8880e séance – matin
CS/14663

Kosovo: « ce dont nous avons été témoins dans le nord aurait pu se transformer en une véritable hémorragie », avertit le Chef de la MINUK au Conseil de sécurité

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo a déclaré ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les événements des dernières semaines le préoccupent profondément, estimant que leur propension à défaire les progrès « constants mais fragiles » réalisés dans le rétablissement de la confiance entre les communautés devraient être un avertissement pour tous les membres de l’organe. 

Le matin du 20 septembre dernier, a relaté M. Zahir Tanin, la Police du Kosovo a lancé dans le nord une opération pour faire appliquer un nouveau régime de validité des plaques d’immatriculation.  Des manifestants ont alors bloqué la circulation le long de la frontière administrative, et des unités de la police du Kosovo ont été déployées, faisant usage de gaz lacrymogènes et des grenades à percussion pour disperser les foules. La Serbie a de son côté, déployé une force de réaction et effectué plusieurs survols militaires dans la même zone.  Cette escalade « évitable mais potentiellement dangereuse », a duré 10 jours. 

De plus, mercredi dernier, sous couvert d’une opération de lutte contre la contrebande, le Kosovo a de nouveau déployé des unités spéciales de sa police dans le nord.  La communauté internationale sur le terrain, y compris la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR), n’a pas été informée au préalable de ces actes, en dépit de leur caractère sensible, a déploré le Chef de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK). 

« Ce dont nous avons été témoins dans le nord du Kosovo pourrait être qualifié d’épisode d’ecchymose, mais aurait pu se transformer en une véritable hémorragie », a estimé M. Tanin, qui a vu dans l’absence de communication avec les parties concernées un vecteur d’escalade des tensions.  Ces derniers évènements, a-t-il ajouté ont approfondi la méfiance ressentie au sein de la population serbe du nord et suscité de vives réactions à Belgrade, rendant d’autant plus impératif un réengagement responsable au dialogue. 

Les « dangereuses provocations » de Pristina représentent une grave menace pour la sûreté des Serbes au Kosovo-Metohija et violent directement les accords et arrangements conclus dans le cadre du dialogue de Bruxelles, a décrié le Ministre des affaires étrangères de la Serbie. 

Affirmant que Pristina cherche à effacer 10 ans de dialogue, M. Nikola  Selaković a également estimé qu’exhorter « les deux parties » à être constructives et à la retenue ne suffit pas car « la seule source de déstabilisation porte un nom: les institutions provisoires d’administration autonome ».  Et depuis les incidents du 13 octobre, a-t-il ajouté, il est évident que la communauté internationale doit se mobiliser d’urgence pour que cela cesse du moment qu’à l’évidence, il s’agit d’une campagne organisée de violence ethnique et de discrimination à l’encontre des Serbes. 

« Nous avons un cancer au cœur de l’Europe alimenté par les désirs fascistes de créer un monde serbe.  À moins que nous ne nous éveillions tous de toute urgence, je crains que nous assistions à la résurgence de l’agression de la Serbie », a rétorqué Mme Vjosa Osmani-Sadriu.  Se présentant comme la « Présidente nouvellement élue de la République Kosovo », elle a assuré que la République du Kosovo continuera de participer de manière active au dialogue qui a pour objectif final la reconnaissance mutuelle.  Pour sa part, la Serbie doit être encouragée à venir à la table avec un esprit ouvert et comprendre avant tout que la réalité d’un Kosovo indépendant ne changera jamais, a-t-elle asséné.  L’indépendance du Kosovo est permanente et irréversible, « et plus tôt tout le monde acceptera cette réalité, mieux ce sera pour la paix et la stabilité dans la région et en Europe ».  

Ces propos ne sont que de la « propagande », a de son côté qualifié la Fédération de Russie, pour qui ces tensions « artificiellement attisées » ne sont que des « tactiques » pour saper le processus de négociation.  Elle a souligné que toute solution à la crise doit être conforme au droit international, déplorant par ailleurs que ses « collègues occidentaux » continuent d’appeler les deux parties à la retenue, alors que ce sont précisément les dirigeants du Kosovo qui lancent des ultimatums à Belgrade pour qu’elle reconnaisse l’indépendance du Kosovo et verse de soi-disant « réparations ». 

Devant ce spectacle, les délégations ont appelé les parties au calme, au dialogue, à la normalisation et à la retenue.  « Il n’y a pas d’autre voie, ni pour la Serbie, ni pour le Kosovo, que de parvenir à un accord global, définitif et juridiquement contraignant pour régler de manière durable le différend entre les deux pays » a résumé la France, tandis que le Royaume-Uni relevait que les événements récents montrent une fois de plus qu’il faut éviter les rhétoriques incendiaires et les tentatives délibérées d’intensifier les tensions.  Toute provocation ou tension compromettant la stabilité sera considérée comme « inacceptable », a également prévenu l’Estonie. 

L’accord du 30 septembre sur les plaques d’immatriculation signées sous les auspices de l’Union européenne est un « pas en avant », montrant à suffisance que d’autres organisations peuvent être plus efficaces pour créer un climat de désescalade et que la MINUK a réalisé les objectifs de son mandat, ont relevé pour leur part les États-Unis.   Les derniers événements ont donc une fois de plus démontré qu’il faut avancer vers le retrait de la Mission, a estimé la délégation qui a souhaité une transition vers une présence de l’ONU plus efficace et susceptible d’aider le Kosovo et le reste des Balkans occidentaux à réaliser pleinement leur potentiel. 

RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ ( S/2021/861 )

Déclarations

M. ZAHIR TANIN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission dadministration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), intervenant par visioconférence, a déclaré que les derniers développements au Kosovo nous rappellent que le manque de compréhension politique et de communication est un vecteur d’escalade des tensions, en particulier dans des environnements de sécurité fragiles caractérisés par la méfiance.  Il a ainsi indiqué que le matin du 20 septembre dernier, Pristina a lancé une opération de police dans le nord du Kosovo pour faire appliquer un nouveau régime de validité des plaques d’immatriculation. 

Compte tenu de l’histoire et des discussion sensibles menées et facilitées par l’Union européenne sur la question de la liberté de circulation, il aurait été « naturel » de s’attendre à une communication rapide et claire avec les personnes concernées.  Or, peu ou pas de communication de ce type n’a été tentée par les autorités.  La communauté internationale sur le terrain, y compris la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR) dont la responsabilité est de maintenir un environnement sûr et sécurisé, n’a pas non plus été informée au préalable.  En réaction, des manifestants ont bloqué la circulation aux portes nord le long de la frontière administrative.  Des unités spéciales de la police du Kosovo se sont déployées aux points de passage à bord de véhicules blindés.  Ces unités ont, dans un cas, utilisé des gaz lacrymogènes et des grenades à percussion pour tenter de disperser les manifestants.  L’armée serbe a, de son côté, déployé une force de réaction de peloton à proximité, au nord de la ligne de démarcation administrative, et a effectué plusieurs survols militaires dans la même zone.  

M. Tanin a expliqué que le fait que cette question n’ait pas été discutée par les canaux établis -en premier lieu, le dialogue facilité par l’UE sur la liberté de circulation- a entraîné une escalade des tensions « évitable mais potentiellement dangereuse », qui a duré 10 jours.  Grâce aux bons offices du Haut-Représentant de l’Union européenne, soutenu également par la diplomatie des États-Unis, un accord a été conclu pour désamorcer cette situation dangereuse.  Une solution provisoire a également été convenue sur la validité des plaques d’immatriculation, les discussions devant se poursuivre au cours des six mois suivants.  Ce dont nous avons été témoins dans le nord pourrait être qualifié d’épisode d’ecchymose, mais cela aurait pu « trop facilement se transformer en une véritable hémorragie », a illustré le Chef de la MINUK.  Il a ensuite indiqué que mercredi dernier, des unités spéciales de la Police du Kosovo ont de nouveau été déployées dans le nord, dans le cadre de ce qui a été décrit comme une opération de lutte contre la contrebande.  Et on peut douter que la KFOR ait été correctement informée avant ce déploiement, a-t-il ajouté.  Ces derniers évènements ont approfondi la méfiance ressentie au sein de la population serbe du nord et suscité de vives réactions à Belgrade, rendant d’autant plus impératif un réengagement responsable au dialogue. 

Il a salué la récente rencontre entre le Président Aleksandar Vučić et le Premier Ministre Albin Kurti le 6 octobre lors du Sommet UE- Balkans occidentaux. Pourtant, il serait prématuré et trop optimiste de dire que l’on assiste à une reprise d’un réel engagement dans le dialogue, a-t-il estimé, tout en appelant à soutenir toutes les initiatives susceptibles de contribuer à promouvoir des relations responsables entre tous les voisins des Balkans occidentaux.  La confiance continue d’être l’élément le plus rare, que ce soit dans les négociations de bonne foi; entre les représentants et leurs circonscriptions; ou dans les institutions établies pour offrir les deux. 

Si la grande majorité des personnes des différentes communautés, y compris les femmes et les jeunes, ne se sentent pas impliquées dans les processus de discussion et de négociation politiques et s’il n’y a pas de mobilisation de la société, alors tous les efforts visant à changer les relations et à résoudre les tensions sur le long terme demeureront hors de portée.  Il a également constaté que ceux qui pourraient être capables d’exercer plus d’influence sur les parties sont pour la plupart épuisés par les arguments éculés et les politiques nationalistes.  C’est vrai au Kosovo, c’est vrai en Serbie et c’est vrai dans toute la région, a-t-il dit. 

En venant à la tenue, dans deux jours, des élections locales, il a indiqué que ce que demande le peuple, c’est un gouvernement « plus réactif et responsable », y compris un suivi tangible du programme de réforme promis pendant la période de campagne.  Il a exhorté le gouvernement à se concentrer sur le rétablissement des liens de confiance entre toutes les communautés du Kosovo et les dirigeants politiques.  Le rétablissement de la confiance exige une approche sincère du processus de dialogue entre Belgrade et Pristina, ainsi que l’instauration d’une atmosphère encourageante entre les différentes communautés au Kosovo, a-t-il dit.  Il a également appelé à éviter d’instrumentaliser les thèmes ethno-nationalistes qui divisent à des fins politiques, saluant au passage l’initiative « Open Balkans » de la Serbie. 

M. Tanin a ensuite fait le point sur l’appui accordé par la MINUK à la campagne de vaccination contre la COVID-19, ainsi que son action en faveur du renforcement de la confiance entre les différentes communautés du Kosovo.  Les événements des dernières semaines, avec leur propension à défaire les progrès constants mais fragiles réalisés dans le rétablissement de la confiance entre les communautés, me préoccupent profondément et devraient être un avertissement pour tous les membres de ce Conseil, a-t-il affirmé. 

M. NIKOLA SELAKOVIĆ, Ministre des affaires étrangères de la Serbie, a dénoncé la recrudescence d’attaques et d’incidents à caractère ethnique ciblant des Serbes au Kosovo-Metohija.  Il a également relevé que les institutions provisoires d’administration autonome de Pristina continuent à prendre des décisions unilatérales et refusent de mettre en œuvre les accords obtenus à l’issue du dialogue de Bruxelles.  En outre, la discrimination institutionnelle contre les Serbes, les attaques contre des sites de l’Église orthodoxe serbe; et les obstacles à la viabilité économique des communautés serbes se poursuivent dans la province.  Jour après jour, l’on assiste aux « dangereuses provocations » de Pristina qui ne font que s’accélérer.  Celles-ci représentent une grave menace pour la sûreté des Serbes au Kosovo-Metohija et violant directement les accords et arrangements conclus dans le cadre du dialogue de Bruxelles, a-t-il affirmé. 

Il a notamment dénoncé la violente incursion, le 13 octobre, des unités de la « soi-disant ROSU » dans la partie nord de Kosovska Mitrovica, la neuvième du genre, décriant que les tirs de gaz lacrymogènes et de bombes, et la violence effrénée deviennent monnaie courante pour les Serbes dans le nord du Kosovo-Metohija.  Il a affirmé en outre que la lutte contre la criminalité organisée et à la contrebande n’était qu’un faux prétexte pour justifier cette dernière action unilatérale. 

M. Selaković a également indiqué que des unités lourdement armées de la « soi-disant ROSU » avaient été déployées aux points de passage de Brnjak et Jarinje entre la Serbie centrale et le Kosovo-Mehotija, dans l’objectif d’enlever les plaques d’immatriculation des véhicules serbes et de les remplacer par d’autres, temporaires, ce qui équivaut à ses yeux à entraver, par la violence, la libre circulation des citoyens. 

Il a alerté en outre que les incursions de formations policières lourdement armées, composées exclusivement d’Albanais, dans le nord du Kosovo-Metohija, ont un potentiel extrêmement dangereux de déstabiliser la situation sécuritaire déjà sensible sur le terrain.  L’objectif des dernières incursions était de provoquer les Serbes et d’inciter Belgrade à réagir précipitamment d’une manière ou d’une autre.  Pour le Ministre, Pristina chercherait à effacer 10 années de dialogue et à le rejeter en tant que moyen de résoudre les problèmes. 

À ses yeux, exhorter « les deux parties » à être constructives et à la retenue ne suffit pas car « la seule source de déstabilisation porte un nom: les institutions provisoires d’administration autonome à Pristina ».  Et depuis les incidents du 13 octobre, il est évident que la communauté internationale doit se mobiliser d’urgence pour que cela cesse du moment qu’à l’évidence, il s’agit d’une campagne organisée de violence ethnique et de discrimination à l’encontre des Serbes. 

M. Selaković a aussi exprimé son inquiétude au sujet l’imposition, le 8 octobre par Pristina, de taxes sur certains produits en provenance du centre de la Serbie, rappelant qu’une décision analogue prise en 2018 avait provoqué un blocus commercial de fait et une impasse à long terme dans le dialogue entre Belgrade et Pristina.  Belgrade, au contraire, fait tout son possible pour préserver la paix et la stabilité et un climat propice à la prospérité des économies du sud-est de l’Europe, comme en atteste son initiative « Open Balkan », alors que Pristina fait tout pour mettre le feu aux poudres, a-t-il affirmé. 

Poursuivant, le Ministre serbe a relevé qu’au cours de la période écoulée, les Serbes ont été la cible de plus de 100 attaques à caractère ethnique qui visent de plus en plus fréquemment les enfants, les femmes, les personnes âgées et les rapatriés ainsi que l’Église orthodoxe serbe.  Il a cité le cas de Mme Dragica Gašić, qui a regagné son appartement dans la municipalité de Đakovica début juin, faisant d’elle la première personne serbe à y vivre depuis 20 ans.  Une fois de retour, elle aurait été la cible d’attaques et de harcèlements.  Depuis 1999, a rappelé M. Selaković, seul 1,9% des personnes déplacées serbes ou non-albanaises sont parvenues à retourner de manière durable au Kosovo-Metohija.  Et pendant tout ce temps, aucune mesure concrète n’a été prise pour faciliter leur retour et mettre en œuvre la résolution 1244, a-t-il déploré, tout en se disant « convaincu » que le prochain rapport du Secrétaire général énumérera les différents obstacles qui se présentent, à commencer par les problèmes liés à l’exercice du droit à la jouissance paisible de la propriété privée.  Il a également espéré que les institutions provisoires d’administration autonome de Pristina commenceront « enfin » à créer les conditions propices au retour des personnes déplacées.  Notant que les monuments médiévaux serbes du Kosovo-Metohija comptent parmi patrimoines culturels les plus menacés d’Europe, M. Selaković s’est par ailleurs inquiété de la situation du monastère de Visoki Decani qui est la cible d’attaques depuis l’an 2000. 

Opposé à toute tentative d’établir un équilibre artificiel entre les parties au dialogue, ainsi qu’à la relativisation de la responsabilité des actes unilatéraux, le Ministre a rejeté « avec indignation » toutes les tentatives qui, en appelant à la soi-disant « réciprocité » et « reconnaissance », visent à bloquer le dialogue et détourner l’attention du fait que les institutions provisoires d’administration autonome de Pristina ne remplissent pas les obligations contractées dans le cadre du dialogue facilité par l’UE.  Huit ans après l’accord de Bruxelles, la Communauté des municipalités serbes n’a toujours pas été initiée et Pristina continue par ailleurs d’interdire aux fonctionnaires serbes d’entrer dans la Province autonome du Kosovo-Metohija. 

M. Selaković a ensuite appelé la communauté internationale, et en particulier l’Union européenne, en tant que garante de l’accord, à insister fermement pour que les institutions provisoires d’administration autonome de Pristina commencent à mettre en œuvre tous les accords conclus.  Pour sa part, la Serbie appuie pleinement la mise en œuvre de la résolution 1244 et les activités de la MINUK. 

Mme VJOSA OSMANI-SADRIU (Kosovo) a déclaré qu’en tant que Présidente nouvellement élue de la République du Kosovo, elle a le privilège de représenter « tout le peuple du Kosovo ».  Notre histoire est loin d’être terminée et une grande partie de notre potentiel n’a pas encore été réalisée, a-t-elle indiqué, ajoutant que « notre avenir est prometteur et je suis convaincu qu’un jour nous vous rejoindrons à cette table, faisant partie de la famille des nations qui composent aujourd’hui les Nations Unies ».  

D’un pays déchiré par la guerre à un pays durement touché par la pandémie, je peux dire avec fierté que le Kosovo est devenu l’une des démocraties les plus dynamiques de la région, a-t-elle témoigné, se réjouissant que cette année, le Kosovo envisage une croissance à deux chiffres de son PIB.  Nos produits arrivent même dans des pays comme l’Ukraine, l’Inde et la Chine, et nous espérons que les relations politiques refléteront bientôt ces liens économiques existants, a-t-elle espéré.  Selon elle, le Kosovo prospère dans une ère de stabilité institutionnelle sans précédent.  Elle a également affirmé que les réformes visant à renforcer l’état de droit sont menées à un rythme sans précédent et que le Kosovo espère devenir un exemple de gouvernance efficace et méritocratique. 

Rappelant les circonstances historiques entourant la vie du Kosovo, elle a souligné que la MINUK a été créée il y a 22 ans, dans des circonstances extrêmement différentes de celles d’aujourd’hui.  La République du Kosovo est aujourd’hui un pays libre, souverain, indépendant et de plus en plus prospère. Cela devrait servir de preuve suffisante pour qu’il soit clair pour tout le monde que la MINUK a non seulement dépassé son mandat, mais qu’elle est également là en contradiction avec l’interprétation de la Cour internationale de Justice, a-t-elle argué.  Tout en vous remerciant pour le travail, nous vous exhortons à mieux utiliser votre budget, a-t-elle lancé à l’endroit du Conseil de sécurité.  Nous sommes des pro-européens passionnés, nous sommes passionnément pro-OTAN, et nous croyons en une Europe unie en tant que projet politique et fondé sur des valeurs, a—t-elle expliqué. 

De même, nous croyons profondément en un monde guidé par les valeurs incarnées par les Nations Unies, a-t-elle poursuivi, avertissant que « tant que le Kosovo sera exclu des organes de l’ONU et d’autres organisations internationales, l’effort collectif de cette famille de nations sera toujours à un pas de la pleine réalisation de sa mission ».  À ses yeux, il est grand temps pour le Kosovo de devenir membre de l’OMS, de l’UNESCO, d’INTERPOL et d’autres organisations internationales et de se voir attribuer ce siège mérité à la prochaine Conférence des Parties « pour pouvoir discuter avec vous de notre destin commun et de l’avenir de notre humanité ». 

Poursuivant, Mme Osmani-Sadriu a déclaré que la République du Kosovo continuera de participer de manière active au dialogue qui a pour objectif final la reconnaissance mutuelle.  Pour sa part, la Serbie doit être encouragée à venir à la table avec un esprit ouvert et avec des idées qui feront avancer notre région.  Et la Serbie doit comprendre avant tout que la réalité d’un Kosovo indépendant ne changera jamais, a-t-elle asséné.  Le Kosovo a mis en œuvre plus de 90% de tous les accords signés à Bruxelles, a-t-elle affirmé.  À l’inverse, selon l’Union européenne elle-même, garante et médiatrice de ce dialogue, la Serbie n’a pas mis en œuvre les deux tiers de tous les accords signés.  Comment pouvons-nous nous attendre à ce que ce processus soit crédible si elle signe des accords mais ne les met pas en œuvre? a-t-elle demandé.  Malgré un accord conclu en 2013, le Gouvernement de Belgrade n’a pas encore dissous les structures criminelles illégales qui existent dans le nord du Kosovo.  Celles-ci, a affirmé Mme Osmani-Sadriu, continuent de répandre la terreur et d’intimider les Serbes du Kosovo vivant dans le nord, et ne leur permettent pas de s’intégrer dans la société à laquelle ils appartiennent.  Elles défient également activement les institutions d’état de droit dans cette partie de notre pays. 

En venant aux « efforts d’états de droit » de mercredi dernier, elle a souligné qu’ils se sont déroulés dans l’ensemble du Kosovo et que leur objectif était de lutter contre la contrebande et le crime organisé, faisant par ailleurs observer que le procureur et le juge qui ont mené l’enquête étaient tous deux Serbes, de même que la plupart des policiers du nord. Elle a fait observer que ce type de crime a toujours été multiethnique et qu’à présent la lutte contre la criminalité illégale est multiethnique elle aussi. 

En ce qui concerne l’accord sur les plaques d’immatriculation, elle a affirmé que la Serbie contraint les citoyens de la République du Kosovo à retirer leurs plaques d’immatriculation de manière péjorative et déshumanisante chaque fois qu’ils franchissaient la frontière. Lors de l’expiration de cet accord, le Kosovo a introduit le principe de réciprocité, tel que prévu par l’accord lui-même, et en retour, la Serbie a utilisé ses structures illégales pour inciter à la violence et commettre des actes de terrorisme en incendiant des biens publics et en les attaquant avec des explosifs. Et dans un acte sans précédent, inutile et hostile, l’ambassadeur de Russie à Belgrade s’est déplacé pour donner des mots d’encouragement aux troupes serbes. 

Décriant l’admiration que voue, selon elle, le Président Vučić pour Slobodan Milosevic, Mme Osmani-Sadriu a dénoncé l’abus systématique des droits des minorités dans la vallée de Presheva et d’autres régions à population majoritairement albanaise , évoquant un nettoyage ethnique par des moyens administratifs.  Nous avons un cancer au cœur de l’Europe, alimenté par les désirs fascistes de créer un « monde serbe » et aidé par leur alliée la Fédération de Russie.  À moins que nous ne nous éveillions tous de toute urgence, je crains que nous assistions à la résurgence de l’agression de la Serbie, a-t-elle mis en garde.  L’indépendance du Kosovo est permanente et irréversible, et plus tôt tout le monde acceptera cette réalité, mieux ce sera pour la paix et la stabilité non seulement dans notre région, non seulement en Europe, mais aussi dans le monde, a-t-elle conclu. 

Pour M.  NIANDOU AOUGI (Niger), la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina requiert l’engagement constructif des parties dans le processus de dialogue.  Ces parties doivent faire montre de volonté politique et être déterminées à faire des concessions mutuelles.  Le représentant a exprimé sa profonde préoccupation face au regain des tensions et aux incidents liés aux sites religieux et culturels.  Inquiet de l’hostilité au retour volontaire des personnes déplacées, il a exhorté au respect et à la protection des droits déplacés et des rapatriées ainsi qu’à leur réintégration sociale dans des conditions optimales de dignité et de sécurité.  La prise en compte de la dimension « femmes, paix et sécurité » est un facteur clef de la réussite d’un processus de paix, a-t-il ajouté. 

Enfin, il a encouragé l’adoption de mesures tendant à renforcer l’état de droit, les droits de l’homme et l’intégration sociale, dans la mise en œuvre du programme de réforme du Gouvernement. 

Mme  SHERAZ GASRI (France) a déclaré que les tensions récentes au Nord du Kosovo rappellent que le règlement du différend entre Belgrade et Pristina est un enjeu de sécurité européenne.  Elle a salué l’arrangement provisoire conclu à Bruxelles le 30 septembre sous les auspices du Représentant spécial de l’Union européenne, engageant les deux parties à trouver une solution durable à cette question dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne.  Il n’y a pas d’autre voie, ni pour la Serbie, ni pour le Kosovo, que de parvenir à un accord global, définitif et juridiquement contraignant pour régler de manière durable le différend entre les deux pays, a-t-elle insisté. 

La représentante a appelé à éviter toute action unilatérale susceptible de fragiliser le dialogue, exhortant par ailleurs les deux parties à respecter et mettre en œuvre l’ensemble de leurs obligations dans le cadre du dialogue sans plus tarder.  Elle a exprimé son soutien aux efforts de réforme entrepris par le gouvernement du Kosovo, saluant notamment l’adoption de la Stratégie pour l’Etat de droit 2021- 2026.  Elle a également appelé à continuer de lutter contre l’impunité pour les auteurs de crimes graves et à la coopération avec les Chambres spécialisées pour le Kosovo et le Bureau du Procureur spécialisé.  La France, a-t-elle affirmé, a la conviction profonde que la Serbie et le Kosovo ont un avenir européen commun.  Et la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina est nécessaire à la stabilisation durable des Balkans occidentaux et au rapprochement européen des deux pays. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a rappelé sa position de principe sur la souveraineté territoriale du Kosovo et a appelé les deux parties à renouer le dialogue.  Il a fait part de sa préoccupation face à l’évolution de la situation et insisté sur l’importance de la question des personnes disparues et celle du retour des réfugiés.  Il a prié toutes les parties de coopérer avec la MINUK et à l’aider. 

Mme  FARREY (Royaume-Uni) a rappelé que lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur ce thème, tout le monde se félicitait des élections législatives et de la formation réussie d’un nouveau gouvernement.  Comme cette réunion a lieu avant les élections locales, dès le 17 octobre, la représentante s’est, une nouvelle fois, dite inquiète des informations faisant état d’actes d’intimidation à l’égard des électeurs serbes du Kosovo.  Il est « crucial », a-t-elle martelé, que chacun ait le droit de participer à des élections libres et équitables, sans intimidation.  Elle a aussi dénoncé le traitement réservé aux ONG serbes du Kosovo qui travaillent avec les institutions du Kosovo et aux individus qui cherchent à rejoindre les institutions multiethniques du Kosovo. 

La représentante a salué le travail de la MINUK sur le retour des déplacés et la lutte contre la violence fondée sur le sexe.  Elle a salué la première poursuite judiciaire pour violences sexuelles liées au conflit, au mois de juillet dernier, « un énorme pas en avant à la fois pour les survivants que pour les poursuites pour crimes de guerre ».  Elle a condamné tous les exemples de violence à motivation ethnique, ajoutant que les attaques contre les sites religieux, dont les églises et les mosquées, sont tout simplement inacceptables.  La déléguée a souligné le ferme soutien du Royaume-Uni au dialogue facilité par l’Union européenne entre la Serbie et le Kosovo.  Les événements récents montrent une fois de plus qu’il faut éviter les rhétoriques incendiaires et les tentatives délibérées d’intensifier les tensions.  Le temps est venu, a conclu la représentante, de réexaminer le rôle et les responsabilités de la MINUK pour la rendre plus efficace et plus à même de relever les défis actuels. 

Après avoir salué le travail de la MINUK, Mme HALIMAH AMIRAH FARIDAH DESHONG (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est félicitée de la reprise du dialogue entre Belgrade et Pristina après une suspension prolongée.  Elle a encouragé les parties à faire preuve d’esprit constructif et de bonne foi.  Elle a condamné les incidents récents et la profanation de sites religieux et culturels, demandant que des mesures soient prises pour régler ces questions.  Elle a aussi rappelé que la participation pleine et entière des femmes au processus de paix et à la vie politique est « essentielle », tout comme celle des jeunes. 

Mme  GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a exhorté les deux parties à s’engager dans un effort concerté et sincère pour faire progresser le dialogue facilité par l’UE et à s’abstenir de toute nouvelle rhétorique ou acte de division.  Tous les accords conclus dans le cadre du Dialogue, depuis le début, il y a 10 ans, doivent être mis en œuvre sans délai.  Les deux parties ont la responsabilité de respecter et de mettre en œuvre les obligations qu’elles ont contractées dans le cadre du Dialogue.  Selon la représentante, un accord de normalisation global, final et juridiquement contraignant est « essentiel » pour la perspective européenne de la Serbie et du Kosovo, et pour une plus grande stabilité dans la région des Balkans occidentaux. 

S’agissant en particulier du Kosovo, la représentante a déclaré que son peuple a voté pour le changement au début de cette année et pour un programme de réformes de l’état de droit et de lutte contre la corruption, que le nouveau Gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre.  Nous espérons, a-t-elle dit, que les mois à venir verront une revitalisation et une mise en œuvre des réformes préconisées par l’UE, en particulier celles sur l’état de droit. 

M.  SVEN JÜRGENSON (Estonie) a salué l’appui de la MINUK aux autorités et aux communautés locales pour relever les défis de la pandémie Covid-19.  Il s’est aussi félicité de l’engagement stratégique du Kosovo dans le processus d’adhésion à l’Union européenne et insisté sur les réformes en matière d’état de droit, la lutte contre la corruption et contre la criminalité organisée, et la promotion du développement socioéconomique.  Il a fermement appuyé le travail des Chambres spécialisées du Kosovo et du Bureau du Procureur, soulignant que la pleine coopération avec ces institutions serait une preuve « concrète » de l’engagement du Kosovo en faveur de la primauté du droit. 

Le représentant a ensuite salué l’accord du 30 septembre visant la désescalade dans Nord du Kosovo.  Toute provocation ou tension compromettant la stabilité sera considérée comme « inacceptable », a-t-il prévenu, ajoutant que le dialogue facilité par l’Union européenne est la seule voie possible pour le Kosovo et la Serbie de résoudre les questions en suspens.  Les deux pays, a-t-il dit, doivent appliquer tous les accords antérieurs agréés. 

M. Jürgenson a dit attendre des élections municipales du 17 octobre, un processus inclusif et transparent.  Il a, avant de conclure, exhorté la Serbie et le Kosovo à s’abstenir de toute mesure unilatérale ou de tout propos susceptible d’exacerber les tensions, et à s’engager en toute bonne foi et dans un esprit de compromis à parvenir à un accord global sur la normalisation des relations.  Un tel accord contribuerait à la stabilité de toute la région et permettrait aux gens de travailler ensemble pour faire avancer leurs objectifs régionaux communs. 

M.  JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué l’Accord du 30 septembre sur plaques d’immatriculation entre le Kosovo et la Serbie, négocié par le Représentant spécial de l’UE.  Cet Accord, s’est-il réjoui, est un pas en avant pour le Kosovo, la Serbie et la stabilité dans les Balkans occidentaux.  C’est la preuve, a-t-il insisté, que lorsque les dirigeants s’engagent ouvertement et sérieusement, ils peuvent trouver un terrain d’entente qui profite à tous leurs citoyens.  Nous encourageons le Kosovo et la Serbie à continuer de s’appuyer sur ces progrès pour mettre en œuvre l’Accord et les accords antérieurs.  Ils doivent, a ajouté le représentant, s’abstenir de toute provocation et s’engager à nouveau à trouver des solutions aux autres problèmes, par le biais du dialogue facilité par l’UE.  Le Dialogue reste la meilleure plate-forme pour résoudre les questions en suspens, normaliser les relations et enfin parvenir à un accord sur la reconnaissance mutuelle. 

M. DeLaurentis a estimé que la MINUK n’a pas joué un rôle essentiel dans le règlement des dernières tensions entre le Kosovo et la Serbie au sujet des plaques d’immatriculation.  La désescalade de ce problème, avec le soutien temporaire de la KFOR, montre que d’autres organisations peuvent être plus efficaces.  Les derniers événements ont donc une fois de plus démontré que la MINUK a réalisé les objectifs de son mandat.  Nous devons reconnaître cette réalité et avancer vers le retrait de la Mission, a estimé le représentant.  Il revient au Conseil de rediriger son attention et ses ressources vers les domaines et les problèmes plus urgents.  L’ONU peut encore jouer un rôle important dans la promotion des institutions démocratiques mais ce rôle ne nécessite pas le maintien d’une opération de paix au Kosovo.  Le représentant a dénoncé le fait que les appels au retrait de la MINUK soient restés lettre morte.  Nous voulons, a-t-il conclu, un plan sur le retrait et sur transition vers une présence de l’ONU plus efficace et susceptible d’aider le Kosovo et le reste des Balkans occidentaux à réaliser pleinement leur potentiel. 

D’emblée, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a qualifié les propos de Mme Vjosa  Osmani-Sadriu de « propagande ».  Il a jugé la situation dans les « régions du nord de la province autonome serbe du Kosovo » des plus préoccupantes.  Il a ajouté que, fin septembre, « les tensions ont été artificiellement attisées » dans le nord de la province, ce qui a entraîné le blocage de la circulation à travers la frontière administrative.  Des forces spéciales albanaises du Kosovo ont été déployées dans la zone peuplée de Serbes, avec des véhicules blindés et des armes lourdes, faisant plusieurs victimes civiles, a poursuivi M. Nebenzia.  S’il a reconnu la conclusion d’accords grâce à la médiation européenne, il a déploré les nouveaux incidents qui se sont produits le 13 octobre.  Il a considéré ces actions de Pristina comme la manifestation d’une politique délibérée d’intimidation visant à chasser les Serbes du Kosovo.  

Le représentant s’est félicité du « comportement responsable » adopté par Belgrade pour répondre à « l’arbitraire » des Albanais du Kosovo en ne violant aucune de ses obligations au titre de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité et en engageant un « dialogue en toute bonne foi » pour résoudre la controverse sous les auspices de l’UE.  Il a toutefois regretté que ses collègues occidentaux se dérobent à toute évaluation publique honnête de ce qui se passe et continuent d’appeler les deux parties à la retenue, alors que ce sont précisément les dirigeants du Kosovo qui lancent des ultimatums à Belgrade pour qu’elle reconnaisse l’indépendance du Kosovo et verse de soi-disant « réparations ».  Les mesures soutenues par certains pays en vue de la création d’une « armée du Kosovo » constituent un grave problème, a insisté le représentant de la Russie. 

Ces derniers mois, Pristina a rompu à deux reprises le dialogue de haut niveau avec Belgrade sous l’égide de l’Union européenne, a encore accusé M. Nebenzia, estimant que ces « tactiques » visent à saper le processus de négociation.  Tenant à rappeler la responsabilité particulière de l’UE, qui s’est vu confier le rôle de médiateur par l’Assemblée générale en 2010, il a engagé Bruxelles à mener le dialogue de manière impartiale et veiller à ce que les parties mettent en œuvre sans condition les engagements pris avec son aide.  Le rôle des Américains, qui ont une « influence particulière » sur Pristina, est également important. 

La Fédération de Russie est favorable à la recherche d’une solution viable et mutuellement acceptable entre Belgrade et Pristina sur la base de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité.  Cette solution doit être conforme au droit international et approuvée par le Conseil, car il s’agit de garantir la paix et la sécurité internationales.  Pour cette raison, la Russie est contre l’admission du Kosovo dans les organisations internationales, le droit de le représenter appartenant exclusivement à la MINUK.  Enfin, le représentant a préconisé la poursuite du travail du Tribunal spécial de La Haye afin d’enquêter sur les crimes de l’Armée de libération du Kosovo, estimant qu’il était temps que justice soit rendue « aux nombreuses victimes innocentes des extrémistes albanais du Kosovo ». 

M.  SHUANG GENG (Chine) a réaffirmé la position de son pays « qui n’a pas changé », réitérant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Serbie et comprenant les préoccupations « légitimes » de cette dernière concernant le Kosovo.  Le représentant a félicité la Serbie pour les efforts « positifs » qu’elle déploie pour trouver une solution politique au dossier du Kosovo. 

Nous engageons les deux parties, qui travaillent dans le cadre de la résolution 1244, à promouvoir le dialogue et la coopération.  Le représentant s’est en effet dit inquiet de l’escalade des tensions et a espéré que les parties vont pouvoir maîtriser la situation et prévenir de tels incidents à l’avenir.  Il s’est félicité des deux cycles de dialogue de haut niveau facilités par l’Union européenne, tout en regrettant le manque de résultat.  Il a encouragé les parties à poursuivre le dialogue, avec la bonne volonté nécessaire.  Il a tout de même prévenu que toute position allant au-delà de la résolution 1244 risque d’amener à « des faux pas ». 

M. HAI ANH PHAM (Viet Nam) s’est félicité de la reprise du dialogue de haut niveau entre Pristina et Belgrade, sous la facilitation de l’Union européenne, après une interruption de neuf mois.  Il s’est réjoui de la volonté des deux parties de poursuivre les discussions au niveau technique pour explorer les possibilités d’autres pourparlers de haut niveau.  Il a néanmoins regretté qu’aucun progrès significatif n’ait été enregistré, alors que le dialogue est d’une importance cruciale pour parvenir à une solution durable, à la stabilité, au développement pour Belgrade, Pristina, les Balkans et l’Europe dans son ensemble.  Par conséquent, le représentant a exhorté les parties à s’appuyer sur les engagements récents, à reprendre les pourparlers de haut niveau, facilités par l’UE et à mettre en œuvre les accords déjà signés, dont les Accords de Bruxelles. 

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a mis l’accent sur le caractère central de la lutte contre la corruption et de l’indépendance du système judiciaire.  Louant les efforts croissants pour garantir l’établissement des responsabilités, notamment par le truchement du Groupe de travail sur la justice transitionnelle qui vient de commencer ses travaux, elle n’en a pas moins exprimé son inquiétude quant à l’impunité « de fait » des auteurs de violence.  La représentante a exhorté tous les acteurs à s’engager pleinement dans les processus politiques de haut niveau comme le dialogue avec la Serbie, facilité par l’Union européenne, et les engagés à participer à ce dialogue « de manière constructive », sur la base des Accords de Bruxelles.  Elle leur a conseillé le pragmatisme dans la recherche d’un compromis mutuellement acceptable et le respect des engagements pris.  Une solution permanente à la question des plaques minéralogiques constituerait un pas dans la bonne direction, a-t-elle commenté. 

La représentante a aussi insisté sur le caractère « vital » d’un accord de global de normalisation entre le Kosovo et la Serbie.  C’est « fondamental » pour l’avenir du développement du Kosovo et de la région.  Compte tenu des effets négatifs de la pandémie de COVID-19 aux niveaux politique et socioéconomiques, la représentante s’est alarmée des courbes du chômage et des revenus, sans compter les reculs dans les secteurs de l’éducation et de la santé, et l’intensification de la violence domestique. 

Il faut une transformation sociale orientée vers la démocratisation, la protection des droits de l’homme, le renforcement de l’état de droit et la liberté d’expression.  Il faut renforcer la lutte contre la violence domestique et la violence fondée sur le genre, a martelé la représentant avant de saluer les efforts déployés.  Elle a insisté sur la participation pleine et égale des femmes à tous les aspects du dialogue et de la consolidation de la paix, jugeant que la représentation accrue des femmes dans le Parlement et le Gouvernement actuel devrait conduire à une pleine inclusion des femmes dans le dialogue de paix.  Quant à la révision du mandat de la MINUK, elle s’est dite favorable à quelques améliorations pour renforcer l’efficacité.  Il n’y aucune alternative au processus dirigé par l’Union européenne, a-t-elle tranché. 

M. JUAN GÒMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a suivi avec préoccupation les événements des dernières semaines dans le Nord du Kosovo et a salué le travail de la KFOR pour garantir des conditions de sécurité et la liberté de mouvement dans tout le Kosovo.  Regrettant les progrès « minimes » auxquels Belgrade et Pristina sont parvenus à l’issue des réunions des derniers mois, il les a priés d’interagir de manière constructive afin de trouver des solutions permanentes, en particulier en ce qui concerne le statut définitif du Kosovo.  M. Gómez Robledo s’est également fait l’écho de l’appel à une pleine mise en œuvre de tous les accords conclus, « sans exception ».  S’agissant du cas Gjakovë/Đakovica, il a réitéré l’importance de protéger les droits de tous ceux et toutes celles qui souhaitent rentrer chez eux.  Il a exhorté les autorités de la région à travailler avec les organisations de la société civile et les communautés locales afin de créer des conditions propices à un retour sûr, digne et durable pour ceux et celles qui se placent dans un processus de réintégration et de réconciliation. 

À propos des violences sexistes et domestiques, M. Gómez Robledo a lancé un appel aux autorités du Kosovo, à la société civile et aux organisations internationales pour qu’elles continuent de promouvoir les cadres d’action juridiques et les politiques publiques qui s’imposent.  La pleine participation des femmes aux processus politiques et à tous les aspects de la vie politique et sociale est un élément « essentiel » de la reconstruction du tissu social, a insisté le représentant. 

M.  ADEL BEN LAGHA (Tunisie) a déploré les développements malheureux dans le Nord du Kosovo ces dernières semaines.  Pour lui, ces évènements ne peuvent que compliquer la situation et remettre en cause la sécurité et la stabilité de la région.  Dans ce contexte, il a appelé les parties au calme.  Elles doivent, s’est-il expliqué, stopper l’escalade, s’abstenir de toute mesure unilatérale ou non coordonnée et reprendre le dialogue sous les auspices de la communauté internationale.  Le représentant a ensuite salué la réponse rapide de l’Union européenne pour apaiser la situation et la mise en place d’un Groupe de travail pour rechercher une solution permanente.  Promouvoir la confiance et la coexistence pacifique entre les groupes ethniques est le seul moyen d’instaurer la paix et la stabilité au Kosovo.  La diversité peut représenter un facteur d’intégration et d’unité en privilégiant les valeurs de dialogue pacifique et de consensus, a argué le représentant. 

M. MARTIN KIMANI (Kenya) s’est d’emblée félicité des réunions qui ont eu lieu au cours de l’été entre Belgrade et Pristina, notamment les entretiens de haut niveau du 15 juin entre le Premier Ministre du Kosovo et le Président serbe.  Il a insisté sur leur importance, car ce n’est que par un dialogue soutenu que la normalisation des relations entre les deux parties pourra être réalisée.  Il a, par ailleurs, mis en garde contre l’utilisation des réseaux et médias sociaux pour inciter à la haine, saluant l’initiative pilote de la MINUK pour surveiller les discours en ligne. Cette initiative, si elle est menée de manière objective, peut contribuer à l’élaboration de stratégies visant à lutter efficacement contre les discours de haine. 

C’est dans ce contexte, a dit le représentant, que le Kenya a l’intention d’organiser une réunion selon la formule Arria, dans le courant du mois, sur le thème « Aborder et contrer les discours de haine et prévenir l’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence dans les médias sociaux ».  En conclusion, M. Kimani a réitéré la nécessité pour les parties d’être cohérentes dans la mise en œuvre de la résolution 1244 (1999) et de s’engager de manière constructive dans le dialogue afin de progresser rapidement vers une normalisation complète de leurs relations.

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