De retour du Mali et du Niger, une mission du Conseil de sécurité présente un bilan contrasté de la situation dans ces deux pays
« Au Mali, la situation est grave », là où au Niger « le modèle démocratique fonctionne et les autorités ont une vraie vision stratégique pour leur pays », a déclaré ce matin la France, venue informer le Conseil de sécurité des conclusions d’une mission qu’elle a conduite dans ces deux pays, aux côtés du Niger, qui est également membre du Conseil.
Cette visite, effectuée du 23 au 25 octobre, a permis aux membres de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales de se faire une idée précise de la situation dans ces deux pays, en menant des discussions directes et approfondies avec les autorités, a précisé la France.
Au Mali, le Conseil a affirmé son engagement à soutenir le pays face à la hausse de l’insécurité posée par la menace terroriste, en particulier dans les régions du centre. Les perspectives relatives à la fin de la transition politique sont incertaines, a relevé le représentant français, en relevant que ni le colonel Goïta ni le Premier Ministre n’ont donné d’assurances quant à leur volonté de présenter un calendrier électoral conforme aux demandes de la communauté internationale.
La France a donc appelé à organiser l’élection présidentielle le 27 février 2022, comme les autorités de transition s’y sont engagées, a-t-il précisé. Le Kenya a repris à son compte ces propos, en soulignant que la tenue des scrutins et le processus de transition doivent être clairs pour permettre à la population de choisir ses dirigeants. Il a invité les autorités maliennes à poursuivre leurs efforts afin de respecter les engagement pris vis-à-vis de la population et de la communauté internationale.
La France s’est en outre dite préoccupée de l’annonce par les autorités maliennes, au lendemain de la mission du Conseil, que le représentant de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) était considéré comme persona non grata dans le pays. La délégation a appelé les autorités de transition à renouer le dialogue avec cette organisation sous-régionale. Le Mali ne saurait s’isoler et doit entendre les avertissements des pays de la région, a prévenu le représentant, soutenu par son homologue du Kenya.
S’agissant de la visite du Conseil de sécurité au Niger, la France a considéré qu’en dépit de nombreux défis, le modèle démocratique y fonctionne et que les autorités ont une vraie vision stratégique pour leur pays. La délégation a dit « apprécier la présentation claire des objectifs en matière de sécurité, de lutte contre les changements climatiques et d’éducation, en particulier des filles ».
Selon le Kenya, l’annonce du Gouvernement nigérien de donner la priorité au renforcement de la démocratie et à la promotion de l’inclusion constitue une mesure de nature à prévenir l’émergence du terrorisme.
Toujours au Niger, a poursuivi la France, le Conseil a pu discuter de manière précise du soutien à la force conjointe du G5 Sahel, en particulier avec son commandant, le général Bikimo, lors d’une visite du poste de commandement conjoint. Elle a dit être convaincue de la pertinence du projet de bureau de soutien des Nations Unies à la Force, avant d’exhorter le Conseil à prendre ses responsabilités sur ce dossier.
Le Niger a, pour sa part, déclaré que les efforts déployés par la Force conjointe du G5 Sahel face aux graves défis que pose le terrorisme dans cette région n’étaient pas passés inaperçus. La Force a besoin de soutien et le Conseil de sécurité devra dépasser ses divergences sur cette question, a-t-il prié. Il doit évoluer dans sa façon de soutenir les forces africaines au Sahel si nous voulons que la région sorte victorieuse de la lutte contre le terrorisme, a déclaré le Kenya.
La France a également salué le travail de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui accomplit une tâche essentielle en matière de protection des civils et de mise en œuvre de l’accord de paix, dossier à propos duquel les signaux sont « encourageants ». Le renforcement de la MINUSMA est une absolue nécessité et nous souhaitons poursuivre le dialogue avec les autorités maliennes à ce sujet, a ajouté la France en conclusion.