Quatrième Commission: la décolonisation des territoires non autonomes continue de mobiliser l’attention des États Membres, également préoccupés de multilinguisme
Au deuxième jour de son débat général conjoint, la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation), a entendu de nombreux États Membres s’exprimer sur le manque d’avancement de certains processus de décolonisation et la problématique du multilinguisme dans les activités de l’ONU.
De nombreuses délégations, dont l’Éthiopie, le Kenya, l’Afrique du Sud, le Nicaragua, la Jamaïque ou Cuba ont réaffirmé leur attachement à l’élimination complète et immédiate du colonialisme, émettant l’espoir que la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme sur tous les territoires (2021-2030) verrait l’éradication complète de ce phénomène. Certaines se sont montrées solidaires des droits inaliénables à l’autodétermination de peuples de territoires non autonomes, comme la Jamaïque, qui a déploré que les Caraïbes restent l’une des régions les plus colonisées du monde, avec 7 des 17 territoires reconnus comme non autonomes par l’ONU.
Parallèlement, le Nicaragua a prôné la décolonisation complète du continent américain, appuyant notamment le transfert de souveraineté des « îles Malvinas » à la République argentine, rejoint par le Brésil, qui a exhorté le Royaume-Uni à mettre un terme à son exploitation unilatérale des ressources naturelles de l’archipel et à s’abstenir d’y promouvoir des manœuvres militaires. Le Costa Rica a quant à lui demandé avec « véhémence » à l’Argentine et au Royaume-Uni de reprendre les négociations pour trouver une solution pacifique et définitive au différend, qui a été illustré aujourd’hui par une nouvelle passe d’armes entre les deux États concernés dans le cadre des droits de réponse, l’Argentine réitérant son droit « souverain » sur les « Malvinas ».
Pareillement, l’Espagne a estimé que la colonisation de Gibraltar est un cas de violation de l’intégrité territoriale et d’occupation illégitime par le Royaume-Uni, revendiquant sa souveraineté sur ce territoire et l’espace maritime avoisinant. Elle a toutefois réaffirmé sa volonté de parvenir à un accord avec Londres pour la mise en œuvre d’un nouveau schéma de coopération régionale. Exerçant son droit de réponse, la délégation britannique lui a rétorqué que son gouvernement avait tous les droits sur ces eaux, ce que l’Espagne a contesté en les revendiquant au nom d’une souveraineté « immémoriale » qui n’aurait été modifiée que récemment.
Le Pakistan a rappelé que depuis 1946, plus de 80 anciennes colonies ont obtenu la fin de la colonisation, sauf la Palestine et le Jammu-et-Cachemire. Il a en outre déploré que le Jammu-et-Cachemire soit l’endroit le plus densément peuplé de la planète « avec un soldat indien pour sept enfants cachemiris », une intervention qui lui a valu un droit de réponse de l’Inde pour qui cette région fait partie intégrante de son territoire. Alors que cette délégation a demandé au Pakistan d’en partir, ce dernier a répondu que la liste des crimes commis par l’Inde dans cette région est longue et documentée.
Cuba et le Nicaragua ont apporté leur soutien au peuple de Porto Rico dans sa lutte pour exercer son droit inaliénable à l’autodétermination. Rappelant que cette question était examinée par le Comité spécial de la décolonisation depuis plus de 40 ans, Cuba a noté qu’en juin dernier, une résolution reconnaissant le droit du peuple de Porto Rico à son indépendance avait été adoptée par le Comité spécial de la décolonisation. La situation de l’autre côté de l’Atlantique, dans le Sahara occidental, a conduit le Nicaragua, tout comme le Kenya, à réaffirmer leur volonté inébranlable de soutenir la lutte pour l’autodétermination du « noble peuple sahraoui » et le respect de ses droits en tant que « nation souveraine ». À l’inverse, la Côte d’Ivoire et le Qatar ont appuyé une solution politique sous les auspices des Nations Unies, jugeant à cet égard réaliste la proposition du Maroc.
Passant à la question du multilinguisme au sein de l’Organisation, l’Espagne a encouragé le Département de la communication globale (DCG) à combler le fossé entre la demande et l’offre de contenus en espagnol, regrettant la tendance au « monolinguisme », accentuée par la pandémie et le télétravail. Réunissant 88 États Membres et observateurs, le Groupe des ambassadeurs francophones a défendu, par la voix de la Côte d’Ivoire, le multilinguisme au sein de l’Organisation, tout en se disant conscient des restrictions budgétaires.
Le Groupe a défendu une communication équilibrée entre les six langues officielles afin d’atteindre tous les peuples, notamment en français, en tant que langue parlée sur l’ensemble des cinq continents et langue de travail du Secrétariat. Il a en outre souligné que les plus grandes opérations de paix de l’ONU sont déployées dans l’espace francophone, car lorsqu’il s’agit de la langue du pays hôte, la pratique du français le personnel de ces opérations contribue significativement au succès de leurs mandats.
La Quatrième Commission poursuivra son débat général conjoint le vendredi 22 octobre, à partir de 15 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL CONJOINT
S’exprimant au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a noté que la composition de ce Groupe reflète celle de l’Organisation internationale de la Francophonie, à savoir 88 États et gouvernements membres et observateurs. Il a rappelé que le Groupe a pour objectif de consolider le multilinguisme à l’ONU et d’agir en faveur d’une diversité mieux prise en compte dans le cadre du système multilatéral. Il a estimé que le multilinguisme améliore les résultats dans le cadre de la réponse à la crise sanitaire ou encore de la lutte contre la désinformation. « Les langues ont un impact substantiel sur les politiques et, conséquemment, sur leur mise en œuvre », a déclaré le Président du Groupe. En outre, il a appelé le Département des opérations de paix et le Département de l’appui opérationnel à poursuivre les actions engagées au bénéfice du multilinguisme dans les actions de maintien de la paix. Selon lui, les plus grandes opérations de paix de l’ONU sont déployées dans l’espace francophone et lorsqu’il s’agit de la langue du pays hôte, la pratique du français par le personnel de ces opérations contribue significativement à leur pleine réussite.
M. Adom a salué les efforts fournis pour offrir des supports de communication multilingue. « Une communication efficace ne peut se limiter à la traduction des contenus produits en anglais, mais se doit d’être également produite dans les six langues officielles », a-t-il plaidé. Il a demandé au Département de la communication globale d’assurer un emploi équilibré des six langues officielles sur l’ensemble des sites Web du Secrétariat. « Une communication équilibrée dans les six langues officielles est essentielle afin d’atteindre les peuples, notamment en français, en tant que langue parlée sur l’ensemble des cinq continents, et langue de travail du Secrétariat », a-t-il déclaré. Il a dit être conscient des défis que connaît le Secrétariat en termes de moyens et de ressources, mais ces contraintes financières ne doivent pas entraver les impératifs d’égalité et de parité entre les langues qui s’imposent à l’Organisation.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a réitéré sa solidarité avec les peuples des territoires non autonomes pour le respect de leurs droits inaliénables à l’autodétermination, à l’indépendance, à la souveraineté nationale et au développement dans la paix. Plus de six ans après la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, de nouvelles actions et mesures efficaces doivent être prises pour permettre la réalisation du droit à l’autodétermination des peuples vivant sous occupation coloniale et étrangère, a-t-il déclaré.
Rappelant sa fierté d’être un membre actif du Comité spécial de la décolonisation (Comité spécial des Vingt-Quatre), le Nicaragua a réaffirmé sa volonté inébranlable de soutenir la lutte pour son autodétermination du « noble peuple sahraoui » et le respect de ses droits en tant que « nation souveraine ». À cet égard, la tenue, sous l’égide de l’ONU, du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui est décisive dans la résolution de cette situation coloniale. En outre, le Nicaragua a prôné la décolonisation complète du continent américain, appuyant notamment le transfert de souveraineté des îles Malvinas à la République argentine. Il a également apporté son soutien au peuple de Porto Rico dans sa lutte pour exercer son droit inaliénable à l’autodétermination, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale. M. Castillo a exprimé sa pleine solidarité avec les aspirations à l’autodétermination de l’« héroïque » peuple palestinien. Il a appelé à une solution des deux États, selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le représentant a émis en conclusion l’espoir que l’élimination du colonialisme sous toutes ses formes et manifestations sera atteinte.
Mme DENIESE SEALEY (Jamaïque) a déploré que les Caraïbes restent l’une des quelques régions colonisées du monde, puisque 7 des 17 territoires identifiés comme non autonomes s’y trouvent. Pour elle, il est donc clair qu’il n’y a aucune place pour la complaisance jusqu’à ce que l’objectif de décolonisation soit atteint. Si elle a salué le travail effectué par l’ONU à cet égard, elle a souligné qu’un nouvel élan est nécessaire. Elle a donc appelé les puissances administrantes à lancer les réformes nécessaires et à prendre des mesures en vue de faciliter la décolonisation de chacun des territoires non autonomes, en tenant compte de leur situation spécifique.
La déléguée a également dit attendre du Comité spécial qu’il agisse dans le cadre de la quatrième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme sur tous les territoires (2021-2030) qui n’ont pas encore exercé leur droit à l’autodétermination. Elle s’est félicitée de son intention de formuler des propositions, au cas par cas, afin de parvenir à la fin du colonialisme, conformément à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
Pour Mme ALIA AL THANI (Qatar) le conflit israélo-palestinien ne peut être réglé que sur la base du droit international et de l’Initiative de paix arabe. Il faut parvenir à une solution juste et durable à la question des réfugiés palestiniens et établir un État palestinien conformément à la solution des deux États, « qui est la seule viable et internationalement agréée ». La représentante a également insisté sur le fait que les lieux sacrés ne sauraient être modifiés.
Elle a dénoncé le fait que les pratiques israéliennes soient contraires au droit international, en citant en particulier l’expansion des colonies de peuplement qui sapent la solution des deux États. Le Qatar s’est dit déterminé à continuer de fournir une aide aux Palestiniens, en rappelant qu’il finance la reconstruction de Gaza avec une enveloppe de 500 millions de dollars. Mettant l’accent sur les services vitaux que fournit l’UNRWA aux réfugiés palestiniens, elle a regretté son sous-financement, et appelé la communauté internationale à y remédier en rappelant que le Qatar continue à financer l’Office.
S’agissant de la décolonisation, le Qatar a appelé à un règlement juste de tous les cas dont la Quatrième Commission est saisie en tenant compte des spécificités de chaque territoire. En ce qui concerne le Sahara occidental, la représentante a appuyé une solution politique sous les auspices des Nations Unies, estimant à cet égard que l’initiative proposée par la Maroc est réaliste.
M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est engagé à contribuer à la réalisation des droits du peuple sahraoui et du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance. Il a exhorté tous les États Membres à redoubler d’efforts pour œuvrer à une solution qui permette aux habitants de ces territoires d’exercer leurs droits à l’autodétermination. Le représentant s’est déclaré très préoccupé par l’escalade des tensions dans le territoire contesté du Sahara occidental en novembre et décembre 2020. La rupture de l’Accord de cessez-le-feu de 1991 par le Royaume du Maroc, qui a conduit à la reprise des hostilités entre les parties, peut avoir de graves conséquences pour la paix, la sécurité et la stabilité de la région. Sur la situation de la Palestine, il a soutenu la solution des deux États avec l’existence, côte à côte, de l’État d’Israël et de l’État de Palestine vivant en paix.
Bénéficiaire d’une opération à succès de maintien de la paix, le Timor-Leste, devenu fournisseur de contingents, s’est engagé à se conformer à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général concernant l’exploitation et des atteintes sexuelles et veillera à ce que tous les Timorais déployés dans les missions de maintien de la paix soient soumis à des programmes de formation préalable au genre afin de garantir une action appropriée sur le terrain. « En tant qu’ancien pays hôte, le Timor-Leste considère le nombre croissant de femmes dans la police et l’armée comme une réalisation primordiale de l’ONU. Les femmes ont eu un impact positif sur les opérations de paix, et c’est pourquoi nous continuons à soutenir tous les efforts tendant vers la parité au sein des opérations de paix », a conclu la délégation.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a déclaré s’associer à la déclaration du MNA. Il a déclaré que le maintien de la paix était le concept le plus parlant en matière de sécurité collective en rapport avec la Charte des Nations Unies. Revenant sur les Casques bleus pakistanais opérant dans de multiples théâtres de conflit, il a insisté sur la nécessité d’améliorer la protection du personnel du maintien de la paix, notamment par un financement adéquat. Il a salué l’usage des nouvelles technologies de l’information et des communications, entre autres mesures permettant d’améliorer les performances en matière de protection des soldats de la paix. Nous utilisons le cadre du partenariat pour répondre aux besoins des contingents et élaborer des stratégies efficaces pour gérer les conflits.
Se félicitant de la résolution A76/23, la délégation a prié le Secrétaire général d’étudier une solution innovante pour promouvoir la question de la décolonisation. Depuis 1946, plus de 80 anciennes colonies ont obtenu la fin de la colonisation, sauf la Palestine et le Jammu-et-Cachemire. Sur la Palestine, il a expliqué que seule la solution des deux États était envisageable. Sur l’occupation par l’Inde du Jammu-et- Cachemire, il a noté que le Conseil de sécurité avait émis plusieurs résolutions indiquant que c’était aux peuples de décider de l’avenir de leur propre État. Il a en outre déploré que le Jammu-et-Cachemire soit l’endroit le plus densément peuplé de la planète « avec un soldat indien pour sept enfants cachemiris ».
M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) s’est dit prêt à continuer à défendre le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui a la « responsabilité particulière de veiller à ce que les Nations Unies disposent des outils nécessaires pour faire face à une multitude de questions liées au renforcement du maintien de la paix ». La délégation a également apporté son soutien à la création d’Action pour le maintien de la paix Plus visant à donner la priorité à des questions notamment relatives à la sûreté et à la sécurité ainsi que la responsabilité des infractions commises par les Casques bleus. À cet égard, nous nous félicitons de l’adoption récente des résolutions 2589 (2021) et 2594 (2021) du Conseil de sécurité, qui abordent la question de la responsabilité des auteurs de crimes contre les soldats de la paix et celle des transitions et de la sortie du maintien de la paix, a ajouté la délégation.
En tant que nouveau membre du Conseil de sécurité, le Brésil est favorable à des mandats clairement définis pour les opérations de maintien de la paix, ceux-ci devant être fondés sur des évolutions réalistes de la situation sur le terrain. Nous plaiderons en faveur de ressources financières et humaines adéquates pour la mise en œuvre efficace de ces mandats et la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, a-t-il annoncé. De même, en tant que fournisseurs de service de renforcement des capacités, le pays a promis qu’il défendra l’amélioration des performances des opérations de maintien de la paix, grâce à des formations avant et après le déploiement.
La délégation a ensuite salué le travail actuellement entrepris par la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie et le BINUH, en Colombie et en Haïti. La Mission de vérification des Nations Unies en Colombie supervise la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2016, tandis que le BINUH a mis ses outils au service du Gouvernement et du peuple haïtiens. La délégation a souligné que ces missions étaient généralement mandatées par le Conseil de sécurité mais financées par le budget ordinaire. Cette distorsion accentue le déséquilibre entre la prise de décisions par un petit nombre et la dilution des coûts entre un grand nombre d’États, a-t-elle regretté. Cette incohérence évidente devrait nous amener à parler davantage des missions politiques spéciales, y compris par le biais de l’Assemblée générale et de sa Quatrième Commission, a-t-elle suggéré.
Par ailleurs, la délégation a souligné le rôle important des 59 centres d’information des Nations Unies dans la diffusion du message de l’ONU auprès des populations locales, dans leurs langues, notamment dans les pays en développement. Nous soutenons fermement le travail d’ONU Info en portugais, a-t-elle souligné, rappelant que le portugais était la langue la plus parlée dans l’hémisphère sud.
En outre, nous soutenons la souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes avoisinants, a affirmé le Brésil, « un soutien que nous n’avons jamais cessé de réitérer ». Le cas des Malvinas est une situation coloniale particulière qui dure depuis près de deux siècles, a-t-il souligné. Il faut rappeler que la population britannique de ces îles et ses descendants ont été introduits lors d’une colonisation illégale, a-t-il poursuivi, assurant que les Malvinas font partie du territoire national argentin. « Nous exhortons le Royaume-Uni à mettre un terme aux actes unilatéraux d’exploitation des ressources naturelles, et à s’abstenir de promouvoir des manœuvres militaires dans la zone ». Rappelant que l’Atlantique Sud est une zone de paix et de coopération, la délégation a estimé que la reprise des négociations entre les deux pays est le seul moyen viable de régler cette question.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica), sur la décolonisation, a dit s’associer à la déclaration faite par la délégation du Mexique au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et du Guatemala au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA). Elle a réitéré sa position ferme sur les droits souverains légitimes de la République argentine sur les îles Malvinas, demandant avec véhémence aux Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni de reprendre, dès que possible, les négociations en vue de trouver une solution pacifique et définitive au différend. Sur le Sahara occidental, elle a préconisé une solution politique, juste, durable et acceptable pour toutes les parties sur la base des résolutions de l’Assemblée générale régissant le processus de décolonisation.
Mme Chan a en outre expliqué que l’accès à une information fiable et indépendante était, plus qu’un droit humain fondamental, une nécessité. La pandémie s’est accompagnée d’une hausse des discours de haine, de la désinformation et des fausses informations mettant en danger la santé et le bien-être de millions de personnes, a-t-elle encore signifié. Elle a également reconnu la valeur du multilinguisme en tant que valeur fondamentale du travail de l’Organisation, et noté l’importance d’éliminer la disparité dans l’utilisation de l’anglais et des cinq autres langues officielles, en veillant à ce que toutes les langues officielles soient traitées de manière proportionnelle et équitable.
Sur le maintien de la paix, la représentante a expliqué que le succès des missions de maintien de la paix passait par, entre autres, un équilibre entre les mandats et les ressources opérationnelles fournies par les États ainsi qu’une communauté internationale qui apporte un soutien accru en recourant à la médiation. Concernant l’espace extra-atmosphérique, elle a signifié qu’il devrait être utilisé de manière rationnelle, à des fins exclusivement pacifiques, dans l’intérêt collectif de tous. Enfin, Mme Chan a conclu en revenant sur l’Université pour la paix, institution basée à San José, qui fêtait ses 41 ans de service dans la formation des actuels et futurs soldats de la paix. Investir dans l’éducation plutôt que dans les dépenses militaires fait une différence positive, a-t-elle insisté, soulignant que, pour parvenir à une paix durable, des valeurs positives doivent être inculquées par l’éducation, telles que l’acceptation, la tolérance et le respect mutuel.
M. SALIM SALIM (Kenya) a déclaré que son pays reste attaché à l’élimination complète et immédiate du colonialisme sous toutes ses formes. Abordant la question du Sahara occidental, il a réaffirmé le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Le Kenya a également réaffirmé sa ferme conviction qu’une solution durable à la question palestinienne ne pourra être obtenue que par la création d’un État palestinien vivant côte à côte dans la paix et la sécurité avec Israël, à l’intérieur de frontières mutuellement convenues. Le représentant a regretté que les difficultés financières de l’UNRWA continuent de s’aggraver, en particulier en pleine pandémie, soulignant que l’Office fournit une aide humanitaire précieuse et des services essentiels en matière de santé et d’éducation aux réfugiés palestiniens au Moyen-Orient. Dès lors, il a appelé la communauté internationale et les autres parties prenantes à continuer de soutenir les populations vulnérables.
Passant à la question du maintien de la paix, le représentant a mis en exergue la nature changeante des menaces auxquelles sont confrontées les opérations, plaidant pour une meilleure compréhension de leur environnement opérationnel. Le partenariat stratégique avec les mécanismes de sécurité régionaux offre à cet égard une excellente fenêtre pour répondre à la plupart des besoins sécuritaires, a-t-il fait valoir, en ajoutant que les solutions qui ignorent les préoccupations des instances régionales risquent de devenir contre-productives. Le Kenya soutient l’initiative du Secrétaire général pour le maintien de la paix (A4P) et A4P+ et toutes ses dispositions, y compris en termes de performance et de responsabilisation des Casques bleus et d’augmentation du nombre de femmes à tous les niveaux.
En partenariat avec d’autres États Membres tels que l’Allemagne, le Japon, la Corée et la Suisse, dans le cadre du projet de partenariat triangulaire, le Kenya continue de soutenir le maintien de la paix en formant des soldats de la paix dans divers domaines, a indiqué son représentant. Compte tenu de la menace toujours croissante posée par les engins explosifs improvisés (EEI), le Kenya a renforcé sa capacité de formation pour détecter, identifier et vaincre ces armes, en plus d’autres formations en ingénierie. En effet, l’École de soutien humanitaire à la paix (HPSS), du Kenya, a récemment suivi un processus de reconnaissance par les Services intégrés des Nations Unies (ITS) et le Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS) en tant qu’institution de lutte contre les EEI, la première du genre au monde. M. Kimani s’est dit convaincu que l’école recevra un certificat de reconnaissance en temps opportun.
M. YASSI MAXIMIN BROU (Côte d’Ivoire) a apporté son soutien au caractère exclusivement onusien du processus politique engagé concernant le Sahara occidental, qui est le cadre idéal pour parvenir à une solution politique, réaliste, pragmatique, comme le recommandent les 17 résolutions du Conseil de sécurité adoptées depuis 2007. Un règlement politique juste et durable de ce différend régional est vital, non seulement pour la stabilité et la sécurité du Sahel, mais également pour le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe. Il a félicité le Maroc pour son initiative de large autonomie du Sahara, visant à parvenir à une solution politique négociée et mutuellement acceptable. Il a de plus noté avec satisfaction la participation massive de la population du Sahara aux élections générales organisées le 8 septembre 2021, ainsi que le modèle de développement des provinces du Sud, axé sur d’importants projets d’investissement, lancé en 2015 par le Maroc.
« Un environnement régional sécuritaire stable est absolument nécessaire à la poursuite des négociations dans le cadre du processus politique », a plaidé le représentant. Toutefois, il a déploré les évènements dans la zone de Guerguerate et salué l’attachement du Maroc au cessez-le-feu en vue d’assurer la libre circulation dans le passage de Guerguerate. Par ailleurs, le représentant a souligné le rôle capital des missions politiques spéciales dans la prévention et le règlement pacifique des conflits ainsi que dans la consolidation et la pérennisation de la paix et a encouragé les missions politiques spéciales à leur accorder, à part égale, la place qu’elles méritent. En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, il s’est félicité de la nouvelle vision de l’Initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général de l’ONU.
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a regretté que les 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Commission n’aient toujours pas pu exercer leur droit à l’autodétermination. En ce qui concerne le Sahara occidental, elle a exhorté la communauté internationale à faire en sorte que le referendum attendu depuis longtemps par le peuple sahraoui puisse enfin avoir lieu. Elle a saisi cette occasion pour appeler les deux parties à ce différend à rigoureusement respecter l’accord de cessez-le-feu et à éviter toute escalade des tensions. L’Afrique du Sud a salué la récente nomination de M. Stefan de Mistura au poste d’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, souhaitant que sous sa direction le dialogue sera relancé entre les parties, ouvrant la voie à une solution politique négociée juste, durable et mutuellement acceptable. Concernant le mandat de la MINURSO qui doit être renouvelé la semaine prochaine, le représentant a estimé qu’il est vital que le Conseil de sécurité examine les développements sur le terrain et maintienne son impartialité, sa neutralité et son indépendance.
L’Afrique du Sud a également saisi cette occasion pour réaffirmer son soutien au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la fin de l’occupation. Elle soutient depuis longtemps le droit de la Palestine à un État indépendant et viable vivant côte à côte avec l’État d’Israël, et avec Jérusalem-Est comme capitale, a rappelé son représentant, sur la base des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Cependant, des décennies d’agression ont rendu improbable cette solution internationalement reconnue, a regretté le représentant en appelant la communauté internationale à mettre fin à l’impunité.
Passant au maintien de la paix, l’Afrique du Sud a apporté son soutien à l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus pour relever les défis systématiques auxquels les opérations de maintien de la paix sont confrontées. En tant que pays contributeur de troupes et de police, l’Afrique du Sud est consciente que les soldats de la paix sont déployés dans des environnements politiques et sécuritaires en détérioration et complexes, qu’ils sont confrontés à des menaces asymétriques et qu’ils sont de plus en plus la cible d’attaques. Alors que les défis s’accumulent, il faut s’engager à renforcer la protection des soldats de la paix et à la promouvoir en tant qu’effort partagé conformément à l’Action pour le maintien de la paix Plus a fait valoir le représentant. C’est dans ce contexte que la délégation a salué l’adoption de la résolution 2518 du Conseil de sécurité, qui donne la priorité aux questions de sûreté et de sécurité des soldats de la paix. L’Afrique du Sud a dit attendre de participer à la prochaine réunion ministérielle sur le maintien de la paix à Séoul en décembre 2021.
Alors que les opérations de paix sont réduites en raison de coupes budgétaires, la délégation a espéré que cela n’aurait pas d’impact négatif sur les missions politiques spéciales, parce que cela affecterait les gains réalisés jusqu’à présent par ces missions, en particulier en ce qui concerne la prévention des conflits, la consolidation de la paix et le maintien de la paix. Elle a donc insisté sur la nécessité d’assurer la prévisibilité et la transparence des fonds dédiés aux missions politiques spéciales, en faisant valoir que l’ONU devrait investir davantage dans les efforts de prévention et de règlement des conflits.
M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a souligné la nécessité d’avoir des mécanismes multilatéraux pour éliminer le fléau du colonialisme que certains territoires connaissent encore. Évoquant la situation de Porto Rico, le représentant a rappelé que cette question était examinée par le Comité spécial de la décolonisation depuis plus de 40 ans, notant qu’en juin dernier, une résolution reconnaissant le droit du peuple de Porto Rico à son indépendance avait été adoptée. Ce territoire s’est vu imposer un statut de « libre-associé » afin de masquer le colonialisme régnant sur l’île, a-t-il dénoncé, assurant que même les États-Unis avaient reconnu la soumission de Porto Rico à leur pays.
La délégation a également défendu le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination, prônant un règlement politique mutuellement acceptable entre les parties. Par ailleurs, nous soutenons le droit légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnementaux, a appuyé le représentant. Il a appelé à une solution négociée, juste et définitive dans les plus brefs délais.
L’engagement et la solidarité de Cuba en faveur des peuples et territoires non autonomes se sont manifestés au fil des ans, a-t-il ensuite fait remarquer. Plus de 2 700 boursiers venant de ces territoires ont décroché un diplôme à Cuba, a-t-il relevé. Évoquant la situation en Palestine, Cuba a dénoncé entre autres l’action unilatérale des États-Unis reconnaissant Jérusalem comme capitale israélienne ou encore de reconnaître la souveraineté israélienne sur le Golan syrien. Nous prônons une solution des deux États, a-t-il rappelé, permettant aux Palestiniens de disposer d’un État libre, indépendant et souverain.
La délégation cubaine a ensuite réaffirmé le rôle déterminant de l’Assemblée générale en ce qui concerne les missions politiques spéciales, récemment mandatées par le Conseil de sécurité, afin de tenir compte des particularités de chaque État Membre dans le cadre d’un exercice pleinement démocratique. Soulignant le rôle du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, Cuba a estimé que ces opérations doivent avoir un mandat et des objectifs concrets, avec des actions guidées par l’impartialité et le non-emploi de la force, sauf en cas de légitime défense. Par ailleurs, les nouvelles technologies doivent être accessibles pour tous les pays, sans discriminations, a mis en exergue le représentant cubain. Or, il est impossible d’avancer dans ce domaine lorsque certains pays sont visés par des mesures unilatérales coercitives, a-t-il appuyé, faisant référence au blocus imposé par les États-Unis à Cuba. La délégation a rejeté l’agression américaine permanente sur les télévisions et radios visant Cuba.
M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne), procédant à un rappel historique, a souligné que Gibraltar avait été occupé militairement par le Royaume-Uni en 1704 et que le Traité d’Utrecht de 1713 avait contraint l’Espagne à le céder à la Couronne britannique. Mais à l’époque, a-t-il déclaré, l’Espagne n’a cédé que la ville et le château de Gibraltar, ainsi que son port, ses défenses et sa forteresse et non les espaces adjacents à Gibraltar que le Royaume-Uni a depuis occupés. La colonisation de Gibraltar est un cas de violation de l’intégrité territoriale et d’occupation illégitime. Notre priorité est de mettre fin à la situation coloniale de Gibraltar, conformément à la doctrine de l’ONU, au profit des habitants de la région, a-t-il déclaré. Depuis plus d’un demi-siècle, l’Assemblée générale et cette Commission réitèrent au Royaume-Uni et à l’Espagne la nécessité d’engager des négociations pour mettre fin à la situation coloniale à Gibraltar. Or, le droit international, la doctrine des Nations Unies soutiennent la position espagnole depuis plus de 50 ans. Malheureusement, la Puissance administrante de Gibraltar a ignoré la doctrine de l’Organisation, a déploré la délégation. Dans le cadre de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, l’Espagne et le Royaume-Uni ont négocié des accords bilatéraux qui n’impliquent en rien une modification de la position juridique de l’Espagne vis-à-vis de Gibraltar, a poursuivi le représentant. Il a réaffirmé sa volonté de parvenir à un accord avec le Royaume-Uni pour la mise en œuvre d’un nouveau schéma de coopération régionale.
Par ailleurs, le représentant a félicité Melissa Fleming et le Département de la communication globale pour leur travail face aux défis de communication posés par la crise sanitaire et dans la lutte contre la désinformation. Il a encouragé le Département à combler l’écart entre la demande et l’offre de contenus en espagnol en continuant à observer avec inquiétude la tendance au monolinguisme, accentuée par la pandémie et le travail à distance. Il a réaffirmé que le multilinguisme est la base de l’inclusion, de l’efficacité et de la transparence de l’Organisation.
Pour M. MOHAMMAD ALI JARDALI (Liban), les opérations de maintien de la paix continuent de jouer un rôle primordial et restent un outil efficace de la communauté internationale pour atténuer les crises régionales et freiner l’évolution des tensions. Réitérant son soutien aux recommandations et initiatives du Secrétaire général à cet égard, en particulier l’A4P et le plan d’action A4P+, M. Jardali a dit attendre avec impatience la prochaine Conférence ministérielle de Séoul sur le maintien de la paix des Nations Unies en décembre. Ce sera l’occasion pour les États membres de prendre des engagements et de faire des promesses concrètes pour relever les différents défis auxquels sont confrontées les opérations de paix. Il a également mis l’accent sur l’importance d’assurer une meilleure représentation des femmes dans la configuration des missions.
Par sa résolution 2591 (2021), le Conseil de sécurité a autorisé la FINUL à prendre des mesures temporaires et spéciales pour soutenir et assister l’Armée libanaise en leur fournissant un soutien matériel et logistique non létal supplémentaire, en raison de la crise économique que traverse le Liban, a rappelé le représentant. Ces dispositions sont très opportunes et nécessaires et accentuent encore le rôle important que joue la FINUL au Liban, a-t-il souligné.
Passant à l’UNRWA, M. Jardali n’a pas hésité à dire que l’Office fait un « travail spectaculaire » dans ses zones d’opérations depuis des décennies. L’UNRWA est encore plus nécessaire actuellement en raison de la détérioration des conditions socioéconomiques et de l’instabilité dans la région qui sont aggravées par la pandémie de COVID-19 et l’instabilité, a fait valoir la délégation. Que ce soit en Palestine, au Liban, en Jordanie ou en Syrie, les réfugiés palestiniens dépendent de plus en plus de l’UNRWA pour les services de base et l’éducation, a-t-il remarqué, estimant que pour répondre à ces besoins croissants, il faut assurer un financement prévisible et stable du budget-programme de l’UNRWA. Il en va de la responsabilité de la communauté internationale de veiller au maintien des services de l’Office, a-t-il fait valoir, en appelant à lui fournir des contributions soutenues et pluriannuelles. Actuellement, l’UNRWA manque de fonds pour fonctionner en novembre et décembre, s’est-il alarmé, et souffre d’un déficit de 15 millions de dollars pour assurer le bon fonctionnement de ses services durant le mois d’octobre, s’est inquiétée la délégation. Saluant les préparatifs en vue de la tenue d’une conférence internationale coprésidée par la Jordanie et la Suède en novembre 2021 en soutien à l’UNRWA, le Liban s’est également félicité du retour des États-Unis cette année en tant que partenaire et donateur de l’Office et a encouragé les autres donateurs à augmenter leurs contributions financières. La délégation a rejeté les attaques politiquement motivées contre l’UNRWA qui visent à le délégitimer, rappelant que l’Office avait prouvé à maintes reprises son engagement envers les normes les plus élevées de gouvernance, de responsabilité, de gestion et de transparence attendues par une agence des Nations Unies, a tranché M. Jardali.
M. FEDA ABDELHADY-NASSER, observateur de l’État de Palestine, a réaffirmé sa gratitude envers la communauté internationale pour la solidarité de principe qui continue d’être accordée au peuple palestinien, notamment par un soutien politique et financier de longue date à l’UNRWA. Pour le peuple et les dirigeants palestiniens, a-t-il expliqué, l’Office et le soutien international dont il bénéficie restent une priorité absolue, en l’attente d’une solution juste à la question des réfugiés palestiniens, basée sur le droit international et la résolution 194 (III) de l’Assemblée générale. Il a également insisté sur le fait que les services éducatifs, de santé, de secours, de protection sociale et d’aide d’urgence fournis par l’UNRWA continuaient non seulement à faire une différence tangible et positive dans la vie de millions d’enfants, de femmes et d’hommes, mais constituaient pour beaucoup une bouée de sauvetage dont ils ne pouvaient se passer. Ce que nous recherchons en définitive pour nos réfugiés, c’est la justice, et non une aide internationale sans fin, a-t-il précisé. Nous continuons également à penser qu’un soutien budgétaire supplémentaire de la part de l’ONU pour remédier au sous-financement structurel de l’UNRWA et couvrir les coûts de fonctionnement essentiels devrait être sérieusement envisagé, a-t-il encore insisté.
Il a poursuivi en mentionnant les pratiques et implantations israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés. L’obstruction par la Puissance occupante de l’entrée des titulaires de mandat, y compris le Comité spécial et le Rapporteur spécial, et les calomnies à leur encontre ne peuvent dissimuler les violations, qui constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et l’apartheid, des conclusions largement partagées par la communauté internationale. Il a mentionné que l’occupation israélienne n’est imposée qu’au moyen d’un recours systématique à la force et aux violations graves et systématiques du droit international, ce qui la rend manifestement illégale. Mettre fin à l’occupation signifie mettre un terme à la colonisation et à l’annexion par Israël de la Palestine occupée, y compris Jérusalem-Est, qui se poursuivent sans relâche, a-t-il encore insisté. Tout cela est illégal, immoral et constitue un affront à l’ordre international fondé sur des règles et doit cesser, a déploré la Palestine. Les appels répétés de la communauté internationale en faveur de la fin de l’occupation israélienne qui a débuté en 1967 et de la réalisation par le peuple palestinien de ses droits inaliénables, notamment à l’autodétermination et à l’indépendance dans son État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, vivant côte à côte avec l’État d’Israël, doivent être respectés et mis en œuvre, a-t-il conclu.
M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a souligné le besoin de renforcer les technologies afin de développer l’utilisation du nucléaire à des fins pacifiques. Actuellement, la Sri Lanka utilise l’uranium à des fins agricoles et médicales, a-t-il souligné, ajoutant qu’un centre d’appui avait été créé en 1970 afin de contribuer notamment aux installations de stockage de matière nucléaire. Dans ce contexte, l’influence croissante des technologies a engendré de nouveaux défis pour les questions sécuritaires, a relevé le représentant, affirmant son soutien aux progrès techniques et scientifiques notamment dans l’espace extra-atmosphérique. Nous sommes attachés à la protection de l’espace en tant que bien commun, a-t-il ajouté.
Évoquant ensuite le déminage, le représentant a souligné la menace mondiale que constituent les mines se trouvant dans les mains d’acteurs non étatiques. La Sri Lanka s’est enorgueillie d’avoir 90% des mines enlevées de son territoire par les forces armées du pays et s’est dite prête à partager son expérience. Enfin évoquant la question du maintien de la paix, la délégation a rappelé que les troupes sri-lankaises étaient présentes en RCA, au Soudan du Sud et au Mali, ajoutant avoir contribué à des missions complexes. Il est plus nécessaire que jamais de mettre au point des réponses multilatérales, compte tenu des limites de législations nationales, pour faire face aux menaces mondiales, a conclu le représentant.
M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a regretté qu’il reste 17 territoires non autonomes qui n’exercent pas encore le droit à l’autodétermination, jugeant indispensable la mise en œuvre de la Déclaration de la décolonisation. À cette fin, il a appelé les puissances administrantes à coopérer avec le Comité spécial de la décolonisation. Selon lui, la fonction de contrôle du Comité spécial doit être renforcée afin d’aider ces territoires. Il a émis l’espoir que la troisième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme verrait l’élimination complète du colonialisme. M. Kassaye a soutenu le droit inaliénable du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination et réaffirmé l’urgence de parvenir à une solution juste, durable, globale et pacifique au conflit israélo-palestinien. Il a exhorté toutes les parties à reprendre les pourparlers sur la solution des deux États sur la base des frontières d’avant 1967, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.
Par ailleurs, l’Éthiopie a jugé crucial de renforcer la coopération internationale en matière d’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique. Des mesures urgentes sont nécessaires pour prévenir et remédier aux dommages causés par les débris spatiaux. En outre, il a souligné que l’Éthiopie et de nombreux autres pays d’Afrique sont à un stade précoce du développement de capacités nationales d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. Or, il est impératif d’utiliser l’espace extra-atmosphérique pour soutenir nos efforts de croissance et de développement, a-t-il plaidé, tout en appelant au renforcement de la coopération internationale dans ce domaine.
Enfin, concernant le maintien de la paix, le représentant a souscrit à l’appel pour l’affectation de ressources adéquates aux missions de maintien de la paix. M. Kassaye a insisté par ailleurs sur la synergie entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité pour une efficacité renforcée des missions de maintien de la paix.
Droits de réponse
Le Royaume-Uni est intervenu pour réaffirmer sa souveraineté sur Gibraltar avant de rappeler que le peuple de Gibraltar jouit du droit à l’autodétermination et que sa nouvelle Constitution prévoit une relation moderne avec le Royaume-Uni. Londres n’a pas l’intention de se lancer dans une négociation sur la souveraineté de Gibraltar, a expliqué la délégation, qui a regretté que l’Espagne se soit retirée des pourparlers dans le cadre du Forum tripartite en 2011. Pour le Royaume-Uni, il s’agit du seul cadre approprié de pourparlers, a-t-il précisé, en réfutant les allégations selon lesquelles il occuperait illégalement l’île et ses eaux territoriales.
Le Royaume-Uni a également revendiqué à nouveau sa souveraineté sur les Îles Falkland, rappelant que ses habitants ont librement déterminé leur statut politique lors du référendum de 2013, qui a confirmé que 98% d’entre eux ne désirent pas changer le statut de l’archipel.
L’Inde a réagi aux propos du Pakistan, lui reprochant d’avoir diffusé la désinformation et la haine. En tant que « pôle reconnu du terrorisme », le Pakistan est l’acteur le plus déstabilisateur au monde aujourd’hui, a souligné la délégation, qui a qualifié ses affirmations de futiles et de fausses au sujet du Jammu-et-Cachemire « qui est un territoire qui fait intégralement partie de l’Inde ». Elle a sommé le Pakistan de libérer les zones de ce territoire qu’il occupe illégalement.
Israël a déclaré être chaque année plein d’espoir que le débat soit plus équilibré mais ce n’est toujours pas le cas, ce qui sape la légitimité de tous les soutiens palestiniens. Elle a déploré la diffusion d’informations biaisées contre Israël, qui ne fait que renforcer la position de rejet de la Palestine et prolonge le problème. Cette position est d’ailleurs tempérée par la situation positive de cette année écoulée avec notamment les Accords d’Abraham, selon la délégation. Elle a poursuivi en expliquant qu’Israël avait prouvé à maintes reprises être ouvert à la paix, condamnant la terreur semée par le Hezbollah avec l’appui de l’Iran au Liban, pays qu’Israël, aux côtés de la FINUL, continue de surveiller.
L’Espagne est revenue sur la situation de Gibraltar et a déploré la colonisation du Royaume-Uni qui détruit l’intégrité territoriale de l’Espagne. La délégation est revenue sur la résolution de l’ONU spécifiant que seule une négociation bilatérale est viable, revendiquant le droit à l’autodétermination de Gibraltar. Elle a rejeté toutes les tentatives de la Puissance administrante à prétendre qu’il n’existait pas de colonisation. Puis l’Espagne a affirmé subir la colonisation sur son territoire, insistant sur la disposition du pays à trouver un accord pour un nouveau dispositif de coopération régionale. Elle a conclu en expliquant que les droits des habitants de Gibraltar seraient toujours défendus par le Gouvernement espagnol.
L’Argentine a remercié ceux qui ont soutenu sa souveraineté sur les îles Malvinas. Elle a rappelé qu’elles font partie intégrante de son territoire national et l’objet d’un différend de souveraineté avec le Royaume-Uni à la suite de son occupation illégale, comme cela a été reconnu par l'Assemblée générale et le Comité de la décolonisation. La CIJ a été claire en ce qui concerne le rôle de l’Assemblée générale et de ce Comité et de leurs résolutions. Le Royaume-Uni refuse pourtant toujours de respecter ces résolutions, a constaté le représentant, alors que tous les États Membres ont pour obligation de régler pacifiquement les différends et de négocier de bonne foi. L’Argentine a également réitéré que le principe de l’autodétermination ne s’applique pas à ce cas de décolonisation, comme cela a été confirmé par la CIJ. Elle a donc réaffirmé ses droits légitimes sur ces îles et les espaces avoisinants.
Le Pakistan a répondu aux commentaires de l’Inde en affirmant que le territoire du Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie intégrante de l’Inde, estimant que soulever la question de son occupation par l’Inde devant cette Commission « n’est pas une perte de temps ». Le Conseil de sécurité a reconnu le Jammu-et-Cachemire comme territoire contesté dont le sort doit être décidé aux termes d’un plébiscite libre et impartial, a rappelé le Pakistan en soulignant que les résolutions du Conseil de sécurité ont été acceptées tant par l’Inde que par le Pakistan et qu’elles sont juridiquement contraignantes. En outre, le Pakistan a invité l’Inde à s’interroger sur les raisons de la résistance dans ce territoire, regrettant que l’Inde qualifie le mouvement d’autodétermination de ce peuple comme terroriste.
L’Iran, exerçant son droit de réponse, a dénoncé les violations flagrantes du droit international par le régime israélien. Les Palestiniens sont privés de leurs terres, de leurs biens et expulsés de force, a-t-il appuyé. En outre, malgré les difficultés actuelles liées à la pandémie de COVID-19, le « régime » israélien continue d’exploiter la situation pour asseoir son occupation militaire, a-t-il accusé. Il a également dénoncé un blocus inhumain contre la bande de Gaza. De même, l’occupation du territoire sur le Golan syrien et une partie du Liban menace gravement la paix et la sécurité dans la région et au-delà. La délégation a donc appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à se montrer vigilants face à ces politiques déstabilisatrices. Nous espérons que ce pays pourra être tenu responsable pour ses pratiques illicites et inhumaines, a-t-il lancé en conclusion.
Le Royaume-Uni, exerçant son deuxième droit de réponse, a rejeté les remarques de l’Espagne et l’Argentine. Gibraltar constitue une démocratie dynamique et le Royaume-Uni réfute les allégations d’occupation de l’isthme de façon illégale. Nous continuerons de maintenir notre souveraineté, a affirmé la délégation. Quant aux Iles Falkland, la délégation a rappelé qu’avant 1830, il n’y avait pas de population autochtone et civile. Des vagues migratoires essentiellement en provenance de l’Europe sont arrivées depuis 1833 et des familles vivent maintenant sur place depuis des générations, a-t-il souligné.
L’Espagne a déclaré que l’île de Gibraltar avait été occupée sans titre depuis le début de son histoire.
L’Argentine a déploré l’interprétation erronée des faits postérieurs à 1833 pour justifier une usurpation illégale des îles Malvinas. Elle a signifié que les principes d’autodétermination ne s’appliquaient pas à l’archipel, que ce n’était pas un droit absolu et que ses limites se heurtaient au droit à l’intégrité territoriale.