestées ou hors de la portée des autorités sanitaires nationales, y compris les personnes déplacées, les réfugiés et les migrants.  Il faut donc que davantage de pays contribuent à COVAX et comblent son défit de financement. 

Deuxièmement, a poursuivi Mme Soreide, un accès humanitaire complet et sans entrave est crucial pour que les vaccins atteignent les groupes les plus vulnérables.  À cette fin, les patients, les agents de santé et les établissements sanitaires doivent être protégés et la résolution 2286 (2016) du Conseil de sécurité mise en œuvre, a-t-elle souligné, avant de mettre l’accent sur le rôle joué par les femmes dans la lutte contre cette pandémie, ce qui les place au cœur de la réponse à la COVID-19, notamment dans les zones touchées par les conflits et les crises.  Elle a également noté que les principaux partenaires humanitaires, à commencer par le PAM, le HCR, l’OMS et OCHA, ont besoin d'un financement souple pour faire face à l’évolution rapide de la pandémie.  C’est pourquoi la Norvège a considérablement accru son soutien humanitaire, appuyant aussi les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans le déploiement de programmes de vaccination vitaux. 

Convaincue qu’il faut une cessation des hostilités et un dialogue avec toutes les parties pour permettre la vaccination dans les zones de conflit, la Ministre a assuré que son pays continuera d’appuyer l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.  Précisant que la Norvège a contacté les parties en Colombie et aux Philippines sur la base de cet appel, elle a félicité ces dernières pour la mise en application de cessez-le-feu humanitaires.  À ses yeux, un engagement politique, des paramètres clairs et des mécanismes de surveillance sont nécessaires pour parvenir à un cessez-le-feu et permettre le déploiement réussi des vaccins.  « D’Edleb à Gaza, de Menaka au Tigré, il est de notre devoir, en tant que Conseil de sécurité, de surveiller de près ces dynamiques changeantes, de coordonner les efforts et de faciliter l’accès humanitaire total et sans entrave, ainsi que le règlement pacifique des conflits », a conclu Mme Soreide.  

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et Ministre de la défense de l’Irlande, a souligné l’importance de la résolution 2532 et appelé la communauté internationale à être plus ambitieuse pour mettre le vaccin à disposition dans les zones touchées par les conflits, et financer les modalités de livraison nécessaires, tout en évitant d’amputer les fonds consacrés à la résolution des crises existantes.  Le Ministre a fait remarquer que les risques pour la prospérité et la stabilité à long terme sont évidents à l’échelle mondiale, sachant que 270 millions de personnes sont confrontés à des problèmes d’insécurité alimentaire et que 20 millions de filles ne retournent pas à l’école.  La faim sera aussi un facteur de migration forcée, de déplacements et de recrutement par des groupes extrémistes, a-t-il relevé en soulignant que tout cela alimente les conflits sous de nombreuses formes et aggrave les besoins humanitaires. 

L’Irlande est pleinement attachée aux efforts du système des Nations Unies pour mettre en place un mécanisme juste, transparent et efficace pour une distribution et un approvisionnement équitables du vaccin COVID-19.  L’Irlande a augmenté de 20% son soutien de base à Gavi pour arriver à un niveau de 50 millions d’euros de contribution en 2021.  « Nous soutenons la facilité COVAX au niveau bilatéral et en tant que membre de l’Union européenne, qui à ce jour a contribué à hauteur de 860 millions d’euros à la facilité COVAX », a encore ajouté M. Coveney avant de saluer le potentiel de ce mécanisme d’incarner au mieux la solidarité multilatérale. 

Mettant l’accent sur la nécessité de renforcer les systèmes de santé publique, en particulier dans les situations de conflit où les défis sont bien connus, le Ministre a indiqué que l’Irlande a placé les investissements dans les systèmes de santé au cœur de son programme de coopération au développement pendant plus de deux décennies, en collaboration avec des gouvernements partenaires dans plusieurs pays africains.  Tout en notant que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les vulnérabilités de toutes nos sociétés face aux menaces et défis imprévus, M. Coveney a noté que cette crise a également montré comment une riposte internationale collective qui mobilise le meilleur de l’humanité -dans les domaines de la science, de la recherche et de l’assistance- peut ouvrir la voie à un avenir meilleur. 

M. FRANCK RIESTER, Ministre délégué auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de lattractivité de la France, a dit que l’adoption le 1er juillet 2020 de la résolution 2532 à l’initiative de la France et de la Tunisie a marqué un moment important de la mobilisation contre la pandémie de COVID-19.  Il a fait observer que la cessation des hostilités est une condition indispensable pour lutter efficacement contre la pandémie.  « Nous devons plus que jamais soutenir les opérations de maintien de la paix et nous devons également réfléchir à la manière de prendre en compte les personnels des opérations de maintien de la paix dans les stratégies de vaccination », a déclaré M. Riester.  Le Ministre a jugé inacceptable que la pandémie se soit accompagnée d’une hausse des attaques contre les personnels humanitaires et médicaux, demandant que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes devant la justice.  « La vaccination contre la COVID-19 doit être considérée comme un bien public mondial, afin d’assurer un accès équitable et universel au vaccin, comme la communauté internationale l’a affirmé lors de la dernière Assemblée mondiale de la Santé », a scandé le Ministre. 

Tout en réaffirmant le rôle central de l’OMS, le Ministre a jugé nécessaire de soutenir l’initiative ACT-A, dont la France a été à l’origine, avec l’OMS et la Commission européenne, afin de favoriser le développement, la production et l’accès équitable et universel aux outils de lutte contre la COVID-19.  « C’est pourquoi nous soutenons l’initiative britannique d’une résolution du Conseil de sécurité », a-t-il dit avant d’ajouter que l’accès mondial au vaccin sera un test pour un nouveau multilatéralisme réunissant à la fois les États et les entreprises.  En outre, il a mis l’accent sur la facilité COVAX.  Depuis sa création par la France et l’Union européenne, la facilité COVAX a sécurisé, pour 2021, l’accès de 92 pays à bas revenu et à revenu intermédiaire à 1,7 milliard de doses, sur un total de 2,3 milliards de doses pour 191 pays, s’est félicité M. Riester, avant d’expliquer que ce mécanisme permettra de garantir une allocation équitable de vaccins sûrs qui seront administrés selon les recommandations de l’OMS. 

Le Ministre a jugé essentiel que l’accès au vaccin se fasse sur la base d’un cadre légitime défini par l’OMS, et non selon la loi du plus fort.  C’est pourquoi l’Union européenne soutient COVAX et y contribue à hauteur de 853 millions d’euros.  M. Riester a expliqué que cette question de solidarité et d’accès équitable et universel est au cœur de la charte pour l’accès équitable aux produits de santé COVID-19 que la France promeut et qui a été adoptée par les membres du conseil d’ACT-A le 9 février 2021.  « La facilité COVAX prend aussi en compte les difficultés des zones de conflits avec la sécurisation de doses dans le cadre d’une réserve humanitaire », a dit le Ministre avant de préciser que la France souhaite aussi renforcer la solidarité internationale dans l’accès au vaccin contre la COVID-19 à travers la mise en place d’un mécanisme communautaire de dons de doses, aux côtés de ses partenaires de l’Union européenne. 

Le Niger s’est tout d’abord réjoui que, grâce à l’excellent travail des firmes pharmaceutiques, l’espoir de vaincre la COVID-19 soit aujourd’hui permis. Il est toutefois impératif de veiller à ce que la distribution du vaccin ne donne lieu à des réponses sanitaires protectionnistes, a estimé la délégation, dénonçant l’utilisation par certains de ce « bien commun » comme d’un instrument servant à « avancer leurs visions hégémoniques » en lieu et place d’une réponse internationale coordonnée et inclusive.  Observant qu’à ce jour, les pays ne comptant que 16% de la population mondiale ont acheté 60% de l’approvisionnement mondial en vaccins, le Niger a averti que cette « pénurie artificielle » met à mal les efforts de nombreux pays, surtout ceux en zones de conflits.  À cet égard, il a salué les initiatives de l’ONU qui visent à établir un tampon humanitaire garantissant que jusqu’à 5% des doses de vaccin achetées par l’intermédiaire du Mécanisme COVAX servent de stock de réserve pour les populations nécessiteuses ou en zone de conflit.  Le Niger, a-t-il dit, soutient cette initiative à travers laquelle les pays africains pourront se procurer des quantités suffisantes de vaccins à des prix abordables. 

Malgré les efforts déployés par la communauté internationale, et notamment l’Union africaine, beaucoup reste à faire pour garantir un accès complet au vaccin pour les populations vulnérables dans les situations de conflit et de fragilité, a constaté le Niger.  Pour que cet accès soit effectif, il convient de mettre en place une « vraie solidarité humaine » et de surmonter les obstacles à la fourniture de vaccins dans ces pays, à travers une préparation adéquate.  Pour cela, a-t-il plaidé, le Conseil de sécurité doit s’engager résolument dans la guerre contre cette pandémie qui constitue une véritable menace à la paix et à la sécurité internationales.  Nous devons aussi tirer profit de l’expérience acquise par certains pays, notamment dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola, et multiplier les campagnes de sensibilisation en vue de surmonter la méfiance à l’égard des vaccins.  À cet effet, a-t-il conclu, l’implication des jeunes et des femmes, du secteur privé, de la société civile et des chefs traditionnels et religieux est « plus que nécessaire ».  

La Fédération de Russie a déclaré que l’élément clef de la lutte contre la COVID-19 est l’accès de tous aux vaccins.  « Il faut acheminer les vaccins jusqu’à ceux qui en ont besoin. »  Pour la Russie, cette question relève de la compétence de l’OMS, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Selon elle, ce débat public sur ce thème outrepasse les prérogatives du Conseil de sécurité.  La Fédération de Russie qui a pris note de l’importance des efforts collectifs menés au niveau international sur la question et réitéré l’importance du rôle de coordination de l’OMS notamment en cas d’urgence sanitaire.  Elle a souligné que la pandémie a aggravé les crises humanitaires dans les pays en conflit rappelant qu’elle appuie l’appel du Secrétaire général au cessez-le-feu mondial et à la trêve humanitaire.  Ces mesures ne concernent pas les groupes terroristes, a prévenu la délégation.  Elle a demandé d’examiner l’aggravation des crises humanitaires dans les pays figurant à l’ordre de jour du Conseil de sécurité.  Revenant au rôle du Conseil, elle a déclaré que les efforts du Conseil face à la pandémie doivent se limiter à l’appui aux consolidations de la paix et au cessez-le-feu mondial. 

La Russie a salué la création du groupe des amis de la vaccination.  Elle a insisté sur le fait que se faire inoculer doit être un acte volontaire.  Elle a demandé la levée des sanctions unilatérales contre certains pays en situation de conflit arguant qu’elles empêchent ces pays de développer les moyens de lutter contre la pandémie.  La délégation a rappelé l’initiative « Couloir vert » du Président Poutine afin de créer une voie sécurisée pour acheminer les aides humanitaires et notamment les vaccins. 

Rappelant que la Fédération de Russie a développé deux vaccins contre la COVID-19 et qu’un troisième est en cours de validation, la délégation a demandé à inscrire ces vaccins sur la liste de l’OMS pour les situations d’urgence.  Elle a déclaré être d’accord avec l’appel du Secrétaire d’État américain pour unir les efforts dans la lutte contre la COVID-19.  La Russie, qui a notamment envoyé une vingtaine de missions médicales dans 50 pays, a demandé à rendre les vaccins plus accessibles en localisant leur production.  Elle a pris note de l’unité du Conseil contre l’utilisation à mauvais escient des vaccins.  « C’est le message le plus important que les populations du monde doivent entendre », a conclu la Russie. 

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