Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de renforcer sa coopération avec la Ligue des États arabes face aux conflits en Syrie, au Yémen, en Libye, sans oublier la question de Palestine
La coopération entre l’ONU et les organisations régionales demeure une priorité pour prévenir les conflits et maintenir la paix, a affirmé aujourd’hui la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, alors que le Conseil de sécurité examinait les moyens de renforcer la sienne avec la Ligue des États arabes, en particulier face aux conflits en Syrie, au Yémen, en Libye, sans oublier la question de Palestine et les tensions dans le golfe Persique. De multiples appels ont été lancés pour le renforcement du rôle du Bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue des États arabes.
La Ligue des États arabes jouit du statut d’observateur auprès de l’ONU depuis 1950. Afin de jeter les bases juridiques de leur coopération, les deux organisations ont signé, le 21 décembre 1960, un mémorandum d’accord, suivi, le 6 octobre 1989, d’un accord de coopération. Si ces accords ont suscité un dynamisme manifeste et favorisé une véritable collaboration, celle-ci n’est ni assez soutenue ni assez grande et reste en deçà des attentes ambitieuses fixées, explique la Tunisie, dans sa note de cadrage*, en attirant l’attention, entre autres, sur le protocole signé le 24 septembre 2016, entre les Secrétaires généraux de la Ligue des États arabes et de l’ONU lequel a donné lieu, en 2019, au Bureau de liaison de l’ONU.
La France a relevé que cette réunion se tient 10 ans après le début du Printemps arabe. C’est donc « tout un symbole » qu’elle soit présidée par la Tunisie, a-t-elle estimé. Les aspirations à la liberté, à la dignité et à la démocratie exprimées par les peuples de la région restent d’actualité et il est indispensable d’y répondre, a souligné la France. Les défis actuels, y compris la pandémie de COVID-19, rappellent la sagesse des rédacteurs de la Charte des Nations Unies, qui, il y a 75 ans, ont consacré le rôle potentiel des arrangements régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a rappelé la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques qui a souligné que le Secrétaire général de l’ONU a fait de la coopération avec les organisations régionales « une priorité ».
La vision des Pères fondateurs de l’Organisation s’est clairement accomplie, a estimé Mme DiCarlo, expliquant que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales a évolué de façon exponentielle, depuis 1945, englobant la diplomatie préventive, la médiation, la lutte contre le terrorisme, la prévention de l’extrémisme violent, le maintien et la consolidation de la paix, les droits de l’homme, les changements climatiques et, plus récemment, la réponse collective à la pandémie de COVID-19. Dans les premiers jours de cette pandémie, a indiqué Mme DiCarlo, les Secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue des États arabes ont appelé à un cessez-le-feu mondial pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et ouvrir la porte à la diplomatie. La Secrétaire générale adjointe a tout de même fait observer que « les fissures » entre les membres de la Ligue des États arabes, félicitée aujourd’hui pour avoir exclu la Syrie, ont exacerbé l’instabilité régionale et entravé le développement économique et social.
« L’ingérence extérieure » a été fermement dénoncée par le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, s’alarmant que l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 et la chute du prix du pétrole aient exacerbé « ce bouquet dangereux de crises », lourd de conséquence. M. Ahmed Aboul Gheit a rappelé qu’en Syrie, cinq pays sont impliqués militairement et prévenu qu’au Yémen, il n’est de l’intérêt de personne d’utiliser le pays comme « une place forte ». Il a aussi plaidé, s’agissant de la Libye, pour le retrait de toutes les forces étrangères et des mercenaires. Le Conseil de sécurité doit faire preuve de plus d’unité sur les questions arabes et renoncer, ce faisant, au droit de veto, a réclamé le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, M. Anwar Bin Mohammed Gargashi. « La position du Conseil doit refléter les préoccupations des pays arabes », a-t-il martelé.
Pour ce faire, le Ministre tunisien des affaires étrangères a fait quelques propositions. M. Othman Jerandi a cité la création de mécanismes pour intensifier les consultations et améliorer la coordination entre la Ligue des États arabes et les représentants spéciaux du Secrétaire général concernés; le renforcement des consultations de haut niveau entre les deux organisations, grâce à des réunions périodiques en marge du débat général de l’Assemblée générale et des réunions du Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue; et l’organisation de réunions annuelles entre le Conseil de sécurité et la Ligue. Les pays africains constituant près de la moitié des États membres de la Ligue des États arabes, le Kenya a réclamé un échange trilatéral entre l’Union africaine, la Ligue et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le Ministre tunisien des affaires étrangères a aussi appelé à activer le rôle du Bureau de liaison de l’ONU, estimant que cela peut contribuer à promouvoir la consultation sur les questions d’intérêt commun et à établir des mécanismes d’alerte précoce aux conflits dans la région. La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques n’a pas dit autre chose. Soulignant que ce Bureau a renforcé la communication et la coopération de l’ONU avec la Ligue des États arabes, Mme DiCarlo a annoncé, pour décembre 2021, la quinzième Réunion de coopération générale entre l’ONU et la Ligue pour faire avancer un cadre biennal englobant des activités liées à la paix et à la sécurité, au développement, aux droits de l’homme et aux questions humanitaires.
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a fait de la coopération avec les organisations régionales une priorité pour prévenir les conflits et maintenir la paix. Les défis actuels, y compris la pandémie de COVID-19, rappellent la sagesse des rédacteurs de la Charte des Nations Unies, qui, il y a 75 ans, ont consacré le rôle potentiel des arrangements régionaux dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Leur vision s’est clairement accomplie, a dit Mme DiCarlo, soulignant que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales a évolué de façon exponentielle, depuis 1945, englobant la diplomatie préventive, la médiation, la lutte contre le terrorisme, la prévention de l’extrémisme violent, le maintien et la consolidation de la paix, les droits de l’homme, les changements climatiques et, plus récemment, la réponse collective à la pandémie de COVID-19.
Cette pandémie, a ajouté la Secrétaire générale adjointe, a exacerbé les tensions dans le système multilatéral mais a montré aussi l’importance de la solidarité et de la coopération. Elle a rappelé qu’au cours du dialogue interactif de haut niveau, le 23 novembre dernier, le Secrétaire général et les chefs de 23 organisations régionales et sous-régionales, se sont mis d’accord sur le caractère multidimensionnel de la pandémie, y compris sur ses conséquences sur la paix et la sécurité, et se sont engagés à travailler ensemble, en particulier dans les contextes fragiles.
Dans les premiers jours de la pandémie, a indiqué Mme DiCarlo, les Secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue des États arabes ont appelé à un cessez-le-feu mondial pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et ouvrir la porte à la diplomatie. Depuis lors, l’ONU et la Ligue travaillent à la mise en œuvre de cet appel. La résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité, qui a appuyé cet appel, a renforcé l’engagement mondial à modifier les stratégies pour mettre fin aux conflits et aux crises dans la région et ailleurs.
La Secrétaire générale adjointe a rappelé que la région arabe a été le théâtre de nombreux crises au cours de la dernière décennie. Elle a cité la Libye, la Syrie, le Yémen et le processus de paix « au point mort » entre Israéliens et Palestiniens. Les fissures entre les membres de la Ligue ont exacerbé l’instabilité régionale et entravé le développement économique et social, a-t-elle alerté.
En Libye, la Ligue a activement soutenu les efforts des Nations Unies pour négocier le cessez-le-feu du 23 octobre et un retour au processus politique. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, l’ONU et la Ligue s’emploient à maintenir le large consensus régional et international autour de la solution des deux États, à promouvoir la réconciliation intrapalestinienne et à mettre l’accent sur la diplomatie préventive afin d’éviter l’escalade des tensions. La solution des deux États, qui réalise les aspirations nationales légitimes des Palestiniens et des Israéliens, conformément aux résolutions de l’ONU, est le seul moyen de conduire à une paix durable entre les deux peuples, a-t-elle réitéré.
La situation financière de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) reste une grave préoccupation, a aussi dit Mme DiCarlo. Un financement suffisant est essentiel pour que l’UNRWA continue d’offrir ses services vitaux à des millions de réfugiés palestiniens et de jouer son rôle « stabilisateur » essentiel.
Les deux organisations sont également actives dans le format « Amis du Soudan », qui soutient la transition démocratique du pays. Depuis le début du conflit en Syrie, les envoyés successifs de l’ONU ont travaillé en étroite collaboration avec la Ligue à la recherche d’une solution politique. S’agissant du Yémen, le soutien des principaux États Membres de l’ONU et de la Ligue est « crucial » non seulement pour réaliser des progrès sur la voie politique, mais aussi pour soutenir la plus grande opération d’aide humanitaire au monde et faire face de toute urgence au risque croissant d’une famine, avant qu’il ne soit trop tard.
La haut responsable a en outre attiré l’attention sur les tensions accrues qui persistent dans la région du golfe Persique. Toutes les parties doivent faire preuve de retenue et éviter les actes ou les déclarations qui peuvent exacerber la situation. Elle les a exhortées à opter pour le dialogue pour traiter de leurs préoccupations sécuritaires et promis que l’ONU est prête à soutenir de telles initiatives.
L’ONU et la Ligue, a poursuivi Mme DiCarlo, reconnaissent l’urgence d’inclure davantage de femmes à tous les niveaux et dans tous les aspects des processus de paix. D’importants progrès ont été faits dans ce domaine, dont à la Commission constitutionnelle syrienne qui comprend 30% de femmes et au Dialogue politique libyen qui compte 22% de femmes. Le Réseau de médiation des femmes arabes, mis en place sous les auspices de la Ligue, en collaboration avec ONU-Femmes, permettra à la région d’accroître la participation des femmes au règlement des conflits et au maintien de la paix, a espéré la Secrétaire générale adjointe, en encourageant l’expansion de cette importante initiative.
Le Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes, créé en 2019, a renforcé notre communication et notre coopération, a encore dit Mme DiCarlo. En décembre 2021 aura lieu la quinzième réunion de coopération générale entre l’ONU et la Ligue pour faire avancer un cadre biennal englobant des activités liées à la paix et à la sécurité, au développement, aux droits de l’homme et aux questions humanitaires, a annoncé la Secrétaire générale adjointe.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Secrétaire général de la Ligue des États arabes (LEA), a mis l’accent sur le renforcement de la coopération et des relations entre la Ligue et l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité. Rappelant la déclaration présidentielle adoptée en ce sens par le Conseil il y a un an, le Secrétaire général de la LEA a constaté que depuis juin 2019, la région arabe a connu de nombreux développements, certains positifs, d’autres étant des revers aux crises de la région. Aujourd’hui, la région arabe se trouve à un carrefour délicat, a estimé le Secrétaire général de la Ligue qui s’est dit à la fois préoccupé et optimiste quant à l’avenir. L’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 et la chute du prix du pétrole ont exacerbé « ce bouquet dangereux de crises » et sont lourds de conséquence, a déclaré M. Aboul Gheit en citant les cas de la Syrie, du Yémen ainsi que l’absence de solution à la question palestinienne alors que la solution des deux États a été marginalisée par deux acteurs principaux. À ce sujet, la LEA demande aux parties et à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour réaliser la solution des deux États qui reste largement soutenue par la communauté internationale. Il a espéré que la nouvelle administration américaine s’engagera en ce sens avec les parties de la région de façon fructueuse. « Cela donnera un nouvel espoir aux Palestiniens. »
Dénonçant ensuite l’ingérence de certains États dans la région, le Chef de la Ligue a regretté que cela nuise à la sécurité des itinéraires maritimes et perpétue et complique des conflits existants. En Syrie, cinq pays s’immiscent de façon militaire, s’est indigné le Secrétaire général pour lequel l’insécurité qui en découle sape les chances d’un règlement politique et entraine de lourdes conséquences d’un point de vue humanitaire. Les situations humanitaire et sécuritaire ont forcément des ramifications, a martelé M. Aboul Gheit pour lequel toute solution véritable à la crise syrienne doit commencer par un consensus a minima sur la résolution 2254 (2015) du Conseil qui définit les critères d’un règlement politique et exige un cessez-le-feu en Syrie. Cette solution exigerait que certaines parties de la région réduisent leur présence en Syrie, a insisté le Chef de la LEA, leur assénant que « la Syrie n’est pas un territoire pour marquer des points ».
Passant au Yémen, il a mis l’accent sur la dégradation de la situation humanitaire et a appelé à mettre en œuvre une solution politique négociée entre les parties yéménites. Saluant les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU au Yémen, il a appelé les parties à adhérer à la Déclaration conjointe que M. Griffiths leur a soumise. La LEA reste persuadée qu’une solution est possible, a-t-il dit, soulignant qu’il n’est dans l’intérêt de personne d’utiliser le Yémen comme une place forte et en insistant sur le fait que toute solution doit veiller à l’intégrité territoriale et à l’indépendance du pays.
S’agissant de la Libye, la LEA a appelé à accompagner les parties libyennes pour arriver à un règlement politique d’ensemble et tenir des élections crédibles et transparentes. Encouragé par l’accord sur un cessez-le-feu, ainsi que par la reprise des exportations de pétrole libyen, le Secrétaire général de la Ligue a estimé que la Libye se trouve à un moment charnière qui pourrait mener à la sécurité du pays et permettre d’achever le processus politique. Mais, pour cela, il faut un renforcement de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le retrait de toutes les forces étrangères et des mercenaires qui se trouvent actuellement dans le pays. Il est également impératif de parvenir à une solution durable sur les menaces que posent les milices en Libye. La LEA a souligné que tous ces efforts ne peuvent pas réussir si l’intervention militaire ne cesse pas. Il faut arrêter le recrutement de combattants étrangers et l’acquisition illicite de matériel militaire, a tranché le Secrétaire général de la Ligue. Il a fait savoir que la LEA souhaite travailler avec la MANUL et le prochain Envoyé spécial de l’ONU pour fournir tout appui nécessaire, notamment préparer et observer les élections libyennes.
La LEA souhaite également promouvoir la coopération avec le Conseil de sécurité et le système des Nations Unies dans son ensemble sur d’autres dossiers, notamment ceux du Soudan et de la Somalie, a indiqué M. Aboul Gheit. Elle est attachée à soutenir tout effort en faveur de la stabilité dans la Corne de l’Afrique, et solidaire avec les pays du Sahel face à la menace des groupes terroristes qui sévissent dans cette région.
Le Ministre tunisien des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger, M. OTHMAN JERANDI, a appelé la communauté internationale à travailler avec la Ligue des États arabes pour régler les crises de la région, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’unité et de l’intégrité territoriale des États. Dans ce contexte, le Ministre a prôné une solution globale et durable au problème palestinien qui existe depuis fort longtemps et qui représente une menace pour la paix et la sécurité internationales. Il a renouvelé l’appel de la Tunisie à l’intensification des efforts internationaux pour reprendre les négociations de paix au Moyen-Orient, afin d’aboutir à un État indépendant dans les frontières de 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. Le Ministre a précisé que ce processus de paix doit respecter les résolutions adoptées par la communauté internationale, ainsi que l’Initiative arabe de paix.
S’agissant de la Libye, le Ministre a rappelé que son pays avait accueilli le Forum libyen pour le dialogue politique, sous la supervision des Nations Unies. La Tunisie, a-t-il assuré, ne veut lésiner sur aucun effort pour faire avancer la solution politique en Libye. La délégation a également plaidé pour le renforcement de la coopération entre la Ligue des États arabes et les Nations Unies pour parvenir à des solutions pacifiques aux crises en Syrie, au Yémen et en Somalie. Cette coopération devrait également aider, selon lui, dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la prolifération des armes de destruction massive et pour faire face aux conséquences de la COVID-19 sur la paix et la sécurité internationales, conformément à la résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité.
Pour renforcer davantage la coopération entre les deux organisations, M. Jerandi a fait six propositions, à commencer par établir des mécanismes pour intensifier les consultations et améliorer la coordination entre la Ligue des États arabes et les représentants spéciaux du Secrétaire général concernés par les problèmes de la région. Il a aussi demandé de renforcer les consultations de haut niveau entre les deux organisations en tenant des réunions périodiques en marge du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies. Pour le Ministre également, il faut envisager la possibilité de tenir une session périodique entre les deux organisations, en marge des réunions du Conseil des ministres des affaires étrangères de la Ligue et avec des représentants du Secrétaire général dans la région arabe. Le Ministre a ensuite proposé que des réunions entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes se déroulent chaque année, afin d’établir une tradition annuelle de concertation entre les deux organisations. Il aussi appelé à activer le rôle du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes, estimant que cela peut contribuer à promouvoir la consultation sur les questions d’intérêt commun et à établir des mécanismes d’alerte précoce aux conflits dans la région. La délégation a appelé à nommer un Président dans ce Bureau. Enfin, la Tunisie a insisté sur l’importance des rencontres comme celle de ce jour au Conseil de sécurité, afin de renforcer les échanges de vues entre les deux organisations sur les enjeux actuels de la région arabe.
L’Estonie a salué la normalisation des relations entre Israël et certains États arabes, en espérant que cette évolution donnera une impulsion au processus de paix au Moyen-Orient, dans le but de parvenir à la solution des deux États. Nous attendons avec intérêt la poursuite des efforts conjoints, avec le nouveau Coordonnateur spécial, M. Tor Wennesland, et les parties prenantes régionales, y compris la Ligue des États arabes, a déclaré l’Estonie.
Dès le tout début du conflit libyen, a-t-elle rappelé, le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes ont appelé ensemble à la fin de la violence et souligné la nécessité d’une solution politique au conflit. Le maintien de la paix, a souligné l’Estonie, n’est pas possible sans le soutien régional. Elle a d’ailleurs remercié la Ligue des États arabes pour sa contribution à la mise en œuvre de l’embargo sur les armes, en vertu de la résolution 2526 (2020) du Conseil de sécurité.
Au Yémen, l’Estonie a appelé toutes les parties à respecter pleinement le droit international humanitaire et à protéger les civils. En ce qui concerne la Syrie, elle a estimé que la seule voie à suivre est un processus politique inclusif et crédible, conformément à la résolution 2254 (2015). L’Estonie a jugé essentiel l’engagement actif de la Ligue des États arabes pour garantir un accord final entre le Gouvernement syrien et l’opposition légitime. Elle a réitéré l’appel lancé dans la déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité a rendue publique en juin 2019, visant l’intensification de la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes. Cet objectif peut être atteint grâce à des contacts renouvelés entre les envoyés spéciaux respectifs, l’échange d’informations pertinentes et des actions conjointes pour s’attaquer aux causes profondes des conflits.
Saluant la tenue de cette « réunion capitale », la Chine s’est déclarée favorable au renforcement de la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes, dans le cadre du Chapitre VIII de la Charte. Elle a rappelé qu’en novembre dernier, l’Assemblée générale a adopté par consensus une résolution sur la coopération entre ces deux organisations, ce qui prouve l’appui des États Membres à cette question. À cette aune, a-t-elle ajouté, le Conseil de sécurité et la Ligue ont plus que jamais besoin de cette coopération pour faire avancer les initiatives de cessez-le-feu dans les pays arabes, en proie à des conflits et aider les pays de la région à combattre la propagation de la COVID-19. Pour la délégation chinoise, il est également indispensable que les envoyés spéciaux de l’ONU renforcent leur coopération avec la Ligue pour contribuer efficacement aux effets de désescalade et humanitaires. Dans le même temps, a-t-elle souligné, il convient d’éviter que les terroristes profitent de la situation et se déplacent de l’Afrique du Nord vers le Moyen-Orient.
Appelant à une amélioration de la situation politique par le dialogue, la Chine a plaidé pour une approche constructive de la communauté internationale. Elle a aussi souhaité que la Ligue poursuive ses bons offices et que les parties concernées cherchent un terrain d’entente de manière à rétablir la confiance. Renforcer le multilatéralisme et créer une plateforme de dialogue régionale doivent être des priorités, et ce, dans le respect des principes de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale. La Chine a dit s’opposer à toute ingérence dans les affaires intérieures, ajoutant qu’aucun pays ne doit créer de l’instabilité pour en tirer profit. Elle s’est par ailleurs félicitée de l’ouverture d’un bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue et s’est prononcée pour un soutien continu aux efforts de relèvement des pays arabes. À cet égard, a-t-elle conclu, la coopération entre la Chine et la Ligue est « profonde et solide », comme en attestent les projets communs destinés à favoriser un « chemin de prospérité partagée » dans le cadre de l’initiative « La ceinture et la route ».
Les États-Unis ont dit attendre les fruits de la création du Bureau de liaison de l’ONU auprès la Ligue des États arabes au Caire, dans les domaines de la consolidation de la paix, la lutte contre le terrorisme, la prévention des conflits, la reconstruction après un conflit et la gestion des ressources naturelles. La délégation a dit appuyer les efforts internationaux dirigés par l’ONU pour résoudre les conflits en cours en Syrie, en Libye et au Yémen. Elle a dénoncé la poursuite du conflit syrien et la campagne brutale du « régime d’Assad », faisant remarquer que ce sont les actions de celui-ci qui affament le peuple syrien et empêchent l’aide de parvenir à tous ceux qui en ont besoin, pas les sanctions internationales ou unilatérales. Le conflit n’est pas terminé, ont insisté les États-Unis, en rappelant qu’il n’y aura pas d’aide à la reconstruction tant que le régime ne sera pas pleinement engagé dans une solution politique telle que décrite dans la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. La délégation a félicité la Ligue des États arabes de rester ferme dans son refus de réadmettre la Syrie et de normaliser les relations tant qu’un processus politique inclusif n’est pas enclenché. Une position unifiée sur cette question est essentielle, selon les États-Unis, pour s’assurer que le « régime d’Assad » comprenne qu’il n’y a pas de solution militaire à ce conflit. La délégation a aussi remercié la Ligue pour sa contribution en tant que membre de la Coalition mondiale pour vaincre Daech.
Pour la délégation, l’Iran reste la menace la plus importante pour la paix et la sécurité régionales. Elle a salué la déclaration de mai 2020 de la Ligue qui condamne la poursuite des actes de déstabilisation de l’Iran ainsi que le comportement agressif et les actes provocateurs de ce pays visant à saper la sécurité et la stabilité régionales. La situation actuelle en Iraq montre les dommages réels que les éléments soutenus par l’Iran peuvent causer à la prospérité et à la stabilité à long terme d’un pays, ont fait remarquer les États-Unis en dénonçant les vols généralisés de ressources de l’État iraquien par les milices soutenues par l’Iran qui en outre commettent des meurtres ciblés et attisent la violence sectaire. La délégation a souligné l’étroite collaboration de l’ONU et des États-Unis avec le Gouvernement iraquien visant à renforcer la souveraineté de celui-ci et la tenue d’élections libres et équitables. Les États-Unis ont promis de maintenir la pression sur le régime iranien pour qu’il mette un frein à son rôle dans les conflits et qu’il réduise son soutien aux groupes terroristes et aux milices. Face aux ressources importantes déployées par l’Iran pour perpétuer « son idéologie révolutionnaire et ses activités subversives dans la région », les États-Unis ont recommandé un front fort et unifié, se disant encouragés par la percée faite lors du sommet du Conseil de coopération du Golfe du 5 janvier, qui marque une étape positive vers le rétablissement de l’unité arabe et dans le Golfe.
Les Accords d’Abraham et les décisions des gouvernements des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Soudan et du Maroc de normaliser leurs relations avec Israël, présentent une occasion historique, a encore défendu la délégation, y voyant de nouvelles voies de diplomatie pacifique pouvant contribuer à de plus grandes sécurité et prospérité régionales. Les États-Unis ont encouragé les autres membres de la Ligue à normaliser leurs relations avec Israël, avant de conclure en citant Martin Luther King: « Les ténèbres ne peuvent pas chasser les ténèbres, seule la lumière le peut. La haine ne peut pas chasser la haine, seul l’amour peut le faire ».
Alors que l’ONU et la Ligue des États arabes commémorent leur soixante-quinzième anniversaire et de nombreuses années de coopération, il est décevant de constater que la région arabe est toujours confrontée à un réseau de menaces transfrontières et sécuritaires complexes, a constaté le Kenya. Dès lors, une intensification de la coordination et du partenariat entre ces deux entités est impérative pour faire face aux crises dans la région, a poursuivi la délégation, en appelant à mettre l’accent sur la prévention, la médiation, le maintien et la consolidation de la paix, et la lutte contre le terrorisme. Le Kenya a tenu à rappeler que les pays africains constituent près de la moitié des membres de la Ligue. Il a donc plaidé en faveur d’un échange trilatéral entre l’Union africaine, la Ligue et le Conseil de sécurité de l’ONU.
Définissant les contours d’une telle approche trilatérale, le Kenya a évoqué l’appui à la paix et à la transition politique en Libye, en insistant sur des résultats qui reflètent le contexte national et les besoins sécuritaires spécifiques du peuple libyen, des pays voisins et la région. Il a également parlé d’un soutien continu à la mise en œuvre de l’accord politique au Soudan; et d’un soutien coordonné au Gouvernement fédéral de la Somalie, y compris des mesures pour vaincre les Chabab. Le Kenya a entrevu des opportunités pour renforcer la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique, le bassin du lac Tchad et au Sahel et pour lancer des mesures collectives et coordonnées pour sécuriser le trafic maritime, en particulier dans la mer Rouge, le golfe d’Aden et de l’océan Indien. Avant de conclure, le Kenya a appuyé une solide coopération entre la Ligue et le Conseil de sécurité, en tant qu’élément essentiel de la recherche d’une paix et d’une sécurité durables dans le monde arabe.
Le monde arabe est le berceau de la civilisation et le lieu de naissance des trois grandes religions, a fait observer l’Inde. Compte tenu de son emplacement stratégique, le monde arabe a durant son évolution façonné notre histoire commune et continue d’avoir un impact profond sur notre monde. Les problèmes auxquels la région est confrontée aujourd’hui et nos réactions auront une incidence sur notre avenir commun, a souligné l’Inde, en ajoutant que la paix et la stabilité en Asie occidentale et en Afrique du Nord sont d’un intérêt « vital » pour elle. Les pays arabes, s’est-elle expliquée, abritent environ neuf millions d’Indiens, soit la plus grande communauté d’expatriés dans le monde arabe. « Ces Indiens du monde arabe » envoient environ 48 milliards de dollars chaque année, a précisé l’Inde qui a vanté les mérites du Forum de coopération arabo-indien.
L’Inde a appelé les acteurs régionaux et extérieurs des conflits dans la région à soulager les souffrances des populations. Elle a mis en garde contre des actions qui éloignent les parties au conflit alors qu’il faudrait les rapprocher et a décrié, à cet égard, l’imposition de solutions externes et les tentatives de délégitimer les gouvernements. Après avoir souligné la menace posée par les combattants terroristes étrangers, l’Inde a qualifié de « pas dans la bonne direction » l’ouverture du Bureau de liaison de l’ONU auprès de la Ligue des États arabes au Caire et la pratique d’inviter le Secrétaire général de la Ligue des États arabes à faire des exposés au Conseil de sécurité.
Elle a prôné une plus grande synergie politique entre les deux organisations, laquelle doit également se concentrer sur la consolidation de la paix et le développement, en particulier dans les situations post-conflit. Elle a aussi jugé utile que les deux organisations coordonnent leur action sur le terrain, en encourageant des contacts étroits entre leurs envoyés et représentants spéciaux. Les deux organisations devraient redoubler d’efforts pour faciliter le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, d’autant plus que les accords relatifs à la normalisation des relations entre Israël et d’autres pays de la région devraient contribuer à la paix et la stabilité. La solution des deux États et la paix passent, a martelé l’Inde, par des négociations directes sur toutes les questions relatives au statut final, en tenant compte de l’aspiration légitime des Palestiniens à un État et des préoccupations sécuritaires d’Israël.
L’Irlande a salué la création en 2019 du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes. L’Irlande a souhaité que ce Bureau dispose d’un personnel de haut niveau en vue d’une coopération renforcée entre les organisations. L’Irlande a appuyé la suggestion de la Tunisie d’intensifier la coordination entre la Ligue des États arabes et les envoyés spéciaux des Nations Unies pour faire face aux crises actuelles dans la région, en tenant compte de la nature interdépendante des conflits.
L’Irlande s’est félicitée de l’adoption de la Déclaration d’Al-UlaL du 5 janvier par les membres du Conseil de coopération du Golfe et l’Égypte. « La Déclaration représente une étape clef dans le développement d’une intégration régionale plus étroite, de la coopération, de la stabilité et de la prospérité », a estimé la délégation irlandaise avant de préciser que l’UE et ses États membres restent prêts à soutenir le suivi de l’accord de cessez-le-feu en Libye. L’Irlande s’est dite préoccupée par le fait que des éléments clefs de l’accord ne sont toujours pas appliqués, en particulier en ce qui concerne le retrait des combattants étrangers.
Par ailleurs, l’Irlande a appelé à redoubler d’efforts pour mettre fin aux terribles conflits au Yémen et en Syrie. Après avoir précisé qu’il n’y a pas de solution militaire à ces conflits, l’Irlande a noté qu’une paix durable exigera le respect des droits de l’homme et de faire répondre de leurs actes les responsables de violations du droit international et du droit international des droits de l’homme. « Collectivement, nous devons également continuer à tout faire pour aider les travailleurs humanitaires à arriver jusqu’à ceux qui en ont besoin », a insisté l’Irlande.
En tant que principal fournisseur de contingents à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) depuis 1978, l’Irlande a dit rester résolument attachée à la stabilité du Liban, alors que son peuple est aux prises avec des défis politiques et économiques complexes. L’Irlande a salué le ferme soutien de la Ligue des États arabes au Liban, notant aussi qu’il y existe neuf opérations de maintien de la paix placées sous la surveillance régionale de la Ligue. Le maintien de la paix est une fonction importante et noble, a rappelé l’Irlande avant d’exprimer son appui au travail de la Ligue pour renforcer les capacités régionales à cet égard.
Le Mexique a estimé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales est essentielle pour maintenir la paix et la sécurité internationales. La complexité des défis mondiaux exige une « action cohésive, concertée et collective », a-t-il souligné, réaffirmant son soutien à un multilatéralisme qui intègre la coordination entre l’ONU et divers mécanismes régionaux. À ses yeux, les organisations régionales sont nécessaires pour la prévention, la médiation et le règlement pacifique des différends, ainsi que pour la consolidation et le maintien de la paix. La délégation mexicaine reconnaît, à cet égard, le rôle de la Ligue des États arabes en tant que « partenaire stratégique ». Nous entretenons un dialogue fluide et positif avec la Ligue, soutenu par un mécanisme de consultation bilatérale sur des questions d’intérêt mutuel, et nous bénéficions d’un Fonds de coopération internationale pour le développement pour soutenir les projets de coopération technique, les échanges universitaires et la formation du capital humain, a-t-elle relevé.
Si le Moyen-Orient a été le théâtre d’une forte instabilité ces dernières années, les signaux émis par la normalisation des relations entre différents pays de la région sont « encourageants », a poursuivi le Mexique, avant de se féliciter du succès du sommet organisé le 5 janvier à Al-Ula, en Arabie saoudite, et de la réouverture des frontières et de l’espace aérien entre ce pays, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats arabes unis et le Qatar. Dans ce contexte, il importe, selon la délégation, de continuer de renforcer la coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes. Elle s’est félicitée qu’un « pas important dans cette direction » ait été franchi avec l’ouverture au Caire d’un bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue des États arabes. Elle a également salué le soutien de la Ligue aux efforts déployés par l’ONU en Libye pour parvenir à un cessez-le-feu et relancer le processus politique dans ce pays, ainsi que dans l’élaboration d’une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme. Enfin, notant que la réunion annuelle du Conseil de sécurité avec les membres de la Ligue est un « espace précieux » pour contribuer de manière équilibrée au traitement des situations au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le Mexique a souhaité que se poursuive la coopération des deux organisations sur toutes les questions impliquant l’alerte précoce ou la prévention, mais aussi le maintien et la consolidation de la paix.
La France a souligné cette réunion se tient 10 ans après le début du Printemps arabe. C’est donc « tout un symbole » qu’elle soit présidée par la Tunisie. Les aspirations à la liberté, à la dignité et à la démocratie exprimées par les peuples de la région restent d’actualité et il est indispensable d’y répondre, a estimé la France, soulignant la nécessité d’un cessez-le-feu dans tous les conflits de la région. Prenant note du cessez-le-feu conclu en Libye le 23 octobre 2020, sous les auspices des Nations Unies, la France a insisté pour que ses dispositions soient pleinement mises en œuvre. Une mobilisation renforcée de la coopération internationale est, à cet égard, nécessaire, y compris la mise en place d’un mécanisme crédible de surveillance. Les organisations régionales pourraient y contribuer, en appui aux Nations Unies, a souligné la France. Il est également indispensable que les armes se taisent durablement en Syrie et au Yémen, a-t-elle ajouté.
Les solutions politiques sont les seules à même de mettre fin aux conflits. En Syrie, en l’absence d’un règlement politique solidement enclenché, conforme à la résolution 2254 (2015), la France prévenu qu’elle et ses partenaires de l’Union européenne continueront de s’opposer à la réhabilitation du « régime syrien » et refuseront de financer la reconstruction. Elle a salué la position « ferme » de la Ligue s’agissant de la réintégration de la Syrie.
Au Moyen-Orient, dans le cadre du « Groupe d’Amman », la France a dit travailler à l’identification de pistes concrètes pour recréer la confiance et permettre un dialogue entre les parties, nécessaire à un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, dans le cadre du droit international et des paramètres agréés. Ces problèmes s’ajoutent à ceux de la prolifération nucléaire et du terrorisme dans la région et requièrent l’unité du Conseil pour faire respecter le droit international et les engagements pris.
Le Plan d’action global commun et la résolution 2231 (2015) doivent être pleinement mis en œuvre, a poursuivi la France. L’Iran doit revenir sans délai au plein respect des engagements nucléaires qu’il a pris au titre du Plan. La reprise de la production d’uranium enrichi à 20%, puis l’annonce du lancement de préparatifs pour la production d’uranium métal constituent des développements « négatifs et très préoccupants », aux implications militaires potentiellement graves. L’Iran doit y mettre immédiatement un terme, a demandé la France, estimant que ces mesures accroissent les risques d’escalade et menacent les possibilités de revenir à la diplomatie, avec l’investiture de la nouvelle administration américaine. Dans ce contexte troublé, la France s’est déclarée mobilisée en faveur d’un apaisement des tensions dans le Golfe à travers la Mission européenne de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz (EMASoH).
Pour avancer sur tous ces sujets, a suggéré la délégation, la contribution de la Ligue des États arabes est précieuse et sa coopération avec ce Conseil doit être renforcée. Le Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue devrait orienter davantage son travail vers des initiatives de coopération concrètes, en particulier la promotion des valeurs des Nations Unies auprès des États membres de la Ligue et la prévention des conflits. En Iraq, la France a rappelé l’importance de répondre aux demandes du Gouvernement iraquien en matière d’observation électorale.
Concernant les conséquences humanitaires des crises de la région, elle a estimé que la Ligue des États arabes peut jouer un rôle pour relayer les appels à contribution des Nations Unies auprès de ses États membres, en particulier en faveur du Yémen, de la Syrie et de l’UNRWA. Elle a réitéré sa proposition de tenir chaque année une réunion pour aborder l’ensemble de ces questions, en présence des Représentants spéciaux et Envoyés spéciaux du Secrétaire général de l’ONU et d’un Représentant de la Ligue.
Le Viet Nam a salué la contribution de la Ligue des États arabes à la paix, à la stabilité et au développement de la région arabe, notamment par la prévention de conflits et la médiation. Avec plus de 75 ans d’expérience, la Ligue est bien placée pour diriger les efforts régionaux, a estimé le Viet Nam. Il n’en reste pas moins que des conflits prolongés, anciens et nouveaux, empêchent depuis trop longtemps les peuples du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de jouir d’une paix durable. Ces conflits ont nui à la stabilité et au développement de la région alors que le terrorisme, la radicalisation et les hostilités armées continuent de menacer quotidiennement les populations.
Frappée également par la pandémie de COVID-19, la région est le théâtre des crises humanitaires les plus graves au monde qui affectent des millions de personnes au Yémen, en Syrie, en Libye et dans Territoire palestinien occupé. Cet état des lieux souligne une fois de plus l’importance de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, dont la Ligue. Ces deux organisations partagent une mission commune de prévention des conflits et de maintien de la paix et de la sécurité, a rappelé le Viet Nam, qui a salué la création d’un bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue. Il a appuyé des contacts plus poussés entre les représentants spéciaux des Nations Unies et la Ligue.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a dit appuyer les efforts visant à renforcer la coopération entre les Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes. La délégation a salué la Déclaration d’Al-Ula récemment conclue, soulignant qu’il s’agit d’une étape positive pour renforcer la paix et la stabilité régionales. Elle a ensuite noté que les réunions d’information annuelles ont permis de renforcer les relations de l’ONU avec d’autres acteurs régionaux comme l’Union africaine et l’Union européenne, disant espérer qu’il en sera de même avec la Ligue des États arabes. En effet, les conflits complexes dans plusieurs États membres de la région arabe soulignent la nécessité d’une meilleure coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes, a estimé la délégation, évoquant notamment les défis sécuritaires en Somalie, au Soudan, en Libye, au Liban, au Yémen, en Palestine et en Syrie. La seule solution pratique et durable pour assurer la paix et la prospérité dans la région passe par des processus politiques inclusifs plutôt que par des moyens militaires, a argué Saint-Vincent-et-les Grenadines. La délégation a souligné que la coopération entre les envoyés spéciaux des Nations Unies et la Ligue des États arabes peut être mutuellement bénéfique pour la médiation, la prévention des conflits et la consolidation de la paix.
En ce qui concerne la situation en Palestine, la délégation a réaffirmé l’importance de l’Initiative de paix arabe et salué l’engagement de la Ligue des États arabes à promouvoir un règlement global du conflit. À cette fin, elle a réaffirmé que la solution des deux États, basée sur les frontières d’avant 1967, reste la seule solution crédible pour une paix durable entre Israël et la Palestine et dans toute la région. La délégation s’est fait l’écho de l’appel du Président Abbas aux États-Unis pour la convocation d’une conférence internationale en vue de lancer un véritable processus de paix. Elle a souligné que la Ligue des États arabes reste un interlocuteur essentiel pour ces discussions. Surmonter la COVID-19 et remédier à la grave récession socioéconomique nécessiteront le soutien de la communauté internationale avec les acteurs régionaux concernés, a encore déclaré Saint-Vincent-et-les Grenadines.
La Fédération de Russie s’est inquiétée de la persistance des crises en Syrie, en Libye et au Yémen ou encore au Sahara occidental, alors que des efforts restent nécessaires pour renforcer la stabilité en Iraq. Elle a appelé à des mesures urgentes pour régler le conflit israélo-palestinien qui demeure « la question centrale de la région ». Elle a espéré que les tendances qui se dessinent dans la région ne se feront pas au détriment du peuple palestinien, mais qu’elles seront exploitées pour un règlement juste fondé sur une base internationalement reconnue.
La Fédération de Russie a estimé qu’une meilleure coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes est le meilleur moyen de régler les problèmes de la région, de mieux comprendre la nature des nouveaux problèmes et de rechercher ensemble les solutions possibles. Elle a souligné la valeur ajoutée de la Ligue des États arabes pour faire rayonner une culture de paix entre les religions et les ethnies de la région.
La Fédération de Russie a jugé urgent que tous les États de la région renoncent aux sanctions unilatérales, aux pressions et aux provocations. Elle s’est inquiétée de la persistance des tensions dans le golfe Persique lesquelles ont un effet déstabilisateur sur les relations internationales, en général. La demande de désescalade a été confirmée à la réunion que le Conseil de sécurité a tenue en octobre 2020, sous la présidence du Ministre russe des affaires étrangères, a rappelé la Fédération de Russie.
Elle a promis de renforcer son partenariat avec la Ligue des États arabes, en s’appuyant sur le Forum de coopération arabo-russe, dont la cinquième session ministérielle qui s’est tenue à Moscou en 2019. Le Plan d’action et le Communiqué conjoint adoptés ont confirmé la similitude des positions sur un large éventail de questions, s’est félicitée la Fédération de Russie.
La Norvège a déclaré appuyer fermement la coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue des États arabes sur des questions liées à la paix et à la sécurité dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Les conflits en Syrie, en Libye et au Yémen se poursuivent et la situation au Sahara occidental connaît aujourd’hui un regain de tensions, a-t-elle observé. De même, tout en se félicitant des développements récents liés au Sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), elle a constaté que les tensions dans la région du Golfe sont toujours vives. En outre, Daech et d’autres groupes terroristes font toujours peser une grave menace sur la paix, la stabilité et la prospérité régionales, tandis que l’absence de règlement du conflit israélo-palestinien reste une autre source d’agitation dans la région. Dans ce contexte, la délégation norvégienne s’est réjouie de la récente normalisation des relations entre plusieurs membres de la Ligue et Israël, saluant également le soutien fort dont continue de jouir la cause palestinienne dans le monde arabe. Cette « nouvelle dynamique » pourrait ouvrir la voie à une relance de la solution négociée des deux États, a-t-elle plaidé avant d’appeler à une meilleure coordination entre la Ligue et le Conseil pour soutenir ce processus.
Encourageant la Ligue des États arabes à jouer un rôle plus important dans la promotion de la stabilité, de la paix et de la réconciliation dans la région, la Norvège a souligné l’engagement de la Ligue au sein du Quatuor libyen, aux côtés de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Union européenne. Elle a également réitéré son soutien aux efforts visant à intensifier la coordination entre tous les envoyés spéciaux des Nations Unies concernés et la Ligue pour faire face aux crises dans la région. Nous encourageons les deux secrétariats à continuer de travailler ensemble pour identifier des domaines de coopération concrets et réalisables, a déclaré la délégation, estimant que l’un d’eux pourrait être l’appui aux réseaux de femmes médiatrices. La Norvège a ainsi applaudi le lancement par la Ligue et ONU-Femmes d’un réseau des femmes médiatrices arabes pour promouvoir la participation des femmes à la consolidation et au maintien de la paix. Observant que le Yémen est un pays où la participation des femmes aux processus de paix et de stabilité est de la plus haute importance, la délégation a salué la mise en place par ce pays d’une stratégie nationale pour les femmes, la paix et la sécurité. Enfin, elle s’est félicitée de la coopération entre la Ligue et l’ONU sur les questions liées au climat et à la sécurité, notamment par le biais du mécanisme de sécurité climatique.
Le Niger a rappelé la déclaration présidentielle du Conseil de sécurité de 2019, qui « souligne également l’importance de la coopération et de la coordination trilatérales entre les Nations Unies, l’Union africaine et la Ligue des États arabes sur les questions de paix et de sécurité interrégionales, ainsi qu’avec d’autres organisations, sur des situations d’intérêt commun. » En dépit de cette déclaration, le Niger a estimé que le niveau de coopération n’avait pas été à la hauteur des attentes, notamment sur le dossier libyen. Dans un futur proche, la dynamique de coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes devra se renforcer dans l’intérêt des deux organisations et des objectifs qu’elles poursuivent, a espéré la délégation.
La coopération entre le Conseil de sécurité et la Ligue revêt aussi une importance particulière pour l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) dont la première raison d’être est la question palestinienne. Ni Israël, ni les Palestiniens ne peuvent, à terme et de manière durable, réaliser leurs aspirations légitimes de sécurité pour l’un et de création d’un État indépendant et viable pour l’autre, sans une solution négociée, sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, a fait remarquer le Niger. Pour les conflits en Syrie, au Yémen, ou en Afghanistan, la délégation a souligné qu’ils ne sauraient être résolus par la voie militaire, préférant une solution politique inspirée et prise en charge par les peuples concernés eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale. La coopération entre l’ONU et la Ligue des États arabes doit également permettre de trouver des réponses aux défis humanitaires qui sont les conséquences des conflits en Libye, en Syrie ou au Yémen, a ajouté le Niger en se désolant des drames humains dans ce pays où « les victimes sont hélas des femmes et des enfants ». Le Niger a aussi demandé une meilleure coordination des efforts pour répondre de façon efficace aux conséquences désastreuses de la pandémie de la COVID-19.
Le Royaume-Uni a souligné d’emblée que la Ligue des États arabes continue de jouer un rôle important dans la promotion de la paix et de la sécurité régionales, et dans le renforcement de la coopération et de l’amitié entre les nations arabes, et entre la région et le reste du monde. Tout au long de son histoire, la Ligue a été une voix de modération et de médiation et, sur cette base, il est possible d’affronter ensemble les problèmes urgents de la région. Commençant par la Syrie, le Royaume-Uni a réitéré qu’un règlement politique négocié reste la seule solution durable au conflit. Il a dit soutenir les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU, sur la base de la résolution 2254 (2015) et réitéré qu’il n’envisage aucunement de financer la reconstruction de la Syrie, sans un processus politique fermement engagé. Le Royaume-Uni a d’ailleurs félicité la Ligue pour avoir suspendu la Syrie.
En ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient, il s’est dit attaché à la solution des deux États. Toutes les actions qui portent atteinte à cet objectif doivent cesser, y compris le terrorisme, l’incitation à la violence, l’expansion des colonies de peuplement et les démolitions, a insisté le Royaume-Uni qui a salué les récents accords de normalisation arabo-israéliens, « qui montrent que le dialogue peut triompher de l’hostilité ». Mais, a-t-il poursuivi, les avantages de ces accords doivent être élargis aux Palestiniens. Le Royaume-Uni a encouragé les parties à exploiter la nouvelle dynamique régionale pour reprendre le dialogue et parvenir à un compromis sur une solution durable.
Saluant le cessez-le-feu négocié par l’ONU en Libye, il s’est dit prêt à soutenir la feuille de route politique approuvée par le Forum du dialogue politique, prévoyant des élections en décembre 2021. Il a salué le soutien de la Ligue au processus de Berlin. Enfin s’agissant du Yémen, le Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par le conflit et ses effets humanitaires dévastateurs. Il a soutenu le processus de paix dirigé par l’Envoyé spécial de l'ONU et a exhorté toutes les parties à s’y engager de manière constructive.
Le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, M. ANWAR BIN MOHAMMED GARGASH, dont le pays préside le Groupe des États arabes, a relevé qu’au fil du temps, les crises arabes se sont accumulées sur la table du Conseil de sécurité. La Ligue des États arabes a travaillé avec acharnement pour trouver des solutions aux crises au Yémen, en Syrie, en Libye et en Palestine mais, a souligné le Ministre, une organisation seule ne peut pas trouver de solutions « durables et globales » à des crises aussi « complexes ». Il a donc recommandé le renforcement de la coopération entre la Ligue et l’ONU, y compris des consultations et des réunions formelles et informelles au Conseil de sécurité pour échanger informations et points de vue sur les questions arabes. Une réunion comme celle d’aujourd’hui devrait être tenue sur une base annuelle, a estimé le Ministre qui a invité les membres du Conseil de sécurité à se rendre plus fréquemment dans la région afin d’en comprendre « de manière plus approfondie et plus claire » les crises. Le Ministre a prôné, à son tour, le renforcement de la coordination entre les Envoyés spéciaux des Nations Unies et la Ligue.
Il a encouragé le Conseil à plus d’unité sur les questions arabes et à renoncer, ce faisant, au droit de veto. La position du Conseil doit refléter les préoccupations des pays arabes. Le Ministre a réclamé le renforcement du rôle du Bureau de liaison des Nations Unies auprès de la Ligue, arguant qu’une évaluation périodique du travail dudit Bureau et des mécanismes de coordination serait opportune. Le Bureau, a-t-il ajouté, pourrait s’inspirer de l’expérience d’autres organisations. Les jeunes, a conclu le Ministre, doivent être au cœur de l’action commune des deux organisations, étant donné que la moitié de la population du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord a moins de 25 ans. Il faut également tenir compte du rôle des femmes, puisque des études ont démontré que leur participation dans les questions de paix et de sécurité a des conséquences positives.