En cours au Siège de l'ONU

Soixante-seizième session,
7e séance plénière – après-midi
CPSD/734

Quatrième Commission: la Secrétaire générale adjointe à la communication globale présente l’action du DCG contre l’« infodémie mondiale » autour de la COVID-19

La Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, a dressé cet après-midi devant la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de décolonisation) un bilan de l’action du Département (DCG) qu’elle dirige.  Action qui s’articule autour de la stratégie de communication globale des Nations Unies, laquelle a permis d’adopter une approche axée sur les données empiriques afin de sensibiliser le public, de « susciter de l’empathie » et de mobiliser l’ONU dans des circonstances aussi difficiles que celles posées par la pandémie de COVID-19.

Tout au long de 2021, l’ONU, en coopération avec les États Membres, a poursuivi ses efforts pour tenter d’enrayer la propagation du coronavirus et atténuer ses impacts catastrophiques.  Pour Mme Fleming, qui s’est exprimée aujourd’hui par visioconférence, l’un des plus insidieux a été le début d’une « infodémie » mondiale, d’abord autour de la COVID-19 elle-même et désormais de plus en plus autour de la vaccination.  Dans un monde plus connecté que jamais, la désinformation et la mésinformation peuvent se propager à une vitesse fulgurante, a mis en garde la haute fonctionnaire, en soulignant que la portée de ces deux maux ne se limite pas à une langue, un pays ou un groupe démographique en particulier.  Les enjeux ne sauraient être plus considérables parce que ce type de mensonges peut, face à une pandémie, faire la différence entre la vie et la mort, a-t-elle ajouté.

Or, le défi de la désinformation est aussi colossal que les ressources disponibles pour y faire face minimes, a déploré la Secrétaire générale adjointe.  Problème qui ne se limite pas à la pandémie, puisqu’il touche de nombreux autres sujets, en particulier dans les pays en proie à des conflits ou dans lesquels des groupes minoritaires ont été la cible de discours haineux.  C’est la raison pour laquelle le DCG est sur le point de mettre en place une capacité dédiée à la fois à suivre et à contrecarrer la désinformation sur un large éventail de sujets, a-t-elle annoncé.

La bonne nouvelle, selon elle, est que le Département a identifié un moyen de faire échec aux fausses informations et récits: son initiative Verified, lancée en 2020 en partenariat avec l’agence d’impact social Purpose, offre un modèle déclinable pour créer et distribuer à grande échelle des contenus numériques partageables, adaptés à un public national ou local donné.  Le DCG mise également sur les partenariats, notamment avec les « géants de la technologie » pour lutter contre la propagation de la désinformation.  À titre d’exemple, il a été convenu avec Google qu’à chaque fois que les internautes effectuent une recherche à partir des mots-clefs « changements climatiques », les premiers résultats renvoient systématiquement aux contenus de l’ONU.

Les résultats de la stratégie sont clairs, s’est réjouie la Secrétaire générale adjointe.  La chaîne YouTube de l’ONU a connu une croissance d’audience de 150% au cours de l’année écoulée et compte maintenant environ deux millions d’abonnés, alors que la partie consacrée à l’action climatique du site Web de l’ONU a engrangé 260 000 vues rien qu’au cours du seul mois d’août.  Mme Fleming a aussi évoqué le succès du podcast Awake at Night, qui compte plus de 3,1 millions de téléchargements jusqu’en juillet 2021.  Elle a ensuite fait part du succès rencontré par la participation du groupe de musique coréen BTS à la communication de l’ONU sur les objectifs de développement durable, au moment du lancement de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale cette année.  En effet, le groupe a enregistré une vidéo au Siège de l’ONU et participé à un entretien télévisé avec Mme Fleming, occasion pour l’ONU de toucher un vaste public jeune qui ne connaissait pas le Programme à l’horizon 2030.  « Les chiffres sont extraordinaires », s’est félicitée Mme Fleming, puisque le clip  de BTS a été visionné à plus de 31 millions de reprises et le « Moment ODD » lui-même à au moins 6,6 millions.

À la lumière de ces acquis, la Secrétaire générale adjointe a expliqué que la communication de l’ONU est guidée par une approche systématique et stratégique donnant la priorité à la planification préalable afin d’identifier les meilleurs moments et opportunités pour avoir un impact auprès des publics ciblés.  Une cellule dédiée dirige cet effort, coordonnant l’action à la fois au sein du Département et au-delà, pour garantir une planification rationalisée, tout au long de l’année et pendant les périodes cruciales telles que la semaine de haut niveau le mois dernier. 

Le Recteur de l’Université pour la paix (UPEACE), M. Francisco Rojas Aravena, a également pris la parole cet après-midi, pour faire un exposé devant la Commission sur ce point triennal de son ordre du jour.  C’était l’occasion pour lui de faire le point sur la mission de l’Université dans un monde incertain et inégalitaire, « où il y a ce besoin bien réel de former des leaders pour la paix ».  À l’échelle mondiale, le protectionnisme, le nationalisme et les tensions commerciales sont en hausse, ainsi que l’autoritarisme et l’émergence d’un « populisme messianique » qui jettent un discrédit sur la démocratie, a-t-il relevé.  Des faiblesses qui augurent de l’émergence de conflits nouveaux et profonds, a présagé M. Aravena.  C’est pourquoi former des leaders pour la paix, capables de comprendre les racines profondes des conflits et intégrant des connaissances dans les domaines de la négociation, de la médiation et de la prévention, peut selon lui jeter les bases d’une coopération efficace pour un monde harmonieux et meilleur.

La Commission a également entendu un exposé de la Directrice par intérim du Service de la lutte antimines, Mme Ilene Cohn, un point de son ordre du jour qui revient une année sur deux.  Les trois exposés de cet après-midi ont été suivis d’un bref débat interactif entre les États Membres et les trois hauts fonctionnaires de l’ONU.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra le lundi 18 octobre, à partir de 15 heures.

UNIVERSITÉ POUR LA PAIX (A/76/259)

Déclaration liminaire

M. FRANCISCO ROJAS ARAVENA, Recteur de l’Université pour la paix, a présenté le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur les travaux de l’Université pour la paix (UPEACE) 2018-2021, une entité universitaire internationale créée par l’Assemblée.  Dans un monde incertain et inégalitaire, il y a ce besoin de former des leaders pour la paix, a-t-il souligné, expliquant que pendant la pandémie, l’Université pour la paix a continué à mener à bien ses travaux, avec des étudiants sur le campus central et dans les différents sièges régionaux, ainsi que des étudiants en ligne dans différentes parties du monde.

À l’échelle mondiale, le protectionnisme, le nationalisme et les tensions commerciales sont en hausse, ainsi que l’autoritarisme et l’émergence d’un « populisme messianique » qui jettent un discrédit sur la démocratie.  Ces faiblesses augurent de l’émergence de conflits nouveaux et profonds, a déploré M. Aravena.  C’est pourquoi former des leaders pour la paix, capables de comprendre les racines profondes des conflits et intégrant des connaissances dans les domaines de la négociation, de la médiation et de la prévention, peut jeter les bases d’une coopération efficace pour un monde harmonieux et meilleur.

Se voulant concret, le Recteur a déclaré que UPEACE forme des leaders pour la paix dans tous les pays, de la Chine à l’Amérique centrale, du Costa Rica à la Somalie, en passant par les Balkans et l’Asie du Sud-Est, remplissant ainsi la mission que lui a confiée l’Assemblée générale des Nations Unies en 1980 dans sa résolution 35/55.  Les programmes conjoints avec l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (UNICRI) connaissent un grand succès, tout comme le Programme traditionnel de bourses d’études pour les artisans de la paix en Asie (APS).  Les neuf programmes de maîtrise et de doctorat ont été rendus possibles grâce au soutien d’institutions philanthropiques et d’entités gouvernementales spécialisées, a-t-il souligné.  Au Moyen-Orient et dans le monde arabe, des accords de coopération avec différentes écoles diplomatiques ont permis d’entreprendre des actions, a fait observer le Recteur.  L’Université pour la paix a initié un master spécialisé en « Religion, Culture et études de la Paix », avec des étudiants issus de la Ligue mondiale musulmane, du Vatican et du Congrès juif mondial, ainsi que de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  En Afrique, l’Université pour la paix a ouvert son siège en Somalie.  Dans les Amériques, des cours sur l’après conflit en Colombie ont été développés et au Costa Rica, un programme spécial de formation des journalistes, entre autres actions, a-t-il encore fait valoir.  Au total, ce sont plus de 3 800 diplômés qui sont présents dans une centaine de pays et contribuent aux valeurs de l’ONU, dont plus de 65% de femmes.  En outre, 125 000 personnes ont suivi nos formations et programmes diplômants à travers le monde.  « Si nous voulons la paix, nous devons œuvrer à la paix », a conclu M. Aravena.

Dialogue interactif

Prenant la parole, le Costa Rica a loué la créativité dont le Recteur de l’Université pour la paix (UPEACE) a fait preuve ces deux dernières années en dépit de circonstances difficiles.  Le travail exemplaire de cette institution se reflète dans l’élargissement constant de son offre, comme les nouveaux programmes de maîtrise, relatifs à l’études des religions, à la culture de la paix, ou encore à l’écologie.  En tant que siège de l’UPEACE, le Costa Rica collabore et partage complétement ses idéaux, a-t-il assuré, avant de saluer la gestion de l’établissement, que ce soit en matière de financement ou de nouveaux programmes.  Nous sommes d’accord quant à l’idée de renforcer le dialogue et le multilatéralisme, a ajouté le Costa Rica, en reconnaissant qu’il s’agit de conditions de la paix.  L’éducation est le moyen de transformer la réalité.  Il a invité les États Membres à se porter coauteurs de la résolution triennale présentée par le Costa Rica à la Quatrième Commission.

Les Philippines ont déclaré soutenir le projet de résolution qui reconnaît l’UPEACE comme étant un centre dédié à l’éducation supérieure, la recherche et le rayonnement des connaissances avec pour objectif de promouvoir la paix.  Au cours des 40 dernières années, l’Université s’est acquittée de sa mission de contribuer aux trois piliers de l’ONU, paix, sécurité, droits de l’homme et développement, a relevé la délégation, qui a annoncé qu’elle se porterait coauteur du texte de résolution.  Selon le Secrétaire général, il faut viser le long terme pour les jeunes, car ce sont eux qui sont les plus à même de répondre aux futurs défis.  Que pensez-vous de cette observation, ont demandé les Philippines.

Répondant aux questions, le Recteur de l’Université pour la paix, M. Aravena, a déclaré que cette institution doit investir de nouveaux champs et lancer des activités de prévention.  Si nous ne pouvons changer ce qui s’est passé, nous pouvons éviter de voir les problèmes d’aujourd’hui empirer demain, qu’il s’agisse des armes nucléaires ou des changements climatiques.  Par ailleurs, a-t-il poursuivi, il est crucial de réfléchir à l’ODD 12 et à une consommation responsable, qui exige de bien comprendre ce que nous devons faire pour garantir la stabilité mondiale.  Cela passe aussi par la formation des leaders de demain, a-t-il souligné en conclusion.

Le Soudan a demandé si l’Université pour la paix avait le projet de diffuser son message en Afrique et s’il disposait de programmes spécifiques à l’Afrique et au Moyen-Orient.  Le Recteur lui a répondu que le Doyen de l’Université s’était rendu en Somalie il y a moins d’un mois pour y inaugurer le siège local de l’Université et remettre des diplômes à 75 étudiants, dont l’un est le Ministre de l’éducation.  « C’est dans l’esprit des enfants que naissent les guerres, c’est pourquoi il faut leur inculquer une culture de paix », a-t-il insisté.

ASSISTANCE À LA LUTTE ANTIMINES (A/76/283)

Déclaration liminaire

Mme ILENE COHN, Directrice par intérim du Service de la lutte antimines, a présenté le rapport du Secrétaire général sur l’assistance à la lutte antimines (A/76/283), largement inspiré des données recueillies par le biais du mécanisme de suivi et d’évaluation de la stratégie de lutte contre les mines des Nations Unies (2019-2023).  Selon le rapport, si la COVID-19 a eu un impact sérieux sur les programmes d’action antimines de l’ONU, le secteur a fait preuve de résilience et d’adaptabilité.  Le nombre de victimes causées par des incidents liés à des engins explosifs a notamment chuté de 35% entre 2019 et 2020, probablement du fait des restrictions à la mobilité et à la collecte de données relatives à la pandémie.  En effet, depuis le premier trimestre de 2021, le nombre de victimes est de nouveau similaire à celui des années prépandémiques, a expliqué la haute fonctionnaire.  La valeur des efforts de nettoyage soutenus a été documentée, a-t-elle poursuivi, comme au Laos, où les taux de mortalité ont chuté de plus de 70% entre 2010 et 2020.  En tout, ce sont 7,3 millions de personnes qui ont été sensibilisées aux risques par des interventions en face à face en 2019 et 2020, et beaucoup d’autres par des moyens à distance, tels que l’envoi de SMS.  Parmi les pratiques optimales visant à adapter l’éducation aux risques afin d’atteindre les communautés vulnérables, figurent la conception de séances de théâtre pour les enfants à Abyei, ainsi qu’une campagne pilote en langue des signes pour atteindre les enfants malentendants au Yémen.

En outre, les données du rapport indiquent une hausse du nombre de pays et de territoires disposant de cadres législatifs et de stratégies de genre pour l’action antimines, ainsi qu’une attention croissante accordée au développement des capacités locales pour assumer et maintenir l’éducation aux risques, l’enquête et les actions de dépollution.  L’assistance aux victimes a également connu une évolution positive, s’est réjouie Mme Cohn.  Davantage de pays et de territoires disposent désormais de mécanismes nationaux de coordination, et le nombre de programmes d’action contre les mines des Nations Unies est passé de 8 en 2019 à 14 en 2020.  Concrètement, les besoins des survivants en situation de handicap ont été intégrés dans l’élaboration des politiques et les réponses humanitaires en Afghanistan, en Somalie, en République démocratique populaire lao; et au Soudan, des plans d’action et des stratégies nationales pour l’inclusion du handicap et l’assistance aux victimes ont également été élaborés, souvent avec le soutien de l’ONU.  Un soutien financier plus important sera cependant nécessaire dans ce domaine, a plaidé le rapporteur.

Dialogue interactif

L’Azerbaïdjan, convaincu que le déminage est un impératif essentiel de l’assistance humanitaire, a mentionné qu’il figurait dans le rapport une formulation erronée d’un territoire de son pays.  La République islamique d’Iran a demandé la levée immédiate et complète des sanctions coercitives unilatérales frappant son pays et d’autres, lesquelles entravent l’accès de l’Iran à du matériel de déminage.  Il a demandé à la Présidente ce qui était prévu pour les aider.  Le Soudan a remercié le service de déminage et apporté son plein soutien, tandis que le Japon a souhaité entendre des exemples positifs d’opérations de déminage durant la pandémie.

Mme Cohn a déclaré qu’elle examinerait ultérieurement la question de formulation de l’Azerbaïdjan.  Elle n’a pas non plus pu répondre de manière détaillée à l’Iran, mais a déclaré que le service de déminage répondait aux demandes des coordonnateurs résidents, qu’il faisait de son mieux, et continuerait à le faire dans chaque contexte. 

Au Soudan, Mme Cohn a rappelé qu’elle s’était rendue sur place et y avait rencontré nombre de parties prenantes.  Très optimiste quant à l’engagement des autorités soudanaises, très attachées au déminage, elle est persuadée que le travail futur dans ce pays sera « très constructif ».

Enfin, répondant au Japon, Mme Cohn a dit qu’elle s’était rendue à Abyei en juin.  Elle y a été le témoin de méthodes de communication nouvelles axées sur des messages de sensibilisation aux risques: « Nous avons voulu utiliser les systèmes à distance et en présentiel, en insérant dans les messages de santé des message de sensibilisation aux risques posés par les engins explosifs », a-t-elle soulevé.  En Iraq, où l’accès au téléphone mobile est important, « nous nous sommes servis de textos ».

S’agissant de l’Afghanistan, il lui a semblé que « malheureusement, le problème des engins explosifs improvisés perdurait ».  Les événements récents ont contraint à la suspension de certaines activités, a reconnu la Directrice adjointe; mais 70% des avoirs sont encore opérationnels.  « Nous essayons de revenir dans le pays.  Le chef du déminage est de retour pour pouvoir traiter aussitôt que possible de la question des EEI », a-t-elle assuré en conclusion.

QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION (A/76/21), (A/76/278)

Déclaration liminaire

Mme MELISSA FLEMING, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, qui s’adressait par visioconférence à la Commission, s’est réjouie d’emblée de voir qu’il y avait autant de monde dans la salle.  Le fait que nous puissions nous réunir de manière aussi flexible est un corollaire de tous nos efforts pour faire en sorte que l’ONU poursuive son travail vital, a-t-elle souligné, même dans des circonstances aussi difficiles.

Dans le cas du Département de la communication globale (DCG) qu’elle dirige, le travail est façonné par la stratégie de communication globale des Nations Unies, qui a été adoptée au début de l’année dernière, juste avant que la pandémie ne devienne une crise à part entière.  Cette feuille de route, a expliqué Mme Fleming, nous a permis d’adopter une approche de la communication axée sur les données afin de sensibiliser le public, de susciter de l’empathie et de soutenir l’action des Nations Unies.  Tout au long de 2021, l’ONU, en collaboration avec les États Membres, a poursuivi ses efforts pour aider à arrêter la propagation de la COVID-19 et atténuer ses impacts catastrophiques.  Pour Mme Fleming, l’un des impacts les plus insidieux a été l’émergence d’une « infodémie » mondiale –d’abord autour du virus lui-même mais maintenant, de plus en plus, autour des vaccins également.  Dans un monde plus en ligne que jamais, nous constatons que la désinformation et la mésinformation peuvent se propager à une vitesse fulgurante, a-t-elle regretté.  La portée de ces deux maux ne se limite pas à une langue, un pays ou un groupe démographique en particulier, a remarqué Mme Fleming, pour laquelle les enjeux ne sauraient être plus grands parce que en cas de pandémie, ce genre de mensonges peut faire toute la différence entre la vie et la mort.

Le Secrétaire général l’a clairement indiqué dans le rapport qu’il a publié le mois dernier sur Notre Programme commun: « Il faut que le mensonge devienne à nouveau inacceptable ».  Dans ce document, il appelle à l’élaboration d’un code de conduite mondial pour promouvoir l’intégrité de l’information publique, a rappelé Mme Fleming.  Il appelle également au développement d’un consensus empiriquement soutenu par les faits, la science et les connaissances, tout en reconnaissant partout le droit essentiel à la liberté d’expression.  Pourtant, a déploré la haute fonctionnaire, le phénomène de la désinformation est énorme et les ressources disponibles pour y faire face minimes.  Il ne se limite pas à la pandémie de COVID-19, a-t-elle remarqué, en faisant observer qu’il englobe de nombreux autres problèmes, en particulier dans les pays en proie à des conflits ou dans lesquels des groupes minoritaires ont été la cible de discours haineux.  C’est la raison pour laquelle le DCG est sur le point de mettre en place une capacité dédiée à la fois à suivre et à contrecarrer la désinformation sur un large éventail de sujets, a annoncé Mme Fleming.  La bonne nouvelle, selon elle, est que le Département a identifié un moyen de faire échec aux fausses informations et aux faux récits.  Son initiative, Verified, mise en place l’année dernière en collaboration avec l’agence d’impact social Purpose, offre un modèle reproductible sur la façon de créer et de distribuer à grande échelle des contenus numériques partageables, adaptés et ciblés à un public national ou local. 

Au dernier décompte, plus de 2 000 contenus individuels dans plus de 60 langues ont été générés et diffusés via Verified, a relevé la Secrétaire générale adjointe.  L’impact de cette initiative est dû en grande partie aux efforts de notre réseau mondial de centres d’information des Nations Unies (CINU), a-t-elle expliqué, ainsi qu’aux efforts des responsables de la communication au sein des bureaux des coordonnateurs résidents.  Au Panama, par exemple, le CINU local a aidé à lancer une campagne numérique sur la sécurité et l’équité des vaccins qui a touché 10 millions de personnes depuis août.

Conscient du rôle significatif que jouent les « géants de la technologie » dans la propagation de la désinformation, son Département engage bon nombre de ces entreprises à prendre des mesures pour aider à lutter contre ce problème.  Google a convenu à la suite de discussions avec le DCG qu’à chaque fois que ses utilisateurs effectuent une recherche sous la notion de « changements climatiques », les premiers liens qui apparaissent seront en relation avec des contenus de l’ONU.  Cette mesure existe en anglais, français et espagnol ce mois-ci, « à temps pour la COP26 à Glasgow », s’est félicitée la Secrétaire générale adjointe, en annonçant que d’autres langues suivront.  Elle a salué la résolution adoptée par les États Membres qui reconnaît les efforts de son Département dans le contexte de Verified et proclame la semaine débutant le 24 octobre comme la première semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information.  Le DCG et l’agence Purpose coorganisent d’ailleurs une manifestation le 28 octobre pour examiner les enseignements tirés de Verified, a annoncé Mme Fleming qui a invité toutes les délégations à s’y connecter –les détails sur où et comment seront partagés la semaine prochaine.  Qu’il s’agisse de la riposte à la COVID-19, de la crise climatique ou de la course pour atteindre les objectifs de développement durable, le Département vise à positionner l’ONU comme une source de contenus faisant autorité, attrayante et accessible, axée sur l’humain et les solutions, a souligné sa cheffe.

Ce type de discours et de récit, en particulier autour des campagnes clefs, est de plus en plus présent sur les plateformes multilingues administrées par le Département, a indiqué Mme Fleming, allant de UN News aux comptes de réseaux sociaux de l’ONU jusqu’aux publications telles que UN Chronicle et le site Web de l’ONU lui-même.  Les résultats sont clairs, s’est-elle réjouie.  La chaîne YouTube de l’ONU a connu une croissance d’audience de 150% au cours de l’année écoulée et compte maintenant environ deux millions d’abonnés alors que la partie dédiée à l’action climatique du site Web de l’ONU a engrangé 260 000 vues au cours du seul mois d’août.  Mme Fleming a aussi évoqué le succès du podcast Awake at Night, qui a vu plus de 3,1 millions de téléchargements au cours de l’année jusqu’en juillet 2021.

De nouveaux produits sont également lancés en permanence pour susciter l’intérêt du public et donner de l’espoir.  En août, UN News a lancé No Denying It, un podcast sur le climat axé sur les solutions vertes qui a déjà été téléchargé et écouté par plus d’un demi-million d’utilisateurs.  Pour lutter contre la hausse du nombre de crimes de haine à travers le monde, le Département a lancé la campagne multilingue #FightRacism, conjointement avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, en prévision de la réunion de haut niveau à l’occasion du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Et le 26 octobre, Mme Fleming va modérer une conférence mondiale des ministres de l’éducation, convoquée par l’ONU, pour examiner comment lutter contre les discours de haine par l’éducation.

La Secrétaire générale adjointe a également parlé du succès qu’a connu la participation du groupe de musique coréen BTS à la communication de l’ONU autour des objectifs de développement durable, au moment du lancement de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale cette année.  Le groupe a enregistré une vidéo au Siège de l’ONU et participé à une interview télévisée avec elle, a-t-elle rappelé ce qui a donné l’occasion à l’ONU de se connecter avec un public vaste et jeune qui ne connaissait pas le Programme 2030.  « Les chiffres sont extraordinaires », s’est réjouie Mme Fleming, expliquant que le clip onusien de BTS a été visionné plus de 31 millions fois et que le « Moment ODD » lui-même à au moins 6,6 millions de reprises.  Pour la cheffe de la communication, ces chiffres montrent à quel point l’ONU a réussi à rendre le Programme 2030 plus accessible et y à sensibiliser le public.

Mais la communication autour des objectifs se fait en continu, a-t-elle précisé, notamment à travers les ODD Media Compact, qui engagent les entreprises de médias et de divertissement du monde entier à tirer parti de leurs ressources et de leurs talents créatifs pour soutenir les ODD.  Le Compact compte désormais 200 membres, les plus récents étant le réseau Multichoice basé en Afrique du Sud, l’agence de presse japonaise Kyodo et le conglomérat américain Condé Nast.

Elle a expliqué que la communication de l’ONU est guidée par une approche systématique et stratégique qui donne la priorité à la planification préalable afin d’identifier les meilleurs moments et opportunités pour avoir un impact auprès des publics.  Une cellule dédiée dirige cet effort, coordonnant l’action à la fois au sein du Département et au-delà, pour assurer une planification rationalisée, tout au long de l’année et pendant les périodes critiques telles que la semaine de haut niveau le mois dernier.

C’est également vrai pour la communication de crise.  Sous l’égide du Groupe de la communication des Nations Unies, le DCG a créé des équipes et des mécanismes flexibles pour gérer la réponse en matière de communication aux crises émergentes, telles que celles en Afghanistan, en Haïti et en Éthiopie.  Le Département réunit régulièrement les bureaux concernés à travers l’ONU pour s’assurer que des messages clefs communs sont générés et partagés, et que les différentes entités onusiennes s’alignent sur ces messages et amplifient leur portée.  Il n’en reste pas moins que la pandémie a contraint le Département à adapter certains de ses programmes à cause des restrictions et protocoles de voyage.  Alors que les visites guidées au Siège des Nations Unies à New York et à Nairobi restent limitées et axées sur des événements virtuels, elles ont repris à plus petite échelle à Genève et à Vienne depuis septembre.  Dans le même ordre d’idées, le DCG continue d’organiser des expositions en ligne en lien avec les journées et activités internationales.

Avant de conclure, la Secrétaire générale adjointe a parlé des nouvelles directives sur la manière d’inclure et de représenter les personnes handicapées dans les communications de l’ONU, et sur la manière de rendre ses communications accessibles à tous.  Mme Fleming a également évoqué l’opportunité en matière de sensibilisation que représente l’Expo 2020 à Dubaï, qui vient de débuter.  À travers la célébration de journées internationales, de semaines thématiques et d’une programmation spéciale, la présence de l’ONU à l’Expo universelle invitera les visiteurs à s’impliquer dans la puissante histoire de la valeur du multilatéralisme.

Réagissant à ce qu’a dit le groupe BTS le mois dernier à l’ONU –« Nous pensions que le monde s’était arrêté, mais il continue d’aller de l’avant »–, Mme Fleming a martelé que chaque choix que nous faisons est le début d’un changement.  Pour elle, la mission du DCG est de soutenir ce changement positif en fournissant des informations factuelles, fiables et engageantes à travers des canaux de communication qui permettent d’atteindre les gens partout dans le monde.

Dialogue interactif

Le Maroc a félicité Mme Fleming et le Département de la communication globale (DCG) pour les résultats obtenus dans le cadre de sa stratégie de communication globale cela malgré la pandémie, en particulier pour ce qui est de la lutte contre la désinformation « qui pose un risque pour l’humanité ».  La représentante a notamment cité la campagne Verified.  La désinformation et les discours de haine ainsi que les fausses rumeurs peuvent avoir des effets catastrophiques, a-t-elle souligné, y compris pour la sécurité des Casques bleus opérant dans des zones instables.  Dès lors, le Maroc a encouragé le DCG à renforcer sa coopération avec le Département des opérations de paix, demandant comment le DCG peut s’attaquer à la désinformation dans des zones où le numérique est insuffisant.

L’Espagne, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), a salué l’action du DCG et sa souplesse, y compris dans le cadre de son dialogue avec des interlocuteurs comme les jeunes et la société civile en dépit d’un contexte difficile.  La stratégie de communication adoptée en 2020 sert de référence, et l’UE continue de soutenir les efforts menés dans ce cadre.  Le représentant a demandé si le DCG a prévu d’évaluer cette stratégie et de mesurer son impact.  À l’approche de la Semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information, l’UE a également demandé à Mme Fleming ce qui est prévu, notamment s’agissant des réseaux sociaux.  Quant au multilinguisme, l’UE a demandé à quelle date le portail de diffusion de l’ONU sera disponible dans d’autres langues que l’anglais.

La Fédération de Russie a espéré qu’avec la sortie graduelle de la pandémie, il y aura plus de contacts entre les États Membres et le DCG pour revenir à un fonctionnement normal.  L’Égypte a souhaité savoir quels efforts le DCG a déployés au sujet des restrictions imposées aux centres d’information des Nations Unies (CINU) en matière de personnels et de financement et ce qui est prévu pour y répondre.  Si le Soudan a salué l’action du DCG pour transmettre les messages de l’ONU aux peuples du monde, deux domaines méritent selon lui davantage d’attention, la promotion du multilinguisme sur tous les supports et l’attention à accorder aux médias traditionnels parallèlement aux nouvelles technologies.  Enfin, la Colombie a demandé quels sont les principaux obstacles à la parité linguistique en ce qui concerne la production de contenus et que compte faire le Département?

Répondant à ces questions, la Secrétaire générale adjointe a expliqué que la stratégie de communication globale est une matrice pour mettre au point des stratégies spécifiques à chaque situation.  Chaque bureau ou département peut y recourir avec le soutien du DCG, a-t-elle indiqué, y compris pour ce qui est de la lutte contre la désinformation.  Les missions sur le terrain peuvent avoir ce type d’écoute locale, a remarqué la haute fonctionnaire, et le DCG est là pour leur apporter conseil et assistance.

Elle a ensuite annoncé que le portail de diffusion de l’ONU sera disponible au prochain semestre dans toutes les langues officielles.  Répondant à la Fédération de Russie, elle a expliqué que ses équipes n’ont pas quitté le bâtiment pendant la pandémie, qu’il s’agisse des photographes ou du Porte-parole, tout en concédant que le DCG a eu moins de manifestations en présentiel avec les États Membres.  À l’avenir, il y aura un retour progressif à la normale, a-t-elle souhaité.  Pour ce qui est du gel des postes dans certains CINU, le DCG a fait une étude stratégique pour veiller à ce que chaque centre dispose du personnel et des moyens adéquats, a souligné Mme Fleming.

Abordant la question du multilinguisme, la Secrétaire générale adjointe a expliqué que la campagne Verified a été diffusée en 60 langues, notamment grâce aux partenariats avec des médias locaux, et qu’elle a été souvent relayée par les radios locales.  Répondant au Soudan, elle a expliqué que la stratégie de communication globale est axée sur les audiences locales et qu’en fonction du public à atteindre, son Département aura recours autant aux médias traditionnels qu’aux nouvelles technologies.

Quant à la question relative aux obstacles à la parité linguistique, Mme Flemming a expliqué qu’il s’agit d’un obstacle financier et qu’on pourrait faire plus avec davantage de moyens.  Il n’en reste pas moins que le DCG a une présence marquée dans les pays hispanophones, a-t-elle ajouté.

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